~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Ma vie au lycée ? Vraiment ? Comme si ça intéressait vraiment quelqu'un. Plus sérieusement,elle n'était pas si palpitante que ça. Je vivais à Ottawa, j'étais dans l'équipe des cheerleaders et, autant continuer le cliché jusqu'au bout, je sortais avec un membre de l'équipe de base-ball du lycée. Enfin, je sortais avec lui pour faire bonne figure plus qu'autre chose. Mais à l'époque, cela ne me gênait pas, au contraire. J'en ai tiré mon avantage et ca m'a plutôt bien servi.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Le bonheur est un sentiment tellement éphémère mais oui, je crois pouvoir dire que je suis heureuse en ce moment. Rien ne fait en sorte que je me sente plus bas que terre. J'ai des amis qui m'épaulent, un restaurant qui semble plutôt bien marcher et même si en ce moment je suis seule sur le plan sentimentale, je n'en suis pas plus mal. Je le vis bien en d'autres termes.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Je ne suis pas trop le genre de personne qui se projette dans l'avenir. Je n'aime pas ça. Je n'ai pas envie de vieillir. Je veux juste profiter de ma jeunesse. Alors me voir avec des enfants ? Je ne sais pas trop. Ca me faire peur. Je ne sais pas si je serais capable d'être responsable envers eux. Mariée ? Je ne sais pas non plus. Je n'ai pas vraiment peur de l'engagement en soit mais je n'arrive pas à m'imaginer avec la bague au doigt. On verra bien.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: powii ou manon. ÂGE: dix huit ans mercredi. LOCALISATION: sur la cote d'azur . PRÉSENCE: le week end (à cause du bac surtout). COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? sur facebook. AUTRE CHOSE À AJOUTER? :D .

I - Vingt deux ans tout juste, tenant fermement la main d'un petit garçon de trois ans tout juste, sa seconde main posée sur son estomac, la jeune femme avança d'un pas mal assuré dans le grand hall de l’hôpital. Son souffle était rapide, difficile. Par moment, des gémissements franchissaient ses lèvres contre son gré. « S'il vous plait. » Ses cheveux bruns qui d'ordinaire lui arrivaient à la taille étaient rattachés en un chignon fait à la va vite. Arrivée au genre de comptoir, Louise s'y appuya afin de rester debout. Les yeux brillants, elle faisait son possible pour ne pas hurler de douleur. Son ventre. Depuis quelques heures maintenant, elle se tordait de douleur. Son "compagnon", un gars de trente ans, marié, n'était pas là, la laissant seule dans sa détresse. « Je dois voir un médecin, maintenant. S'il vous plait. » Une grimace de douleur prit place durant quelques secondes sur son visage puis, elle tenta de reprendre son souffle. L'infirmière face à elle quitta sa chaise, attrapant la jeune femme par le bras. Cherchant de tous les cotés, elle se hâta de prendre un fauteuil roulant afin que Louise s'y assoie. Le petit garçon, silencieux, ne l'avait pas lâché, se contentant de regarder sa mère, les yeux emplis de fatigue. L'infirmière la rassura, lui affirmant qu'un médecin allait venir le plus rapidement possible afin de voir ce qui n'allait pas chez elle.

« Madame, vous êtes enceinte et vous êtes sur le point d'accoucher. » En d'autres termes, Louise venait de faire un déni de grossesse, et pas des moindres. Ses yeux bleus s'écarquillèrent puis, petit à petit des larmes vinrent perler au coin de ses yeux, roulant par la suite sur ses joues blanches. Comment allait-elle faire ? Cette question la tourmentait. Elle n'était pas une mauvaise mère, du moins, elle l'espérait, mais elle avait déjà un fils et dans un sens, elle était célibataire. Elle vivait dans un tout petit appartement au dessus d'une clinique vétérinaire et n'avait qu'un maigre salaire. La peur s'empara d'elle. Incapable de dire quoi que ce soit, elle se laissa faire lorsque les infirmières et sages femmes arrivèrent pour la préparer à l'accouchement imminent. Le petit garçon quant à lui était dans la salle d'à coté. Il s'était endormi sur les genoux de la jeune infirmière qui les avait reçu, une heure plus tôt.

Quelques heures plus tard, des cris se firent entendre. « C'est une fille, madame. Toutes mes félicitations. » Avec un faible sourire sur son visage, Louise tenta de se redresser afin de voir la tête de sa petite tête blonde. Des yeux clairs, comme les siens, qui s'ouvraient difficilement, une peau claire, à l'instar de celle de son père venant d'Alaska. Il s'agissait d'un petit gabarie. L'enfant ne faisait que quarante deux centimètres pour deux kilos. Lorsqu'on lui demanda le nom, Louise hésita entre quelques prénoms. Puis, elle fit son choix, tel un hommage à son jeune frère parti trop tôt. Relevant ses yeux clairs, elle répondit. « Michaël. Oui. Micahël Hamilton. »

