innocent? won't work.

Le bar est bondé de monde ce soir, du moins, l'était. Les gens se sont calmés, ils commencent enfin à partir, et je peux enfin aller fumer en paix, ce à quoi j’aspire depuis quoi, vingt minutes? C’est ce que l’horloge m’indique du moins. Moi qui aurais juré avoir passé une heure derrière le comptoir à servir les clients, je commence à désespérer. Une heure et une vingtaine de minutes que je traine ici, il est donc à peine vingt-deux heures trente. Je roule les yeux en me dirigeant vers la salle des employés, m’étant d’abord assurée que ma collègue se chargerait des gens dans le bar. Je cherche un peu dans mon sac, sans succès puisque c’est légèrement le bordel là-dedans. Puis je juge qu’il est plus pratique de simplement l’emmener dehors, pour ne pas passer cinq heures à chercher, et comme de fait, l’idée était beaucoup plus utile que fouiller le sac de fond en comble.

Je trouve la petite boîte métallique avec des dessins à motifs de logos de cigarettes imprimés sur le dessus. Plutôt ironique lorsqu’on connait le dédain que je porte à ces petites choses qui, mis-à-part vous donner le cancer, n’a pas vraiment d’utilité. En fait, c’est une idée que j’ai eu un jour en allant acheter mes zig-zag à la tabagie. La petite boîte était là parmi les autres avec d’autres avec des motifs différents, des boîtes à cigarettes pour faire un peu plus classe que les petits cartons qui massacrent les clopes lorsque vous les gardez dans vos poches. J’ai donc acheté ma petite boîte métallique toute bleue avec le logo où on peut bien voir écrit en gros EXPORT-A sur le dessus. Bref, j’ouvre lentement, comme pour faire durer le suspense, pour enfin découvrir ce à quoi je pense depuis que le bar est ouvert. Certains peuvent bien dire que je suis accro, moi je dis que ces gens-là ne comprennent rien à la vie. Je glisse mes doigts pour attraper mon joint de la taille exacte et sculpté à la forme d’une cigarette –bah oui avec le temps on devient des vrais pros – et je ne prends pas beaucoup de temps avant de l’allumer. Je soupire et penche la tête vers l’arrière avant de m’appuyer sur le mur, exhalant doucement la fumée. Les clients du bar n’existent plus, le bar en fait n’existe plus.
Seulement, une fille aux cheveux bruns arrive près de moi, calmement. Elle, c’est clair qu’elle existe.

Inutile de cacher mon pétard, elle l’a déjà vu de toute façon, et malgré toute la discrétion du monde, elle a bien réussi à me trouver. Bon sang, faudra parler à Tobias pour la subtilité, parce que là, on est vraiment dans la merde. « Oui, t’as besoin de quelque chose? » Je pense que je la reconnais, parce qu’elle est souvent au bar. Peut-être qu’elle traîne, qu’elle fume et m’a déjà vue fumer (ou peut-être Tobias, quelqu’un d’autre, je sais pas merde) et cherche quelque chose, donc c’est pour ça que je lui pose la question, sinon, je risque d’avoir l’air un peu stupide. Je réalise que je suis encore appuyée contre le mur et je me redresse, parce que j’ai un peu l’air d’être dans un mauvais film de gangster pour le moment. Je la regarde, tentant d’avoir l’air le plus neutre possible. En fait, je m’en fiche un peu, c’est qu’un foutu joint après tout.

FICHE ET CODES PAR RIVENDELL