Finalement, contre toute attente, une étrange amitié s’était glissée dans le quotidien d’Annabeth et de Samuel. Ils se voyaient régulièrement, déliraient ensemble au cours d’un hamburger n’ayant strictement rien de diététique, se mesuraient l’un à l’autre au cours d’une longue partie de basket, allaient même courir ensemble… bref, la jolie anglaise se sentait bien moins seule depuis quelques semaines, et était fière de pouvoir se dire qu’elle s’était trouvé un nouveau partenaire de conneries qui ne risquait pas de la fuir au bout de trente secondes. Au contraire, Sam ne semblait pas déprécier son tempérament fou et se lâchait même de plus en plus en sa présence… que demande le peuple ? De l’amour bien sûr ! Voilà pourquoi elle se pointait chez lui en cette fin d’après-midi, un sourire franc sur les lèvres, bien décidée à lui annoncer une nouvelle de la plus haute importance, au point de lui taper une bise sur chaque joue dès qu’il eut ouvert la porte de son humble demeure et l’eut invitée à entrer. « J’espère que ce soir tu n’as rien de prévu amigo parce que toi et moi, on sort ! » déclara-t-elle une bouteille de champagne à la main, bien que celui-ci ne puisse pas être considéré comme un grand cru cela ne faisait rien : seule l’intention comptait. « Figure-toi que j’ai rencontré quelqu’un !! » poursuivit-elle sans que son sourire ne diminue d’un pouce, Anna pensant que pour une fois, les emmerdes se reposaient et lui foutaient une paix royale pour lui offrir des bonheurs colossaux et tellement désirés depuis des années : un ami d’un côté, un boyfriend de l’autre. Une fois encore, que demande le peuple ! « Voilà pourquoi je suis venue sabrer le champ’ avec toi… c’est un chirurgien et j’aimerais beaucoup que tu le rencontres donc j’ai prévu que l’on aille tous les trois au restau et pourquoi pas, après, on pourrait peut-être se faire un petit ciné ? S’teuplaaaaait c’est important pour moi et je voudrais vraiment que tu fasses sa connaissance ! Tu vas te mettre une chemise sympa sur le dos et direct je t’embarque, comme ça, tu ne te défileras pas parce que je te connais comme si je t’avais fait Sammy ! » Même si en attendant, elle était partie chercher deux flûtes dans ses placards avant d’ouvrir la bouteille : ils avaient largement le temps de trinquer avant de partir après tout ! Même si Anna avait déjà revêtit une jolie robe et qu’elle était fin prête pour sortir de son côté...

Le téléphone sonna, la sonnette de ma maison également mais je fis le mort jusqu’en début de soirée car je n’avais aucune mais alors aucune envie de me lever. J’étais bien sous la couette mais surtout, j’avais passé toute la nuit à écrire quelques pages du chapitre un de mon deuxième roman. Je reprenais peu à peu contact avec ma muse qui s’était fait la malle en cachette et je n’étais pas peu fier de mes écrits. Bon soyons honnête, j’avais écrit trois pages mais les boulettes de papiers ici et là autour de ma chaise de bureau témoignaient que le combat avait été rude avant d’écrire quelque chose que je jugeais de convenable. Il faut dire que j’étais un brin exigeant avec moi-même, un trait de caractère qui me posait souvent problème car je ne supportais pas l’échec. Néanmoins, la vie humaine se devait de reprendre ses droits, me forçant à me lever pour combler mes besoins primaires à savoir : douche, toilettes, frigo autant dire que je n’étais vraiment pas préparer à avoir de la visite mais en même temps, Annabeth était rodée de me retrouver en robe de chambre à pas d’heure. « Attends vas-y molo, je viens de me lever » grognant comme à chaque fois qu’on me parlait avant que je n’avale un café bien serré mais mon cerveau imprima à retardement cette nouvelle. « Comment ça t’a quelqu’un ? » la questionnais-je avec un soupçon de reproche dans la voix. Je n’étais pas d’accord, nous deux, c’était un peu nous contre le reste du monde et pour une fois que j’avais trouvé une amie fille, je n’avais pas furieusement envie de la partager avec un crétin de chirurgien. « Attends, tu es en train de me demander de jouer les chaperons pour que je te dise s’il vaut le coup que tu le mettes dans ton lit ? La réponse est non d’office. Personne ne te mérite mon petit caramel » la taquinais-je avec un sourire séducteur –qui peinait à être très efficace vu que j’avais les cheveux totalement ébouriffés et la gueule pour le moins vaseuse ; « Sauf moi, il va de soi » haussais-je les épaules car après tout, j’étais le meilleur à des kilomètres à la ronde dans cette fichue ville. « J’espère qu’il paie le restau ton chirurgien ! » marmonnais-je tout en grimpant à l’étage pour me changer et me préparer. Je redescendais quinze minutes plus tard, au top de ma forme et de ma séduction. « N’empêche, c’est dégueulasse, y a pas un mannequin de Victoria Secret dans les parages, comment veux-tu que je devienne pas anorexique du sexe dans cette bourgade » râlais-je pour la forme avant de prendre une des flutes et de glisser un bras autour de sa taille pour la ramener brusquement vers moi, contre mon torse. « J’ai même pas eu mon beusou… Tu vois, tu es à peine casée que tu négliges notre amitié… monde cruel ! » boudais-je.

Anna éclata de rire à plusieurs reprises, commençant à connaître les réactions potentielles de son écrivain unique et préféré qui ne manquèrent pas de fuser dans tous les sens. Mais quelque part, cela la flattait à un point qu’elle ne saurait dire car cela prouvait que Samuel tenait un minimum à elle et à leur amitié, sans quoi il ne sortirait pas les crocs de cette manière sous le fallacieux prétexte que personne ne la mériterait jamais à part lui. « Techniquement parlant, pour la partie de Monopoly à faire sauter la banque, c’est déjà fait… que veux-tu, je suis une femme avec des besoins ! Ceci dit je suis certaine qu’il y aura forcément un mannequin qui va finir par capturer ton petit œil mon Marsupilami, mais encore faut-il que tu sortes pour ça DONC, on va faire d’une pierre deux coups ce soir, tu as vu comment on est balèzes ? » fanfaronna-t-elle avant de ne s’esclaffer à nouveau car Samuel lui réclamait leur rituel : à savoir son bisou. Autant dire que la jolie anglaise ne se priva pas pour attendre qu’il n’ait enfilé quelque chose de plus seyant avant de s’approcher de lui pour déposer un frêle baiser contre ses lèvres. Depuis qu’ils avaient fait connaissance et que le masque était tombé entre eux, ils avaient énormément de gestes très tactiles, d’habitudes même, et l’embrasser contre ses lèvres ne choquait aucunement Anna, même s’il n’y avait rien qu’une indescriptible tendresse entre eux. Elle voulait son bien, son bonheur au même titre qu’il semblait vouloir le sien. « Voilà, tu n’es plus négligé ! Et je ne sais pas si Mark va payer mais au pire, je t’invite pour te remercier de faire le déplacement juste pour me faire plaisir… ça te vas comme échange de bon procédé ? » Le problème, c’est que le chirurgien, bien que possédant une vie incroyablement aisée, s’avérait être incroyablement radin. Anna l’avait déjà remarqué lors de leurs sorties précédentes puisqu’elle s’était faite avoir à chaque fois, payant chaque addition comme la bonne poire qu’elle savait si bien être. Si Mina était dans les parages, pour sûr, elle l’aurait secouée vivement mais en attendant, la jolie anglaise conduisait Samuel jusqu’au restaurant choisi, ayant autant hâte d’arriver que si elle était une petite fille un matin de Noël. Ce à quoi elle ne s’attendait pas, c’est que Mark en fasse des tonnes, empoignant vivement son fessier musclé pour l’embrasser de façon provocante. Cherchait-il à marquer son territoire ? En tout cas, même Anna en fut gênée et mit quelques secondes avant de reprendre son souffle. « Mark, voici Samuel dont je t’ai tant parlé, et Sam, voici Mark ! »

« Oh dear mon petit caramel, tu devrais te montrer plus prudente avec la gente masculine. Je ne suis peut-être pas gay mais je peux toujours te dire si un mec vaut le coup ou non ! Tu sais, on dit toujours qu’un homme généreux sera toujours un très bon amant au lit… Il est du genre radin ton casseur de banque de mes couilles ? » grommelais-je sans trop savoir pourquoi ça m’énervait que cet homme ait pu coucher avec mon petit bonbon au miel. Je ne sais pas, peut-être tout simplement que je voulais conserver cette amie rien que pour moi. Je sentais que je devenais possessif envers Annabeth mais c’était plus fort que moi, c’était ma première amie de sexe opposé et bêtement, je m’étais dit que nous deux, ça serait ainsi jusqu’à la nuit des temps alors apprendre qu’un mec appelé Mark –beurk ; couchait avec elle, c’était comme apprendre que le père Noël se tapait les petits lutins bossant pour lui. « Mouais mais ici, il y a plein d’1kg5… Elles vont toutes me demander une relation sérieuse, je vais avoir des boutons… Regarde, rien que d’en parler, j’ai des plaques sur le cou » me lamentais-je sur mon eczéma invisible et inexistant. J’aimais bien pratiquer l’autodérision, ce n’était ni nouveau, ni en passe de changer même si j'appréciais à sa juste valeur le baiser qu’elle m’accorda. C’est que je tenais à notre petite tradition. « Hors de question que tu m’invites femme en chocolat ! Je suis l’homme, je paie et puis, je suis sûr que j’ai une plus belle carte gold que lui » marmonnais-je non sans lui retourner son baiser avant d’aller enfiler une veste noire allant parfaitement avec mon costume qui me conférait cette allure décontractée mais aussi séductrice. Ma foi, j’avais un standing à respecter toussa toussa.

Par l’amour de dieu, il allait lui enfoncer la langue dans le cerveau en l’embrassant de la sorte. Pour le coup, je me raclais un peu la gorge hésitant entre être peiné pour elle ou écœuré d’assister à un tel spectacle. Ce type n’avait définitivement aucune classe. « Enchanté Mark… Vous devriez peut-être vérifier une nouvelle fois si elle a encore ses amygdales, je n’en suis plus certain maintenant » lâchais-je avec une ironie mordante mais l’homme en sourit, comme si je venais de faire une blague que seul un mec peut comprendre. Je lançais un regard à Annabeth du style : pitié, me dis pas que tu sors avec cette chose ?! J’avais l’impression d’être en face du teckel de ma vieille tante Sofia –le côté baveux, à s’exciter contre un mollet. « Tu l’as déniché où ton mec ? J’ai cru qu’il avait pas vu une nana depuis des siècles pour te fourager sa langue dans ta bouche de cette manière » murmurais-je à mon amie tandis que son « homme » nous annonçait à un serveur.

