La soirée promettait d'être longue, très longue. Aucune envie de sortir, Siggy n'avait pas prévu d'aller danser toute la nuit, rare pour un vendredi soir, mais qu'importe, elle n'était pas du tout décidé. Sa journée en tant qu'infirmière avait été courte, le psy ne souhaitait pas qu'elle travaille beaucoup et de ce fait, elle avait des journées bien plus courtes qu'à l'origine. Cela faisait deux mois seulement qu'elle était rentrée et même s'il y avait des jours où tout allait bien, il y en avait également où elle avait un petit coup de blues. Seule dans son appartement, elle avait fumé un pétard en début de soirée pour pouvoir s'endormir rapidement mais en regardant l'heure tardive, vingt deux heures, elle réalisa que cette technique n'avait pas du tout fonctionné. Elle soupira longuement, l'ennui lui pesait terriblement à ce moment précis. La télévision allumée, elle changea de chaines maintes et maintes fois mais encore une fois, ça ne l'enchantait pas de s'occuper ainsi. Évidemment, elle aurait très bien pu aller dans son lit mais rien que l'idée de devoir réfléchir à sa vie lui foutait un coup au moral. Siggy n'avait pas envie de penser au passé, pas après ce qu'il s'était passé quelques mois plus tôt. Elle entreprit de prendre un comprimé pour pouvoir dormir puis elle réalisa qu'elle n'avait aucune envie d'être seule ce soir. En y réfléchissant bien, elle ne connaissait pas grand monde en ville, Théodore devait sûrement être en train de faire la fête et puis elle n'avait pas envie de jouer ce soir, pas de plan drague pour cette fois.

Siggy pensa soudainement à Garrett et au fait qu'il était peut être là ce soir. Il était son voisin et vu l'état dans lequel elle l'avait trouvé l'autre fois, il n'avait peut être pas envie de faire la tournée des bars lui non plus. Elle se leva donc précipitamment de son canapé et jeta un coup d’œil dans le miroir pour voir si elle était présentable. Elle afficha un sourire satisfait, son short et son débardeur feraient l'affaire, puis dans son élan, elle lâcha ses cheveux et les secoua. Elle leva les yeux au ciel, elle allait simplement voir son voisin et prenait quand même la peine de s'admirer afin de faire trois pas. Stupide. L'ancienne Siggy n'aurait même pas daigné se regarder dans le miroir, preuve qu'elle avait tout de même changé, mais qu'importe, il n'y avait aucun mal à ce qu'elle soit potable pour voir quelqu'un. Elle attrapa ses clés, ses cigarettes et une bouteille de vin blanc puis ferma sa porte derrière elle. Doucement, elle frappa à la porte de monsieur puis attendit un instant qu'il vienne lui ouvrir, espérant sincèrement qu'il soit là. Par chance, il ouvrit la porte après un petit moment, et elle afficha immédiatement un large sourire, le saluant rapidement et entrant sans même y avoir été invité. "Je te dérange ? J'ai pris de quoi tenir toute la soirée." Elle n'allait certainement pas se dévoiler ce soir mais elle prendrait soin de l'écouter en buvant un bon verre de vin, pas de quoi s'affoler.

« Allô ? Oui, c'est bien moi... Ah, Monsieur Ferguson ! Oui..? Ah... Eh bien.. Merci quand même. Bonne journée.. Au revoir. » Je reposai violemment le combiné sur son socle. Le rouge me monta aux joues. Ma respiration s'accéléra et mes narines se mirent à palpiter. J'étais furieux. Et le mot était faible. J'en avais marre de déposer des c.v. qui seraient, de toute façon, toujours refusé. Encore un appel, encore un faux espoir, et une défaite de plus à essuyer. Sans réfléchir, je saisis la tasse qui se trouvait devant moi, posée sur la table basse du salon, et la balançai violemment contre le mur. Celle-ci explosa en mille morceaux et je me rendis compte que pulvériser cette pauvre tasse ne m'avait aucunement soulagé. Je soupirai, passant mes mains sur mon visage en sueur. Je me levai pour aller ramasser les morceaux de faïence répandus un peu partout sur le sol. Je retins un juron lorsque je me coupai la paume de la bain. Du sang s'écoula le long de mon poignet et se répandit sur le parquet du salon. Je me redressai, me dirigeai vers la salle de main et me rinçai la main à l'eau froide pour tenter d'anesthésier la douleur. Je réalisai un pansement de fortune pour revenir au salon et ramasser, avec un peu plus de précaution, les bouts de tasse qui traînaient encore sur le sol. Avec un chiffon, je tentai de faire disparaître les traces de sang, avec succès.

