Adepte de la mal bouffe et de la restauration rapide en tout genre, Orchid n'était pas un grand fanatique de sport. Et il faut dire que les clopes accumulées à une mauvaise alimentation ça ne faisait pas bon ménage. Et je ne cite même pas les joints. Pourtant, depuis une semaine, un élan de bonne conscience l'avait frappé. Lui même ignorait d'où toute cette motivation provenait. Il avait établi une théorie sur le fait qu'il avait juste besoin d'évacuer par rapport à ses histoires vis à vis de son ex, et de son meilleur ami. C'était la seule réponse à peu près logique au fait qu'Orchid était, à ce moment même, en train d'essayer (j'ai bien dit essayer) de courir. Mais, pour vous dire la vérité, le tableau n'était pas beau à voir. D'habitude, un mec qui court c'est sexy, et puis ça ne paraît pas être si difficile de faire un jogging.
Horreur, malheur ! Pour le tatoué c'était tout autre chose et il était bien loin d'imaginer que ça allait être aussi catastrophique : il était rouge écrevisse, de la sueur dégoulinait de son front, et il était à moitié en train de cracher ses poumons. Le pire dans tout ça, c'était que ça ne faisait que dix petites minutes qu'il courait, et que la seule chose à laquelle il pensait, c'était à un poulet rôti.

Depuis mon arrivée au Canada, j'avais pris l'habitude de m'aérer la tête en allant courir au parc, vous allez me dire, rien d'étrange quand le sport est ton métier. Mais le fait de m'entraîner seule me faisait du bien, je n'ai pas la même pression que quand je suis avec mes coéquipières. J'ai toujours aimé le sport, c'est quelque chose qui est entré très rapidement dans ma vie, cela me permettait de rester calme, de me canaliser en quelques sortes. Alors, c'est avec joie que je suis là aujourd'hui, en tenue d'entrainement en train d'arpenter les allées du parc sur un tempo assez élevé. Il fait beau et il est bon de sortir, ou pour mon cas il est agréable de courir. Le parc commence un peu à se remplir, alors de temps en temps je dois faire attention aux gens qui traversent. Après plusieurs minutes de course, je décide de m'arrêter un peu, je me décale vers un banc et commence à étirer mes membres inférieurs. Étant de nature très curieuse, je scrute tout ce qui se passe autour de moi, je cherche à comprendre ce qui se passe pour ces gens qui sont ici. Mon regard se pose sur un jeune homme avec plein de tatouage. Son sport matinal à l'air très compliqué pour lui. Ce qui me fait dire ça ? La couleur de son visage. Un large sourire se dessine sur mon visage.

Pendant qu’Orchid reprenait péniblement son souffle, des tas de gens le dépassaient en courant. Cela paraissait si facile pour eux, pourquoi lui galérait autant ? La vie est parfois injuste. Il releva la tête, une jolie blonde le dépassa au même instant et elle ralentit son rythme pour s’arrêter au banc qui se trouvait à quelques mètres devant elle. Le corps plié, les mains posé sur ses cuisses, Orchid souffla encore un moment. Il serait bientôt prêt à repartir. Et cette fois rien ne l’empêcherait de terminer sa course, il se le promit.
La jeune femme tourna la tête dans sa direction pour l’observer et lui adressa un large sourire. Il lui rendit instantanément et commença doucement à se remettre à courir.
Arrivé à sa hauteur, il ne la quitta pas des yeux. Et sans qu’il n’y comprenne rien, il se retrouva à terre avec une terrible douleur à la cheville. Le pauvre homme se l’était tordu en trébuchant sur un gros caillou qui trainait au milieu du chemin. En même temps, on ne peut pas avoir les yeux partout.. Le jeune tatoué lâcha un léger cri de douleur, oubliant presque la présence de la jeune blonde.

Un pied au sol et l’autre sur le dossier du banc, je mettais en action les exercices que nous avait montrés notre préparateur physique à l’entrainement. Le jeune homme que je regardais depuis tout à l’heure venait de tomber à quelques mètres de moi, aussitôt je me précipitais vers lui pour lui apporter mon aide. « Vous allez bien ? » Question un peu bête quand on le regarde, mais elle était sortie automatiquement de ma bouche. « Je vais vous aider et on va aller vous asseoir sur le banc, ok ? » Je n’étais pas médecin, mais les blessures lors de la pratique sportive je connaissais, alors autant jeter un coup d’œil et voir si c’est grave ou non. Il se relevait grâce à son autre pied et je me glissais sous son bras, afin de le soutenir. Doucement, on arrivait au banc, je le déposais dessus et le regardais avec un léger sourire. « Je ne suis pas médecin, mais je peux regarder si vous voulez ! Dans tous les cas, il faudra de la glace et ce n’est pas ici que vous allez en trouver ».