Debout depuis déjà plus d'une heure, Astrid n'avait strictement rien fait. Elle était appuyée sur le plan de travail de sa cuisine, installée sur un tabouret, serrant doucement sa tasse de café dans ses mains. Elle avait la flemme de tout, elle n'était pas d'humeur à sortir, et pourtant, elle n'avait pas vraiment le choix. Aujourd'hui, visite chez son médecin spécialiste à l'hôpital. Relevant légèrement la tête, elle fixait alors l'horloge qui affichait déjà neuf heures et quart. « Merde ! » S'écriait-elle, se rendait compte qu'elle n'était pas du tout en avance pour son rendez-vous. Sautant du tabouret, elle embarquait malencontreusement sa tasse avec elle, alors qu'elle pensait l'avoir lâchée. Le reste de café de sa tasse ainsi que les éclats de verre trônait donc sur le comptoir alors qu'elle marmonnait des injures à son égard. Une fois que tout fut nettoyé, elle filait prendre sa douche, ressortant un quart d'heure après, vêtue d'un simple jean et d'un pull marron clair. Une paire de botte assortie et la voilà partie, en retard. Cette journée n'étant définitivement par la sienne, elle se retrouvait derrière une vieille dame qui n'avançait pas. Soufflant, elle en profitait pour s'attacher les cheveux, gardant les yeux sur la route. A cette allure, elle n'allait pas faire d'excès de vitesse.

Bref, après dix minutes de route interminable, elle pénétrait dans l'hôpital, se présentant à l'accueil pour rappeler son rendez-vous à la secrétaire, qui visiblement préférait prendre le temps de boire son chocolat chaud plutôt que de travailler. Agacée, elle portait sa main à sa bouche, pour se retenir de l'insulter. C'était loin d'être dans sa nature, mais depuis qu'elle était levée, elle enchainait les galères. Elle s'asseyait donc dans la salle d'attente, saisissant un magasine à côté d'elle pour ainsi le feuilleter, patientant.

J'avais commencé ma journée tôt, comme à mon habitude. J'avais pris un petit-déjeuner complet, fait un lavage rapide et enfilé un legging accompagné d'un t-shirt et d'une veste. Le matin c'est souvent rapide pour moi, car je sais très bien que je vais me salir et surtout que je vais transpirer pendant l'entrainement, il est donc plus facile et plus utile pour moi de prendre ma douche après. J'avais enfilé mes baskets et pris mon téléphone rapidement avant de partir au terrain. Depuis mon arrivée à White Oak Station, je me déplaçais en transport en commun ou à pied. Je me dirigeais donc vers mon arrêt de bus, comme je suis toujours en avance, j'attendais une dizaine de minute avant de voir apparaître le véhicule dans le paysage. La musique dans mes oreilles, je montais dans le bus en validant mon trajet. Je jetais un coup d'oeil sur l'extérieur, toutes les plantes étaient recouvertes d'un léger givre, l'hiver arrivait à grands pas.

Ma journée avait plutôt bien commencée, mais un petit saut avait mis fin à ceci. Je me retrouvais sur le sol, pour le moment incapable de me remettre sur mon pied. Pour moi l'entrainement était fini et je l'avais très vite compris. Le kiné de l'équipe était présent, c'est donc lui qui m'emmenait à l'hôpital. Une fois sur place, on n'attendait pas longtemps avant d'être pris en charge par le médecin. Le verdict était tombé rapidement, j'avais une entorse de la cheville, rien de bien grave, seulement quelques jours de repos. Le kiné devait repartir au terrain et je le comprenais tout à fait, je me retrouvais donc seule à l'hôpital. Trouvant cet endroit très blanc, je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi. Mais en me dirigeant vers la sortie, j'entendais une voix qui m'était familière, celle d'Astrid. Une fois certaine que c'était bien elle, je la suivais jusqu'à une salle d'attente. Autant dire que ma marche n'était pas très rapide, étant donné que j'étais obligé de me coltiner des béquilles, je faisais de mon mieux pour suivre. « Bonjour » lançais-je aux personnes déjà présentes, mais ceci était aussi destiné à Astrid.

L'odeur de l'hôpital lui donnait la nausée, mais Astrid soufflait doucement pour reprendre ses esprits. Elle n'appréciait réellement pas cet endroit et plus elle venait, plus elle avait envie de fuir. Comme d'habitude, elle s'attendait à ce que son médecin ne soit pas l'heure. Il ne l'était jamais, c'est pour ça qu'elle n'était même pas étonnée de ne pas le voir. Feuilletant le magasine entre ses mains, la blondinette passait ses yeux au-dessus pour regarder les gens présents dans la salle, notamment un qui toussait bruyamment, celui-là était sûrement fumeur, vu le bruit qu'il faisait. Bref, elle soupirait une nouvelle fois, observant sa montre qui indiquait déjà dix minutes de retard à son rendez-vous. Lorsque quelqu'un pénétrait dans la salle, alors qu'elle s'était plongé dans son magasine pour lire un article, cette voix lui semblait familière. Elle relevait doucement la tête, croisant le regard de Joanne. Aussitôt, elle se levait, déposant un baiser sur ses douces lèvres. Elle l'entraînait doucement à l'extérieur de la salle, gardant un oeil sur celle-ci au cas où on l'appellerait. « Joanne ? Qu'est-ce que tu fais-là ? Tout va bien ? » Rapidement, elle baissait les yeux, observant sa cheville où se trouvait une attèle. « Tu es blessée... » Astrid était plutôt inquiète pour sa petite-amie, pas étonnant, elle ne s'attend pas du tout à la croiser ici, aujourd'hui. Jouant avec ses bagues, Astrid était plutôt mal à l'aise. Elle allait peut-être devoir lui avouer qu'elle était malade, après tout, Joanne allait certainement lui poser la question. Mordillant sa lèvre inférieure, elle était quand même heureuse de la voir, toujours aussi belle.

