« Ben... hé, Ben... BEN ! » L'intéressé sursaute, heurtant avec un gémissement de douleur la rangée de table du niveau supérieur. Une fois que sa vue n'est plus si trouble, conséquence du somme qu'il vient de piquer, il balaye l'amphithéâtre du regard. Manifestement, son merveilleux cours de droit administratif est terminé. De toute évidence, décider de s'y rendre n'est pas une solution miracle et rien n'a changé, c'est toujours aussi chiant. Il se lève péniblement, sous l’œil moqueur de son pote Chuck. « Dis donc, c'est Caro qui te fatigue comme ça ? lance l'abruti en ricanant. Ou c'est la fille de l'autre coup ? » La fille de l'autre coup ? Oh, la blonde de la fête ? Ben sourit, parce que d'une certaine manière, ouais, c'est la fille de l'autre coup. Il est tombé sur elle hier soir, en rentrant d'une énième réunion de famille. Enfin non, c'est elle qui est tombé sur lui, littéralement. Elle s'est presque jetée sous sa roue avant et lui, tel le grand dadais inconscient qu'il est, il n'a rien trouvé de mieux à faire que de l'emmener faire un tour. C'est un miracle s'il est parvenu à se lever ce matin et à trouver la motivation de venir jusqu'à la fac. Ils n'ont pas fait de folies, il ne l'a pas ramené chez lui, il n'est pas monté jusqu'à chez elle, il a été sage. Il a une copine après tout ─ une copine qui n'est pas là mais quand même, il ne va pas faire le con.

Il s'extirpe de l'amphi, non sans mal, en grande partie parce qu'il a du mal avec le concept des escaliers à cette heure de la matinée et encore une fois, Chuck en profite pour se moquer copieusement de lui, l'enfoiré. Ils discutent tranquillement jusqu'à leur prochaine salle, pas très discrets comme d'habitude. Ils se connaissent depuis longtemps et comme d'habitude, Ben a tendance à se concentrer uniquement sur son ami, si bien qu'il manque de percuter une fille qui sort de l'une des salles voisines. « Oups, pardon » s'excuse-t-il avec un sourire pour la fille en question. La fille, pas n'importe quelle fille. La fille à qui il a prêté son casque supplémentaire hier soir. Son sourire s'élargit. « Ah, tiens, salut » Lame. On a fait mieux, comme phrase d'accroche. « Sarah, c'est ça ? » plaisante-t-il, parce qu'il sait très bien comment elle s'appelle. Chuck, à côté, ricane une fois de plus. « Bon, je suppose que tu viens pas. J'vous laisse. Enchanté » ajoute-t-il en directement de la jolie blonde, avant de s'éloigner au grand soulagement de Ben. Il l'adore mais la discrétion n'est pas son fort. « Fais pas attention, il est débile. Ça va sinon ? Bien dormi ? » Ce genre des questions est peut-être un peu déplacé parce qu'après tout, ils ne se connaissent pas tant que ça. Pas du tout même mais il est bien décidé à y remédier. En tout bien tout honneur, évidemment.

Citation :

C'est pas top, vu l'heure qu'il est, m'en veux pas  

quand tu veux quelque chose dans la vie, tu n’as qu’à tendre la main et tu le prends.

