Il avait couru. Comme un fou. Fou de colère, fou d’amour. Il avait couru si vite. Il avait peur, il avait mal.
« Tu es enceinte ! Enceinte … Comment … ? »
« Comment j’ai fait ? Comment je vais poursuivre ce stage ? Comment quoi ? »
Elle se posait des questions différentes. Quatre mois, sans se rendre compte. Quatre mois sans prendre en considération les signes. Le stress, l’adrénaline. Elle n’avait pas compris. Elle devait accepter. Se faire à l’idée.
Il était de lui. Comme un souvenir. Un douloureux souvenir survenu subitement. Comme un flash lui rappelant son regard, son corps.
« Je croyais que tu ne voyais personne … Que tu voulais te concentrer sur la cuisine. »
Il était tombé amoureux d’elle. Sans le vouloir. Au fil du temps. Ils étaient devenus amis, en riant. En partageant leur passion. Puis il l’avait aimé. Aimé à en mourir. Il était tombé amoureux de ses grands yeux, de sa voix, de son sourire. De sa cuisine, de son talent. De ses doutes aussi. Il l’aimait, Matteo. Pour la seconde fois de sa vie, il pouvait s’avouer amoureux. Se l’avouer à lui mais jamais il ne lui dirait à elle. Peut-être le verrait-elle.
« C’était avant. Avant Vérone. » Elle ne lui en dirait rien de plus. « Rentre chez toi, Matteo. » Puis, elle l’avait laissé là, sur le pas de sa porte. Le regard vide, blessé. Amoureux transis, jaloux d’un autre. Un autre qui l’avait aimé, elle. Mais lui aussi l’aimait. Comme un fou.
Ils s’étaient éloignés à mesure que son ventre grossissait. Comme une barrière entre deux corps.
Matteo manquait à Lydia. Lydia manquait à Matteo.
Finalement, elle aurait aimé lui dire : « Je t’aime aussi, tu sais. »
Il a disparu. Sans rien dire. Sans qu’elle n’ait pu le lui dire. Elle ne l'a plus jamais revu.
Deux cœurs brisés.