Au début, j'avais eu peur que ce ne soit pas elle. J'aurais sûrement eu l'air bête en rentrant dans la salle d'attente, j'aurais dû ressortir sans excuse valable. Mais heureusement, enfin non, c'était bien elle. Elle déposait un tendre baiser sur mes lèvres avant de m'entraîner à l'extérieur de la pièce. Quelques questions s'échappaient de ses lèvres, mais je n'avais même pas le temps de répondre qu'elle avait déjà remarqué mon attèle. « Ce n'est rien, ne t'inquiète pas, seulement une entorse ». Je ne respectais déjà plus le fait que je ne devais pas poser le pied par terre, mais ça c'est habituel chez moi, je ne suis pas du genre à aimer qu'on me soigne, surtout si ça me gêne dans ma vie de tous les jours. Je pose mon regard sur ses bagues puis rapidement je remonte à ses yeux. « Ça va ? » Elle n'a pas l'air d'aller très bien, qu'est ce qui me fait dire ça ? Le fait qu'elle joue avec ses bagues. Je pose l'une de mes mains sur les siennes, afin de la faire arrêter. « Tu ne m'as pas dit que tu avais rendez-vous chez le médecin. Enfin, surtout que tu avais rendez-vous à l'hôpital ». Discrètement, je scrute le couloir, apercevant des fois des malades passés, même des personnes gravement malades et je ne comprends pas du tout ce qu'elle fait ici. Peut-être que son médecin a changé de salle à cause de travaux et que c'est ici le seul endroit de libre. « Tout va bien ? » dis-je en reposant mon regard sur elle.

Astrid fut soulagée d'entendre que sa petite-amie n'avait qu'une entorse à la cheville. Il est vrai qu'elle devait être affectée par cette blessure, mais d'ici quelques semaines elle serait sur pied et elle pourrait à nouveau retravailler. La santé de Joanne, c'était toute sa vie, surtout pour une footballeuse affirmée. Bref, elle esquissait un large sourire, heureuse pour elle, finalement elle ne semblait pas si dévastée. Joanne demandait rapidement à Astrid si elle allait bien. En fait, la maîtresse ne savait pas vraiment comment annoncée à son amie qu'elle était atteinte d'un cancer du poumon. Ce n'était pas une chose délicate à avouer et cela la faisait stresser, chose que sa petite-amie remarquait rapidement puisqu'elle sa main sur les siennes. « Écoute je.. » Balbutiait-elle, mal à l'aise. « Je suis malade, en fait je suis atteinte d'un cancer. » Aussitôt dit, elle fermait instinctivement les yeux, préférant éviter le regard de Joanne. Elle ne voulait pas qu'elle soit prise de pitié, c'était surtout ce qu'elle redoutait le plus. Les larmes lui montaient, mais elle ne voulait pas s'afficher aussi faible devant elle, elle ne pleurait que quand elle était seule chez elle. « Je tenais à te le dire. C'est pour ça que je vais chez le médecin, comme tous les mois. » Pinçant sa lèvre inférieure, elle serrait doucement sa main dans la sienne. Il fallait bien qu'elle lui annonce tôt ou tard, elle ne voulait plus se cacher, surtout après plusieurs mois de relation.

Le sourire qui s'affichait sur le visage d'Astrid entraînait chez moi la même réaction, mais rapidement je le perdais en entendant l'annonce qu'elle me faisait. « Tu ... un cancer ? » Le choc. Jamais je n'aurais pu imaginer ça. J'ai l'impression que mon corps tombe dans le vide, j'ai connu beaucoup de blessures depuis que je suis née, mais jamais de choses aussi importantes. J'ai toujours su comment réagir, mais là mon coeur est comme paralysé. Mon regard se pose sur elle et j'observe la situation dans laquelle elle est, elle a besoin de moi et je me dois d'être présente à ses côtés. Je m'approche d'elle et l'entoure de mes bras, je dépose un baiser sur sa tempe avant de caler ma tête dans son cou. « Je suis là pour toi ... et je le serais autant que possible, mais s'il te plait ne me laisse pas ... » Ces derniers mots étaient un peu de désespoir. Je ne me sentais pas du tout à l'aise dans ce couloir et je ne voulais même pas imaginé ce qu'elle ressentait de venir ici tous les mois. Je m'étais beaucoup attachée à elle depuis le début de notre relation et je ne voulais pas la voir partir, pas comme Sacha. Je la serrais doucement contre moi avant de m'éloigner un peu d'elle. « Tu le sais depuis combien de temps ? » Je pose mon regard dans le sien, je porte ma main à sa joue et la caresse tendrement, j'aimerais la rassurer un peu, mais je pense qu'elle est plus paniquée que moi.

Astrid tremblotait doucement, ses mains étaient moites et aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. Le flot de paroles qu'elle avait dit quelques secondes plus tôt l'a rendait on ne peut plus mal à l'aise. Pourquoi lui avait-elle avouer cela si soudainement ? Aurait-elle du prendre quelques pincettes avant d'annoncer cela à sa petite amie ? Certes leur relation était plutôt récente, elle avait officialisé leur relation début juillet et depuis Astrid n'avait pas abordé ce sujet délicat. Joanne prendrait peut-être cela comme une trahison, elle qui pensait que la maîtresse lui accordait pleinement sa confiance. Les larmes lui montaient, toutefois elle arrivait à se contenir, elle ne voulait pas pleurer devant elle, même si l'envie était particulièrement forte. Lorsque sa petite-amie lui posait la question, Astrid se contentait d'hausser simplement la tête, incapable de se justifier. Pour son plus grand plaisir, Joanne ne s'éloigne pas, au contraire, elle la serre gentiment dans ses bras, tentant de la rassurer. « Je... je n'ai pas envie de partir, j'ai envie d'être avec toi. » Joanne restait l'une des meilleures choses qui lui étaient arrivées. Elle resserrait son étreinte, soufflant doucement en retenant ses larmes. « Un peu plus de six mois. » Répondait-elle, avec un mince sourire. Elle se reculait doucement pour la regarder dans les yeux. « Tu m'en veux ? » Demandait-elle, d'une voix très douce. Elle saisissait sa main, qu'elle serrait dans la sienne avant de fuir son regard, mal à l'aise. Elle n'osait même plus la regarder dans les yeux tellement elle avait peur de sa réaction. « Si tu le veux bien, j'aimerais que tu m'accompagnes à mon rendez-vous. » Cela avait dû causer un énorme choc chez Joanne, elle ne s'attendait pas à entendre une telle nouvelle en ce jour.

