(#) Sujet: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mer 7 Aoû - 0:18
Nouveau verre, nouvelle blessure, nouvelle noyade. Mes yeux plongent au fond du récipient, comme pour y trouver des morceaux d'âme tombés à l'abandon. Ma vie s'embrase sous l'effet de l'alcool. Elle défile, trop vite, trop sauvagement. La colère grandit, poussé par un profond dégoût. La beauté s'effrite. La perfection perd de sa grandiose. Le masque s'arrache à mon visage, menaçant à tout moment de laisser apparaître le gamin encore paumé qui se cache, là, quelque part, sous toute cette merde. L'avocat. Le bourge. Le prédateur. Tout ça, c'est juste un gros tas de n'importe quoi. Une pseudo réalité que le monde entier s'entête à pointer du doigt. Et ça le fait sourire, ce connard. Ce détesté. Ce voleur d'oxygène. Ça le fait jubiler, de savoir qu'on puisse le haïr.
Ce soir, le cancer d'Arseniy semble avoir trouvé refuge contre mon corps. C'est un peu comme, si, soudainement, j'avais pris conscience de l'ampleur des choses. Le poids est si lourd à porter que même mes épaules semblent ne plus vouloir le supporter. J'ai beau torturer mon esprit, rien n'est réparable. Tout est à accepter. Dehors, l'orage s'abat sur la ville, accompagnant ainsi à la presque perfection le démon terré sous ce bouclier de chair. Et si l'on vient à m'entailler, le malin y quitterait mon corps dans le but de tout détruire sur son passage. Sans une seule once de pitié. Sans une lueur d'amertume. C'est un manque constant de sentiments. Mes paroles n'ont plus de consistances, elles brûlent mon prochain. Ils en meurent inévitablement, eux, là, autour de moi. Qui me fixent de leur regard trop brillant. De leur âme trop désespérée. Ce surplus d'espoir me donne envie de gerber. J'ai envie de leur balancer mon verre à la gueule, que l'alcool leur brûle les yeux. Pour qu'ils comprennent enfin que la vie est pute. Aussi pute que ces femmes perdues au fond des bordels. Elles s'en foutent, de savoir qui va bien pouvoir les baiser ce soir. Avec la vie, ça se passe un peu comme ça, aussi. Enfermé dans cette danse infernale, l'Homme ferme les yeux, à la recherche d'une magie qui n'a jamais existé. L'espoir meurt à la nuit tombée. Et l'aiguille qui s'enfonce dans ma peau désigne le manque d'imagination. Mon passé sans relief. Le futur ? Il n'est pas plus loin que le bout de cette rue que je dévale difficilement.
J'ai la vue floue. Floue de cette vie écorchée. De cet argent facile. De cette haine gratuite. De ces personnes qui passent à côté de moi. Je les insulte, leur crache à la figure cette indéniable vérité sur cette connerie d'innocence. Ils ne comprennent pas un seul mot de mon torrent coléreux mais c'est pas grave. J'ai toujours l'impression de vivre, en écrasant les autres et c'est ça, l'essentiel. Même défoncé jusqu'à la moelle, je les regarde de haut. Comme pour grignoter les centimètres de plus qu'ils ont sur moi. J'ai dans les veines l'indestructible héroïne. Elle n'a pas de cape mais nous envole à des mètres au dessus de la terre. Sur un coin de paradis encore un peu gris, toujours plus léger et acceptable que la réalité. Celle qui dessine le visage d'Arseniy dans un hôpital. Puis une tombe. Et enfin, la solitude. La solitude, identique à celle du moment présent, qui pousse à boire plus que le corps ne le voudrait. Éponge alcoolisée.
Et pourtant, dans cette nuit trop sombre, le visage de l'inconnu se dessine. L'inconnu aux allures beaucoup trop familières. Tout cela sonne faux dans ma tête. Mes pas me guident vers lui. De toute façon, l'entrée de mon appartement est à deux pas d'ici. À quoi bon lui sourire. À quoi bon se présenter. À quoi bon rendre conventionnel une entrevue trop sauvage. L'homme est un loup pour l'homme. Et si c'était vrai, au final. D'un geste répétitif, mes mains le poussent contre ce mur de briques sales et humides. La respiration est saccadée, les poumons brûlés par la cigarette. Les yeux trop rouges. L'haineuse se mélange au désir étrange. Dérangeant. Comme au premier jour où j'avais pu le remarquer, à quelques mètres, du coin de l’œil. À le plaquer faiblement, j'ai l'impression de vouloir l'accrocher au mur, comme un vieux souvenir. Mais Victor a des airs de futur. Une masse presque informe dans mon esprit, qui désigne l'avant. Silence. Mon regard dessine les traits de son visage sous la lumière d'un lampadaire défectueux. La pluie tombe encore un peu. L'orage gronde au loin. Fait trembler la terre d'autres citoyens. À mes tympans, plus rien n'est audible.
La rue se resserre sur nos corps. La température s'élève. La lune étouffée par les nuages nous tombe sur la gueule. Union chaotique. Je lui prostitue mes pensées entremêlées. L'haleine chargée d'alcool s'échoue contre sa joue. « Qu'est-ce que tu fous ... » Le rire coupe ma parole. J'ai déjà oublié ce que je pouvais bien avoir à lui dire. Lui, l'ignoble charogne. « On dirait un clébard mouillé. » Ouais, au moins, ça, c'est facile à lui dire. Inutile, aussi. Aussi inutile que ce regard trop provocateur. Répétons-nous, l'homme est un loup pour l'homme. Tu vas te faire bouffer, Novotny. Rentre chez toi, tant qu'il est encore temps. Deux mètres à parcourir, même pas.
Dernière édition par Julian Novotny le Jeu 8 Aoû - 16:26, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mer 7 Aoû - 1:08
Sueur éloquente, caresse grisante ; la salope est là, au creux de mes bras. La salope aux longues jambes, le chant de sirène tendrement brûlé. Pauvre petite poupée déglinguée, là voilà soudainement abandonnée au coeur d'un endroit où elle n'aurait pas du mettre les pieds. Elle crie, de son pauvre coeur meurtri, l'esprit délicatement soumis, meurtri, épris. Elle se fracasse, là, au creux de mes bras, les doigts si durs, contre mon dos. Et je souris, je mords à pleine dent, les lèvres suçant les moindres gouttes de son pauvre sang. Je prends tout ; chaque parcelle de son être, chaque souffle fracassé, dans la casse. L'écho de la nuit résonne, tout autour de nuit, soutenu par les soupirs excessifs, par la danse macabre de nos carcasses. Elle grogne ; je meurs. Elle meurt d'un souffle, je nais du même. C'est une danse condamnée, l'appel des tourmentés. Elle implore le ciel, de sa voix brûlée, sacrifiant mon dos pour se faire pardonner quelques pêchés. Tendre saint entre ses reins, me voilà soupirant, gémissant, grognant et mordant pour quelques coups de rein, pour un peu de pain, un peu d'eau peut-être, cherchant peut-être un destin qui n'a pas de fin. Je suis là ; là, perdu, dans cette mer de chair qui s'écarte sous mon passage, qui m'acclament pour mes aller et venu. Et elle continue, la perdue, la salope, entre mes mains. Elle enfonce ses griffes, si fort, que la vie semble prendre place, dans mon corps, et qu'une douleur semble naître enfin, contre ma peau.
Et enfin. Enfin, d'un mouvement fracassant, on se brise tous les deux, ou alors moi seul, qui sait, l'abandonner juste là, quittant sa chaleur qui me brûle.
La gifle du vent est forte, contre ma peau nue. Des filaments de sang se font la maille, tendrement, le long de mes omoplates, allant rejoindre mes reins. D'un mouvement lent, observant tout autour, je ramène mon pantalon sur mes jambes. Le silence de nuit est tendre, à mes oreilles ; il est bercé par les halètements brisés de la déesse déchue, là, sur le banc de la voiture. Elle me sourit, doucement, et cherche mes lèvres, alors que je m'aventure de nouveau au creux de la bagnole sale. Je lui souris. Non, tu ne m'auras pas ma belle. Un léger baiser se pose pourtant sur ses lèvres ; c,est un adieu, ma chérie. Souviens-toi de ce goût interdit. Celui de la pomme. « C'était bien, ma belle. » Elle gémit, sous mes lèvres, sous ma langue. Je souris doucement, le regard dur, avant de tendre la main vers mon t-shirt, prêt de ses seins. Ses cuisses s'ouvrent de nouveau ; un océan de blanc s'évade, témoin d'une damnation d'autrefois.
Je m'écarte doucement, avant d'enfiler mon chandail. Je n'ai plus rien à faire ici.
Le vent crie, au loin, ou alors est-ce ses larmes qui fracassent l’asphalte, alors que je m'éloigne sans un mot. Je souris, la tête basse, la fraîcheur du vent contre ma peau. Je me sens vivant, un bref instant. Je me sens vivant.
Et toi, l'es-tu ? Es-tu vivant, toi, juste là, qui vagabonde au travers de la rue, tel un mort vivant ? La surprise ne se lit pas, sur mes traits, alors que je tombe sur toi ; tu es là, et il n'y a rien d'autre à ajouter. Je t'observe, attendant le moindre tes mouvements. Ils sont brisés, saccagés, portés par un vent violent qui n'existe que dans ta tête, ce soir. Tu danse avec tes déboires, ces salopes invisibles. Et moi, je t'observe, attendant le moindre signal. J'attends que tu te brise, que tu sortes des rails.
Ton fracas devient mieux, alors que tu m'écrases contre le mur. Les plaies sont encore à vif, dans mon dos ; je sens la douleur qui me traverse, éteinte depuis quelques minutes déjà, et pourtant si douce. Un sourire danse sur mes lèvres, souhaite voyager sur les tiennes. Viens-tu pour me prendre mon bonheur, Julian ? Le vois-tu, ce sourire ? Le veux-tu ? Je vois un démon, au fond de tes prunelles. Un démon enfermé dans sa cage, incapable du moindre mouvement, ne cessant de tourner en rond. Il m'observe, de ses yeux noirs, jaunes, je ne sais pas, et attend un accord. Il attend la mort. Mes doigts se posent sur les tiens ; ils sont froids. Qu'importe, tu sais, les miens aussi. J'ai la peau froide, mais le sang est chaud, dans mes veines, contre mon dos. Le sang est chaud, et je te laisserais t'en abreuver, si je peux te posséder. Te posséder et t'entendre m'implorer. Aller, viens chercher un sourire, Julian, viens le chercher, ce sourire sur les coins de mes lèvres, cette illusion de bonheur, et tu goutteras au plaisir. Aux plaisirs. Ceux de se faire conquérir.
Ton souffle est mort, contre ma peau. Je ne m'y attarde pas ; il y a bien longtemps que nous sommes tous mort, de toute manière. C'est après la vie, après tout, que l'on ne cesse de courir. Le moindre souffle de vie, qu'importe qu'il soit meurtri. « Qu'est-ce que tu fous ... » Je souris. Et toi, Julian, qu'est-ce que tu fous ? Qu'est-ce que tu viens chercher, là, dans la nuit, tes bras contre moi ? Que souhaites-tu, dis moi ? Un peu d'amour ? Un peu de haine, peut-être ? Quelques lignes de coke, une seringue te traversant le bras ? Que souhaites-tu de moi ? « On dirait un clébard mouillé. » Je ricane, tout bas. Ma tête se pose sur le mur froid; même comme ça, j'ai l'impression d'être plus grand que toi. Je veux être plus grand que toi. « Tu parles de toi, ou alors de moi ? » Rauque ; ö longue murmure rauque. Il est habité par les gémissements du passé, par les cris des possédés. Brisé, comblé. Mes doigts se glissent plus forts, contre les tiens ; j'ai envie de sentir la chaleur de tes reins, contre mes mains.
Il y a quelque chose qui se brise, lorsque je te tire brusquement contre moi. L'équilibre, peut-être. Je sens ton souffle grisé, contre mes lèvres. Je m'évade dans le puits sans fond que sont tes prunelles ; il y a un peau d'eau, tout au fond. L'éclat bleuté de mes yeux égarés. « J'ai besoin d'une douche ; l'odeur de cette salope me colle encore à la peau...c'est que je l'ai trop baisé. Tu m'invites ? » Accepte. Tu ne demandes que ça, après tout.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mer 7 Aoû - 14:14
Mon regard est profond. Profondément irréel. Contre mes lèvres, le temps ne coule plus. Tout semble s'effacer, comme la peinture d'un tableau laissé sous la pluie. Les gouttes d'eau effleurent mes cils. Elles transpercent le ciel et s'échouent sur nos corps brûlés à l'extrême. On pourrait presque y sentir une faible odeur de fumée. Le monde s'incline autour de nous, dans les débris de nos pensées. Les rêves sont avortés. Pourtant, je me bas encore, contre cette absurde douleur. Les larmes ne couleront pas, elles n'ont même jamais coulées. Comme une coquille vide, même les paroles de Victor résonnent sous ma carapace. Ses doigts liés aux miens m'emportent avec eux dans un puits sans fond. Trop sombre et désespéré pour me ressembler. Nos rêves absurdes s'accrochent aux parois humides de ce vide constant. La chute y serait presque agréable. D'une légèreté rare. J'oscille entre euphorie et désespoir. Le sourire de mes lèvres se surprend à mourir pour mieux renaître. Ce sont nos vies en sursis, dont la stabilité n'existe même plus.
Le mouvement de ses bras est trop brusque et inattendu pour mon esprit anesthésié. Mes pas s'emmêlent. Mes jambes cotonneuses menacent de perdre toute leur force. Mais il est là, lui l'ombre. Ce spectre aussi solide qu'un roc. L'écho de mon corps contre le sien fait trembler mon âme. Mes pensées, remuées, perdent de leur cohérence. La pluie redouble d'effort au dessus de nos têtes. Elle me lave de toute lucidité. Je peux la voir, glisser sur le sol et se perdre dans les égouts. Dieu sait où elle s'échouera. Et puis, ses mains, trop attachés aux miennes me donnent la sensation de vomir. J'ai envie de reculer et hurler toute ma rage. J'ai envie de lui mettre une droite, voir le sang couler de sa bouche. Lui dire à voix basse cette triste vérité. Me touche pas, me possède pas, retourne baiser tes chiennes. Ça marche pas avec un autre connard. Ça prend pas, t'entends ? Mais y a rien qui sort. Il prend la parole, trop vite. « J'ai besoin d'une douche ; l'odeur de cette salope me colle encore à la peau...c'est que je l'ai trop baisé. Tu m'invites ? » Ses paroles me font grimacer. Le corps d'une femme m'est douloureux. Mes mains écorcheraient leur peau trop douce. Elles portent un parfum d'amour et de tendresse. Elles font naître, au plus profond de mes désirs un dégoût inexpliqué. Des salopes, comme dirait Victor. Ce doit être ça. De toute façon, je me suis enfoncé dans le latent. Ne plus rien ressentir. Ne plus rien attendre des autres. Mourir dans un souffle chaud et s'évanouir au fil des minutes. Je ne suis qu'un rêve éphémère. Il suffit pourtant de plonger son regard dans le mien pour capter ce surplus d'obscurité. Dans ce coin de rue, les vodkas teintées de désir ne colorent même plus l'obscurité. Seuls les iris bleutés de Victor marquent un point de repère.
Mes lèvres, trop proches de son visage laissent grandir la tension. La chaleur de son être réchauffe le mien dans une vague colérique d'incompréhension. Pourquoi ici. Pourquoi ce soir. Pourquoi lui. Pourquoi cette proximité désirée. Ses doigts portent une douleur communicatrice. Ils me ramènent au passé. La cicatrice de ma joue semble même réagir à ce moment désespéré. Elle pique mon visage, me nargue de ne pas avoir su prendre le dessus sur ma vie écorchée. D'un geste brusque, mon corps s'échappe de son emprise. « J'fais pas dans la charité. » Ton désemparé, détaché. Mon regard se perd sur la porte d'entrée. Elle est juste là, à quelques pas que je réalise en une poignée de secondes. La clé s'enfonce difficilement dans la serrure. Ma vue trop floue me joue encore des tours. Dans un ultime soupir, mon visage se tourne vers Victor. Ma mâchoire se resserre instinctivement sur l'intérieur de mes joues. Après tout, quitte à brûler en enfer. « On mettra ça sur le dos de l'alcool. » Ma main l'incite à me rejoindre, d'un geste las et nonchalant.
Je pousse la porte, toujours avec autant de lassitude. Un profond soupir s'échappe même de mes entrailles. Le temps ne tient qu'à un fil. Il marque un arrêt sur image face à la représentation même de ma superficialité. Tout ici respire l'argent. Rien n'est personnel. Même les cadres possèdent encore des photos de personnes que je ne connais pas. Je n'ai personne dans ma vie, de toute façon. Sauf peut-être cette photo d'Arseniy et moi, dissimulée dans l'ombre d'un tiroir. La pièce du loft est trop grande pour une seule personne. Si vaste et impeccablement entretenue qu'on pourrait penser que personne n'y vit. Le regard se pose immédiatement sur un grand lit surélevé par une marche de bois sombre. On ne voit que lui, au milieu de cette pièce froide. Seule forme de narcissisme. En dehors de mon métier, il n'y a plus que sous les draps que j'excelle. Je me remémore ces regards brisés, tous ces gamins à la recherche d'amour et respect. Ils sont repartis le cœur vide. Les veines lacérés par mes mots trop tranchants. Ce lit est mon royaume. L'un de mes ultimes contrôle.
« C'est par là. » La lourde porte d'entrée se referme dans un fracas désagréable. Mes tympans retrouvent de leur vitalité. Comme une poussée d'adrénaline injectée directement dans le cœur. Mon corps vacille difficilement jusqu'à la salle de bains aux carreaux exagérément sombres. Lorsque je me retourne vivement, mon visage se trouve à quelques centimètres de Victor. La température qui grimpe n'est plus aussi muette. Elle s'éveille, petit à petit, dans un désir malsain. Nos respirations semblent inaudibles, comme si nous avions soudainement cessé de respirer. Pourtant, elles se raccrochent et s'unissent dans une union parfaite, à notre insu. J'ai l'impression d'être un homme à la conduite trop rapide, depuis toujours je négocie les virages. Parfois, les roues du véhicule effleurent le trottoir. Ce soir, il se prend un mur de pleine face. Le mur Victor. Les briques écrasent la taule. Mais le conducteur est toujours vivant, il se sent soudainement indestructible, au point de vouloir reprendre la route. Avec ou sans bagnole.
