j’ai beau essayer, j’arrive pas à rester loin de toi.

Plus qu'une heure et la journée allait se terminer. Astrid sentait la fatigue s'emparer de son corps et elle avait bien envie de s'asseoir. Debout depuis ce matin, elle n'avait pas arrêté de courir partout aujourd'hui. Le dernier cours n'était autre que l'atelier peinture, d'ailleurs, elle en avait plein les mains. Pourquoi les enfants ne se prenaient pas au sérieux ? Astrid était fatiguée par ses enfants qui lui faisaient tourner la tête. Quelle idée d'avoir accepté de remplacer une autre maîtresse, quelle sordide idée. Une fois le cours terminé, elle raccompagnait ses élèves jusqu'au portail afin de les confier à leurs parents. « Au revoir mademoiselle Lloyd. » Astrid se retournait, faisant face à une petite fille qui avait visiblement apprécié les ateliers de la journée. Un sourire se dessinait sur les lèvres de la maîtresse d'école alors qu'elle lui répondait. « Au revoir Kenzie, à demain. » Astrid adorait les enfants et certains lui rendait très bien, ils étaient adorables avec elle, tandis que d'autres s'entêtait à vouloir la rendre littéralement folle. Elle rejoignait la salle des professeurs quelques minutes après afin de récupérer ses affaires. Rapidement, elle quittait l'école primaire parmi les derniers, puis une fois qu'elle se retournait, elle fit face à Joanne. « Bonsoir. » Elle était plutôt surprise de la voir ici, surtout qu'elle n'était pas aussi classe qu'elle le pensait. Une énorme tâche de peinture verte ornait sa joue et elle ne s'en était même pas rendu compte.

Ces derniers jours, Astrid n'était pas vraiment au top de sa forme. Elle sentait bien que son énergie n'était plus là. Avec ce qu'elle avait appris dernièrement, elle n'arrivait pas à rester concentrer. Elle avait beaucoup de mal, à vrai dire elle était en plein déni, elle n'acceptait pas d'être malade, mais pourtant, il fallait qu'elle se fasse à l'idée, avant de s'autodétruire. Astrid n'avait pas encore pris sa décision, allait-elle prendre un traitement ou bien se laisser mourir aussi lâcheusement que cela ? Il fallait qu'elle prenne le temps d'y réfléchir. Bref, elle quittait rapidement l'école après une journée incroyablement riche en émotions. C'était assez dur de garder le sourire quand on se rendait compte qu'il n'y avait peut-être plus d'espoir. Cependant, elle fut surprise de voir Joanne face à elle. Elle qui pensait d'ailleurs être présentable ne l'était plus vraiment. Rapidement, la blondinette devinait qu'il y avait eu un atelier peinture, chose que la blondinette ne comprenait pas tout de suite. Elle ne tardait pas à comprendre le pourquoi du comment. Joanne glissait l'un de ses doigts sur la joue d'Astrid, qui frémissait aussitôt. Comment une fille pouvait lui faire un tel effet ? Elle pinçait sa lèvre, laissant la footballeuse faire ce qu'elle avait à faire. « Oh.. je » Balbutiait-elle, alors qu'elle fut soudainement mal à l'aise face à elle. « Merci... merci beaucoup. » Elle ne relevait pas sa remarque, préférant changer de sujet pour ne pas s'enfoncer. « Qu'est-ce que tu fais ici ? Enfin à l'école je veux dire. » Astrid ne trouvait plus ses mots, elle était tout bonnement gênée par son interlocutrice, qui s'avérait tactile avec elle. Astrid plongeait alors son regard dans le sien, esquissant un léger sourire.

