J'ai besoin de toi comme d'une infirmière
   Non, j'déconne, j'avais. Maintenant, tu vas avoir besoin d'une infirmière.

Soyons clair, les premières années de ma vie, on s'en fout. Non ? Que voulez-vous que je vous dise ? Que je suis né il y a vingt-quatre ans dans une belle et joyeuse famille canadienne, que je suis l'unique fils de mes parents - du moins je croyais - et que j'ai toujours joué mon rôle de petit prince à White Oak ? Et bien voilà, je vous le dis. Quoi d'autre ? Je suis le genre de mecs qui a emmagasiné une liste déconcertante de conquêtes féminines, qui se fait voir comme le connard de service, qui s'est pris de passion pour la musique et qui a validé un Master de Psychologie pour faire plaisir à Papa et Maman ? Ca aussi, je vous le dis. On peut peut-être passer aux choses sérieuses maintenant ?  

Les choses sérieuses commencent il y a deux ans quand j'ai cru me rendre compte, à tord, que j'avais besoin d'une autre présence que la mienne pour m'en sortir dignement dans ce monde. La plus grosse erreur de ma vie. Surement la seule que je regrette d'ailleurs. Je me suis laissé, comme un imbécile de première, dépassé par mes sentiments, dépassé par ce genre de fourmillements qui se baladent entre l'estomac et la gorge quand on croit ressentir ce quelque chose que les poètes appellent l'amour. Connerie va. Ca a commencé de la manière la moins romantique possible, dans un bar, moi la traitant pratiquement de prostituées et elle jouant les grandes rebelles avant de m'embrasser sr le parking du Eagle entre deux taffes de tabac. Mais c'était nous. Incompréhensible et invivable pour n'importe quel être humain, mais pas pour nous. On aimait ça. On en avait besoin. Elle me faisait me sentir vivant cette idiote et ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.Je l'ai cherché. Je l'ai voulu. Elle m'a voulu. Je l'ai eu. Je l'aimais. Bordel, oui, je l'aimais. « C'est toi que je veux, pas un autre. » qu'elle disait. Moi et pas un autre. Juste moi. La flamme était là. L'amour aussi surement. Après des mois de galère à se mordre la queue et à se tourner autour, on s'était trouvé. On s'était trouvé. Et puis, elle l'a cherché. Elle l'a voulu. Et elle l'a eu, ce connard. Ce connard qui n'était pas moi. Ce connard face auquel je ne pouvais visiblement pas lutter. Ce connard qui en un claquement de doigt - ou de lèvres plutot - a fait voler en éclats les rares espoirs que j'avais.

Mais ce n'est pas si grave, je venais de retrouver une partie de ma famille - en perdre certes une autre au passage-. Je venais de la découvrir, elle, ma demi-soeur, la fille que mon père a eu avant de connaitre ma mère, la fille qu'il a lâchement abandonné, la fille dont je me suis royalement foutu avant de connaitre sa véritable identité. Mais je l'avais. Je la découvrais. Pas à pas, deux pas en avant, trois pas en arrière, mais j'essayais.  « Tu restes mon demi-frère après tout. » Sauf qu'elle a pris son partie. La partie de la brune. Le partie de sa meilleure amie. Comme font toujours les meilleures amies. Bordel. Encore une fois. Tout s'est effondré, tous ces espoirs débiles d'épicurien partaient en fumée. Tout. Je n'aurais jamais du croire à rien. Jamais. La famille, les amis, l'amour. Le pire dans tout ça ? C'est que depuis bien longtemps je l'avais compris. Ne pas aimer, ne pas s'attacher, ne pas s'approcher de trop près.Je l'avais compris. Mais elles sont arrivées. Wilhelmsson. Chesterfield. Elles sont arrivées et elles n'auraient jamais du. Elles sont arrivées et je suis parti.