« Mais tu vas te trouver ta perle rare, désespère pas chou ! Tu peux toujours te dire que de toute façon, tu auras toujours une plus belle carte gold que lui » ironisa Anna avant de ne lui mettre une petite tape aux fesses. « En scelle cowboy ! » conclut-elle avant de ne subir quelque chose qui pouvait s’apparenter à la scène la plus humiliante de sa vie. La jolie anglaise pensait, naïvement sans doute, que Mark allait lui offrir un tout petit baiser juste effectué dans le but de la saluer comme il se devait mais non, il fallait à tout prix qu’il marque son territoire, prouve qu’il avait un sac à bonbons des plus fournis et savait s’en servir… Anna était catastrophée. Ce genre de comportement néandertalien lui collait de l’urticaire, du vrai, du pur, du tatoué ! Tant et si bien qu’elle demeura légèrement en retrait de peur qu’il ne recommence, essayant de sourire à la plaisanterie de Samuel qui ne devait pas en être une mais tout en riant jaune. A vrai dire, elle était plus gênée qu’autre chose et aurait hautement préféré que son chirurgien s’abstienne de ce genre de marque d’affection si évidente… « Je ne sais pas, je suis en train de me poser la question » avoua-t-elle non sans effectuer une petite grimace, qu’elle transforma en sourire dès que Mark eut la mauvaise idée de se retourner pour mieux soupirer par la suite lorsqu’il fit à nouveau face au responsable de l’accueil. Bordel, Anna avait une folle envie de s’enterrer sous terre jusqu’à crever de faim et de soif tant elle ne savait plus où se mettre. « Pourtant je te jure, je ne suis pas mauvaise pour… faire péter la banque, il ne peut pas se plaindre, du moins je ne pense pas ! Mais en voyant ça, j’en viens même à en douter je dois dire » se lamenta-t-elle légèrement avant d’être conduite ainsi que Samuel à la table réservée. Anna s’attendait à ce que Mark fasse preuve d’un minimum de galanterie mais non, il s’assit en premier, la laissant soigneusement se démerder. Aucune classe, et pire, il se racla la gorge à plusieurs reprises, manquant d’arracher un haut le cœur à la brunette. « Alors mon pote, Nana m’a dit que tu donnais dans l’écriture ? C’est pas un métier pour gay ça ? Bah, avec ta belle gueule, tu dois avoir du succès des deux côtés ! » lança-t-il d’une voix grasse et grivoise, arrachant deux yeux exorbités à la demoiselle. « Pas de « Nana » pitié, je m’appelle Annabeth, tu te démerdes comme tu veux mais tu me vires ce surnom pourri et puis Sam est grand écrivain, il est très doué et je ne vois pas le rapport avec sa sexualité. »

Je voulais bien que mon comportement soit légèrement dicté par une plausible jalousie car après tout, Annabeth était mon amie à moi et rien qu’à moi mais franchement, ce type était un connard de plus grande espèce et elle voulait sincèrement que je reste stoïque en face de cette chose ? C’était pire qu’une torture et je savais d’ors et déjà que cet homme serait un des sbires du méchant de mon histoire rien que pour pouvoir le tuer à petit feu, le torturer etc. Oui, ça serait un parfait défouloir. « Sérieusement, tu étais ivre ou tout simplement sexuellement en manque pour avoir osé ce sacrilège ? Pitié, la prochaine fois, viens me voir, on gagnera du temps tous les deux » marmonnais-je tout en lançant un grand sourire des plus hypocrites à son compagnon. Annabeth était une femme intelligente pourtant, elle ne pouvait pas s’être fourvoyée autant avec cet homme ?! Apparemment si ! Le comble fut quand il prit la parole, me forçant à mettre à rude épreuve mon self-control pour éviter de lui planter ma fourchette entre les deux yeux. « Comme l’a si gentiment dit Annabeth, je suis écrivain mais aussi journaliste pour le New York Times mais quelque chose me dit que vous devez être de ces lecteurs qui ne lisent qu’aux toilettes et encore des BDs. Je ne pense pas que vous êtes un de mes lecteurs, il n’y a pas d’image dans mes livres » rétorquais-je avant de tout simplement jouer le jeu pour me foutre de sa tronche. « Mais effectivement, je suis le meilleur ami gay d’Annabeth… » et là, il me fallait réellement tout mon contrôle pour ne pas éclater de rire surtout que je remis une mèche de cheveux de mon amie derrière son oreille, dans un geste plein de tendresse. « Je pensais que tu lui avais dit pour nos parties de pyjama à regarder des films à l’eau de rose mon petit caramel » susurrais-je en sur-jouant mon rôle, montrant par la même occasion que contrairement à lui, j’avais le droit d’user de petit surnom. D’ailleurs, je ne me gênais nullement pour mettre une main sur le genou de mon petit bonbon, dans un geste purement inconscient, une simple habitude en soi.

« Et donc, vous êtes chirurgien, ça doit être un métier très dur… enfin pas aussi dur que celui d’Annabeth, ce n’est pas tous les jours que l’on fréquente une femme flic… personnellement, ce que j’aime le plus chez Annabeth, c’est sa force de caractère, pas vous ? » tentais-je de me montrer civilisé et lancer la conversation histoire de dire que j’aurais au moins fait un petit effort. Toutefois, Annabeth avait intérêt à me faire ses meilleures lasagnes pour se faire pardonner de ce rendez-vous qui faisait passer l’enfer pour une cours de récréation de maternelle.

« Je crois que j’en avais ras le bol d’être seule… mais un peu trop ras le bol il faut croire ! Je suis un cas désespéré à ton avis ? » soupira-t-elle pour sa défense car justement, Anna n’aurait jamais fait d’avances à Samuel. Pas que cela ne lui aurait pas plu, après tout son sirop à la grenadine avait oublié de ne pas être atrocement séduisant mais elle tenait bien trop à leur amitié pour la gâcher avec une pulsion animale et incontrôlable… autant dire qu’elle salua ô combien sa patience et son self control car à sa place, il n’était pas dit que la jolie anglaise ne lui aurait pas planté sa fourchette dans la cuisse histoire de voir s’il y avait pénétration aisée ou si ses muscles étaient aussi durs qu’il le prétendait. « Mais je lis des livres sans images ! Mais entre vous et moi… z’êtes pas scientifique donc c’est évident que cela ne m’intéressera pas ! Je laisse les petites historiettes à ma petite femme, je suis sûre que ça la passionne vu qu’elle a pléthore de temps pour lire ce genre de conneries. » En prime, la condescendance dont il faisait preuve à l’égard d’Anna lui donnait envie de mordre. D’un côté, elle voulait croire que Mark n’agissait ainsi que par pur élan masculin face à un homme des plus séduisants, et donc représentant une menace potentielle pour lui, mais d’un autre, force est de constater qu’il se comportait comme un goujat de la pire espèce et qu’au lieu de rentrer physiquement en contact avec lui ne serait-ce que pour lui caresser la main… c’est celle de Samuel qu’elle serra alors que celui-ci l’avait laissée échouer contre sa cuisse. Comme quoi, il n’y avait pas que son self control à lui qui venait d’être mis à rude épreuve, celui d’Anna l’était tout autant, bien qu’elle doive admettre que les paroles de son meilleur ami lui arrachèrent un éclat de rire des plus francs : mais il n’y avait que l’américain pour se rendre compte que ce n’était absolument pas feint, vu que lui la connaissait. « En même temps nos soirées pyjama sont censées être un secret, mon sucre d’orge ! Je n’ai pas envie de dévoiler à quel point tes massages sont délicieux et combien tu fais divinement bien des cupcakes tout rose… un délice ! » Anna lui fit un clin d’œil totalement entendu, jouant le jeu à fond non sans se rendre compte qu’ils s’avéraient être deux acteurs des plus talentueux, à croire que ce soit littéralement dans leurs gènes !

« Bah, sauver des vies, c’est passionnant comme métier vous savez… voir la gratitude d’autrui dans son regard c’est… indescriptible. Mais je suis sans arrêt au cœur de l’action vous savez, j’ai fais des pieds et des mains pour être ici ce soir, et ça va vouloir dire que je vais devoir enchaîner trois gardes d’à filée ! Je ne m’imagine pas rester très longtemps loin de mes patients… » A nouveau, Anna serra la main de Samuel car autant l’écrivain lui avait fait un magnifique compliment, autant Mark ne parlait que de lui, de son travail, de ce qu’il représentait pour lui. Il n’y avait aucune place pour quelqu’un d’autre, bien que le pompon fut évidemment au moment de commander… « Vous mettrez juste une salade pour ma petite femme, il ne faudrait pas qu’elle prenne trop de poids ! » « Hein ?! Non mais tu déconnes dans la choucroute là ! Nan, nan ! Je vais prendre une pièce de bœuf, avec des frites, de la sauce à l’échalote et… mettez-moi votre meilleure vin rouge en accompagnement. » Anna lui tira la langue avec suffisance, n’ayant pas l’intention de se la jouer anorexique sur le retour, plutôt crever ! « Tu vas ressembler à une dinde et je te préviens, j’te touche pas si t’as la moindre cellulite, tu prendras rendez-vous avec un collègue chirurgien esthétique ! »

« J’ai le droit de répondre oui ? » lui demandais-je avec une grimace car plus j’observais ce Mark et plus je me demandais ce qu’elle avait pu lui trouver. Non sérieusement, cet homme était tout ce que je détestais chez un mec car même moi, je n’étais pas aussi égocentrique que lui et pourtant, j’en tenais une couche. Où était la séduction ? Le jeu ? Bref, où était le plaisir de la conquête ? A l’écouter, à le voir évoluer, on pouvait tout simplement croire qu’il avait trouvé une bonbonne pour faire la popote à monsieur quand celui-ci daignerait rentrer à la maison. J’étais macho et je n’en m’étais jamais caché –pour preuve, Annabeth râlait souvent quand je faisais certaine remarque concernant ma vision d’une femme ; mais cette dernière commençait doucement mais sûrement à me faire changer d’avis sur la question. J’apprenais à son contact, je me transformais. Je n’allais pas jusqu’à dire qu’elle faisait de moi un homme meilleur mais disons que je devenais peu à peu, un enfoiré social. « Oh oui.. Elle a tellement de temps ! » repris-je avec une ironie en lançant un regard à ma complice genre : la prochaine, deviens lesbienne au lieu de te taper ce genre de phénomène. En plus, il m’agaçait prodigieusement avec ses : ma petite femme. Bon sang, ce n’était pas la sienne mais la mienne enfin façon de parler. Je fus quand même récompensé par un joli éclat de rire qui me fit serrer sa main dans la mienne, entrelaçant nos doigts non sans les porter à mes lèvres pour y déposer un baiser en bon gentleman que j’étais. Cet homme devait être aveugle, je tripotais Annabeth devant lui mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid à croire qu’il avait vraiment cru à cette histoire d’homosexualité. Sérieusement, s’il avait vent de mon tableau de chasse, sûrement m’arracherait-il sa main. « Oh oui, tu les aimes mes cakes tout rose hein ?! » rigolais-je après avoir pris ce ton des plus pervers comme si, il y avait un sens caché à ma phrase. Je glissais un bras d’ailleurs autour de ses épaules, profitant que nous étions sur une banquette sans pour autant lâcher sa main –j’intervertissais simplement mes mains ; « Quel fabuleux métier, je suis baba » soufflais-je comme si j’étais sincèrement admiratif. Pitié, que quelqu’un trouve la pile arrêtant cette pipelette… Finalement, ce dîner virait vaudeville sans même le vouloir ni même que le principal intéressé ne comprenne les tenants et aboutissants de toute cette histoire. « Oh malheur… et dire que tu te moquais de moi parce que je ne fréquente que des mannequins » murmurais-je avant de reprendre d’une voix plus intelligible. « Pas besoin de chirurgie esthétique, elle est parfaite comme elle est et puis, promis, je lui ferais faire tout le sport dont elle a besoin pour éliminer les calories, d’ailleurs, je connais un sport très efficace… » m’exclamais-je sans même avoir conscience que mon regard s’était fait un brin plus séducteur, sérieux et surtout désireux alors que je posais mes yeux sur elle. C’était un peu comme une promesse bien plus sensuelle que je lui adressais et ça, sans même m’en rendre compte, rendant l’ambiance bien plus électrique entre nous deux. « Je prendrais la même chose que cette jeune femme » informais-je le serveur avant d’essayer de me concentrer sur Mark. « Et sinon, vous voyez la vie de quelle manière ? »

