|
|
| Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] | |
| Auteur | Message |
---|
| (#) Sujet: Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] Lun 1 Déc - 22:16 | |
| Je suis un putain de poulet fermier. Tu sais, celui sans emballage plastique. Tu sais, celui qu'il faut chopper, et celui qu'il faut plumer. Mais je me laisserais pas plumer si facilement hein, moi j'm'aiguise le bec. Voilà. Et je gamabade a toutes jambes pour muscler mes jolies gambettes, et puis parce que j'aime bien courir, et mes dreads me font une crète de toute beautée. Faudrait que je les teigne en rouge. Je cours comme un débile dans les rues, comme si j'avais le feu au cul, mais non, c'est juste pour le plaisir, parce que ca fait comme si j'étais en voiture à rouler trop vite, et j'ai même pas besoin d'avoir le permis pour ca. Et si j'étend les bras, je me transforme en avion. Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler.
Je suis... Hey. Je m'arrète et je lève la tête. Je peut pas voir le haut du bâtiment. J'ai toujours adoré les églises. Je ne suis pas croyant -enfin, encore que ca se discute, je ne dirais pas que je crois en Dieu, avec un grand D, parce que ca, je trouve ca complètement débile, un dieu à l'image de l'homme franchement c'est qu'il serait très très con. J'ai pas envie de croire en ca, ca me déprimerait. Non ce que j'aime c'est que ca monte jusqu'au ciel, c'est qu'il y a eu des fous pour tailler ca, parce que celle là est vieille, ca sent l'histoire. Et ca, c'est plutôt très très cool. Je reste planté là, comme transi de bonheur, à détailler les petites sculptures, les hautes colonnes, la pierre. Le faste du bâtiment. Pour Dieu hein ? Et ben le con. Puis je me décide, et j'entre là dedans. Je ne fais pas de bruit, parce que je suis un touriste en territoire inconnu, mais un touriste courtois. On ne fait pas de bruit dans une église. Et puis j'ai envie de pisser dans le bénitier pour le plaisir. De me dire que tout plein de gens vont venir, mettre les mains là dedans pour se purifier et s'étaler ca sur le visage. C'est une sale farce d'adolescent, mais ca me fait bien rire. J'avance sur le coté, j'observe la croix formée par les vides entre les bancs, qui répercute celle qui se situe au plafond. Puis la vierge. LE confessoir, tout en bois, avec ses lourds rideaux rouges foncés. Mais... Mais il y a des pieds la dedans, et surement le prêtre qui va avec. Ho. HOHOHOHOH. Quand j'entre dans la cabine du pêcheur, je ne sais pas vraiment encore ce que je vais dire, je sais juste que l'occasion est vraiment trop belle pour que je la loupe. En vrai, ca me fait rire rien que d'y penser, mais là je suis dans la peau du pêcheur, alors restons zen. Je sais déjà quel poisson je veux attraper, il est dans le style "robe de bure" et il aime les enfants de choeur. Non, sans rire. Je ne peux pas passer a coté de ca.
J'observe à travers la grille. Je devine sa silhouette au travers du grillage très serré. Il est a peu près aussi grand que moi. Je ne dit rien au moins une minute, et j'entend sa respiration de l'autre coté de la grille. Et puis je me rappelle que je suis venu me confesser. Histoire de faire rougir le bon prêtre jusqu'à la racine des cheveux. Je suis sur que quelle que soit sa tête, il fera un poulet d'exeption. "Pardonnez moi mon père, parce que j'ai péché." Elle sort une peu bafouillée, cette phrase, hésitante. Parce que en vrai, je ne sais pas trop quoi dire et c'est venu comme ca, mais je me dit après coup que c'est plutôt bon en vrai. HEEEEY, beau gosse. Bon bon, la suite. De quoi je pourrais bien... Et je me dit que j'ai une vraie opportunité. Je pourrais lui dire un peu ce qui me pèse sur le coeur. Parce que c'est un inconnu, et que peut être que si je le disais a haute voix ca irait mieux. Et puis les prêtres sont tenus au secret, non ? "J'ai... j'ai abandonné ma famille." Je crois que je ne sais pas trop ce que je dit. "Un enfant devrait rester dans le