Ce sont mes mains, qui la reprennent, cette route. L'une d'entre elle particulièrement. Elle se pose là, contre la ceinture de l'homme. Mes lèvres déformés par un sourire s'approchent dangereusement de sa mâchoire, remontent lentement le long de celle-ci avant de se perdre contre son oreille. « Si t'as besoin d'un truc, j'suis à côté. » Mouvement de recul, pour mieux reprendre ma respiration. Pour ne surtout pas abîmer la barrière qui nous sépare. Si l'un d'entre nous vient à la détruire, ce ne sera pas lui. Ma présence s'éloigne de la sienne dans quelques pas désorientés. Mon regard se tourne une ultime fois vers Victor, le bout des doigts posés sur l'encadrement de la porte. Nous réunir n'était peut-être la meilleure idée. C'est la fin.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mer 7 Aoû - 22:17
Aller, observe-moi. Observe-moi, Julian, et ose croire, un mince instant, que tu puisse t'abreuver de moi. Que tu puisses, de tes lèvres gercés, imbibés par l'alcool de la soirée déjà passée, prendre un peu de mon bonheur. Aller, ose croire qu'il y en a, du bonheur, au fond de ce coeur qui n'est jamais à l'heure. Noie-toi. Noie toi avec moi, et emporte moi loin. Battons nous comme des êtres déchaînés, à essayer de voler à l'autre quelque chose qu'il n'a même pas. Dansons, toujours, éternellement, les âmes pauvrement desséchés, délaissés par le temps et l'envie. Aller, approche toi, Julian, Prends mon dernier souffle, que je puisse me noyer au travers du tien. Veux-tu jouer, mon beau ? Veux-tu caresser, goûter ? Mon visage se rapproche du tien, doucement, alors que j'attends. Je ne suis pas de ceux qui sont patients, tu sais, Julian. Ne joue pas avec moi ; tu en viendrais à te brûler les doigts. Les jeux ne sont jamais amusants, en ma compagnie. Après tout, je ne fais pas parti de ces enfants heureux.
Pauvre torturé, tu n'as pas envie de jouer. Ou alors, tu ne le sais pas encore. Quoi ? Tu as compris, mon grand ? Tu as compris, malgré la folie, que je suis maudit ? Tu te détaches brusquement de moi, tu t'éloignes de quelques pas. Je t'observe sagement, comme ça. « J'fais pas dans la charité. » Je rigole, tout bas. Ma tête se baisse, mes cheveux caressant mes joues, un instant. Tu me fais rire, Julian. Tu me fais rire, à m'observer comme ça, en chien sauvage, alors que tu ne demandes que ça. Tu ne demandes que ça, perdre le contrôle pendant un instant, et puis te perdre dans une paire de bras. Être le faible, le petit être, pendant une tendre seconde, une éternité si vite effacée. Je le vois, là, au fond de tes prunelles. Tu ne peux pas mentir, Julian. Tu le veux. J'entends le cri, partout, là, autour de nous. Je t'entends crier, agoniser, et déjà, je t'entends gémir, au creux de mes bras. Toi comme moi, nous savons que cela arrivera. C'est juste comme ça.
Je redresse la tête, pour observer vers toi. Tu m'observes, sur le point d'entrée. Alors, qu'as-tu décidé ? Es-tu prêt à affronter ce qui est obligé d'arriver ? Es-tu prêt à être possédé comme une vulgaire poupée ? « On mettra ça sur le dos de l'alcool. » Un sourire, fin, sur le coin de mes lèvres. La fraîcheur de la nuit me quitte, alors que je te suis à l'intérieur de la demeure. Ma peau est toujours glacée, pourtant, traversée par une multitude de frisson. Réchauffe moi ; tu ne demandes que ça, regarde toi. S'il faisait froid dehors, il fait glaciale, ici. Est-ce pour cela que je suis là, Julian ? Pour réchauffer un peu tes draps depuis si longtemps froids ? En as-tu marre, quelques fois, d'être celui qui amène la chaleur, au travers des bras tremblants des autres êtres brisés ? As-tu envie de te laisser aller, pour une seule et simple fois ? De t'abandonner, là, sans aucune pitié, comme si tu en avais la liberté ? Laisse moi cette possibilité, laisse moi te posséder pendant un brin d'éternité.
Mes prunelles s'évadent un instant sur tout ce qui constitue ...toi. Tes membres sont tendus, nerveux. Tout est nerveux, chez toi. Tu es une bombe sur le point d'exploser, un fracas qui éclate à la gueule de tous, et qui te laisse seul, sans personne, au sommet de tout. Il fait froid, n'est-ce pas, tout en haut ? Arrête de trembler ; je gravis lentement les escaliers. J'arrive, mon beau monsieur ; je te ferais connaitre ce en quoi tu ne veux pas croire. Toi à quatre pattes, demandant plus, toujours plus, de moi. Et moi te brisant, lentement, prenant ton souffle d'agonie.
Nous jouons à chat. Reste à savoir qui des deux se trouve à être la souris.
Ta voix m'interpelle. Je ferme la porte derrière moi, avant de te rejoindre vivement. Tu es nu pied, là, au milieu de la pièce froide, noire, sans vie. Je me rapproche de toi ; tu te tournes rapidement. Mélange de souffle, caresse des yeux. Alors, qui est le chat ? Le sais-tu, toi ? Tes doigts s'agrippent à ma ceinture, là, brusquement. Je souris, tout bonnement. « Tu veux m'aider ? » Ricanement bas. Tu t'approches d'un sourire, d'un air espiègle, avant de murmurer contre mon oreille, tendrement, sournoisement. « Si t'as besoin d'un truc, j'suis à côté. » Je t'observe calmement. À quoi bon courir après la souris, lorsqu'elle s'approche autant ? Tes doigts ont quittés ma ceinture, tu t'éloignes en me laissant. Qu'importe ; je sais parfaitement que tu reviendras. Je ne ferme pas la porte ; tu ne la fermes pas non plus. Voyeur. Je te vois, là, au travers de la porte, m'observant. Qu'importe. Je retire sagement mes vêtements sans façon. Lentement, mes tatouages s'affichent, se mêlant aux couleurs sombres de la pièce. Mon boxer s'échoue contre le plancher. Plais toi donc à observer. Alors que je me redresse, mes prunelles plongent au creux des tiennes; ne devais-tu pas être à côté ? Tu ne t'es pas réellement éloigné. Je t'adresse un sourire en coin, nudité ainsi dévoilée sans aucune pitié, le sexe encore un peu éveillé.
Les pieds traînants, je m'éloigne en direction de la douche, allant plus vers l'eau chaude que la froide. Son touché caresse ma peau. J'adore ta douche, le sais-tu ? Une simple vitre comme ça, sans porte ni rien. Un appel au partage. Y répondras-tu ? La réponse, c'est bien toi qui la détient. La brûlure vive de l'eau m'attire un grognement, alors que je m'y glisse ; les marques des griffures rougissent, dans mon dos, et le sang s'efface lentement. Je penche la tête vers l'arrière, avant de me tourner, faisant de nouveau face à la porte. Une ombre se déplace ; je n'y accorde pas attention. Tu viendras ; tu n'en as pas réellement le choix.
Et te voilà enfin ; tu te contentes de jeter un regard en coin. Je te capture d'un regard. « Julian? Viens là. » Je suis face à toi, bien grand, bien fier. L'eau chaude a éveillé la bête, en moi. Elle n'attend que toi. Je t'adresse un sourire en coin, le savon entre les mains, avant de me tourner, t'affichant une faiblesse pour mieux te capturer. « Tu veux bien me laver la dos ? Faudrait pas qu'il y ait infection, hein ? » Je te souris, encore, de par dessus mon épaule. Aller, approche toi.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Jeu 8 Aoû - 4:00
Mes ongles s'enfoncent contre le bois de la porte. Les vêtements s'échouent au sol en même temps que ma raison. Mon cerveau cesse de tourner pour ne laisser place qu'au désir. Il gronde en moi, sauvagement. Le bas de mon ventre semble renfermer une force trop grande. Mes muscles se crispent d'avantage. Les chaînes se brisent au bas de mes pieds, elles libèrent mes poignets jusqu'ici ensanglanté par des menottes imaginaires. Pourtant, la souffrance est identique. J'en reviendrais presque à remuer vulgairement mes mains dans le vide pour retrouver un semblant de liberté. Le carnassier quitte sa cage, d'un pas lent et fourbe. La machine se met en route, caché sous son crâne. Comme une minuscule puce dissimulée sous ma boîte crânienne, elle commande mes gestes, m'empêche de quitter cette pièce à présent bien plus importante que les autres. Le filet se referme, sans préavis.
J'avance d'un pas, en sachant pertinemment ce qui m'attend. Je ressens la brutalité de Victor jusqu'ici. Et pourtant, j'avance quand même. Pantin désarticulé. Les murs se referment sur mon corps dépité. Mes bras les repoussent. Ils s'y acharnent, à vouloir nous étouffer. Je les pousse d'un côté, puis de l'autre sans jamais pouvoir en sortir. La sortie est déjà trop loin de toute façon, je ne peux faire marcher arrière. C'est comme défier les limites, pour y voir différemment mais pas autre chose. Sentir le bout de ses doigts chauffer sans s'y brûler. La cloque se forme pourtant sur la peau. Elle est à peine perceptible, la douleur Victor. Victor qui rime avec Mort. Le monde dégringole. Tout revient à être toujours seul, de toute façon, alors pourquoi ne pas se laisser bercer d'illusions le temps de quelques minutes. Après tout, pourquoi pas. Les ténèbres m'ouvrent déjà ses portes.
« Julian? Viens là. » Il est plus grand que moi. Ou peut-être de la même taille. Je n'en sais rien, ce soir, les perceptions sont floutées. Mon regard se pose sur son dos. Sur ce sang qui coule et disparaît à la caresse brûlante des gouttes d'eau. Mes pupilles s'arrachent à Victor et s'attache à mes poignets dont les veines semblent s'y déverser. Si tout était réel, le liquide serait aussi rouge que son dos. On baignerait dans une marre de sang. Une marre d'agonie. D'incompréhension. De colère. Rouge vif. Ça saute aux yeux. C'est envoûtant. Dans une fausse note, mes pas me guident vers lui.
Les griffures sont de plus en plus visibles. Mes yeux prennent le temps d'effleurer son corps. De découvrir chaque parcelle de sa peau. Le savon rencontre à son tour le sol. Comme si j'étais l'une de ses salopes à se soumettre sous son regard menaçant. On est de la même veine. Écorchés, les moindres détails sont à examiner. Il est possible de trouver puissance dans n'importe quel endroit. La faiblesse, elle est partout. Même là, quelque part, dans cette cabine de douche trop transparente. Peut-être le cœur de Victor, trop carbonisé. Mon addiction à la drogue. La balle vacille entre nos camps. Qui de nous deux touchera le filet en premier ? Qui tombera les armes face à l'autre ? Des questions qui résident sans réponse. Et s'il n'y avait pas de réponse, après tout ? Mes vêtements rencontrent ceux de Victor, au sol, en accord avec mon esprit.
« C'est pas une infection qui aura raison de toi. » Mes doigts caressent sa peau brûlante. La fièvre grimpe d'un cran. Allez, Julian, recule. Ça sert à rien. C'est peut-être vrai mais quitte à mourir de solitude dans des draps glacés, autant trouver compagnie dans l'indésirable. Nerveusement, mes ongles s'enfoncent contre l'épiderme de Victor. Le sang salit mes doigts qui rajoutent des blessures au tableau qu'est déjà son dos. Les griffures féminines disparaissent sous la violence de mes gestes. Comme si mon seul but était d'effacer toutes traces de l'inconnue. Qu'il n'y ai présent plus que moi. Le plaisir éphémère que l'on nomme Julian. Et rien d'autre. Juste Julian et sa colère.
Le corps de Victor se crispe. Je peux le sentir, tendu à l'extrême sous mes ongles recouvert de sang. L'eau doit atrocement lui piquer. Un sourire carnassier prend place sur mes lèvres lorsque je cesse enfin mes griffures. L'alcool me fait devenir impitoyable, brutal, bestial. L'animal pose sa trace. Je suis loin de moi ce soir, loin de cet esprit malade. Guidé par les instincts primaires, ma langue trouve sa place contre la peau ensanglantée de l'écorché. Je me perds contre lui, dans une sauvagerie autrefois dissimulée. Les gamins n'apprécient pas la violence, ils demandent tendresse et délicatesse. L'illusion d'un respect palpable. Alors, contre lui, ce mur de glace, je m'abandonne à des gestes brusques. Je donne ce que l'on peut appeler 'le meilleur de soi'. Le meilleur donne le pire. Bienvenue dans l'enfer de ma folie, Victor. Pourtant, quelque chose me dit que la sienne est encore plus profonde et destructrice. De toute façon, j'ai été brisé il y a des années de ça. Aujourd'hui, je ne suis que le vide imperceptible. Ça ne se détruit pas, le vide. Je suis un pion dont la peau elle-même s'est dissoute. Je ne sens rien, plus rien du tout. Ma salive se mélange à son sang. Le goût ferreux qu'il y laisse contre mon palais me pousse à cesser plus vite que prévu mon processus de cicatrisation.
« Première règle de survie : ne jamais tourner le dos à l'adversaire. » Oui, c'est ce que nous sommes après tout. Des combattants, sur un champs de bataille déjà déserté par la guerre. Nous sommes les ultimes survivants et pourtant, nous cherchons encore à se tuer l'un l'autre. C'est tellement pathétique. À un point qui parvient tout de même à me faire bander, comme si toute cette merde rendait les choses encore plus excitantes. « Que le gagnant profite de sa victoire. » Tu parles d'une victoire. Mes doigts se perdent au bas de son dos, terminent sur ses fesses. Le sourire aux lèvres, j'attends d'une impatience malsaine sa réaction. Qu'il me plaque contre le carrelage glacé si cela lui chante. Que Victor me brutalise, pourvu qu'il finisse à quatre pattes, comme tous les autres.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Jeu 8 Aoû - 7:50
Les lambeaux de ta chair lassée tombent contre le sol dans un bruit mat. Le bruit résonne contre les murs, contre chacun de nos corps, et nos prunelles s'accrochent sans plus jamais se défaire. Je n'observe pas tes courbes, tes muscles finement dessinés ; j'aurais tout mon temps pour les caresser bien plus tard, et puis les goûter. Non, je t'observe, là, sans mouvement, le dos finement dévoilé. Aller, approche toi, Julian. Le piège est grand ouvert, il n'attend que toi. Il n'attend que tes fins doigts, là, contre mes reins. Mets-y les doigts ; la trappe se refermera brusquement. Tu n'attends que cela, n'est-ce pas ? Le premier fracas de mon attaque, la première claque, là, contre ton âme. Tu n'attends que ça, briser contre mes doigts, me devenir que lambeau, te sentir homme, à nouveau, au travers d'une faiblesse si grande. « C'est pas une infection qui aura raison de toi. » Je souris, doucement ; tes doigts sont là, contre ma peau. Tu as bien raison, Julian. Une infection n'est rien, face à moi, car je suis l'infection de toute âme, le monstre décadent qui brûle les espoirs, de haut de son perchoir. Je prends tout de vous, et pourtant, il n'y a rien qui reste entre mes mains. Triste réalité ; nous sommes tous là, si délaissés, abandonnés.
Retour à la réalité ; tes ongles s'enfoncent dans ma chair déjà malmenée. Essaie-tu d'y faire ta trace, Julian ? Essaie-tu d'effacer les marques de cette putain, là, qui s'est perdue entre mes mains ? Le terrain a déjà été bien souvent piétiné ; mets y tes marques autant que tu le souhaites, d'autres pieds fouleront ce sol, et d'autres mains caresseront ce corps. Tu n'es qu'un simple du vent, sur ce champ de bataille. Il n'y aura plus rien de toi, dans quelque instant. Il n'y aura plus rien de toi, dans un éphémère. Douce caresse que celle de tes doigts ; je frémis, de tout en bas. Mon esprit souhaiterait se coller tout contre toi, pour sentir la brûlure vive de ton souffle, mais mon corps s'y refuse. Je reste là, si près et si loin de tes doigts, pourtant. Je reste juste là, comme ça, attendant le moindre fracas de toi. Que comptes-tu prendre, Julian, à l'exception de mon sang ? T'attends-tu à quoique ce soit ?
Douleur vive, et pourtant, douceur macabre. Je souris, sous le touché brusque de tes doigts, et tourne la tête vers toi. Tes doigts s'éloignent, ta langue s'approche. Même si je souhaite y goûter, ce n'est pas vers mes lèvres qu'elle vient. Elle épouse mes marques sanglantes de son mouvement tremblant, effaçant les traces de ton carnage. Tu vois, Julian ? Tu t'effaces toi-même, comme si tu n'avais jamais été là, tout contre moi. Je n'ai même pas besoin d'une autre personne, pour effacer tes pas. Tu le fais malgré toi. Ton corps est brûlant ; il est tout près, maintenant. Ton membre m'effleure, parfois. Douce chaleur, petite candeur. Crois-tu pouvoir y goûter, Julian ? Le crois-tu réellement ? Un sourire orne mes lèvres, alors je me souris, gémis, tout bas. « Première règle de survie : ne jamais tourner le dos à l'adversaire. » Un rire fracasse ma gorge. Je ne t'observe pas ; je rirais encore plus fort, à voir le sérieux qui habite tes prunelles. L'alcool fait un fou de toi. Pour être adversaire, mon cher, il faudrait déjà que tu aies la moindre chance ; ce n'est pas le cas. Le combat, il est déjà entre mes mains.
Tu as perdu, Julian. Le sais-tu simplement ?
Murmure, contre ma nuque. Tu sembles si sur de toi. « Que le gagnant profite de sa victoire. » Rictus, sur mes lèvres. Mes mains bougent, enfin. Elles se glissent lentement par derrière, caressent tes flancs, doucement, pour se perdre contre tes reins, et puis glissent contre tes fesses, enfin. Ils me font douloureux, un peu, mais cette douleur est si faible, à côté de tout le reste. Ton doigt est toujours là, si près de mes fesses. Le veux-tu, Julian ? Jouons, alors. Jouons, le chat est encore là. Muscles tendus, bras crispés, je te ramène brusquement contre moi. Le mouvement est compliqué, mais il s'exécute tout de même. Ton sexe à moitié plat s'affaisse contre mes fesses, là où tu aimerais bien te faufiler. Je penche la tête sur le côté, avant qu'une de mes mains glisse contre ton dos, pour se perdre dans tes cheveux. Tu ne bouges pas, tout contre moi. Faux ; ton sexe danse, palpite, soudain éveillé, mouvementé. Je souris. Mes doigts agrippent ta crinière légère, et ramène ton visage à côté du mien. « C'est ça que tu veux, Julian ? » Mon souffle brûle ta joue. Ma barbe caresse ta peau. Je ricane, tout bas, en te collant un peu plus, à l'aide de mes doigts. Je t'entends, tu sais. Pas besoin de gémir comme ça, tout bas. Donne moi tout, Julian. Donne moi tout, et encore plus.