Quiconque faisait la connaissance du duo Samuel/Anna ne pouvait que se rendre compte de leur extraordinaire complicité, à moins de n’avoir eu les yeux crevés au préalable. Il persistait une sorte de tension, d’attirance, bref d’une sorte de jeu de séduction entre eux mais ils s’en donnaient à cœur joie sans même s’en rendre compte. Entre eux, c’était simple, naturel, il n’y avait point à chercher midi à quinze heures trente. Pourtant, le tristement célèbre chirurgien, aux vacheries si poignantes depuis le début de la soirée, semblait tellement égocentrique qu’il ne voyait même pas ce qui se tramait juste devant ses yeux. Plus les minutes passaient, et plus Samuel devenait tactile envers Anna, cette dernière demeurant bien loin de le repousser, l’encourageant même. Depuis le début, elle avait toujours apprécié ce pan de leur amitié, car non seulement ils partageaient énormément et ne se prenaient jamais le chou, mais en prime ils étaient physiquement là l’un pour l’autre. « J’adore tes p’tits cakes roses, chou, mais je t’adore tout court ! Attends, personne ne me lis des histoires comme toi avant de m’endormir en me faisant un gros câlin ! » Cette partie là n’était pas totalement fausse, d’ailleurs, vu qu’il était arrivé plus d’une fois à Anna de souffrir d’insomnie et plutôt que d’en souffrir seule, soit elle s’était carrément pointée chez Samuel pour qu’il lui offre un brin de lecture ainsi qu’un câlin avant de ne s’endormir du sommeil du juste sur son canapé, soit ils passaient des heures et des heures au téléphone. Il n’y avait pas un soir où ils ne s’appelaient pas quand ils n’avaient guère la possibilité de se voir, et ce même si Anna se trouvait à la brigade scientifique et non dans la chaleur rassurante de son lit. « Tu crois que si je l’éventre avec ma fourchette mon boss va me couvrir ? » ironisa-t-elle en murmurant la chose à Samuel avant d’éclater purement et simplement de rire face à ses moqueries, qu’Anna prenait sur le ton de l’humour sans se rendre compte qu’en vérité, elle en frissonnait. Rien que de le sentir passer son bras autour de ses épaules la rendait plus forte et plus provocante à la fois… tant et si bien que la jolie anglaise n’hésita pas à se blottir quelques instants contre son torse alors que Mark reprenait un long discours sur son foutu métier à la con dont les deux acolytes n’avaient que foutre.

« Tu connais un sport très efficace ? Va falloir que tu me donnes des cours parce que quand je vois ton corps de rêve, moi je dis : il a un secret mon chou à la crème au citron ! Mais je savais que j’allais te rendre adepte quand même du steak frites, avoue que tu fais trois fois plus de jogging depuis que je passe régulièrement chez toi pour te mitonner des p’tits plats ! Mais c’est bon pour ta muse, j’arrête pas de te le dire… » Hélas, Mark se réveilla à nouveau de sa transe, faisant comme si elle n’était pas là en lui coupant ouvertement la parole, se montrant plus macho encore qu’elle n’avait pu l’imaginer dans ses cauchemars les plus fous. « Mouais, Nana je te ferai grimper aux rideaux et peut-être qu’on reparlera pas de chirurgie mais il n’empêche que t’as quand même un nez un peu allongé et puis ses traits asiatiques, ça te va pas du tout… tu sais qu’on fait des miracles en reconstitution du visage de nos jours ? Ah et ouais, comment j’envisage la vie… bah en tant que chef de chirurgie bien évidemment ! C’est mon seul rêve. Le reste, c’est du blabla inintéressant. » « Mon visage t’emmerde, ma mère est chinoise et j’en suis fière ! » se vexa subitement Anna avant de se lever de table en lui balançant sa serviette à la figure pour faire bonne mesure. Oh elle n’allait pas partir complètement : pour preuve, elle laissa son manteau et son sac à main, mais prendre l’air devant le restaurant sans pour autant être visible de cet abruti ça, c’était dans ses cordes.

Qui aurait pu croire qu’une amitié aurait vu le jour suite à notre première rencontre ? Je pense bien que j’aurais ri au nez de l’impudent ayant osé sous-entendre qu’une telle chose était possible. Il faut dire que les femmes, je les mettais bien plus dans mon lit que dans ma vie. Oh j’avais eu quelques relations longues depuis mon premier presque mariage mais rien de bien signifiant. J’étais plutôt un adepte de chacun chez soi et les poules seront bien gardées. J’aimais mon indépendance, j’aimais me dire que personne ne viendrait essayer de me changer ou faire de moi un parfait compagnon et surtout : j’adorais mon célibat. D’ailleurs, je n’avais été fidèle avec aucune de mes petites-amies pour la simple et unique raison que je ne croyais pas en la fidélité. Cela n’avait pas toujours été le cas mais on m’avait appris que personne n’était à l’abri d’une trahison alors pourquoi prétendre qu’une telle chose puisse exister ?! Aussi, je préférais de loin vivre ma vie sans contrainte et sans limite mais pourtant, Annabeth avait réussi à entrer dans ma vie, dans mon quotidien et depuis, notre complicité n’avait fait que croitre. « Et personne n’est meilleure bouillotte que toi mon caramel » ronronnais-je presque car j’aimais quand elle venait en pleine nuit simplement pour parler ou se rendormir dans mes bras. C’était bien la seule chose qui me tirait de l’écriture de mon roman. D’après mon meilleur ami, ce traitre, je ressentais davantage que de l’amitié pour Annabeth mais c’était tout bonnement ridicule. Je l’adorais comme on adore une amie voire une meilleure amie. Pourquoi les gens voulaient toujours tout compliquer en ajoutant de l’amour ?! C’était tellement basique que l’idée n’en était que plus risible. Je devais quand même reconnaitre que j’étais soulagé de voir que ce Mark n’était qu’un crétin patenté et qu’il me serait si aisé de l’expédier loin très loin de MON Annabeth. Elle était mon amie, mon caramel et je ne désirais pas la partager avec quiconque et encore moins avec un homme. D’ailleurs à ce sujet-là…. « Je t’aiderai à transporter le corps et à le brûler dans un coin désert. A nous deux, nous pouvons réaliser le crime parfait » murmurais-je en soupirant de bien être alors que je la sentais se blottir tout contre moi.

Malheureusement, alors que je désirais lui faire part de mon sport favori et au combien brûleur de calorie, Mark sembla se réveiller ainsi que sa connerie. A ce stade, j’ignorais si c’était simplement de l’idiotie ou si cela ne tenait pas plutôt du problème d’ordre mental. C’est qu’il tenait une sacrée couche. Sérieusement, je commençais à m’inquiéter pour la santé mentale d’Annabeth car pour être tombée aussi bas, c’est qu’elle n’avait pas du voir le loup depuis trop longtemps. Je soupirais en sentant sa chaleur me quitter, fusillant du regard cette misérable merde qui lui servait de compagnon. « Je pourrais m’énerver, vous frapper, perdre mon temps et ma salive à vous accorder une seule et infime petite importance mais en réalité, vous n’en valez pas la peine alors je vais simplement quitter cette table et vous laisser ruminer votre connerie. Ah oui, la prochaine fois que vous manquez de respect à Annabeth…je vous… » murmurais-je la suite à son oreille et à le voir blêmir subitement, mes paroles eurent leur petit effet sur sa personne. Je n’étais pas peu fier mais pour l’heure, j’avais d’autres fesses à fouetter. « Tu vas attraper la mort à rester dehors » m’adressais-je à elle tout en lui mettant ma veste sur ses épaules, l’entourant de mes bras en me blottissant contre son dos, mes mains jointes sur son ventre, mon menton reposant sur le sommet de sa tête. Elle était si petite comparée à moi. « Fais-moi plaisir… largue cette merde rapidement qu’on en parle plus ! je te promets tous les cakes roses de la Terre ! »

Ce n’était pas tant que le tristement célèbre Mark en tenait une couche, c’est qu’il semblait persuadé de pouvoir transformer l’intégralité du monde à l’image qu’il désirait. Or, Annabeth n’était pas femme à se laisser dicter sa conduite, tant et si bien qu’elle s’étonna de le pas lui avoir fait une de ses fameuses prises de karaté qui faisait sa réputation au sein de la brigade ou tout simplement balancé son verre de vin tout juste servi à la gueule… tout bêtement car ce serait pécher ? Elle n’avait pas envie de faire un seul geste envers lui et malgré le froid ambiant de l’extérieur du restaurant, cela lui faisait un bien fou, amoindrissait cette colère tonnant contre ses tempes et lui donnait une meilleure vision de cette soirée catastrophique. Une chance que Samuel ait l’extraordinaire réflexe de la rejoindre, lui redonnant aussitôt son sourire tandis qu’il agissait en parfait gentleman : en un rien de temps, Anna oublia le froid et la solitude pour se voir gratifiée de sa veste ainsi que d’une étreinte tandis qu’il se fondait contre son dos, lui offrant l’opportunité de fermer les yeux pour mieux en profiter. Diable qu’elle était bien dans ses bras… elle aurait pu rester l’éternité ainsi que cela ne la dérangerait pas. Si Mina était présente, sûrement la secouerait-elle pour que la jolie anglaise comprenne enfin qu’il y avait anguille sous roche mais fort heureusement, sa russe préférée n’était pas dans les parages ! « Sérieux, tu veux passer dans le côté obscur des fourneaux ? Rien que pour voir ça je suis tentée ! » plaisanta-t-elle avant d’éclater de rire et de se retourner pour lui offrir son plus beau sourire. Il l’avait bien mérité puisqu’il venait ni plus ni moins de la « sauver » d’un moment de solitude des plus désagréables.