II - Quatorze ans au compteur pour la jeune Micahël, une mère qui faisait son possible pour être la meilleure, un frère de dix sept ans qui se battait pour l'honneur de sa soeur et un père totalement absent. Micah faisait avec. L'entrée au lycée se faisait imminente. Et pourtant, elle n'avait pas peur. Elle n'était pas anxieuse. Au contraire. Sur d'elle, elle s'y était préparée. Bien entendu, les conseils de Logan l'avaient aidé grandement. Depuis presque dix ans maintenant, elle vivait à Ottawa, au Canada avec Louise et Logan, bien loin de son paternel. Homme qu'au fond, elle ne connaissait rien. Hormis son sang et son ADN, elle ne partageait rien avec lui et ne se gênait aucunement pour le faire savoir à sa mère. « Mom, tu le sais aussi bien que moi, il se fou de moi autant qu'il pouvait se foutre de toi. » Cette phrase revenait souvent. Trop souvent même pour Louise qui, malgré les piques blessantes de sa fille faisait tout pour garder la tête haute. Naïve, elle l'avait été et entendre Micah le lui rabâcher sans cesse devenait pénible, blessant. Malheureusement pour lui, Logan se devait de jouer les arbitres entre les deux Hamilton. Leurs caractères explosifs étaient bien trop ressemblants. Dans leur pavillon, le calme n'était que rarement présent.

« Micahël ?! Mais qu'as tu fais ? » Les yeux écarquillés, Louise ne su comment réagir. Elle avait une forte envie de s'énerver et de donner à sa fille la claque qu'elle méritait et pourtant, elle s’abstint, sans doute trop choquer parce qu'elle avait sous les yeux. Micah abordait fièrement un tatouage dans sa nuque. Une plume. Symbole de liberté. Et pourtant, du haut de ses seize ans, elle avait, une fois de plus, désobéis à sa mère. Elle avait commencé quelques mois auparavant en teintant ses longs cheveux blonds comme les blés en bruns et en les coupant. Autrefois au milieu du dos, elle se baladait désormais avec un carré long. « Depuis que tu joues les pom-poms avec ton stupide uniforme, tu fais n'importe quoi. Tu n'étais pas comme ça avant. » Le regard désolé, la femme fixait sa fille. Cette dernière, bien trop obstinée pour tenter d'écouter sa mère, haussa les épaules et quitta la pièce. Si elle avait fait ce tatouage, c'était sans réfléchir, suivant ses pulsions. Une fois de plus, elle avait supplié Logan de l'accompagner. Pour sa soeur, celui ci était prêt à tout même si il avait tendance à aller contre son avis.

III - « Est ce que tu m'aimes ? » La brune de vingt ans se détacha de l'étreinte de l'homme pour le regarder dans les yeux. Elle remonta le drap sur sa poitrine. Au dehors, la neige tombait sur la ville de White Oak Station. D'un signe de tête mais sans aucune parole, l'homme répondit que oui. Plus ou moins vexée et heurtée dans son ego, Micah se recoucha, posant la tête sur le torse nu de son compagnon. Elle serra les dents, ne voulant pas exploser et pourtant, elle se sentait idiote. Elle inspira longuement puis, au bout de quelques minutes, elle se décida à se lever. Elle chercha ses vêtements et se rhabilla. « En fait, tu sais quoi Nichols, oublie moi. tu n'es qu'un con de première. T'as pris ton pied, moi aussi. Mais ne m'appelle plus. Je n'ai plus envie de te voir. » Sans lui laisser le temps de répondre, elle quitta l'appartement de l'homme et, essuyant rageusement la seule et unique larme qui perlait au coin de son oeil, elle enfila son bonnet. Les mains dans les poches, elle rentra chez elle. Elle n'avait qu'une seule envie, appeler son frère. Cependant, elle se doutait bien que Logan devait être occupé à Ottawa et qu'il ne viendrait pas uniquement pour lui remonter le moral. Foutue distance ! Elle donna un coup de pied dans une pierre qui alla heurter une voiture. Ceci lui donna une idée. Énervée par le mutisme de Nichols, elle pris cette pierre entre ses mains et alla faire une grosse rayure sur la voiture de l'homme. « Ca te donnera une bonne raison de ne pas m'aimer. »

Assise au comptoir de son petit restaurant au coeur de la ville, elle regarda son portable pendant de longues minutes avant de finalement composer le numéro. « Ellie ? C'est Micah. Ca te dis de me rejoindre au restaurant dans une demi heure ? » Elle coupa la communication avec la messagerie de son amie et se prépara à recevoir le premier couvert de onze heures trente. Ajustant sa tunique, la jeune femme attrapa un élastique et attacha ses cheveux bruns en une queue de cheval. Cela faisait déjà huit ans qu'elle abordait cette couleur. En y repensant, le blond ne lui manquait pas tant que ça. Elle s'arrêta quelques secondes devant la vitre. Le reflet qui lui était renvoyé lui rappelait sa mère. Elle lui ressemblait. C'était indéniable. Néanmoins, la restauratrice ferma la fenêtre, effaçant de ce fait le reflet.