Une journée plutôt mouvement aux urgences aujourd’hui. En plus de ça, j’ai super mal dormi la nuit dernière alors bon, disons que le réveil était brutal à cinq heure ce matin. Je m’active néanmoins dans tous les sens, tentant de faire mon boulot du mieux que je le peux et aussi rapidement que possible pour passer un maximum de personne en un minimum de temps. M’enfin, vous comprendrez que ce n’est pas toujours aussi simple. Une petite fille avec une brûlure aux mains –apparemment, personne ne lui avait dit que les ronds du poêle ne sont pas rouge pour faire jolie, mais parce qu’ils sont chauds-, un vieil homme avec un truc coincé dans l’œsophage –la vieillesse apporte des cataractes et avec eux, des bonbons qui n’en sont pas-, un jeune homme avec la cuisse ouverte sur dix bon centimètres –non, l’exacto qu’il avait dans les mains n’auraient pas dû poursuivre sa course plus loin que la boite qu’il venait d’ouvrir. Bref, j’en voyais de toutes les couleurs ici et je ne fus donc pas très surprise en voyant le dossier de mon prochain patient : Morsure de serpent et réaction violente au poison. Eh merde, pourquoi est-ce qu’on ne me l’avait pas amener plus tôt!?

« Ginny, lorsque ce genre de chose arrive, tu devrais savoir qu’il faut les coder bien plus urgent. »  Je secouai la tête en attrapant les notes sur monsieur Carter et allai le chercher moi-même dans la salle d’attente. « Maximilian Carter? » Je le vis, installé là dans la salle d’attente comme si de rien n’était. Heureusement que la morsure n’était pas mortelle. Néanmoins, je grinçais des dents à l’idée qu’il ait attendu aussi longtemps avec un bras le double de la taille de l’autre. Il se leva lentement et me suivit dans la salle d’examen. « Vous pouvez vous assoir. » Je lui servis un sourire rassurant, comme pour lui montrer que tout irait bien alors que je redoutais des conséquences de cette blessure. M’installant sur mon tabouret alors que lui était assis sur le petit lit recouvert d’un papier blanc qui crissait sous son poids, je passai les quelques questions de routines pour me mettre plus familière avec le cas. « C’est arrivé quand? »

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« Cette nuit. vers minuit je dirais. Ou, peut-être un peu plus tôt. Je ne sais plus. » Je relevai rapidement la tête de mes papiers pour le dévisager. Cette nuit ou plus tôt? Pourquoi avoir attendu aussi longtemps? Il avait envie de rester paralysé toute sa vie ou bien? Je me mordis pourtant la langue, comprenant à son regard qu’il savait pertinemment qu’il avait été bien stupide, inutile d’en rajouter. « Je me sens bizarre. Je sens plus grand-chose à ce niveau-là. » Il désigna la moitié droite de son corps. « Un peu comme si c'était endormi, vous voyez ? » Je me mordillai la lèvre, d’autant plus inquiète maintenant que je savais que le venin s’était rapidement rependu. Je pris quelques notes supplémentaires et il me demanda, joueur : « Alors ? Quand est-ce que vous sortez la scie ? » Impossible de ne pas sourire face à son attitude si désinvolte. « J’aimerais vous dire qu’on n’aura pas à en arriver là, mais je crois que ce n’est pas une option si négligeable après tout… Peut-être que ce serait une bonne leçon pour vous apprendre à être plus prudent, mh ? » J’esquissai un sourire en coin avant de me lever pour aller vers lui, déposant mes feuilles à côté.

« Je vais devoir faire quelques tests et on ira ensuite retirer le venin, d’accord ? » J’allai chercher le nécessaire pour une prise de sang et revint avec. Heureusement, les infirmières au triage avaient déjà désinfecté la plaie. « Il nous faudra vous administrer quelques médicaments et vous garder sous observation avec une perfusion, le plus de liquide vous ingérerez, le mieux votre corps pourra combattre l’empoisonnement. » Tout en lui expliquant cela, j’avais fait un garrot autour de son bras non touché et j’y plantai doucement l’aiguille afin de faire mon prélèvement. « Ça va ? Je ne vous fais pas trop mal ? »

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