Mais soudain, ce fut comme un réflexe. Anna ne contrôla pas la chose et s’empara fougueusement des lèvres de Samuel, adoptant un autre niveau dans les baisers qu’ils avaient déjà échangé par le passé. Certes la tendresse était toujours présente mais cette fois-ci, la passion reprenait ses droits et ne lui donnait qu’une envie : approfondir cette étreinte nouvelle, encore et encore, jusqu’à ne plus avoir une once de souffle dans son corps. Oh elle finit par s’écarter, sans perdre un millimètre de son sourire, n’ayant ni regret ni idée de ce qui venait de se passer tant elle se leurrait au même titre que l’écrivain… quelque chose se tramait entre eux mais ils voulaient juste garder leur cocon, ne pas s’embarrasser avec des idées idiotes et continuer à vivre au jour le jour sans même trouver cela dérangeant, bien que tous leurs réflexes dépassent régulièrement l’amitié. « Merci chou, tu m’as rendu mon oxygène ! Je te jure, j’étais prête à lui refaire le portrait avec ma petite cuillère et je me suis retenue de lui balancer mon verre de vin à la gueule mais je me suis dit… merde, c’est gâcher du bon pinard alors je me suis retenue. Sérieusement, qu’est-ce qui cloche chez moi ? En théorie le type chirurgien c’est sexy, c’est l’adrénaline, et blablabla, mais techniquement parlant, je suis sûre que je subis plus d’adrénaline qu’il n’en n’aura jamais ! Tu penses pas que c’est un flemmard ? Il cause beaucoup mais j’aime mieux te dire que c’est pas mon meilleur coup… loin s’en faut ! On fait quoi, on y retourne ? Éclaire-moi de ta sagesse chou… »

Rejoindre Annabeth dehors était une évidence et je ne tardais d’ailleurs pas à sortir à mon tour, laissant ce pseudo amant qui donnait une bien mauvaise image de la gente masculine, seul. C’est donc tout naturellement que je plaçais ma veste sur ses épaules pour mieux l’attirer dans mes bras, tactile comme à mon habitude. Je ne savais pas d’où me venait cette manie d’avoir toujours besoin d’un contact avec mon caramel mais c’était plus fort que moi et comme j’étais un fainéant de première, je préférais simplement me laisser porter par le mouvement. Pourquoi chercher à complique les choses en analysant toujours tout ?! C’était un des gros problèmes de l’humanité : vouloir à tout prix mettre les choses dans des boites, donner des étiquettes. Où était justement le plaisir de jouir de l’instant présent ? De prendre simplement le temps de savourer les choses ? Pour ma part, je me laissais vivre –car j’avais les moyens pour ; mais même simplement dans ma relation avec cette femme. J’aimais sa compagnie, j’aimais nos moments rien qu’à nous deux, pourquoi chercher à définir et à délimiter les choses ?! Cela ne servait à rien et puis me connaissant, je risquerai de réellement gâcher les choses si je prenais réellement conscience de mes actes ou de mes sentiments. A la place, je savourais, je dégustais cette femme, prenant autant que je ne donnais. « Tu me donnes le goût du risque… Pour preuve, je veux me mettre derrière les fourneaux. Enfin, je crois que de nous deux, tu es celle qui prend le plus de risque car la dernière fois que j’ai voulu faire cuir quelque chose, j’ai failli mette le feu à mon appartement New Yorkais. Depuis, je me suis abonné à une chaine de traiteur. Je préfère quand même ta cuisine mon petit caramel » la complimentais-je néanmoins car j’avais al reconnaissance du ventre. Au moins, on ne pouvait pas me reprocher cela.

Annabeth se retourna alors après m’avoir comblé de son rire pour m’embrasser. Toutefois, contrairement à tous nos baisers échangés, celui-ci n’était pas tendre ou fugace, ce n’était pas simplement deux lèvres qui s’effleurent mais bel et bien un baiser appelant bien d’autres choses. D’ailleurs, je ne restais aucunement passif durant cet échange, l’attirant que davantage à mon contact en répondant avec la même passion, une main au creux de ses reins et l’autre se perdant sur sa nuque comme pour la garder captive entre mes bras. C’était la première fois que nous nous embrassions de la sorte et je fus troublé au-delà des mots. En réalité, je crois que si nous n’avions pas été en public et si nous ne partagions pas cette incroyable complicité, je lui aurais fait l’amour dans la seconde. Malheureusement pour moi Annabeth était en droit de réclamer une relation sérieuse et je restais malgré tout un enfoiré infidèle. L’un dans l’autre, nos besoins sur le long terme n’étaient pas compatibles. Je ressentis comme une fulgurante vague de regret bien vite balayé par cette conscience qui ne désirait tout simplement pas s’éveiller. Oui, remettons à plus tard les analyses, les réflexions et autres choseries. « je veux bien te rendre service tous les jours si j’ai le droit à des baisers aussi délicieux…D’ailleurs, tu es sûre de m’avoir remercié comme il se doit ? Non je dis ça , je dis rien » plaisantais-je sur un ton un brin séducteur avant d’hausser les épaules. « Ma foi, si nous retournons là-bas, il y a des risques qu’il finisse par succomber à une fourchette, une cuillère ou une assiette… Tu n’avais pas parlé de te faire un film ? Je peux aller chercher ton manteau et ton sac et on se casse très loin pour aller nous plonger dans le noir… Hum une femme, un film, une salle presque vide… ça me donne une folle envie… de manger du popcorn ! » rigolais-je non sans déposer un baiser sur son front, attendant de savoir ce qu’elle désirait faire. Après tout, nous avions toute la soirée devant nous, quitte à acheter un petit truc à manger en cours de route histoire de ne pas finir le ventre vide. « Alors mon petit caramel, quel est ton choix ? »

« Tu as manqué de faire cramer ton appart’ ? Mais t’inquiètes chou, je vais guider tous tes gestes et au cas où, j’aurais un extincteur à côté de moi pour t’éteindre si tu t’enflammes trop ! » ironisa-t-elle car Anna était sûre et certaine que Samuel pourrait réussir ces fameux cakes roses. Il suffisait de lui en laisser l’occasion, de le pousser comme il fallait ET de faire la moitié du boulot car pas sûr qu’il ait le coup de main pour tout… mais au pire, cette nouvelle séance de cuisine allait comme d’habitude partir en live, leurs fringues seraient dévastés mais ils ne manqueraient pas néanmoins de rire comme les deux baleines qu’ils savaient si bien être dans ce genre de moment. A croire qu’ils sachent parfaitement réveiller le côté gamin de l’autre, au point que le baiser sulfureux que venait de donner Anna à Samuel n’ait rien réveillé d’autre que l’envie de recommencer, encore et encore, sans qu’aucune sorte de conscience n’atteigne le jour. La jolie anglaise n’avait pas envie de tout compliquer en se disant qu’ils avaient des réflexes de couple, ou même de vouloir lui mettre la corde au cou… pourquoi chercher midi à quinze heures trente alors qu’ils étaient totalement à l’aise en restant ainsi ? La preuve, à peine avait-il rouvert la bouche qu’elle éclatait à nouveau de rire ! [color=indianred]« Deal, tu me rends service et moi je te remercie ! Hey, personne n’est lésé comme ça, non ? Cela dit, vu que tu m’as fait en prime plein de compliments, ça mérite peut-être un autre merci… »/color] Le pire, c’est que le stade de conscience d’Anna frôlait le degré zéro, même lorsqu’elle reprit les lèvres de Samuel contre les siennes, en un baiser tout aussi approfondi mais davantage marqué de tendresse et de douceur. Ce dernier contrastait avec la fureur dont elle avait fait preuve dans le précédent, à croire qu’elle soit définitivement capable du meilleur comme du pire… mais au moins, impossible de s’ennuyer avec une personnalité comme la sienne.

« Plan alléchant, chou ! » s’exclama-t-elle après s’être délicatement écartée. Mais Anna n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre que le chirurgien décida à rentrer à nouveau en scène, ne faisant aucune réflexion sur le fait qu’elle porte la veste de Samuel sur ses épaules et sans lui conseiller de rentrer à l’intérieur pour éviter d’attraper froid. Aucune classe, aucune attention, rien… il semblait avoir faim et être décidé à s’envoyer de la nourriture à tour de bras dans son estomac, le reste lui importait peu. « Au fait Nana, concernant ce que tu m’as demandé ce matin… j’vais pas pouvoir t’héberger ! C’est l’appart’ de mes parents, c’est assez délicat avec eux, mais je me fais pas de soucis, tu t’es fais éjecter de ton appart’ et c’est vrai t’as tes cartons dans ta voiture mais tu peux dormir dedans au pire ou alors dans un motel ? Y’en a des pas chers dans le coin. » Anna se retourna, non seulement honteuse qu’il ait osé parler de ce qu’elle s’était rabaissée à lui demander mais en colère qu’il n’ait aucune espèce de délicatesse envers sa situation. « Mais oui ducon, je vais aller à l’hôtel, j’ai pas de fric pour payer mon loyer mais j’en ai pour payer une chambre d’hôtel, c’est évident ! Dis-moi, tu l’as eu comment ton diplôme de chirurgien, dans une pochette surprise ? Ou en faisant des mamours à une chirurgienne bien placée dans ton hosto ? Non parce que je me demande !! Vraiment, le jour où la connerie est tombée du ciel, t’avait pas de parapluie ! Mais tu sais quoi, va te faire foutre, va bouffer à t’en taper une crise de foie et oublie que j’ai pu exister, casse-toi sinon je te jure que dans cinq secondes, t’as plus de face !! » Anna avait évité de hurler pour se donner en scène mais elle serrait tellement ses ongles contre la paume de sa main qu’elle finissait par en avoir mal. Heureusement, le chirurgien ne demanda pas son reste et rentra à nouveau dans le restaurant, tandis qu’elle se tournait de son côté vers Samuel, cherchant à noyer le poisson. « Toujours envie de manger des tonnes de pop corn dans le noir devant un bon film ? Vu que maintenant je suis célibataire et libérée de ce boulet ! »

Un léger sourire amusé se dessina sur mes lèvres à sa remarque sur le fait de m’éteindre si je m’allumais de trop. Je voulais bien qu’elle me laisse me consumer, c’était bien plus amusant après tout. On peut dire que j’aimais me brûler les ailes même en amour car j’avais beau multiplier les compagnes et maitresses, j’avais l’impression de ne jamais trouver celle qui me ferait vibrer, me faire vivre et me sortirait de ce bordel sans nom dans lequel, la mort de ma sœur jumelle avait fini par me plonger. En même temps, je crois que tout humain normalement constitué ne sortirait pas indemne d’une double perte. En l’espace de deux ans, j’avais à la fois perdu mes illusions et celle que je considérais comme la femme de ma vie mais également ma sœur jumelle. Certes, j’avais gagné un grand frère, un homme sur qui compter mais au final, je ne m’étais jamais senti aussi seul de toute de ma vie. Annabeth avait redonné de la gaité à ma vie et si je n’avais pas été aussi aveugle sur mes propres sentiments, peut-être aurais-je vu combien elle faisait battre mon cœur à la chamade, combien je me languissais de sa voix, de sa présence sans parler de ce corps chaud et au combien féminin contre le mien. Aussi, lorsqu’elle m’embrassa à nouveau, je ne pus m’empêcher qu’une de mes mains viennent subtilement, en douceur, se poser sur sa chute de reins, allant même jusqu’à oser franchir une limite encore inviolée pour l’heure. Je m’étais tout simplement un peu trop laissée porter par le moment mais je n’en ressentais aucune gêne néanmoins, tout était si naturel entre nous depuis le début. Pauvre Christopher, il devait s’en mordre les doigts de m’avoir choisi comme le chaperon pour son premier rendez-vous manqué avec la jeune femme. « Si tu me remercies toujours de la sorte, je risque d’adorer te rendre service » plaisantais-je avant de lui faire part de mes idées quant à la suite à donner à notre soirée.