Je fermai les stores et allumai quelques bougies sur la table du salon. Je n'aimais pas du tout la lumière jaune-mal-de-crâne qui émanait de la lampe que j'avais acheté dans la précipitation il y a deux semaines d'ici. Je me posai dans le sofa, allumai machinalement la télévision et entrepris de vider ma bouteille de vodka. Je bus quelques gorgées avant de la reposer sur la table. Mes paupières devinrent lourdes, ma vision se troubla et je finis par m'assoupir. Une minute ? Deux heures ? J'en savais trop rien. Je ne me réveillai que lorsque la sonnette de la porte retentit. Je sursautai brutalement, tant et si bien que je me retrouvai par terre en moins de deux secondes. « Bordel... » grognai-je, lorsqu'un terrible mal de crâne me foudroya soudainement. Qui pouvait bien venir sonner à ma porte à cette heure-ci ? Je me relevai, tant bien que mal, en prenant soin de ne pas m'appuyer sur ma main blessée. Je m'avançai vers la porte lorsque je me rendis compte que je ne portais qu'un simple pantalon, et que c'était peut-être pas la façon la plus appropriée de se présenter à je-ne-sais-qui. Dans la précipitation, je passai une simple couverture par dessus mon dos, dans laquelle je m'emballai. Je titubai jusqu'à la porte, que j'ouvrai, un peu surpris de découvrir Siggy attendant sur le pallier. Je n'eus même pas le temps de prononcer la moindre parole qu'elle avait déjà pénétré dans mon appartement. « Je te dérange ? J'ai pris de quoi tenir toute la soirée. » Je refermai la porte en la dévisageant, avec sa bouteille de vin dans les bras. « Mais... Non, mais tu aurais pu m'appeler avant de passer. Je... J'aurais pu enfiler un truc, quoi. » Je resserrai un peu plus la couverture autour de moi, presque par pudeur et par gêne. Siggy semblait plutôt guillerette, ce qui m'intrigua immédiatement. Mon regard se posa sur sa bouteille. « J'ai raté un épisode ? On a un truc à fêter ? » lui demandai-je avec curiosité, m'approchant de l'un des meubles du salon pour en sortir mon paquet de cigarettes. J'allai m'asseoir dans le sofa, faisant un signe de tête à Siggy pour qu'elle vienne prendre place à côté de moi. Je sortis une clope du paquet et l'allumai.

En voyant la tête de Garrett à l'ouverture de la porte, Siggy ne comprit pas immédiatement qu'elle dérangeait certainement. Elle était entrée, toute contente et elle faisait clairement sa vie sans même qu'il puisse dire quelque chose. Avec sa couverture sur le dos, il n'avait pas l'air très fin, comme s'il voulait se cacher, sauf que ça ne servait pas à grand chose, Siggy avait déjà vu un homme torse nu, même nu en réalité alors ce n'est pas lui qui la choquerait. Pourtant il avait l'air gêné, et endormi aussi, ce qui la surprit un peu en réfléchissant à l'heure qu'il était. Bon, il était vrai qu'il était au chômage, mais ce n'était pas une raison pour dormir toute la journée, ça ne l'aiderait certainement pas. Peut être portait-elle un jugement assez hâtif sur lui puisqu'elle ne lui avait même pas demandé si ses recherches d'emplois se déroulaient comme il le souhaitait. Mais en le voyant ainsi, elle n'osa même pas posé la question puisque la réponse était claire, nette et précise. Des refus. Elle avait connu ça lorsqu'elle était adolescente, qu'elle cherchait du boulot. Et même si ce n'était pas vraiment la même chose, elle comprenait totalement ce qu'il pouvait ressentir à ce moment là. Ce n'est pas facile d'être au chômage, rester à la maison n'aide pas vraiment pour avoir un moral d'acier, et elle sait de quoi elle parle puisque le psy l'a réduit à passer le plus clair de son temps chez elle. Mais bon, il fallait bien qu'il se détende un peu, à cette heure-ci, il n'avait plus aucune chance de rechercher un emploi alors pourquoi dormir et ne pas faire quelque chose de plus intéressant ? Elle afficha une petite moue, elle se posait certainement beaucoup trop de questions et elle n'avait pas la réponse à la moitié d'entre elles. "Ooh mais arrête, je n'ai plus dix ans tu sais. J'ai déjà vu un homme nu alors ne fais pas cette tête Garrett." Lâcha-t-elle en levant les yeux au ciel. "T'es chez toi, t'as le droit de t’exhiber." Ajouta-t-elle en riant, presque fière de sa connerie. Puis de toute façon, elle n'était pas vraiment beaucoup habillé elle non plus, elle avait même tendance à porter des tenues assez minimalistes depuis son tour à la vie active, et ça ne la dérangeait de se montrer ainsi devant des personnes, même si elle les connaissait depuis peu de temps.

Garrett posa immédiatement son regard sur la bouteille qu'elle tenait dans les mains. Bon, c'est vrai, elle avait peut être l'air un peu idiote, elle aurait même pu passer pour une alcoolique mais qu'importe elle se fichait bien de ce qu'on pouvait penser d'elle. Le voir emmitouflé dans sa couverture la fit rire discrètement mais elle reporta immédiatement son attention sur son voisin. Il avait l'air surpris qu'elle se ramène avec une bouteille, après tout c'est grâce -ou à cause- de l'alcool qu'elle l'avait rencontré en parti, alors il n'avait pas à faire le petit effarouché. "Pas du tout, je m'ennuyais et j'ai pensé à toi." Siggy fit une petite moue et le suivit jusqu'au sofa où elle s'installa avec son accord. "Puis je sais que t'aimes bien l'alcool alors..." Elle lui donna un coup d'épaule délicat. "Non je plaisante." Blague de très mauvais goût, surtout dans son état, elle se mit à rougir et regarda ailleurs pendant un court instant. "Tu nous attrapes des verres ou on boit à la bouteille ?" Décidément, elle était motivée à faire des blagues toutes aussi stupides les unes que les autres ce soir, mais bon, elle essayait tant bien que mal de détendre l'atmosphère parce qu'il n'avait pas l'air dans son plus beau jour, comme si quelque chose n'allait pas. Au fond, Siggy s'inquiétait tout de même de le voir ainsi, elle en avait déjà fait les frais la fois où elle l'avait rencontré et elle n'avait certainement pas envie de le voir dans le même état une seconde fois. En fait, elle appréciait Garrett, même si elle ne le connaissait pas énormément, et elle espérait le voir joyeux un jour. "Je peux lire dans tes yeux que ça ne va pas... Tu veux en parler ?!" Demanda-t-elle en haussant les épaules, affichant une petite moue.

