Canyon Jonas Mount
   "Je suis une nuit noire, une bordure de falaise, une vie noyée, avec vue sur le vide et sans vertige."
   

prénom(s) et nom › Canyon Jonas Mount. Il faudra demander à ses parents le pourquoi. Ce pourquoi qui lui échappe. Les gens sourient lorsqu'il se présente. Les officiers des douanes posent sur lui des regards railleurs, de sourcils qui s'arquent. Elle est sur toutes les lèvres, cette question, pérenne, elle joue sur les prolongations. Ça vient d'où ? D'Utah (et non, il n'a absolument rien d'un mormon)surnoms › Canyon, c'est court. Alors, pourquoi vouloir circoncire ? Couper quelques lettres, massacrer un prénom qui n'aurait rien demandé. Canyon, c'est peut-être pas bien beau mais ça se prononce avec la langue qui claque, ça roule dessus, c'est doux. Canyon ça se retient et c'est en soi suffisant.  âge › vingt neuf. C'est pas un chiffre rond. C'est à peine un chiffre beau. Et là où la plupart grincent des dents, épargnent, craignent le temps qui fuit ( fuyez, aussi), lui, s'en fout. éperdument. Le 03 avril. nationalité › américaine. pourtant, il tire ses origines des colonialistes anglais, des bribes commanches qui se perdent dans des vérités génétiques, qui s'estompent, qu'on oublie. orientation sexuelle › les regards qui appuient, des œillades à la dérobée, les silhouettes graciles qui dansent et jubilent. les mots à peine formulés du bout des lèvres, le sang qui afflux aux tempes, fait bourdonner les oreilles, le cœur qui se barricade derrière sa cage - ça fait boum, ça fait crac, ça claque et craque pour ces amazones aux gueules séraphiques, aux actes de démones, insidieuses qui prennent à la gorge. Canyon, il est aux femmes. Souvent qu'à une. Il demande jamais la lune, pas assez fou, le loup, pour lui hurler tout son amour.statut civil ›Franchement ? Y'a toujours pleins de facteurs qui entrent en ligne de compte. Pour faire simple, c'est toujours compliqué. Toujours source de céphalées, de nuits blanches, de discours hésitants, de démarches pantelantes, d'attentes infructueuses. De maux, de mots, de phrases qu'on balance et qu'on regrette en silence, sans avouer. Parce que, merde, ça fait mal à l'orgueil. emploi/études › son père aurait voulu. Peut-être que toutes ses phrases devraient commencer de la même manière. Qu'il reprenne la ferme, qu'il reste cloitré entre les planches d'la clôture qui délimitait le domaine. Sa mère, défunte, aurait aimé. Qu'il suive ses rêves et, elle le lui a dit avant de chanter sa toute dernière chanson. Arrête de poursuivre tes rêves, mon garçon. Attrape-les, putain. Alors, il a fait ce qu'il voulait, suivre des études d'architecture, puis des cours de littérature puis envoyer bouler, tout ça pour empoigner férocement son rêve - l'écriture. Y ajouter une mélodie. Plus écrire mais, composer.situation financière › c'est pas important. mais, il ne roule pas sur les jantesavatar › Marcus mumfordcrédit › marcus mum.

   ~ question une
   à quoi ressemblait ta vie au lycée?
L'indécision indubitable. La sensation de flotter dans l'air, celle d'une richesse incommensurable et d'une adversité sans bornes. L'entre deux. Le paradoxe qui prenait sans cesse ses quartiers dans un quotidien marqué par des rituels inconscients. Se dire que tous les lendemains allaient se taper la même gueule et ce, jusqu'à la fin. C'était se dire , surtout, qu'il fallait absolument faire quelque chose. Réussir, coûte que coûte. Donner le meilleur de soi-même ( ou juste essayer). C'était l'époque où j'essayais sans cesse de donner un sens à l'existence, aux faits et aux gestes. En espérant, quelque part, y arriver. Le verre était constamment vu à moitié vide, je souhaitais le remplir jusqu'au bord, jusqu'à ce que ça déborde, même.  Jusqu'à ce qu'il pète, jusqu'à ce que les éclats aillent se figer dans les regards paternalistes. Qu'ils les aveuglent tous. On se connaissait tous, on avait tous grandi ensemble dans notre trou perdu. C'était pas difficile de se trouver des points communs à partir du moment où on avait tous l'impression d'être dans la même merde. On tirait tous des plans sur les comètes puis, sur les étoiles  - tout ce qui passait par le ciel et qui avait l'air d'aller vers un endroit plus éloigné. On se cramponnait à l'idée que, que nous étions bien trop éphémères et puis, on rêvait. On le faisait toujours en grand. C'était gratuit. A portée de main. Puis un jour, je me suis réveillé. J'faisais plus parti du "nous". Eux ont continué sans moi.
j'étais paumé.

   ~ question deux
   es-tu heureux présentement?
  Certains disent que le bonheur n'existe pas. Qu'au final, on n'est jamais heureux. Qu'il faudrait redéfinir le mot. D'autres disent que le bonheur tient dans des sourires, dans des gestes esquissés, des conversations échangées, des liens tissés. Personnellement, mon bonheur tient dans une bouteille de 700 millilitres, cinq ans d'âge, goût vanillé. Mon bonheur s'appelle – généralement – Jack Daniels mais, c'est vrai que de ce côté là, j'suis infidèle. Mon bonheur est bafoué. Certains disent qu'être heureux c'est ne pas avoir de problème. Mais, sans les problèmes, tout de suite, ça n'a plus vraiment de sens. Disons que je ne suis ni heureux, ni malheureux. Que pour l'être il faudrait que toutes mes attentes soient réalisées, mes projets rendus concrets. Puis, comme tout le monde, j'vais éviter la réelle question. Parce que je sais qu'au fond, vous vous en foutez. Que tout ce que vous voulez savoir, c'est si je baise - souvent - , par qui et comment. Si la fréquence et la régularité sont de bons indicateurs alors, ça va. je suis pas le plus à plaindre.

   ~ question trois
   où te vois-tu dans dix ans?
  Penser au futur c'est s'ajouter des soucis et ma tête en est déjà bien trop lourde. Quand on est plus jeunes, on nous raconte qu'être adulte c'est pas si facile, que les responsabilités viennent et le font toujours par paire. Quand on est adulte on se rend compte que nos parents nous ont franchement menti ou qu'ils ont vraiment trop arrondi les angles. Penser au futur c'est une torture , ma cervelle n'a pas les couilles de se lancer dans des réflexions pareilles , j'préfère encore penser au présent, peut-être un peu (beaucoup) au passé, à ce qui aurait dû être dit ou être fait. J'aimerai bien être capable de rentrer chez moi, croiser le regard de mon paternel et ne pas y voir le reflet  d'une immense déception, enterrer la hache pour ne plus avoir à dormir en repensant sans cesse aux dernières paroles échangées, pour ne plus avoir mal, pour me sentir plus vrai.