surprise meeting

astrid & espen, février 2015

Mon arrivée au pays des caribous ne s’était pas faite sans peine. Après plusieurs heures d’avion, après avoir découvert que ma sœur avait déménagé sans me prévenir, je l’avais retrouvé à son lieu de travail où elle m’avait avoué qu’elle était en couple avec une femme, et qu’elle vivait avec elle. Après le choc et la discussion non sans galère que nous avions eu, elle m’avait déposé chez elle avant de partir à une soirée organisée par ses coéquipières avant son prochain match. Me voici donc seul, dans sa maison, en essayant tant bien que mal de digérer la nouvelle. La maison de ma sœur était de taille raisonnable, et pouvait m’accueillir mais je me doutais bien que je n’allais pas rester ici longtemps : j’allais devoir prendre mes responsabilités au plus vite, car l’idée même de savoir ce que pourrait faire ma sœur et cette…Astrid dans leur lit me faisait froid dans le dos. Mais peut-importe, de toute façon, il était grand temps à vingt-trois ans de prendre mon envol, même si c’était un peu trop rapide pour moi. En attendant, je dormirais ici que ça plaise ou non. Joanne me doit bien ça.

Mon arrivée datait encore du matin, et j’étais assez fatiguée, et surtout, il faisait plus chaud que prévu dans cette maison, et je m’étais donc dévêtu de mon tshirt pour rester en caleçon : ma sœur n’y trouverait pas d’inconvénients, et puis sa copine n’était pas là alors je m’en fichais un peu. Allongé sur le canapé, il était au alentour de dix-neuf heure trente lorsque je m’endormis d’un coup. Je regardais le sport à la télévision, et paf, mes yeux s’était éteint. Je ne savais pas trop quelle heure il était dans ma tête, mais une chose est sûre, j’étais vraiment fatiguée. Le voyage y était pour quelque chose, je le savais bien, mais l’annonce de ma sœur avait accentué cette fatigue. Une journée vraiment riche en émotion. Mon sommeil était plutôt léger, et c’est le bruit de la porte d’entrée qui me fit ouvrir les yeux. Je m’étire dans le canapé, puis me lève en m’avançant vers l’entrée, persuadé que c’est ma petite sœur. En caleçon, ce n’est pas en face de ma sœur que je me trouve une fois dans l’entrée, mais en face d’une blonde, un peu plus grande que ma sœur. Astrid. Je la regarde, un peu gêné de la situation. Je ne sais pas si Joanne l’a mise au courant de mon arrivée, mais en voyant ses yeux, j’ai soudain l’impression qu’elle ne l’a pas fait. Je décide de prendre la parole, sans décrocher le moindre sourire. « Tu dois être Astrid. » Je la fixe, ne bougeant pas d’un poil.

surprise meeting

astrid & espen, février 2015

Une personne ne me connaissant pas pourrait avoir peur de mon allure, voire même s’enfuir au courant face à moi. Mes lèvres étaient fixes, mes yeux ne clignaient pas, et mon corps était complètement tendu. La blonde en face de moi semblait étonnée de me voir, et j’étais désormais certain que ma sœur ne l’avait pas prévenu que j’étais chez elle. « Oh bordel. » Je la regarde, ne sachant réellement pas quoi dire. Elle recule, comme ci elle avait peur de moi, et je savais très bien que c’était le cas, alors je me contente de sourire histoire de la rassurer un peu. Mon sourire n’était pas vraiment honnête, et on voyait très bien que je me forçais. « Qui êtes vous ? » Elle m’observe de la tête au pied, comme ci j’étais un étranger, bon ce qui est le cas finalement. L’idée même de continuer de lui faire peur me traverse rapidement l’esprit, mais je reviens rapidement à mon esprit clair quand elle poursuit. « Où est Joanne et que faites-vous chez moi ? » J’attrape ma veste sur le porte manteau de l’entrée, et l’enfile histoire qu’elle arrête de fixer mon torse, et pour ne pas que la situation soit trop dérangeante pour elle, et même pour moi. Je la regarde et recule un peu histoire qu’elle puisse se décaler un peu de la porte. « Elle ne t’a pas prévenu de ce que je vois. » Je soupire et hausse les sourcils. Ma sœur exagère quand même un petit peu au final. Je ne savais pas trop ce que faisait Astrid avant d’arriver chez elle, mais j’étais certain que ma sœur aurait pu la prévenir que je squattais chez elle à un moment ou à un autre. La nouvelle était difficile à digérer pour moi, mais le fait que ma sœur n’ai pas prévenue sa copine l’était encore plus. Alors je prends à nouveau la parole, ne sachant pas trop ce que je vais dire. J’improvise, tentant de ne pas trop rester dans le silence. « Je suis Espen. Le frère de ta… copine c’est ça que je dois dire ? » Je poursuis, en soufflant. « Si vous n’êtes pas encore fiancée, enfin si c’est le cas je suis pas au courant, donc ça doit être ça ouais, ta copine. Petite amie. » Je baisse un peu les yeux, ne voulant pas fixer la blonde en face de moi. Mon ton de parole était relativement froid, et on ressentait clairement dans le timbre de ma voix et dans mes yeux que la nouvelle était encore coincée dans ma gorge, et qu’elle tentait de se faire place peu à peu, mais que ce n’était pas encore le cas. Je relève rapidement les yeux vers la blonde, qui restait dans le silence. Je soupire, puis prend à nouveau la parole, en essayant d’être le plus franche possible, et moins froid. « On recommence. » Je respire, puis recommence. « Et donc tu dois être Astrid ? Tu permets que je te tutoie, au point où on en est. » Je lui souris, pas vraiment parce que j’en ai envie, mais seulement histoire de détendre l’atmosphère.