Une odeur titillait mes narines par moments furtifs. Avec une scie circulaire, je coupais un morceau de métal et lorsque l’odeur écœurante du matériau disparue, celle qui me donnait envie de vomir peu de temps avant reprenait le dessus. « Putain, Dayton, ça blaire ici ! T’as laissé moisir ton écureuil ou quoi ? » À l’autre bout de l’atelier, mon employeur prenait des mesures. « J’en ai fait un civet. C’était excellent. » J’eus  ce mouvement de recul  brusque lié à la surprise lorsqu’il m’annonça cela. Je me tournais vers lui. « Mais non abruti, je suis vegan. Et puis tu le sais très bien. Ton père a cette fâcheuse manie de vouloir glisser des morceaux de bœuf dans mon riz à chaque fois que je viens dîner chez toi. » Je continuais de regarder son dos. Il n’avait même daigné lâcher son mètre à mesurer. « Alors qu’est-ce qui sent le mort comme ça ?!! » Trop d’aprioris dans ce bas monde, puisqu’ il me fit face brusquement en se tournant avec sa chaise. « TOI ! Tu sens le le fœtus d’animal défunt ! Et puis d’où tu fais des heures supp’ ? File rentrer, garnement. » Je lui lançais un sourire qu’il tenta tant bien que mal de ne pas me renvoyer. J’adorais Dayton Cliff, ce type avait l’air du patron impitoyable, mais c’était aussi celui qui n’hésitait absolument pas à rendre service. Il m’avait beaucoup appris.
En rentrant chez Morgan –oui, je n’avais toujours pas osé remettre les pieds dans la demeure familiale-, mon téléphone sonna. « Local du KchéB, da chécoute ? » Avec l’accent Russe, c’était toujours plus sympa. « Ha Callie ! Ça v… Ah ouais ? Bizarre, on s’est vu c’midi et… D’accord… Euh bisous. » Calypso raccrocha. Je décollais l’appareil de mon oreille pour le regarder, intrigué. J’avais déjeuné avec Morgan ce midi-même et il ne m’avait absolument pas parlé de prendre un café. Cela devait être plutôt important pour qu’il cherche à me contacter dès ma débauche. En rentrant, la grand-mère de Morgan m’interpella et me tendit une liste de courses, soulignant bien qu’elle ne pouvait pas confier cette mission à Morgan puisqu’il avait prévu de rester tard quelque part, mais elle n’avait absolument pas la moindre idée de l’endroit où il pouvait se cacher. Il avait surement prévu d’autres trucs après notre café aussi inattendu soit-il. Je me précipitais à la douche puis j’enfilais ensuite un sweat un peu épais, un bermuda et des baskets. Je pressais le pas jusque chez l’épicier puis j’arrivais au Haven Coffee juste après ma course. Je regardais mon portable, aucun message. Bizarre, en temps normal il m’attendait avant de rentrer et puis il n’était jamais en retard, ponctualité d’avocat disait-t-il –par ailleurs, j’avais pris un moment avant de comprendre qu’il me parlait du métier et non pas du fruit -.
Je rentrais dans le coffee shop, balayais la salle principale du regard, puis je faisais demi-tour, aucun Morgan à l’horizon. Puis je me figeais d’un coup, manquant de me payer la porte vitrée en pleine poire. Je faisais trois pas en arrière pour retrouver une vue complète sur la salle. J’aurais aimé voir ma tête…Surtout mes yeux de carpe cuite au four.