Ce que je venais d'apprendre me faisait tomber de très haut, j'étais loin d'imaginer ça. Ma journée avait commencé comme les autres et elle était maintenant devenue un peu étrange. Mais instinctivement je la prenais contre moi. Cela n'avait pas dû être facile de me l'annoncer et je l'avais peut-être un peu forcé à me le dire en étant ici. « Six mois ? » Cela me blessait un peu qu'elle ne m'en ait pas parlé plus tôt, mais il était impossible pour moi de lui en vouloir, après tout cela ne faisait que quatre mois qu'on était ensemble. Un léger sourire se dessina sur mon visage, je voulais la rassurer, enfin je voulais faire du mieux que je pouvais faire. « Je ne peux pas t'en vouloir, ce n'est pas quelques choses de simple à dire. Et puis ce n'est pas non plus facile à encaisser ». Un léger rire s'échappa de mes lèvres. En attendant ma réponse, Astrid avait pris ma main. J'entremêlais alors mes doigts avec les siens et avec mon pouce, je caressais doucement le haut de cette dernière. Elle m'invitait ensuite à l'accompagner à son rendez-vous. « Ça consiste en quoi ce rendez-vous ? » Je n'avais jamais connu quelqu'un qui avait le cancer, tout ça était nouveau pour moi. J'aurais aimé ne jamais avoir à connaitre ça, mais le destin en avait décidé autrement, comme le fait que je rencontre Astrid, la plus belle chose qui me soit arrivée ces derniers mois. « Je t'accompagnerai à ce rendez-vous et à tous ceux que tu voudra aussi. Je suis ta petite-amie, c'est normal que je sois là ». Je m'approchais doucement d'elle et déposais un tendre baiser sur sa joue.

Astrid sentait au fond d'elle qu'elle faisait du mal à sa petite amie. Néanmoins, elle tentait de garder la tête froide et de rester forte. C'était une épreuve difficile pour elle, c'était pour cette raison qu'elle ne souhaitait pas affoler ses proches en leur racontant cela. Lorsqu'elle annonçait à Joanne que cela faisait six mois qu'elle était au courant, elle sentait de la déception dans sa voix. Elle était certainement blessée qu'elle ne lui ais pas avoué plus tôt. Toutefois, Astrid n'avait pas vraiment eu le choix, car il fallait déjà qu'elle se l'admette elle-même, alors en parler aux autres, c'était plus difficile que ça n'y paraissait. « Merci d'être là Joanne. » Répliquait-elle d'une voix très douce. Elle avait de la chance de l'avoir à ses côtés, elle ne lui criait pas dessus, elle comprenait la douleur que pouvait ressentir Astrid, ce qui lui faisait chaud au coeur. Elle serrait doucement sa main dans la sienne, entrelaçant ses doigts avec les siens, soutenant un peu plus son regard. Maintenant que la chose était dite, elle pouvait la regarder dans les yeux, surtout que sa réaction était meilleure qu'elle ne l'avait espérée. « C'est une visite de routine, j'y vais assez souvent, mais il me pose juste quelques questions. » Oui, elle n'avait pas vraiment le choix, elle était forcée d'y aller, surtout que c'était important, si jamais son cancer s'aggravait. Un sourire se dessinait sur son visage, tandis qu'elle resserrait Joanne dans ses bras. « Vraiment ? » Elle ne voulait pas lui infliger cela, mais savoir que sa petite amie la soutenait, ça lui faisait du bien, un poids en moins sur la conscience. « Je ne te remercierais jamais assez. » Déclarait-elle, tout en jetant un oeil à la salle d'attente.

Pour être honnête, je n'assimilais pas vraiment ce qu'elle me disait, je ne comprenais pas comment cela était possible, elle était si jeune et pleine de vie, pourquoi s'en prendre à quelqu'un comme elle. Il est vrai que la maladie ne prévient pas et qu'elle n'a surtout pas de critères de sélection, mais pourquoi Astrid ? La vie est parfois cruelle. C'est en pensant à ça qu'au final je m'apercevais que je n'y connaissais vraiment rien au cancer, hormis les petits détails que tout le monde connaît. Mais est-ce que cela signifiait qu'Astrid risquait de bientôt mourir où alors que ce n'était qu'une mauvaise passe dans sa vie. Elle vient seulement de passer le quart du siècle, il n'est donc pas imaginable que sa vie s'arrête là. « On est ensemble pour le meilleur comme pour le pire, non ? Si je pars dans un moment comme ça, c'est que je n'ai pas de coeur et que je ne suis pas sincère ». La blonde venait de me prendre dans ses bras, je l'entourais alors des miens. Je calais rapidement ma tête dans son cou, respirant à pleins poumons son odeur. Je n'avais pas le droit de la laisser tomber et je devais donc prendre sur moi, ainsi cette bouffée d'air me redonnait un peu de force. « Tu devrais peut-être enregistrer mes paroles », un léger rire accompagnait mes paroles. « Car j'ai peur que ton médecin me fasses peur, je n'aime pas les médecins ». Une secrétaire, une infirmière ou je ne sais quoi pénétrait dans la salle d'attente et prononçais le nom de la jeune institutrice. « Je crois que c'est ton tour ». Je quittais son étreinte et attrapait sa main que je serrais dans la mienne. Un léger sourire se dessinait sur mon visage.

