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#feels boom

Caresses et coups de poing dans la gueule sont les pleins et les déliés de l'amour

Serge Gainsbourg 

Ce que t'adorais chez lui, c'était quand il t'appelait Princesse. Princesse, ça sonnait bien, t'avais l'impression d'être irremplaçable, belle, désirée. Ce surnom adorable te faisait toujours esquisser un léger sourire malgré toi. Ouais, princesse c'est bateau, et c'était sûrement un surnom qu'il avait trouvé dans le dernier dictionnaire des nouveaux lovers des années 2000, mais t'en avais rien a faire, tu l'aimais ce putain de surnom. En fait, t'aimais pas que le surnom chez lui, t'aimais tout. Ses yeux ténébreux, ses cheveux ébouriffés, sa voix envoûtante, sa musculature parfaite.. et puis, lui. Son sens de l'humour, sa manière à lui de raconter sa vie pendant des heures tout en gardant ce soupçon de mystère, sa façon de te dire bonjour en enroulant son bras autour de ton cou, son parfum de mâle imposant, ses bisous sur ton front, tout. Il fallait le dire, à l'époque t'étais in-love de lui, comme si ton monde était relié au sien, supprimant tous les défauts de son être. C'est vrai, il te parlait mal. Vraiment mal même. Le nombre incalculable de fois ou il t'a traité de « salope » parce qu'il n'appréciait pas tes tenues et ta proximité certaine avec d'autres garçons, tu t'en souvenais comme personne, mais.. c'était pour rigoler non ? Et il était un peu macho sur les bords, tu ne pouvais pas vraiment le nier, ça. Mais tous les hommes sont comme ça non ? Et puis les femmes, ou plutôt toi, il aimait bien se défouler sur elles. Mais toi, tu ne te laissais jamais faire, parce que t'étais chiante. Sur une échelle de un à dix tu devais au moins en être au niveau onze. T'étais chiante, parce que tu ripostais toujours, tu sortais les griffes et t'avais pas peur de gueuler encore plus fort que lui. Du haut de ton mètre soixante-six et de ton corps prêt à se casser au moindre choc, tu te défendais plutôt bien. Ou du moins pas trop mal.

Tu disais à toutes tes amies que c'était passionnel entre vous quand elles te découvraient avec un nouvel hématome, les sourcils froncés. Elles, elles se contentaient de faire comme si elles n'avaient rien vu, enviant faussement cette relation malsaine. (La violence, était devenu monnaie courante dans notre société d'aujourd'hui, et un couple qui se tapait dessus était apparemment classé dans la catégorie romantique dramatique d'une relation amoureuse.) Cependant, c'était vrai, c'était passionnel entre vous, de vraies montagnes russes. Tu l'aimais comme personne autant que lui t'aimait, c'était véridique. Et si un jour il avait osé te demander de sauter du dixième étage avec lui, tu l'aurais fait. Tu l'aimais à en crever ta paire d'abdominaux, ta montagne de muscles, si t'acceptais qu'il te frappe autant que toi, c'était pour tous les bons moments passés ensemble. C'est vrai, merde, c'était ta première fois, ton premier vrai amour. Un amour connard, mais un amour quand même. Jusqu'à ce qu'il aille trop loin, qu'il serre trop fort ses deux mains autour de ton cou parfumé. Il avait un peu bu, t'y pouvais rien, tous les hommes sont comme ça non ? Tu t'es pas laissée démonter, t'as rentré tes ongles dans sa peau claire et t'as balancé le coup de pied de ta vie avant de t'enfuir. Les yeux mouillés, les mains autour des marques, t'es allée voir Rhys. Sur le coup, t'as pas vraiment réfléchi, tu voulais juste des bras pour t'entourer et une voix douce pour te réconforter, mais quand t'as sonné et que tes yeux se sont levés sur lui, t'as compris qu'il n'allait pas en rester là, parce que Rhys c'est ton frère, et  qu'un frère ça sort les poings pour sa sœur. Et Rhys il a peur de rien, Rhys c'est celui qui boxe à ta place, qui se prend les coups pour toi. T'en avais assez pris comme ça, des coups. Il a passé sa main sur ton cou, la machoire aussi serrée que ses poings et puis, il est parti en claquant la porte.

Ca sort les poings pour la mauvaise raison, les hommes cognent partout, mais tu sais que t'es pas tombée sur le bon. T'es même tombée sur le plus mauvais, alors tu t'accordes une pause, parce que t'en as marre de la violence et accessoirement marre de la gente masculine.

La vie c'est une panique dans un théâtre en feu.