« Ooh mais arrête, je n'ai plus dix ans tu sais. J'ai déjà vu un homme nu alors ne fais pas cette tête Garrett. T'es chez toi, t'as le droit de t’exhiber. » me lança-t-elle en riant. Je retroussai le nez, un peu décontenancé. Dès le premier jour, j'avais eu l'impression qu'il y avait un monde qui nous séparait, Siggy et moi. Elle, elle semblait complètement décomplexée, moulée dans son mini-short. Peut-être avais-je plus de tabous qu'elle, je n'en savais trop rien. « Bon, d'accord, mais si ça t'embête pas, je vais quand même garder mon pantalon ce soir. » lui susurrai-je, le sourire en coin. Je me débarrassai donc de ma couverture pour la plier et la déposer à côté de moi dans le sofa. Lorsque je fis signe à Siggy de me rejoindre, elle vint spontanément poser ses fesses à mes côtés, avec tout le naturel qui la caractérisait. Je posai alors un regard insistant sur elle, attendant qu'elle m'explique les raisons de sa soudaine venue. Après tout, on se connaissait à peine, elle et moi, alors je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait l'amener ici. Surtout vu l'état dans lequel elle m'avait trouvé la dernière fois... « Pas du tout, je m'ennuyais et j'ai pensé à toi. » Je haussai les sourcils. Je la dévisageai, un peu surpris par sa réponse. À vrai dire, je ne m'y attendais pas. J'étais même étonné qu'elle se souvienne de moi. Tellement étonné que je ne trouvais rien à répondre. De toute façon, la moue que j'affichais devait exprimer tout ce que je ressentais au fond de moi. « Puis je sais que t'aimes bien l'alcool alors... » me lâcha-t-elle tout naturellement. Sa réponse me décrocha la mâchoire. Je la toisai d'un air féroce lorsqu'elle enchaîna : « Non je plaisante. » Je plissai les yeux, mimant une expression de contrariété. « C'est pas drôle, Siggy. C'est même vraiment nul, en fait. » m'insurgeai-je faussement. Je lui rendis son coup d'épaule un peu plus brutalement, même si aucune rancoeur n'était perceptible dans mon geste. Pourtant, je la sentis aussitôt mal à l'aise. Ses joues semblèrent vaguement s'empourprer, et elle changea aussitôt de sujet. « Tu nous attrapes des verres ou on boit à la bouteille ? » Je haussai les épaules. « Bah c'est bon, on est pas malade, on va boire à la bouteille. Je vais chercher un tir bouchon. »

Je me levai pour me diriger vers la cuisine. Un instant plus tard, je revenais au salon avec mon précieux tir-bouchon. Je me permis de prendre la bouteille des mains de Siggy pour l'ouvrir. Ou du moins, pour essayer. Avec une main couverte de bandage, ça prit bien plus de temps que prévu mais j'arrivai finalement à mes fins. Je rendis la bouteille à Siggy. « Si tu veux qu'on parte sur les mêmes bases, j'ai de la Vodka si tu veux. » lui lâchai-je sur un ton taquin, les yeux brillant, en désignant du menton la bouteille de Vodka qui trônait sur la table basse du salon. Je vins me rasseoir à côté d'elle, légèrement vacillant. J'essayai d'avoir plus ou moins bonne mine devant elle mais j'avais la sensation que mon petit jeu ne fonctionnait pas avec elle. Je croisai son regard d'un bleu profond, aussi infini que le ciel, et pendant un instant, je crus qu'elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Embarrassé, je détournai le regard en rougissant. « Je peux lire dans tes yeux que ça ne va pas... Tu veux en parler ?! » Eh merde... Je passai nerveusement une main dans mes cheveux. Je haussai vaguement les épaules en secouant la tête. Je tentai de soutenir son regard pour donner plus de poids à ce que j'allais dire. « Je.. Je vois pas pourquoi tu dis ça. Tout va bien. » Je lui repris sa bouteille des mains et je bus une gorgée directement au goulot. « Santé, hein ! »