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La journée a débuté par une conversation trépidante avec ma colocataire. T'as fais quoi hier ? Ou encore... Et t'étais avec qui ? Et le magnifique final : T'as revu le gars de la fête ? Il est évident que comme ma meilleure amie sait absolument tout, elle sait ça aussi. En même temps, après l'avoir gentillement plantée à la soirée, fallait bien se douter que j'avais être interrogée par mon adorable meilleure amie. C'est avec la tête ailleurs que je marche dans les couloirs. Et comme toujours, je marche en ne regardant pas où je vais, ce n'est donc pas surprenant que je manque de percuter quelque chose. Enfin, quelqu'un en réalité. Je m'en rend compte lorsque j'entends une voix masculine s'élever. Aussitôt je lève les yeux. Oh seigneur. Ma maladresse à déjà failli avoir raison de moi hier soir et voilà que ça recommence encore aujourd'hui. Une nouvelle tentative de collision. Et les deux mêmes personnes. « Oups, pardon » Je souris timidement. Pour pas changer. J'vais pas devenir une femme fatale d'un jour à l'autre, je resterai probablement toujours cette bonne vieille Sarah, la fille transparente, un peu dans ses pensées, à se remémorer ses conversations matinales etc etc. D'ailleurs, quand on parle du loup... C'est évidemment sur Ben, le gars de la fête, que je suis tombée. « Ah, tiens, salut » « Hey ! Décidément, tu cherches les problèmes. » Dis-je en rigolant. Bon, c'est à moitié vrai, je dois les chercher aussi apparemment. « Sarah, c'est ça ? » Deux fois en deux jours. Même phrase. Suis-je transparente à ce point quand même ? Que soit. Son ami me salue et finit par s'éloigner. J'ai tout bêtement salué d'un geste de la main. Que faire d'autre ? Les conversations non plus c'est pas vraiment mon truc on dirait. Mais ça va, ça pourrait être bien pire. « C'est ça, ta phrase d’accroche ? » Léger rictus. Je suis pas vraiment dans la meilleure des formes, faut l'avouer. J'avais pas encore remarqué jusqu'à maintenant mais ce mec à un sourire magnifique. Ou alors j'ai pas fait attention parce qu'on était pratiquement que dans le noir les deux premières fois où on s'est rencontré. « Fais pas attention, il est débile. Ça va sinon ? Bien dormi ? » Je lâche encore un très léger rire. A croire que tous les potes sont parfois peu discret et débile. J'ai la même à la maison et j'avoue que par moment je voudrais pouvoir la mettre sur off le temps d'une petite soirée. Mais en dehors de ça, j'adore ma meilleure amie, évidemment. « T'en fais pas, ma meilleure amie est à peut-près pareil. Mais oui je vais bien merci et toi, ça va ? » Dire de ne pas donner trop d'informations d'un coup, je marque une pose entre deux phrases – le trop plein d'informations c'est pas toujours très bon, quand on me raconte trop de trucs, personnellement, je décroche. « Nuit plutôt courte mais je m'en plains pas. D'ailleurs, ça a été pour rentrer hier ? Pas d'accidents à déplorer ? » Encore un peu et il y'en aurait eu un. Mais autant en rigoler. Je vais bien, tout vas bien. Moral de l'histoire : faut que j'apprenne à regarder devant moi lorsque je marche. Je continue de fixer le beau brun et j'affiche un sourire.

Spoiler:

Combien y a-t-il de chances pour qu'il tombe sur elle et pas une autre ? White Oak Station n'est pas une grande ville, c'est vrai mais il y a suffisamment de monde à la fac pour qu'ils ne se croisent pas. Il a déjà du mal à voir ses propres amis ─ enfin, amis, le terme est large ─ alors la nana un peu étrange qu'il a croisé deux ou trois fois par hasard ? Le hasard, tu parles. Le grand barbu doit bien se fendre la gueule, là-haut, ou peu importe la force supérieure qui règne en ce bas monde. Tu parles d'un hasard. C'est un peu gros quand même mais ça ne veut pas dire que ça n'est pas plaisant. Ben lui adresse un grand sourire tandis qu'elle le reconnaît. Ça aussi, ça faisait plaisir. « Hey ! Décidément, tu cherches les problèmes » lance-t-elle et, vraiment, Ben ne peut rien faire d'autre qu'éclater de rire parce que franchement, ce n'est pas vraiment lui qui cherche les problèmes. C'est elle, hier soir, qui a manqué de finir sous sa roue avant. C'est elle, encore une fois, qui s'est volontairement éloignée de la fête, la première fois qu'ils se sont croisés. Non pas qu'il considère qu'il l'ait sauvée sur ce coup-là, à part de l'ennui peut-être ─ mais tout de même, c'est drôle et totalement faux, alors forcément il se marre et il fait l'imbécile. Une habitude chez lui, à en juger par la réaction de Sarah qui n'a pas l'air le moins du monde impressionné. « C'est ça, ta phrase d’accroche ? » fait-elle, clairement moqueuse. Ben hausse les épaules sans se départir de son sourire. Ça n'arrive jamais, ça d'ailleurs.