Mes prunelles s'accrochent aux tiennes. Ma langue glisse, un instant, le long de ta mâchoire. « Profite, c'est l'unique fois où tu seras là » Murmure moqueur ; à peine finie que te voilà brusquement décollé de moi. Je me retourne, t'observant enfin. Le choc a été dur, contre la paroi de la douche ? Désolé, laisse moi me faire pardonner, veux-tu? Mon corps se colle de nouveau contre le tien, une fraction de seconde à peine s'ayant passée ; cette fois-ci, c'est face à face que nous sommes. Homme contre homme, sexe contre sexe. Souffles mêlés, chaleur partagée. L'eau est toujours chaude, contre notre peau. Ma main se glisse entre nos corps, se perd sur tes abdominaux, une éternité, avant d'empoigner ton membre déjà bien éveillé. Le pauvre, il n'en pouvait plus de patienter. Mes lèvres effleurent les tiennes, partageant un souffle. Tu murmures un je-ne-sais-quoi. « Arrête de murmurer. Je veux t'entendre crier. » Dur...dur, l'emprise de mes doigts ; je t'observe dans les yeux, attendant ton prochain mouvement, ton prochain gémissement, allant et venant, tout tenant tous les deux de ce même mouvement.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Ven 9 Aoû - 0:20
Comme un serpent, ses doigts rampent sur ma peau. Peut-être y déposera-t-il son venin. Le bouclier de chair est si fin qu'un rien suffit à l'abîmer. Même des ongles un peu trop rongés. Le contact de nos corps n'est pas ce que l'Homme en attend. Il ne respire pas la tendresse, ni même la passion. La moindre caresse porte une arrière pensée. Elle cherche à prendre le pouvoir sur tout. À dessiner sa trace sur l'âme de l'autre. Du papier de verre aurait le même effet que ses mains.
Les barrières se brisent, petit à petit. Les minutes semblent défiler plus vite qu'elles ne le devraient. Mon cœur n'obéit plus au doigt et à l’œil. Le robot perd de son efficacité. Il en deviendrait presque humain. Vulnérable. Les gouttes d'eau coulent sur nos visages, on se croirait encore sous la pluie, dans cette minuscule rue. Parce que la pluie, ça rend les choses encore plus dramatiques qu'elles ne le sont déjà. Encore plus pitoyables. J'ai jamais compris la folie des films à s'embrasser sous la colère d'un orage. Ça sonnerait presque d'ironie. Embrassez vous, de toute façon, vous terminerez comme la foudre : brûlée, détestée, seule. Nos âmes s'embrasent déjà, comme la flamme causée par un choc électrique. Mon sexe s'écrase contre Victor. Le désir s'élève soudainement. Il en ferait presque trembler mes pensées. Mais elles sont trop mortes ce soir pour être organisées. L'alcool danse dans mes veines, prend possession de ma force pour l'écraser et la détruire en miettes. « C'est ça que tu veux, Julian ? » Mon crâne surchauffe là où ses doigts exercent une pression sur mes cheveux. Et ce sourire qui s'affiche sur mes lèvres. Celui qui veut tout dire. Qui redessine sur mon visage cette envie d'y aller plus vite, plus fort. Mes mains se collent un peu plus à sa peau, elles désirent s'y fondre. S'y perdre dans une caresse éphémère, quitte à mourir juste après. Quitte à se dissoudre dans ce torrent d'eau et finir aux égouts. Les mots ne quittent plus ma bouche. Seuls ceux de Victor s'emparent de l'air trop chaud.
« Profite, c'est l'unique fois où tu seras là » Mon rire détaché accompagne le sien, plus moqueur, plus grisant. « J'en demande pas plus. » Y a qu'à écouter comme mon cœur bat lentement, comme il ne réagit pas à notre proximité. J'ai jamais connu l'attachement, le recommencement. La perte est une amie meilleure. Que Victor parte sans même se retourner. Qu'il parte. Ça ne changera pas des habitudes. De cette norme dans laquelle je me confine depuis toujours. Carnivore insatiable, la chair claque contre les carreaux. Les murs semblent trembler sous ce torrent soudain de violence. C'est à peine si je parviens à ressentir la douleur. Je me demande d'ailleurs comment il peut vouloir d'un corps recousu des milliards de fois. Si, il s'en fout. Nous n'en avons que faire de la beauté. La laideur est aussi attirante que le reste. L'esprit ailleurs, les yeux fous, que faisons-nous ? Où partons-nous ? Ah oui, bien sûr, je l'ai au bout de la langue, la réponse. Son souffle m'aide à mettre des mots sur mes pensées. Nulle part. C'est ça. Deux néants ne peuvent donner qu'un peu plus de vide. Mourrons donc dans quelque chose qui ne se construit pas. Sur les débris de nos vies trop sales. Mourrons.
« de murmurer. Je veux t'entendre crier. » Les doigts de Victor sur mon sexe sont presque un soulagement. La tension trop élevée rendait l'attente insupportable. Ses paroles font froncer mes sourcils. Mon visage se baisse instinctivement vers nos pieds pour se détacher du moment. Mes dents se referment sur ma lèvre inférieure, pour retenir les mots, la triste réalité. Se mettre à nu, se laisser guider par ses émotions, laisser le monstre affamé s'exprimer, c'est pas ici. Pas maintenant, pas avec lui. Trop difficile. Trop pour les autres. Ces gamins qui gémissent à tout va. Dans une pluie diluvienne, ils laissent leurs âmes égarées monter au septième ciel. J'ai pas de septième ciel, j'en veux pas. J'en suis juste le gardien, celui qui ouvre parfois les portes à ces amants d'une nuit, un peu paumés, un peu heureux. Toujours si sombre, mes pupilles remontent jusqu'à ses lèvres, s'accrochent à son regard. Mon torse frôle le sien, je remarque à peine l'emprise de sa présence sur la mienne. Ma main se perd à son tour sur son sexe, accompagne la danse de la sienne. Et mon souffle, brûlant, saccadé, haché. Mon souffle qui enlace son cou humide.
À nouveau le rien, l'absence, la distance. Le sol se déchaine sous mes pieds. L'eau cesse de couler. Le froid fait frissonner mon être. Il ne suffit pourtant pas à me reconnecter à la réalité. Comme une erreur génétique, je prends plaisir à me perdre dans une vie au goût morbide. Victor est l'un de ces cadavres qui me souille. Que je souille. Nos égos s'entrelacent dans une union barbare. Mes doigts se resserrent fermement sur son bras, l'entraînent avec moi jusqu'à la chaise électrique. Ce lit qui en a trop vu passer pour se souvenir de tous les visages. À présent euphorique, mon corps se surprend à pousser celui de Victor sur le lit. Son dos épouse les draps glacés lorsque mes lèvres s'autorisent enfin à découvrir sa peau. Elles commencent là, par la courbe de son cou en manque de parfum. L'eau a tout emporté, même son odeur bestiale. Ma bouche redescend d'une lenteur exagérée jusqu'à son torse, rencontre son téton gauche. Puis le droit. Survole le bas de son ventre. Ma langue laisse une trace de salive, redessine la trajectoire de mes lèvres éperdues. Les mouvements y seraient presque doux. Attentionnés. Des griffes se faufilent sous ma chair et remontent jusqu'à mes yeux, celles d'un désir presque impossible à camoufler. Dans une ultime danse, mon palais rencontre son sexe. Exerce des vas et viens brûlants, saccadés, peut-être trop rapides. Ou pas assez. Le moment est mal venu pour exceller en la matière. Les grammes d'alcool me noient dans leur faiblesse. Et je n'en ai que faire, qu'il gémisse de plaisir ou de haine. Entre deux lèches, mes cordes vocales anesthésiées retrouvent de leur agilité. « J'crois que je vais devoir te baiser sans capote. » Un rire alcoolisé s'attache à mes mots. La montée laborieuse vers la folie se fout des microbes. Des maladies. Elle ne se soucie que de l'instant présent. De toute façon, j'incarne moi-même la saleté, mon âme pue la charogne, je vomis parfois même des parasites.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Ven 9 Aoû - 2:48
Ta main contre mon membre. La tension monte. Tu joue avec une bête, le sais-tu, Julian ? Elle grogne, tout bas, prête à sauter sur toi. Elle ne demande que cela, faire une bouchée de toi. Te dévorer tout entier, et t'égorger après avoir profiter. La chaleur est trop lourde, trop dure à supporter. L'eau semble fraîche, contre ma peau, alors qu'elle me la rougit, pourtant. Tu es un feu, face à moi, et je ne demande qu'à y plonger. Qu'à me brûler, au point de ne plus respirer. De me damner, encore, toujours, pour une soirée à peine achever. Je suis sans pitié. Tu es sans pitié. Nous sommes abandonnés. Ta peau épouse la mienne, certainement trop peut-être. Mes doigts se perdent contre tes hanches, alors que de mes autres doigts, je touche tout ce que je peux, de toi, libérant quelques gémissements. Tu viens, à ton tour. Tu caresses, telle une bête, le regard fixe. On se perd ; là, toi, moi, par là, dans les prunelles de chacun. Un combat qui ne finit pas. Des gémissements continuent, une bataille soutenue. Ton visage se dévie, tes prunelles s'évadent. Tes lèvres caressent ma clavicule, pour finir contre mon cou. Mon emprise sur toi se fait plus forte, comme si je ne pouvais faire que cela. Comme si, un instant, nous avions oublié le combat. Plus vite, Julian. Plus vite, encore. N'oublies rien, ne laisses rien derrière. Prends tout, il n'y a que des miettes, de toute manière. Prends tout, tant que tu le peux encore.
Avant que je ne te dévore.
La caresse cesse ; non pas la tienne, mais celle de l'eau, douce habitude, contre ma peau. Dans mon dos, la douleur est vive, presque trop, témoin de ta présence, de ton absence. L'air frais de la pièce la caresse brusquement, éveillant des frissons en moi, et la bête s'agite. Tes doigts sont toujours contre moi ; j'observe tes lèvres, l'eau dégoulinant de mes cheveux, devant mes yeux. J'ai envie de les capturer. De te capturer, pour une éternité. La vision me tire un frisson bien trop long ; toi enchaîné, quémandant et demandant, gémissant et te tortillant. Quelle salope tu peux bien faire, Julian, si au moins tu y mettais un peu du tien. Si seulement, oui. L'idée, légère, semble se glisser jusqu'à tes oreilles. Ta main quitte mon sexe. Sale bête que tu es. Ton corps reste collé, pourtant. Sage décision. Nos pas se mêlent, d'un coup, et la danse commence ; toi et moi, là, valsant au travers du temps, si fiers et collés, le corps humide, presque nettoyé de nos moindres pêchés. Les autres ont été effacés ; viens, Julian, créons en d'autres. Réalisons en d'autres, des milliers, des éternités de pêchés.
Chutons. Mourrons.
Mon corps s'évade contre les draps, là, froids, et ma peau crie sous les fracas. Douce caresse, celle de se sentir enfin vivant. Mes doigts passent dans mes cheveux, les ramenant à l'arrière, alors que tes lèvres se posent sur toi. Un souffle s'évade de mes lèvres ; te voilà si soumis à mes envies, présentement. Descends, Julian. Descends plus bas, toujours plus bas, et baise mes pieds, que tu rencontre envie ta destinée. Baise mes pieds, que tu comprennes envie là où tu dois te placer. Tu ne vas pas le regretter; tu vas en redemander. Bête soumise; tes lèvres se posent contre mon sexe, éveillent de nouvelles terreurs, de nouvelles bêtes, en moi. Elles sentent tous l'odeur de ton sang, gémissant tout bas, quémandant d'y goûter, de t'entendre crier. La caresse est brusque ; on ne t'a jamais appris la douceur, après tout, animal blessé. On ne t'a jamais dressé. Mes doigts se mêlent à tes cheveux, se font quitter ce bijou que tu cajoles avec tant d'attentions, pourtant. Je te souris, la lueur espiègle, ouverte, perverse, au fond des yeux. Tu en fais de même. « J'crois que je vais devoir te baiser sans capote. » Mon sourire s'élargit. Tu crois donc avoir le pouvoir, entre tes mains ? Ce n'est que ma queue que tu tiens, mon beau, et rien d'autre. Le pouvoir, il est tout à moi. « T'aimerais bien ça, salopard. » Grognement rauque, Trop bas, trop fort. Il caresse ma gorge brusquement, brisé par le désir sombre que tu as attiser. Méfie toi, Julian. Tu joue avec un feu qui ne se contrôle pas.
L'emprise de mes doigts se fait plus forte, dans tes cheveux. Douce caresse, pourtant. Tu gémis ; j'en souris. Tes doigts s'éloignent de ma queue, alors que je me redresse doucement, l'autre main le long de ton rein, te faisant glisser sur le côté. Face à face, un instant, que nous sommes. Presque à égalité. Mes lèvres cherchent les tiennes, les effleurent sans les goûter. Une lueur luit, au fond de tes prunelles. Je souris, avant de secouer la tête, m'éloignant. La tête seulement, bien évidemment. Mes doigts restent contre toi, jouent contre toi, et brusquement, ils serrent ta chair, t'allongeant sur le dos. Nos chairs se moulent tendrement ; moi contre toi, moi sur toi. Oh, ne t'agite pas comme ça. Tu aimeras. Douce caresse, celle de mes doigts contre ta verge ; celle de mes mains, là, contre ton corps. Tu dis quelque chose ; je n'écoute pas. Mes prunelles se posent un instant sur tes lèvres, avant de venir à tes yeux, assombris. « Tais-toi. Tu parles pour rien. » Attaque sournoise; tais-moi. Laisse moi te dévorer de mes lèvres. Laisse moi goûter ta langue, pour ensuite te l'arracher. Je la donnerais à Arse, en cadeau. Elle ira se perdre entre ses fesses. Morsure macabre ; le goût du sang se lie à mes lèvres, alors que tu gémis, que nous gémissons, tout bas. Le goût de l'interdit, de l'impossible nous excite.
Et puis me voilà, soudain, juste là. La jambe maligne qui se fraie un chemin, entre les tiennes, et qui les écarte lentement, alors que tu es occupé à autre chose. La jambe, la même, qui caresse ton membre, pour éteindre les moindres protestations pendant un moment, avant de se glisser sur le côté, au bout d'un instant, lorsque la porte est assez ouverte. Mon bassin, mince et imposant, pourtant, qui s'y glisse et qui, brusquement, attaquant, se colle contre le tien, contre ta verge à damnée des saints, dansant contre elle, l'agressant sauvagement sous le coup des assauts puissants.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Sam 10 Aoû - 1:56
J'ai l'air de quoi ? J'ai l'air de rien. Ma bouche est occupée à le pomper comme une véritable salope. Mes doigts accompagnent mes lèvres. Mon cœur cesse de battre. Les sentiments se font la malle. Mais jamais, oh diable jamais, mon regard ne croise le sien. Je ne lui offre que ma salive, un peu de chaleur aussi. Le reste, Victor n'y touchera jamais et il le sait. Ouais, au fond de lui, ça résonne comme une évidence. Mon âme ne lui offrira rien d'elle. Elle s'est assez prostituée par le passé. Certains ont même pu l'enlacer. D'autres se sont contentés de la briser, à coups de bouteille dans la tronche. À coups de poing dans le ventre. À l'aide d'un cynisme si bien modelé qu'il aurait détruit du béton armé. Alors, aujourd'hui, après avoir trop donné de mon moi intérieur, il ne reste plus que les débris sauvages de mon être. Un gros tas de pourriture informe. Pourtant encore capable de sucer correctement.
Son sexe quitte ma bouche, un gémissement remplace les bruits de sucions. Fous moi la paix. Laisse moi te vider, ensuite, tu pourras partir. Me laisser crever sur ces draps défaits. Mes doigts se resserrent nerveusement sur le tissu. Un goût acide remonte le long de ma gorge mais rien ne s'échoue sur le bas de mon menton. Le liquide haineux retourne vers l'estomac. De ma vue floue, je tente encore de fixer Victor. Je n'y vois que sa silhouette. Je devine les traits de son visage. Mes yeux rougis par les conneries consommées parviennent encore à s'accrocher à lui. Ses lèvres s'approchent des miennes. Une grimace déforme mon visage. C'était pas prévu, ça. Le goût parfumé de sa bouche contre la mienne. Heureusement, le baiser est éphémère. On peut même pas appeler ça un baiser, finalement. C'est rassurant, au fond. Rassurant d'être considéré comme une merde.
Dans chaque seconde qui s'écoule, nos corps restent accrochés l'un à l'autre. Comme des aimants. Mon dos rencontre à son tour les draps. La position est inhabituelle. Le moment nouveau. Effrayant. Ma lèvre inférieure se retrouve capturée par ma mâchoire. Je tente instinctivement de m'échapper à l'emprise de Victor. Mes ongles s'enfoncent dans sa chair, réclament un peu plus de sa présence. La sensation de tornade qui s'empare de nous en serait presque agréable. Mon visage se perd contre son cou. S'y attarde. Les mouvements qu'il exerce au bas de mon ventre font naître un plaisir plus fort. Plus incontrôlable. Mes dents se referment sur le haut de son épaule. Elles y laissent une trace, en plus des nombreuses griffures.Ce sont les risques à prendre lorsque l'on domine un animal sauvage. Ses griffes sont mises à jour. En même temps que ses crocs. Il n'a plus que la violence comme seule défense. Redécouvrir la vie l'effraie. Le rend dingue. Le plaisir soumis semble vouloir m'emporter dans un nouveau monde. Le sien, dont j'en suis la terre pour quelques heures.
Mes jambes en viennent même à s'enrouler autour de sa taille pour l'inciter à y aller plus vite. Victor n'est pas soumis. Victor ne se laisse pas faire. On ne dompte pas Victor. Mais c'est plus fort que moi, même dans la faiblesse, la véritable nature reprend le dessus. L'envie de contrôler ne serait-ce qu'une partie infime des choses est irrésistible. Chaque pore de ma peau respire le besoin d'être au dessus des autres. Julian Novotny a besoin d'être au dessus des autres et puis … c'est tout. Y a pas de solution miracle à ce bonheur rassurant.