Siggy ne trouva rien à répondre à sa réplique. Au moins, il n'avait pas perdu son sens de l'humour c'était déjà une bonne chose pour commencer. Elle afficha un sourire, elle n'allait certainement pas lui demander de se mettre nu, ça n'aurait aucun sens et puis de toute façon, il n'y avait de ce genre de relations entre eux. Il enleva donc sa couverture pour se mettre plus à l'aise et Siggy afficha un sourire en coin, laissant son regard se balader rapidement sur le corps de son voisin. Aucunes pensées lui effleurèrent l'esprit mais elle ne se gêna pas, après tout ce n'était pas interdit de regarder un peu les hommes, même sans aucune intention. Il eu l'air surpris qu'elle vienne le voir, ça se voyait clairement sur son visage et Siggy se sentit quelque peu gênée à ce moment précis. En fait, elle n'avait de réelles raisons de venir le voir, elle ne le connaissait pas, ils étaient juste voisins mais elle pensait très sincèrement que sa compagnie pouvait lui faire du bien. Autant pour lui que pour elle en réalité, elle l'avait connu dans un de ses pires moments, et elle souffrait intérieurement alors pourquoi ne pas partager un peu de leurs vies respectives autour d'un verre ? Elle afficha un sourire puis le perdit immédiatement quand il lui affirma que sa blague était vraiment nulle. Elle ne savait plus vraiment comment réagir, il l'avait autant mal à l'aise qu'elle ne l'avait fait quelques secondes plus tôt. Mais cette ambiance changea presque immédiatement lorsqu'il lui rendit son coup d'épaule, lui montrant qu'il plaisantait lui aussi. Elle émit un soupir de soulagement, elle avait eu peur de passer pour une grande idiote, ce qu'elle était parfois en réalité. Siggy préféra donc changer de sujet, continuant sur l'humour et Garrett fût très réceptif à cela ce qui la fit sourire de nouveau. "Très bonne idée, va." Lâcha-t-elle, contente qu'il réagisse comme ça.

Siggy resta bien en place sur le canapé tandis que le jeune homme se rendait dans la cuisine pour aller chercher un tire-bouchon. Il revint quelques instants plus tard avec l'outil puis il prit la bouteille des mains de la demoiselle afin de l'ouvrir. "Chaque chose en son temps, le vin d'abord, puis la vodka." Dit-elle en souriant. Elle comptait bien y aller doucement, même si elle appréciait énormément l'alcool, elle n'avait pas envie de se retrouver dans un état pitoyable, surtout pas devant lui. Ça signifierait clairement qu'elle n'avait pas de tenue et elle n'avait pas envie de s'afficher ainsi devant son interlocuteur. Garrett essayait tant bien que mal de rester humble, mais malgré cela, c'était difficile de ne pas voir qu'il n'était pas totalement en pleine forme. Cela faisait assez de peine à Siggy, elle n'aimait pas que les gens se sentent mal et pour cette soirée, elle avait l'intention de lui en faire voir de toutes les couleurs, de lui redonner le sourire, un sourire sincère, il n'aurait pas à se forcer avec elle. "Comme tu veux, je vais faire semblant de te croire." dit-elle en haussant les épaules. Il n'avait pas envie de discuter de sujets sérieux, elle n'allait pas l'y forcer, elle ne se le permettrait pas, elle n'y songeait même pas. Garrett lui reprit la bouteille des mains et bu directement au goulot de la bouteille. "Santé oui !" Déclara-t-elle en souriant. Elle lui reprit rapidement la bouteille pour la porter à ses lèvres à son tour. "On partage, n'oublie pas." Elle soupira, lui tendant la bouteille. "Tu veux que je te dise ? ça me fait du bien de ne pas être seule ce soir." Elle tapota doucement des pieds. "Tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il ne va pas ?"

« Chaque chose en son temps, le vin d'abord, puis la vodka. » Je tournai la tête vers Siggy, un sourire taquin accroché aux lèvres. « C'est bien ce que je disais. T'es pas drôle. » lâchai-je en lui tirant la langue. Bien sûr, j'avais dit tout ça sur le ton de la plaisanterie. J'étais pas du genre à inciter qui que ce soit à boire, surtout plus que de raison. Et encore moins quand il s'agissait d'une presque-inconnue... Lorsque je tentai d'expliquer à Siggy que tout allait bien et qu'elle s'était trompée en pensant que j'avais un problème, l'espace d'un instant, elle sembla s'en contenter. Du moins, sa réponse m'en donna l'impression. « Comme tu veux, je vais faire semblant de te croire. » J'affichai une mine désolée. Mais d'un autre côté, je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle tenait absolument à savoir. Peut-être pensait-elle qu'en ayant connaissance du problème, elle pourrait le régler, et n'aurait, dès lors, plus à se soucier d'avoir la mort d'un pauvre type qui tombe dans l'alcool sur la conscience ? Je ne savais pas trop quoi en penser. Mais il faut avouer que Siggy était aussi un véritable mystère, pour moi. Je bus une gorgée du vin blanc qu'elle avait apporté. Elle me reprit aussitôt la bouteille des mains pour boire à son tour. « On partage, n'oublie pas. » Je lui souris. « Je ne comptais pas tout garder pour moi, ne t'en fais pas. »