Chuck, enfin, se décide à partir, non sans une petite réflexion merdique. Comme d'habitude. A tous les coups, il va le lui rappeler plus tard et lui demander comment ça s'est passé, avec "la fille de l'autre soir". Comme si c'était important. Il le lui a déjà demandé, avec ce petit air qui veut tout dire mais Ben ne veut pas savoir ce que ça veut dire. Il préfère éviter ce genre de précisions. Ce n'est pas un grand fan des détails, surtout des détails compromettants. Poli ─ vaguement embarrassé plutôt ─ il s'excuse pour Chuck mais elle n'a pas l'air de s'en offenser. « T'en fais pas, ma meilleure amie est à peut-près pareil, lui répond-t-elle, légère. Mais oui je vais bien merci et toi, ça va ? » Tout va bien, si on exclue le fait qu'il n'a pas assez dormi et qu'il a raté l'heure quotidienne d'appel avec Caroline mais ce n'est pas si grave. Et il n'a pas vraiment l'intention de lui en parler. « Ça va, ouais » S'en tenir au minimum alors qu'il a envie d'en dire plus, c'est une grande première. S'il a du mal à exprimer certains sentiments, Ben a toujours été plutôt bavard. Seulement là, il sait pertinemment qu'évoquer sa copine n'est pas la bonne chose à faire ─ et, non, il n'a pas envie de se l'expliquer. « Nuit plutôt courte mais je m'en plains pas. D'ailleurs, ça a été pour rentrer hier ? Pas d'accidents à déplorer ? » Elle change légèrement de sujet, tant mieux. Il acquiesce, sourire presque moqueur aux lèvres. « Je suis en un seul morceau, non ? » Il écarte un peu les bras, comme pour appuyer son propos, ricanant presque. « Et je conduis très bien, merci beaucoup. C'est uniquement grâce à ma merveilleuse maîtrise de la route et de mon véhicule que tu es encore en vie je te rappelle » ajoute-t-il avec un clin d’œil. Ridicule, vraiment, mais il a envie de l'entendre rire encore. Si ça signifie faire le con, alors il le fera. « Tu dois aller en cours ou tu veux aller, je sais pas, faire un tour ? » demande-t-il, en s'appuyant contre le mur. C'est innocent, tout à fait innocent. Il n'y a rien de mal à entretenir des relations amicales avec des filles quand on est un garçon, right ?

quand tu veux quelque chose dans la vie, tu n’as qu’à tendre la main et tu le prends.

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Au final, je reconnais que mon aversion pour les soirées étudiante peut avoir de bons côtés. Ma rencontre avec Ben, totalement inattendue, en est un. Une grosse partie des gars que je connais sont lourds et très peu discret. Lui, il semble assez jusqu'à présent et c'est intéressant en fait. Ce gars a énormément de charisme et il est assez adorable dans son genre, faut l'avouer. Je lui demande à mon tour si il va bien, la réponse ne se fait pas attention. « Ça va, ouais » C'est plutôt court mais au moins ça va à l'essentiel, il va bien, c'est le plus important. J'ai alors changé de sujet, lui demandant comment c'était passé son retour hier soir. « Je suis en un seul morceau, non ? » Il se contente de sourire et d'écarter les bras. Et, évidemment, je rigole, je ne peux pas m'en empêcher. Il adore en rajouter et moi, ça m'éclate. Je n'ai pas le temps de répondre que mon interlocuteur se relance dans une nouvelle phrase. On a qu'à considérer mon rire comme une réponse. « Et je conduis très bien, merci beaucoup. C'est uniquement grâce à ma merveilleuse maîtrise de la route et de mon véhicule que tu es encore en vie je te rappelle » Phrase, dans laquelle, il me rappelle encore une fois que je suis toujours en vie, et ce, grâce à lui. Bon, d'accord, je lui en doit une. Il ponctue très souvent ses phrases par un clin d'oeil et à chaque fois, ça m'arrache un léger rictus ou un assez grand sourire. « Je reconnais, t'es mon sauveur en fait. » Je souris, de manière légèrement ironique je le reconnais. Mais y'a quand même du vrai là dedans j'ai juste pas envie de reconnaître que je suis trop tête en l'air et que cette situation, même si ce n'est pas le cas, pourrait passer pour une tentative de suicide. Je n'ai jamais été suicidaire et pour être franche, j'ai pas eu une adolescence assez facile, malgré tout, je m'en plains pas mais peu aurait eu le courage de persévérer. Bon, ça aurait pu être pire, c'était pas une affaire d'état non plus mais on est censé garder de belles expériences et de beaux souvenirs du lycée. Pour moi, ça n'a juste pas été le cas. Mais je ne vais pas ressasser tout ça, le passé c'est le passé. J'ai dû rester bloquée quelques petites secondes sur Ben et sa question me ramène quelque peu sur terre. On a tous nos moment où on s'arrête pour fixer quelque chose parce qu'on pense. J'espère juste ne pas avoir l'air d'une grosse abrutie. Même si je suis sûre du contraire. « Tu dois aller en cours ou tu veux aller, je sais pas, faire un tour ? » En voilà un aussi peu intéressé par les cours que moi, surtout aujourd'hui. J'ai pas la tête à ça, j'ai pas envie de m'asseoir sur un siège alors qu'il fait assez beau dehors, j'ai envie de profiter de ma journée et la proposition de Ben ne fait que me pousser à profiter de cette journée. Mais soyons réaliste, je le veux bien aussi. « On peut aller se balader, j'avais plus cours de toute façon. » Enfin, si j'avais encore cours, j'ai juste choisit d'ignorer mon emploi du temps, jugé trop inintéressant. J'avoue, j'ai menti. Et puis, les cours de biologie, clairement, c'est pas mon trucs. Pourquoi foutre de la biologie quand on étudie la psychologie ? Le mystère reste entier. « Est ce qu'il y'a un endroit où tu voudrais aller ? » Ou on improvise, on marche sans savoir ou on va. Ou on roule sans savoir où on va.