Où ça ? N'importe où mais loin de White Oak, loin d'elles, loin de ce flot de sentiments et ressentis étranges qui m'envahissaient sans que je ne sache les gérer. Loin. Et loin, ça a fini à New-York. New-York parce que c'est le rêve. New-York parce que c'est l'anonymat pour tous, parce que c'est l'ambition, parce que c'est la réussite, parce que New-York c'est la ville où tout est possible et rien n'est définitif. Parce que j'avais besoin de ça. La grosse pomme. J'y ai pris mon envol, j'ai pris du plomb dans l'aile comme on dit. J'étais un petit con en partant de WOS, une gueule d'ange avec une tête à claque. Je le sais, je l'assume et j'en jouais même. Et qu'est-ce que je suis devenu ? Un grand con, bien évidemment ! Un grand con bien plus con qu'avant d'ailleurs ! Un con qui se fout du monde, un con qui pense à lui, un con qui n'a plus son coté je-m'en-foutiste mais qui a récupéré le coté ambitieux, manipulateur et avide de pouvoir. Le connard, le vrai. Celui qui avance seul, celui qui a le barbe qui a poussé, le torse qui a pris en volume et le regard qui s'est noirci. Le con qui a évolué quoi. Mais comme toujours, quand l'envol se passe pour le mieux, y'a un bon rocher qui nous tombe sur le coin de la figure et qui nous rappelle qu'on n'est pas si invincible que ça. . « Nolan, il faut que tu rentres. » Voilà les paroles de ma mère. A son ton, aux mots qu'elle  avait choisi, j'ai compris qu'on ne rigolait pas. J'ai compris qu'il fallait vraiment que je rentre. J'ai compris qu'une rare partie du monde avait encore besoin de moi. Que cette femme, cette seule et unique femme, avait besoin de moi. Un cancer. Un cancer généralisé. Pour mon père. Un cancer fatal. Deux semaines. Il ne lui restait que deux semaines. Deux semaines que j'ai passé entre les quatre murs d'un hôpital, dans le blanc pur et morbide à la fois d'une chambre, face aux sanglots de ma mère et au silence de mon père. Bref, le bonheur quoi. Le bonheur ironique qui était bien sur en réalité une douleur profonde, douleur qui s'est magistralement transformée en rage quand le malheureux a passé l'arme à gauche.

Je m'explique - et je conclus ce récit de ma vie qui ne vous concerne, en soit, pas tant que ça -.  Le brave homme, aussi brave que lâche, avait investi une bonne partie de sa fortune dans un bar à succès de la ville. Surement pour ne pas faire profiter de cet argent à sa famille de son vivant d'ailleurs. Con de père en fils. Sauf qu'à présent l'héritage tombe. L'héritage qui se compose des bénéfices faits mais aussi, et surtout, d'un fameux contrat qui stipule qu'en tant qu'actionnaire principal du Eagle and Child, Monsieur Derek Harkness ou ses descendants directs peuvent réclamer le poste qui leur ait du dans l'établissement. Hop hop hop, je crois que vous ne saisissez pas l'importance et l'impact de ces quelques mots. Ces mots sont en train de dire que grâce au décès de ce père plus ou moins digne, je deviens plein aux as et si je le souhaite, co-propriétaire du bar dans lequel bosse Wilhelmsson ? Elle a bien joué. Elle a bien ri. Mais croyez-moi, c'est à mon tour de rire. Allez vous cacher chers habitants de White Oak, Nolan Harkness revient et il va vous faire vivre un cauchemar.

Voilà voilà, tout ça pour dire que ce prénom ça va pas :

Spoiler:

Toi, tu risques de passer un sale quart d'heure si tu croises Sawyer dans les rues de White Oak Station Mais bon, Connor aura quand même besoin de son demi-tonton.
Je suis contente que tu sois de retour parmi nous, avec un aussi bel homme que Jack. C'est un très bon choix

Et ça suffit comme réponse non ?: