~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Le lycée... Probablement les meilleures années de ma vie et les pires à la fois. Andy Warhol a un jour affirmé que chaque personne sur la planète allait connaître au moins une fois son quinze minutes de gloire. Pour ma part, c'était plutôt mon quatre ans de gloire. J'étais respectée et ne rendait rien en retour aux autres. Les garçons étaient à mes pieds, j'avais une quantité industrielle d'amis. Ça peut paraître cliché, mais c'était exactement comme ça. Je n'étais pas spécialement une bonne élève, mais mes bonnes notes s'accumulaient grâce à certaines gentilles personnes qui acceptaient de faire mes travaux à ma place par moment. Bref, c'était le paradis jusqu'à ma dernière année.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Bof. J'ai pris du recul sur ma vie. Mes parents ne me parlent plus depuis que j'ai décidé d'arrêter mes études. Pauvre eux, ils me voyaient avocate ou diplomate. Vendeuse de chaussures c'est tout comme, non? Je suis moins mesquine qu'avant, mais m'approcher reste une tâche difficile pour tout le monde. J'accumule les conquêtes, je ne réussis pas à me caser. J'habite un petit appartement seule et le soir je m'installe sur mon canapé et je regarde la télé. Je sors le weekend par moments et parfois je recherche mes anciens camarades d'école sur Facebook et pleure en constatant que la plupart d'entre eux ont réussi dans la vie et ont réussi à quitter White Oak.

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Dans dix ans, j'aurai 32 ans. Je ne veux pas de gosse, peut-être aurais-je été promue gérante de ma boutique. Ou peut-être aurais-je repris mes études pour devenir secrétaire. Une chose est sûre, je vivrai toujours la même existence minable. Je croiserai un ancien camarade qui sera devenu médecin et aurai honte lorsque sera venu de lui confier mes occupations dans la vie.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: Jade, Rabbit Heart ÂGE: 18 dans deux semaines oh yeah LOCALISATION: Ce vaste continent qu'est l'Amérique PRÉSENCE: Le plus possible, au moins une fois par jour si j'ai de la chance car avec l'école c'est pas évident COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Bazzart AUTRE CHOSE À AJOUTER? JE VAIS BIEN M'AMUSER ICI.

Étant née dans la banlieue de White Oak, vaste maison à étage, pelouse toujours verte et quelques chamailleries avec le voisin, mon enfance peut facilement se résumer à la typique vie de l'Américain blanc de classe moyenne. Mes parents étaient très aisés et ma sœur et moi étions très gâtées, sans parfois s'en rendre compte. Nous passions nos étés à voyager entre la Virginie et la Floride et passions nos hivers au Mexique en famille. Toute ma vie on m'a complimentée sur mon physique. Que j'étais grande, mince et belle et que tout allait m'être donné dans la vie. Les gens avaient raison. Il ne me suffisait que de faire les beaux yeux pour obtenir tout ce que je voulais. Plus jeune c'était les poupées, en grandissant c'était les accessoires de luxe et les garçons. Mon caractère plutôt prononcé s'est développé par la suite.

J'ai souvent parlé du lycée comme étant les plus belles années de ma vie. Dès mon entrée, on m'a recrutée dans l'équipe de cheerleading où j'ai été la principale voltige pendant quatre années de suite. Notre équipe raclait tous les trophées sur son passage. Tout comme dans les bons vieux films américains, j'étais parmi les vedettes de mon école. La plus aimée, comme la plus détestée. Je fréquentais des garçons plus vieux, je me vantais d'entrer dans les discothèques avec les cartes de ma grande sœur. Je n'écoutais aucunement en classe, mais cela ne m'importait peu, puisque je n'avais qu'à exécuter une petite faveur spéciale pour que quelqu'un fasse mes travaux à ma place ou m'aide pour étudier avant les examens. C'est comme ça que j'ai commencé à sortir avec Alec. Vrai pro en maths, il m'aidait à étudier avant chaque test. Il était drôle et pas naïf et très affirmé. Il me plaisait beaucoup. Il me faisait un peu penser à ma propre personne et avec lui je m'entendais à merveille. Nous avons commencé à nous voir en dehors des séances d'études, à nous fréquenter, nous embrasser, pour finalement sortir officiellement ensemble. C'était mon premier vrai amour, je n'avais jamais eu de petit copain avant lui.

Et je l'aimais. Notre relation a duré environ six mois. Mais comme d'habitude, il fallait que je fasse tout de travers. Alec avait un meilleur ami. Capitaine de l'équipe de football, il était grand, musclé et très séduisant. Il me tapait dans l’œil depuis quelques temps déjà. Par amour pour Alec, je n'avais rien fait. Mais c'est pendant une fête qu'un ami commun avait organisé que tout a basculé. Nous avions longuement parlé lui et moi durant la soirée, sans qu'Alec ne le saches. Puis il m'avait envoyé un texto en me demandant si je voulais bien monter dans la chambre. Je me suis exécutée. C'est le lendemain matin, quand Alec me cherchait partout dans la maison pour me reconduire chez moi qu'ils nous a vus. Enlacés et à poil dans la chambre des maîtres. Je ne l'avais jamais vu aussi triste. Nous avons arrêté de nous parler pendant deux mois, jusqu'à temps que je tombe enceinte de son meilleur ami. Il fallait que je lui dises. Quand je lui ai annoncé la nouvelle, il n'a rien dit et est parti tout de suite après. Je lui ai crié que je m'étais faite avortée et qu'il était le seul avec qui j'avais envie de partager ma vie. Pour la première fois de mon existence, je compris ce que c'était de se faire briser le cœur. Et je m'en veux toujours.

Mais Papa, je veux devenir mannequin! Voilà ce que j'avais répliqué à mon père après que ce dernier ait appris l'horrible nouvelle que je quittais mes études. J'étais pourtant bien partie. Membre d'une sororité, étudiante en droit. Ce n'était pas ce que je désirais faire. Je n'avais jamais été habituée à travailler et mon arrivée à la fac fut un vrai choc. Je n'ai jamais été comme ma sœur. Elle avait toujours été un véritable enfant prodige. Présidente de l'école, élève modèle récoltant les A, elle consacrait ses soirées et ses weekends à l'étude et à ses travaux parascolaires. C'en était agaçant, mes parents ont toujours voulu que je prenne exemple sur elle. Cependant, moi, ayant toujours pris pour acquis que ma beauté physique allait m'apporter beaucoup dans la vie, je quittai les études pour m'inscrire à une agence de mannequins. Échec, je n'avais pas ce qu'il fallait. J'étais donc laissée à moi-même seule, avec seulement un diplôme d'études secondaires en main. On m'embaucha comme vendeuse de chaussures à l'âge de vingt ans et j'y travaille depuis. Je ne suis pas casée avec personne, je connais quelques aventures par-ci, par-là. Je ne garde contact avec presque personne du lycée, ils sont bien trop occupés avec leur vie parfaite.

Voilà comment je me suis retrouvée seule à vingt-deux ans avec aucune idée de la façon dont ma vie va s'orienter.