Spoiler:

C'est étrange, cette envie de sourire qu'elle amène sur son visage chaque fois qu'il la voit. Well, ok, leurs chemins ne se sont pas beaucoup croisés depuis qu'ils se sont rencontrés mais après tout, leur première conversation ne remonte pas à bien loin non plus alors ─ il ne sait pas où il va avec un raisonnement pareil. Il sait juste qu'il se sent bien avec elle, s'est senti bien la première fois et celles d'après. Elle est gentille, elle ne lui prend pas la tête, ne l'ignore pas non plus. Elle est cool et, inutile de se mentir, elle est mignonne. Là, par contre, il s'engage sur une pente dangereuse et il le sait. Caroline n'est pas là, c'est sûr mais elle reste sa copine. Ils ont traversé des choses tous les deux, ils ont une histoire. Elle n'est pas là mais elle est présente, d'une certaine manière. Au travers de leurs potes premièrement, parce que la plupart de ses copains à lui la connaissent et bon nombre de ses copines à elle traînent encore dans les parages, que ce soit à la fac ou en ville. A supposer qu'il vienne à fauter, elle l'apprendrait sans doute plus vite en étant en Europe que si elle était là. Non pas qu'il ait l'intention de la tromper hein, pas du tout. Il n'y a pas vraiment penser, pas du tout. Ce constat lui a juste traversé l'esprit, quelques mois plus tôt. Aucun rapport avec la jolie Sarah donc, même si elle a probablement remis ces considérations au goût du jour. Mais il ne veut pas penser à ça, Caroline, la distance, tout ça. Ce genre de choses ne concernent pas Sarah et c'est elle qui l'intéresse là, tout de suite. Alors il sourit, il rigole, il raconte des conneries parce que c'est ce qu'il sait faire de mieux. Il sait charmer, il sait plaire, il sait comment intéresser et captiver son public. En l'occurrence, elle n'a pas l'air très impressionné mais elle est encore là, alors il s'autorise un petit sourire triomphant lorsqu'elle consent à reconnaître qu'il a raison. Quoi, c'est bon signe, right ? Bon signe de quoi, ça reste à voir mais il se sent bien trop joyeux pour tenter l'introspection tout de suite ─ d'autant qu'il sait ce qu'il finirait par se dire, alors non, franchement, mieux vaut rigoler.

