“I vow to fiercely love you in all your forms, now and forever. I promise to never forget that this is a once in a lifetime love. And to always know in the deepest part of my soul that no matter what challenges might carry us apart, we will always find our way back to each other.”
A l’époque c’était ainsi. Tout était plus simple, meilleur. Le jour où leurs regards se sont croisés ils savaient, ils savaient très bien qu’eux deux, que tous les deux resteraient proche. Qu’ils se soutiendraient, qu’ils représenteraient tout l’un pour l’autre. Que l’autre représentera tout ce dont ils ont toujours rêvé. Une famille, un foyer, une âme sœur.
Parfois une seule et unique personne fait votre monde. Cette personne représente et représentera toujours tout pour vous. Cet amour autrefois vécu à jamais perdu.
« Dix jours Ric. Dix jours je vais te demander de ne pas y penser durant ces dix jours, je t’en supplie. Offrons à Thaïs les meilleurs moments de sa vie. Ric. Je t’aime, regarde moi, s’il te plait. » Il glissa d’un geste rapide et tendre ses doigts vers les siens. Dans dix jours seulement sa femme ne représentera plus que de simples souvenirs. Souvenirs qui deviendront flous avec le temps. Il ne voulait pas de ça. Il l’aimait plus que quiconque au monde. C’était sa deuxième partie, la personne qui le complétait le plus, qui le comprenait le plus.
« Amelia, je… je … veux pas. On va trouver une solution je te le promets. On va s’en sortir. Sans toi … sans te voir à mes côtés … je sais pas … je ne peux pas, dis moi quelque chose je t’en prie. » Pourquoi tout devait être compliqué. Pourquoi tout avait besoin de prendre une autre tournure, une tournure que personne n’a jamais souhaité. Un putain de destin inutile et cruel. C’était sa femme, il l’aimait, sans elle il ne savait pas ce qu’il deviendrait. Il y avait leur fille aussi, comment était-il supposé regarder sa fille dans les yeux sans s’imaginer sa mère. Comment était-il supposé être le père parfait, sans la femme qui la toujours soutenue. Comment était-il supposé vivre sans elle tout simplement.
Leur temps était compté, chronométré minutieusement. Ces dix jours se sont écoulés rapidement, Alaric avait passé son temps à compter les heures et les jours restants. Il s’était blotti durant des heures et des heures dans les bras de sa femme de peur de perdre cette odeur douce et enivrante à la fois. De peur de ne jamais se souvenir de la force de ses bras autour de lui, de l’effet de ses caresses autour de son cou, de ses lèvres contre les siennes, de son souffle coupé quand leurs regards se croisent. De peur de l’oublier elle, ce bout de femme qui l’aura changé à jamais. Qui a représenté pour lui la petite amie parfaite, la sœur et la meilleure amie mais aussi la mère qu’il n’a jamais eu. Elle était son monde, sa vie, elle était tout. Et quand il y repense encore au jour d’aujourd’hui il se dit que personne, jamais personne ne réussira à remplacer cette femme honnête, cette femme qu’il regrette tellement.
Il en pleure tous les soirs, en y repensant, en repensant à leurs longues discutions au bord de la piscine, à leur dispute innocente et toutes les fois où ils se sont souris.
Il vit dans le passé il le sait, il ne la jamais nié. Seulement, essayer d’effacer les souvenirs de sa femme est beaucoup plus difficile que tout ce qu’il a entretenu dans sa vie.
Il se souvient encore d’avoir été égoïste ces dix derniers jours. Il avait souhaité passer les derniers moments avec sa femme sans se préoccuper de leur fille. Il s’était littéralement accaparé d’Amélia sans vouloir la partager. Il s’en veut encore d’avoir pensé qu’à lui. Mais c’était d’un égoïsme innocent et honnête. L’époux égoïste et fou amoureux de son premier amour, de sa femme, de sa petite amie, de son âme sœur.
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« Amuses-toi un peu, j’sais pas moi, va parler à cette nana qui te relooke depuis que t’es arrivé. » avalant les dernières gouttes de sa commande il jette un coup d’œil à sa droite dévisageant une jeune femme resplendissante qui n’arrêtait pas de le fixer d’un sourire timide.