« Viens retrouver ton Joker, Harley Quinn ! » J’accélérais le pas dans la boutique qui était assez spacieuse, il faut bien se l’avouer. À peine Calypso Weaver s’était levée que je la serrais fortement dans mes bras. Je collais mon front au sien et dis d’une voix basse. « Ranger-perv avoir été très malheureux sans Traci-gros-lolo. » Je lui faisais une nouvelle démonstration de ma tête de chiot. « Est-ce que je peux lancer mon attaque léchouille ? »

Calypso m’ébouriffa les cheveux. « Meilleur pote ?! Berk. Morgan, sort du corps de Callie tout de suite !! » Je m’écartais d’un pas et mettait mes bras en croix comme pour éloigner son corps possédé. Je me ravisais ensuite avec un sourire. « Je savais bien qu’un truc clochait, Weaver ne s’est jamais laissée contaminer par le syndrome Walking Dead. Regarde-toi, Morgan. Tu en as fait un mort-vivant ! » La tête de Calypso me contraint à rire. Je me rapprochais de nouveau, toujours avec le sourire. « Allez, soyons sérieux –je t’avoue que c’est compliqué-. J’ai mis du temps parce que j’habite chez Morgan en ce moment et sa grand-mère m’a demandé de faire quelques courses quand je suis rentré de boulot. » J’avais glissé mes mains sur ses hanches en expliquant ma situation tout en regardant le plafond. Je rabaissais mes yeux pour me plonger dans les siens. « Une fois n’est pas coutume, n’est-ce pas ?! » J’étais presque capable de me souvenir du nombre de trains et de séances de cinémas qu’on avait raté à Nampa parce que Callie trainait trop de la patte lorsqu’il s’agissait de se bouger les fesses. Le pire, ce devait être de la sortir du lit. « Quand on croisera Morgan, t’as plutôt intérêt à courir vite. Tu n’as pas emmené Marlee, il ne va pas être content ! » Je serrais les dents très grossièrement, comme si j’imaginais de douloureuses représailles. « Le trajet s’est bien passé ? »
Je me rendais compte que la jeune femme m’avait terriblement manqué et que les choses n’allaient pas tout le temps être magnifiques. Il fallait affronter le regard de Rowan, puis celui de ma mère –mon père étant déjà au courant- et il fallait enfin que je m’organise à révéler mon secret le plus honteux, sinon Rowie allait s’y prendre à ma place et je pense que ça déclencherait la troisième guerre mondiale en même temps qu’une autre guerre froide. Reposons les armes pour le moment histoire de nous focaliser sur des choses moins horribles.
« Au faite. Attends. Tu es revenue vivre au Canada là ? »  J’avais de nouveau ce regard de carpe farcie. « Non parce que… On ne va pas squatter chez Morgan, il va déjà tirer la gueule parce que t’es venue toute seule, si en plus il doit nous entendre roucouler, il va faire une dépression d’ici deux jours. » Je commençais à élaborer un plan dans ma tête. Dayton Cliff avait un étage au-dessus de son atelier. Une sorte de grenier inoccupé qui lui servait parfois à entreposer certaines commandes.  Je lâchais Calypso pour m’asseoir en face d’elle. Le serveur vint à ma rencontre, je lui demandais la même chose pour Callie et un café Mocha pour moi. Lorsqu’il nous tourna le dos, j’attrapais la main de la jeune femme et croisais mes doigts avec les siens sur la table.  « J’ai peut-être une idée. ‘Faut que je vois avec mon boss. »

Très franchement, pour faire des bêtises, je répondais présent dans quatre-vingt-dix-neuf virgule cinq pour cent des cas. Comme pour traverser une zone industrielle assis dans un caddie –faire des courses de caddie ou prendre un caddie pour un skate avec une poignée pour diriger !-, poussé par un pote de confiance, retourner toutes les poubelles d’un appartement où vit le copain infidèle d’une amie, écrire sur le visage de mes amis saouls au marqueur dans le genre rondoudou, acheter un sex-toy à une amie très pieuse, escalader le grillage de la piscine municipale plein air et y faire quelques brasses à quatre heures du matin… Mais lorsqu’il s’agissait de rendre service, j’étais encore plus présent et Callie le savait mieux que quiconque.  « Tu sais très bien que je suis un garçon très serviable ! » Je n’avais pas réellement de souvenirs qui me revenaient à cette idée, les petits déjeuners au lit ayant été très rares puisque leur but de base ne fonctionnait absolument pas, ce n’était donc pas un très bon exemple. Pour dire vrai, je m’étais dit un jour qu’apporter à Calypso son café, jus d’orange, tartines diverses et petites cuillères lui donneraient la patate pour la journée, le sourire, mais que surtout : elle se lèverait plus rapidement. J’avais essayé deux fois et au final sur mes deux tentatives, toutes avaient été marquées sans succès puisque l’inverse total de ce qui avait été souhaité s’était produit à la place.  « Bien sûr, tu vois de quoi je parle ! Même si je reconnais ne pas être totalement innocent non plus. » Je lui montrais un faux sourire machiavélique. « Moi, au moins, je reconnais être une larve pendant mes heures de repos ! MADAME. » Je ne savais même pas si cette tradition allait se répéter. Tout n’en tenait qu’à Morgan et sa façon de réagir en voyant Callie. Il serait capable de la serrer dans ses bras et de lui dire ensuite ‟euh… mais t’es venue toute seule ? “ pour finir par nous taper un scandale, faire la gueule et la secouer comme une tirelire.  Face à cette image, je répondis à Calypso. « Euh, ben j’espère ! Tu connais l’animal, c’est déjà compliqué de manger à côté de lui au risque qu’il t’embarque la main dans son festin, imagine lorsque tu l’oublies. C’est pire que de l’abandonner sur une aire d’autoroute. Y’a du vécu, ouais. » Puis elle me raconta son trajet, apparemment tout s’était bien passé sauf pour le moteur de sa voiture toute attaquée par le temps et les intempéries. « Ha, t’es venue avec ta poubelle. Boah ! On l’emmènera se faire bichonner par un garagiste. Je ne préfère pas soulever le capot, au risque d’y mettre le nez et de tout te bidouiller. ‘Pas sûr que ta caisse fonctionne à la fin. »
Je fis une moue très exagérée qui me donnait l’air vexé. « Quelle comparaison ! Mais je me rassure en me disant que je n’ai pas sa coupe de résultat de transit intestinal. » Je reprenais une expression normale, quoiqu’un peu excitée. « Je me disais qu’on pourrait emménager au-dessus de l’atelier de ferronnerie de mon patron. Il n’utilise pas l’étage, seulement pour des commandes de temps en temps. C’est mal isolé et écarté de la ville, mais ça pourrait nous laisser un peu de temps avant de trouver une idée concrète et de s’organiser. »  

Impossible de réprimer un sourire devant les yeux de chiot de Calypso. « C’est vrai. Tu étais loin récemment et ce n’était pas agréable de supplier le téléphone pour qu’il te fasse apparaître ! » J’étais presque paré pour faire une référence super bidon, mais je me suis retenu de justesse. Je devais être rentré à White Oak Station depuis seulement quelques semaines, trois tout au plus, et je n’avais plus revu la belle brunette aux cheveux longs depuis le mois de juin. Il m’arrivait parfois d’en parler pendant de longues heures avec Morgan qui ressentait la même chose que moi… en presque pire. Il avait tendance à être très facilement mort de jalousie. Un soupçon ridicule vis-à-vis de Marlee lui aurait donné l’idée de traverser le pays quitte à avoir des accidents sur la route juste dans le but de la retrouver et de se rassurer en vérifiant si personne ne squattait la place qui lui était destinée dans le lit de sa blonde.  « Oh oui. J’ai même failli ne pas manger pendant les quatre jours qui suivaient. Il était presque prêt à me faire un procès. » Tout cela était parti d’une blague, puis ensuite d’une ruse et cela s’était achevé en psychose générale. Il avait presque faillit me croire lorsque j’avais planqué la voiture derrière la station-service de l’aire d’autoroute et que je lui annonçais par texto que des Yakusas m’avaient enlevé parce que j’étais le détenteur d’un secret gouvernemental.  Le patron de la station m’a retrouvé en premier, il était tellement en colère que je voyais dans ses yeux la scène où je me faisais botter le cul. Je me suis ensuite fait poursuivre par un pokémon Morgan en colère sur un bon kilomètre. J’avais de nouveau relevé les yeux vers le plafond à ce doux souvenir. « …Pire qu’un procès même. Une exécution. » Dis-je en rabaissant le regard vers celui de Callie. « Je préfère être chapelier que Jimmy, en effet. Mais c’est tout de même dingue de voir à quel point tu ne me fais pas confiance. » J’avais l’air sérieux, je me repris tout seul. « …C’est vrai que la fois où j’ai eu l’idée de réparer ta boîte de vitesse avec du scotch de déménagement ne fut pas l’une de mes meilleures… » On voit partout que tous les mâles passé la vingtaine s’y connaissent comme des pro en matière de bricolage, mais moi j’étais un peu le boulet de la file qui préférais rester à ses sculptures et ses pinceaux plutôt que de ruiner la caisse de sa copine pour qu’elle se retrouve coincée au milieu de nulle part, sans réseau, et avec un diabolique Creeper  affamé rodant dans les parages…ou près d’un lac le jour où Jason Voorhees décide de se réveiller des enfers. J’eus un frisson à cette idée. « On l’emmènera se faire réviser dans  quelques jours au garage du coin. » A moins que ce dernier soit tenu par Vincent Sinclair lui-même. Il fallait que j’arrête de psychoter.