Il sait, au fond, pourquoi il a tant envie de faire le con devant elle pour voir fleurir sur ses lèvres un sourire, même bref. Il le sait, elle lui plaît et il sait aussi qu'il ne se serait pas contenté de la raccompagner chez elle la première fois ─ et celles qui ont suivi ─ si il n'avait pas été avec Caroline. Le pire, c'est qu'il a presque oublié qu'il avait une copine à chaque fois. Il ne le connaît pas pourtant, il ne sait rien d'elle en dehors de ce qu'ils se sont racontés. Ils ne se sont d'ailleurs pas dit grand-chose d'important, rien de fondamental mais la facilité avec laquelle ils ont discuté l'a un peu déconcerté. Il est sociable, il aime les autres, il n'a aucun mal à aller vers eux et à échanger avec eux. Cependant avec Sarah, c'est différent. Le soir où il l'a aperçue, à cette soirée, il a eu l'impression de la connaître depuis un bail, sinon pourquoi et surtout comment aurait-il pu parler si librement ? « Cool » répond-t-il avec un sourire lorsqu'elle lui annonce qu'elle a terminé sa journée. L'idée de passer un peu de temps avec elle ne devrait pas lui faire tant plaisir mais il s'en fout. Il ne compte pas faire de place à la culpabilité. De toute manière, Caroline n'est pas là et il ne fait rien de mal. « Est ce qu'il y'a un endroit où tu voudrais aller ? » demande Sarah et son sourire s'élargit, presque malgré sa volonté. « Tu es occupée pour les dix prochaines années ? Parce qu'il y a un paquet de coins que j'aimerais voir » Ok, cheesy line, il l'admet mais ça ne change pas vraiment de ses habitudes. Sauf que ce n'est pas à Caroline qu'il sort cette connerie ou même à l'une de ses potes mais à une fille qu'il ne connaît pas bien, une fille qui lui plaît. C'est dangereux mais encore une fois, il n'en a pas grand-chose à faire. « Mais pour le moment j'ai bien envie d'un café. Ou d'un de ces trucs au nom chelou que toutes les nanas boivent, peu importe. Ça te tente ? » Ce n'est pas la proposition du siècle mais aurait-il su qu'il allait la rencontrer ce matin qu'il se serait préparé. L'idée fuse sans qu'il puisse la retenir et il réalise qu'il est déjà dans la merde. Il n'a rien fait pourtant, il a gardé ses distances mais il est en train de partir sur des mauvaises bases avec elle. Il ne peut décemment pas entrer dans un rapport de séduction avec Sarah ─ le seul souci, c'est qu'il est certainement un peu tard pour ça. Là encore, zéro culpabilité. Il y a un truc qui cloche chez Ben mais il n'a pas du tout envie d'y penser dans l'immédiat. Il se décolle du mur, désigne l'entrée du bâtiment d'un signe de tête et le casque qu'il trimbale partout d'une main. « On y va ? » Une partie de lui a très, très envie qu'elle dise non ─ ça lui éviterait bien des emmerdes ─ mais l'autre, plus importante, a très, très envie qu'elle dise oui.

quand tu veux quelque chose dans la vie, tu n’as qu’à tendre la main et tu le prends.

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La séduction tiens, parlons-en. C'est ce moment où on arrive à attirer quelqu'un, à le séduire. C'est pas quelque chose que j'ai énormément connu. Pour être franche, l'amour, c'est pas mon domaine de prédilection, au contraire. Dans ma vie j'ai du avoir deux copains à tout casser. Et chaque histoire était différente, apportant son lot de déception et/ou de satisfaction. Alors on pourrait encore me draguer que je remettrais tout en question. Je discute avec Ben dans le couloir qui ne tardera pas à se vider. Il sourit, toujours. Constamment. Et c'est agréable, différent des gens qui tirent constamment la gueule, pour un oui ou pour un non. Et ça me pousse à sourire d'avantage tout en me mettant en confiance. Chapeau l'artiste. Un champion. « Tu es occupée pour les dix prochaines années ? Parce qu'il y a un paquet de coins que j'aimerais voir! » Je ne peux qu'adhérer à ce genre de propos et j'ai l'impression qu'un jeu de séduction est en marche. Je peux me trompoer. Ou alors je suis maladroitement attirée par un type que je connais à peine, chose qui, de toute évidence, ne me ressemble absolument pas. Mais il est charismatique, beau, drôle, on ne peut que s'accrocher à ce genre d'individu. Et moi je suis timide, banale et je comprend pas trop pourquoi il perd son temps avec une nana comme moi alors qu'elles passent toute à côté de lui en souriant, ces poupées qui ont l'air de sortir d'un magazine. Mais c'est bien connu, nous, les filles, on réfléchit de trop. Malheureusement. Et ça nous pousse parfois à avoir une attitude bizarre. Au lieu de réagir d'une manière quelconque, la Sarah que je ne connais pas se réveille et change totalement la perception que je pouvais avoir de moi-même. « Ah oui ? On part à l'aventure quand tu veux ! » Ce genre de phrase, par exemple, ce n'est pas moi. Je suis pas du genre à rentrer dans un jeu comme celui là. Je suis trop timide et pas assez entreprenant pour dire ce genre de choses. Mais avec lui c'est tellement simple. Bon sang, je me perd dans mes pensées. Faut que je me reprenne. Je lui adresse un grand sourire, comme à mon habitude. Ce serait difficile de lui faire la gueule surtout que j'aurais absolument rien à lui reprocher. Qu'est ce qui m'arrive ? « Mais pour le moment j'ai bien envie d'un café. Ou d'un de ces trucs au nom chelou que toutes les nanas boivent, peu importe. Ça te tente ? » Oui, c'est bien aussi. C'est même encore mieux, surtout maintenant. Un café, on se contente d'un café. Ou d'un verre. Pas d'alcool. Je ne le supporterais pas de toute manière. Retour à la normalité. Je m'embrouille, je m'emmêle les pinceaux, je redeviens Sarah la timide, la fragile. « Va pour un café. Ou un verre ! » Ou ce que tu veux ! J'ai failli le dire. Et je me suis retenue. Je bois ses paroles. Et c'est que notre troisième rencontre. Faut que je fasse attention. Il tend alors la main vers la sortie du couloir en ponctuant son geste d'un simple « On y va ? ». Et j'acquiesce. Prête à le suivre. Et puis, j'ai très envie de ce verre en sa compagnie alors je ne peux que me laisser tenter. J'avance de deux, trois pas, légèrement hésitante et je me retourne vers lui en souriant. Serais-je entrain de succomber à une tentation ?

