Mon dieu, déjà dix-neuf trente et je ne suis même pas encore habillée. Je file reprendre une petite douche histoire de me remettre en forme et surtout parce que je reviens de mon jogging. Une fois hors de la douche, je me sèche les cheveux, toujours ma serviette autour de la taille, je ne suis vraiment pas en avance et j'ai toujours tendance à être ponctuelle. Je me lisse rapidement les cheveux, de façon à ce que tout cela soit parfait. Je prends le temps de bien me maquiller puis je me dépêche d'enfiler ma robe verte foncée ornée de dentelle noire. J'enfile mes escarpins ce qui me fait prendre de la hauteur. Je prends mon sac à main et je quitte mon appartement en lançant un salut à Ellie, ma colocataire.

Je marche lentement, savourant une cigarette mentholée qui me parfume la bouche. C'est un peu au dernier moment que Mila et moi avons organisé cette petite escapade. Nous avions toutes les deux besoins d'un peu de répit, d'un besoin intense de faire la fête. Récemment, j'ai perdu mon frère et depuis son décès, je sens comme un vide en moi, un vide que seul Mila arrive à comprendre et à combler partiellement. Elle aussi elle a perdu un être cher, sa mère et depuis, on s'est encore plus rapproché. Je ne sais pas où j'en serais si elle n'était pas là, elle sait me remonter le moral, elle trouve les mots justes pour me faire sourire. Elle est celle qu'il me faut, je l'ai vite compris. M'appuyant contre le mur de la boite de nuit, je m'étonne même d'être en avance, surtout que j'ai beaucoup trainée. Je mords ma lèvre inférieure avant de jeter un coup d'oeil autour de moi, toujours personne. Décidément, je suis contente d'être arrivée en premier. Soudainement, une présence se fait sentir derrière-moi et des mains se braquent sur mes yeux, Mila. Je peux reconnaitre son parfum et sa voix à trois kilomètres. Je me retourne précipitamment, déposant un baiser sur sa joue. Quelle allure, elle est parfaite, comme toujours. La classe incarnée, sa robe ressort parfaitement avec ses yeux et son visage est en parfaite harmonie avec le tout. « Ah, je t'attendais. Comment vas-tu ? » Esquissant un large sourire, je posais ma main sur son épaule, la fixant droit dans les yeux. « Prête à faire la fête et à avoir une belle gueule de bois demain matin ? » Bien évidemment, je savais que l'on allait enchainer les verres d'alcool comme si ce n'était que de l'eau, je la connaissais, je nous connaissais.

S'il y avait quelqu'un qui pouvait me remonter le moral, c'était bien Mila. Cette fille était pétillante et elle savait parfaitement s'amuser. C'était un peu la soeur que je n'avais jamais eue, on était complices et notre amitié avait bien évoluée depuis notre rencontre, on était passé d'amies, à meilleures amies et le meilleur changeait tout. En effet, il avait également Scàarh, il était l'homme le plus généreux et gentil que je connaissais. Il avait le dont de me rendre heureuse et désormais, je savais qu'il m'en voulait. Je lui avais caché la mort de mon frère et je ne lui avais pas parlé depuis au moins trois semaines, très longues d'ailleurs. Bref, j'avais reconnu l'odeur de ma meilleure amie lorsqu'elle avait déposé ses mains sur mes yeux. Elle savait me surprendre et c'était exactement ce que je recherchais. J'avais besoin d'elle autant qu'elle avait besoin de moi. La grimace qu'elle affichait me laissait échapper un légé rire, j'adorais la tête qu'elle avait fait, c'était tout à fait elle. « Donc c'est la robe qu'il faut accuser ! » Lâchais-je très sérieusement. Je ne lui en voulais pas de son retard, c'était juste deux-trois minutes donc rien d'extrêmement grave. Certes, je n'étais pas patiente, mais ce n'était pas deux heures de retard non plus. « De même. Je te retourne le compliment, tu es radieuse ! » Même avec un sac poubelle comme tenue cette fille resterait sexy, elle sait se mettre en valeur et j'adore sa façon de s'habiller, elle est juste parfaite. Pourquoi faire la fête seule quand on a des amis pour ? Je sais que Mila n'a pas peur de se ridiculiser et qu'elle aime boire autant que moi, car même si ce n'est pas bon de boire, on ne conduit pas alors on peut se le permettre. On n'avait prévue de venir à pied pour ne pas avoir un accident et pour être libre de boire comme on le souhaite, tout prévu j'vous jure! « J'adore ta théorie, je suis partante pour la même chose ! » J'acquiesçais d'un mouvement de tête lorsqu'elle m'indiquait qu'on devrait rentrer. Je la suis, nous passons le videur tout sourire, on va passer une excellente soirée et si ça se trouve, on ne s'en souviendra plus, puisqu'on sera déjà dans les nuages. Une fois rentrée, nous nous ruons au bar pour commander notre premier verre.