Siggy me tendit la bouteille. Je m'enfonçai un peu plus dans le sofa, étendant mes jambes de façon à ce que mes pieds reposent sur la table basse. Je bus une nouvelle gorgée de vin, en regardant dans le vide. « Tu veux que je te dise ? ça me fait du bien de ne pas être seule ce soir. » Je tournai soudainement mon visage vers Siggy. J'affichai un sourire surpris, mais surtout sincère. Ce qu'elle venait de me dire m'avait vraiment fait plaisir. « Ça me fait plaisir que tu sois là aussi. » Je détournai le regard et m'étendis encore un peu plus dans le sofa. « Mais dis-moi, Siggy, tu ne vas pas me faire croire qu'une jolie jeune femme comme toi n'avait pas d'autres cordes à son arc pour occuper sa soirée ? » lui lâchai-je sur un ton un peu taquin et provocateur. C'était juste que.. Siggy était une véritable énigme et je détestais ne pas comprendre, ne pas avoir de réponse logique. Je ne voyais pas pourquoi elle s'imposait ma présence plus que déprimante, alors qu'elle pouvait certainement aller faire la fête avec des gens beaucoup moins barbants que moi. « Tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il ne va pas ? » J'esquissai un sourire. J'avais le sentiment qu'elle ne me lâcherait pas avant que j'aie craché le morceau. Je soupirai en m'agitant un peu. « Ben... Y a pas grand chose de plus à dire que la dernière fois... C'est juste que.. avoir un emploi, ça me permettrait de penser à autre chose... » Je me tus aussitôt. Je venais de me rendre compte que j'en avais dit trop, ou pas assez. Pour tenter de changer de sujet, je lui demandai : « Mais tu es sûre que tu es venue ici juste pour m'écouter raconter mes problèmes ? »

Garrett commença gentiment à taquiner Siggy qui fût très réceptive. En réalité, elle aimait beaucoup rire, beaucoup plus qu'avant alors que ça aurait certainement dû être le contraire. Mais qu'importe, ses mauvaises passes lui avaient fait réalisé à quel point la vie était précieuse, que ça ne servait à rien de rester dans son coin à envier les autres, qu'il valait mieux rire que pleurer. Mais parfois, il lui arrivait de pleurer, d'être complètement désemparé, car elle vivait tout de même une situation difficile actuellement, ça n'était pas facile tous les jours. Pour autant, elle cachait bien son jeu, elle n'exhibait pas sa haine et sa peine devant les autres, elle surmontait ses difficultés avec bravoure, ce qu'elle n'aurait jamais imaginé faire quelques années plus tôt. "Tu rigoles ? Je suis super drôle comme nana !" Elle lui tira la langue à son tour et se mit à rire. "De toute façon, ne rêve pas trop, ta vodka ne va pas faire long feu." Dit-elle en continuant de rire. Elle aimait boire, c'était certain, et elle avait appris à tenir un peu mieux l'alcool qu'avant. A l'époque, elle buvait deux verres et se retrouvait dans un état lamentable, aujourd'hui, elle enchainait les bouteilles et ne vomissait même pas, à voir si c'était réellement un exploit ou non. Gentiment, elle lui reprit la bouteille des mains pour qu'il partage avec elle. Elle avait soif ce soir, particulièrement, elle avait envie de passer une bonne soirée, sans problèmes et sans larmes. L'alcool l'aiderait sûrement à surmonter toutes ses peurs. "Mouais, on ne sait jamais." Lui lança-t-elle en affichant un petit moue amusée.

Même s'il n'avait pas l'air très réceptif à sa visite aux premiers abords, Garrett lui avoua qu'il était content de la trouver ici. En même temps, dans leurs deux états respectifs, il ne valait mieux pas être seul, ça envenimait bien souvent les choses, puis toutes les idées noires ressurgissaient sans même qu'on ne demande quelque chose. Garrett était véritablement étonné qu'elle soit avec lui ce soir plutôt qu'à une soirée. En réalité, ça n'avait rien d'étonnant, car à l'époque elle aurait très bien fait ce genre de choses. Mais désormais, Siggy sortait plus souvent, elle ne supportait pas de rester enfermé à ne rien faire, à penser, et elle avait tout de même choisi de rester dans les parages, d'aller voir Garrett plutôt que toutes les connaissances de soirée. Elle haussa les épaules, elle n'allait certainement pas lui avouer son passé, la véritable raison de sa venue. "Je préfère être en bonne compagnie tout simplement." Elle avait rencontré des tas de personnes, mais les femmes étaient trop matérialistes et les hommes bien trop lourds pour elle. "Il y a des jours où je préfère rester en pyjama, au calme, sans la musique des bars ou des clubs, tu vois le genre ?" Garrett devait savoir ce que c'était tout ce bruit insupportable, il avait dû aller en boîte lui aussi et ça allait bien cinq minutes. Siggy insista sur le fait qu'il n'allait pas très bien, tout d'abord elle l'avait remarqué en voyant sa main et le bandage qui l'entourait, ça n'était pas un très bon signe. "Je sais mais... Il ne faut pas désespérer, tu vas trouver et tout va s'arranger Garrett." Elle afficha une moue déçue, déçue pour lui car le voir dans un état pareil n'était pas très réjouissant. Elle prit une grosse gorgée de la bouteille et la reposa. "Tu as quoi comme excuse pour justifier ce bandage ?" Demanda-t-elle en attrapant doucement sa main. Elle est infirmière, elle peut se permettre de jeter un coup d’œil et peut être d'arranger les choses si jamais ce n'est pas beau à voir. "Tu me laisses voir ? Je suis infirmière, je pourrais peut être faire quelque chose." Garrett tenta de changer de sujet, Siggy comprit immédiatement que ça le mettait mal à l'aise, et elle comprenait sincèrement qu'il n'ait pas envie de parler de lui et de ses problèmes. "Non, je suis venue ici pour toi. Pour qu'on partage une bonne bouteille et nos mésaventures s'il le faut." Elle lui fit un sourire sincère, ce qu'elle était.