périmètre immédiat de ses parents, ou au moins garder le contact non ? Un bon fils. Je les ai perdus, je ne sais pas ou ils sont et c'est totalement ma faute." Ton seigneur pardonne ce genre de chose ? Je ne me sens pas plus soulagé qu'avant. "Il y a un proverbe japonais qui dit "On ne peut plus s'occuper de ses parents une fois qu'ils sont dans la tombe" ou quelque chose du genre. Je ne saurais même pas quand ils s'y retrouveront." Non ca ne me soulage pas, et je ne trouve même pas ca drole. Alors je fronce le nez. Il est silencieux, le prêtre, il a l'air d'écouter. Allez. Un peu moins de sérieux. En fait, ca me plait pas d'avoir raconté ca a un inconnu. Ca me plait pas d'avoir parlé tout court. C'était pas pour ca que j'étais entré la dedans. Je me suis laissé emporter par la folie du moment, par l'endroit, j'ai pensé que... Je ne sais pas ce que j'ai pensé, mais c'était vraiment très con. Alors on va dire un truc bien dégueulasse histoire de le faire gueuler un peu, et puis j'irais faire un tour ailleurs. Le silence s'étire, une minute. Puis je le romps. "Pardonnez moi mon père, parce que j'ai pêché. Je le confesse, j'ai enfoncé un concombre dans le cul de mon chien quand j'avais douze ans, pour voir si il aimait ca. Amen" J'ai jamais eu de chien. Mais je guette la réaction de l'autre coté de la grille. |
| | |
| (#) Sujet: Re: Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] Lun 1 Déc - 23:00 | |
| Je suis arrivé ici il y a un mois. Un mois c’est pas très long pour le commun des mortels. En un mois on apprend à connaitre la ville, s’acheter des choses pour son appartement, faire de nouvelles connaissances… Et le temps passe, rapidement. Mais pas pour moi.
Pour moi c’est un mois de supplice, long à en mourir, un mois sans chapelle, sans monastère, sans orangers et sans sourires, un mois sans Stephan alors que je ressens, chaque jour la sensation de mains sur ma peau, de mains interdites, de mains de pêcheur. Des mains qui ont signé mon arrêt de mort lorsque l’abbé a fait envoyer mon acte d’excommunication pour le faire signer au pape en personne. Je sais que je vais le recevoir bientôt. Je sais que je vais devoir le garder pour ne pas mentir au monde et qu’il sera le symbole de ma honte. Je ne veux pas y penser, je ne veux pas y croire parce que je sais que Dieu, c’est toute ma vie et Dieu, il m’a tourné le dos et il ne pardonnera jamais mon écart, jamais. Et moi j’aimerais mourir pour oublier, mais si je meurs j’irai en Enfer. Et je ne veux pas subir le châtiment éternel réservé à mon père et ma mère. Depuis un mois je vis enfermé dans cet appartement, délabré et laid, sordide un peu aussi même si j’ai mis deux jours pour faire un nettoyage complet. On a rarement vu plus austère. Un lit fait au carré avec au dessus, une croix de Jésus Christ, toute simple. Pas de table de nuit, pas d’armoire, mes affaires sont en tas, par terre. Le peu que je possède. Une cuisine avec un réchaud et un frigidaire minuscule, un seul placard, aucune décoration. Une pièce à vivre vide, mis à part deux étagères remplies de papier à musique et un bureau. Voilà. La salle de bains est minuscule. Et moi je vis là dedans. Non, j’erre là-dedans. Depuis un long mois, un mois durant lequel j’ai choisi de vivre entre parenthèses, avec seulement mon sourire refermé et mes yeux verts à présent vides de toute malice. J’écris, de la musique tôt le matin jusqu’à tard le soir, je mange, oui mais pas beaucoup, et je ne sors que pour aller faire les courses, ce qui me rebute au plus haut point. Dépenser un argent qui ne devrait pas m’appartenir. Louer un appartement, porter un jean et un t shirt, même si ce sont des choses achetées d’occasion, ça ne devrait pas m’appartenir, ce n’est pas ma tenue ça, c’est seulement une camisole dans laquelle je suis enfermé, et dont je voudrais sortir. A la fin du mois je deviens fou. J’ai envoyé mon travail un peu partout. Il me faut une pause. Marcher, un peu.