Mon dos se cambre, efface la moindre trace d'air entre nos corps humides. Comme des ventouses, ils entrent dans une danse presque parfaite. Mes lèvres s'accrochent au menton de Victor, le mordille avant de se perdre à nouveau dans son cou et il laisser une trace violine. Une de plus. Lassé de ses mouvements, mes coudes prennent appuie sur le matelas. Nouvelle grimace. Nouvelle déception. Mes maigres forces ne parviennent par à surplomber le corps de l'homme. J'ai soudainement l'impression qu'il est bien plus grand que moi. Bien plus imposant. Je ne suis plus qu'un gamin couché dans un nuage de coton. La mâchoire serrée à l'extrême, mon visage s'éloigne du sien. Remué par un rire presque nerveux, mes pupilles sombres se perdent dans les siennes. « Tu vas pas. » Ouais, hein, il va pas me baiser. Non, ça doit pas se passer comme ça. Il fait fausse route mais y a toujours les mots coincés, là, sous ma langue. Je tente une énième fois de me débattre. Je me fous même à rire, comme un pauvre con. Un rire si bas qu'il se confondrait presque à ma respiration trop forte.
« T'y arriveras pas. » C'est fou, sous mon crâne, j'ai presque l'impression d'être lucide à des moments. Y a mon cerveau qui se met en éveil et me hurle de quitter la pièce. À la place de ça, je le défie du regard, comme une salope que j'ai toujours été. Et pourtant, j'peux ressentir au fond du ventre une certaine appréhension. On flippe tous la première fois. J'ai pas envie d'être de ces pédales. J'ai pas envie d'une foutue première fois. Le baiseur baisé. Ça sonne tellement mal. Tellement faux. Mes jambes se resserrent un peu plus sur les reins de Victor. L'une de mes mains s'accrochent nerveusement à la racine de ses cheveux. L'autre s'arrête au niveau de ses fesses pour l'empêcher de stopper le toucher de nos membres. Comme plus tôt, mes lèvres effleurent les siennes sans jamais s'y poser. Les baisers, c'est pour les amoureux. Les aimants heureux. On serait plutôt les amants tristes de léo ferré. On se perd dans quelque chose de trop sale pour l'apprécier réellement.
Aux premiers rayons de soleil, tout cela partira en même temps que la nuit. On oubliera ce moment passé à deux, trop éphémère, trop détaché. Alors, pour l'instant, y a plus qu'à profiter du moment présent. Y a plus qu'à se battre l'un contre l'autre. Nos âmes égarées s'entremêlent.
Allez Victor, prends donc ce dont tu espères tant.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Dim 11 Aoû - 1:57
Danse macabre ; c'est ta peau contre la mienne, cette brûlure malsaine qui envahit chacune de nos veines. Nos souffles, déjà si bien mourants, qui se mêlent et qui convergent en autre chose. Ta peau, nos frissons, qui dansent au travers de la sueur et des malheurs. La folie qui prend place, dévorée par le plaisir, souillée par nos âmes martyrs. C'est un océan, tout bonnement, de plaisir. Mes doigts contre toi ; chaleur lugubre, démence qui élance. Caresse moi plus fort ; colle toi, fonds toi en moi. Prends tout de moi, et puis recrache. Mords moi ; détruis moi. Tuons-nous, pour tuer la douleur. Égorgeons nous, pour profiter du septième ciel un instant, les prunelles égares, l'âme envolée. Longues, interminables jambes, là, tout autour de moi ; tu pousses la vie au loin, pour me gorger de ta mort. Mes lèvres se plaquent contre ta peau, la naissance de ton cou, et cherchent à prendre tout. Mes dents se dévoilent, plongent au travers de la chair frissonnante. Danse, danse contre moi, Julian. Donne moi tout, et je te donnerais tout aussi. Abandonnons nous, oublions tout. Juste une fois, toi contre moi, deux déments dans leur démence, leur décadence sans pareille qui, enfin, s'évadent de leurs veines pour, un éphémère moment, s’embraser. Se posséder. Possède moi ; on verra bien, si tu y arriveras. Tiens moi fort ; la chute est trop longue.
Électrochoc ; toi, là, complètement, contre moi. Chaleur ; je me meurs. La musique est plus forte, me rend sourd de son souffle. Ma gorge se serre, mon respire se raccourcit. Les pas de la danse sont plus rapides, plus vives, plus éprouvants, envoûtants. Et nous dansons, encore, toujours, damnés que nous sommes, prêt à nos envoler. Nous croyons, l'un comme l'autre, pouvoir voler, prouver quelque chose à l'être. C'est une longue agonie, n'est-ce pas, Julian ? L'agonie des âmes aigris, des vagabonds de l'oubli. On prend tout, on ne donne rien ; prends moi tout, ne me donne rien. Continue, Julian. C'est toi, ce soir, et non un autre. Tes bras et ta démence. Un combat sans aucune issue ; deux morts, sur le champ de bataille. Les tombes sont toujours grandes ouvertes, prêtes. Baisers enflammés, douleurs éphémères, tu caresse mon épiderme de tes lèvres. Tu y poses des roses empoisonnés de ta salive, et moi, tout bas, je rugis. L'emprise de mes doigts se serrent, contre ta peau ; j'en sors mes épines. À chacun ses ecchymoses. La griffure t'agite ; tu essaie de voir d'en haut, mais en restant tout en bas. Je lève mes prunelles vers toi, un mouvement de rein plus fort que les autres allant tout contre toi. Tu ris, et parles. « Tu vas pas. » Je souris sans retenue, aucune, avant de pencher ma tête et de baiser tes lèvres d'un mordant trop flamboyant. Un filament de sang s'évade ; je le capture, le suçant avant de continuer cette danse enflammée qui vole tant de tes gémissements.
Continue, Julian. Continue plus fort, Julian, c'est ce que je veux, c'est ce que je désire. Voir un vrai combattant. Montre moi dont ce qu'il y a là, en toi, tout en dedans. Montre moi tout cela, que je prenne une longue et profonde gorgée de toi.
Rebelle-toi, que je te soumette plus fort encore.
Tu bouges encore, tout contre moi ; tes mouvements sont envoûtants, dévorants, enrageant. Tu m'enlèves un grognement des lèvres, un plaisir surprenant. Continue comme ça, Julian, et plus grand je serais encore, pour toi. Excite moi ; je ne demande que ça, tes pas de danse saccadés, la bête en toi qui s'éveille enfin. « T'y arriveras pas. » Mes lèvres effleurent ta clavicule, alors que je ricane tout bas. Mes doigts, doucement, remontent le long de toi, caressent tes flancs, ton brin de peau. Je veux tout, de toi ; cette bête aussi, je la veux. Montre moi la ; je n'attends que cela. Dévoile la, cette bête enragée, cette salope déchaînée qui ne demande qu'à me posséder, me pénétrer. Mes prunelles, sombres, se perdent dans les tiennes, puits sans fin. « et toi, tu demandes que ça. » Tes doigts sont là, faisant de petits pas. Ils descendent, là, vers le bas, te collant tout contre moi. Ton autre main, rebelle, s'agrippent à ma crinière ; tire encore plus fort, Julian, et je criais pour toi. Un grognement m'échappe, armé d'un sourire et d'un rire, alors que mes prunelles ne se détachent pas de toi. Donne moi tout ; j'en ferais tout autant.
Frisson indécent ; les petits malins, voilà donc où ils sont, tes doigts perdus. Contre ma raie, mes fesses si à vifs du moindre toucher. Ils s'y perdent, caressent ce qu'ils ne devraient pas. Une paume, là, juste posée là, sans le moindre mouvement. Qu'attends-tu, Julian ? Tes lèvres dansent contre mes miennes, comme une danseuse nue, sans jamais s'y poser. Tu vas le regretter. Rage animale ; ma bite s'éloigne de la tienne, qu'importe ta main puissante, sur mes fesses. Elle glisse le long de tes couilles, cette longue queue, avant de se perdre, là, d'un mouvement brusque, contre la raie de tes fesses. Elle caresse, douce, cajoleuse, la longue allée, là où se trouve l'entrée VIP, sans demander à y entrer. Elle danse, d'un pas brusque, léger parfois, déchaînée souvent, sur le chemin, allant et venant encore et toujours, alors que mes doigts, soudain, s'agrippent à tes cheveux pour une part, et empoignent fermement ta queue, pour une autre. Je pompe, mes prunelles au fond des tiennes. Je pompe, alors que tes doigts s'enfoncent, comme tes ongles, au creux de mes fesses. Qu'importe. Gémis, Julian. Gémis pour moi, encore, toujours. « T'aimes ça, hein ? Je le vois ; tu ne peux pas me cacher ça. » Mes lèvres foncent sur les tiennes, voraces, quémandeuses de choses qui ne leur appartiennent pas. Elles mangent, sucent, mordent tout ce qui se trouvent sur leur passage. Ma langue danse, contre la tienne, la collant pour la fuir encore, et ensuite revenir. Ma bite caresse tes fesses, inlassables de cette peau vierge.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Dim 11 Aoû - 19:31
Sa présence m'enlace. Elle s'échoue sur mon corps à l'abandon. Le temps d'une caresse, ma peau frissonne d'une chaleur trop forte. Mes lèvres humids s'efforcent encore de retenir le plaisir cruel de ce moment indélicat. Ma bouche tremble, se débat, inspire difficilement de l'air. Mes doigts ne lâchent pas sa chevelure. Son visage, toujours tout proche du mien. Son torse, toujours transpirant sur mon être. Mon cadavre semble vouloir se suspendre à lui. Plein de vie. Plein de force. Plein de vices. Victor n'est pas miraculeux mais il me sort hors de moi. Je dois marcher au bord d'une place, loin d'ici. Loin de cette ville que j'ai déjà traversé des centaines de fois. Un air nouveau glisse dans mes poumons. La température me fait tourner la tête. J'ai de l'acide dans les veines. Des courbatures dans le cœur. L'animal aime ça. Il apprécie cette chaleur presque brûlante, douloureuse. Ses sens s'éveillent. D'autres êtres maléfiques s'accrochent à mes pensées. Mes démons se foutent sur la gueule. Que le meilleur gagne. Que le meilleur s'exorcise. Que le meilleur nous défonce.
Le sourire Victor est divin. Divin d'un chaos sans échappatoire. Il me dévore, m'embarque vers le large à bord de son bateau. Y a même pas de marin, sur cette coque flottante. On est tous les deux, seuls, à fixer l'infini, les yeux un peu trop rouges. Je regarde toujours vers l'arrière. Vers cette rive que l'on ne voit même plus dans le brouillard. Les points de repère disparaissent. Tout devient soudainement inconsistant. Fragile. Piquant. Surtout piquant. Ses lèvres contre les miennes, celles que j'ai pris soin à éviter depuis son arrivée. Elles sont à présent contre les miennes, violentes, sans même y être invitées. Le sang coule sur ma peau mal rasée, unique preuve d'humanité. Mais c'est déjà trop tard, Victor vient de l'emporter avec elle. D'un seul coup de langue, la tâche rouge s'en est allée.
« et toi, tu demandes que ça. » Un coup de bassin vif sera mon unique réponse. Les mots sont difficiles ce soir. Ils se cachent dans mon esprit. Ne veulent pas être retrouvés. Mes lèvres, en manque d'énergie, rendent trop vite les armes. Comme si Victor parvenait même à détruire ma parole. Le pantin que j'incarne peine à bouger. Pourtant, impétueux, mes doigts descendent d'avantage entre ses fesses, jouent avec le feu. Victor se recule au même moment. M'arrache tout contact. Nouveau gémissement de désaccord. Mon menton se relève vers le plafond pour essayer d'y trouver une lueur de force. Mais rien n'y fait, ses doigts empoignent à nouveau mon membre. Sa queue vient à l'encontre de mes fesses. Je grimace, d'abord réticent. Le temps s'arrête. Le cœur se retrouve avec une seringue dans les veines Poussée d'adrénaline. « T'aimes ça, hein ? Je le vois ; tu ne peux pas me cacher ça. » Par contradiction, mes lèvres s'ouvrent pour le repousser. Pour lui prouver comme ses caresses ne me font rien. Mais c'est déjà trop tard, sa bouche est contre la mienne. Ma langue se prend même au jeu, elle rencontre la sienne. Pendu à notre baiser, la chaleur de mon corps se perd contre son palais. Se diffuse sur sa présence rassurante. L'infini ne me broie plus la vue pour le moment. Victor est là, pour couper cette sensation interminable de vide sous mes yeux. Briser la solitude constante de ma vie. Mais rien n'est éternel. Son regard porte déjà un arrière goût d'abandon.
« Non, je sens rien. Tu t'fais des idées. » Je lui souris. Son sexe est menaçant, je le sens faire des allers et retours à l'entrée de mon monde. Personne n'y est jamais entré. Pourquoi lui ? Il a pas d'étiquette spéciale sur le front. Sa peau est peut-être plus agréable que les autres mais cela n'y change rien. Mes fesses se crispent automatiquement, pour le rejetter, l'empêcher de me pénétrer. « Mets-y toute ton âme sinon ça sert à rien. » Prouve moi que toutes mes pensées ne sont qu'un tas de merde ambulant. Qu'il existe peut-être quelque part un désir si fort qu'il en deviendrait addictif. « Laisse-moi te montrer. » Mes lèvres s'attachent pour la première fois de leur plein gré à celles de Victor. Elles y dessinent leur trace. S'agrippent comme des aimants tandis que mon cou s'étire pour prolonger ce contact au maximum. S'attacher jusqu'à la dernière goutte d'interdit.
L'animal frappe un dernier coup. Fracasse la coquille. Elle part en éclat. Se détruit sur ce lit. Le malin sourit.
Mon corps reprend de son activité. C'est d'un geste rageur qu'il retrouve sa place au dessus de Victor. Mon poids écrase le sien. Le pouvoir du dominant me fait sourire. Tout est si fragile que je ne parviens pourtant pas à me réjouir réellement. Non, y a rien de plus qu'un simple sourire accroché à mes lèvres. Mes lèvres qui retrouvent celles de Victor et le laisse disparaître. « C'est douloureux mais c'est ce qui fait son charme à ce qu'il paraît. » Ma main descend à nouveau au bas de son ventre, caresse du bout de mes phalanges sa queue sans réellement s'y attarder. Juste de quoi cultiver le désir, le toucher. Ne rien laisser s'échapper de lui, même pas pour une seconde. Je me noie dans son regard. Ses pupilles sont mon unique horizon. Son parfum m'emmène avec lui jusqu'aux ténèbres. Et pourtant, je le suis. Les yeux presque fermés. Et ce sang sec sur ma joue. Ce sang sauvage, venu de nulle part. Celui de Victor. À moins que ce ne soit le mien. Ou celui d'un notre. D'une de ces vies que nous avons déjà détruite par le passé.
À son tour, mon sexe disparaît entre ses fesses, y trouve une chaleur excitante. Mes doigts prennent place sur le bas de celui-ci. Il ne reste plus qu'une infime distance. Quelques millimètres seulement et nous ne faisons qu'un. Un rien du tout et je pourrais crever en paix. Mon visage s'approche du sien, referme délicatement sa lèvre inférieure entre mes dents. J'entre dans une bataille contre moi même pour ne pas le pénétrer sans son accord. Un simple coup de bassin de sa part et nous ne formerons qu'une entité. Mon membre, tendu à l'extrême tente malgré moi de forcer l'entrée. Se frayer un chemin jusqu'à l'âme de Victor et y jouir. Un souffle brûlant s'échappe de mes lèvres à cette simple pensée. Mais en attendant, le souffle se coupe, les muscles se crispent. Patientant désespérément son feu vert. Ou des représailles quelconque.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mar 13 Aoû - 1:14
« Mets-y toute ton âme sinon ça sert à rien. » Mais quelle âme, Julian ? De quelle âme parle-tu donc ? Celles que j'ai collé au travers des tranchées. ? Il n'y en a pas, d'âmes, Julian, dans ce corps sur le point de te posséder. Il n'y a rien, sauf un coeur déglingué, une enfance pourrie et effacée. Un enfant, là, sans mouvement, terrorisé. Tu es face à un monstre, Julian. Un monstre qui prendra tout de toi, car il n'a rien pour lui. Ne crois pas, Julian, que ton merveilleux sourire puisse changer quoique ce soit. Ne crois pas qu'il y a un coeur à prendre, au fond de cette pouvoir, ou un plaisir à posséder ce corps là, juste en dessous du tien. Il n'y en a pas, de plaisir, à toucher ma chair. Car au final, malgré les muscles et les frissons, il n'y a rien, tout au fond. Il n'y a rien, tout au fond de moi, et le plaisir que je ressens, au final, n'est peut-être que l'écho du tien. Je suis vide, vidé de vie. Sans soucis, sans mépris. Océan de débris. Alors je cours, à coup de rein, tout contre ton bassin, à la recherche d'un peu de venin, d'un peu de vie pour tenir jusqu'à demain. C'est ça, c'est cela que je cherche, contre ton corps, ta chair, un peu de vie pour passer la nuit, pour ne pas me perdre, et sourire encore, sans trop pourrir. Et cela, quitte à faire de toi un martyr, quitte à te faire souffrir. Tu n'es qu'un pantin, Julian, peu importe la queue qui pénétra. Tu n'es qu'un pantin, et peu importe ce qui se passera, je ferais ce que je veux, de toi. Et cela, tu ne le sauras pas. Parce que tu ne vois pas, non, tu ne vois rien, au fond de mes prunelles, qu'une envie de possédée, et toi tu ne penses que corps, sans penser à l'âme, au coeur ou à la vie. Tu ne penses qu'au corps, ce pantin si déglingué qu'on est tous là à posséder, et par ce simple fait, tu es pitoyablement aveuglé.
Peu importe, je n'ai pas pitié. Peu importe, crois ce que tu veux, Julian. Prends mon corps, qu'importe, je prendrais ta vie, dans mon cas.
Mes coups de rein sont comme la mort ; froid et vide de sens, et pourtant, si présent, si frappant. Ils pénètrent ta peau sans pour autant y plonger, caressent ta carcasse sans pour autant s'y poser. Ton cul ne me fait pas envie, Julian. Je ne suis là que pour ta vie, et c'est ce simple souffle, entre tes lèvres, qui me donne envie. Mon corps frémit. Tu es tellement pourri ; reflet macabre et pourtant difforme de moi, tu es si loin, pourtant, enfoncé dans une crasse que je ne toucherais pas. J'allume la lumière, pour attirer tes prunelles sombres, et je capture la lueur qui y danse. « Laisse-moi te montrer. » Et toi, toi, Julian, tu ne vois rien de tout cela. Tu es pris dans la danse, attiré par la lumière. Tu te colle contre mon corps, persuadé que, d'un simple touché, tu pourras me posséder. Mon corps est déjà brisé, Julian. Il est à quelqu'un d'autre. Il fut un homme, il y a bien des années, qui l'a frappé à s'en épuiser, un homme qui l'a cassé. Il ne reste qu'une consciente, forte et sans faille, indépendante de ce corps décomposé. Alors, pose y tes mains, si tu le veux bien. Possède le tout entier, si cela peut te donner le moindre bien. Mais il ne sera jamais tien.
Lueur, au fond de tes prunelles, tu souris, là, soudain au dessus de moi. Regard moqueur, je te réponds tout autant. Ma queue s'agite, entre nos deux ; elle s'excite du souffle que je vais te prendre, le dernier, celui qui me donnera vie un peu plus, de nouveau. C'est ta mort que je désire, Julian, et non ton sexe. Ton abandon total, ta dépendance, cannibale. Je prendrais tout de toi, et toi, tu n'auras que ta queue, peut-être, une éternité ou une seconde, entre mes fesses. « C'est douloureux mais c'est ce qui fait son charme à ce qu'il paraît. » Je souris, mépris. Je ricane, tout bas. Tu me caresses, sournois. Oh, tu ne sais pas. Oui, c'est douloureux, un peu. Se faire prendre son souffle, le tout dernier, c'est comme se faire broyer son âme. C'est comme un abandon, ultime, pétrifiant, où l'on perd tout. Où tout se perd, et qu'on est là, sans le moindre mouvement, aucune pensée nous traversant. Voilà ce qui restera de toi, après tout cela. Voilà ce que tu seras, une fois que j'aurais assez joué avec toi ; un pantin sans ses cordes.
Ta queue, là, contre mes fesses. Douce caresse; je grogne, tout bas, si prêt du but. Et toi, tu souris, si fier de l'effet que tu n'as pas, au final, sur moi. Si tu savais, Julian. Si tu savais dans quelle danse tu t'es embarqué, tu ne comprendrais pas. L'épée fièrement dressée, tu essaie de pénétrer. Je te sens, là, chaleur palpitante, tout contre moi. Un frisson me prend ; tu ne trouveras rien, Julian, là bas. Qu'un néant déconcertant, qu'une absence de vie bien trop frappante. Qu'importe. Qu'importe. Tu cherches, alors, tu trouveras. Laisse moi t'y emmener. Mes doigts glissent contre ta peau, là, fraîche et suante, et caressent tes flancs avant de les encercler fortement. Le coup est brusque, lorsque je te retourne, et mon corps s'affaissant contre le tien, mes fesses contre ton bien, tu pénètres un peu le vide. La douleur me traverse, si douce familière, et une grimace serrée déforme mes lèvres. je souris, pourtant, en t'observant. Tu gémis, face à la surprise, et cette petite entrée vers un paradis pourri. « C'est chaud, hein ? Douce...douce caresse le long de ta verge, hein, Julian ? T'en veux plus, hein ? Tu veux tout, n'est-ce pas ? » Je ricane, tout bas, mes lèvres le long de ta mâchoire. Tu tente un mouvement de rein ; trop tard, je me suis déjà déplacé, libéré. Ta queue sort, glisse contre mes fesses. Tu grognes, agacé. Je ricane, possédé.
Mon visage caresse le tien, ma barbe, légère, lacère ta peau. Je ricane, encore. Tu es si amusant, Julian. Si doux petit pantin. « Tu veux, hein, Julian ? Tu la veux, juste là, ta bite ?» Je murmure, encore, toujours, en bougeant mon bassin, un peu, légèrement. Ta verge prend de nouveau place près de mon entrée, la caressant doucement, si rouge et vive, si impatiente. Ma main droite descend, là, doucement, va faire ta verge, et puis la prend bien en main. Mes doigts, rudes, la serrent et la pressent contre cette entrée que tu souhaites tant possédée, alors qu'elle appartient à une maison abandonnée, hantée. « Demande le, alors, Julian. Demande le, et tu l'auras... complètement...tout à toi... » Feu ardent, là, au fond de mes prunelles. Lueur de malheur, démon tentateur. Aller viens, viens vite, Julian, que je prenne tout.
Que je te possède complètement.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mar 13 Aoû - 23:51
Le corps fatigue. Le corps se lasse. Le corps devient trop brûlant pour remuer correctement. La bataille est perdue d'avance mais les dernières forces s'entrechoquent contre Victor. Elles tentent encore de ne pas me faire perdre la face. Mon sexe parvient même à se frayer un chemin en lui. Le moment éphémère parvient tout de même à me décrocher un gémissement. Il est si rapide que c'est à peine si je tente quoi que ce soit contre lui. Lui qui me ramène à ma place initiale. Qui peut me montrer comme au fond, je suis aussi pitoyable que toutes ces pédales que je baise. J'ai pas de puissance surréaliste. Pas d'aura magique. J'ai rien. Ouais, elle est là, la triste vérité. J'ai même jamais rien possédé de ma vie. Même pas une famille. Si. Une. Totalement brisée. Éparpillée. Un truc à me donner la gerbe. Dévorée par la violence. Un peu comme aujourd'hui. J'ai de l'acide qui remonte le long de la gorge.
« C'est chaud, hein ? Douce...douce caresse le long de ta verge, hein, Julian ? » Mes yeux se ferment lorsque mon membre rencontre le froid de la pièce. Le vide se reforme. L'air reprend ses droits. J'ai presque l'impression de sauter par ma fenêtre. « T'en veux plus, hein ? Tu veux tout, n'est-ce pas ? » J'ai juste envie de le baiser, ouais. Lui foutre ma bite bien profond et couler jusqu'à ses poumons s'il le faut. Lui faire mal, au passage, pourquoi pas, d'un coup de reins trop brusque. L'entendre gémir de douleur sous les bruits de chair qui claque. Ou rien du tout mais au moins le sauter. Comme un putain de pauvre objet que nous sommes. De pauvres pions posés sur la même case depuis des années. Une débilité sans nom dans nos regards. Une débilité qu'on nomme solitude. Arseniy pourrait mettre fin à mon agonie si je le désirais. Mais ça semble trop facile pour être réel. Trop jouable pour ne pas le détruire. Le rire de Victor ramène mes esprits à son regard. À sa présence dérangeante. Il ne m'attire même pas, au fond. C'est juste un gros tas de n'importe quoi qui déambule à la recherche d'âmes en peine. Trop faibles pour se défendre. Ce soir je suis peut-être amoché mais pas encore aussi naïf. Pas encore aussi con. Pas aussi … non.
Le bas de mon ventre s'embrase. Ma verge se perd contre sa peau, réclame de sa chaleur. Mais rien ne vient. L'animal ne se retrouve pas rassasié. Son appétit grandit. Sa colère avec. Allez, Victor, allons droit au but à présent. Les chaînes du démon craquent contre le sol. Il rugit. Possédé par sa propre haine. Par son propre dégoût pour l'humanité, le masque bourgeois s'efface de mon visage jusqu'ici figé dans son plaisir. Mes pupilles se dilatent. Mon poing s'abat dans son dos, fébrilement, sans conviction, juste de quoi lui prouver mon désaccord. Non pas pour changer quoi que ce soit à cette situation. La pluie s'abat un peu plus contre les vitres du loft. L'orage s'intensifie, témoin de notre contact douloureux. « Demande le, alors, Julian. Demande le, et tu l'auras... complètement...tout à toi... » Et il en rajoute une couche, tout en attrapant mon sexe pour le rendre encore plus tendu et faible que précédemment. La colère fait rage. La marée monte. C'est une véritable tornade interne. Un murmure désagréable. Un toucher devenu glacé. Les doigts de Victor sont beaucoup trop froids à présent. Certainement parce que sous lui, mon corps irradie de la lave. Je suffoque dans le cœur du volcan.
« J'en ai rien à foutre d'avoir ton cul. » Ma voix se brise, il faut que je quitte ce lit, que j'aille gerber cet alcool dans mes veines. Que mon estomac flotte au fond des chiottes parce que je n'ai plus rien avalé depuis trop longtemps. Mes yeux plongent dans les siens, ma main descend le long de mon torse pour ôter ses doigts de mon sexe. « J'ai rien à te demander. J'espère rien de toi, même. Si t'es dans ce lit c'est pas pour parler et me dire ce qu'il faut faire. J'ai un père pour ça. » J'ai la gorge tellement serrée que c'est à peine si je parviens à aligner deux mots. La pensée de mon père me décroche un rire nerveux. Parler de ce connard d'homophobe dans une telle situation le tuerait s'il venait à savoir. « T'es pas meilleur que les autres. Si t'es dans ce lit, c'est qu't'es aussi pitoyable que toutes ces pédales que je ramène. T'es toujours aussi pathétique, l'eau nettoie le sang, pas la connerie. » J'en ai rien à foutre de détruire son plaisir. J'me fous de savoir ce qu'il risque de me faire en retour. J'ai des tas de paroles coincées dans mon cerveau, elles demandent qu'à s'évader pour rétablir un semblant de vérité. Me soulager de tous ces maux qui me pourrissent la vie.
Mon corps se retourne seul sur le ventre. Les draps chauds épousent pour la première fois mon ventre. Mon visage s'enfonce entre mes draps. Un profond soupir m'arrache à mon silence éphémère. « Maintenant, baise moi comme une salope si ça peut te rassurer. Ou casse toi, j'te retiens pas. Tu devrais trouver une pute dans la rue qui acceptera de te vider. » Un rire moqueur traverse la barrière de mes lèvres à ces paroles. Le corps figé, mon regard ne croise à présent plus celui de Victor. Noyé dans la colère, il n'a plus le courage d'affronter la source d'une partie de sa haine. Un léger courant d'air se perd dans mon dos, glisse le long de ma colonne vertébrale pour se perdre entre mes fesses. La respiration beaucoup trop forte, mon visage s'enfonce contre le coussin. Victor peut me salir autant qu'il le désire s'il le veut. Il peut me foutre à la poubelle. Aux chiottes. Ça m'est égal. Mais qu'il ne m'oblige pas à lui demander quoi que ce soit. La fierté est trop grande, l'égo surdimensionné. Qu'il claque la porte s'il le faut, qu'il me laisse seul dans cet appartement trop grand. Encore une fois, je gagnerai. Encore une fois, le masque se renforcera. Une putain de couche de connerie. La connerie Novotny.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mer 14 Aoû - 1:02
« J'en ai rien à foutre d'avoir ton cul. » C'est une rafale de vent, contre mes traits. Le temps qui s'arrête brusquement, et le désir qui disparaît. Il y a quelque chose, là, au fond de tes prunelles. Un reflet malsain de mon être, qui sait. Quelque chose, qu'importe, m'appelle. Le SOS des êtres brisés, des abandonnés ; de ceux qui, comme moi, n'ont jamais pu goûter à ce qui s'appeler l'être attentionné, que ce soit en tant que nouveau né, ou déchet de la société. Le temps semble en suspend ; la réalité me frappe de plein fouet, et le masque abandonne tes traits. Il y a quelque chose, là, oui, juste là, au fond de tes prunelles. Quelque chose que je n'avais pas encore un ; un enfant, petit, incapable de faire le moindre mouvement, qui se taie. Et pourtant, il est là, ses prunelles au fond des miennes, m'empêchant de faire le moindre mouvement. Éteignant délicatement cette lueur de plaisir, au fond de mes prunelles. Il n'y a rien à prendre ; ça sonne comme un écho, au fond de mon être. Il n'y a rien à prendre, en toi. Parce que tu es tout aussi vide que moi ; nous sommes des néants, des trous noirs essayant de tout prendre de l'autre. Mais il n'y a rien, non, il n'y a rien à prendre de l'autre, qu'un vide encore plus profond à ressentir. Et je tremble, un peu, face à cette réalité. Je tremble face à tes traits, tes émotions soudain si à découvert, face à moi.
Nous sommes brisés.
Fantômes sur ton sexe, mes doigts ne résistent pas, lorsque tu les éloignes. Je suis sans mouvement, incapable de tenter quoique ce soit. La réalité m'empêche de rester. Au travers d'une terrible solitude, nous voilà enfin rassemblé. Je ne sais pas lequel de nous deux fait le plus pitié. Toi ou moi ? C'est au destin de le décider. « J'ai rien à te demander. J'espère rien de toi, même. Si t'es dans ce lit c'est pas pour parler et me dire ce qu'il faut faire. J'ai un père pour ça. » Balle en plein coeur; père. Le mot résonne, casse tout sur son passage. Père ; c'est une mer qui fait naufrage, un coeur qui se brise. Père ; c'est un bout de bouteille cassée contre ma tempe, contre mon ventre, et une nouvelle cicatrice qui luit. Mes doigts, d'instinct, se posent sur la marque de guerre qui barre mon corps. Mes prunelles restent accrochées aux tiennes alors que l'enfant, chétif et brisé, semble sur le point de se noyer. Le sens-tu, Julian ? Le sens-tu, que tu es sur le point de pleurer ? Qu'il y a une mer intense qui se déchaîne en toi, soudainement, et qu'elle souhaite d'évader. Elle essaie de le faire depuis des lustres, n'est-ce pas ? De s'évader, de se libérer et de s'éteindre enfin ? Mais pleurer, ça ne sert à rien, n'est-ce pas ? Pleurer ne fait pas taire la douleur, pleurer ne fait pas disparaître les démons, dans nos têtes, et les souvenirs macabres, au fond de nous. Pleurer, c'est pour les faibles, voilà tout. Alors on reste fort, et on se plait des larmes des autres, qui sait, en croyant naïvement qu'on vit, au travers de toute cette foutue connerie. « T'es pas meilleur que les autres. Si t'es dans ce lit, c'est qu't'es aussi pitoyable que toutes ces pédales que je ramène. T'es toujours aussi pathétique, l'eau nettoie le sang, pas la connerie. » Et ces mots, Julian ? Ces mots, ils sont pour qui, dis moi ? Je suis, doucement. La douceur ne va pas bien avec mes traits, pardonne moi. Je ne la connais pas réellement ; peut-être l'ai-je caresser, parfois, dans les bras d'une belle. C'est pour cela, tu sais, que je me perds dans les bras des femmes, bien souvent. Pour cette douleur que je ne cesse de vouloir leur donner, comme si je pouvais la garder tout contre moi, à jamais, et calmer cette douleur, au fond de mon être.
Ne m'observes pas comme ça, Julian. J'ai l'impression de n'y voir que moi, que moi et ma propre peine. Cette douleur trop ancienne dans laquelle je baigne depuis tant d'années, celle qui me dévore sans aucune pitié. Nous sommes damnés, maudits, possédés. Nous sommes morts avant même d'avoir appris ce que c'était, de vivre. Alors, pitoyables, nous courrons après les vivants, essayant de leur retirer un souffle de vie, et puis essayant de croire qu'il est notre, pendant un instant.
Je prends appui sur mes mains, doucement. Ma gorge est trop serrée pour que je puisse dire quoique ce soit ; je détourne les prunelles, avant de me soulever, prêt à m'éloigner de toi. Pour ne plus sentir cette douleur, peut-être, et fuir cette écho qui me rappelle sans cesse à quel point j'ai mal, au fond. Il n'y a rien à prendre, ici, qu'un simple tas de débris. Je ne peux rien prendre de toi ; tu n'es qu'un fracas.
Terrible agonie, celle de te voir comme ça ; tu te tournes brusquement, dévoilant ces fesses au travers desquelles j'aurais bien pu me perdre. Pourtant, la vue m'arrache qu'une horrible douleur, et je ne peux m'empêcher de détourner les yeux, toujours là, contre toi. Ma verge est soudain molle, sans vie contre toi. Elle a abandonné. Moi aussi, je crois. « Maintenant, baise moi comme une salope si ça peut te rassurer. Ou casse toi, j'te retiens pas. Tu devrais trouver une pute dans la rue qui acceptera de te vider. » Je secoue la tête, vivement, même si tu ne vois pas. Mon corps se laisse prendre par le néant, et je tombe sur le côté, près de toi. Il y a une tension dans tes traits, là, enfouis dans les draps. Je t'observe un instant, tourmenté, perdu, blessé, avant d'observer le plafond. Le ventilateur est un peu sale ; tu devrais le laver. « idiot. » C'est un murmure bien bas, aussi bien pour toi que pour moi. Je ricane, presque amusé de la chose ; mais je ne suis que lassé, au final. Lassé de ce poids sur mes épaules qui semble bien trop vive, à côté de toi. Je pourrais partir, oui ; fuir la réalité. Et pourtant, je reste là, allongé près de toi. Ça me semble familier, apaisant même, au travers de cette douleur. « Si t'as un problème, tu le dis. crache le à t'en vider les poumons, si ça peut t'aider, j'en ai rien à cirer. je suis pas là pour te juger ; il y a déjà l'univers tout entier pour ça. Mes couilles, je les ai déjà vidé, donc j'en ai rien à foutre de te l'enfoncer ; j'ai encore moins envie de briser quelque chose qui est déjà en miette, Julian. » Je ne te regarde pas ; je n'ai pas l'habitude, en fait, de parler comme ça. Je crache, je rage, je prends et je jette. Et pourtant, là, c'est un léger murmure qui s'évade de mes lèvres. Un tendre secret venant de mes entrailles, juste pour toi. Mes sourcils sont froncés, pourtant, alors que ma gorge me brûle, délicate chaleur, lorsque je parle. « Des mômes malmenés par leur père, y'en a des milliers. » Ma main droite est contre mon ventre, caresse l'une des cicatrices, si nombreuses et blanches, maintenant, de part le temps, que les éclats de verre ont pu bien laissé, sur ma peau. Je ricane tout bas.
Nous sommes néants. C'est réellement du n'importe quoi.
D'un mouvement brusque, je me redresse, claque tes fesses d'un geste las. J'essaie d'éloigner le sérieux de la conversation, je crois, et puis de ne plus sentir le battement de mon coeur. C'est étrange, après tout ce temps, de le sentir si vivant. Certes de douleur, et non de bonheur, mais vivant tout de même. Je grimace, debout, avant d'enfiler mon slip, là, perdu près des toilettes. Je prends le tien, pensant te le balancer, mais au final, je finis par revenir sur mes pas, et puis m'asseoir sur le bord du lit, te le tendant. Je lance un regard, vers toi ; tu sembles mort. Mourrons à deux.
Mon âme se fend d'un sourire, alors que je me laisse tomber sur le dos. C'est une épave de plus qui se perd, là, au milieu de nulle part. « ça t'aide à rester en vie, tout ça ? » Murmure, encore une fois. Ma voix est rauque de douleur. Incapable de faire quoique ce soit. « je sais même pas pourquoi je parle de ça avec toi » Mes prunelles vont vers toi, toujours là, immobiles, sans mouvement. « On est pas des sentimentales, après tout, hein ? On l'a jamais été » Et puis plus bas, douce déchirure « On nous l'a jamais appris. » Raclement de gorge; je fronce des sourcils, face à l'émotion, et me redresse en me grattant le menton. Lamentable; je suis lamentable. Aller ris, Julian. Porte ton masque et ris, maintenant que tu m'as vu sans le mien, une seconde du moins, et nie les traits que j'ai pu voir, et cet enfant brisé, là, au fond de toi.
De toute manière, tu ne me briseras pas ; je ne suis que fracas.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mer 14 Aoû - 13:44
Je regrette déjà mes paroles. Je regrette cette acidité dans ma voix. Celle qui dénonce comme je peux être vulnérable. Je regrette mes gestes déplacés et ce regard trop sombre. Je regrette d'avoir fait entrer Victor dans mon univers. J'ai beau sourire et emmerder les minutes qui défilent, au fond, tout est mort. Détruit. Le masque s'effrite. La carapace est si épaisse qu'elle en devient trop lourde, mes épaules commencent à craquer. J'ai mal au dos. Mal aux reins. Mal à la nuque. Je me brise dans les draps de ce lit que je ne connais même plus. Je crois qu'au final j'ai besoin d'être pris en main, sauvé. Oui, c'est ça, j'ai besoin d'une main tendue. D'un quelque chose pour me sortir de toute cette merde. Mais faut-il encore que je le veuille réellement. J'ai l'impression d'être un foutu suicidaire. Celui qui resserre bien le nœud de sa corde pour se persuader qu'elle ne lâchera pas. Je donnerais n'importe quoi pour que le cancer d'Arseniy me dévore. Je donnerais toute mon âme pour qu'il puisse vivre sa vie, lui. De toute façon, bientôt, je serais trop vieux. Vieux et laid. Même plus baisable. Le temps m'enlèvera mon unique fierté. Ma plus grande drogue. Ma superbe n'est qu'un élément à ma triste protection contre le monde.
« idiot. » Son corps s'échoue à côté du mien. Je ne bouge pas d'un cil. J'ai l'air d'un gamin nerveux enfermé dans son caprice. Seuls mes doigts se resserrent sur les draps, comme pour m'enraciner ici et me laisser mourir. L'obscurité n'est pas dehors ce soir, non, elle est dans mon cœur. Dans mon esprit. Dans mes yeux. Elle est partout. Dans mes gestes. Dans mon soupir. Dans mes paroles. Dans cette distance infime qui me sépare de Victor. Le désir s'en est allé, en même temps que les mots. « Si t'as un problème, tu le dis. crache le à t'en vider les poumons, si ça peut t'aider, j'en ai rien à cirer. » Il bien là le problème, j'ai jamais su mettre des paroles sur ce que je peux ressentir. J'ai jamais eu le courage de vider mon sac. De cracher à la face du monde comme toute cette vie peut parfois me dégoûter. On ne naît pas désespéré, on le devient, à la simple force des choses. Avouer mes faiblesses reviendrait à faire renaître le gosse incapable de se défendre face à son père. Ce même gosse laissant son copain le tromper. Ce même n'importe quoi d'idioties que j'ai pu incarner par le passé. C'est juste au dessus de mes forces. « je suis pas là pour te juger ; il y a déjà l'univers tout entier pour ça. Mes couilles, je les ai déjà vidé, donc j'en ai rien à foutre de te l'enfoncer ; j'ai encore moins envie de briser quelque chose qui est déjà en miette, Julian. » Je suis à deux doigts de l'explosion. J'ai dans le cœur une putain de mélodie et tout un flot de larmes. Les poings toujours serrés sur les draps, je me retourne finalement en direction de Victor. Ma respiration se coupe. Je déteste cette sensation d'infériorité. Ce 'pathétique' dessiné sur mon front.
« Des mômes malmenés par leur père, y'en a des milliers. » Nouveau rire, aussi nerveux et brisé que les autres. Le père Novotny me brise le crâne. Je fixe Victor silencieusement, laissant la cicatrice sur ma joue narguer le monde entier. Elle représente toutes ces années de souffrance. Désillusionné avant l'âge : mes souvenirs d'enfance sont moches. Aujourd'hui encore, je ressens parfois le besoin de l'envoyer se faire foutre, lui, le briseur de gosses. Mais à chaque coup de fils, à chaque paroles de sa part, je me soumets au grand Novotny. Je redeviens le gamin attentionné pourtant dévoré par sa colère. J'ai des lames dans le bide à la simple pensée de son regard contre le mien. Chialer me donnerait peut-être la force mais l'eau salée ne vient pas. Je n'ai plus que le silence comme seule défense. Ultime réconfort.
La claque de ses doigts conte mes fesse parvient tout de même à me faire sourire dans ce moment si bas. Les nausées s'envolent lorsque Victor s'éloigne du lit. Je reprends de mon oxygène et de ma fierté. Un semblant de vie dans le vide qu'il a laissé. Je bouge si peu. C'est comme être sur son lit de mort. Voir son passé défiler sans avoir le contrôle. Sans même pouvoir arranger les choses. L'agonie se doit d'être supportable. De toute façon, il y a toujours pire que soit.
« ça t'aide à rester en vie, tout ça ? » L'argent, mon unique réussite. Ma plus belle fierté. J'ai que ça dans la vie qui me permet un minimum de respect à l'égard de mon père. Lui, toujours sur la paille. Lui, entretenu par son propre fils. Au moins, il ne m'échappe pas totalement. « On est pas des sentimentales, après tout, hein ? On l'a jamais été » Je lui réponds d'un simple haussement d'épaules. L'amour, les sentiments, ce ne sont rien de plus qu'un tas de conneries. Un simple alibi rassurant. L'aliénation de la déprime post-coïtum. L'excuse pour rendre une baise plus jolie et importante. J'ai pas le cœur à ça, il est châtré. Je dégueule sur cette facilité. Je suis couvert de cynisme et de moqueries. J'ai un démon à la place des entrailles. L'amour n'existe pas, j'ai pu le comprendre à plusieurs reprises au court de ma vie. J'ai la lucidité qui me dévore. Je suis humain, c'est tout.
Victor se relève. Mon boxer s'échoue au sol, le drap s'enroule au bas de mon torse. Je fixe quelques minutes sa nuque. Comme ça, dans un silence de plomb, perdu dans mes pensées. Ma voix tremble lorsque j'entame mon laïus. Je suis persuadé que je vais finir par le regretter. Mon corps reste en décalé du sien. J'ai pas envie qu'il voit toute cette douleur au fond de mes pupilles. J'ai juste besoin de le dire. Qu'il m'écoute ou non. Qu'il se foute de moi ou pas. « T'as raison, y a des tas de mômes brisés par leur propre père. Pourtant, tous ces mômes réagissent différemment à ce manque d'affection. Y en a qui se droguent, d'autres qui se suicident. Faut croire que j'me perds dans le fric. » Nouveau rire, pour dissimuler la triste vérité. Je suis pas au bord du gouffre, c'est faux. « Le mien est un connard qui préfère sa bouteille à sa famille. Il l'aime tellement qu'il me l'a foutu en pleine tronche. Heureusement pour moi, j'porte bien la cicatrice. » L'humour, encore toujours. Unique arme de défense. « Le plus con là dedans c'est que j'ai jamais été foutu de l'envoyer réellement chier pour tout ce qu'il a pu nous faire. Et ma mère, cette conne, qui préfère prier le bon dieu que le quitter. » J'ai l'air d'un condamné à mort. Il vide son cœur avant de mourir. La chaise électrique n'est plus très loin. « Dire que des gamins rêvent de trouver un père. J'sais pas ce qu'ils leur trouvent. C'est même pas fiable. » Mon corps, froid du passé se perd sous les draps dans un geste calme et dépité. Traiter ses parents, c'est facile, cracher ses sentiments sur la situation, moins. J'ai comme un barrage coincé au fond de la gorge. Il ne veut pas se briser. « Enfin, t'obliges pas à rester ici pour écouter un type bourré se plaindre. Il doit raconter que des conneries, comme il le fait tout le temps. C'est pas un avocat pour rien. » Le drap blanc recouvre mon visage, m'enferme dans un cocon réconfortant. Le gosse se cache sous le tissu pour ne pas que les démons le manipulent. Tu vois, Victor, c'est ça, le vrai Julian. Un petit tas de cendres éparpillé.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mer 14 Aoû - 18:58
Alors c'est ça, Julian ? C'est juste ça ? Nous deux, abandonné de l'humanité, soudain rassemblé. La fatalité nous frappe à grand coup, et immobile, on se rend soudain compte que le monde ne tourne plus, pour nous. Que l'on a beau courir de toutes nos forces, on n'en est incapable, de rejoindre le train. On est incapable de quoique ce soit, car on est trop faible. Trop mort pour réussir quoique ce soit, dans cette putain de vie. Alors, âme échouée, nous restons immobile, soudainement. Le temps d'un souffle qui n'existe même pas, entre nos lèvres. Nous restons là, pauvres pantins si lamentablement abandonnés, et nous attendons. Quoi ? Je ne sais pas. Le sais-tu, toi ? Le temps, peut-être. Ou la mort, qui sait. Elle se joue de nous, après tout, depuis tant de temps. Elle nous caresse du bout de ses doigts sans parvenir à faire quoique ce soit, sans nous voler notre dernier souffle, ou nous égorger, tout naturellement. Mon corps tout entier est tendu, immobile au pied du lit. C'est dur ; insupportable, même, de te voir comme ça. Comme ça, brusquement, le moindre de tes membres ramenés contre toi. Comme si tu avais peur du moindre touché, comme si l'enfant, soudainement, se voyait dévoilé. J'ai peur ; peur pour toi, alors que je ne te connais même pas. Je sens la rage, au fond de mes tripes, de savoir que mes paroles sont peut-être vrais. Qu'il y en a des milliers, des pères sans coeur, des malheurs de nouveaux nés. Des mangeurs d'âmes, ne faisant de nous que cendres, pour souffler le feu de foyer. Nous sommes l'écho d'une haine bien trop forte, et non déterminée ; nous sommes l'écho sans fin qui se répercute sur les autres, innocents, tout comme nous. La poursuite de leur âme.
Nous sommes légions.
Mes doigts se perdent contre ma nuque, alors qu'un soupir trop fort traverse ma gorge. J'ai l'impression de chercher mon souffle, au travers de toute cette agonie. J'ai l'impression de souhaiter m'évader des bras de la Mort, alors que cela est tout bonnement impossible. Un fin sourire prend place sur mes lèvres; pathétiques, nous sommes pathétiques. Ta voix, brisée, semble d'elle-même pleurée. Si tes larmes ne s'évadent pas de tes prunelles, et bien, elles résonnent dans le ton creux de tes mots. « T'as raison, y a des tas de mômes brisés par leur propre père. Pourtant, tous ces mômes réagissent différemment à ce manque d'affection. Y en a qui se droguent, d'autres qui se suicident. Faut croire que j'me perds dans le fric. » Je le sais, Julian. Crois - moi. Dans quoi me suis-je donc perdu, alors ? Dans la chaire ? Ou alors, ne suis-je qu'un égaré toujours à la recherche d'un baiser, d'une caresse qui me fait croire à la vie, ou à l'amour. Ne suis-je pas une âme décharnée, cherchant un peu de tendresse pour passer la nuit, pour ne pas me perdre dans de cauchemar obscure où, de nouveau, la casserole brûlante s'affaisse contre mes côtes, m'empêchant pourtant de pleurer, ou alors de crier. « Le mien est un connard qui préfère sa bouteille à sa famille. Il l'aime tellement qu'il me l'a foutu en pleine tronche. Heureusement pour moi, j'porte bien la cicatrice. » Sourire en coin ; il est bien triste, ce petit malin. Il est sur tes traits également, Julian. Ne sommes-nous pas, au final, le reflet morbide d'une même tristesse ? Un désespoir bien trop à vif pour être éteint ? Des cendres qui, pourtant, se consomment toujours. « Le plus con là dedans c'est que j'ai jamais été foutu de l'envoyer réellement chier pour tout ce qu'il a pu nous faire. Et ma mère, cette conne, qui préfère prier le bon dieu que le quitter. » Au moins, elle était là, Julian, ta mère. Moi, elle s'est effacée, morte, brûlée, condamnée. La Mort la prise, et voilà pourquoi le démon est apparu, dans les prunelles de mon père. C'est ma mère, la seule responsable. « Dire que des gamins rêvent de trouver un père. J'sais pas ce qu'ils leur trouvent. C'est même pas fiable. » Bruit de tissus, contre ta peau ; te voilà soudain enfoui sous les draps ; j'ai peine à bouger. Tes mots semblent me brûler, écho de ma propre pensée. Et pourtant, je sais. Mon père n'est pas qu'un salopard, et c'est certainement ça, le pire. Ange et démon, il a cajolé un fils, pour en torturer un autre.
Il en a brisé un, pour un créer un autre.
Mes yeux me piquent. Les larmes s'y glissent, traîtresses, et toquent à la porte de plus en plus fort. le bruit me donne mal à la tête. J'ai le fourni. Pourtant, je reste là, levant les yeux au ciel, observant le plafond trop foncé de ta chambre, pensant les effacés de ce même mouvement. Et toi, tu continue de ta voix morne, incapable de voir ce que tes mots ont, pour répercussion, sur mon être. Tu ne vois pas, toi, l'autre petit garçon qui prend forme, en face de toi. Tu ne le vois pas. Moi non plus, tu sais, je ne le vois pas. Je ne le veux tout bonnement pas. « Enfin, t'obliges pas à rester ici pour écouter un type bourré se plaindre. Il doit raconter que des conneries, comme il le fait tout le temps. C'est pas un avocat pour rien. » Un rire me prend ; un rire terne et sans vie, à l'image de mon être. Mes prunelles se tournent vers toi, si sombres et pourtant, le bleu n'y a jamais été aussi intense. Je ne vois qu'une masse de toi, qu'un drap blanc, trop blanc pour couvrir ton corps tout entier. Un sourire doux prend place, sur mes lèvres. J'abandonne mes jambes pour m'avancer vers toi, pour m'agenouiller sur les draps, et me traîner jusqu'à toi. Mon corps s'affaisse lourdement sur les draps, mon visage face au tien. Ou du moins, je crois. C'est difficile, tu sais, avec tous ses draps. Ma main gauche se tend, curieuse de chasser ce drap pour pouvoir plonger au creux de tes yeux, mais elle ne le fait. Elle en est incapable ; elle se contente de rester là, un moment en suspend, avant de s'effacer soudainement. Un rictus traverse mes traits, un regard tendre caresse le drap. Bouche ouverte, mon souffle, brûlant, doit caresser ta peau malgré ce mur érigé.
Un soupir traverse mes lèvres, alors que je sens une larme, solitaire, guerrière, traverser le chemin interdit. Je la laisse là, pourtant. « Ils sont beaucoup à croire, dans le métier, que les cicatrices qui ornent mon corps viennent de combats. Aucun d'eux ne m'a vu en mouvement, pourtant. Je suis pas du genre violent ; ils se disent tous, certainement " victor, il faut pas le chercher, c'est un battant" . C'est marrant, non ? De savoir que, en vérité, je suis incapable de lever les poings. Incapable de voir un coup se donner, encore moins quelqu'un en recevoir. Que je suis un grand traumatisé. Que les cicatrices, là, tous là, qui ornent mon corps, sont accrochés à ma peau depuis des années. Que c'est mon père, trop saoul, trop brisé, que m'a balancé ses bouteilles. Qui m'a brûlé à l'aide de casserole, lorsque je venais lui parler, quand il faisait à manger. » Je ricane, tout bas. Ma voix est basse, trop basse ; elle me brûle la gorge, semble retirer le moindre souffle qui m'appartient. « Les tatouages, c'est surtout pour ça. Pour cacher tout ça. Mais on les sent encore, au touché. » Ma tête se tourne d'un grand mouvement, s'enfoncent dans les draps pour capturer un sanglot qui est bien loin d'un rire. J'essaie de respirer, bien fort, mais le drap m'empêcher quoique ce soit. Je reste là, sans mouvement, un moment, avant de me retourner vers toi. Tu es toujours là, sous le drap, intouchable.
Je ne le supporte pas.
De nouveaux, mes doigts se lèvent. Caressent le tissu, doucement, pour l'affaisser, tendrement. Tes prunelles apparaissent, sombre de vie, si mortes et éteintes. Je m'y perds, comme si, au fond, le sentier était familier. Ta cicatrice se dessine, doucement, et mes doigts s'arrêtent, un instant, pour la caresser du bout des doigts. Un sourire tangue sur mes lèvres, brisé, léger. Il ressemble plus à une grimace qu'autre chose. Mes doigts s'emparent de nouveau des draps, alors que tu ne parles pas. Ils le descendent complètement, m'affichant tes traits entier, ta bouche, tes lèvres si souillés par les gens passés. J'ai envie de m'y coller. Mes prunelles s'y fixent, un instant, avant de revenir vers tes yeux, et puis je mords mes lèvres, indécis. Je n'ai rien à te prendre ; je ne vois pas pourquoi je devrais faire cela. Et pourtant, c'est un écho, un appel qui résonne dans ma tête. Doucement, trop délicatement peut-être, mes lèvres se posent sur les tiennes. C'est d'un contraste affolant avec ce qui a eu lieu, quelques minutes plus tôt ; doux, tendre, enfantin, presque. Quelque chose que l'on ne connait pas réellement, peut-être. Il n'y a rien d'amoureux, là-dedans, rien d'affectueux ou de sexuel. Juste un... un je suis là. Il y a quelqu'un, murmuré contre tes lèvres.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Jeu 15 Aoû - 18:29
Les souvenirs sont douloureux. Ils laissent des séquelles, de la tristesse, du désespoir. Une profonde rancœur qui vous ronge jusqu'à la moelle. Elle ne laisse plus rien de vous. C'est comme ça que, le visage perdu sous les draps, le monde semble se dissoudre autour de moi. Tout n'est que futilité. Qui sait, peut-être même que Victor ne se souviendra plus de mes paroles demain. Ces bribes de passé évacués à la va vite pour ne surtout pas exploser devant lui. Ne pas perdre la face et laisser couler les larmes sur mes joues. Faut-il encore qu'il me reste de quoi pleuré. Cela fait si longtemps que je ne l'ai plus fait. J'ai du oublier comment on faisait. Cette sensation de soulagement lorsque perle la pluie de l'âme. Le tissu recouvre ce manque de courage. Ce néant sentimental.
Les mouvements du matelas ma préviennent de l'arrivée de Victor. Pris d'un frisson, mon corps se recroqueville légèrement. Il fait si froid, sous cette délicate couche blanche. Si froid pour un être brûlé. Mes yeux se ferment instinctivement. Je peux ressentir son regard vers le mien. Son souffle s'échoue même à travers le drap, réconfortant. Les questions fusent soudainement dans mon esprit. Pourquoi est-il encore là ? Est-ce de la pitié ? Non. J'ai pu lire dans son regard la même détresse. La même souffrance. Ce reflet effrayant de la vérité. Ma tête ne bouge pas malgré notre proximité. Mon cœur s'accélère sous le son de sa voix. « Ils sont beaucoup à croire, dans le métier, que les cicatrices qui ornent mon corps viennent de combats. Aucun d'eux ne m'a vu en mouvement, pourtant. » La confession arrive. Ma bouche s'ouvre légèrement, pour ne plus entendre le bruit de ma respiration recouvrir ses paroles. Le son de sa voix témoigne de la fragilité des choses. Nos pères sont donc de pauvres connards. J'ai toujours tout fait pour ne surtout pas lui ressembler. Au final, j'en suis le portrait craché. Trop arrogant, trop con, trop égoïste, incapable d'apporter la moindre trace d'affection. Trop fier pour aimer pleinement qui que ce soit. Je suis fait comme lui, ce détesté. Nous sommes de la même veine. De la même planète. C'est humiliant, de s'être calqué sur l'ennemie. Pourtant, ce soir, à côté de Victor, j'ai l'impression de ressembler à quelqu'un d'autre. Peut-être à ma mère. Ou bien au voisin, avec qui je passais mes dimanches après midi. Ou juste la vraie nature de Julian. J'en sais rien, c'est juste déstabilisant.
« Les tatouages, c'est surtout pour ça. Pour cacher tout ça. Mais on les sent encore, au touché. » Dissimuler le passé, toujours la même chose. Notre unique but. Jouer aux cons pour oublier les pauvres gosses que nous sommes. Pour tirer un trait sur cette faiblesse honteuse. L'envie d'ôter le drap de mon visage me traverse l'esprit mais une force m'en empêche. Un je ne sais quoi nourrit pas la peur. Suite à ma confession, je suis incapable de le regarder droit dans les yeux. Lui, le fort. Lui qui en sait trop, à présent. Le virer serait peut-être la solution. J'ai même pas le cœur à me lever. De plus, je peux l'entendre, au plus profond de sa respiration. Je peux l'entendre ce sanglot coincé. Ce flot de larmes qui ne rêve plus que quitter ce corps malade. Sa tête a beau s'enfouir dans le coussin, il n'absorbe rien. Et moi, le lâche, je reste sous ma coquille à l'entendre souffrir. Un regard compatissant, c'est pourtant rien. Ça coûte rien. Juste un mouvement de lèvre peut-être. Mais à la place de ça, silence.
La main de Victor s'approche, je peux la sentir attraper délicatement le tissu. Mes yeux s'ouvrent sur son regard. Même sans les larmes, son visage reste marqué par la tristesse. Lui aussi est un enfant perdu. Il a même très certainement plus été amoché que moi. Ou différemment. Après tout, je m'en sors uniquement avec une simple cicatrice sur le visage qu'il caresse délicatement. Nerveuse, ma mère s'accroche à son poignet pour l'inciter à oublier cette blessure. Je me sens piégé, si proche de lui. J'ai l'impression de perdre la bataille. Le masque fissuré agonise au sol. Je n'ai plus de défense valable. D'ailleurs, ses lèvres se posent contre les miennes. D'une douceur que je n'ai plus connu depuis trop longtemps. Le moment est si délicat que ma main lâche la sienne pour attraper sa nuque et prolonger le baiser. J'ai l'air d'un désespéré à la poursuite du bonheur. D'un toxico à la recherche de sa dope. Je dévore ses lèvres, comme pour goûter à un plaisir nouveau.
Ce n'est qu'au bout de quelques secondes que mon cœur se met à battre vivement. D'un coup trop violent porté sur les côtes. Ma bouche s'éloigne de Victor. « Je dois gerber. » Ma gorge nouée lui recrache la première excuse trouvée. Elle tient la route et m'aide surtout à mettre fin à ce moment de faiblesse. J'ai pas le droit à ça. J'ai trop déconné pour recevoir et donner une tendresse quelconque. Mon corps nu se relève et se dirige d'un pas rapide vers la salle de bains. Honteux, mon regard ne prend pas la peine de se retourner une dernière fois vers Victor. Toujours aussi silencieux et renfermé, mes yeux restent plantés en direction de la cuvette. Je reste, là, à me remémorer ses paroles. Ses gestes. Nos regards. La situation plus que déstabilisante. La fuite est tellement plus facile. Les pupilles sombres fixent l'eau sans rien ne laisser s'échapper de mon palais au goût amer. L'amertume du passé. L'amertume de Victor. L'amertume de mon père. L'amertume de la vie.
La chasse d'eau aspire le vide lorsque je fais face à mon reflet dans le miroir. Celui-ci me dégoûte. Si j'étais adepte du mélodrame mon poing le rencontrerait d'un geste rageur. Le sang coulerait dans le lavabo. Mes mains se perdent sous un filet d'eau et humidifient mon visage pour tenter de lui donner une certaine consistance. J'ai l'impression de disparaître au fil des secondes qui s'égrainent.
Et à nouveau, mon visage prend forme à côté du lit. Le corps toujours nu, je reprends ma place initiale et fixe longuement Victor. Les mots ne viennent pas. Le blocage revient, le cynisme se fait la malle. J'ai jamais été un grand bavard. Faut dire qu'il me reste si peu à offrir que la moindre trace de vie, je me la garde, dans un élan soudain d'égoïsme. La survie avant les sentiments. « J'ai de suite vu que t'étais pas aussi con que t'en avais l'air. » On peut ne pas embobiner à un avocat. Il connaît les menteurs, en croise à longueur de temps. Un sourire prend place sur mes lèvres tandis que je laisse une distance entre lui et moi. Comme une peur irrémédiable que Victor vienne me toucher à nouveau. M'embrasser comme il a pu le faire. J'ai pas besoin de sa présence. Je me débrouille bien, seul, dans ma merde. « Mais l'important c'est qu'on soit encore vivant, non ? Un peu amochés mais bien vivant. Puis qui sait, peut-être que demain quelque chose te tombera dessus. Tu sais, un truc qui changera ta vie à tout jamais. » Un truc. Une personne. Un boulot. Un quelque chose de mieux, pour Victor. Pas pour moi. Je m'applique toujours trop à tout détruire. « Il peut pas arriver que du mauvais dans la vie d'une personne. J'crois. » Ouais, j'en suis plus trop sûr depuis le cancer d'Arseniy. La plus belle chose qu'il me soit arrivé se retrouve détruite par une connerie. Rien ne pourra nous sauver. Même pas notre amitié trop forte. Même pas son amour pour moi. Cette pensée est à deux doigts de me briser. « Enfin, j'reste persuadé que crever serait plus facile. » Triste reflet du suicidaire. La mort danse dans mes veines empoisonnées, je suis l'un de ces personnages shakespearien. Tragique fatalité.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Jeu 15 Aoû - 23:46
« Je dois gerber. » Mais tu te détourne. Brusquement, tes lèvres s'éloignent des miennes après avoir essayer, pourtant, de s'y noyer. J'ouvre les yeux, doucement, pour observer chacun de tes traits. Tu ne m'en laisse pas l'occasion. Déjà, te voilà détourné de moi. Te voilà loin, marchant nu vers la salle de bain. Tes pas sont tremblants, ne me le cache pas. Je les vois, tanguant contre le plancher froid. Pourquoi tu ne t'habilles pas ? Une grimace déforme mes traits, et soupirant, je me laisse tomber sur le drap trop froid. Tout est froid, ici. La vie toute entière semble froide, en fait. Nous sommes incapables de faire le moindre mouvement, figé au travers la Mort, le froid. Je suis congelé, je grelotte de la tête aux pieds. C'est une douleur qui vient de l'intérieur, et non de l'extérieur. Quelque chose qui nous bouffe lentement, et que l'on tente de cacher, pourtant, avec la chaleur des autres.
Mon souffle se meurt.
Mes doigts se perdent sur mon front, un instant, alors que je respire péniblement. Penser n'a jamais été bon. Penser ne m'a jamais fait de bien. Je regrette, peut-être, d'avoir prononcer quelques mots. De ne pas m'être enfoncé en toi sans grâce, pour chasser des douleurs amères, et m'enfuir sans le moindre reste. Je regrette, un instant, d'avoir un battement au sein de ma poitrine. De n'être qu'un autre humain, qu'une autre âme égarée au travers de cette populace. Nous sommes que fourmis. Qu'un de plus ou de moins, sur la map. Une douleur de plus qui résonne dans l'air. Une douleur qui, jamais, jamais ne veut se taire. Et je reste là, sans mouvement, en travers des draps trop froids. Je reste là, soudain, brusquement, si loin de toi. J'entends l'eau qui colle, dans la salle de bain ; l'écho des pleurs, des douleurs. Peut-être, qui sait. Sourire pâle, sur mes lèvres. Je ne sais pas quoi faire. Je ne parviens plus à rien. Immobile, je suis pantin, statut de marbre, incapable du moindre mouvement. Mes pensées sont trop fortes, trop intenses pour que je parvienne à quoique ce soit. C'est une bête trop grande, indomptable, qui grogne au fond de moi. Pourquoi. Qui. Comment. Les questions résonnent, frappent les murs de ma conscience avec trop de force. Elle tremble d'une intensité qu'elle ne parvient pas à contrôler. Elle tremble, soudain bousculée, à peine réveillée. Elle a envie de se tailler les veines, de s'effacer, de ne plus exister.
Mes yeux se ferment, alors que tes pas résonnent, contre le carrelage froid. Le matelas s'affaisse. Te voilà de nouveau près de moi. Et si je profitais de toi, Julian ? Et si je goûtais tout de toi, et que demain n'existait pas. Allongé sur le dos, je ne trouve pas la force de me tourner vers toi. Des traces de guerre sont encore présentes, sur mes joue. La douleur des larmes trop amères, là, trace salée qui ne veut pas d'effacer. Mes poumons se gorgent d'oxygène que, pourtant, ils ne peuvent supporter. Mes prunelles restent fixent sur le plafond sombre, incapable de s'en évader. Ta voix résonne, encore, de nouveau. Elle est habituée d'une lassitude bien trop apparente pour que je ne le remarque pas. Elle caresse ma peau, égorge mon être. Mes prunelles vont vers toi sans que je puisse y faire quoique ce soit. « J'ai de suite vu que t'étais pas aussi con que t'en avais l'air. » Je ricane, tout bas. Mon regard va vers de nouveau vers le plafond, alors que le rire se meurt doucement, entre mes lèvres. « ça aurait peut-être été mieux comme ça, pourtant. » Con, on se rend compte de rien. Con, on est heureux au lieu d'être malheureux. On a la tête vide, vide de tout, incapable de penser à de choses trop profondes, trop déprimantes pour la pauvre merde qu'on est, au final. On ne sombre pas dans sa propre misère. On vit, tout bonnement, lorsque l'on est con. Mais nous ne sommes pas cons, et c'est bien ça, le problème, hein, Julian ? « Mais l'important c'est qu'on soit encore vivant, non ? Un peu amochés mais bien vivant. Puis qui sait, peut-être que demain quelque chose te tombera dessus. Tu sais, un truc qui changera ta vie à tout jamais. » Rire rauque, sanglot caché. Suffocation, qui sait. Tu m'étouffes, brusquement, Julian, avec tes mots. C'est un pieu qui s'enfonce au fond de mon être, qui broie mon coeur qui joliment dessiné. Me voilà assassiné, ou alors meurtri. Tu viens de me tuer, Julian. Les souvenirs frappent avec force, alors que mon regard reste fixe, ou alors mort. Je suis incapable de faire quoique ce soit, sauf penser à lui. À lui, que j'ai laissé là bas. Ne me la rappelle pas, Julian. « Il peut pas arriver que du mauvais dans la vie d'une personne. J'crois. » Non, peut-être bien, Julian. Mais le mauvais, au final, ne sommes nous pas bon qu'à l'entretenir ? Qu'à le chercher, sans fin, lorsque l'on touche au bonheur. Ma respiration est presque muette ; j'étouffe, sous cette tonne de questions. « Enfin, j'reste persuadé que crever serait plus facile. » Mes yeux se ferment avec force. La mort ; la fin de tous, la fin de tous. Une fin des plus laides, et pourtant, des plus apaisantes.
Mon corps se tourne brusquement sur lui-même, comme pour chasser pareille pensée. Il n'en veut pas. Mes prunelles se posent sur toi, et pourtant, je ne vois que ses traits ; que les traits de Feather, là, finement dessinés. Ses prunelles trop sombres, là où il fait peur d'y perdre, et la froideur de ses traits qui pourtant, me semblent si chauds, contre ma peau. Je ferme les yeux, péniblement, les doigts serrés contre le drap. J'ai mal, à trop penser. À penser à lui, loin de moi. À voir le reflet de ma stupidité, trop grande, trop flagrante, contre chacun de mes membres. « Non » Le mot est bas, tout bas, et pourtant, il fait écho contre la moindre parois. « Demain, c'était hier, et hier a brûlé en enfer. » J'ai fermé la porte, tout est terminé. Feather n'est plus là. Non. Je ne suis plus là. Je l'ai laissé derrière sans la moindre gêne, fuyant ce qu'il faisait naître en moi, pour ne pas toucher au bonheur. J'ai eu peur, comme un lâche, d'aimer ce que j'aurais pu découvrir contre son corps. Contre son coeur. J'ai fui car ce n'était pas contrôlable, car je n'avais aucun contrôle, sur tout ça, et maintenant, je suis perdu.
Mon corps quitte les draps, de nouveau. Mes coudes s'affaissent contre mes cuisses, alors que je m'assois sur le bord du lit. Il y a un nœud, au fond de ma gorge, et mes pensées, bien que mouvementés, essaient de le briser. « T'as tord, j'crois, Julian. J'suis surement plus con que tu le crois. » Rire cassé, alors que je passe une main dans mes cheveux. Mon regard se tourne un instant vers toi, bien pathétique, avant de s'en défaire. J'observe la nuit, par la fenêtre, et je sens sa morsure, contre ma peau. Elle est aussi noire que ses yeux. Un soupir déchire mon âme. Je suis pitoyable. « J'aurais pu, tu sais, connaitre le bonheur, cette putain de balle en plein coeur. Mais j'ai préféré aller ailleurs, fuir ici, courir derrière un fantôme du passé, pour ne pas y goûter. Parce que ça fout les boules, mine de rien, le bonheur. » Mon front épouse la paume de ma main. Je n'ai même plus la force de la soutenir. Mon front est brûlant; trop de choses, là, en même temps. Je n'en peux plus. Mon corps se bouge d'un mouvement sec, brusquement à la recherche de mes vêtements. Comme si, fuir l'endroit, d'un côté, pouvait me permettre de fuir le passé.
Mes doigts amassent mon pantalon, abandonné là, et mon porte-feuille s'en évade. Il s'ouvre brusquement, des visages apparaissant. Photo froissée, leurs visages se dessinent sous mes yeux. Ma gorge est serrée, les mots, crachées. « Alors je l'ai laissé là, derrière, avec la môme. » J'attrape l'objet, le ferme brusquement. Incapable de le glisser contre moi, d'observer ses traits, pourtant, je tourne mes prunelles vers toi, un instant, pour le lancer en ta direction.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Sam 17 Aoû - 3:44
« ça aurait peut-être été mieux comme ça, pourtant. » Le masque se défait. Il tombe, juste là, à côté du mien. Je peux le fixer quelques minutes avant de remonter mon regard jusqu'au sien. Il semble paumé, encore plus que moi. Un profond désespoir provenant du cœur. Incapable de le faire taire. Ma douleur viendrait plutôt du cerveau. L'organe qui ne cesse de tourner à plein régime pour se donner la force d'oublier les souvenirs. Le cœur, lui, il est bien plus douloureux. Marqué à vif. Le mien ne l'est pas autant que celui de Victor. Pas autant que cet homme en face de moi, noyé dans sa propre culpabilité. Je peux presque l'entendre battre désespérément à mes tympans. Comme pour me faire entendre la souffrance. Mon oreille reste encore sourde à ces battements. Mon corps est incapable de décrypter ce que le blessé peut réellement ressentir. C'est triste à dire, c'est con à concevoir mais je n'ai jamais goûté aux sentiments. Que ce soit de près ou de loin. L'attachement semble si loin de moi qu'il en deviendrait presque effrayant. Je prends, je jette. Tout le monde est ici dans le but ultime de me venir en aide. Je me sers du monde entier avant de le virer. Parce que s'attacher, aimer, c'est pour les idiots. J'suis pas un idiot, moi. Non, je suis bien pire que ça. Un connard. Un vrai. Une pure race. Un putain de clébard.
Encore attaché à mon silence, mon regard fixe les gestes de Victor. Pas un seul de mes membres tente de le garder ici, avec moi. Ou bien de le calmer. Je me contente de le regarder sans ajouter un mot. Je ne sais absolument pas ce qu'il faut dire dans ce genre de situation, de toute façon. Boire peut-être. Ouais, se défoncer la gueule ça en aide plus d'un. Y a qu'à me voir, les yeux rouges et la bouche pâteuse. S'échappent de mes pores toutes traces de désespoir. L'alcool m'aide à évacuer. Pourtant, quelque chose me dit que proposer une bouteille à Victor ne serait pas la solution. Il me la jetterait certainement dans la gueule. Une connerie dans le genre. Suffit de voir comme il peut tourner sur lui même, il s'en rongerait presque les os. Le passé lui fait mal. C'est pas le bon endroit pour trouver du réconfort. Même une pute serait plus efficace. Elle lui caresserait la joue, avec ses seins beaucoup trop gros et ferait semblant de le comprendre. Parce que faire semblant c'est toujours mieux que ne pas essayer. Laisser mourir l'autre, puéril. « T'as tord, j'crois, Julian. J'suis surement plus con que tu le crois. » Un rire moqueur accompagne le sien, déplacé, grinçant. Je le sens craquer et ça me fout hors de moi. J'ai pas envie de ça. Je veux pas connaître en détail sa douleur. J'ai pas la carrure pour ça. Je suis taillé à baiser salement. Ça c'est dans mes cordes. Faudrait qu'il se foute à quatre pattes pour que je parvienne à le comprendre. Mon regard quitte le sien, fixe le drap. Toujours ce sourire aux lèvres. Cette ignoble trace de mon âme.