« J’y vais, je travaille tôt demain. » lança Alaric à son meilleur ami, reposant son verre et faisant signe au barman pour payer.
« Alaric, putain, j’sais pas profites t’es libre. » serrant la mâchoire il ne savait pas réellement comment prendre cette remarque.
« Libre ? Vas t’faire foutre John ! Ma femme est morte d’un cancer, désolée de ne pas avoir envie de sauter la première venue. » Il connaissait son meilleur ami, il ne l’avait pas dit pour le blesser ou pour souligner qu’il ne s’amusait pas assez. Il essayait de changer les idées d’Alaric, de lui faire comprendre qu’il était temps de tourner la page, seulement il le faisait à sa manière. Personne ne pouvait réellement comprendre la situation d’Alaric. Il avait passé presque la moitié de sa vie avec cette femme. Avec Amelia. Ils se sont soutenus mutuellement lorsque leurs parents les avaient laissés tomber. Elle a été là à ses côtés lorsqu’il s’était vu refuser l’entrée à certaines écoles de médecine, ou bien lorsque ses frères et sœurs essayaient de lui soutirer de l’argent alors qu’aucun d’entre eux n’avaient demandés comment était sa fille à l’époque.
« Je suis vraiment désolé, je pensais pas ce que j’ai dis, à demain Alaric. » il lui fit signe et retourna à sa fille le plus vite possible.
Des gens s’occupaient d’elle de temps en temps lorsqu’il ne pouvait pas se rendre chez lui plutôt que possible ou aller la chercher à l’école. Mais il avait demandé à avoir un emploi du temps régulier même si avec son secteur il n’avait pas réellement le choix.
Il planifiait souvent des sorties avec sa fille, pour avoir ses moments entre un père et sa fille. Mais depuis la mort de sa femme sa fille s’est refermée sur elle, elle ne souhaite parler à personne mise à part son père. Et lorsqu’il engage des baby-sitters elle n’arrêtait pas de les embêter comme il le fallait. C’est une enfant tranquille et gentille mais depuis leur perte elle n’est plus réellement la même adolescente.
Il essaie de remplacer son manque, de lui changer les idées mais rien ne fonctionnait.
« Ca te dis d’aller vivre au Canada papa ? » Fronçant les sourcils pensant que c’était encore l’une de ses crises quotidienne qu’il avait prit l’habitude de subir.
« Tu sais Alexandra y va pendant les vacances et quand elle revient elle me raconte toujours pleins de trucs super cool qu’elle fait avec ses cousins. Je pense que ce serait trop cool, genre super super cool si on y allait. » « On en reparle demain si tu veux chérie, d’accord ? » Peut être que le lendemain ça lui passerait. Une envie toutes les semaines toutes étrange les unes que les autres.
« Non, papa ! Je parle sérieusement, je pense … je pense qu’il est temps pour nous de bouger d’ici, de rencontrer d’autres personnes. D’oublier maman. » Il perdit très rapidement son expression amusée par les idées de sa fille pour laisser place à une expression plus sérieuse.
« Premièrement oublier maman est loin d’être dans tes plans, ou les miens. C’est ta maman elle le restera et … » « Mais papa… » « J’ai pas terminé Thaïs, tu peux pas dire ce genre de chose, tu comprends ? Je sais ce que tu veux dire, je sais ce que tu ressens chérie, je le ressens aussi ici, tous les jours. Toutes ces putains de journées. » Sa fille le pris directement dans ses bras et déposa un bisou sur sa joue.
« Et deuxièmement ne répète jamais putain. » dit-il en rigolant. Il la serra dans ses bras. Elle n’avait pas tort, peut être qu’un peu de changement ne leur ferait pas de mal.
« Je dis juste que en restant ici on peut pas avancer. Elle est partout. Dans ma chambre, dans la salle de réunion de mon école, chez Alexandra, je la vois partout papa. » « Je sais. Moi aussi. » Sa fille était l’adolescente la plus intelligente qu’il connaissait. Elle était loin d’avoir tort, elle venait même de le convaincre d’emménager au Canada.
