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 #0259 + The things we lost in the fire (Ksen)

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Message(#) Sujet: #0259 + The things we lost in the fire (Ksen) #0259 + The things we lost in the fire (Ksen) EmptyMar 30 Juil - 7:00


Il y avait quelque chose de merveilleux à propos des dimanches matins : tu pouvais faire la grasse matinée. Tu pouvais dormir autant que tu voulais, te prélasser dans ton lit à en avoir mal partout. Tu n’avais pas besoin d’une quelconque alarme, tu pouvais simplement dormir tranquillement jusqu’à ce que tu te réveilles ou qu’un bruit te tire des bras de Morphée. Tu baillais paresseusement dans ton lit ce matin-là, t’étirant de tout ton long, faisant craquer quelques articulations. Tu te lève, pas tout à fait réveillée encore, et tu échanges ton short de pyjama pour un short en jean, et ton t-shirt pâle contre un coton ouaté. Regarder un film aujourd’hui en mangeant des chips te semblait une idée parfaitement alléchante. Peu santé, certes, mais tu t’en fichais complètement parce que c’était dimanche et que tu avais congé pour la journée. Dormir, t’écraser sur le divan, regarder la télévision, cela te semblait un plan tout à fait parfait pour bien passer ta journée de congé.

Bon, dans ce processus, il y avait aussi la phase préparer le dîner sans faire exploser l’appartement. Ce n’était pas que tu ne savais pas cuisiner. C’était juste que tu pouvais être très maladroite et un accident était vite arrivé. Un peu lunatique, tu étais du genre à oublier tes rôties dans le grille-pain, à oublier t’éteindre le four et à laisser indéfiniment quelque chose sur le poêle. Ce qui n’était souvent pas catastrophique sur l’état de la maison, mais sur l’état de la pauvre nourriture que tu malmenais en tentant de leur donner une belle couleur et une odeur alléchante. On te disait souvent que c’était facile, qu’il te suffisait de suivre la recette. Alors, lorsque tu lisais la dite recette, tu avais l’impression que rien n’était plus facile. C’était juste lorsqu’il te venait le temps de l’effectuer que plus rien n’allait : tu te trompais dans les quantités, dans les mesures, et sans que ça vire à la catastrophe, tu n’avais à ce jour pas encore réalisé un véritable plat potable.

Perdue au milieu de la cuisine, tu ne savais pas trop par où commencer. Tu es donc allée ouvrir quelques armoires ainsi que le réfrigérateur pour te donner une idée de ce que vous pouviez bien avoir de mangeable. Pas grand-chose, à vu de nez. Il faut dire que tu n’avais toujours pas compris comment on faisait pour mettre plein de restes dans une poêle et de faire cuire tout ça avec de l’huile et quelques épices pour rendre le tout délicieux. Alors que tu te dirigeais vers le téléphone pour commander quelque chose, tu entends quelqu’un cogner à la porte. Passant ta main dans tes cheveux pour avoir l’air un tantinet présentable, tu vas ouvrir, pour te retrouver nez à nez avec ta colocataire, qui n’est nul autre que ta sœur. Tu lui fais un grand sourire et tu lui plantes un baiser sur la joue. « T’aurais pas oublié tes clés par hasard, ou tu voulais juste être sûre que j’étais levée ? »

Tu l’entraînes dans la cuisine en sautillant pour lui soumettre le problème du jour. « J’allais manger. Mais après mûre réflexion j’ai décidé de ne pas cuisiner, pour ne pas faire cramer le peu de bouffe qu’il nous reste, tu comprends. Tu lui fais un clin d’œil. Bien sûr qu’elle comprend. Tes lacunes en cuisine étaient loin de lui être inconnues. Alors en gros, soit tu fais un truc avec ce qu’on a, soit je commande quelque chose, soit on loupe le repas et on fait que manger des chips et du popcorn devant la télé cet après-midi. C’est toi qui voit. »

Tu adorais ta sœur. Pas seulement parce qu’elle te sauvait la vie dans les plus petits problèmes de ta vie, mais parce qu’elle te faisait rire, elle arrivait à te faire sourire dans n’importe quelle situation et que tu ne serais pas dans cette petite ville présentement si elle n’avait pas été aussi présente dans ta vie. Puis elle était cool, et tu adorais vivre avec elle, même si tu n’avais jamais rien connu d’autre. Aussi parce que vous partagiez un passé sombre, et qu’en dessous de vos rigolades et de vos blagues, il restait encore beaucoup de blessures à panser et de pensées obscures. Vous saviez pertinemment bien ce que l’autre endurait et vous tentiez désespérément de faire comme si tout allait bien, alors qu’au fond, ni l’une ni l’autre ne l’était réellement.
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Message(#) Sujet: Re: #0259 + The things we lost in the fire (Ksen) #0259 + The things we lost in the fire (Ksen) EmptySam 3 Aoû - 15:09


La journée avait été longue. Pas vraiment mouvementée, ça j’avais l’habitude, non juste … Longue. Les heures passaient trop lentement et je commençais à en avoir passablement ras le bol. Il allait falloir que je me trouve un hobby, moi. Sinon j’allais vite craquer complètement. Je suis déjà pas une grande fan du « On reste sagement assis à regarder passer le temps », alors le faire jour après jour m’énervait. Mais je n’aime pas non plus le sport, la lecture m’ennuie, je déteste passer mes journées couchée devant la télévision … En gros, je n’ai pas beaucoup de choix. Je me suis remis à marcher, comme je le faisais à Karachi, mais ça ne m’occupe pas réellement. Ca me permet au moins de visiter la ville, de découvrir comment les choses se passent ici. Et, occasionnellement, de perfectionner mon français. Ma langue natale c’est quand même le russe, alors c’est un peu dur … Mais on gère ! C’est pas si difficile d’apprendre à parler une langue. Il suffit d’avoir les petits trucs pour retenir. Mais je suis pas là pour y penser et je vais bien vite le chasser de mon esprit. Si je suis pas allé en cours de toute ma vie, c’est pas pour m’en donner à moi-même juste après.

Je continue ma promenade dans la ville, me faufilant entre les gens, essayant de retenir un maximum de noms de rues, de chemins et l’emplacement de plusieurs magasins. Ca m’empêche de trop réfléchir au moins. Je préfère vraiment être occupée, quand je peux. Sinon j’ai trop de souvenirs et de sentiments qui remontent, et je me sens pas bien. Il faudrait me torturer pour me le faire avouer, mais je peux pas le nier à moi-même. Je suis encore pas mal secouée. Hassan nous a proposé d’aller voir un psy ou un truc du genre, mais je veux même pas l’imaginer. Nastya peut y aller si elle veut, mais elle a l’air de penser comme moi. Comme toujours. On a toujours été sur la même longueur d’ondes toutes les deux. Et encore plus maintenant. Quand on a vécut autant de trucs que nous deux, on développe pas mal d’affinités. L’un des avantages d’avoir frôler la mort. Il en faut au moins un, sinon ça vaut pas le coup. Je me passe la main dans les cheveux, les remettant en arrière pour qu’ils arrêtent de me tomber devant les yeux. Se faisant, je me rend compte que ça fait déjà plusieurs heures que je suis dehors. Je ne trouvai pas le sommeil et j’avais eu besoin d’air. Il n’y avait que moi pour me retrouver tôt dans les rues de la ville, au milieu des noctambules habituels.

Mais là le temps avait passé et Nastya devait être réveillée. Je sais qu’elle aime faire la grasse matinée le dimanche, mais rarement aussi tard. Je fis demi tour, repartant vers notre appartement rapidement. J’en profitai pour passer à la boulangerie, prendre une pâtisserie pour elle. On n’était pas riche et je pouvais pas le faire tout les jours, mais on était dimanche alors … Je l’achetai sans réfléchir puis rentrai chez nous. Notre vrai chez nous du moment. Je grimpai les escaliers, arrivai devant la porte … Et me rendis compte que j’avais oublié mes clés. Avec un soupir et un « T’es nul, Ksen. » à moi-même, je levai la main et toquai à la porte, attendant que ma sœur vienne m’ouvrir. Elle le fît et je souris en la voyant. Elle était bien la seule à me faire sourire dés que je la voyais. Mais bon c’était ma sœur et je l’aimais plus que tout. A sa question, je ne pus m’empêcher de sourire en coin, discrètement. « Sûrement les deux ! Je venais voir si ça allait, tout en ayant oublier mes clés. Mais contente de voir que tu es debout.. »

Je rentrais à l’intérieur de l’appartement, haussant un sourcil en entendant son problème. Tout en l’écoutant, je déposai le sac de la boulangerie sur la table, enlevai ma veste. Je réfléchis et haussai les épaules « On peut rester ici. Y a pas grand-chose d’ouvert un dimanche ! » Je lançai un regard pensif aux armoires « Et il doit bien nous rester des biscuits où quelque chose comme ça dans les armoires, non ? ». Je lui souris juste. Après plusieurs heures à marcher, je n’avais pas envie de ressortir tout de suite. Et passer du temps avec ma sœur était loin de me déplaire. J’adorai ça, et ça faisait un moment qu’on avait pas passé plus que le temps d’un repas ensemble. Elle avait son travail, moi j’avais les miens, et on avait du mal à se voir souvent, malheureusement.

Je me mis à fouiller les armoires, en quête de quelque chose de sucré. Au pire, je cuisinerai quelque chose. J’étais pas vraiment douée, mais je savais faire les trucs basiques. Et j’étais toujours moins maladroite que Nastya. Pas que c’était mauvais … Mais je devais faire attention à notre appartement, quand même ! Je souris légèrement. « Sinon ça va toi ? Je t’ai pas réveillée en partant ce matin ? » Apparemment pas, mais parler des banalités c’était devenu une deuxième nature. Ca aidait à dévier de tout les sujets durs, ou éprouvant pour les nerfs. Et j’avais vraiment pas besoin d’une crise d’angoisse pour l’instant. J’attendis donc sa réponse sagement, continuant de fouiller dans les armoires de la cuisine, trouvant deux trois trucs qui avaient pas l’air mauvais, et qui avait pas dépassés la date de péremption.  
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Message(#) Sujet: Re: #0259 + The things we lost in the fire (Ksen) #0259 + The things we lost in the fire (Ksen) EmptyVen 9 Aoû - 7:20

« Sûrement les deux ! Je venais voir si ça allait, tout en ayant oublié mes clés. Mais contente de voir que tu es debout... » Tu lui fais la moue de la fille très convaincue. Tu es trop contente de la voir pour prendre le temps de la taquiner correctement. Vous ne vous voyiez pas si souvent que ça finalement, avec vos travails respectifs. Votre petit appartement vous servait principalement à dormir et à manger, ce qui n’était pas génial lorsqu’il s’agissait de passer du temps de qualité ensemble. Pourtant, tu savais que, contrairement à toutes tes autres relations, celle que tu entretenais avec ta sœur ne pouvait pas se dégrader si vous ne passiez pas autant de temps que vous le vouliez ensemble. Vous aviez simplement plus de choses à vous raconter lorsque vous vous voyiez, et vous aviez toujours autant de plaisir ensemble. Certaines relations ne peuvent pas survivre à ces horaires de fou, mais tu savais qu’avec Ksen, ça tiendrait jusqu’au bout. Vous n’aviez pas vraiment le choix de toute façon, vous n’aviez que l’une et l’autre et tu ne te voyais pas vivre toute seule, sans elle. Rien qu’à voir tes grands talents culinaires, on pouvait comprendre pourquoi. Une chance que ta sœur était là pour sauver ta journée, comme d’habitude. Tu lui avais demandé ce que vous pouviez faire, puisque l’activité n’avait jamais eu d’importance à tes yeux. Du moment que tu étais avec ta grande sœur, elle pouvait bien te faire faire ce qu’elle voulait. « On peut rester ici. Y a pas grand-chose d’ouvert un dimanche ! »

Et voilà. Tu n’avais même pas besoin de prendre les décisions par toi-même, si ce n’était pas merveilleux ça. « Et il doit bien nous rester des biscuits où quelque chose comme ça dans les armoires, non ? » Écrasée contre le comptoir, tu acquiesces. Tu regardes ta sœur fouiller dans vos vieilles armoires défraîchies. Ce que tu allais manger t’importait encore moins que l’activité que vous alliez faire. Tout était moins pire que si tu t’essayais à la cuisine, surtout avec ce que vous aviez. Toi il te fallait une vraie recette, et encore. Ta sœur semble trouver à peu près ce qu’elle cherche. C’est déjà ça. Vous n’allez pas mourir de faim. « Sinon ça va toi ? Je t’ai pas réveillée en partant ce matin ? » Tu éclates de rire. « Tu sais ma chouette, parfois je me dis que même la fin du monde ne me réveillerait pas quand je décide que je dors profondément. » Ce qui n’était pas tout à fait faux. Tu adorais dormir. Cette idée de rester inconsciente de la réalité pendant plusieurs heures était très alléchante. Oublier tous vos problèmes pendant un moment, ça ne pouvait pas faire de mal. Certes, il y avait les cauchemars. Les explosions, les cris, l’enlèvement. Tu voyais Hassan partout dans tes rêves. Il n’avait pas vraiment de visage, comme tous les gens lorsqu’on rêve : ce ne sont que des silhouettes qui sont là sans vraiment l’être, mais tu sais que c’est lui. Présent partout dans ta vie, même ton inconscient n’arrive pas à s’en débarrasser. Malgré tout, si tu pouvais t’offrir une bonne nuit de sommeil sans rêve, tu adorais ça et tu ne pouvais pas t’en passer. Alors tu faisais la grasse matinée le dimanche et tu espérais que tes cauchemars se tiendraient loin et te laisseraient tranquille un peu.

Le pire, c’est qu’ils revenaient souvent quand tu pensais que ça allait, que tu avais battu tes démons pour une fois. Pourtant, ils revenaient toujours en force, plus puissants et plus destructeurs que jamais. Tu te réveillais épuisée de ces rêves atroces, toute en sueur avec la tête qui te tournait un peu. C’était difficile dans ces cas-là d’obtenir une vraie bonne nuit de sommeil et d’avoir parfaitement récupéré de tout ça le lendemain. Pourtant, même si tu étais parfois un peu insomniaque, refusant carrément de dormir de peur de te faire assaillir de nouveau, t’assoupir finalement était souvent un soulagement, parce que tes rêves ne pouvaient pas être pires que la réalité. Ça ne pouvait pas être pire que rester réveillée et regarder le plafond en attendant que le sommeil t’emporte, et en pensant à toutes sortes de trucs inutiles qui te prenaient au fond de toi et qui te troublaient. Alors quand tu dormais, tu dormais. Voilà.

La discussion était néanmoins beaucoup plus légère que tes pensées profondes, et tu tentais de rester pour l’instant sur cette même lignée. Tu balaies donc la cuisine du regard, prête à émettre un autre commentaire pour continuer cette conversation qui paraissait parfaitement normale aux yeux de tous ceux qui vous écouteraient. Seulement, pour tous ceux qui vous connaissaient réellement, ils savaient que ça ne pouvait pas être normal après ce que vous aviez vécu. Ça ne le serait plus jamais.

Tes yeux sont attirés par un petit sac frappé du nom de la boulangerie proche de chez vous. Tu vas donc y fouiner, et tu y trouves une petite pâtisserie qui a, ma foi, l’air bien alléchante. « Oh, Ksen, t’aurais pas dû… » fais-tu en sortant le dessert de son sac. « Mais qu’est-ce que ça va être bon après quinze secondes au micro-ondes ! »
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