Spoiler:

C'est bizarre tout de même, qu'il se sente si guilleret chaque fois qu'il la voit. Et il ne l'a vue que, quoi, deux, trois fois ? Cette fille, Sarah, le met curieusement de bonne humeur et si, au fond, il sait très bien pourquoi, il préfère se dire que ce n'est rien d'autre qu'une coïncidence. C'est plus simple pour tout le monde, d'une part parce qu'il y a Caroline et que tout idiot qu'il soit, Ben n'est pas un enfoiré ─ ou en tout cas, pas cet enfoiré-là. Et puis, bon, il ne connaît pas Sarah, pas du tout. C'est peut-être ça aussi qui le pousse vers elle, qui lui fait des conneries plus grosses que lui et le fait se comporter comme un imbécile juste pour la faire sourire. Oui, ça doit être ça. Une fois qu'ils auront vraiment appris à se connaître, ça lui passera. Ou en tout cas c'est l'excuse qu'il se donne pour continuer à l'aborder lorsqu'il la croise. Enfin, elle s'est pratiquement jetée sous ses roues la dernière fois, il n'a pas vraiment eu le choix, il fallait bien lui parler. Oh, il aurait pu se contenter de lui hurler dessus comme beaucoup de conducteurs auraient pu le faire mais Ben n'est pas du genre à s'énerver au volant, loin de là. Il n'a pas fait d'exception pour elle. Encore moins.

Alors il rigole, il s'amuse, il hausse les sourcils devant son enthousiasme. Elle est mignonne, vraiment, et elle a l'air gêné chaque fois qu'elle parle un peu trop fort, un peu trop vite. Ça lui donne envie de sourire et il ne se retient même pas. « Cute » commente-t-il sans appesantir plus longtemps sur la question. Ils auront bien le temps de partir à l'aventure, comme elle dit. Ils sont jeunes ─ Caroline dude, keep the girlfriend in mind. C'est elle qui est partie à l'aventure d'ailleurs, tandis que lui est resté derrière, bien au chaud dans leur petit appartement, pépère avec ses petites habitudes. Peut-être aurait-il dû partir avec elle, il n'en serait pas là aujourd'hui, à flirter avec une inconnue qu'il a désespérément envie de connaître. « Va pour un café. Ou un verre ! » Son sourire se fait un peu gêné cette fois, parce que damn, si elle commence à faire ce genre de propositions, il est vraiment mal parti. Ben n'a pas beaucoup de volonté, son investissement en classe en est la preuve. Il est incapable de se forcer à faire quoi que ce soit quand il n'en a pas envie. Et dire non à un verre avec Sarah fait apparemment partie de la liste. « Easy tiger, il est encore tôt, fait-il pour masquer son trouble, on verra dans une heure ou deux pour l'apéro » ajoute-t-il avec un clin d’œil avant de lui proposer, finalement, d'y aller. Elle hoche la tête et, vraiment, elle ne lui rend pas la tâche facile en étant aussi disposée à le suivre. Il fait taire sa conscience qui ne cesse de lui hurler de penser à Caroline parce qu'après tout, il ne fait rien de mal, right ? Right.