Trouver Joanne en face d'elle, Astrid ne s'y attendait pas du tout. Elle hantait souvent ses pensées et en la voyant ici, elle se croyait dans un rêve, or ce n'était franchement pas le cas. Astrid avait toujours été attirée par des hommes, elle le savait, mais l'effet que lui faisait la blondinette l'intriguait beaucoup. Après tout, elle n'avait jamais eu d'expériences avec les femmes, donc elle ne pouvait pas s'avouer bisexuelle. Bien sûr, elle n'avait pas honte d'être attirée par une femme, car elle soutenait le mouvement gay. Astrid était très ouverte d'esprit et elle avait plusieurs de ses amis qui ne partageaient pas son opinion à elle, cependant elle n'avait pas besoin de l'avis des autres. Elle plongeait alors son regard océan de celui de la jeune blonde, qui était sa cadette de quelques années, puis elle esquissait un sourire à sa proposition. « D'accord, je suis partante. » Passer une soirée avec Joanne ? C'était plutôt surprenant, mais la blondinette se laissait tenter par cette idée. Après tout, elle était célibataire et puis, peut-être que son attirance n'était pas réciproque, qui sait. Mordillant sa lèvre inférieure, Lloyd trouvait Joanne particulièrement douce. Elle lui proposait même un endroit calme pour qu'elle se détende un peu. « C'est très gentil, emmène-moi où tu veux. » Autant avouer que Astrid ne connaissait pas White Oak par coeur, elle n'y était que depuis quelques mois. Elle replaçait son sac sur son épaule afin de suivre la blondinette où qu'elle aille. « Tu vas bien ? » Demandait-elle avec politesse.

Astrid était envahie par des frissons rien qu'en sentant son regard sur elle. Jamais ô grand jamais, elle ne s'était sentie mal à l'aise face à une femme. Peut-être qu'elle n'en avait pas eu besoin, sachant qu'elle n'avait jamais été attirée la gente féminine. Elle la trouvait si douce avec elle, c'était assez surprenant. Astrid ne pensait pas qu'elle pouvait ressentir ce genre de choses vis-à-vis d'une femme. En effet, elle avait eu quelques relations avec des hommes et de ce fait, elle avait appris certaines choses, mais avec les femmes, elle ne savait pas du tout comment s'y prendre, c'était une grande première pour elle. Partante, la jeune femme acceptait alors l'invitation de son interlocutrice. Après tout, elle n'allait pas la fuir comme la peste sous prétexte qu'elle lui plaisait non ? Sa proposition était si alléchante que Astrid n'arrivait plus à se contenir. Elle souriait bêtement face à elle, mordillant sa lèvre inférieure. « Super, alors c'est parti ! » Lâchait-elle, sur un ton plutôt enjouée. Elle était ravie de passer du temps avec elle, comme ça, elles allaient apprendre à se connaitre un peu mieux et peut-être évoquer ce sujet qui la trottait depuis quelques semaines. Elle positionnait son sac sur son épaule avant de marcher aux côtés de Joanne. Cette chevelure était si divine que Astrid y glisserait bien sa main. « Bien aussi, merci. » Elle allait bien, surtout depuis que Joanne l'avait rejoint ici. « Éprouvante, mais ça va. Et la tienne, comment ça s'est passé ? » S'interrogeait-elle, un large sourire sur les lèvres. Joanne la rendait vivante.

Joanne est une femme absolument charmante, d'ailleurs, Astrid ne parvenait pas à lui faire part de son attirance envers elle. Lors de leur rencontre, elle s'est dit que cela allait passer avec le temps, que ce n'était provisoire, mais plus le temps passe, moins elle se sent capable d'être trop loin d'elle. Elle pense à elle tous les jours, chaque matin quand elle se lèvre et le soir, juste avant de s'endormir. C'est surprenant pour Astrid d'ailleurs de se retrouver dans une telle situation, alors qu'elle la dévore des yeux, qu'elle guette ses moindres faits et gestes. Bref, elle prenait donc le chemin du bar, en compagnie de la sulfureuse blonde. En vrai sportive, Joanne avouait à l'institutrice qu'elle avait courue, juste après que Astrid lui ai demandé ce qu'elle avait fait de sa journée. Astrid n'était pas des plus sportives, mais elle aimait bien courir, parfois nager et marcher de longues heures. Elle admirait le métier de son amie et elle ne manquait jamais de lui faire remarquer. « Tu as fait des trouvailles ? » Demandait-elle, d'une voix particulièrement douce. Astrid n'était pas une fan du shopping, surtout parce qu'elle n'aimait pas essayer les vêtements. Arrivées sur place, Joanne demandait une table pour deux, les deux femmes s'installèrent donc tranquillement, l'une en face de l'autre. « Un jus de fruit. » Glissait-elle dans la conversation, suite à la demande de Joanne. « Qu'as-tu de prévu pour ce weekend ? »