« J'aurais pu, tu sais, connaitre le bonheur, cette putain de balle en plein coeur. » Non je sais pas, j'ai jamais voulu le savoir. Avoir ne serait-ce que le bénéfice du doute. J'ai toujours tout anéantis. Mon regard se relève vers Victor. Ses paroles m'atteignent sans me décrocher une once de mélancolie. J'entre avec lui dans un terrain inconnu. Vierge. « Mais j'ai préféré aller ailleurs, fuir ici, courir derrière un fantôme du passé, pour ne pas y goûter. Parce que ça fout les boules, mine de rien, le bonheur. » Le bonheur. Ça sonne si mal, ce mot, dans mon loft. Ça sonne si faux qu'il en serait presque inaudible. Les meubles l'aspirent. Les mots de Victor se retrouvent avec la poussière incrustée dans les recoins que l'on ne peut atteindre. Mes yeux s'attachent à son pantalon, au niveau de sa ceinture. Le porte feuille s'ouvre. Le visage de Victor change. Mon souffle se coupe, par appréhension de sa réaction. Sa tristesse me frappe de plein fouet. Je me recule légèrement, me perd d'avantage dans les draps. J'ai touché tellement de mains, embrassé tellement de lèvres que je ne sais pas quel effet cela fait. La douleur causée par l'abandon d'un être qui nous est cher. Toutes ces choses. J'sais pas. Je peux pas comprendre. Je peux à peine le concevoir. On n'a besoin de personne après tout. « Alors je l'ai laissé là, derrière, avec la môme. » Les photos sont à présent sous mes yeux. Trop proches. Trop réelles. Le désespoir de Victor se matérialise petit à petit. Mes doigts referment le porte feuilles et le repousse légèrement.
Je reste sur le matelas, à me remémorer la situation. À comprendre les sentiments de l'homme. Mais rien ne vient. Tout est vide. Alors, fébrile, fatigué, épuisé, je quitte le lit et me dirige vers Victor. J'ai l'impression de tomber à chaque pas. Mes pieds saignent, comme tout le reste de mon corps. « Hey. » Ma voix est basse, plus froide qu'elle ne le devrait. Ça se contrôle pas les émotions. On ne peut pas demander aux ténèbres d'offrir la lumière, après tout. Ma main attrape celle de Victor. Sans trop savoir pourquoi. J'remarque même pas que je suis toujours à poil. De toute façon, j'en ai rien à foutre. Ma bite n'est pas le centre d'attention, pour une fois. « Je connais rien à ton histoire, aux circonstances exactes de ton départ. » Mon regard sombre s'accroche au sien. Pour tenter de lui donner un je ne sais quoi. Ce serait comme tendre une bouteille vide à un assoiffé. Inutile. Mais l'intention est là. « J'suis pas non plus calé dans tout ce qui est sentiment. T'sais je crois même que mon cœur est puceau, encore. » Nouvelle idiotie, pour l'empêcher de me prendre réellement au sérieux. « Mais tu sais, j'en ai vu des couples se déchirer. Je les aide même à s'oublier, en quelques sortes. » Le métier d'avocat, ce genre de boulot qui vous pousse à détester un peu plus la vie de couple. « J'ai quand même retenu la leçon que quoi qu'il arrive on termine toujours seul. T'as pas à culpabiliser de l'avoir abandonné, c'est con, trop con. Lui aussi, il devait le savoir qu'on ne peut compter que sur soi-même. Tout le monde le sait, ça. Même toi. Alors, maintenant, c'est trop tard pour regretter tes actes. On peut pas revenir en arrière. T'as plus qu'à assumer. Et c'est pas en déprimant comme un idiot que tu vas avancer et aller mieux. La place du connard suicidaire est déjà prise. » Je lui souris faiblement, resserre ses doigts autour des miens avant de me reculer.
Mon corps retourne à sa place initiale, rencontre les draps, s'y perd. La tête posée sur l'oreiller, je fixe à présent le mur d'en face. Victor semble loin. Gorge raclée, je reprends finalement la parole, vieux mécanisme. « Laisse rien traîner derrière toi et si tu croises un gigolo, fais toi sucer à ma santé. » Je suis trop fatigué pour ajouter quoi que ce soit d'autre. Trop défoncé pour être cynique. Trop loin pour me défendre. Mes doigts tremblants relèvent doucement le drap blanc. Le manque de vie est déjà évident, avant même que Victoir ne se soit fait la malle. Il est partout, ici, le vide. Mais une fois les yeux fermés, tout ira beaucoup mieux. Ce n'est plus qu'une question de minutes avant de m'effondrer dans un sommeil de plombs. À moins qu'encore une fois, les bibelots ne partent tous s'écraser au sol. Tout y passera : lampes, cadres, verres, assiettes. Absolument tout. De toute façon, le fric dissimulera cet écart de rage. Puis demain, tout ira mieux. Demain, mes lèvres seront à nouveau vierge de toutes confessions. Que Victor parte, vite, qu'enfin, je puisse me vider de ma haine.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Mar 20 Aoû - 20:58
C'est lourd ; un poids continuel à mon coeur, une douleur trop vive, trop sensible qui me rappelle sans cesse qu'il a été éveillé. Mon torse a été ouvert sans la moindre délicatesse, et un choc a envahi mon être, réanimant mon coeur après des années, une éternité. Il bat sans façon jamais, incapable de s'accrocher à quoique ce soit. Incapable de se détacher de souvenirs vagues, floues, qui n'osent pas s'éloigner de ma mémoire. Je ferme les yeux, pourtant. J'essaie de les garder fermer pour ne pas voir, pour ne pas sentir l'odeur de la faute, de l'erreur, tout autour de moi. Je ferme la plaie béante, là, à même mes doigts râpeux, et j'essaie de croire qu'il n'y a rien. Qu'il n'y a pas de douleur, et encore moins de battement, au fond de mon être. Pas de souffle, de murmures inlassables, d'amour naissant à l'agonie, en moi. Alors, je ferme les yeux, forts, et je me perds, là, comme par le passé, entre ces cuisses offertes. Je crache sur la tendresse pour ne pas penser à celle qui a pu s'afficher, il y a quelques mois, à même mes traits, en pensant à lui. Est-ce juste, Julian ? Suis-je un monstre, ou alors un lâche pire que lamentable pour agir de la sorte ? Mon coeur bat de plus en plus fort ; je suis de plus en plus sourd. Sourd de toi, de moi, de lui et de l'agonie. Sourd de l'univers tout entier, peut-être, pour un jour cesser d'exister, de ressentir.
Tes pas résonnent, couvrent les battements trop douloureux de mon coeur. Ce salaud, il a osé s'éveiller. Mon souffle se serre encore plus, au fond de ma gorge, alors que je passe une main dans mes cheveux. Au bout de mes doigts, mon pantalon pend toujours, mais je n'ai pas la moindre forme, pour l'enfiler. Je n'ai pas la force de quoique ce soit. L'émotion est trop forte, elle n'était pas attendue. Sans mon accord, elle s'est pointée, et me voilà égorgé. « Hey. » Mes yeux cherchent les tiens, je ne comprends pas pourquoi. On se connait pas réellement, après tout. Tu n'es que des mots sur un papier, que des informations rassemblées pour en savoir plus, sur Arse. Qu'un homme que j'aurais pu prendre, là, sous la lueur de la lune, mais où rien n'a eu lieu. « hm ? » Tes yeux ne sont pas apaisants, Julian. Ils sont vides et froids, à l'image même de ton coeur qui se meurt, à l'agonie, enfermé dans une cage. Il sent le moisi, tu sais. Tu sens la mort, parfois, lorsque l'on t'observe trop longtemps dans les yeux. Tu sens la mort et la solitude, comme si elle avait pris place, au fond de toi, pour en faire un nid douillet. Tu es son condo de luxe, sa maisonnette, pour les vacances. « Je connais rien à ton histoire, aux circonstances exactes de ton départ. » Je me perds dans le noir de tes yeux. Peut-être, au fond, suis-je en train de chercher quelque chose. Une lueur, un malheur. Un petit espoir, là, tremblant, au fond d'une pièce. J'ai la foi qu'il y ait quelque chose, au fond de toi, mais ce n'est qu'un vide profond. Peut-être est-ce mieux ainsi ; tu ne connais pas l'agonie de la lâcheté, au moins. « J'suis pas non plus calé dans tout ce qui est sentiment. T'sais je crois même que mon cœur est puceau, encore. » Le mien a été dépucelé sauvagement, tu sais. D'un simple regard, d'une entrée trop brusque, dans ma vie. Il était déjà si malmené, et cet enfoiré il est entré sans frappé, cassant tout sur son passage, y faisant son nid sans le moindre avis. J'aurais préféré ne pas connaitre, tu sais, parfois. Être resté comme toi, vide de tout cela. « Mais tu sais, j'en ai vu des couples se déchirer. Je les aide même à s'oublier, en quelques sortes. » Alors aide-moi ; fais le disparaître de mes pensées, avant que je ne sois à tes pieds en train d'agoniser. Sauve moi, libère moi. Fais moi oublier mes fautes que j'arrive à dormir, enfin, la nuit. Que je ne rêve pas de ses traits, la nuit, et du rire de la petite, là, dans ses bras. J'en ai assez, de tout ça ; j'ai l'impression d'en mourir un peu plus à chaque fois. Terrible agonie ; la voilà, la vie. « J'ai quand même retenu la leçon que quoi qu'il arrive on termine toujours seul. T'as pas à culpabiliser de l'avoir abandonné, c'est con, trop con. Lui aussi, il devait le savoir qu'on ne peut compter que sur soi-même. Tout le monde le sait, ça. Même toi. Alors, maintenant, c'est trop tard pour regretter tes actes. On peut pas revenir en arrière. T'as plus qu'à assumer. Et c'est pas en déprimant comme un idiot que tu vas avancer et aller mieux. La place du connard suicidaire est déjà prise. » Mais tu ne veux pas ; tu ne le vois pas, l'appel à l'aide, au fond de mes prunelles. Peut-être, au final, qu'il n'y en a aucun. Peut-être, au final, suis-je qu'un idiot en train de me berner. Car ces souvenirs, aussi cruels puissent-ils être, me gardent en vie.
Tu t'éloignes, là, encore. Mes prunelles s'attardent sur ton corps ; tu sembles parfait. Le reflet de la nuit caresse ton corps presque amoureusement ; peut-être est-elle la seule à pouvoir te goûter pleinement. À te connaitre si intimement. C'en est presque beau, au creux de mes pensées, mais je ne fais que les éloigner. J'en ai assez ; j'ai assez pensé, pour ce soir. Il est temps de ranger ce coeur ; il est trop épuisé maintenant, il ne demande qu'à pleurer. Il est sec, craquelé sur de nombreux côtés. Il saigne, là, contre le carrelage de ta salle de bain. Désolé, je nettoierais. Une éternité semble presque place, là, soudainement, entre toi et moi. J'ai la gorge trop nouée pour dire quoique ce soit. Mes doigts se referment contre mon pantalon, et enfin, je l'enfile lentement. Le tissu me brûle la peau, mais qu'importe ; je ferme les yeux, et oublie la douleur. « Laisse rien traîner derrière toi et si tu croises un gigolo, fais toi sucer à ma santé. » Mes lèvres se tordent dans une grimace; pourquoi ai-je l'impression que ça serait cruel, soudainement, de t'abandonner ainsi ? Je pourrais me contenter de fermer les yeux, de me détourner, la gorgée nouée, et de ne plus y penser. Mais il y a quelque chose ; il y a une différence, enfin, entre avant et maintenant. Trop de choses ont changées, ce soir. On ne peut pas faire comme avant et croire que tout ira. Pas toi et moi, en tous cas. Pas entre toi et moi.
C'est surement pour ça.
C'est surement pour cela, au fond, que je prends mon t-shirt, là , lentement, et que je l'enfile. Que mes prunelles se posent sur ton pantalon, là, contre le sol, et que mes doigts s'y glissent, intrus, pour en sortir ton portable. Que mes doigts, râpeux, noueux, y entrent mon numéro de téléphone, avant de te voler le tien. Je ne prends pas la peine de mettre mes chaussettes ou mes souliers; je les tiens d'une main, avançant vers toi, et puis je le dépose, là, à côté de ta dépouille. Ton portable. « Je crois que le gigolo attendra pour un autre jour. » Je te souris, un peu, d'un sourire qui n'est pas faux, ni vrai. Il est juste un peu cassé, en vrai, mais bien honnête, au fond. Il s'efface, trop fragile. « Ne te casse pas trop la tête, Julian ; ça sert à rien. Et ...hm... merci pour ce soir, j'imagine. » Je passe une main dans mes cheveux, doucement, t'observant. Tes traits sont vides de sens. « J'ose croire que c'était une ...belle rencontre. » Encore ce sourire, là, furtif, qui s'envole aussi rapidement. Je me penche lentement, doucement, avant de déposer un léger baiser sur tes lèvres. Il est vide de toute amour, certes, mais peut-être porte-t-il un peu d'amitié en son sein.
Peut-être, oui.
Voilà ce que je me dis, là, en t'observer, te couvrant un instant d'un drap d'un geste caché, avant de quitter. Même si au fond, je ne te quitte pas réellement.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18) Sam 24 Aoû - 18:53
Le cœur s'embrase, s'autodétruit dans une agonie insupportable. La mâchoire se serre nerveusement. La pluie s'abat sur les vitres, semble vouloir caresser nos âmes. Couché sous les draps encore un peu chauds et humides. Bientôt, le froid de la nuit glacera ce lit, en même temps que mon corps presque mort. Mon regard suit les mouvements de Victor, détaché, lassé. Il n'a peut-être même pas écouté mes paroles, qu'importe, elles étaient bercées par l'alcool de toute façon. Sincères mais désintéressées, comme tout. J'ai trop perdu pour laisser place à un quelconque sentiment trop fort. J'en peux plus de cet échec sentimental. Ça me fout en l'air. Ça me détruit. Être un mur de glace c'est plus facile, plus agréable. On ne peut que gagner : un peu d'amour des autres. Et en échange quoi ? On offre rien.
La soirée prend soudainement des allures que je n'avais pas prévu. Quelque chose de différent des autres soirs. Pas aussi bestial et dégueulasse que je le désirais. Non, on plane dans le contraire. La peur s'insinue dans mes veines. Elle m'éveille doucement, depuis quelque minutes déjà. J'ai beau la combattre, celle-ci revient plus forte, sauvage. Lorsque ses doigts se posent sur mon téléphone portable, mes sourcils se foncent, accompagnés d'une grimace. « Qu'est-ce que tu fous ... » Ce qui devait être une question s'échappe comme une évidence. Je connais déjà la réponse. Je la sais, seulement en croisant son regard. L'appareil, posé à quelques centimètres de moi semble me narguer. Il me le dit, à voix basse, que je ne suis qu'un faible. Le connard n'est qu'une image. Une image trop facile à briser. Mes doigts se resserrent nerveusement sur le tissu. Le visage de Victor s'approche dangereusement du mien. Mon sang brûle, colérique. Allez, Julian, avoue que tu flippes. Avoue comme cela t'insupporte. « Je crois que le gigolo attendra pour un autre jour. » Mes yeux sombres se posent sur ce léger sourire. Mes lèvres ne parviennent plus à s'étirer, elles ne cessent de penser à la tournure des choses. À cette presque sympathie présente dans l'atmosphère. J'ai envie de ravaler tous mes mots, tous mes gestes, toutes mes pensées. J'ai besoin de tout détruire, de ne laisser aucunes preuves mais Victor s'en va et c'est trop tard.
« Ne te casse pas trop la tête, Julian ; ça sert à rien. Et ...hm... merci pour ce soir, j'imagine. » ça fait des années que je me casse la tronche contre du goudron. Sous les cheveux, ce sont des centaines de petits fragments recollés. Même pas besoin d'une balle dans la tête pour m'exploser la tête. Juste un coup de poing trop fort et c'est la fin. J'en peux plus, j'en ai marre. Puis Lupka, qui est jamais là quand il le faut. « J'ose croire que c'était une ...belle rencontre. » Une belle rencontre. Ne voit-il pas la merde dans laquelle nous baignons ? Cette folie au fond de mes yeux. Cette incapacité à accorder la moindre importance à qui que ce soit. Ce cœur détruit qui pousse la chansonnette. Son baiser me donne la sensation de mourir. De perdre toute crédibilité. La fierté tremble, pleure. Elle hurle d'une haine imprononçable. Si Arseniy est si loin à présent c'est à cause de son amour. Quiconque aura la moindre sympathie à mon égard, aussi minime soit-elle finira rejeté. J'ai peur, c'est ça la vérité. Peur d'entrer dans les pensées d'un autre. C'est pour ça que ma main se tend vers la table de chevet. C'est pour ça que mes doigts se referment sur l'appareil. C'est pour ça qu'il s'écrase violemment contre Victor et se brise finalement au sol.
« J'ai pas besoin de ta pitié ou de tes putains de conseils. » Ma gorge est nouée. Les larmes montent, rageuses mais elles ne coulent pas, encore trop timides. Il suffit pourtant de les apprivoiser un peu. À croire que Victor y parvient, sans même le savoir, à mon insu. « Tu parles d'une belle rencontre, des mecs comme toi, j'en croise tous les jours au boulot. T'as même pas été foutu de me baiser. T'aurais pas du venir ici. » Rire mi-nerveux, mi-dégoûté. Le sexe, toujours le sexe, rien que le sexe. Le sexe pour oublier nos maux. Le sexe pour se salir encore plus. Le sexe pour mourir comme des idiots. Le sexe. Torse relevé, mon regard croise le téléphone portable écrasé au sol. Si mon père veut me joindre, il ne pourra même pas. Quel con. Mais putain, quel con. Mon visage se perd entre mes mains, recherchent une paix intérieure mais tout sonne étrangement faux. J'ai tout un tas de méchanceté gratuite sur le cœur. Une immensité de conneries à lui offrir. J'ai pas envie qu'il parte avec une image de moi si désespéré. J'ai besoin qu'il me déteste du plus profond de son âme le bourgeois que je suis. Un nouveau sourire naît, celui du connard. Aussi superficiel que cet appartement. Aussi impersonnel que tout le reste.
« Puis sois gentil efface mon numéro de téléphone. J'ai assez de pédales sur le dos comme ça. La prochaine fois, prends un ticket, comme tout le monde. » Mon corps brûlant de haine se penche vers le sol pour attraper les débris du téléphone et tenter de le rallumer. Celui-ci, fatigué par ma colère s'y refuse. À nouveau, celui-ci se retrouve abandonné au sol. Ma tête s'écrase sur le coussin tandis que mes paupières se ferment, presque sereines. Comme soulagé d'avoir envoyé chier Victor. Il me déteste, c'est bien là, l'essentiel. Les battements de mon cœur se taisent. Ma respiration reprend de sa normalité. La haine s'arrache des traits de mon visage. Comparable à une poupée, je retrouve mon état de légume. On pourrait presque me prendre pour un malade mental. Un putain de bipolaire. Mais c'est ce que l'on nomme plus simplement : la peur. À demain.
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(#) Sujet: Re: l'homme est un loup pour l'homme. (victor) (+18)