Dur, dur. Réveillée 12h. Mon crâne était comme une marmite en ébullition. Je me redressai dans mon lit, passai une main fatiguée sur mon visage, tentant de le dégager de mes cheveux emmêlés. Aujourd’hui je n’avais rien de prévu. Jour de congé. Autant dans mon emploi du temps d’étudiante que de salarié. Enfin du temps pour moi. Mon regard se posa sur une vieille photo posée sur la commode. Le regard de ma meilleure amie plongée l’image dans une aura bienveillante. Elle avait le don, même en photo, de me remonter le moral. Vite, vite, je détourne les yeux. Déjà je sentais les morsures de mes larmes au coin de mes paupières. Saletées ! Je bondis du lit et fit ma toilette en speed. Il fallait que je sorte, que je prenne l’air. J’enfilai une jupe, un débardeur et un petit gilet par-dessus pour éviter d’avoir trop froid. On était en fin d’Eté et déjà la chaleur faisait ses valises, remballait ses rayons ardents pour nous laisser qu’une brise fraiche d’au revoir.
Malgré tout, le soleil rayonnait dehors. Je sortis telle une furie de mon appartement et tout en marchant je tentais de tresser mes cheveux à l’indienne avant de la terminer sur le côté. J’allumai une clope, bousculai quelques passants qui se mettaient à me huer, avant de déboucher sur Stanford Alley. Je jetai un rapide coup d’œil du côté des brasseries et des bars me disant que ce serait bien de manger un morceau malgré les protestations de mon estomac qui demandait qu’un peu de répit pour se remettre de la soirée d’hier. Oh et puis je prendrais une glace dans le parc ça sera toujours mieux que rien. De toute façon j’ai toujours été plus sucré que salé.

Vagabondant dans les allées, ma glace à la main, je me demandai ce que je pourrai bien faire. Tous ces couples me donnaient envie de gerber. Quand deux chinois m’abordent pour les prendre en photo je n’avais qu’une seule pensée ‘faudra surement la retouchée vu vos gueules, même un pro ne pourrait pas vous arrangez,…’ malgré tout je leur offris mon plus beau sourire, fit cette satanée photo, m’efforce de discuter avec eux comme si j’étais ultra intéressée par leur culture à deux balles et je repartis. Vous pensez peut-être que je suis la personne la plus immonde de ce bas monde mais détrompez-vous j’ai connu pire. Tous ces gens sont que des cons, des lâches. Ils ferment les yeux en cas de problème. Je ne fais que leur rendre la pareille. Un jour peut-être, ma colère sera apaisée, aujourd’hui je hurle  vengeance.

Soudain mon regard tomba sur le beau brun du restau’. Je m’arrêtai. Me souviens. A la base j’étais sincèrement parti pour faire comme à mon habitude. Amadouer, aguicher et puis une fois bien accrochée, le briser. Puis bizarrement, j’éprouvais de la sympathie pour ce garçon. Ce Victor. Un peu frustre. Trop frustre. J’avais l’envie de l’aider. Histoire de faire une bonne action pour une fois. Je remontais dans mon estime. Une chose est sûre, c’est que la mission que je m’étais donnée, c’est-à-dire qu’il arrête de broyer du noir, semblait loin d’être terminé. « Hey ! ». Fis-je en m’approchant avec un petit signe de la main. Je m’assois à ses côtés. « Si ce n’était pas toi je me serais ‘en voilà un qui a trop forcé sur les verres hier’ mais là pour le coup, je ne vois pas trop la raison de ce si grand mal de tête que tu sembles avoir ! » Je luis souris, toujours aussi rayonnante.