« Je préfère être en bonne compagnie tout simplement. » Je ne pus retenir un rire peu convaincu. Je bus une autre gorgée de vin, plus longue. « C'est marrant que tu me cases toujours parmi les "bonnes compagnies" malgré ce qu'il s'est passé la dernière fois... » lui soufflai-je. « Il y a des jours où je préfère rester en pyjama, au calme, sans la musique des bars ou des clubs, tu vois le genre ? » Je hochai machinalement la tête. Oui, je voyais tout à fait le genre mais étrangement, je ne parvenais pas à imaginer Siggy en train de flâner dans un pyjama. « Oui mais je pensais pas que tu étais adepte de ce genre de truc. » lui expliquai-je en jetant un coup d'oeil presque involontaire à son short, qui collait nettement mieux à l'image que je me faisais de la jeune femme. Lorsqu'elle embraya sur le sujet qui fâche - mon état -, je préférai céder directement plutôt que d'essayer de lutter. J'avais comme la nette impression qu'avec Siggy, c'était une peine perdue. « Je sais mais... Il ne faut pas désespérer, tu vas trouver et tout va s'arranger Garrett. » La jeune femme afficha alors une petite mine déçue, que je ne savais trop comment interpréter. Était-elle sincère ou voulait-elle simplement me rassurer ? Dans le doute, je me contentai de hocher doucement la tête et d'afficher un maigre sourire. Ses grands yeux bleus se posèrent alors sur ma main bandée, qu'elle saisit sans attendre, avec une spontanéité quelque peu déconcertante. L'espace d'un instant, je résistai puis, je finis par lui laisser ma main, réalisant que je n'avais pas de raison de me méfier. « Tu as quoi comme excuse pour justifier ce bandage ? » Je lui souris. « Ben... La maladresse me semblait être une excuse assez crédible... »

Siggy observa un moment mon bandage, qui s'étaient un peu imprégné de sang et d'infection, semblerait-il. J'osais pas trop imaginer la tête que ça aurait une fois le tissu retiré. Ça devait pas être joli à regarder à mon avis. La jeune femme sembla lire dans mes pensées. « Tu me laisses voir ? Je suis infirmière, je pourrais peut être faire quelque chose. » Je levai des yeux étonnés vers elle. « Infirmière ? Tu me surprends de minute en minute. » lui lançai-je sur un ton amusé. Je me redressai un peu dans mon siège et avançai un peu plus ma main vers Siggy, pour qu'elle puisse mieux m'observer. « Je t'en prie, vas-y. Tu as mon entière confiance. » Je soupirai en mimant un air sérieux, comme si j'allais devoir affronter une épreuve de taille. Et pendant que Siggy poursuivait son enquête concernant mes problèmes et ma pauvre petite vie sans relief, je lui demandai si elle était vraiment venue ici juste pour m'écouter raconter mes peines. « Non, je suis venue ici pour toi. Pour qu'on partage une bonne bouteille et nos mésaventures s'il le faut. » Mon regard s'illumina en un instant. « Ah, donc j'aurais peut-être droit à des confidences, moi aussi ? » lui susurrai-je sur le ton du défi, en m'avançant un peu vers elle pour pouvoir parler un ton plus bas. Je n'étais pas du genre à m’immiscer dans la vie des gens ou à afficher une curiosité mal placée, habituellement. Mais je crois que sur le coup, l'alcool commençait à me monter vraiment à la tête...

Siggy se souvenait très bien de la première fois qu'elle avait rencontré Garrett et surtout de l'état dans lequel il était. Mais elle n'avait pas porté de jugements, ce n'était pas du tout son genre d'agir ainsi. Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, cette phrase résumait parfaitement l'état d'esprit de la jeune femme. Elle n'aimait pas qu'on s’immisce dans sa vie, elle avait bien trop de secrets, bien trop de choses sur le cœur pour pouvoir en dire sur elle. En réalité, elle n'avait pas vraiment envie de se mêler de la vie de Garrett, mais il lui semblait important d'en savoir plus car il n'était pas au top de sa forme, elle espérait ainsi lui porter secours, même s'il n'avait pas l'air très convaincu. "Il y a des jours avec et des jours sans, et on va dire que c'était un moment d'égarement, ça arrive à tout le monde." Elle lui fit un sourire sincère. "Ça n'empêche pas d'être de bonne compagnie." Puis il l'avait fait rire, même s'il était démoralisé, il avait tout de même fait de l'humour et même si elle avait eu énormément de peine pour lui, il n'en restait pas moins quelqu'un de sympathique, quelqu'un qu'elle avait envie de découvrir. Il fût surpris de voir qu'elle pouvait être du genre à rester chez elle en pyjama, ce qui, pour les personnes la connaissant, n'auraient rien eu d'étonnant. Mais vu son physique, sa façon de s'habiller, sa façon d'être, il était compréhensible qu'il ait des doutes sur ses occupations et ses préférences. "Parfois, on ne reflète pas vraiment ce que l'on est." Et elle en était la preuve humaine. Elle avait toujours eu l'air détendu, fêtarde, du genre à sortir avec plein de garçons, et pourtant elle avait été cette fille timide pendant des années, tellement d'années qu'elle avait du mal à s'accepter désormais. Garrett n'avait pas l'air très convaincu par le fait qu'il retrouverait du boulot, en même temps, elle comprenait très bien qu'à cette époque, tout n'était pas simple. Elle pensait sincèrement qu'il allait se sortir de tout ça, que tout allait redevenir comme avant pour lui.