Astrid était passé par plusieurs étapes en six mois. Au tout début, elle avait commencé à tousser à tout bout de champs, de ce fait elle avait décidé de consulter, se persuadant qu'elle était atteinte d'une bronchite ou quelconque autre maladie du même genre, pas nécessairement grave, cela se soignait. Puis petit à petit, elle avait commencé à être tout le temps fatigué et à manger de moins en moins jusqu'à perdre plusieurs kilos. C'est à ce stade qu'elle était actuellement, elle ne mange quasiment plus, car elle n'a pas faim et quand c'est le cas, la plupart du temps elle vomi, d'où le fait qu'elle avait peur de manger. Toutefois, elle n'aimait pas qu'on la prenne de pitié, c'est pour cela qu'elle n'en parlait pas à ses proches, pourtant aujourd'hui lorsqu'elle avait vu Joanne, elle s'était mise en tête qu'il fallait lui avouer la vérité avant qu'elle ne l'apprenne autrement. Elle se sentait tout de même soulager de lui avoir avoué, car après tout elle était sa petite amie maintenant. « J'ai vraiment beaucoup de chance de t'avoir, est-ce que tu le sais ? » La sincérité et la gentillesse de Joanne la faisait avancer un peu plus. Astrid se rendait compte qu'elle tombait un peu plus amoureuse d'elle chaque jour et même si elle ne lui avait pas encore avoué, elle le savait. « Je n'aime pas non plus les médecins, mais lui est plutôt sympathique, il croit en moi. » Son médecin lui répétait sans cesse qu'elle allait s'en sortir parce qu'elle était force, de ce fait, avec toutes ses paroles encourageantes, elle l'appréciait, du moins en tant que médecin. A la remarque de Joanne, Astrid se retournait rapidement pour regarder la femme qui l'appelait. Elle gardait la main de sa petite amie dans la sienne avant de se diriger vers la salle du médecin. « Bonjour. Voici Joanne, ma petite-amie, elle m'accompagne. » Il semblait assez fier de la voir avec quelqu'un, ce qui lui décrochant un sourire. « Bonjour ! Je vous en prie entrez, c'est bien que vous soyez venu accompagner. » Rétorquait-il en leur serrant la main.

« Oui je le sais ! » Je rigolais à la connerie que je venais de sortir et je lui volais un rapide baiser. Je n'étais pas du tout du genre à me vanter, mais là, je voulais détendre cette atmosphère d'hôpital. Astrid avait changé ma vie dernièrement, elle paraissait moins monotone. En rentrant de mon entraînement, j'allais souvent la voir, alors qu'avant je rentrais simplement chez moi et le plus souvent je me mettais devant ma télé. Et le fait de passer beaucoup de temps avec elle avait augmenté mon attirance pour elle, ce sentiment s'était même transformé en quelque chose de plus sincère et de plus concret. « S'il est sympathique, les choses devraient bien se passer ». Le sourire que j'avais sur le visage ne pouvait plus partir, malgré la nouvelle qu'elle m'avait annoncé, la joie d'être avec elle prenait le dessus et je ne pouvais rien contre ça. Astrid avait ensuite ajouté qu'il croyait en elle et cela me redonnait un peu espoir sur son état, car dans le fond je ne savais pas à quel point elle était au niveau de son cancer, juste la découverte ou un stade plus avancé ? La dame qui venait de rentrer dans la salle d'attente venait bien pour chercher Astrid, on devait donc quitter l'endroit où l'on se trouvait pour la suivre. J'attrapais mes béquilles que j'avais posées contre le mur, je les prenais toutes les deux dans ma main libre sans m'en servir. Je sais que ce n'est pas bien, mais là pour le coup, je m'en fiche un peu. On pénétrait dans la salle où se trouvait déjà le médecin. Astrid fit une rapide présentation de moi, ce qui rendait le docteur plutôt. Je lâchais la main d'Astrid afin de pouvoir serrer celle de son médecin. « Bonjour docteur ». Il nous invitait à nous asseoir pour qu'on discute un peu, mais ce n'était pas vraiment ce que je voulais faire. Je préférais écouter et apprendre ce que j'ignorais sur la maladie de ma petite amie, c'est-à-dire beaucoup de choses.

Plutôt que de se morfondre seule devant sa télé, elle passait du temps avec Joanne. Parfois après les cours elle la rejoignait à son entrainement pour l'encourager ou tout simplement pour admirer sa petite amie qui était relativement douée. Elle se sentait bien avec elle, d'ailleurs elle mettait sa maladie en retrait lorsqu'elle était en sa compagnie. Au fond, Joanne lui permettait d'aller mieux et de se battre pour guérir. Oui, car au début elle avait lâchée prise, mais en rencontrant la footballeuse, elle avait choisis de se soigner. Joanne avait changé sa vie. De plus, c'était la première fois qu'elle sortait avec une fille, une expérience enrichissante pour elle puisqu'elle aimait cela. « Du moment que tu ne me fais pas un malaise, tout ira bien. » Lâchait-elle, un large sourire sur les lèvres, fier de la connerie qu'elle venait de sortir. La secrétaire venait alors chercher Astrid, qui saisissait Joanne par le bras pour l'aider à marcher. Bon, c'est vrai que ses béquilles ne lui étaient pas vraiment utile vu qu'elle ne s'en servait pas, mais Astrid ne voulait pas que sa blessure s'aggrave, alors elle l'épaulait. Elle se devait d'être là pour Joanne, autant qu'elle l'était pour elle-même. Une fois rentrée dans la salle, Astrid serrait la main du médecin, le saluant brièvement et présentant sa petite-amie. Elle n'avait pas honte de sortir avec une fille, elle avait acquie la maturité depuis pas mal de temps maintenant. Prenant place sur une chaise, elle serrait la main de Joanne sous la table. Le docteur lui demandait alors comment s'était passé ses dernières semaines, Astrid semblait à la fois hésitante et mal à l'aise, elle n'avait pas envie de montrer à sa copine à quel point elle était faible. « Et bien.. j'ai failli m'étouffer à plusieurs reprises et j'ai également eu des difficultés pour manger. » balbutiait-elle. « Mais dans l'ensemble ça allait. » Chaque fois qu'elle mangeait, ça ne passait pas donc, elle maigrissait.

Je secouais la tête de gauche à droite en réponse à la phrase qu'elle venait de dire. Le courant était toujours très bien passé entre nous et on s'amusait un peu à se chamailler de temps en temps, comme un couple, car même si c'était récent, c'est ce que nous étions. « Je ne suis pas comme ça. Quoi que, méfions-nous, ça pourrait arriver ». Je ne savais pas comment je réagirais à ce qu'il allait se passer dans la pièce. Rapidement on se retrouvait dedans, pour mon plus grand bonheur. Non je rigole. Si ça ne tenait qu'à moi, je serais déjà partie en courant. Mais le médecin me rassurait un bref instant, il semblait très compétant et je trouvais ça bien. Une fois que nous sommes installées, Astrid attrapait de nouveau ma main et la serrait de nouveau, je tournais mon visage vers elle tout en lui lançant un léger sourire que je tentais de faire rassurant. Le médecin prenait la parole et questionnait l'institutrice sur les dernières semaines. Malgré ma présence, je me faisais toute petite pour être la plus discrète possible, qu'on pense que je n'étais pas là. Mon regard se posait sur elle à l'instant où elle prenait la parole, mais d'un coup je me sentais vide. L'annonce qu'elle venait de faire à son médecin m'avait retourné et je me sentais maintenant mal. Comment j'avais pu rater ça ? Je pense que quand on s'étouffe ça ne passe pas inaperçu. Je me sens nulle maintenant, en tant que personne, mais aussi en tant que petite-amie. Mon visage se décompose, mais je ne dis rien et je tente de rester forte, car je lui dois ça. Mais malgré le sentiment que je dois être là pour elle, j'ai envie de partir, le plus vite possible. Intérieurement, je suis en train de craquer, je ne veux pas la voir comme ça, je ne veux pas la voir souffrir. En entendant la réponse qu'elle donne à son médecin, j'ai envie de pleurer.

Astrid et Joanne n'étaient qu'au début de leur relation et pourtant, le courant passait terriblement bien. Elles partageaient leurs passions à l'autre et c'était agréable. Astrid n'avait jamais eu de relation avec une fille, une première pour elle. Cela dit, elle appréciait la douceur de sa petite amie. Elle ne la brusquait pas, elle lui laissait le temps de s'acclimater à son statut de bisexuelle, car oui, en sortant avec une fille, c'est ce qu'elle devenait. De toute façon, elle n'avait jamais été contre ce genre de relation, au contraire, elle était plutôt ouverte. C'était bien différent d'une relation homme/femme, mais tout aussi paisible. Astrid, serrant fermement la main de sa petite amie pénétrait dans la salle de son médecin. Elle n'aimait pas l'odeur des hôpitaux, cela lui avait toujours donné mal au coeur, toutefois, elle n'avait pas vraiment le choix si elle voulait guérir. Rapidement, elle prenait place sur une chaise, derrière le bureau de son docteur machin chose. Il était plutôt sympathique, bien qu'il avait une tête plutôt malsaine selon elle. Bref, elle commençait alors à raconter ce qui s'était durant ses deux semaines, sous le regard de Joanne qui allait tomber bien bas en entendant cela. Aussitôt dis, elle n'osait même plus regarder celle-ci, trop mal à l'aise face à elle. Comment allait-elle la voir après ça ? Ce n'était pas mélodramatique, mais à la limite quand même. « Malgré tout, j'arrive à avancer et je me sens bien. Je me sens bien parce que Joanne est à mes côtés et que je sais que je peux compter sur elle. » Lâchait-elle, posant ainsi les yeux sur elle, un large sourire sur les lèvres. Certes, elle était malade, mais elle avait envie de se battre pour la femme à qui elle tenait.

À l'annonce d'Astrid, mon coeur ratait un battement et mon visage se décomposait. Tous nos instants passés ensemble repassaient dans mon esprit, je cherchais l'un de ses moments où elle n'allait pas bien, un moment où j'aurais pu m'inquiéter pour elle, mais je n'y arrivais pas, je n'avais jamais fait autant attention, je ne m'étais jamais inquiétée. « Je ... Il ... » J'arrivais à peine à parler, j'étais toujours sous le choc de ce qu'elle avait dit en premier. « Il faut que j'aille prendre l'air, désolé ». Je lâchais doucement la main d'Astrid. Je n'arrivais pas à la regarder, j'avais peur de craquer devant elle si je le faisais. J'attrapais rapidement mes béquilles et quittait la salle. Je faisais quelques pas devant avant de m'éloigner de plusieurs mètres. Je me laissais glisser contre un mur et prenais ma tête entre mes mains. Je n'avais pas pu tenir plus longtemps, je venais d'éclater en sanglots. J'avais l'impression de revenir une année en arrière, la situation était très différente, mais l'idée de perdre quelqu'un que j'aimais me brisais le cœur. Je me sens à la fois triste et nulle. Je n'aurais jamais dû quitter cette salle, j'aurais dû rester aux côtés de ma petite amie, mais je ne voulais pas qu'elle me voit comme ça. Je relevais doucement la tête et essayais les larmes qui coulaient le long de ma joue avec ma manche. Astrid risquait de sortir bientôt et il fallait que je sois un peu plus présentable face à elle. J'avais toujours cherché à être bien face à elle, pour lui plaire un peu plus chaque jour, mais là, je me sentais un peu pitoyable ce qui me faisait légèrement rire sur le coup, ou plutôt de la situation. Je serrais les dents et regardais la porte en attendant qu’elle sorte, j’avais peur de sa réaction suite à mon départ.

Astrid exposait alors son mal-être, les effets néfastes de sa maladie sous les yeux de sa petite-amie Joanne, qui n'osait même pas parler. Elle devait certainement être mal à l'aise, du moins elle l'était, Astrid pouvait le ressentir au fond d'elle. Lorsque Joanne balbutiait, la maîtresse tournait instinctivement la tête, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait. Toutefois, elle le comprenait assez rapidement en remarquant que celle-ci se levait pour quitter la pièce, laissant ainsi Astrid seule face à son médecin. Elle se pinçait rapidement les lèvres, affichant une légère moue. La voir quitter la pièce lui faisait du mal, elle s'en voulait de ne pas lui avoir dit plus tôt, de ne pas avoir osé lui avouer à quel point elle souffrait. C'était aussi dur pour elle, de se retrouver de nouveau seule dans cette pièce qu'elle ne connaissait que trop. Astrid scrutait donc les moindres recoins de la pièce, la tête complètement ailleurs. Ce vide qu'elle ressentait en elle s'amplifiait un peu plus à chaque fois. Astrid était déconnectée de son rendez-vous, elle n'arrivait plus à aligner deux mots tellement elle se sentait coupable. Après quelques minutes de plus, après que son médecin est pris sa tension et fait quelques tests, elle décidait de le saluer pour sortir d'ici au plus vite. « Merci docteur. » Rétorquait-elle, affichant un sourire des plus forcés. Saisissant son sac et sa veste qu'elle enfilait aussitôt, elle cherchait Joanne du regard, cherchant ainsi les mots pour la consoler et pour la rassurer. Elle retenait ses larmes depuis bien trop longtemps, ce n'était pas le moment de craquer devant elle. « Joanne. » Sa voix était douce et elle ne parlait pas très fort. S'accroupissant devant elle, elle passait sa main sur sa joue, qu'elle caressait délicatement. « Je sais que tu te sens coupable, j'en suis consciente, mais tu n'as pas à l'être. Je ne voulais pas te faire du mal, c'est pour ça que je te l'ai caché. J'avais peur que tu sois prise de pitié pour moi ou bien que tu me repousses. » Son regard était plongé dans le sien, elle était sincère.

Astrid essayait de me rassurer, de me dire que je ne devais pas être coupable. « J'ai craqué et je ne voulais pas que tu me vois dans cet état-là. De plus, je suis tout gonflée maintenant ». Un léger rire à la fois nerveux, mais qui en même temps était un peu moqueur s'échappait de mes lèvres. Et oui, je me moquais de moi-même, j'avais trouvé mon geste un peu enfantin et en plus, maintenant, je n'étais plus vraiment dans mon meilleur état, j'imaginais donc la tête que je devais avoir. « Qu'est-ce qu'il t'a dit après mon départ ? Tu vas bien ? » Instinctivement cette question me traversait l'esprit, j'étais légèrement inquiète pour elle, c'était un peu normal, la nouvelle était vraiment récente et pour le moment elle peinait un peu à passer. Je comprenais tout à fait les peurs de ma petite amie, mais la réponse que j'avais à lui donner était déjà toute faite, mais elle était surtout vraiment sincère. « Avec ou sans maladie je te veux ». Je glissais l'une de mes mains sur sa nuque et rapprochait son visage du mien, je pouvais maintenant poser mon front contre le sien. « Je te veux toi. Personne d'autre ». C'était le moyen pour moi de lui dire que je ne partirais pas suite à son annonce. J'abaissais doucement sa tête et déposais un doux baiser sur son front comme pour lui montrer que je la protégeais. En réalité, il était impossible pour moi de le faire, mais je voulais quand même essayer, je voulais me battre pour elle et avec elle. Depuis plusieurs mois, elle me rendait vivante, elle me donnait un but et c'était ma façon de la remercier. « On s'en va ? Je n'aime vraiment pas cet endroit ». J'enlevais ma main qui se trouvait derrière sa nuque et je la glissais entre ses doigts. Je voulais continuer ma journée avec elle, mais l'hôpital n'était pas du tout l'endroit que j'imaginais.

Lorsque Joanne quittait la pièce, Astrid se sentait aussitôt très mal. Elle ne supportait pas de la voir aussi mal. Après tout, c'était elle qui lui infligeait cette peine et elle ne voulait pas du tout la voir triste. Sa maladie avait été la pire nouvelle de sa vie, c'est d'ailleurs pour cette raison que seul son médecin était au courant. Elle le cachait à ses parents, ses amis, à tout son entourage en fait. Elle sortait rapidement, écourtant son rendez-vous pour avoir le temps de retenir sa petite-amie. « Tu as le droit de craquer, c'est normal. Et puis, même gonflée tu restes magnifique. » Rétorquait-elle, affichant un large sourire. Elle voulait lui décrocher un sourire, mais c'était plus dur que ce qu'elle pensait. Caressant délicatement sa joue, la maîtresse ne cessait de la regarder dans les yeux. A son interrogation, Astrid hochait doucement la tête, pour ne pas l'inquiéter davantage. Il n'y avait aucun progrès et elle allait devoir prendre un traitement plus sévère dans les mois à venir. « Je vais bien. » Comment ne pas s'attacher à ce petit-bout de femme sincère ? Elle avait tout pour la convaincre, c'est pour cela qu'Astrid était complètement sous son charme. Astrid lui volait alors un baiser, prenant sa main pour entrelacer ses doigts avec. « Je te veux aussi, malgré tout ce qui peut se passer. » Elle braverait la tempête pour elle et Astrid était certaine que Joanne lui correspondait. Elle voulait être sa petite-amie et le rester. « Oui allons-y. » Astrid aidait Joanne à se redresser, lui offrant son appuie avec son bras. Sachant qu'elle était blessée, elle ne voulait pas empirer la chose, elle avait besoin de ses jambes si elle voulait jouer au foot. Un sourire se dessinait sur ses lèvres alors qu'elle sortait enfin de l’hôpital. Elle se sentait tellement mieux loin de toutes ses blouses blanches. « On va chez moi, on se met un film enroulées dans une couverture et on boit un chocolat chaud en grignotant devant la télé. Que penses-tu de mon programme ? » Le temps n'était pas extraordinaire, alors autant rester cloitré chez elle, en très bonne compagnie.

Astrid était gentille, elle essayait de me rassurer et aussi incroyable que ça pouvait paraitre, elle y arrivait. Ce sentiment n'allait pas durer et je le savais, dès qu'elle allait avoir des problèmes j'allais maintenant être inquiète. Mais pas maintenant. Alors, autant en profité un peu. Elle m'aidait à me relever pour qu'on puisse partir d'ici, de cet endroit horrible. Je prenais ensuite mes béquilles pour marcher, je n'allais pas m'appuyer sur elle, elle avait assez de problèmes toute seule pour que je lui rajoute mon poids en plus. « Si tu vas bien, c'est le principal ». Un sourire s'affichait sur mon visage, elle avait réussi à le faire apparaitre et ça, juste en me disant qu'elle allait bien. C'était la seule chose qui m'importait en fait, je la voulais en bonne santé et le plus longtemps possible. Une fois mes béquilles prisent en mains et ces dernières paroles dites, on se dirigeait vers la sortie de l'hôpital. Il était temps qu'on parte, qu'on mette ce rendez-vous derrière nous. « Ce programme est parfait ! » On s'était arrêtée quelques secondes une fois dehors, je déposais alors un baiser sur sa joue. Je séparais mes mains de mes béquilles, avant de les remettre pour repartir. Je risquais de les avoir encore pour quelque jour, il fallait donc que j'évite les douleurs dans mes paumes de main. « Et ça ne te dérange pas si je prends une douche chez toi, car j'ai peut-être pas couru longtemps, mais j'ai l'impression d'avoir beaucoup transpiré ». Cette phrase était loin d'être sexy, mais c'était la réalité de mon métier et il était rare que j'aille voir Astrid sans être passé sous une douche. Aujourd'hui, elle m'avait un peu pris au dépourvu. Après cette courte pause, on repartait direction sa voiture, afin de pouvoir rentrer chez elle.

Que Joanne soit inquiète c'était une preuve qu'elle tenait à Astrid, ce qui lui faisait du bien au fond. Toutefois, elle n'avait pas envie que celle-ci soit prise de pitié pour elle, ce serait d'autant plus gênant. Maintenant qu'elle lui avait avouer son plus lourd secret, la maîtresse se sentait plus légère, plus en confiance. Ces derniers mois, elle avait caché sa maladie à sa petite-amie, pour la protéger, mais cela avait été dur à supporter. Elle avait tout fait pour ne rien laisser paraitre, pour ne pas la stresser et l'inquiéter davantage. Après tout, elle était jeune et avait tout pour réussir dans la vie. Un sourire se dessinait largement sur les lèvres de la blondinette qui ne cessait d'admirer la classe et la beauté de son amie. Pour tenter de lui changer les idées, Astrid lui proposait un programme plutôt sympathique qui les ferait penser à autre chose qu'aux problèmes du quotidien. Oui, elle avait du mal avec sa maladie et en parler toute la journée la rendrait encore plus nerveuse qu'elle ne l'était déjà. Satisfaite du plan d'Astrid, les deux jeunes femmes quittèrent l'hôpital sereinement. Cet endroit était tellement plein de mauvaises ondes et de mauvais souvenirs pour Astrid qu'elle était pressée d'y partir. Aidant sa petite-amie, Astrid lui servait d'appui. Joanne ne lui aurait certainement pas demandé, mais Astrid était là pour veiller sur elle et ne pas aggraver sa blessure. « Bien sûr, ça ne me dérange pas du tout, tu sais très bien que tu peut faire ce que tu veux chez moi. » Après tout, après quelques mois ensemble, Joanne avait le droit de faire ce qu'elle voulait chez elle, c'était un peu sa deuxième maison maintenant. Elle s'avançait donc jusqu'à sa voiture, ouvrant la portière à Joanne, la laissant s'installer avant de la refermer derrière elle. A son tour, elle regagnait le côté conducteur pour monter en voiture. « Ça va, tu es à l'aise ? Sinon tu peux reculer le siège pour étendre un peu plus ta jambe. » Elle démarrait alors la voiture, direction chez elle.

Ma petite amie m'avait proposé un super programme, mais pour le faire il fallait partir de l'hôpital et ça, c'était une très bonne nouvelle. Malgré mes béquilles, j'avais presque couru jusqu'à sa voiture pour partir le plus vite possible. « Oui c'est bon, tout est parfait ! » Un large sourire s'affichait sur mon visage, malgré ses problèmes à elle, Astrid s'inquiétait pour moi. « Partons vite d'ici ! » Je me penchais vers elle pour déposer un tendre baiser sur sa joue avant qu'elle ne démarre pour qu'on aille chez elle. Sa maison ne se trouvait pas très loin et en plus de ça, comme on était dans une heure où les gens travaillaient, la route était calme. On ne tardait donc pas à apercevoir sa maison. Une fois la voiture garée, je descendais de cette dernière et me dirigeais vers sa porte d'entrée. J'attendais qu'Astrid me rejoigne, afin de pouvoir rentrer. Chose qu'elle faisait rapidement. J'avais toujours un sourire sur mon visage et tout ça grâce à cette belle blonde, l'avoir à mes côtés me rendait tellement bien. Elle ouvrait la porte de chez elle, ainsi on pouvait se mettre au chaud. J'enlevais ma veste et l'accrochais sur son porte-manteau. Je posais ensuite mon regard sur elle tout en me rapprochant, je caressais doucement sa joue avant de l'embrasser tendrement. « Je vais me doucher et je fais vite, comme ça, on pourra se poser devant le film rapidement ! » Mon sourire s'élargissait et je commençais à partir vers sa salle de bain. Avant de quitter la pièce, je me retournais vers elle et lui lançait une dernière parole. « Si tu entends un gros bruit, c'est que je suis tombée. J'ai un léger doute sur mon équilibre ». Je rigolais légèrement, ceci était bien sûr une blague, ce n'était pas pour l'inquiéter. Une fois cette phrase dite, je disparaissais de la pièce et me rendait dans la salle de bain. Rentrée dans la pièce, j'enlevais tous mes vêtements et rentrais sous la douche.

Joanne était bien pressée de quitter l'hôpital et c'était la même chose pour la blondinette qui n'attendait que ça. Son rendez-vous était passé, donc elle n'avait aucune raison de rester ici. Elle regagnait donc la voiture, servant d'appui à sa petite-amie qui visiblement n'aimait pas marcher avec des béquilles. Astrid lui demandait alors si elle était à l'aise dans la voiture, inquiète pour sa petite-amie. « Tant mieux, rentrons alors. » S'exclamait-elle, avant de démarrer la voiture pour prendre le chemin de sa maison. Astrid était une très bonne conductrice, car même si elle jetait des coups d'oeil à Joanne, elle se concentrait pleinement sur sa route. Pour son plus grand plaisir, le trajet fut de courte durée, les gens travaillaient à cette heure-là et vu que White Oak était une petite ville, il n'y avait pas grand monde. Une fois sur place, elle se garait devant le garage, descendant rapidement de la voiture pour rejoindre Joanne sur le pas de la porte. Aussitôt, elle ouvrait la porte, laissant la brunette pénétrer avant elle chez elle. Astrid embrassait donc passionnément sa petite-amie après avoir ôté sa veste et ses chaussures. Elle tenait tellement à elle. « D'accord, tu veux que je te prépare une boisson chaude en attendant ? » Elle s'exécutait, allant se préparer un chocolat chaud pour elle, en attendant que Joanne prenne sa douche. « Si tu veux que je t'aide, je suis là, n'hésites pas. » Après tout, elle l'avait déjà vu nue donc ce n'était pas ça qui allait lui faire peur. De plus, elles avaient déjà franchie le pas toutes les deux, une première pour Astrid. Un sourire se dessinait sur ses lèvres alors qu'elle se réjouissait de passer une soirée en amoureuses avec Joanne.

Peu de temps après avoir quitté l'hôpital, on se retrouvait chez elle, une maison que je commençais maintenant à connaître à force de passer du temps avec Astrid. J'étais rentrée la première et ma petite amie m'avait suivi. Il fallait que je passe à la douche avant de pouvoir commencer notre soirée, afin d'enlever les traces du sport que j'avais pratiqué ce matin, je ne tardais donc pas à partir dans la salle de bain. Avant que je disparaisse dans sa maison, Astrid me demandait si je voulais une boisson chaude et en réponse, je hochais la tête de haut en bas. Une fois dans la petite pièce, je me déshabillais et j'entrais dans la douche. Je ne mettais pas trop de temps, ce n'était pas mon genre des rester trois quarts d'heure sous la douche, en effet, mon métier faisait que je m'améliorais de jour en jour sur le chronomètre. Une fois sortie, j'attrapais une serviette et m'essuyais, avant d'enfiler un t-shirt et un short qui appartenait à Astrid. A vrai dire, je n'avais pas beaucoup d'affaires ici. Avant de quitter la salle de bain, je n'oubliais pas le détail chic de ma tenue, mon attelle. Je descendais les escaliers, doucement, mais sûrement, et me dirigeais dans la cuisine afin de la retrouver. Arrivant derrière elle, je glissais mes bras autour d'elle et déposais un tendre baiser dans son cou. « C'est bon, je suis toute propre. Je suis habillée en toi aussi, mais ce n'est qu'un détail ». Un large sourire se dessinait sur mon visage, alors que je me mettais à ses côtés. J’étais vraiment heureuse d’être sa petite amie. Chaque jour, elle m’offrait un peu plus de bonheur et cela ne se voyait même pas que j’étais la première femme avec qui elle avait une relation.

Quitter l'hôpital la faisait se sentir mieux, elle n'aimait pas ce genre d'endroits et même si depuis qu'elle était malade, elle devait s'y rendre souvent, elle ne supportait pas l'odeur, tout ce blanc et le reste. Le trajet pour rentrer fut assez court. Astrid habitait une petite maison à la campagne, isolé du centre-ville. Elle aimait le calme, c'était tellement plus paisible. Un sourire se dessinait sur ses lèvres lorsqu'elle pénétrait dans la demeure, juste après Joanne. Il faisait bien plus chaud à l'intérieur, car mine de rien, c'était un froid glacial qui annonçait bientôt la neige. Elle proposait un chocolat chaud à sa moitié, le temps que celle-ci aille prendre une douche. De un, cela allait la réchauffer et de deux, elle se sentirait bien mieux après. Malgré tout, Astrid restait silencieuse, au cas où il arriverait quelque chose à sa petite-amie. Le temps que celle-ci soit à l'étage, Astrid allumait la télé, baissant le son en attendant la venue de Joanne. Elle déposait les deux chocolats chauds sur la table basse, nettoyant le plan de travail qu'elle avait sali. Un doux baiser au creux de son cou lui arrachait un sourire. Joanne sentait divinement bon. « Mes vêtements te vont à ravir d'ailleurs. » Elle déposait un baiser sur ses lèvres avant de glisser sa main autour de sa taille. « C'est sympa comme accessoire l'attelle. » Ajoutait-elle, affichant un large sourire. « Tu es magnifique ! » Très sincère, Astrid ne pouvait s'empêcher de complimenter la femme qui partageait sa vie. Elle se sentait bien avec elle et n'était pas prête de changer son nouveau mode de vie avec elle. « Tu veux mettre quoi comme film ? Une comédie romantique ? »