« On cherchera ensemble une nouvelle maison dans ce cas. Au dodo maintenant. » dit-il en la repoussant légèrement pour qu’elle aille dans sa chambre.
« Papa, encore dix minutes je parle avec Aaron . » « C’est qui celui là encore ? » Ils finirent la soirée en petite querelle. Il voyait bien que sa fille était plus l’enfant de 6 ans avec qui il allait au zoo avec lui, maintenant elle s’intéressait plus aux garçons et aux séries télévisées pour adolescentes qui avait tendance à franchement l’énerver.
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« Papa, papa, papa. » chantonnait la jeune adolescente. Elle ne l’avait pas lâché depuis qu’ils ont eu une petite visite de la part de Francesca. Il voyait très clair dans le jeu de sa fille. Mais il était contre l’idée de l’embaucher.
« Thaïs ! Commences pas veux-tu ! » « Mais papa. » Thaïs savait ce qu’elle faisait. A treize ans on n’a pas toute notre tête mais on est conscient un minimum de ce que l’on dit et ce que l’on fait.
« Tu sais à qui elle me fais penser Francesca ? » il leva les yeux au ciel.
« Non, et je n’ai même pas envie de savoir. » Même s’il était persuadé que ce qu’il venait de lui dire ne servirait à rien, parce que quelques secondes plus tard elle donnait son point de vue.
« Elle écoute du rock, elle a des tatouages … vous êtes pareil. C’est un peu un mini toi. » Et c’est justement ce qui l’effrayait. Il voulait pas se retrouver en face d’une jeune fille qui avait exactement les mêmes traits que le Alaric d’autrefois. Le jeune étudiant cool, tatoué à faire fondre les filles. Il ne voulait pas ressasser le passé. C’était la première crainte qu’il avait eu lorsque la jeune femme s’était présenté à l’entretient. Il avait mit du temps à enterrer son passé avec les souvenirs qu’il avait de sa femme et cette belle inconnue était sur le point d’anéantir tous ses efforts.
« Papa, s’il te plait, je l’aime bien. Je l’aime beaucoup même. » durant le week end entier l’adolescente lui a rappelé combien Francesca serait la bonne, qu’elle ferait tout bien tout propre. Il a finit par céder après la énième crise de sa fille. Il avait été très strict avec Francesca lors de ses premiers jours. Il savait qu’il le faisait parce qu’elle reflétait tout ce qu’il aurait souhaité être auparavant. L’adolescent plein de rêve et d’ambition, ce même adolescent qui a laissé tomber la musique pour sa famille. Sa fille et sa femme. Ses rêves que même ses parents n’ont jamais approuvés. Au moment même où Francesca à ouvert la bouche il savait qu’elle lui poserait problème. Qu’elle l’ennuierait et changerait le courant de sa vie. Il s’était montré beaucoup trop formel les premiers jours et avait posé brutalement une barrière qu’il n’arrive pas encore à enlever. Celle qui sépare l’employé et l’employeur. Il voit très bien que elle, ça ne l’ennuie pas plus que ça. Il voit en elle le rebelle qu’il n’a jamais été. Cet enfant plein d’ambition à revendre. Des rêves plein la tête. Le vieil Alaric a envie de l’encourager à poursuive ses rêves, mais le nouveau Alaric, l’ennuyeux, le sérieux, le coincé se sert de sa raison et à envie de la renvoyer à l’école, parce que non seulement c’est pour elle et son avenir et qu’il sait mieux que personne de quoi il parle mais aussi parce qu’il commence à s’attacher à elle et que ça l’ennuie plus que ça ne le devrait.
Mais Thaïs l’apprécie et il aime le fait que sa fille soit plus heureuse ainsi il en est même reconnaissant. Alors de temps à autre il oublie le fait que cette jeune femme lui ressemble énormément et que ça l’énerve un peu. Il essaie de se détendre mais elle dégage quelque chose qui ne cesse de lui rappeler son passé et combien est-ce qu’il souhaiterait y retourner. Vivre un jour la vie qu’il n’aura jamais et qu’il n’a jamais eu.