"N'oublies pas qui tu es, Jules."
your lion's heart will protect you under stormy skies

« Je n'ai jamais été douée pour parler, alors je vais vous dessiner mon histoire. Je trouve que ça me correspond mieux.
- Vous dessinez depuis que vous avez quel âge ?
- Je trouve votre question dénué de sens. Tout le monde dessine. Chaque humain, la première fois qu'il touche à un crayon dessine. C'est la première chose que l'homme a été capable de faire. Dessiner.
- Vous m'avez comprise.
- Je me suis découverte cette passion pour le dessin à dix ans, quand je trouvais le mur de ma chambre trop blanc.
- Qu'est-ce que vous y avez dessiné ?
- Mes rêves.
- Et qu'est-ce qu'ils représentaient ?
- Des formes en tout genre, des buildings flous, des rires précis.
- Comment avez-vous fait pour dessiner ces rires ? Vous avez dessiné des personnages en train de rire ?
- Non, des oiseaux le bec grand ouvert. Ca en dit beaucoup sur mon désir de partir, n'est-ce pas ? »


"Premier dessin"
Les liens du sang, plus fort que tout. Quand on en a besoin.J'ai une petite famille. Il y a là mon père, Henry Green, là ma mère, Valérie Dumont, et moi au milieu, Julie Sorayah Green. Je suis fille unique. Je crois que c'est de famille, chez les Green, de n'avoir qu'un enfant. Quand vous regardezn du côté de mon père, ce sont mes grands-parents. Ils n'ont pas eu d'autres enfants que mon père. Enfin, c'est plus dû à un problème de santé en fait. Que je pourrais, puisqu'il est héréditaire. Pour l'instant, je touche du bois, je ne présente aucun signe. Je tiens mon deuxième prénom, Sorayah, de ma grand-mère maternelle, la petite blonde que vous voyez derrière ma mère. Mon grand-père maternel est mort pendant la guerre du Golf, je ne l'ai jamais connu. Vous avez remarqué que chacun des parents a un pendentif représentant le drapeau d'un pays. Ma grand-mère maternelle est française, et ma mère est née en France. La famille du côté de mon père sont tous anglais. Je suis née en Angleterre, d'ailleurs. Dans une petite ville de Cornouailles. Peu de temps avant mes trois ans, mes parents ont décidé de déménager aux Etats-Unis, pour que mon père puisse accepter de travailler dans une grande entreprise là-bas. C'est comme ça qu'on a attéri à White Oak Station. La ville leur rappelait l'Angleterre. Je n'en ai aucun souvenir, je n'y suis jamais retourné, je ne pourrai jamais vous dire s'ils ont raison ou pas.

Je n'ai pas de famille aux Etats-Unis mis à part mes parents, enfin, ma mère seulement aujourd'hui. En France, je sais que ma mère a une soeur et un frère, mais je ne connais pas mes cousins. La seule famille que j'ai réussi à me construire sont le peu d'amis que j'ai réussi à me faire pendant ma scolarité.

J'ai toujours eu une bonne relation avec ma famille, que ce soit mes grands-parents ou mes parents. J'étais leur fille à tous, chouchoutée, même avec un océan entre nous. Je n'ai pas fait subir à mes parents une crise d'adolescence. Je me renfermais sur moi petit à petit à cause de mes problèmes au lycée, mais cela n'a jamais altérée ma relation avec mes parents. C'était parfois une libération de rentrer. Jusqu'à ce que le problème du lycée devienne un problème à la maison. Ma relation avec mon père s'est dégradé, ma mère faisait tampon entre nous. Mon choix universitaire n'a pas plus. Ma mère était secrètement heureuse que je choisisse ma propre voix. Mais elle n'a rien dit. Elle a choisi de rester auprès de mon père. Je ne lui en veux pas. Je suis heureuse que mon père ait accepté que je ne suive pas ses traces. Je crois qu'il voulait juste se dire qu'il m'avait bien éduqué, qu'il avait réussi à me transmettre un peu de lui. D'après mon entourage, je suis son portrait craché. Alors repose toi en paix dans ton paradis, papa, tu m'as transmis plus que tu ne le penses.

