La journée semblait passer avec une certaine monotonie. Comme un jour de congé, son unique dans la semaine, elle le passait à travailler, à danser et à enchaîner les coups de téléphone. Cela faisait quasiment dix ans qu'elle vivait à White Oak Station, jolie ville qu'elle n'appréciait que peu. Elle était arrivée ici, sans en avoir envie. Elle avait quitté une vie qu'elle avait trouvé plutôt belle, pendant seize ans. Seize longues années qu'elle avait vécu avec autant d'énergie, de passion et d'amour. A Phénix, elle avait rencontré sa meilleure amie, le premier garçon et le seul qu'elle avait véritablement aimé jusque là. Au Canada, qu'avait-elle eu de bien ? Ses amis se comptaient sur les doigts d'une unique main. Ses relations amoureuses n'avaient pas réellement exister. Elle n'en avait connu qu'un, s'était même mariée à Nicola. Un homme qui aurait pu être le bon pour elle, mais qui, au final, ne lui avait apporté que des ennuies.
Ce jour l'ennuyait. Seule dans sa maison, fraîchement décorée, à son gout. Elle avait toujours aimé la décoration d'intérieure et ne savait pas pourquoi elle ne s'était pas lancée dans cette discipline. Elle aimait les belles décorations, les fleurs et les jolis tableaux. Une passion qu'elle s'était découvert, tout comme la danse qu'elle pratiquait depuis longtemps. Tellement longtemps.

La journée bien avancée, assise devant sa télévision, son ordinateur portable sur les genoux, elle regardait une vieille série télévisée tout en écrivant son prochaine article sur le mariage. Elle ne savait pas si c'était un signe. Elle s'était lancée quand quelqu'un avait sonné à la porte, la sortant de son cauchemar. Elle détestait ce sujet et aurait beaucoup de mal à écrire quelque chose d'aussi bien que d'habitude. Se levant, elle remis en place ses chaussons, tenta de défroisser ses vêtements, ceux qu'elle portait lorsqu'elle était en congé. La porte ouverte, elle se surprit elle-même de voir la personne derrière la porte. « Sixtou ? Mais qu'est-ce que tu fais à White Oak ? » Sixtynne Weaver était sa meilleur amie, la seule l'unique. Depuis qu'elle avait quitté Phénix, elle n'avait pas voulu perdre contact avec elle. Elle avait été tout pour elle, jusqu'à aujourd'hui, bien qu'elle ne soit pas au courant de son divorce et de ses fausses-couches. « Si j'avais su que tu venais ici, j'aurais pris des vacances, pour profiter de ta venue ! » Elles auraient pu se promener, voir du pays, se retrouver comme au bon vieux temps dans la salle de danse qu'elle avait spécialement aménager à l'étage de sa maison pour ne rien perdre de ce qu'elle avait appris. « Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? » Elle l'interrogea du regard avant de reprendre. « Viens entre ! »

« Si tu savais comme je suis contente que tu sois là ! » Elle avait conduit Sixtynne dans le salon. C'était une grande pièce, lumineuse, aux meubles design et en accord avec les couleurs et la décoration. C'était un endroit chaleureux, un endroit accueillant et idéal pour recevoir. Zippora aimait sa maison, malgré tout ce qui avait pu se passer. Et aujourd'hui, elle pouvait enfin la montrer à sa meilleure amie. « Comment ça ? » Elle se repassait ses mots intérieurement. Que voulaient-ils dire ? Je ne compte pas rester ici que quelques semaines. Elle qui était d'un naturel intelligent, en comprenant rapidement ce que l'on pouvait lui dire, restait à présent sans voix. Elle n'arrivait pas à comprendre. Pendant plusieurs secondes, elle était restée muette, cherchant une suite à cette phrase. A ces mots. Elle avait dû mal à croire que ce qu'elle croyait été vrai. « Si tu ne restes pas si peu de temps, cela veut dire que tu restes encore plus longtemps. » Plus longtemps pouvait signifier plusieurs mois. Elle s'était assise sur son canapé de cuir blanc et avait invité la jeune femme à faire de même. Elle cherchait dans le regard de sa meilleure amie quelque chose qui pourrait la mettre sur la piste. Elle semblait heureuse. Son regard l'était en tout cas. « Dans le genre cachottière, tu ne m'aurais pas caché que tu venais t'installer ici ? » Zippora l'interrogeait du regard, jusqu'à comprendre qu'il s'agissait vraiment de ça. « Je crois que c'est la bonne nouvelle dont j'avais besoin. » Pour la première fois depuis plusieurs mois, elle avait sourit. Un véritable sourire. De la joie apparaissait dans ses yeux, brillant par quelques larmes qui n'attendaient qu'une chose : sortir, se laisser couler le long de ses joues. Depuis près d'un an, elle enchaînait les mauvaises nouvelles. Le retour de sa meilleure amie dans sa vie ne pouvait être qu'un bonheur pour elle. Un si grand bonheur qu'elle s'était effondrée dans ses bras, en larmes. « Merci, merci d'être venue. » Sa réaction pouvait paraitre exagérée, déplacée ou qu'importe, mais après ce qu'il s'était passé dans sa vie, elle n'avait besoin de rien d'autre que d'avoir sa meilleure amie à ses côtés.