Il fait froid ici. Ça ne ressemble pas à ma terre natale. J’ai jeté une punaise sur la carte du monde pour savoir où j’irais. Et je suis tombé sur cette ville, pile poil. Comme quoi le hasard, hein ? Ben il ne fait pas bien les choses. J’ai les yeux levés vers un ciel gris, des maisons laides et un paysage trop froid, bien trop froid pour moi. Je fais le tour du quartier, puis le tours du centre ville. Et l’église. Je ne saurais pas la dater mais elle est un peu plus vieille que l’indépendance des Etats Unis ça s’est sûr. Elle est en pierre. Ça explique pas mal de choses. Quand j’entre je passe de l’eau bénite sur moi en faisant un signe de croix. Je sais que je ne suis pas le bienvenu parce que je ne suis plus un homme appartenant à la religion catholique, rien de moins qu’un laïc déchu qui n’a rien à faire ici. Qui fait le tour. Comme ça pour regarder .J’ai très envie de pleurer. J’aimerais tellement ne pas avoir commis l’impardonnable. Pour retrouver mon Dieu, mon sauveur. Celui qui m’a envoyé mes frères pour me sortir d’un foyer miteux de Madrid. Sauf que je n’ose pas prier sur les bancs. Alors je vérifie qu’il n’y a personne et je file dans le confessionnal. Pour pouvoir prier en silence.
Seigneur prends pitié. Laisse-moi revenir vers toi pour que je puisse t’aimer encore. Laisse-moi faire en sorte d’avoir ton Pardon, laisse-moi faire de ton église la plus belle de toutes. Redonne moi ta confiance, par pitié. Kyrie, Eleison.
Cette prière silencieuse est interrompue par une silhouette qui entre dans le confessionnal. Je n’arrive pas à le voir, pas très bien je perçois seulement des cheveux un peu bizarre, une carrure de jeune homme. Bon. Je suis mal. Parce que je ne devrais pas être ici moi, je ne suis pas prêtre, je ne l’ai jamais été, je n’ai jamais pris personne en confession, et…
"Pardonnez moi mon père, parce que j'ai péché."
….ZUT. C’est le seul truc que je me dis, zut. Parce que je crois que ce garçon veut vraiment se confesser et moi je n’ai pas le droit, absolument pas le droit. Mais… Mais si je dis que je ne suis pas prêtre pour qui vais-je passer ? Il va me dire que je n’ai pas le droit d’être là et… Et…
« …Je vous écoute, mon fils. »
Après tout il faut bien faire ça. Je trace un signe de croix de son côté, et je reste silencieux pendant qu’il parle. Une famille qu’il a abandonné. C’est dit d’une voix monocorde, blanche, c’est dit avec quelque chose qui pourrait s’apparenter à du regret, et moi j’écoute, les yeux fermés, ce pauvre hère me raconter la raison de sa venue ici, pourquoi il vient me confier cela. Parce que je suppose que ses parents lui manquent. Qu’il a tout perdu. Et ça me rappelle les miens de parents. Estrella et la cruauté, Pâris et l’amour trop fort qu’il nous portait et qui l’a mené à se pendre dans sa cellule, en m’abandonnant à mon triste sort. Alors j’écoute, parce que c’est important, parce que sa voix teintée d’innocence me donnerait presque envie de sortir pour le serrer dans mes bras. C’est ma première confession, alors que je ne suis même plus baptisé. J’ai honte de mentir comme cela, et c’est un nouvel affront pour ce Dieu qui me tourne le dos. Qu’est-ce qui t’a poussé à abandonner tes parents et pourquoi tu le regrettes maintenant, jeune étranger ? Il termine, la voix presque éteinte, et puis moi je reste silencieux parce que je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne peux lui dire de me réciter trois « pater » parce que pour moi une faute comme celle-ci ne mérite pas une punition mais un pèlerinage, tout simplement. Pour les retrouver. Je suis ému, en fait je crois bien, et dans le genre grand sensible je suis un champion toutes catégories. On m’appelait parfois « la jeune fille » au monastère, parce que je pleurais souvent, tout seul dans mon lit, dans le noir du dortoir. Et les autres entendaient, et je passais pour un idiot. Là je ne sais pas pourquoi je passe. J’ouvre la bouche pour parler.
"Pardonnez moi mon père, parce que j'ai pêché. Je le confesse, j'ai enfoncé un concombre dans le cul de mon chien quand j'avais douze ans, pour voir si il aimait ca. Amen"
…Ah ! d’accord. Je sursaute carrément quand j’entends ça, ça décolle mes fesses du parloir et je me cogne contre un mur en bois, BOUM. Je passe pour un imbécile là, carrément parce que le type de l’autre côté qui aurait pu me faire pleurer, hé bien en fait il se moque de moi. Son ton a changé. Tant mieux parce que quelque part je ne voulais pas porter ton secret, je voudrais juste quitter cet endroit et retourner à ma musique, à ma vie d’ascète et à ma solitude, condamné au vœu de silence quand je suis seul pour ne pas devenir fou, et au vœu de péché lorsque je suis dehors pour ne subir aucune tentation. Et ce que ce type vient de dire…
« …c’est pas drôle »
J’ai l’impression d’être un enfant quand je dis cela, mais c’est vrai c’est pas drôle. Je reprends une contenance en me redressant, en passant une main dans mes cheveux.