Sa main alerta tout de même Siggy qui n'attendit pas une seconde pour l'attraper délicatement et poser quelques questions. "Tu devrais faire un peu plus attention à toi, ça pourrait être grave." Déclara-t-elle en faisant une mine surprise. Ce genre de blessures pouvait être dangereuses, surtout si ça n'était pas soigné à temps. Elle lui déclara qu'elle était infirmière et sa réaction la surprit. Il n'avait pas l'air au courant, elle ne lui avait certainement pas dit. Qu'importe, elle lui fit un petit sourire. "Infirmière oui, tu peux avoir confiance en moi." Lui dit-elle tandis qu'il lui donna pleinement sa main pour qu'elle puisse vérifier l'état de celle-ci. Doucement, elle enleva le bandage inondé de sang et elle grimaça à la vue de sa main. Il n'avait pas dû désinfecter et même si ça pouvait paraitre anodin, il fallait tout de même le faire. "Tu te rends compte que ça aurait pu être pire ? Donne moi de quoi nettoyer cette horreur s'il te plait, ou dis moi où je peux trouver ce dont j'ai besoin." La blessure n'était pas jolie à voir, le sang avait séché mais fort heureusement, il n'avait pas besoin d'être suturé, une bonne chose. Siggy continuait sa petite enquête sur Garrett, il avait du mal à croire qu'elle était venue pour lui certainement, ce qui n'avait rien d'étonnant en soit, mais comme ils ne se connaissaient pas très bien, ça pouvait paraitre suspect. Elle lui expliqua qu'elle voulait partager une bouteille et s'échanger des banalités sur leurs vies, mais Garrett demanda soudainement s'il aurait le droit, lui aussi, d'avoir des confidences. Siggy écarquilla les yeux, surprise par sa question. En réalité, elle ne s'attendait pas à ce que son voisin s'intéresse réellement à sa vie, personne ne lui posait jamais de questions, elle ne se justifiait donc jamais et ça lui convenait très bien ainsi. Au fond, elle savait qu'elle devrait passer par là un jour, et se confier à quelqu'un, mais elle n'était pas certaine d'y parvenir, même si elle sentait qu'elle pouvait faire confiance à Garrett. "Si tu es sage, oui ! Mais ne compte pas sur moi pour entrer dans les détails de ma vie, tu risquerais de t'endormir." Ou d'avoir de la pitié, et ça, c'était inimaginable pour elle, complètement inconcevable.

« Parfois, on ne reflète pas vraiment ce que l'on est. » Je hochai la tête en signe d'approbation. « Je veux bien te croire. » lui répondis-je. Je me souvins alors que j'avais toujours une cigarette éteinte entre les doigts. Je sortis donc mon briquet de la poche avant de mon pantalon pour enfin pouvoir allumer cette précieuse source de réconfort. J'inspirai une première bouffée pour souffler la fumée un instant plus tard en détournant la tête. Siggy prit alors ma main dans ses paumes pour l'observer plus en détail. En même temps, pas facile de cacher un bandage aussi peu discret. « Tu devrais faire un peu plus attention à toi, ça pourrait être grave. » Je dévisageai Siggy, un peu surpris par le fait qu'elle s'inquiète autant pour moi. Je n'avais pourtant rien fait pour mériter autant d'attention. Mais ça avait quelque chose de réconfortant, malgré tout. « Je sais mais il fallait bien que je trouve une excuse pour que tu me maternes. » lui lançai-je sur un ton tout mielleux et pas très crédible, pour tenter de m'épargner d'autres leçons de morale, bien que celles données par Siggy n'avaient rien de très moralisateur.

