HERE'S TO TEENAGE MEMORIES
holding on to nothing’s easier than letting go

« généralement, quand on demande à quelqu'un de raconter son histoire, cette personne a quelque chose d'intéressant, voire de plutôt cool à raconter. elle vous racontera à quel point elle était populaire à l'école, elle parlera de ses amis d'enfance dont elle se souvient pourtant à peine, elle dira sûrement même comment elle a réussi à inviter le gars de ses rêves au bal des finissants, puis quelques années plus tard, elle racontera le jour où elle s'est mariée avec l'« homme de sa vie », comment elle a réussi à avoir le job de ses rêves...

moi, j'ai rien de tout ça à raconter. mes amis d'enfance, je pouvais pas réellement appeler ça des amis, il y avait juste quelques personnes à qui je parlais de temps en temps et ça s'arrêtait là. la popularité, je pouvais toujours rêver. le bal des finissants, je voulais même pas y aller à la base mais mes amies de l'internat m'y ont limite traînée.

j'ai beau être riche, je ne suis pas du genre à me penser spéciale et même géniale, parce que je sais parfaitement que je ne le suis pas. j'ai pas eu la plus belle des enfances, mais elle n'était pas non plus horrible. j'avais ce que je voulais, mais pas ce dont j'avais besoin. on m'offrait des jouets, des vêtements de grandes marques, alors que j'avais surtout besoin de l'attention de mes parents. dommage pour moi, car ils voyageaient trop pour ça.

puis je suis arrivée au collège et là, les autres ont commencé à m'éviter. j'avais commencé à tenter de trouver des excuses aux autres, j'ai même essayé de mettre ça sur le compte de la timidité, mais je savais très bien au fond de moi que c'était pas ça. ils m'avaient juste exclue, tout simplement.

sérieusement, une fois arrivée au lycée, j'ai découvert que la méthode d'exclusion sociale des collégiens est beaucoup plus « calme » on va dire, et moins mesquine que la méthode lycéenne. parce que là, ça allait plus loin que ce que j'imaginais. on me courrait après jusque dans les cabines des toilettes et, quand j'avais le temps de m'enfermer, j'étais obligée de rester presque une heure voire plus avant qu'elles abandonnent. elles m'insultaient à longueur de journée, me jetaient littéralement par terre. et moi, je ne faisais rien. je ne répondais pas, il n'y avait même pas une larme qui coulait. pour ça, j'étais le soir, quand j'étais seule dans ma chambre.

pourtant, je ne les ai pas dénoncées. je ne l'ai jamais fait. c'est une fille aux bonnes valeurs qui se trouvait dans ma classe qui en a parlé au principal. celui-ci a appelé mes parents et leur décision était déjà décidée. je ne resterai pas dans cet établissement.

ils ont donc entendu parler d'un internat tout près de white oak station, alors ils m'ont inscrite là-bas. et une fois arrivée dans l'internat, j'ai un peu suivi la métaphore de la chenille qui est sorti de son cocon pour devenir un papillon. j'ai totalement changé de style capillaire et vestimentaire, puis j'ai changé mon prénom pour couper tout lien avec mon « ancienne vie ». ensuite, j'ai eu la stupidité de penser que, non seulement mon physique avait été le soucis de ma non-intégration dans la société, mais que ma façon entière d'être l'était aussi. alors quand j'ai réussi à m'intégrer dans un groupe de filles assez sympas aux premiers abords, j'ai eu comme le réflexe de me forcer à adopter le même comportement que le leur : moqueuses envers les autres, parfois hautaines et superficielles. et tout ça, juste pour me faire accepter. mais au fond, j'étais toujours la petite et fragile ashley. je me cachais juste derrière la carrure d'halsey. c'était comme si j'étais dans un film ;  je jouais un rôle qui n'était pas moi.

ce petit jeu a pourtant duré pendant des années et continue encore aujourd'hui car, même maintenant que je suis à l'université, je suis encore avec les mêmes amies qu'à l'internat. on traînait souvent ensemble, jusqu'à l'éclatement de la bande. apparemment, je ne suis pas la seule menteuse du groupe. nina, la seule qui sait à propos de mon passé, avait menti sur toute la ligne. d'après les autres, je n'étais pas la seule à qui nina avait confié un « secret », et je m'étais donc faite avoir et pas qu'un peu. pourtant, je comprends parfaitement les motivations de nina ; à l'internat, c'était soit écraser, soit se faire écraser. et nous avons toutes les deux choisi la même option. je ne vais pas mentir : je n'encourage pas ce que nina a fait. raconter un soit-disant gros secret pour que les filles et moi confions un des notres aussi, c'est pas la chose à faire. surtout que je lui ai dit un passage assez sombre de ma vie et qu'en retour, j'ai eu le droit à une histoire bidon sur un sujet sur lequel je suis quand même assez sensible. elle m'avait quand même raconté qu'elle avait eu un cancer quand elle était petite, qu'elle avait guéri mais que ça risquait de récidiver. cependant, je suis une amie loyale. je soutiens nina, mais je ne lâcherai pas les autres filles de la bande. j'ai beau devoir être quelqu'un d'autre avec elle, je les apprécie beaucoup et je ne veux pas les perdre.

j'ai toujours pensé être problématique comme fille. cependant, je sais maintenant que le problème, ça n'a jamais été ma personnalité, ni mon physique. ce sont les gens. la société est le problème. mais le truc, c'est que la société, j'ose pas lui faire face, alors la vraie moi est cachée dans l'ombre d'halsey. »

– par notashley de tumblr, publié le 03/12/2015.

Je ne connaissais pas non plus Nina, mais elle est toute mignonne.
J'aime le pseudo et ton titre, et surtout le début de ta fiche. J'ai hâte d'en découvrir plus sur ton personnage.
Bienvenue parmi nous en tout cas.