Malheureusement l’arrivée de Mark acheva de briser l’instant présent ainsi que la magie de ce moment des plus tendres, m’arrachant presque un grognement à la fois d’irritation mais également de frustration car une nouvelle fois, je fus privé de la chaleur de mon caramel. C’était vraiment trop injuste boudais-je intérieurement avant de prendre une mine interloquée. Comment ça, elle avait été expulsée ? Depuis combien de temps ? Et surtout la question à cent balles, pourquoi n’être pas venue me voir à la place de ce crétin des îles ?! Je n’étais pas vexé –enfin si légèrement quand même ; car c’était avant tout l’inquiétude qui prédominait toutes mes autres émotions. Je m’inquiétais pour quelqu’un d’autre que moi qui plus est pour une femme. Annabeth n’était définitivement pas une personne lambda pour moi. Si j’avais douté de la donne, je venais d’en avoir le cœur net. « Attends, depuis quand es-tu expulsée ? » lui demandais-je tout en l’empêchant, en attrapant son bras, de rentrer chercher ses affaires. Je voulais une réponse et je la désirais maintenant. « Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé, tu sais très bien que tu pourrais venir vivre à la maison, j’ai une chambre d’ami, de la place à revendre et en prime, si tu as peur d’abuser de mon hospitalité, sache que c’est tout bénéfice pour moi : avant d’aller bosser, tu pourras aller promener Max comme ça, je pourrais pioncer comme un bienheureux après avoir passé la nuit à écrire et en prime, j’aurais la meilleure des cuistots à mon service. Que demander de mieux ! Bon par contre il se pose un sacré problème des plus épineux… Si je te rends ce service, je crains fort qu’un simple baiser ne fasse pas l’affaire… des propositions indécentes à me soumettre ? » la taquinais-je comme à mon habitude avant de la pousser à aller chercher son manteau et son sac. « Réfléchis un peu et tu me dis ça dans trente secondes mais j’ai furieusement envie de me tirer plutôt que de rester à me les geler dehors surtout qu’il faut encore qu’on se mette d’accord sur ce que nous allons voir au ciné » haussais-je les épaules comme si l’inviter à devenir en quelque sorte ma colocataire était une décision qui coulait de source.

« Heu… virée ce matin ? » bafouilla-t-elle légèrement car Anna aurait hautement préféré que Samuel ne l’apprenne pas ou alors pas comme ça. La jolie anglaise était censée venir lui rendre visite le sourire aux lèvres, plaisanter de sa mauvaise fortune mais tout bien réfléchi, il était fort possible que l’écrivain aurait été vexé dans tous les cas… vu qu’elle ne lui avait pas demandé son aide. A se demander si Samuel n’était pas celui qui rêvait le plus de cette potentielle colocation mais sur le moment, la demoiselle ne put s’empêcher de hocher négativement la tête. « Oui, j’avais peur d’abuser de ton hospitalité et puis merde, c’était ZE big échec pour moi, tu n’as pas idée… je me retrouve sans toit sur la tête avec des factures qui s’accumulent, c’est pas franchement glamour ! Alors c’est vrai, dans ma grande naïveté, j’ai pensé que celui qui me servait de petit ami pouvait bien me rendre ce service mais il faut croire que je suis trop un boulet pour lui vu qu’il m’a soigneusement cachée… il faut croire que présenter une nénette d’origine chinoise à ses parents, ça fait mauvais genre ! » rit-elle jaune en haussant les épaules comme si elle avait l’habitude. Anna avait souvent été rejetée dans sa vie, et pas seulement pour ses origines mais aussi pour son tempérament, sa folie, sa capacité à changer d’avis ou d’envie en un dixième de seconde… les gens revenaient toujours vers un seul et même jugement : elle était fatigante. Samuel était bien le seul à ne pas la rejeter et à en redemander au contraire. « C’est peut-être tout bénéfice mais tu vas pas finir par avoir envie de me zigouiller, chou ? Je suis épuisante, tout le monde le dit ! Ceci dit côté remerciement… bah je suis la reine des massages, avec moi tu vas prendre goût au ménage ET tu sauras faire des cakes roses ! Après si tu as une envie de remerciement, c’est autre chose ! »

Anna laissa échapper un petit rire car Samuel venait ni plus ni moins de lui proposer d’habiter chez lui et fichtre, elle ne s’était jamais sentie aussi bien. C’était au point qu’elle avait envie d’aller au ciné non pas en voiture mais en sautillant et, lorsqu’il la poussa à partir chercher ses affaires, la jolie anglaise avait à peine mis un pas à l’intérieur du restaurant qu’elle ressortit pour lui sauter au cou et l’embrasser passionnément, ceci constituant une première étape dans son remerciement. Et le pire, c’est que son sourire ne diminuait pas d’une semelle… « J’ai toujours dit que t’était le meilleur chou ! » s’exclama-t-elle avant de ne lui offrir un clin d’œil et de partir extirper ses affaires aux doigts griffus de son ancien petit ami, n’hésitant pas une seconde à relever sa robe pour lui montrer son beau fessier musclé qu’elle secoua légèrement sous son nez du genre : tu l’as bien vu ? Bah tu le verra plus ! Ce n’est que plus libérée qu’elle retourna à l’extérieur, rendant au passage sa veste à Samuel pour enfiler la sienne et placer son sac en bandoulière. « Tu vas officiellement avoir ton caramel à demeure, t’es happy j’espère ! Et puis j’m’en fous Max m’adore alors si t’es trop pris pour m’offrir un câlin je lui en demande un à lui et le tour est joué ! Ça reste en famille comme ça ! J’ai envie de te dire on s’en fout du film, on file au chaud et on emmerde tous les spectateurs en bavassant tout le long et en faisant pleeeein de bruit avec notre pop corn ! Le plan te plaît ? »

Je voulais bien lui accorder le bénéfice du doute si elle avait été expulsée ce matin car le matin je dors ainsi que le midi, l’après-midi et le début de soirée. Dans le fond, j’étais peut-être un vampire surtout que je rêvais de poser mes lèvres au creux de son cou simplement pour savoir si elle en frissonnerait. Je devais être sacrément atteint pour penser une telle chose mais au diable la varice, elle était une belle femme, j’étais un homme des plus séduisants alors il était naturel que de telles pensées me traversent l’esprit. « Oublie cet idiot et concentre toi plutôt sur moi. Je t’ai dit, inutile d’aller chercher midi à quatorze heures, je suis l’homme de ta vie et puis, tu n’as rien à craindre, je suis gay » plaisantais-je avec ironie en faisant un petit rappel de notre petit délire à table. En parlant de table, nous n’avions même pas eu le temps de profiter de nos plats mais tant pis, c’était qu’un simple contre temps tout simplement. « Tu me conviens très bien comme tu es et si tu me saoules, j’irais m’enfermer dans ma chambre et je ferais un bunker sur mon lit avec ma tonne d’oreiller et ma couette. Plus sérieusement mon caramel, je suis un enfoiré égocentrique qui passe son temps à courir après tout ce qui porte une jupe et qui est étiquetée mannequin… cela se trouve, c’est toi qui aura envie de me tuer à moins que tu ne cherches à me violer. D’ailleurs, j’ai pas mal bosser mon jeu d’acteur pour être au point si un jour ça arrivait » continuais-je mes conneries avant de tout simplement attendre qu’elle n’aille chercher ses affaires. Je ne pus hélas assister à la scène de la robe relevée car mes pensées furent manifestement occupées à lorgner du côté d’une passante sur le trottoir d’en face. A vue de nez, c’était une 700g de trop. Attachante, bonne au lit mais trop occupée pour nouer une relation sur le long terme du moins pas avant les six premiers mois de relation. J’aimais bien ce genre de femmes mais j’oubliais tout y compris cette femme quand Annabeth me rejoignit et m’offrit un nouveau baiser passionné. « Je vais finir par être accro et je ne parle même pas de tes massages, tu m’en as donné l’eau à la bouche vile allumeuse » lui souriais-je avant de déposer un léger baiser sur le bout de son nez pour mieux glisser un bras autour de ses épaules.

« J’en dit que c’est absolument parfait comme programme ! Tu sais que j’adore emmerder mon monde alors le faire en ta compagnie, c’est tellement plus jouissif. Dis, j’aurais le droit de te tripoter un peu pendant le film ? » lui demandais-je sur un ton des plus innocents tandis que nous marchions bras dessus bras dessous. « N’empêche fais moi plaisir, la prochaine fois que tu rencontres un mec, laisse-moi le temps de te dire s’il vaut le coup ou non car hors de question que je me retape un restau de la sorte même si tu sais que je raffole de ta compagnie mais… avoue ! Ce type n’en valait pas le coup… Tu as besoin qu’on te fasse vibrer, fondre comme un caramel au soleil bref, tu as besoin d’un amant digne des plus grands étalons… En fait, il te faudrait un mec comme moi » affirmais-je avec aplomb tandis que je souriais simplement en savourant le bonheur d’être près d’Annabeth. « Sinon tu veux aller voir quoi au ciné ? Peu m’importe le choix du film, j’ai bien l’intention de te tripoter que tu le veuilles ou non… C’est une tradition chez moi, je ne regarde jamais un film quand une belle femme se trouve à mes côtés alors femme, tu subiras en silence ! C’est inscrit dans la convention de Genève »

« Je suis sûre que ton jeu d’acteur est devenu très bon et d’ailleurs tu déteins sur moi car l’autre abruti a tout de suite gobé que tu étais gay ! Mais quel con celui-là… » En même temps, traiter Mark d’aveugle revenait à se foutre de la charité car il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, et nous en avons deux formidables spécimens juste devant nos yeux ! Mais qu’importe, après tout, ils ne faisaient de mal à personne, surtout pas alors que Samuel n’était pas insensible à ses petites attentions et la jolie anglaise aux siennes. « Pourquoi parler au futur ? Tu ne peux déjà plus t’en passer ! » fanfaronna-t-elle, particulièrement fière de sa connerie alors qu’elle lui tirait légèrement la langue pour mieux passer son bras autour de sa taille. Ils devenaient de plus en plus tactile l’un envers l’autre, tant et si bien que Mina aurait beaucoup à y redire si seulement elle pouvait observer la scène. Connaissant Anna comme elle la connaissait, la belle russe aurait immédiatement saisit l’anguille sous la roche du premier coup d’œil. Mais définitivement, Anna voulait profiter des moments passés en présence de l’écrivain, même lorsqu’il cherchait à la repousser hors de ses derniers retranchements… « Ça dépend ce que tu entends par tripoter mais si tu crois que je vais rester inactive, que nenni mon ami, tu sais très bien je rends toujours ce qui m’est prêté ! Pareil pour toi donc, ta précieuse convention de Genève va te pousser à souffrir en silence, sinon on risque de se faire expulser du ciné… remarque ça entraînerait notre sprint ! » Anna éclata de rire avant de ne conduire doucement mais sûrement Samuel jusqu’au duplex de cinéma de White Oak dont la réputation n’était plus à faire. Une chance qu’ils n’aient pas encore une fois à prendre la voiture de la demoiselle car pour l’instant, celle-ci était pour ainsi dire blindée du peu d’affaires qu’elle avait dû embarquer en quatrième vitesse de son ancien appartement…

