Encore une soirée (ou plutôt, une fin d'après-midi) très réussie pour les riches sœurs adoptives Victoria et Nikki. Enfin, celle-ci n'était pas comme les autres. Nikki s'était laissée charmer par un dangereux Don Juan, qui l'avait convaincue de boire tous les verres qu'il lui payait. J'avais refusé de la laisser entre les mains de cet individu peu recommandable, et j'étais encore assez lucide pour ne pas me laisser charmer par ses sourires pervers et ses mains baladeuses. Une Nikki totalement délirante était donc montée, avec mon aide et celle du chauffeur, dans un taxi pour son logement, où elle y resterait sûrement longtemps. Je m'assurai qu'elle dormait bien dans son lit douillet avant de repartir. Pour moi, la soirée n'était pas finie ; je n'étais pas encore assez saoule.
Je choisis donc un bar au hasard et y entrai en toute tranquillité, légèrement désorientée. J'avais encore ma mère et sa maladie en tête. Je m'assis à la table la proche en marmonnant des insultes contre mes talons de dix centimètres. J'en avais de douze, bien sûr, mais heureusement, j'avais oublié ce que j'en avais fait, alors je m'étais contentée des dix.
Une serveuse d'à peu près mon âge arriva vers moi, et je dis d'une plus forte que je ne le voulais : « Vous avez du whisky ? » C'est ça qu'il y a de bien quand je suis ivre ; je ne me soucie pas de ce que ces imbéciles autour de moi peuvent bien penser ; la plupart du temps, j'oublie le moment où je suis devenue le plus ridicule.