Jean-Paul Sartre

Gaia Norwood. Ton nom sonnait comme une bénédiction dans la famille, l'allure nordique cheveux blonds, yeux bleus te donnait cet air d'ange innocent qui ne faisait qu'accompagner ton image lisse et sans fissures. Ta voix écorchée te donnait ce petit côté rebelle que t'adorais entretenir, histoire de montrer que tu n'étais pas que la fine bouche et l'étudiante studieuse sans grande vie sociale. De tout temps t'as toujours fait attention à ton allure, rien qui dépasse, rien de travers, tout bien rangé. Tu supportes mal le désordre, alors que ta vie est un vrai bordel. Si t'avais voulu le faire exprès tu n'y serais pas arrivée d'ailleurs, ta vie sentimentale s'est arrêtée après lui, et ta vie en tant qu'étudiante a tout simplement pris fin après ton diplôme au lycée. C'est pas que t'aimes pas les cours, non, t'as bizarrement toujours réussi à avoir des notes exceptionnelles ainsi que des appréciations convenables sur tes bulletins. Tu pouvais dire merci à tes facilités et à ta mémoire photographique, sans ça, t'aurais été foutue avant même de commencer. C'est pas que t'aimes pas, c'est que t'es tout bonnement perdue. Tu sais pas ce que tu veux dans ta vie, t'es entourée de tout ce que tu pouvais rêver, une baraque plus grande que la maison blanche, un dressing comme celui d'Eva Longoria et une famille aimante, bien que souvent absente. A part ton frère, tu vois pas souvent tes parents toujours en déplacement, et puis tu cherches pas non plus à les voir, tu préfères te terrer dans ton coin et surgir quand ils reviennent en ville, question de facilité.

Tu fais tout et n'importe quoi dans ta vie, un jour t'es derrière le bar, un autre tu tentes le droit, un autre tu t'essaies à l'art. Tu crois que l'art c'est ton domaine, t'es sûre même, mais t'as envie de profiter de ta vie de jeune adulte insouciante qui n'a qu'à se servir dans le porte-monnaie garni pour vivre. T'aimes pas faire ça, utiliser tes parents comme une banque, mais t'aimes bien trop le luxe pour habiter dans un taudis mal fréquenté. Tu te laisses un an, puis tu te lanceras dans la mode. La mode c'est farfelu, c'est moche même. T'aimes bien les choses farfelues et moches. Toute façon t'es bizarre, tu dois être l'une des seules personnes sur terre à aimer regarder les vieux films de mauvaise qualité, à écouter de la musique classique et à tenter de dénicher des vieux vinyles encore plus vieux que la cathédrale Notre-Dame. T'aimes l'histoire, les grecs, les égyptiens, les samouraïs, c'est ton domaine, t'es incollable, alors oui, tu pouvais le revendiquer, t'aimais définitivement trop les choses farfelues pour passer à côté de l'univers de la mode. La mode se renouvelle, se réinvente, s'inspire de l'ancien, un peu comme toi. Tu évolues, tu changes, mais tu restes cette personne que t'as toujours été : une bonne patte toujours là pour les autres, terriblement caractérielle mais absolument attachante. T'es pas méchante, t'es pas une mean girl t'es juste toi et seulement toi. Le problème, c'est que t'en n'as pas touché un mot à ton frère, t'as pas envie de le décevoir, Rhys. T'as envie qu'il continue de te voir comme une fille sérieuse qui continue ses études dans une école d'art. Tu lui mens pour ne pas qu'il s'inquiète de ton avenir, t'es sa petite sœur, pas le boulet qu'il doit traîner. Tu veux pas être son fardeau, tu te débrouilles plus ou moins bien toute seule. Enfin ça c'est ce que tu crois, parce que si tu fais le bilan sur ta vie, t'as foiré pas mal de choses finalement.

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Gaïa, elle a la maudite manie de s'évanouir dans la nature sans prévenir. Elle peut partir sur un coup de tête à l'étranger et revenir trois jours plus tard, comme un mois après. Dès qu'elle en ressent le besoin, elle fuit sans laisser de mots.

Gaïa, elle est persuadée qu'elle finira dans la mode, mais l'idée d'être médecin militaire lui trotte dans la tête depuis plusieurs années. Elle a autant envie d'être sous les feux de la rampe que sous les coups de feu à soigner les héros de la guerre.

Gaïa, elle est terriblement chiante. Elle ne sait jamais ce qu'elle veut, ce qu'elle souhaite, et dès qu'elle ressent quelque chose à l'encontre de quelqu'un, elle lui fait comprendre tout le contraire. Gaïa, un jour tout va bien, l'autre tout va mal, pour la percer à jour, c'est un vrai labyrinthe.