On avait opter pour des robes sexy et élégantes, c'était tout à fait notre style. On avait la classe ! En effet, certaines robes étaient galère à fermer, surtout celle avec des fermetures. Le pire c'est lorsque l'on revient d'une soirée à moitié bourrer, à force, on est obligé de dormir avec la robe puisqu'il est carrément impossible de l'enlever. « En effet ! » Certains créateurs avaient de drôles d'idées, comme celui qui avait créé la robe viande de Lady Gaga, un truc immonde et ridicule. La bonne humeur de cette fille m'avait toujours impressionnée, elle était souriante quoi qu'il arrivait et vu ce qu'elle avait vécue, je lui tirais mon chapeau. Lorsqu'elle me vantait les mérites d'une nouvelle crème, j'esquissais un large sourire, restant attentive à chacun de ses propos. « Ce que je peux dire, c'est qu'elle marche relativement bien ! » Nous pénétrons rapidement dans la boite, je balayais l'endroit d'un regard. Les gens dansaient, chantaient, criaient, ils étaient vraiment détendus et l'ambiance qui régnait ici était incroyable. On se rue au bar pour commander nos verres. Je prends un whisky pur avec des glaçons parce que sinon je vais pas tenir très longtemps. Je garde le sourire puis-je soulève mon verre face à la proposition de Mila. « A nous ! » Je tape mon verre contre le sien avant d'en boire une gorgée. J'affiche une grimace suite à cela, puis-je me lèche allègrement les lèvres. « Rien qui en vaille la peine, je t'assure.. et toi ? » Effectivement, la soirée venait de débuter donc nous étions encore dans notre état normal, mais pour combien de temps ?

Désolée c'pas terrible.  

L'alcool faisait partie de notre remède miracle contre la désillusion. Lors de ces soirées entre amis, nous évitions de parler de nos soucis, que des choses positives et marrantes. On aimait passer du temps ensemble, à faire la fête, on avait besoin de se changer les idées et cette cure était tout ce qu'il nous fallait. Il y avait de beaux hommes, de l'alcool qui coulait à flot et nos problèmes étaient mis en suspend le temps de cette soirée. Nos verres se touchaient rapidement puis chacune de notre côté, nous buvions une à deux gorgées. C'était exquis, la soirée commençait particulièrement bien pour le moment. Espérons que tout allait bien se passer et que l'on allait s'éclater comme on fait d'habitude. « Mais pas du tout ! Comment je pourrais.. » Je savais qu'elle me connaissait et qu'elle était certaine que je ne lui cachais rien. Elle avait raison, car si j'avais besoin de lui dire des choses, elle serait déjà au courant. Je bougeais légèrement la tête au rythme de la musique. C'était entrainant et le son était tellement fort que l'on devait presque crier. Je mordillais doucement ma lèvre inférieure, balayant quelques secondes la pièce remplie de monde. « Je suis sûre que tu trouveras bien quelque chose à me dire d'ici demain ! » J'esquissais un large sourire à mon interlocutrice, puis j'écoutais attentivement ces propos. Elle voulait adopter un chien, quelle bonne idée, pas pour moi, mais bon c'était ce qu'elle voulait et je l'encourageais dans tout ce qu'elle entreprenait. « Bien sûre ! Mais je ne les touches pas. » Lâchais-je en riant. En effet, j'avais une peur des chiens qui s'avéraient être incontrôlable. Certains avec des têtes tellement flippante que ça me faisait peur.

On savait très bien l'une et l'autre, que l'on cachait certains détails de notre vie, que ce soit une chose inintéressante ou bien un secret qui ne concerne que nous, nous n'étions pas aussi stupide que cela. Mila savait très bien que si elle voulait en parler, j'étais présente et que je l'écouterais attentivement. Se confier n'est pas vraiment chose facile pour moi, j'ai tendance à tout garder pour moi et puis péter d'un coup. C'était mon caractère et ma meilleure amie le savait pertinemment. Je tiens énormément à elle, mais j'évite de lui parler de mon frère, lui avouant qu'il était drogué et que peu de temps après sa mort j'avais reçue une lettre de menace, en effet, je ne veux pas que quelqu'un le découvre, de peur de mettre cette personne en danger par ma faute. J'inspire profondément, ne quittant pas Mila des yeux. Elle était rayonnante et son sourire ne la quittait pas, une vraie pile électrique parfois. Je la connaissais tellement que je savais très bien que dès l'aube demain, elle aurait un potin pour moi et qu'elle s'empressera de me le raconter. J'aimais la connaitre ainsi, j'avais plus de facilité à lui remonter le moral, la comparant parfois à moi et à mes problèmes. Je finissais mon verre d'une traite, grimaçant en l'ingurgitant, puis j'esquissais un large sourire à ma partenaire de soirée. Je commandais également un autre verre, histoire de se mettre un peu plus dans l'ambiance. « Oh oui, je choisirais le chien le plus mignon et le plus gentil ! » En effet, je n'aimais peut-être pas les chiens, mais certains étaient attirants et j'étais certaine que Mila allait trouver son bonheur parmi tous ces toutous . Je jetais un coup d'oeil à la piste, gardant mon verre dans ma main, puis je mordillais ma lèvre inférieure. « On va mettre le feu à la piste ? » J'affichais un clin d'oeil à Mila, gardant toujours mon large sourire aux lèvres.