« La confession, c’est important pour les gens qui y croient et pour expier des péchés véritables. Si vous n’avez rien fait, cette blague n’était pas drôle. Et si vous avez vraiment fait cela à votre chien, je plains la pauvre bête. Et j’ai le regret de vous annoncer que vous êtes un désaxé. »
Je suis un peu agacé je crois. Voire carrément. J’ai horreur des gens qui se moquent de ma croyance, horreur de ceux qui se fichent de mon Eglise en allant la provoquer en son sein. S’ils veulent en rire, qu’ils le fassent dehors. Ici c’est un lieu sacré. Je pousse un soupir. Ce garçon doit avoir mon âge. Et il n’a pas beaucoup de jugeotte.
« C’est… Vraiment pas drôle. »
|
| | |
| (#) Sujet: Re: Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] Lun 1 Déc - 23:32 | |
| « …Je vous écoute, mon fils. »
Et il écoute, il écoute vraiment, il fait même le signe de croix, ces doigts effleurent le grillage et moi je me dit que ca n'a pas de sens, mais je déballe quand même et lui il ne dit rien. Puis je décide de sortir une énormité. Et là, je suis carrément servi. Il fait un bond sur son siège et j'entend un bruit contre un mur de l'étroite cabine et ca me fait pouffer. Oui oui, pouffer comme un gamin qui vient de faire une sale farce. Parce que je me sens un peu mieux. Le décorum a ca de mauvais qu'il vous met dans le bain et pendant un instant, je me suis laissé aller à livrer des éléments personnels. Et puis ca m'a gêné. Je ne suis pas du genre à confier mes problèmes, simplement parce que je trouve ca terriblement désagréable, quand je m'assois dans un coin tranquille, ou que j'attend un transport et que mamie, papy, la jeune rasta du coin qui est trop copine parce qu'on a des dreads wesh ou le chien du voisin décident de me raconter jeurs petits malheurs et me tiennent la jambe pendant 5 heures. Un peu, ca va, mais trop, c'est chiant, et quand c'est usuel, c'est juste insupportable. C'est une raison suffisante pour changer de ville, rien que ca. Mais voilà, là, je ne m'en prenait pas à un quidam dans la rue. Seulement, je me suis rendu compte en parlant que je ne veux parler de ca à personne. J'ai pensé... Je ne sais pas trop ce que j'ai pensé. Qu'un prêtre est assermenté, qu'il serait obligé de garder le silence, peut être, ou alors que lui, porter la misère humaine sur ses épaules, c'était son boulot. La religion chrétienne forme des égoïstes et des martyrs. Et ce martyr là se remet de ses émotions, pour répondre d'une voix un peu étouffée : « …c’est pas drôle »
MAIS SI. Hé, c'est carrément drôle bonhomme, on allait sortir les violons bientôt, et puis si tu m'avais demandé de réciter la prière au lieu de la fermer on en serait pas là. On en serait pas là parce que j'aurais sans doute récité cette prière de mon cru : "notre père qui est au pieu, que ton nom soit haleté, que la bonne soeur vienne, (parce qu'on doit tous jouir de temps en temps et elle t'aime très fort), et allez tous au ciel, nuages de foutre coeurs et petits zozios. Ameeen. Mais il m'a pas demandé, alors j'ai rien dit. J'en ai une bien bonne sur Marie aussi ! Bon ok, il a pas dû... ATTENDS. Qui répond ca ? Enfin un prêtre, ca répond vraiment ca ? On dirait un gosse qui n'a pas gouté ma plaisanterie, pas le venerable grand père que je pensais débusquer. Je voulais... Je voulais la réaction de surprise, l'horreur, puis la colère, me faire chasser à coups de pieds par un vieux fulminant et bavant, criant "HERETIQUE", un truc du style. Ca ca m'aurait bien fait rire. Et puis je n'avais pas fait attention, mais elle est jeune, cette voix. Il continue, comme ca, sur sa lancée, et moi je me mord un peu les lèvres pour ne pas rire. Et puis je crois que c'est à moi de parler, parce que je sens les ondes négatives qui émanent de la cabine d'a coté, et apparemment, ca attend une réponse. Il redit que ce n'est pas drôle, et moi j'ai encore une fois envie de rire. Ou de dire un truc ignoble pour provoquer mon nouveau compagnon de jeu. Héhéhé. Peut être qu'il se demande à mon silence si je l'ai vraiment fait ou pas. "... Je croyais que le pardon était accordé a ceux qui se repentaient. Qui sait, peut être que je l'ai vraiment fait. Ou peut être que j'ai tout inventé" Tout, ca, mes parents aussi. J'ai tout inventé, c'est mieux, c'est plus simple. Je reste assis, un moment, puis je reprend, un peu plus sérieux.
"La confession est utile, je suppose, pour ceux qui y croient. Mais prier Dieu ne l'a jamais fait débarquer, et j'en ai cramé des bougies. Par contre..."
Je suis sorti du confessionnal et je me suis glissé de l'autre coté de la cloison. Jean et pull élimé. Il doit avoir mon âge. Tiens tiens. Interessant. Je me sentirais... Floué tiens. Parce que je t'ai dit des trucs INTIMES. Vandale. Ca va pas de se faire passer pour le curton ? Bon ok, c'est une idée de GENIE, faudra que j'y pense la prochaine fois, mais d'abord, je dois faire le type qu'on a bafoué, parce que je me sens un peu comme ca, et mon ton il est sans doute accusateur. "Dites moi, vous avez quel âge, mon père ?" Je ne me rend pas compte de ce que ca peut avoir de menacant, le rideau fermé sur nous deux, et moi debout, qui le fixe avec un regard un peu furieux, et très surpris.
Dernière édition par Alcandre Turner le Mar 2 Déc - 0:25, édité 1 fois |
| | |
| (#) Sujet: Re: Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] Lun 1 Déc - 23:56 | |
| Ça pouffe de l’autre côté et moi ça me rendrait presque dingue, ça m’énerve hé, oui, ça m’énerve parce que toi tu te moques de ce que j’ai de plus important au monde, de ce qui a régi ma vie et qui m’a sauvé pendant plus de dix ans. Tu te moques de celui qui m’a envoyé mes frères pour me sortir de la glaise, pour m’emmener dans un monde fait d’oranges, de fleurs d’été et de citrons, de plage près de Séville et de la chaleur du printemps quand il fallait partir à la cueillette et revenir déposer tout cela dans le garde-manger, parce que c’est comme ça qu’on vivait, pour Dieu et pour rien d’autre et les jardins, c’étaient des denrées alimentaires que nous cultivions nous même et pour notre usage personnel. On ne vendait rien, tout ce qu’on nous donnait on le recevait comme un cadeau de Dieu. Nous prenions parfois chez nous quelques pélerins, des voyageurs ou des pauvres, des jeunes qui ne nous aimaient pas parce que Dieu, maintenant c’est ringard, Dieu ça n’a plus aucune valeur. Alors que le Seigneur a fait tellement pour moi, et maintenant j’en suis privé. Non, ce n’est pas drôle parce que ça a une importance pour moi, ce que tu dis, une importance parce que quelque part j’aimerais bien ne pas avoir à écouter cela. Les prières je me les résèrve pour moi-même parce que j’ai chanté, avant, mais j’ai chanté avec mes frères, on était en communion tous ensemble, on s’aimait. Et ils m’ont chassé. Comme un sale type ils m’ont chassé. Du jour au lendemain je n’existait plus, à cause de Stephan. Et toi tu crois pouvoir te moquer de ce que j’ai de plus cher au monde ? Tu as le droit. Mais dehors. Dehors tu peux rire autant que tu le veux. Ici tu dois respecter nos croyances.
"... Je croyais que le pardon était accordé a ceux qui se repentaient. Qui sait, peut être que je l'ai vraiment fait. Ou peut être que j'ai tout inventé" « On pourrait aller loin, de peut-être en peut-être. Seulement une confession est là pour recueillir la vérité. »
Je crois bien que tu m’énerves. Si tu es venu pour mentir cela ne sert à rien de t’attarder, tu peux rentrer chez toi. Parce que j’aimerais sortir d’ici, si le vrai prêtre arrive moi je vais avoir des ennuis, et je n’en veux pas parce que je m’en créé suffisamment comme ça. Allez, va-t-en que je puisse sortir. Vite. Vite vite vite. Mais non, il reprend, sur un ton badin, un ton qui m’exaspère, parce que c’est sérieux. On ne rigole pas avec l’Eglise, tu le sais ça ? Des gens ont essayé dans le passer. Ceux de mon ordre ont cru un jour qu’ils étaient plus puissants que le Pape parce qu’ils avaient la mainmise sur le petit peuple. Ils ont été massacrés au Moyen Age. Alors… Alors essaie de faire preuve d’humilité.
"La confession est utile, je suppose, pour ceux qui y croient. Mais prier Dieu ne l'a jamais fait débarquer, et j'en ai cramé des bougies. Par contre..."