"Deuxième dessin"
Dessiner revient à respirer. C'est mon exutoire, la raison de mon gagne pain, aussi.D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours dessiné. Sur mes bras, sur des feuilles, sur les murs, sur les tables. Partout où je pouvais dessiner, je dessinais. Quand je faisais du baby-sitting, je m'amusais à dessiner dans la soupe des enfants pour qu'elle ait l'air plus attrayante et qu'ils la finissent. Comme je vous l'ai dit, ce n'est qu'à dix ans que je me suis rendue compte que j'allais dessiner toute ma vie. Un matin, je suis allée voir mes parents et je leur ai demandé de m'acheter tout un kit de crayon à dessin. Ils m'ont également pris des feuilles à dessin. Je me souviens encore très bien de leur tête quand ils ont vu que je ne prenais pas les feuilles et m'enfermais dans ma chambre pendant des heures. Je ne suis pas sortie de ma chambre pendant six heures. Je n'ai pas mangé. Je faisais juste des pauses pour boire de grande gorgée. J'ai dessiné, dessiné, jusqu'à user toutes les craies, toutes les couleurs que m'avaient achetées mes parents. J'en avais partout sur moi. J'ai dessiné de tout. Des oiseaux, des buildings dans le fond, en flou, des gens qui courraient entre les animaux, des fleurs qui poussaient sur des nuages. Tout ce qui me passait dans la tête avait sa place sur mes murs. J'ai recouvert trois de mes murs de mes dessins. Si mes parents avaient été énervés, ils n'en ont rien montré. Quand je les ai enfin laissé entrer - parce que je n'avais plus de craies, parce que mon ventre criait famine - ils n'ont rien dit. Ils se sont juste assis à même le sol, et ont tout regardé, en détail. Je rougissais, j'avais agi sur un coup de tête. Mes parents étaient admiratifs. Ils n'arrêtaient pas de me poser des questions. Qu'est-ce que représentaient les oiseaux ? Et pourquoi des nuages jaunes ? Qui était ce petit dans le coin, qui sautait ? Comme j'avais fait pour atteindre les hauteurs ? Ma mère m'a avoué que quand je suis partie pour Chicago, mon père allait souvent s'asseoir sur mon lit, et regardait le mur, se demandant comment il avait fait pour rater ça.

A l'école, je dessinais beaucoup trop. Je passais plus mon temps à dessiner qu'à écouter. J'avais un réel problème de concentration. Enfin, c'est assez bizarre. Mon cerveau arrivait à se concentrer sur le dessin que je faisais sur mon cahier, mais également à écouter le cours. Mh, c'est comme quelqu'un qui lit un livre en écoutant de la musique. Il saura quelle chanson il écoute, ce qu'elle raconte, mais en même temps, ne perdra pas le fil de sa lecture. Et bien je faisais la même chose en cours. Le cours était ma musique. D'où ma relation tendue avec mes camarades de classes. J'ai appris à mieux me concentrer maintenant. Mais même en réunion de travail, je dessine encore sur mon cahier pendant que le directeur du service explique le projet qui nous a été donné. Quand je suis vraiment dans mon dessin, mon voisin me donne souvent un coup dans la chaise. Une fois, j'ai sursauté tellement fort que j'ai renversé mon café sur le client, qui se trouvait juste à côté de moi. Il m'a pardonné seulement deux mois après, quand je lui ai proposé la nouvelle affiche de son festival.

Je dessine tout le temps. Les tatouages que j'ai d'ailleurs ont été dessiné par moi. Dans l'intérieur du poignet droit, j'ai une mine de crayon, avec comme corps un port fuseau. Sous le sein gauche, la skyline de Chicago dans l'aile d'un oiseau. Le tatoueur m'a détesté, car ce sont tous les deux des tatouages qui ne font pas plus de cinq centimètres. Mais il aimait relever les défis que je lui imposais. Il m'aimait, aussi.

"Troisième dessin"
Les amis, les amours, les chansons chantées au coin du feu. Je ne vous donnerai pas les noms de mes amis et de mes amours. Juste des initiales qui n'ont rien à voir avec leurs vrais prénoms. Par respect. Ce n'est pas leur vrai visage non plus d'ailleurs.

La petite en bas, cheveux frisés roux, c'est S. C'est ma meilleure amie, la seule en qui j'ai toujours eu confiance. On se connait depuis qu'on est en maternelle, on habitait le même quartier. Elle dormait souvent chez moi, je passais mes après-midi chez elle. Elle a d'abord été mon premier modèle, une des rares personnes à avoir eu le droit à son portrait sur mon mur, dans ma chambre. C'est ma meilleure amie et je ferai tout pour elle. Elle m'a soutenue quand on était au collège et au lycée, quand les autres me rejetaient parce que je réussissais. Elle m'a soutenue quand mes parents m'ont tourné le dos. Elle m'a accompagné dans mes voyages les plus fous. Elle est mon opposé, ce qui fait que nous formons une balance équilibrée. Elle est une tempête là où je suis la douceur, l'impulsivité où je suis la sagesse. Quoiqu'on est assez impulsives toutes les deux en fait. Si certains évènements m'ont empêché de me forger un caractère qui tient la route dans mon enfance, je pouvais toujours me reposer sur elle.