Les chiens c'est beaux, mais chez les autres. Je ne me vois pas avec un chien à la maison, je crois que je resterais enfermer dans un placard toute la journée. Je préfère les chats, déjà parce que ça dort tout le temps, parce que c'est silencieux et ensuite parce que ça peut rester tout seul. Un chien c'est un inconvénient, faut le promener par tous les temps et sortir son chien sous la neige, ce n'est pas une partie de plaisir. En revanche, pour les noms d'animaux j'avais toujours des tas d'idées, à croire que j'étais inspirée quand l'occasion se présentait. Je mordillais doucement ma lèvre inférieure, gardant mon sourire éclatant, puis je répondais à Mila. « Ça c'est une obligation, j'ai un talent pour ça ! » Bien évidemment, je disais ça pour rire, je n'étais pas trop vantarde, je savais que ma meilleure amie me connaissait assez pour le savoir. A présent, c'était le moment d'aller bouger notre petit cul sur la piste de danse. Cela on savait le faire, on avait besoin de personne pour danser. J'esquissais un très beau sourire à ma partenaire de soirée, admirant la cohue qui se trouvait sur la piste, les gens se frayaient difficilement un chemin jusqu'aux toilettes, sans doute puisque l'alcool les avait secoués. Je finis mon verre d'une traite que je pose bruyamment sur le comptoir une fois celui-ci vide. Je saisissais la main de Mila pour ne pas la perdre jusqu'à la piste, puis une fois arrivée, je la lâche pour commencer à me déhancher sur le rythme de la musique. La musique est forte et les hommes autour de nous ont le regard braqués sur nous. La soirée s'annonce très bien.

Je passe mes mains dans mes cheveux, entrainée par la musique, je danse, je ferme les yeux et ma tête me tourne. Je sens que l'alcool que j'ai ingurgité se ressent dans mes gestes. Je suis prise dans un tourbillon et je souris bêtement à Mila qui me fixe avec un sourire splendide. Elle est belle et lorsque nos regards se croisent, on éclate de rire. La soirée s'annonçait si bien, mais ce fut de courte durée. A peine aie-je eu le temps de détourner mes yeux de ma meilleure amie, je me fais bousculer, perdant de vue Mila. Des cris, des insultes se font entendre et je ne suis pas certaine de connaitre la raison de cette violence si soudaine. Je relève la tête, me faisant légèrement piétiné, puis-je me relève doucement, cherchant à comprendre ce qu'il se passe réellement. Je vois de très près un coude qui m'effleure, qui me brusque et me sort de mes pensées, puis un autre qui m'esquinte le sourcil. Une fois de plus, je me retrouve au sol où j'essaye peu à peu de reprendre mes esprits. Je ne suis pas grièvement blessée, mais je sens Mila qui m'entraine jusqu'à la sortie. Elle saigne et elle a l'air aussi secouée que moi. D'un revers de main, j'essuie ma lèvre ensanglantée, ne faisant même pas attention à mon arcade sourcilière qui dégoulinait légèrement. « Je vais bien. Et toi tu n'as rien de grave j'espère ? » Je me fichais d'être blessée, ce qui m'importait, c'était Mila, elle bien avant tout ça. Je la scrutais attentivement, cherchant la moindre faille sur son doux visage.

Nous rejoignions la sortie d'un pas précipité, reprenant peu à peu nos émotions. Je soupire, ne quittant pas Mila des yeux. Elle est légèrement blessée, tout comme moi d'ailleurs. Malgré les quelques égratignures sur mon visage, cela ne me fait pas vraiment mal. C'est juste un peu de sang qui coule me répétais-je, même si je risque de garder une petite cicatrice. Le froid me fait frissonner, mais je me contrefiche complètement de cela. Il y a seulement les réverbères et les enseignes voisines de la boite qui nous éclaire, mais cela ne me gêne pas. Je passe ma main sur la blessure de ma meilleure amie, constatant les dégâts que cette bagarre nous a faites. « Du moment qu'on est vivantes, c'est le principal. » Répliquais-je sur la défensive. Je comprends parfaitement que Mila s'inquiète pour moi, mais je lui assure que je vais bien, ne voulant pas m'apitoyer sur mon sort. Après tout, ce n'est pas grave. Je suis quelque peu déçue que la soirée s'achève ainsi, j'avais dans l'idée de m'éclater et ne garder aucun souvenir de cette soirée avec l'alcool, mais c'était peine perdue désormais. « Vaudrait mieux oui, je n'ai plus la tête à faire la fête maintenant.. » Je saisissais la main de ma partenaire de soirée, commençant à descendre la rue pour que l'on puisse rentrer chez nous. Nous n'allions pas au même endroit, mais la rue menait à une route principale où nous allions nous séparer juste après. Une fois en bas de cette rue, j'enlaçais Mila avant de lui déposer un doux baiser sur la joue. « Rentre bien et envoie moi un message quand tu es chez toi. » On ne sait jamais, au cas où il y aurait une embuscade ou autre. « Bonne nuit ! » Doucement, je tournais les talons pour rentrer chez moi tranquillement.