Lorsqu'elle se trouvait avec Joanne, Astrid ne pensait plus à ses problèmes de santé. C'est fou, mais cette fille avait un très bon effet sur elle. Elle savait la rendre meilleure et lui redonner le sourire. Bien sûr, Astrid n'avait pas évoqué sa maladie, elle ne voulait pas être vu différemment par la belle blonde. De plus, cela faisait seulement quelques semaines qu'elle était au courant, donc il lui fallait du temps pour en parler, d'ailleurs même Elza n'avait pas été mise au parfum, donc bon. Un sourire se dessinait sur les lèvres de la blondinette qui quittait l'école primaire pour se rendre dans un bar du coin, histoire de se détendre et de papoter tranquillement avec son amie. « Peut-être la prochaine fois alors. » Si rien ne lui avait plu, ce n'était pas forcément utile de l'acheter. Mordillant sa lèvre inférieure, elle détournait son regard du sien pour balayer son entourage. Si elle continuait de la regarder ainsi, elle allait vite finir déstabilisé ou dans un fossé. Elle regardait à peine devant elle. « Tu me raconteras alors, je suis sûre que tu vas gagner. » Astrid avait déjà eu l'occasion de la voir jouer et elle se débrouillait particulièrement bien. Le serveur prend alors leur commandes, après que Joanne lui ai fait signe. Astrid garde le sourire, surtout en écoutant la proposition de son interlocutrice. « Avec plaisir, mais tu vas avoir du travail, parce que, à part tirer dans le ballon, je ne suis pas vraiment douée. » Bien qu'elle soit sportive, le football n'était pas vraiment son sport favori, du moins elle n'excellait pas dans ce domaine-là. « Oui ! Du moins si tu as de la patience. »

Le serveur ne tarda pas à apporter ce qu'on avait commandé. Je fis glisser le verre d'Astrid devant elle, avant de prendre le mien. « J'espère, ça serait bête qu'ils me virent pour mauvais résultats, car je me plais ici. » Mon regard ne qui quitte que très rarement sa silhouette. Je joue un peu avec mon verre, je le fais tourner entre mes doigts, car je ne sais pas quoi faire de mes mains. Je me sens un peu mal à l'aise, c'est pour ça. « J'essayerais d'être une bonne prof, enfin je ne serais pas aussi forte que toi. Mais je ferais mon maximum. » Mon sourire s'élargit un peu plus. Je sais très bien qu'elle fait son métier à merveille et les enfants lui en sont très reconnaissants. Je me suis déjà retrouvée à plusieurs reprises devant le portail quand ses élèves sortent et ils ont toujours le sourire aux lèvres. C'est sûrement Astrid qui leurs fait cet effet-là, en tout cas c'est celui qu'elle me fait. Tout me semble mieux quand je suis avec, plus facile et puis je souris tout le temps, un peu comme une gamine. « Je ne sais pas si je serais la prof gentille ou méchante. Tu me diras à la fin, enfin si je ne t'ai pas trop torturée ! » Je rigole légèrement avant de prendre mon verre fermement dans ma main, je le lève légèrement. Je mordille ma lèvre inférieure tout en dirigeant mon verre vers elle. « À notre petite soirée ! » Une fois ce partage, je monte l'objet à mes lèvres pour en boire une gorgée. « Bon alors, à part tes nouveaux talents de peintre, qu'est-ce que tu me racontes de beau depuis la dernière fois ? »

Aussitôt son verre sur la table, l'enseignante portait la paille à ses lèvres afin de gouter son jus de fruit. Des vitamines, elle en avait bien besoin en ce moment alors les fruits ne pouvaient être que bénéfique pour elle. « Je suis sûre que tu vas gérer. » Astrid croyait en elle, car elle savait très bien qu'elle allait donner le meilleur d'elle-même, comme toujours d'ailleurs. Le visage d'Astrid s'illuminait alors à la remarque de la footballeuse, elle voulait vraiment la déstabiliser, c'était certain. Gênée, la jeune femme baissait timidement la tête, reprenant doucement ses esprits pour lui répondre. « Chacun son domaine. » Oui, Joanne allait lui apprendre à jouer au football et de ce fait, elle prendra l'avantage sur Astrid. Posant ses yeux sur sa chevelure dorée, Astrid n'avait qu'une seule envie, y glisser délicatement sa main pour caresser ses cheveux. Sortant cette idée de ses pensées, elle soufflait doucement, agitant sa main face à son visage pour exprimer le fait qu'elle avait chaud. « Je n'hésiterais pas à te le dire, crois-moi. » Astrid n'était pas franche, simplement honnête et dans ce cas-là, elle était pressée de se retrouver sur un stade avec Joanne. Levant à son tour son verre, la blondinette trinquait alors avec son interlocutrice, heureuse de se trouver en sa compagnie en ce jour. « A cette soirée ! » Élargissant son sourire, la jeune maîtresse plongeant son regard océan dans celui de la jeune femme. Qu'elle était belle ! A sa question, Astrid se pinçait alors les lèvres, elle n'allait pas lui avouer sa maladie, non c'était bien trop tôt pour passer aux inquiétudes. Elle humidifiait alors ses lèvres avant de glisser sa main derrière sa nuque, plutôt mal à l'aise, sachant que c'était la seule chose qui lui venait à l'esprit. « Pas grand-chose, j'ai hâte d'être à la prochaine rentrée. Et toi ? »

On se retrouve toutes les deux assises à une table avec nos verres. Je suis très heureuse de la voir aujourd'hui, elle va illuminer ma fin de journée. Je l'invite à venir me voir jouer samedi, toutes les occasions sont bonnes pour pouvoir la revoir un peu plus souvent. Chose qu'elle accepte, alors un sourire plus large que les autres se dessine sur mon visage. Après plusieurs gorgées, je repose mon verre sur la table. « Ça ne te manque pas pendant les vacances ? » Je lui souriais tout en continuant de jouer avec mon verre que j'ai posé sur la table après à avoir bu une gorgée de jus de fruit. « Je vais revoir ma famille bientôt. Je retourne en Norvège pour des vacances. » J'en suis très heureuse, les membres de ma famille sont très important pour moi et je ne manquerais pas une occasion de les revoir. « Sinon j'ai une vie plutôt calme, pas de bagarre, pas d'enfant caché, ni de visite au commissariat ». Je rigole bien sûr. En ayant une vie basée principalement sur le football et sur le haut niveau, je n'ai pas le droit de faire d'écart et je vis dans mon club, pas de relation amoureuse, alors je n'ai pas de grande histoire à raconter. « J'aime beaucoup ta montre ! » lui dis-je tout en prenant sa main afin de la voir d'un peu plus près. Le contact de sa peau sur la mienne me fait rapidement regretter mon geste, elle me rend légèrement dingue, à tel point qu'un seul contact me fait perdre mes moyens. J'essaye d'enlever ma main de la façon la plus naturelle possible, même si j'ai l'impression qu'il est écrit sur mon front qu'elle me plait. « Tu veux qu'on commande quelques choses à grignoter ? » dis-je afin de changer de sujet.

Dès son plus jeune âge, Astrid savait qu'elle voulait travailler avec les enfants. Pourtant, lorsqu'on est jeune, on se pose de multiples questions. Plutôt une carrière dans le sport, médecin, vétérinaire, mécanicien et pourtant, la blondinette l'a tout de suite su. A la question de Joanne, la jeune femme se sentait aussitôt nostalgique, oui elle aimait ces enfants et c'était un réel plaisir pour elle leur transmettre son savoir-faire. C'est donc sans aucune hésitation qu'elle répondait. « Si, mais j'essaye de ne pas y penser. » Oui, car elle allait les revoir à la rentrée, il fallait juste positiver un peu. Saisissant son verre dans sa main, Astrid posait les yeux dessus pour observer la substance qui s'y trouvait. C'était très très coloré. « Profite bien alors, ça va te faire du bien de changer d'air et de penser à autre chose qu'au travail. » En tant que footballeuse, Astrid se doutait bien qu'elle avait des entrainements très souvent, donc pas forcément le temps de bouger beaucoup. « Un peu comme moi en fait. » Sa vie n'était pas extrêmement mouvementée, hormis le fait qu'elle soit malade, elle était plutôt casanière, donc pas vraiment de choses nouvelles. Sans qu'elle ne puisse s'y attendre, Joanne attrapait délicatement la main de celle-ci. Un frisson venait alors envahir tout son corps, avant qu'elle ne plante son regard dans le sien. « Me..Merci. » Balbutiait-elle, totalement incapable de garder son sang froid face à ce petit bout de femme irrésistible. Son regard reste perdue dans celui de son interlocutrice, qui détache sa main d'elle, visiblement aussi mal à l'aise qu'elle. « Je n'ai pas très faim, mais on peut aller faire un tour si tu veux. » Peut-être que Astrid allait l'emmener chez elle par la suite, qui sait, seul l'avenir nous le diras.

Astrid me plaisait beaucoup et je n'arrivais plus vraiment à le nier, sa chevelure dorée et son magnifique sourire me faisaient beaucoup d'effet. Je ne pouvais pas le nier, mais je ne pouvais pas non plus l'avouer. Imaginez sa réaction en apprenant ça. Cependant, au fur et à mesure de nos entrevues, je perdais de plus en plus le contrôle, l'envie de déposer mes lèvres sur les siennes se faisait de plus en plus grande. Je la dévorais des yeux et la gêne que j'avais eue se fit très vite ressentir. Elle aussi l'était, dans le bon ou dans le mauvais sens, ça je n'en avais aucune idée. Je changeais rapidement de sujet et Astrid me suivit. Elle me proposait de partir, ensemble, à cette idée je me mordais légèrement la lèvre inférieure avant de lui répondre. « Avec grand plaisir ! » Un grand sourire s'affiche sur mon visage, j'empoignais le verre qui se trouvait devant moi et finissais de boire ce qui se trouvait à l'intérieur. « Par contre, je vais aller faire un petit tour aux toilettes avant ça. » Je me levais de ma chaise et attrapais mon sac avant de partir vers les toilettes. Il fallait que je me rafraîchisse un peu. Une fois la porte des toilettes fermée, je pouvais souffler un peu, je me mettais la pression afin de faire la meilleure impression possible auprès d'elle et cela avait l'air de marcher. Le fait que je m'étais presque décomposée devant elle au contact de sa peau ne lui avait pas fait peur. Je me passe un peu d'eau sur le visage avant de ressortir et d'aller au comptoir pour pouvoir payer notre note. Je retourne ensuite rejoindre Astrid. « C'est bon, on peut y aller. »

Il fallait l'avouer, Astrid avait une petite ou même grande attirance pour Joanne. De nature très timide et discrète, elle n'allait certainement pas lui faire une déclaration comme ça, ne sachant même pas si cette attirance était réciproque. Astrid ne s'avouait pas hétérosexuelle, n'ayant jamais franchi le moindre pas avec une femme. Elle était tout à fait perplexe en ce moment, elle se cherchait surtout. Imaginer que Joanne ne ressente rien et que la blondinette fasse le premier pas, se prenant alors un refus de la part de la footballeuse, Astrid voudrait donc s'enterrer six pieds sous terre. Elle préférait mettre son attirance de côté, bien qu'elle soit forte, plutôt que de perdre l'amitié de son amie avec qui elle partageait de bons souvenirs à ce jour. La maîtresse lui proposait donc d'aller marcher un peu, se sentait un peu trop confiné dans ce café bien sympa. Joanne acceptait donc, un large sourire aux lèvres. Elles allaient pouvoir discuter un peu plus, sans que leur voisin de table n'écoute leur conversation. « Je t'en prie. » Déclarait-elle, en se relevant de sa chaise pour rejoindre la porte pour attendre la blondinette. Elles allaient enfin pouvoir se retrouver seules et peut-être qu'Astrid allait avoir le cran de l'inviter chez elle pour finir la soirée. Après, elle allait devoir se contrôler pour résister à la tentation. Patientant quelques minutes, Joanne ne mit pas beaucoup de temps pour la rejoindre, prête à quitter les lieux. « C'est parti ! » Lançait-elle, d'un ton plutôt enjouée. « Le parc ça te dit ? Il y a moins de monde à cette heure-là. »

Je ne suis pas une fille qui fait de grands choix dans sa vie, enfin je sais saisir les occasions qui s'offrent à moi pour mon boulot, mais dans ma vie privée c'est un peu la bataille. Je ne sais pas vraiment ce que j'aime et ce qui me ferait aller de l'avant. Astrid ? Je n'ai eu qu'une seule fois des sentiments très forts pour une femme, je ne peux pas dire si cela peut devenir un cas général ou non. Rien n'est trop sûr, ce que je ressens pour la jeune blonde n'est peut-être qu'une forte amitié et non l'idée que je suis en train de me faire de notre relation. Mon sourire ne quitte pas mes lèvres, c'est comme cela quand je suis avec elle, je suis forcément heureuse, j'ai trouvé en elle une amie, l'une des rares que je me suis faite ici. Sa proposition est plus qu'intéressante et je l'accepte avec grand plaisir. Après avoir fait un tour aux toilettes, nous sortons de cet endroit. « Le parc me semble être une bonne idée, ce sera calme à cette heure-ci ! » Mon sourire s'élargit et nous ne tardons pas à prendre le chemin du parc. Sur le chemin, je m'interroge sur elle, je ne peux pas dire que je la connais tant que ça. Les petits détails, oui, mais pas le reste. « Tu habitais où avant de vivre ici ? Tu me l'as peut-être déjà dit, mais parfois j'ai une mémoire de poisson rouge ». Je rigole légèrement. Étant fan de voyage, tout ce qui concerne des villes m'intéresse, comment c'est, pourquoi ils ont déménagé. Nous ne tardons pas à arriver au parc, ma marche s'accélère et je me retourne afin de lui faire face. Je continue de marcher, mais cette fois-ci en arrière. « Tu avais raison, il n'y a pas beaucoup de monde ! »

Avant de rencontrer Joanne, Astrid s'avouait hétérosexuelle, mais depuis, elle n'arrive pas vraiment à déterminer ce qu'elle est. Bien sûr, elle n'a pas honte d'être attirée par une fille, si jamais il se passait quelque chose entre elles, elle l'assumerait parfaitement, parce qu'elle ne nie jamais rien. Dès le départ, dès le premier sourire, Astrid avait trouvé ce petit bout de femme intéressante. Elle était simple d'esprit, souriante, gentille, agréable et c'est en parti pour ça qu'elle a du mal à se contrôler lorsqu'elle est avec elle. C'est donc le sourire aux lèvres qu'Astrid quitte la table, rejoignant la sortie. Quant à Joanne, elle s'éclipse quelques minutes pour aller aux toilettes, ce qui permet à la blondinette de se ressaisir un peu. Elle en profite donc pour souffler un peu, reprenant petit à petit esprit. Garder son calme quand elle est à ses côtés c'est un véritable challenge pour Astrid. Bref, une fois revenu, elle quitte le café en très bonne compagnie. « Super alors. » Sachant qu'Astrid n'était pas native d'ici, elle ne connaissait pas tous les lieux qui s'y trouvait, seulement le parc et quelques autres choses qu'elle aime fréquenter. « Je viens de San Francicsco, et non nous n'en avions pas parlé. Et toi, tu as toujours vécue ici ? » Arrivées dans le parc, Joanne commence à marcher en arrière, ce qui amuse plutôt la maîtresse. « Effectivement. Je peux savoir pourquoi tu marches en arrière ? » Lâche-t-elle en riant. Son sourire illumine son visage, elle est si belle.

Ma rencontre avec la jeune femme n'est pas des plus communes, nos boulots avaient joué un grand rôle. Je m'étais rendu à son école, afin d'expliquer à ses élèves ce que je faisais. Et tout de suite, j'avais eu un gros coup de coeur pour elle qui me poussa à la revoir à plusieurs reprises. Ces multiples rencontres faisaient croître un sentiment de plus en plus fort pour elle, une attirance que je ne pouvais plus nier. Je tentais pourtant de lui cacher, pour pouvoir garder notre amitié intacte. Rien que le fait d'entendre sa voix me rendait littéralement folle. « Non, je suis ici depuis un an, presque un an et demi. Je viens d'Oslo, dans les pays nordiques d'Europe ». Je rigole légèrement. « Mais j'aime beaucoup voyager, c'est comme ça que j'ai connu White Oak Station ». Je souriais, comme toujours, mais en la présence d'Astrid, c'était tout de suite plus facile de le faire. Elle commence à rigoler sur ce que je fais, elle est tellement magnifique ce qui provoque chez moi une réaction instantanée, je me mords légèrement la lèvre inférieure. « C'est pour mieux te voir » Je lui fais un léger clin d'oeil, avant de me remettre normalement à ses côtés. « Mais si ça te perturbe, reprenons les choses normalement ». Nous ralentissons le rythme de nos pas à la recherche de l'endroit où l'on pourrait faire une pause. Comme il n'y a pas beaucoup de monde, nous aurons le choix, soit une place dans le chemin principal, ou alors dans un endroit plus calme où nous serons plus tranquilles, me permettant peut-être de lui avouer ce que je ressens pour elle.

Tombé amoureuse ? Ce n'était pas vraiment le bon moment pour Astrid, et pourtant, elle ressentait bel et bien quelque chose pour son ami. Bien sûr, elle allait bientôt commencé sa chimio et peut-être même perdre ses cheveux, chose qu'elle redoutait, mais bon, elle n'en était pas encore à ce stade. De la compagnie serait peut-être bénéfique pour elle et même si le soutien de Joanne serait apprécié, jamais ô grand jamais elle ne lui avouerait cela, de peur de la faire fuir. Oui, déjà qu'elle n'était plus au top de sa forme, la situation ne faisait qu'empirer. C'est pour cela qu'elle gardait ses sentiments pour elle. « Ça doit être génial là-bas! » S'exclamait-elle, pleine de joie. Oui, elle avait envie de visiter. Voilà maintenant que la blondinette marche à l'envers, ce qui amuse plutôt Astrid qui trouve cette situation plutôt marrante. C'est vrai, c'est pas vraiment commun. Elle baisse légèrement la tête lorsqu'elle lui avoue que c'est pour mieux la voir. Oui, Astrid est du genre à rougir et elle ne voudrait pas s'enfoncer encore plus en affrontant son regard. De plus, elle se mort la lèvre, ce qui la rend encore plus irrésistible. « Ce n'est pas ça qui me perturbe, c'est toi. » Autrement dit, c'est pas ton comportement qui me gêne, mais c'est toi qui me perturbe. Astrid commence à rougir, elle qui n'est pas entreprenante, commence doucement à l'être. Astrid s'aventure alors un peu plus sur le côté, histoire d'être en retrait, en tête-à-tête avec la belle blondinette. « Je t'ai jamais demandé, tu as des frères et soeurs ? »

La discussion se fait naturellement entre nous, mais nous ne nous connaissons pas tant que ça, alors petit à petit, les échanges se font et plus nous nous voyons, plus nous apprenons sur l'autre. Mon regard n'arrive pas à la quitter, son sourire rend le mien plus grand. J'ai un peu l'impression d'être une gamine à côté d'elle, nous n'avons que quelques années d'écart, mais j'ai la sensation qu'un monde nous sépare. Le fait que je ne suis pas sûr de mes sentiments me fait encore plus croire à cette idée, en effet, je ne sais pas ce que je veux, je suis indécise, on pourrait même dire capricieuse. Oui, car je la désire, j'ai l'envie de me rapprocher d'elle, de coller mon corps contre le sien et d'éterniser ce moment d'un simple baiser, qui pourrait peut-être être le début de quelques choses d'autres. « Moi ? Je te perturbe ? » Je rigole légèrement et remet mes cheveux correctement d'un simple geste de la main avant de reprendre mon sérieux. « Et je peux savoir pourquoi ? » Nous nous dirigeons doucement vers un endroit plus calme, inconsciemment j'ai réduit l'écart qui nous sépare. Ce qu'elle me dit et les gestes qu'elle fait me donne l'impression que je peux espérer quelque chose, j'ai donc de plus en plus envie de tenter ma chance. « Oula ! Oui ! On est cinq au total. Je suis la plus vieille. Et ils sont tous en Europe ». Je ralentis de plus en plus notre marche, jusqu'à l'arrêt complet au niveau d'un banc. Elle s'assoit en première et je fais la même chose à ses côtés, assise de profil, j'ai mon coude appuyé sur le dossier. « Et toi alors ? Je suppose que tu en as moins, quatre frères et soeurs c'est rare ».

Astrid n'a pas confiance en elle. Elle a toujours peur de ne pas avoir ses chances avec autrui, alors que c'est une jolie femme. Bien sûr, Joanne est tout aussi belle et c'est également ce qui lui fait peur. Néanmoins, malgré leur différence d'âge, les deux blondinettes se comprennent parfaitement. Astrid continue donc de marcher avant de penser à une éventualité, et si Joanne était en couple ? Et si elle avait quelqu'un dans sa vie ? En effet, elle se posait beaucoup trop de questions en ce moment même, mais c'est surtout parce qu'elle est intriguée par la footballeuse et que celle-ci ne la laisse pas du tout indifférente. Elle agit pourtant naturellement, mais Astrid scrute le moindre de ses gestes, une main dans les cheveux, un sourire en coin ou même lorsqu'elle se mord irrésistiblement la lèvre. Astrid fond, elle est sous le charme, mais bien trop timide pour faire le premier pas. De plus, elle voit sa maladie comme un frein, donc elle a peur du regard de Joanne, peur qu'elle soit dégoutée par celle-ci. « Et bien oui tu me perturbes. » Pourquoi ? Question vraiment difficile. « Parce que t'es belle ! » Elle écarquille aussitôt les yeux, surprise de ce qu'elle vient de dire, oh la bourde. « Tu veilles sur eux, même si t'es loin. » Répond-elle, histoire de changer vite de sujet, trop mal à l'aise. Elle la fuit du regard. Astrid prend donc place à ses côtés sur un banc du parc où les passants se font rare, puis elle croise les jambes, portant ensuite son attention sur la jeune femme. « Et bien.. je suis fille unique, mais j'ai toujours rêvé d'avoir quelqu'un a qui parler, tu sais un frère ou une soeur, à qui tu peux te confier sans être jugé. »

Je commence à perdre mes moyens, je sens mon cœur battre un peu plus vite, c’est l’effet que me fait l’institutrice. « C’est gentil, merci ». Un large se dessine de nouveau sur mon visage, le compliment est bien sûr réciproque, mais je n’ai pas le temps de lui répondre, car elle enchaîne directement sur ma réponse d’après ce qui me fait rire à l’intérieur de moi. Je ne l’exprime pas réellement, je ne veux pas qu’elle pense que je me moque d’elle. « Oui c’est vrai ». C’est à son tour de me répondre, elle m’explique alors qu’elle est fille unique, mais qu’elle aurait aimé avoir quelqu’un pour se confier. « Je peux t’en prêter un ou deux si tu veux », je lui lance un regard amusé avant de poursuivre. « Mais il faut que tu fasses le voyage ». Un léger silence s’installe, mais celui-ci ne dure pas très longtemps. J’appuie ma tête contre ma main, le visage toujours tourné vers elle. « Si je te dis à quoi je pense, tu serais encore plus perturbée je pense.. » J’attends une légère réaction de sa part, mais effrayé de sa possible réponse, je poursuis. « Enfin bref, ce n’est pas ça le plus important ». Je suis sur le point de me dévoiler à elle, de lui dire ce que je ressens, mais la peur d’être repoussée me fait reculer un peu plus à chaque fois. Il faut que je prenne le taureau par les cornes et que je sois honnête avec elle. Alors, autant poser les bonnes questions. « Ton petit copain ne va pas s’inquiéter que tu ne sois pas rentrée ? » Je n’en sais rien c’est vrai, mais c’est l’hypothèse qui me semble la plus probable.

Être fille unique c'est pas forcément cool. Pourtant, même si elle avait eu toute l'attention de ses parents, Astrid n'était pas pour autant capricieuse. Sa famille avait les moyens de lui offrir ce dont elle désirait, mais elle ne réclamait rien, elle était loin d'être superficielle, contrairement aux autres qui sont dans le même cas qu'elle. « Je peux en louer un à la semaine ? » Demandait-elle en plaisantant, riant aux éclats. Ce n'était pas une si mauvaise idée que cela après tout. La remarque de Joanne lui fait l'effet d'une bombe, sa voix douce lui fait penser que c'est à propos d'elle, elle en a même ma certitude. Elle baisse timidement la tête avant d'élargir un peu plus son sourire. « Dis-moi, je suis curieuse de le savoir. » Il fallait qu'Astrid mette sa timidité de côté et qu'elle se lance, mais c'était plus facile à dire qu'à faire en tout cas. Visiblement, elles étaient toutes les deux sur la même longueur d'ondes, elles avaient de nombreux points communs. Elle évoquait alors son "copain", ce qui fit sourire Astrid, qui ne tardait pas à se mordre la lèvre inférieure. « Je n'en ai pas, visiblement il n'y a que toi qui arrive à me supporter » Elle passe ensuite sa main sur la joue de son amie, replaçant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille. « Écoute, je... » Vas-y fini! La voilà totalement incapable de continuer.