Si tu n’y crois pas, tu n’as rien à faire ici. Mais je n’ai pas vraiment le temps de dire cela que déjà il se lève, et j’entends le bois craquer quand il sort. Soulagement. Il n’a pas fini sa phrase mais il s’en va et c’est un plus pour moi qui vais pouvoir quitter cet endroit et rentrer à la maison pour pouvoir retourner à mon travail acharné, parce qu’il n’y a que cela qui me fait oublier le reste, que cela qui me fait oublier les lettres de Stephan envoyées de Londres, là où il est retourné. Je ne les ai jamais déchirées ces lettres, j’en ai brûlé une. Les autres elles sont dans un tiroir dans mon bureau, soigneusement rangées. Parce que je n’arrive pas à oublier.
Le rideau du confessionnal s’ouvre sous mon regard surpris. En face il y a un jeune homme avec des cheveux étranges, quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant. On dirait qu’il ne se les lave pas, ils sont complètement emmêlés comme de la grosse corde poussant sur son crâne. Il a le regard brillant et il est jeune. Et je sens le garçon qui ne croit à rien de tout ce en quoi je crois, moi. Et il est un peu surpris en me voyant moi, au lieu du stéréotype du curé de cinquante ans avec son gros bide et sa vanne « non je n’ai pas grossi, je rentre encore dans du huit ans. » tu crois qu’on se flagelle toujours aussi ? Je fronce les sourcils parce qu’on est deux dans cet espace réduit qui ne nous appartient pas, cela fait deux de trop.
"Dites moi, vous avez quel âge, mon père ?"
Je me redresse et je le pousse dehors, d’un coup. Voilà. On est tous les deux dans l’église, mais plus dans ce truc en bois et moi ça m’opressait, énormément. Je le détaille un peu ce jeune homme. Il est mince, il a les vêtements un peu comme les miens et l’allure décontractée, un gamin irrévérencieux en somme. Mon authentique antithèse. Je fronce les sourcils.
« Je ne suis pas un prêtre. Je suis… »
Un moine ? Non je n’en suis plus un. Je secoue la tête avec un signe agacé de la main.
« Laissez tomber. Mais la prochaine fois que vous passez par l’église… Inutile de se confesser si on y croit pas. Ça a beaucoup trop de pouvoir pour être moqué. »
Je regarde la bâtisse avec nostalgie. Oui parce que pour certains ça n’a pas d’importance l’Eglise, c’est ridicule. Pour moi c’est ma raison de vivre qui est partie en fumée.
« …Et j’ai vingt huit ans. »
|
| | |
| (#) Sujet: Re: Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] Mar 2 Déc - 0:24 | |
| « On pourrait aller loin, de peut-être en peut-être. Seulement une confession est là pour recueillir la vérité. »
Rolala. Sérieusement ? Ce vieux couplet. Et puis. J'ai dit la vérité. Et j'ai dit une blague, aussi. Jugé et condamné sur une phrase, amen. LA RELIGION C'EST VRAIMENT DE LA MERDE. EH. "Et si je vous disais que c'est ce que j'ai fait ? Hm ? Mais que ca ne m'a apporté aucun soulagement ?" Alors ca sert a quoi ? De toute façon je décrète que c'est de ta faute, parce que t'avais qu'a répondre quelque chose, n'importe quoi, me dire de réciter la prière... ou de me flageller va savoir. Mais t'es resté silencieux. T'aurais surement pu faire semblant de rire ou dire quelque chose, peut être que j'aurais été suffisamment mal à l'aise et que je serais parti, mais non, t'es resté silencieux, forcément, vu que t'es pas prêtre et que tu as aussi peu ta place que moi là dedans. Je détaille tes grands yeux verts. Je me dit que t'as un minois de fille, taillé en pointe comme ca avec tes yeux trop grands. Je vois bien que je t'insupporte, et là pour le coup je te le rend bien. Qu'est ce que tu foutais dans le confessionnal ? HEY. Il me pousse dehors et on se retrouve de nouveau dans l'église. Il m'observe, des pieds à la tête, critique, et je sens qu'il me juge. Et j'ai envie de le cogner, une seconde. Mais ca passe très vite. Lui il continue sa tirade, comme un engueule un môme. Eh. Minute papillon des îles. Faudrait voir à pas pousser mémé dans les orties, vu ? Même si, j'avoue, ca pourrait être carrément drôle. Oui, je suis irreverencieux. En vrai... En vrai je pousserais jamais une mémé dans les orties. Parce que je suis respectueux, mais seulement quand je veux. C'est pour ca que je te répond à voix basse, pour ne pas troubler la quiétude du lieu, et c'est surement étonnant vu ce que j'ai sorti tout à l'heure. Mais je suis un mec étonnant, okay ?
Lui il dit qu'il est pas prêtre et moi j'ai envie de répondre C'EST EN BLAGUE NON JURE. MON DIEU POURTANT TON DEGUISEMENT ETAIT SI PARFAIT MON DIEU MON DIEU EH T'AS VU J'ADORE BLASPHEMER. Mais je répond pas ca.
"...un type qui entre dans le confessional du mauvais coté, parce que vous vous êtes perdu, ou alors un voyeur qui veut recueillir les fonds de placards ? Ne venez pas me chercher des poux pour une histoire de croyance, c'est pas joli-joli non plus ce que vous avez fait." Naméo. "Je voulais faire une farce, personne n'en serait mort, et l'église ou ailleurs, c'est pareil, tant que c'est drôle. Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas se moquer de l'église ? Il faudrait peut être voir à se remettre en question, il n'y a rien qui soit intouchable, ou alors, c'est figé, et ce qui est figé est voué a mourir et disparaitre. Prenez exemple sur le pape qui envoie des textos et ouvrez vous à la discussion, ca vous fera pas de mal. L'obscurantisme, c'est terminé, j'dis ca..." Bon ok, je viens de lui sortir un pamphlet. Je me calme. Et je gromelle. "Bon, j'avais pas PREVU de dire quoi que ce soit d'intime a la base, et j'avoue que le fait que vous ne soyiez pas un prêtre... M'enfin, je suppose qu'on peut dire que je me suis fait attraper à mon propre jeu" et je grimace un sourire. Parce que franchement, cette situation est quand même drôle.
Lui il regarde les lieux et je comprends bien que s'il n'est pas curé, en tout cas, il est croyant, et ca a pas mal d'importance à ses yeux. "qu'est ce que vous faisiez dans le confessional dites ?" Oui vilà, maintenant je suis curieux, monsieur j'ai-28-ans-et-j'aime-pas-qu'on-se-moque-des-curés". Curieux, intrigué, dit ca comme tu veux. Il regarde vers la sortie, et je continue, badin. "j'ai envie de discuter avec vous, vous me devez bien ca, après tout je vous ai confié des choses que vous ne devriez pas savoir" Non mais. "allez quoi. Promis, plus de blagues incluant un chien et un concombre". Je lève les mains en l'air, paumes vides. Et je lui adresse un sourire de sale gosse. Moi j'aime bien sourire. Toi t'as l'air vraiment trop sérieux par contre, et t'as comme des larmes de tristesse collées au coin des yeux. Ca fait un peu des pattes, des ombres discrètes. Plus tard, ca fera des rides, ton visage il va tomber, et tu ressemblera a un de ces vieux chiens plein de plis. Je suis intrigué, parce que tu n'es pas prêtre, mais tu étais assis là dedans, du mauvais coté, et si t'es croyant, je comprends que tu t'es pas trompé de siège. Alors. Alors, d'ou tu viens, c'est quoi ton histoire ? Elle vient d'ou cette voix qui chante ? |
| | |
| (#) Sujet: Re: Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] Mar 2 Déc - 0:54 | |
| Toute cette histoire parce que je me suis trompé de côté en voulant me cacher. J’ai honte de prier aux yeux de tous parce qu’à mon sens, même supplier le pardon je n’ai plus le droit de le faire. Chaque chose a un prix. Et ce qui m’est arrivé, je le paye au pris fort.
Et je crois que je le paye encore quand je l’entends me réciter une tirade sur l’obscurantisme. Toi à l’évidence tu ne sais pas à qui tu parles. L’Eglise, je trempe dedans depuis que je suis tout petit. Mon père n’était pas croyant, ma mère oui à ses heures perdues. Ce fut sans doute un jour où elle était sobre quand elle a choisi de me faire baptiser. Ensuite je n’ai pas fait le catéchisme. Tout cela, c’est arrivé plus tard quand j’ai eu huit ans. Je respecte les anciennes traditions, je respecte mon église. Alors à sa tirade, je n’ai envie de répondre qu’une chose : tu es un idiot, quelqu’un qui ne croit pas, oui, c’est ton droit. Tu as le droit de te moquer aussi, mais pas ici, pas quand ce lieu compte pour des gens. C’est u peu comme si tu pissais sur une pierre tombale. Ce sont des blasphèmes, comme on les appelle. Et ce n’est pas bien, tout simplement pas bien. Parce qu’il y a encore des gens comme moi qui se penchent devant les enluminures anciennes, qui s’extasient à l’entente de chants religieux, qui prient avec ferveur pour que Dieu ne nous oublie pas. Pour qu’il protège nos vies. Les gens comme toi ils disent que ce sont des inepties. Et ils y croient dur comme fer. Je respecte les non croyants, tant qu’ils ne marchent pas sur mes plates-bandes. Je considère aussi que l’erreur est humaine, le pardon divin. De toute évidence, mon erreur à moi était sans doute un peu trop grosse pour que je sois pardonné. Faire ce genre de choses avec une femme, c’était déjà interdit par mon ordre, même avec des Clarisses. Alors avec mon frère d’église ? Non, cela l’était encore plus. Stephan me dit qu’il ne regrette rien. Je n’ai répondu à aucune de ses lettres, même si chacune m’ont fait atrocement pleurer dans le noir. Je fronce les sourcils et je réponds à sa tirade.
« J’ai du mal à voir où c’est drôle de se moquer des gens qui croient. Personne n’a ri ici, en tout cas. »
Même pas toi. Tu t’es retenu. La preuve que c’était nul comme blague, pas vrai ? Je croise les bras, agacé. Il m’énerve avec son sourire de gamin et ses cheveux étranges, son air totalement hors de la réalité et ses piques au sujet de ce que moi, je faisais dans le confessionnal. Ça ne te regarde pas. Je pousse un soupir. Maintenant je vais m’en aller et oublier cette histoire parce que bon, de toute manière je ne le reverrai pas ce garçon, et je n’en ai aucune envie parce qu’il m’a pris à rebrousse-poil. Eh. Tu sais que tu viens de te moquer d’une vie entière, ou tu n’en as pas conscience ?
"qu'est ce que vous faisiez dans le confessional dites ?"
Je regarde vers la sortie. Il faut que je m’en aille parce que je n’ai pas du tout envie de parler de moi. Tu veux que je réponde quoi à ça ? Je tente de filer, mais déjà sa voix me rappelle à l’ordre. Et il n’a pas tord, il me prend pas les sentiments. Parce que je ne peux pas lui refuser ça alors que je n’avais pas la qualification pour prendre sa confession. Bon. Respire mon petit. On y va. Il insiste, et il reparle de sa blague, ça me fait encore plus froncer les sourcils. Gr. Si tu commences comme ça on a pas fini, tu le sais au moins ? Je pousse un soupir.
« Parfait. Suivez-moi. »
Parce que je n’ai pas envie de taper la causette dans l’église, c’est un lieu de recueillement, pas un bar. Et ça ne m’amuse pas du tout d’être accompagné. Je suis tout seul depuis un mois, je n’ai croisé personne, absolument personne. En conséquence un retour parmi les vivants est difficilement tolérable. Je n’en peux plus, moi. J’ai envie d’être tout seul. Mais bon, je réponds à la question.
« J’étais en train de prier. Tout seul, tranquillement. J’ai profité du fait qu’il n’y avait personne. »
Je n’aurais pas pu deviner qu’un cocotier vivant viendrait faire l’idiot et me provoquer en plein milieu d’une séance d’expiation quotidienne. D’ordinaire je fais cela chez moi, mais j’avais besoin de prendre l’air. Je savais parfaitement que ce n’était pas une bonne idée. Et voilà, j’en ai la confirmation. Sauf que je fonctionne pas mal au donnant donnant, moi. J’aime bien savoir un peu ce qu’il se passe dans ta tête, jeune homme, et en l’occurrence ça m’intéresse, cette histoire de famille abandonnée. J’en dis un peu plus histoire d’avoir une réponse complète ensuite, sinon cela ne sert à rien de faire des efforts.
« Je me suis trompé de côté. Là où j’étais avant il n’y avait pas ce genre de confessionnal, c’était une pièce. Elle était faite de manière à ce qu’une personne parle, dans un angle et que le prêtre entende de l’autre côté. Mais si quelqu’un était au milieu, il n’aurait rien pu entendre. »
Une pièce en échos. Magnifique, non ? Il y en a quelques unes dans le monde. Cela me fascinait, de murmurer dans l’angle de la pièce ma confession et de savoir que mon frère l’entendait de l’autre côté. Mais seulement lui.
« …Pourquoi vous avez abandonné votre famille ? »
Tu es un marginal pas vrai ? Raconte-moi.
|
| | |
| (#) Sujet: Re: Je crois qu'en y croyant assez fort, je pourrais m'envoler. [pv Abimael] | |
| |
| | | |
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|