« Ne t’en fait pas, je devrais pouvoir m’arranger très rapidement. Si la chance décide de nous sourire miraculeusement, demain nous devrions poser nos marques à l’étage de l’atelier. Mais je te préviens, cet univers va débuter par une guerre sans pitié. » Je me rapprochais de Calypso avec un regard effrayant, je baissais alors d’un ton en prenant une voix grave comme celle des voix-off dans les bandes-annonces. « Arac attack deuxième partie. » Je me reculais avec un sourire en coin malicieux. « À côté de ça, faire du roller en rampe c’est aussi facile que de couper des tomates. » Je nous  voyais déjà armés jusqu’aux dents pour éteindre toutes les espèces d’araignées qui avaient proliférées à l’étage de l’atelier de Dayton Cliff.

Morgan n’était pas là, et nous parlions tout de même de lui. Quelque chose au fond de moi-même me murmurait que sans la présence de Marlène et Morgan, nous n’étions pas au maximum de notre forme. Il manquait un truc. Il manquait deux humours donc deux idiots supplémentaires. « C’était pas moi qui l’abandonnait, mais les Yakusa qui me forçaient à le faire !! » Un grand sourire complètement ridicule s’empara de mes zygomatiques.
Depuis toujours, je n’avais jamais réellement compté un énorme entourage : quelques amis, une bonne entente avec les diverses personnalités remplissant les pages de mon livret de famille, un bon patron, quelques amis d’enfance –que je pouvais compter sur les doigts d’une main-, une copine…  et mon caractère voulait que je ne conserve aucunement une relation avec les personnes pouvant se mettre en travers de mes projets ou ceux qui aurait eu la possibilité de mettre une amitié en hiatus. J’avais pour principe d’avoir très peu de proches, mais de pouvoir continuellement compter sur eux. Sauf que, dans l’autre sens, j’avais conscience d’être une personne fréquemment insupportable –ceci ayant été entretenu par mon fidèle ami de longue date, Newton – et je me rendais rarement compte jusqu’où mes idioties pouvaient me conduire. Je me demandais alors parfois comment et jusqu’où Calypso arrivait et arriverait à me supporter. Nous ne nous étions jamais vraiment disputé –l’un de nous finissait toujours pas revenir avec des petits yeux de chiot et on se faisait un câlin pour oublier- mais je savais que ce genre de moment n’allait pas tarder à faire son grand comeback. Il y avait énormément de choses que Callie ignorait et en m’installant avec elle, j’allais devoir tout lui déballer pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté sur nos vies. Tout me plaisait chez elle et je ne saurais suffisamment remercier mon road trip, Morgan et sa voiture pour avoir engendré notre rencontre.
« Tu sais très bien que je n’ai peur de rien, sauf de tout ce qui a des pattes et qui s’introduit dans ton habitat sans avoir la bonté de te demander si ça peut entrer !! » Je me voyais déjà en train de me battre dans la poussière en compagnie d’une fidèle chaussure, arme destructrice anti-visiteurs-squatteurs (quoique, nous étions les squatteurs, pas ces pauvres bêtes qui se languissaient seules avant nous). « On  ne pourra s’installer que demain après-midi, pour ce soir c’est mort, la nuit ne va pas tarder à tomber et mon boss m’a mis dehors presque à coups de pied ! » D’un geste très aristocratique, j’invitais Calypso Weaver à me donner sa main pour que nous puissions quitter le Coffee Shop.