« J’ai pris un film d’horreur ! Comme ça, aucun risque que tu te plaignes que c’est trop gnangnan et si ça fait peur, tu as intérêt à m’offrir tes bras illico presto pour que je puisse arrêter de regarder ! » Bon, techniquement parlant, les films d’horreur avaient une fâcheuse tendance à faire rire Anna, qui voyait tellement pire dans son quotidien de flic, mais elle avait pensé que comme première projection, c’était l’idée toute indiquée. Surtout que la salle n’était pas forcément blindée, donc ils n’enquiquineraient pas grand monde avec leurs conneries plus grosses qu’eux, à n’en point douter. « Pour revenir à ce que tu disais tout à l’heure, je suis un peu vaccinée de la relation là… j’en reviens pas d’avoir été aussi aveugle, je te jure ça me ressemble pas du tout ! D’ordinaire il me faut cinquante ans pour faire confiance à la personne et là, bim, j’étais limite prête à le supplier de m’accueillir chez lui… je suis tombée bas, hein ? Il va falloir que tu me laves de cet affront puisque tu es meilleur que les autres, donc les paris sont ouverts : au bout de combien de temps je vais oublier que je suis une crétine désespérée de la relation humaine ? Si tu es si balèze que ça, t’as intérêt à le prouver sinon je te prépare pas de plateau petit dej’ pour quand tu te réveilles ! Et comme tu es limite réglé comme une montre suisse je sais exactement quand c’est » s’amusa-t-elle avant de ne se blottir contre son torse exactement comme au restaurant. C’était la première fois qu’elle le faisait en public et ma foi, on y prenait goût ! « C’était quoi cette histoire de tripotage ? »

« Il est vrai que j’éprouve à me passer de ma chieuse préférée et de ses baisers en même temps qui irait refuser des moments de tendresse aussi délicieux que les tiens ? » murmurais-je à son oreille avant de céder à mon envie du moment à savoir de déposer un léger baiser au creux de son cou, m’attardant sur son parfum enivrant. Bon sang, tout me donnait envie chez Annabeth et pourtant, je continuais de faire un blocage. Elle était mon amie, ma nouvelle colocataire, ce serait tout gâcher pour une partie de plaisir et je le refusais. Pour une fois mon esprit pervers et ma libido ne pouvaient-ils tout simplement pas me foutre une paix royale au lieu de me tenter et de m’offrir cette femme sur un plateau d’argent ? « En fait, je savais que tu n’attendais qu’une seule chose, me tripoter dans le noir et en public. Avoue-le, tu es une perverse Annabeth » rigolais-je doucement tandis que nous poursuivions notre marche. Heureusement, le cinéma n’était pas très éloigné du restaurant. « Qu’est-ce que tu reproches à notre sprint ? Je le trouve bien pour ma part même si tu me bats à platte couture à chaque fois mais c’est la faute aux crêpes de notre dinner favori » la taquinais-je sur sa gourmandise car j’étais toujours aussi interloqué et impressionné par sa capacité à manger autant sans prendre un seul gramme. Certes, elle faisait beaucoup de sport mais cela me changeait tellement des mannequins qui ne mangeait jamais rien que limite, c’était un plaisir que de l’inviter au restaurant. Au moins, elle mangeait !

« Femme, je serais ton preux chevalier et je t’accueillerai à bras ouverts pour te protéger des méchantes images qui te terroriseront même si je doute qu’un tel film puisse te faire peur mais j’alloue l’effort pour me donner l’occasion de pouvoir jouer les mâles, les vrais, les tatouer ! » m’exclamais-je en retour concernant son choix de film car j’étais fin prêt à la serrer dans mes bras pour la rassurer même si elle n’en ressentait pas le besoin. En même temps qu’est-ce que je ne ferais pas pour simplement la tenir à nouveau dans mes bras ?! Pas grand-chose si j’étais honnête vis-à-vis de mes sentiments pour mon caramel. « Mais je compte bien tout faire pour te faire changer d’avis et te prouver que je suis le meilleur et que les hommes ne sont tous pas aussi con que tu ne le penses. Tu es tombé sur un crétin mais c’était parce que tu étais tout simplement en manque et meurs de faim. Désormais, tu vois les choses sous un autre angle et si tu es encore en manque, viens donc me voir, je te promets que je comblerai le moindre des désirs » fanfaronnais-je tout en la serrant dans mes bras, glissant ma main entre sa robe et sa veste pour lui frotter doucement le dos. Ce petit moment de tendresse m’arracha un long frisson tandis que je m’amusais à lui répondre. « Rien ne vaut une démonstration pour expliquer le tripotage, tu m’en diras des nouvelles et tu expérimenteras peut-être pour la première fois de ta vie, l’art des titillements » rigolais-je avant de lui mettre une petite main aux fesses histoire de donner le signal de départ. Je commençais à me les cailler menu dehors et je n’étais pas contre l’idée que nous allions nous réfugier dans le complexe. « Au fait, si tu as envie de mettre un peu de décoration personnelle dans la maison, hésite pas, fais comme chez toi ! » lui dis-je tandis que je tirais la porte du cinéma pour la faire entrer tel un bon gentleman. En réalité, l’usage voulait que j’entre le premier et lui tienne la porte car dans l’ancienne époque, c’était une façon comme une autre de s’assurer que notre compagne ne risquait rien et que surtout, que notre maîtresse n’était pas présente dans l’établissement. J’étais d’ailleurs très au fait des convenances car il n’y avait rien de tel pour pouvoir séduire une femme que de savoir accorder le machisme et la galanterie. Les femmes en étaient folles qu’elles le veuillent ou non.

« Je savais que tu allais adhérer à mon idée de film, c’était limite écrit dans le ciel ! Attends, je t’offre une occasion formidable de prouver que tu as les bras les plus musclés de la galaxie tout en profitant de ma bouillotte personnelle, elle est pas belle la vie ? » fanfaronna Anna à son tour tout en se dandinant limite dans la rue, n’ayant cure des regards curieux et autres œillades auxquelles elle ne prêtait aucune espèce d’attention. A vrai dire, la jolie anglaise était bien trop à l’aise entre les bras de Samuel pour vouloir chercher son bonheur ailleurs. Le degré de conscience avoisinait toujours les zéros, mais elle n’avait aucune envie de programmer des sorties dans son pub favori, aller au dinner où elle possédait ses habitudes ou même encore dans un lieu inconnu pour trouver quelqu’un… comme l’avait si justement fait remarquer son chou à la crème au citron, elle n’était plus morte de faim ni en manque et il n’y avait donc aucune raison objective pour qu’elle ne se lance corps et âme dans une chasse aux sorcières, ou plutôt au faux prince charmant, surtout pas alors qu’elle en avait justement un spécimen entre ses bras, auquel elle déposa un baiser contre son cou en retour, s’enivrant de ce parfum qu’elle ne connaissait que trop bien et dont elle se sentait capable de décortiquer la moindre senteur d’ailleurs. « Promis, si je suis vraiment en manque tu seras le premier à le savoir mais d’un autre côté, je me dis que les coincoins ça se commande sur internet donc je n’ai pas de raison d’aller chercher la petite bête ailleurs ou même de t’emmerder. J’aime bien notre quotidien tel qu’il est ! » avoua-t-elle, peu désireuse qu’elle était que qui que ce soit ne vienne se mettre au milieu, pas même Mina et ses leçons de vie toujours beaucoup trop justes… tellement justes qu’elles en devenaient agaçantes d’ailleurs !

« Oh, monsieur est gentleman, merci ! » reprit-elle d’une voix presque enfantine avant de ne s’avancer jusqu’à l’intérieur du cinéma, où le duo prit ses places sans attendre pour mieux s’engouffrer dans le noir, tout au fond. Idéal pour continuer à se papouiller gentiment et pour éviter d’avoir trop peur vu que l’écran géant restait à une certaine distance. Une fois encore, Anna ne pensait vraiment pas qu’elle aurait peur à proprement parler mais à peine Samuel s’était-il assit qu’elle se blottissait déjà contre ses bras et son torse, s’imprégnant de cette chaleur qu’elle n’avait aucune envie de quitter et qui la rassurait toujours autant. Dans cette position, elle n’avait aucunement l’impression d’être seule, aucun risque. « Tu sais que tu t’exposes au risque que je redécore l’intégralité de ta baraque ? Non, quand même je vais me maîtriser, manque de fric oblige mais je mettrai au moins plein de photos dans ma chambre, histoire de ne pas avoir totalement l’impression d’être une squatteuse finie ! En échange de ton hébergement, je m’occuperai des courses… vu que je vais aussi honteusement squatter ta cuisine, c’est la moindre des choses ! Mais compte sur moi pour te forcer à me donner un coup de main… » lâcha-t-elle non sans une large dose de malice, alors qu’elle caressait son torse du bout de ses doigts, dessinant de petites arabesques en le frôlant à peine, juste dans le but de voir s’il frissonnait ou non… après tout, il avait réussi le tour de force de la faire frissonner en l’espace de quelques secondes à l’aide d’un seul baiser, pourquoi ne pourrait-elle pas y parvenir à son tour ? « N’empêche, soit mon prof, je suis curieuse de savoir c’est quoi, cette histoire de titillements. Maintenant qu’on est au chaud et qu’on va pouvoir gentiment feindre d’être effrayés – enfin, surtout moi, j’espère que tu ne vas pas me laisser sur ma faim ! Diiis… j’aurais toujours le droit à mon câlin du soir, hein ? » Ce n’était même pas dit de façon enfantine… Anna avait levé le nez vers Samuel, le regardant d’un air sérieux et peuplé de son petit sourire mais elle était sérieuse. Sans son câlin, elle n’arriverait pas à dormir.

« Bien sûr que j’ai les bras les plus musclés de la planète ! J’ai été élevé au Bledina m’zelle… Regarde-moi un peu ce corps d’Apollon, il y en a qui tuerait pour avoir ta place mon caramel » plaisantais-je en retour, toujours partant pour me vanter et fanfaronner surtout que j’étais réellement un brin narcissique mais quoi de plus naturel ?! J’étais un homme, je plaisais définitivement à la gente féminine et en prime, j’étais beau gosse. Cela n’avait hélas pas toujours été le cas car au lycée, j’étais plutôt du genre à collection les appareils dentaires plutôt que les petites amies. D’ailleurs, il y a sept/huit mois, j’avais rencontré par hasard une ancienne pompom girl de mon lycée –du moins la partie que j’avais faite aux Etats-Unis ; et cette dernière qui à l’époque m’avait humilié devant ses copines le jour où j’avais trouvé l’audace d’aller lui parler pour l’invité à un bal de fin d’années et bien elle m’aurait bien mis dans son lit. Malheureusement pour elle, j’étais du genre rancunier et je ne m’étais pas caché pour lui faire comprendre que désormais, nous ne boxions réellement plus dans la même catégorie : j’étais riche, beau, l’un des célibataires les plus convoités de New York selon un récent sondage ; Alors oui, j’avais pris un malin plaisir à lui mettre ce que les jeunes appellent : un vent. Cela avait été jouissif, délirant et libérateur. « Je n’ai qu’une seule chose à dire face à de sages paroles comme celles-ci : Amen ma sœur. Pourquoi chercher à tout compliquer ? Mon meilleur ami passe son temps à toujours vouloir chercher la petite bête mais ma moi, j’aime aussi notre quotidien, on ne se prend pas la tête, on savoure le temps qui passe et ça me plait réellement. Pas de pression, pas de connerie à deux balles, juste toi et moi contre le reste du monde » soupirais-je contentement car voilà ce que j’appréciais tant avec la compagnie d’Annabeth : la simplicité. Elle ne cherchait pas à me changer, à m’arracher un engagement quelconque. Elle me demandait simplement d’être présent pour elle et ça, je pouvais le lui donner « Comme le dirait un certain juge dans une émission française : ça, j’achète » lui souriais-je non sans déposer un léger baiser sur ses lèvres.