Il accroche son casque à sa moto pour en sortir un de rechange et il le lui tend avec un nouveau sourire ─ ugh stop smiling like a fool. « J'imagine que tu te souviens comment l'attacher » rit-il en enfilant le sien. Il clipse rapidement les sécurités et ferme sa veste. Il n'y a rien de mieux que de rouler à pleine vitesse, du moment qu'on est bien habillé. Et, bon, il a un passager et elle n'est pas spécialement vêtue pour l'occasion, alors ce n'est pas aujourd'hui qu'il battra des records de vitesse. « Prête ?demande-t-il, une fois qu'ils sont installés. N'oublie pas de t'accrocher hein. Je ne voudrais pas que tu tombes » Et puis bon, avouons-le, il n'est pas réticent à l'idée qu'elle se serre contre lui. Pas du tout même. C'est là tout le problème.

Citation :

Désolé pour la nullité du post

quand tu veux quelque chose dans la vie, tu n’as qu’à tendre la main et tu le prends.

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Cute. C'est le cas de le dire, carrément. Ultra cute même. Je suis là, à discuter avec Ben depuis quelques minutes et on parle d'aller boire un café. C'est une option absolument intéressante. Dans la mesure où mes cours de l'après-midi sont loin d'être passionnant, même aller regarder un film ennuyeux à mourir serait plus intéressant. Oui, au moins, là, je pourrai dormir. Je dis à mon interlocuteur que je suis partante pour aller boire un café ou un verre en sa compagnie. Ne buvant pas vraiment d'alcool, je ne me rend pas tout de suite compte qu'un verre c'est pas un coca. Hashtag débilité profonde. « Easy tiger, il est encore tôt, on verra dans une heure ou deux pour l'apéro. » Il me fait un clin d'oeil et automatiquement je souris. Je souris toujours, constamment quand je suis avec lui et je commence à me dire qu'il me plaît peut-être. Probablement, sûrement même. Et il est trop tard pour faire marche arrière parce qu'avec ma chance, y'a sûrement une embrouille quelque part. Mais j'ai déjà dit oui, j'peux pas annuler maintenant. Et j'ai pas envie en fait. « Non mais un café, c'est parfait ! » Et voilà que l'idiote se met à faire des rimes, on aura tout vu décidément. What happened to me ? Je vais pouvoir faire comme si de rien n'était. Je suis une pro quand il s'agit de cacher ce que je ressens. D'où mon invisibilité constante. « J'imagine que tu te souviens comment l'attacher. » Ah, ah, ah. Je ferais bien la vexée. Mais j'ai pas envie parce que c'est assez dure d'être vexée quand on est face à un gars comme ça. J'acquiesce d'un mouvement de tête, c'est mieux de ne rien dire surtout que je sais pas quoi répondre à ça et que ça a l'air de l'amuser surtout. Je passe le casque et je le ferme, comme il me l'a montré hier quand je me suis accidentellement jetée sous les roues de sa moto comme il dit si bien. En réalité, j'ai surtout ben trébuché. J'ai juste jugé inutile de lui dire qu'il avait tord. En tout cas, voilà comme je me retourne de nouveau sur la dite-moto de Ben, prête à partir. « Prête ? N'oublie pas de t'accrocher hein. Je ne voudrais pas que tu tombes. » Je passe alors mes bras autour de lui, comme hier. Je m'y accroche, ce serait bête de nouveau tomber sur la route n'est-ce pas ? « Je suis prête ! » Et comment ! Je suis partante, carrément. Il démarre quelques secondes après. La moto, ça m'a toujours fait peur. Ma mère me répétait constamment de faire attention si un jour je venais à monter sur une moto. Elle a totalement raison, c'est dangereux mais au même titre qu'un tas d'autres choses. Je l'ai toujours écouté mais là, elle est pas là et je vois pas pourquoi je ne devrais pas profiter sous prétexte que... ''c'est dangereux''.

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