Enfin, nous nous étions retrouvés et cela pour une longue durée. Hélas, nos retrouvailles n’allaient pas être de tout repos et je me voyais déjà me faire attaquer de tous les côtés : par les araignées, ma mère, ma sœur, Morgan et… « Hey les emo skateurs, vous vous rappelez de nous ?! » …les affreux abrutis de Nampa, plus connus sous le nom des " amis de l’ex de Callie ".

La question de Calypso, à travers un rare regard transparent, me faisait sourire. « Je dois avoir des sacs en carton chez Morgan, on fera des trous à l’emplacement de nos yeux et on ira signer un pacte anonyme avec la chef des araignées. A condition que tu passes devant ! » Que le premier me traitant de lavette sorte de l’ombre et j’irais moi-même lui foutre mon pied aux fesses ! …Enfin, s’il se laisse faire ! Non, je plaisante. Changeant brutalement de sujet, je répondais à la deuxième question de la petite brune. « Hors de question ! Cela signifierait que tu échoueras dans ta caisse, sur la banquette arrière ou dans ton coffre… Au risque qu’un cleptomane te vole tes chaussettes ! » Et pour illustrer la situation, je faisais mine d’avoir l’air choqué. Bien entendu, je n’allais pas la laisser au vilaines pattes du froid et de l’insupportable humidité. J’allais forcément trouver un moyen. D’ailleurs, il me venait une idée, qui ne m’enchantait pas spécialement, d’ailleurs. « On peut aller chez moi. Je veux dire, chez mes parents. En douce. Vers euh… Dans la nuit en fait. » Le silence avait choisi ce moment pour poser ses grosses fesses. « Je sais, je sais ! Ça fait gros adolescent qui ramène sa première copine à la maison –ce n’est pas tout à fait faux, en plus- mais je préfère leur en parler comme un véritable fils qui se confie –ça me donne la nausée rien que d’y penser- plutôt qu’ils se retrouvent face à toi demain matin sans connaître ton prénom. » Je m’attendais à ce que Callie rétorque "T’es sérieux ?! T’as toujours rien dit ?! " Je commençais alors à préparer intérieurement mon casque, mon gilet pare-balles, mes palmes et mon tubas.
En sortant du Coffee Shop et suite aux attaques houleuses des vieux compagnons lourdingues de l’ancien petit ami de Calypso, je sentais ses jointures se resserrer autour des miennes. Ce geste signa automatiquement les hostilités, les traits de mon visage se durcirent. C’était bien simple : il y avait le vieux Charlie trop cool, et le Simon adulte, ayant passé le cap des puérilités en s’étant débrouillé pendant une année avec trois fois rien, le garçon devenu jeune homme capable d’assumer une relation à distance pendant plus de deux mois. Il y avait de quoi forger un ado en futur parent et parfois je regrettais d’avoir mis les pieds en plein dans le monde des adultes compte tenu des cas qui nous suivaient comme des relents de peste noire. Je n’avais rien à dire, je laissais Calypso leur balancer ce dont elle avait envie en ayant l’espoir que les abrutis congénitaux débarrasseraient le planché. Mais soyons réalistes, même dans ces choses inutiles, laides et naïves appelées Disney, les fuites des méchants n’ont jamais existé…sauf avec les Pokémon.
Pour sûr que nous avions mieux à faire ! Mais il n’y avait rien qui me donnât envie de filer tant que ces crétins étaient toujours face à nous deux. Je voulais acquiescer du chef avant que les idiots ne protestent, hélas, je leur laissais un laps de temps suffisamment long pour qu'ils s’avancent davantage. « Bah alors, Weaver ? Tu mets les voiles ? Je me souviens qu’autrefois tu acceptais tout ce qu’on te proposait… Ça manque un peu au prédécesseur de ce gringalet, au passage… » S’en était trop. Le premier type était presque arrivé à ma hauteur, ce qui me permettait de voir qu’il ressemblait autant à un cochon de près comme de loin. Je ne pus m’empêcher de le bousculer assez violemment. « Hey, faciès de bacon, tu te permettras de nous aborder seulement lorsque ta mère aura obtenu l’autorisation de te faire greffer des neurones. » Des hématomes allaient pleuvoir, bientôt…