Annabeth ayant choisi de voir un film d’horreur, nous regardions rapidement ceux diffusés actuellement dans le multiplex et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y avait rien de bien effrayant mais tant pis, nous prîmes le premier film d’épouvante qui nous tombait sous la main avant de rejoindre la salle après être passé à une borne pour nos places. Naturellement, nous restâmes vers le fond de la salle, dans un coin reculé pour être sûrs d’être tranquille surtout que comme à notre habitude j’ouvris les bras et mon caramel vint se blottir contre mon torse bien que les fauteuils rendaient la chose un brin compliquée. Il faut toujours que quelque chose vienne nous emmerder ce soir pestais-je avant d’oublier tout ce qui n’était pas dans notre cocon de douceur à mesure que je sentais les doigts de la jeune femme dessiner des arabesques sur mon torse. « Si tu as besoin de quelque chose, tu me le demandes. Tu sais, mon fric dort sur un compte bancaire car contrairement à la croyance populaire, je ne claque pas mon argent à tort et à travers donc si tu as envie de changer les meubles ou simplement de refaire la peinture, tu me dis, ça sera avec plaisir et puis me sort pas que je te fais la charité ou une connerie du style, j’en profiterai aussi puisque je vis dans la baraque » haussais-je les épaules car je ne voulais pas qu’elle fasse un complexe vis-à-vis de moi. Cet argent, je ne l’emporterai pas dans la tombe et puis… « Ça pourrait être marrant qu’on se fasse un intérieur qui nous correspondrait à tous les deux ? Je suis bricoleur mais une quiche en décoration d’intérieur… Qu’est-ce que tu en penses ? » Lui proposais-je cette activée en duo sans me rendre compte qu’en quelque sorte, je me projetai dans un avenir à White Oak Station. Un léger sourire s’afficha sur mes lèvres quand, par la suite, le sujet des titillements mais du câlin avant dodo vinrent sur le tapis. Rien que de penser à ce dernier, j’en frissonnais d’anticipation. « Hors de question que tu n’ais pas ton calin surtout que tu n’aurais plus à traverser la ville pour venir le chercher. Des fois, je me dis que je suis véritablement un génie… pour ce qui est des titillements… » laissais-je ma phrase en suspend avant de glisser mes doigts sur sa joue et d’effleurer ses lèvres des miennes, sans réellement l’embrasser simplement créer une frustration et une tentation « le tout est de trouver le bon dosage entre plaisir et désir » murmurais-je d’une voix légèrement rauque avant de mordiller sa lèvre inférieure comme pour réclamer un baiser tandis que de ma main libre, je caressais sa cuisse, remontant lentement sa robe comme si mes doigts désiraient trouver le chemin de sa peau.

Pas de pression, pas de philosophie à deux balles et pas… de conscience de ce qui se jouait entre eux pour autant. Anna avait l’impression d’être dans la peau d’une jeune première qui découvre tout de la vie et refuse de mettre des mots précis sur ce qu’elle était en train d’expérimenter tout de ressentir. « Ma meilleure amie aussi est une formidable donneuse de leçons… mais aucun risque que je l’écoute, tu peux être tranquille, on va rester toi et moi contre le reste du monde ! » fanfaronna-t-elle non sans se blottir soigneusement contre lui, faisant fi de la difficulté imposée par la présence des sièges tout en sachant par avance qu’ils ne regarderaient de toute façon pas grand-chose du film. A croire qu’ils soient juste venus dans ce cinéma pour expérimenté un nouveau degré de leur complicité, mais ailleurs que dans la confortable maison de Samuel… ici, il y avait de la chaleur à revendre, une obscurité rêvée, sans oublier l’écrivain qui attisait soigneusement la curiosité de la demoiselle. Si cela continuait sur cette lancée, pas sûr que les mains d’Anna demeurent aussi sages. « Te le demander ? Ah ça chou il va falloir que tu m’apprennes car je ne vais pas oublier de sitôt que je suis chez toi et pas chez moi, et je ne vais surtout pas te demander de l’argent pour redécorer TA maison à moins que je ne sois capable de te le rembourser mais ça me paraît compromis dans l’immédiat. Ceci dit, si tu aimes les causes perdues, essaye de me débarrasser de mon côté bien élevé, je te souhaite bien du courage ! » finit-elle par plaisanter, comme à chaque fois qu’ils se lançaient dans un discours plus « sérieux ». Il y avait forcément un des deux qui finissait par peupler de légèreté ses propos afin de ne surtout jamais tomber dans le mélodrame… en l’occurrence, Anna savait par avance qu’il n’arriverait jamais à faire en sorte qu’elle sorte de son trou telle la petite souris apeurée qu’elle savait si bien être en « terrain inconnu », mais tout bien réfléchi… il avait trouvé un bien meilleur stratège pour cela.

« Tu veux qu’on redécore ensemble ? Genre pendant quelques jours tu vas pas être en mode écriture mais plutôt en mode peinture tout en sachant que ça va très certainement partir en couille ? Moi j’achète ! Figure-toi qu’avant de vouloir être flic, je voulais être décoratrice d’intérieur… et puis je ne suis pas mauvaise en dessin ou en peinture. Que dirais-tu que pour l’occasion, je prenne quelques jours de congés et que toi tu t’en octroies de ton côté ? Comme ça, personne pour nous emmerder, aucune urgence de mon côté et on aura pléthore de temps pour s’occuper de ça ! Ce serait mieux que de le faire en pointillé… puis rien que de te voir avec un tablier ou des fringues autres que tes vêtements classes, franchement j’achète direct par principe ! » Anna étouffa un petit rire amusé, non sans sautiller sur son siège rien qu’à l’idée qu’il partage ce moment ensemble, tout en sachant qu’ils n’auraient pas le sérieux ou la chiantise de spécialistes du bâtiment… cela n’en serait que mieux ! Mais autant dire que Samuel lui ôta tout sourire en lui expliquant ce qu’il entendait par « titillements », créant aussitôt de vives frissons chez elle que la jolie anglaise refusa de décrypter. Il réclamait un baiser qu’elle refusa de lui donner dans l’immédiat, se prêtant diablement au jeu en venant embrasser sa joue, se redressant ensuite légèrement sur son siège pour venir mordiller très légèrement son oreille. Anna n’avait aucunement conscience de ce qu’elle faisait mais tant qu’il ne dirait pas « stop » en ces termes, hors de question qu’elle s’arrête en si bon chemin. La preuve, tout aussi inconsciemment, elle venait d’ôter les pans de sa chemise prisonniers de son pantalon, ses deux mains partant à la découverte de son dos, en redessinant chaque contour, sentant des frissons naître dès qu’elle le frôlait. « Vous frissonnez, monsieur l’écrivain… titillements chou ? » s’amusa-t-elle tandis qu’elle dévorait son cou de baisers l’espace d’un instant, testant ainsi les réflexes de sa peau pour mieux remonter à ses lèvres, qu’elle mordilla à son tour pour enfin les posséder, de longues minutes plus tard. Ils semblaient… seuls au monde. Ils se trouvaient pourtant en plein lieu public mais cela n’avait aucune importance : Anna en souriait contre ses lèvres, remontant ses mains contre son torse, jouant de ses ongles sans aucune brutalité, cherchant la moindre marque de plaisir qu’elle pourrait saisir sur les beaux traits de son visage. « Dis-moi si j’apprends comme il faut, prof… » lui murmura-t-elle finalement à l’oreille avant de la mordiller une nouvelle fois.

« Limite, on devrait caser nos meilleurs amis ensembles comme ça nous aurions la paix » plaisantais-je sans me douter un seul instant au combien mon idée serait prémonitoire mais pour l’heure, tout ce que je savais, c’était que Nicolaï se laissait submerger par le boulot pour oublier Lucy et cela me faisait mal. Je sais bien que nous avions chacun notre façon de vivre ce deuil mais je ne voulais pas m’empêcher de vivre –bien que j’avais conscience qu’en cherchant une sorte d’ivresse et d’insouciance perpétuelle, je m’enfermais plus que je ne vivais. Nicolaï n’avait connu personne depuis ma sœur et même si je savais que j’éprouverai des difficultés à supporter le fait qu’il puisse la remplacer, je ne désirais que son bonheur. Bon sang, il n’avait que trente ans, la vie encore devant lui alors le voir la gâcher ainsi en s’enfermant dans un monde quasi-monacale, ça me tuait. « Cela ne lui ferait pas de mal ouais » pensais-je à voix haute avant d’hausser les épaules signe que je ne m’attardais déjà plus sur le sujet du moins jusqu’à ce que je n’ai Nicolai au téléphone ou devant les yeux. A la place, je préférais me concentrer sur cette délicieuse créature qui me prenait pour un ours en peluche. Annabeth était attachante, désirable, têtue mais c’est justement ce qui faisait son charme. Elle avait non seulement une personnalité mais une tête pleine et je prenais de plus en plus de plaisir à la côtoyer au jour le jour. « Je t’apprendrai si ce n’est que ça et puis les causes perdues, cela me connait alors je n’ai qu’une seule chose à dire : même pas peur d’abord » répondis-je en déposant un baiser sur le bout de son nez. Effectivement, même si je devais passer des mois et des mois à le lui répéter, je finirais par lui faire comprendre qu’elle allait être autant chez elle que je me sentirais chez moi. D’ailleurs, je commençais dès à présent en lui proposant de refaire la décoration, ne rajoutant pas sur cette question d’argent, bien décidé à appliquer ce que je lui avais dit quitte à agir en traitre pour mieux me faire pardonner par la suite.

« Je prendrais autant de vacances que nécessaire, l’avantage d’être écrivain, je gère mon temps comme je l’entends. Bon c’est mon éditrice qui risque de me harceler ou de me menacer de se suicider si jamais je ne rends pas le second tome à temps mais j’adore tellement la pousser à bout que c’est devenu un sport à part entière » rigolais-je en ayant toutefois une pensée émue pour Donna. Pauvre Donna. En même temps, elle était payée pour supporter des cas aussi excentrique que moi –même si depuis mon installation, je m’étais montré des plus sages. Ce n’était visiblement pas le cas d’Annabeth qui se mit en tête de tout faire pour me donner chaud si bien que je déglutissais difficilement. « Tu es au courant que je risque surtout d’oublier que tu es ma copine de galère pour te faire l’amour sur un siège de cinéma devant les quelques spectateurs ? » la provoquais-je en jouant le jeu, mes mains n’ayant de cesse de redécouvrir chacune de ses courbes hautement désirable, allant jusqu’à retrousser légèrement sa robe pour caresser la peau nue de ses jambes, remontant progressivement vers son magnifique fessier qui m’avait, depuis notre première rencontre, tant tenté. « Tu es une très bonne élève » murmurais-je en dardant sur elle un regard pas si innocent de désir que cela. D’ailleurs, je ne pus m’empêcher de capturer sur ses lèvres dans un baiser endiablé tandis qu’une de mes mains remontait le long de ses côtes jusqu’à caresser l’arrondi de son sein. Je devais calmer le jeu, penser qu’elle était une amie, que c’était que pure folie mais mon cerveau souffrait d’engourdissement comme si on l’avait mis sur pause, le temps qu’un autre organe puisse s’exprimer librement et en paix.