« Infirmière oui, tu peux avoir confiance en moi. » déclara-t-elle avant de me retirer mon bandage avec toute la délicatesse du monde. Nous grimaçâmes en même temps à la vue de la plaie, boursouflée et rougie par l'infection. J'étais pas très fier d'avoir laissé les choses dégénérer comme ça mais c'était un peu tard pour y penser. « Tu te rends compte que ça aurait pu être pire ? Donne moi de quoi nettoyer cette horreur s'il te plait, ou dis moi où je peux trouver ce dont j'ai besoin. » Je détournai le regard, un peu honteux. En fait, c'était pas à moi que Siggy devrait expliquer ce genre de choses, surtout en sachant que j'avais fait ma thèse en microbiologie. Alors concernant toutes les saloperies microscopiques qui se baladent un peu partout dans l'air, j'en connaissais un rayon. Je posai ma cigarette dans un cendrier et me levai sans mot dire, pour aller chercher de quoi désinfecter la plaie dans la salle de bain. Je revins au salon avec plusieurs flacons dans les bras. Lorsque je croisai à nouveau le regard de Siggy, je crus bon de me justifier. « Je sais que j'aurais dû faire gaffe, c'est juste que... Dans la précipitation... Enfin, tu vois, quoi. » soupirai-je. Je me rassis aux côtés de la jeune femme, et lui tendit à nouveau ma paume sanguinolente. Je sentis alors l'alcool me monter à la tête et une bouffée de chaleur me fit suffoquer. Je me mis alors à divaguer, demandant à Siggy si j'aurais droit, moi aussi, à quelques confidences. « Si tu es sage, oui ! Mais ne compte pas sur moi pour entrer dans les détails de ma vie, tu risquerais de t'endormir. » Je secouai vigoureusement la tête, comme un enfant qui veut marquer son désaccord. « Je suis certain du contraire. Tu dis juste ça pour me décourager. Mais c'est pas grave, j'arriverai à mes fins quand tu seras un peu plus éméchée... » déclarai-je en terminant ma cigarette, avant de l'écraser dans le cendrier. Tout à coup, ma vision se troubla et je sentis ma tête tourner. « Enfin, vu comment c'est parti, je risque d'être à terre avant toi... » marmonnai-je en fronçant les sourcils.

Siggy était bien loin d'être la fille qu'elle reflétait, de nombreuses personnes la prenaient pour une fille qu'elle n'était pas. Mais au fond, elle se fichait bien de ce que pensaient les autres, car toutes les choses qu'on pouvait dire sur elle n'étaient pas importantes. Elle avait appris à bien cacher son jeu, sa vie, elle n'avait de comptes à rendre à personne et c'était très bien ainsi. Avec cette année perdue, son aventure lui avait forgé l'esprit, elle n'était plus une gamine et affrontait beaucoup plus facilement les petits aléas de la vie. Siggy se contenta de regarder Garrett avec sa cigarette et elle ne dit rien, ce qui l'inquiétait le plus était sa main, sa mauvaise humeur qu'il cachait bien et tous ses problèmes. Au fond, il lui ressemblait beaucoup, son sourire cachait bien des choses, des choses qu'il n'avait certainement pas envie d'évoquer avec elle, ce qu'elle comprenait parfaitement. Garrett avait l'air surpris que la demoiselle lui porte autant d'attention, elle voulait simplement être gentille et même si ça pouvait paraitre agaçant, ça n'avait pas l'air de trop l'embêter. Elle afficha un petit sourire en l'écoutant, en tant qu'infirmière, elle avait l'habitude de materner les gens, surtout ceux qui en avaient réellement besoin. "Et avoue que ça te plait !" Lâcha-t-elle en émettant un petit rire.

En voyant la main de son voisin, Siggy grimaça, tout autant que lui à vrai dire. Il avait pleinement conscience qu'il avait mal agis, que ce n'était pas bien de ne pas désinfecter ce genre de plaies. Après tout, il en connaissait un rayon sur le sujet, ou du moins, certainement, parce que d'après ce qu'il lui avait dit, il avait fait des études de biologie, ou quelque chose dans le genre. Garrett ne lui en avait pas dit énormément sur son boulot, ni même sur ses études, ce n'était pas du tout le genre de sujets que l'on aborde lorsqu'on a un petit coup dans le nez, ou un gros coup, comme c'était le cas de Garrett. Elle lâcha donc sa main et il se leva pour aller chercher de quoi réparer le désastre qu'il avait commis quelques heures plus tôt. Revenant avec plusieurs flacons, il reprit sa place et Siggy pu enfin faire son boulot dans de meilleures conditions. "Tu sais, tu n'as pas besoin de te justifier Garrett..." Dit-elle en haussant les épaules. Elle désinfecta la plaie de façon rapide et enroula sa main dans un bandage pour finir. "Peut être bien, mais ça ne sera pas très glorieux." Siggy afficha une petite moue, sa vie n'avait rien d'intéressant, elle n'en parlait jamais mais pour une fois, elle sentit qu'elle pouvait faire confiance à quelqu'un, et Garrett avait l'air suffisamment gentiment pour qu'elle ne se méfie pas. La mine du jeune homme avait bien changé depuis qu'elle était arrivée chez lui, il avait un peu rougis, l'alcool commençait à faire ses effets, et il n'était pas le seul dans ce cas puisqu'en fermant les yeux un court instant, sa tête se mit à tourner rapidement. Elle prit la bouteille et la termina, c'est dingue comme elle avait été vidé rapidement. Siggy émit un petit rire, Garrett allait finir par tomber. "A te voir, j'en suis même certaine." Posant la bouteille de vin vide sur la table, elle attrapa la vodka et la brandit devant lui avec un sourire joyeux. "Mais t'as dit qu'il y aurait aussi de la vodka dans notre programme, alors à la tienne !" Elle but une longue gorgée à la bouteille et grimaça en la reposant sur la table. "C'est super fort." Sa tête tournait de plus en plus, elle s'affala donc dans le canapé, la tête en arrière, venant replier ses genoux contre sa poitrine.