Le grand dadet, c'est mon premier petit ami, L, avec qui je suis restée pendant trois mois. Mon premier en tout, premier baiser, première fois, premier coeur brisé. Je l'aimais comme une folle. Lui aussi a son portrait sur mon mur. Parce qu'il est important. On est restés amis après notre séparation. Enfin trois ans après notre séparation. On s'est croisé une fois à Chicago, par hasard, et on s'est rendu compte qu'on était dans la même université. C'était assez marrant, parce qu'à l'époque, je sortais avec un gars de sa classe. Le tatoueur.

D'ailleurs, le tatoueur est aussi dans ce dessin de famille. Là, coincé entre L et S. Je suis restée deux ans avec lui. Il m'a fait mes deux tatouages d'ailleurs. Et je crois que c'est lui qui a appelé mes parents pour ma remise de diplôme.

Le petit dernier, c'est G. C'est le petit que je gardais quand je faisais du baby-sitting dans le quartier. On a quoi, presque six ans de différence ? Je l'ai toujours considéré comme un petit frère. Encore aujourd'hui, je passe chez lui pour l'emmener au cinéma, prendre un café, parler de tout et de rien.

Toutes ces personnes, au nombre limité, font encore partie intégrante de ma vie. J'ai grandi grâce à eux. Je leur dois tout.

"Quatrième dessin"
Le personnage principal de ma vie, c'est moi, je crois.Et ça... C'est moi. Ce n'est pas moi hier, ni moi aujourd'hui. C'est moi demain. Je ne regarde plus en arrière. Si la mort de mon père m'a bien appris quelque chose, c'est qu'il ne faut pas rester sur des non-dits, des regrets, des remords. Il faut vivre sa vie à fond, sans se soucier de ce que penserait le soi d'hier, en faisant tout pour que le soi de demain n'ait aucun regret. Il faut avancer dans la vie. Je ne sais pas où je serai demain. Où je serai dans trois ans. Je sais qu'aujourd'hui, je suis rentrée sur White Oak Station, que je vais y rester un moment, prendre soin de ma mère, et explorer une nouvelle facette de cette ville. Partir à la conquête de Chicago et New-York m'a donné une nouvelle perception de la vie. Tout va à cent à l'heure dans ces villes. On n'a pas le temps de respirer. Alors qu'ici, on prend son temps, on apprend à vivre sans se presser. Le retour fut violent. J'en ai fais des crises d'angoisse parce que j'étais comme jet laguée de la vie. Je n'arrivais plus à dessiner. C'est pour ça que ma mère m'a demandé de venir vous voir. Elle m'a dit que vous veniez de San Francisco. Que vous saviez ce que c'était, de vivre dans des mégapoles. Et c'est la première fois que je dessine réellement, pour autre chose que le travail, et ça fait un bien fou.

Ce dessin me représente. Si la tête est floue, c'est que je ne sais pas je me suis dessinée à quelle époque. Je sais juste que c'est le moi de demain, et que j'ai hâte de la rencontrer.

« Vous voyez que vous arrivez à parler.
-Oh, taisez-vous.
-Vous allez redessiner, Miss Green. Vous y reprendrez goût. Vous ferez encore un peu d'angoisse mais, vous arriverez à ne plus être une étrangère à cette ville. Je peux garder ces dessins ? Je dois avouer que c'est assez nouveau comme thérapie pour moi.
-Faites vous plaisir ! Oh, et, merci. »

Merci tout le monde

Merci Charlotte

lizzie olsen.
le pseudo que tu as pris lui va à ravir.

en tout cas, bienvenue parmi nous.
le début de ta fiche est très agréable à lire. hâte d'en découvrir plus sur ton personnage.

oh, une marie,
Merci beaucoup ! Je dois avouer que je suis emportée dans l'histoire de Jules, hihi. Je la finis d'ici ce soir !

Merci beaucoup tout le monde

Wow, merci beaucoup ! Je m'occupe de tout ça dès maintenant

merci beaucoup juliet