« C’est parti alors ! Tu pousses au suicide ton éditrice et je pousse au suicide mon capitaine qui a déjà des tonnes de vacanciers sur les bras ! » fanfaronna Anna sans l’ombre d’une hésitation, car si elle adorait son travail, il n’en demeurait pas moins que son boss lui tapait sur le système depuis un moment déjà. De plus, il ne pouvait aucunement lui refuser ces vacances : pas alors qu’elle n’avait pas posé un seul jour en trois ans ! Il ne fallait plus se demander pourquoi Mina s’inquiétait autant à son sujet, au point de l’avoir menacée à plusieurs reprises de venir la surveiller en direct live en s’installant à White Oak. A chaque fois, Anna l’avait prise à son propre piège en lui répliquant que rien ne pourrait lui faire plus plaisir et du coup, comme à chaque menace, la russe faisait marche arrière. Dommage, car il y avait fort à parier qu’elle aime cette charmante bourgade, une fois qu’elle aurait bien sûr fait abstraction de son calme et de sa vie d’une normalité à couper le souffle. Cela avait bouleversé le quotidien de la jolie anglaise à sa fin de lycée, cela ne pourrait que modifier celui de la jeune maman également… dans le bon ou le mauvais sens, ça, cela restait à voir mais Anna avait espoir de finir par réussir son coup et par la faire céder. « Bon pas sûr qu’on avance vite parce que je suis un mauvais trublion avec de la peinture entre les mains mais que serait la vie sans un grain de folie ? » reprit-elle avant de n’étouffer un petit rire face à sa réplique suivante, n’ayant strictement rien à voir avec la future rénovation de la maison… ni même de leurs vacances prochaines, d’ailleurs. Mettez cela sur le compte de tout ce que vous voulez, mais Anna n’ayant pas eu le temps de boire la moindre goutte de vin avant de « fuir » le restaurant et Mark avec lui, elle demeurait totalement sobre dans ses provocations… donc maîtresse de ses gestes et de ses envies.

« Un sage m’a dit un jour : même pas peur, d’abord » ajouta-t-elle avec malice, à voix extrêmement basse, tout en constatant que Samuel n’était pas en reste pour découvrir ce corps offert à ses doigts, lui offrant à la fois de longs et délicieux frissons mais de petits gémissements discrets, qu’Anna s’efforçait de camoufler à l’aide de baisers de plus en plus exigeants, comme si la folie allait de pair avec le manque total de conscience : elle avait beau se trouver dans un lieu public, l’endroit était désormais totalement plongé dans le noir puisque le film avait commencé et puis… loin d’elle l’envie de calmer le jeu alors qu’il venait d’admettre qu’elle était une bonne élève ! « Je t’avais dit que j’apprenais vite ! » reprit-elle avec toujours autant de discrétion, se détachant légèrement de lui pour mieux grimper à califourchon sur ses genoux, bénissant le fait que les fauteuils soient relativement larges et de ne pas peser trois tonnes au risque d’être diablement bruyante… mais non, les spectateurs semblaient toujours aussi obnubilés par le film tandis qu’Anna laissait entrevoir un petit sourire amusé ainsi qu’un regard clair gorgé par le désir qui ne demandait qu’à s’exprimer. Aussi, sans plus chercher à exercer de contrôle sur ses gestes, elle titilla délicatement ses deux pectoraux du bout de ses lèvres, et ce sans lui enlever sa chemise – il ne fallait pas oublier le lieu où ils se trouvaient – mais juste dans l’espoir d’entendre ne serait-ce qu’un faible gémissement… ceci dit, ses mains ne demeurèrent pas inactive une seconde car à peine avait-elle reprit ses lèvres avec une sorte de passion provocante que déjà, ses doigts se glissaient à l’intérieur de son pantalon, sans ôter ni sa ceinture, ni le bouton tenant son jean, non… elle ne faisait que le provoquer alors qu’il était toujours habillé. Débraillé certes, mais décent ! « Tu veux que j’arrête ? » Dernière barrière… s’il lui disait de s’arrêter, Anna se rassiérait sagement à sa place. Dans le cas contraire…

Où était ma conscience ? A Bora Bora pour qu’elle me fiche une paix royale tandis qu’Annabeth venait s’installer à califourchon sur mes genoux, mes mains l’aidant simplement à lui permettre cette manœuvre au combien délicate avec sa robe –heureusement que je l’avais retroussé, lui donnant ainsi bien plus de champ d’action, en bon gentleman que j’étais. « Pour apprendre vite, tu apprends vite » soufflais-je pas le moins indifférent à son contact. Je crois même que j’allais rapidement y prendre goût et je craignais fortement la chose mais comme je l’avais dit, ma conscience s’en foutait totalement. C’était limite même si elle n’était pas bien tranquillement assise dans une salle de cinéma en train de se goinfrer de popcorn en nous regardant. Comment faire dans ce cas quand tout vous pousse vers une femme ? Mise à part céder à la tentation, je ne savais pas trop. Oscar Wilde disait que le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit. Pour ma part, Annabeth n’était pas une simple tentation, elle était celle du diable et je peinais à maintenir une allure nonchalante alors qu’une de ses mains venait de se faufiler dans mon pantalon. A ce sujet, je ne pus retenir le faible gémissement qui franchit mes lèvres entrouvertes, avant de le faire taire en capturer les siennes dans un baiser qui nous laissa à la fois essoufflés et bien plus désireux de connaitre une suite à cette folie soudaine. Je la repoussais néanmoins faiblement pour pouvoir plonger mon regard dans le sien malgré l’obscurité ambiante, observant à certain moment ce même désir qui devait certainement couver dans le mien. Et c’est ainsi que sans la lâcher du regard, je glissais une main entre ses jambes, caressant l’intérieur d’une cuisse avant de remonter très lentement vers sa petite culotte avec laquelle mes doigts jouèrent, s’amusant à l’effleurer à peine en suivant le contour en dentelle. Elle était chaude à mon contact même éphémère ce qui entraina une montée de ma propre envie, n’en devenant que plus imposant et dur entre ses doigts.

« Dois-je arrêter ? » lui retournais-je la question alors que je continuais mon manège, la frustrant en ne la touchant pas directement mais très vite, le besoin de la découvrir fut plus fort et j’écartais lentement ce tissu bien encombrant pour la toucher au cœur même de sa féminité, jouant de mes doigts contre son bouton de plaisir, mes lèvres se jouant des siennes pour garder captif nos gémissements avant de se faire bien plus passionnées alors que mes doigts se décidèrent à la pénétrer, simulant l’acte. L’endroit n’était pas idéal et encore moins la position. J’aurais aimé pouvoir la déshabiller, pouvoir couvrir son corps de baisers plus ardents les uns que les autres mais même la perversité avait ses limites. Dommage, sa poitrine semblait appeler mes baisers et mes caresses et il m’était d’autant plus difficile de ne pas succomber à cette envie. Aussi, mes doigts jouèrent en elle tels des musiciens exécutant une partition experte et passionnée pour l’amener vers des monts de plaisir encore inégalés. « Je veux te faire l’amour là maintenant Annabeth » murmurais-je à son oreille que je me mordillais par la suite. Est-ce utile de lui dire que j’avais toutes les protections qu’il fallait dans mon portefeuille ? Elle connaissait toutes mes manies mais je n’étais plus certain de lui avoir soufflé mot sur celle-ci.

A vrai dire, Anna n’avait guère besoin d’apprendre… elle avait déjà eu d’autres amants dans sa vie même si ceux-ci semblaient l’avoir quelque peu désertée ces derniers temps. Disons plutôt qu’elle avait envie d’apprendre de Samuel, de connaître ce qui lui plaisait, le faisait vibrer, frissonner, l’emportait vers des monts de plaisir encore jamais atteints avec l’un de ses fameux mannequins. En toute fierté, elle voulait que ce moment inexplicable soit plus inoubliable que tout ce qu’ils avaient vécu, l’un comme l’autre… et quelque chose lui soufflait que justement, cela ne manquerait pas de l’être. La preuve, si les doigts de la jolie anglaise s’étaient fais simplement explorateurs, ceux de Samuel atteignirent sans peine un niveau nettement plus élevé, tant et si bien qu’il fut surhumain pour elle que de retenir un cri de satisfaction. A croire qu’elle était devenu son instrument et lui le virtuose capable d’en jouer de toutes les manières les plus extraordinaires qui soient… et si, dans le fond, il était celui qu’elle avait toujours attendu ? Pour lequel son cœur se languissait en silence, se contentant de vagues étreintes sans importance pour combler une solitude qui devenait de plus en plus insupportable ? Non, impossible. Et sa conscience prit fin à ce moment là… Anna la fit taire en la balayant métaphoriquement, aussi facilement qu’elle reprenait les lèvres de Samuel avec cette passion n’ayant de cesse de devenir plus dévorante de seconde en seconde. « Je t’interdis d’arrêter… » lui fit-elle savoir avant de ne plus résister une seule seconde, ouvrant ainsi sa ceinture mais aussi les deux boutons de son jean qui séparaient ses doigts de ce fruit défendu qu’elle n’avait fait que frôler jusqu’ici. Il souhaitait jouer ? Ils seraient deux dans ce cas ! La jolie anglaise n’eut aucun scrupule à le titiller, le provoquer, augmentant la force de son désir et l’ampleur de celui-ci tant ses caresses sonnaient juste, contrôlées à la perfection alors qu’elle buvait ses éventuels gémissements à l’orée même de ses lèvres. Il n’était pas question de faire du bruit, de se faire connaître… Anna ne voulait pas mourir de frustration sur l’heure car ils n’auraient pas pu aller au bout de leur envie commune. « Je suis toute à toi Samuel, toute à toi… possède-moi, mets fin à notre frustration » lui ordonna-t-elle en dardant sur lui un regard secoué par ce désir qu’elle n’avait jamais éprouvé jusqu’à lors. Qu’importe le lieu, le moment ou même sa conscience, celle-ci ne s’était pas réveillée jusqu’à maintenant et il n’était pas question que la donne ne reste pas ainsi. D’autant que connaissant son écrivain, il devrait très certainement être paré pour ce genre de situation, au point qu’elle eut la finesse d’esprit de lui prendre son portefeuille des mains pour le lui présenter, un sourire amusé peuplant le coin de ses lèvres. Ainsi, en un geste expert, elle sortit une protection de sa main libre pour mieux remettre ledit portefeuille dans la porte de jean dont elle l’avait sorti. Et cela… sans cesser une seconde sa caresse, trop désireuse de le torturer avec la même force qu’il ne l’avait fait de son côté. « Bingo, si je puis dire » répliqua-t-elle en lui tendant l’emballage pour mieux s’emparer de ses lèvres avec passion et envie, annonçant clairement la couleur, de la même façon que lorsqu’elle l’avait appelé par son prénom entier et non le surnom affectueux qu’elle lui donnait.