~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
Au lycée, et pendant toute la durée de ma scolarité, j’étais le genre d’élèves qui pense, et j’en suis toujours convaincue d’ailleurs, que l’école n’est pas faite pour lui mais qui lutte contre ce système scolaire inadapté dans le but de réussir, coûte que coûte. En effet, un projet derrière la tête depuis toute jeune, je me devais d’obtenir mon diplôme et prouver, au passage, aux recruteurs des universités et aux professionnels, ma motivation et mon potentiel. J’ai dû sécher quatre ou cinq heures de cours par mois, rien que pendant ma dernière année de lycée et être inattentive pendant les heures où j’étais présente, mais on ne pouvait pas me le reprocher, car à côté de ces incartades, j’obtenais d’excellentes notes, grâce à ma curiosité et à ma faculté d’autodidacte. Evidemment, quand vous pensez que les professeurs ont de mauvaises méthodes de travail et que l’éducation nationale américaine ne fait rien pour remédier à ses propres failles, vous apprenez tout par vous-même ; et heureusement pour moi, cela a fonctionné ainsi, jusqu’à ce que je sois acceptée à l’université, un lieu d’apprentissage dans lequel j’ai enfin pu faire ce qui m’enthousiasmait le plus, exercer des études de droit, je me suis métamorphosée, à ce moment-là, en une jeune femme assidue et responsable. J’ai obtenu mon master de droit, après quatre années difficiles mais intéressantes, et je poursuis, à présent, ma première année de master 2 notariale, en alternance, dans une entreprise qui m’a accueillie à bras ouvert. J’ose espérer que la suite de mon cursus se fera dans la joie et la bonne humeur, avec tout autant de réussite que les années précédentes.

   ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
Je ne pourrai être parfaitement accomplie, tant que je n’aurai pas remplie tous mes objectifs et réalisé tous mes rêves ; cependant, je ne souhaite pas voir le bonheur comme une fin, en soi, car cela m’empêcherait, bien trop souvent, de saisir les chances d’être heureuse. Le bonheur s’en va et revient, selon ce que tu traverses dans ta vie, et ces derniers temps, il m’accompagne tous les jours. Épanouie dans mes études, et apprécié par mes collègues de travail et mon directeur, travail qui m’a permis de quitter le cocon familial et savourer une nouvelle liberté, je ne peux qu’être satisfaite. Ma liberté, mes parents me l’avaient déjà gracieusement offerte depuis l’adolescence, grâce à leur confiance que j’avais, cette fois, durement méritée et gagnée ; car je prenais soin de respecter leur éducation et leurs règles, de ne faire aucune bêtise, des erreurs, j’en ai faites, bien sûr, c’est humain et, paradoxalement, c’est de celles-ci qu’on en retire les plus précieuses leçons et les meilleures expériences, mais aussi, j’ai toujours accordé beaucoup d’importance à donner un bon exemple à mes deux petits frères. Ils n’ont jamais su que l’école buissonnière et moi-même, étions les meilleurs amis du monde. J’avais des excuses toutes préparées, et plus crédibles les unes que les autres, puis j’étais assez maline pour filtrer, en douce, le courrier. Là, je vous parle de nouvelle liberté, dans le sens d’indépendance et d’intimité, je connais enfin la supériorité de ces mots par rapport à la liberté, que je connaissais déjà depuis mes années lycées, c’est complètement différent. Mon amour pour mes parents est inconditionnel, et je savoure la chance que j’ai qu’ils soient encore ensemble, je les admire pour l’amour, le respect et le soutien qu’ils se donnent encore beaucoup l’un pour l’autre. Le lien familial, est sacré, et même si je n’habite plus avec eux et mes deux frères, je leur rends régulièrement visite, et je pense que je continuerai à le faire, même si j’habitais à l’autre bout du pays, mais ce n’est pas le cas. Heureusement, l’école buissonnière n’est plus une amie fidèle, mais j’avais d’autres amis, au lycée, même si je n’étais pas très populaire, ce qui ne me déplaisait pour rien au monde, quelques-uns sont encore présents pour moi, et notre amitié ne fait que se renforcer, d’années en années. Côté cœur, où j’en suis ? De ce côté-là, rien n’a changé depuis le lycée. Je suis toujours cette jeune femme discrète et mystérieuse, qui attend que ce soit les hommes qui fassent le premier pas ; et surtout qui va à reculons à un rendez-vous ou qui se cache derrière milles excuses pour esquiver toute proposition rimant avec « Et si on devenait plus qu’amis ? ». J’ai tendance à dire, que je n’ai pas besoin d’homme dans ma vie pour être heureuse, mais si je réfléchissais avec mon cœur et non plus, avec ma tête, je dirais que j’ai besoin d’affection, d’amour et de construire une vraie relation amoureuse avec quelqu’un…

   ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
Me poser cette question me fait toujours légèrement sourire, cela me parait, à la fois, tellement loin et tellement proche. Lorsque j’étais enfant, à la question « Qu’aimerais-tu faire quand tu seras plus grande ? », je répondais détective privé, journaliste ou bien actrice. De ma part, il ne fallait pas attendre des réponses types, ne pas attendre les métiers ordinaires dont rêvent toutes les petites filles. Maintenant, je suis une grande personne, ce jour-là est arrivé, mais plus personne ne me demande ce que je veux faire, et la seule chose dont je suis certaine est que le temps passe vite ; que dix ans n’est rien. J’ai peu de temps pour réaliser mes rêves, pourtant si nombreux. Je n’ai pas l’habitude de regarder aussi loin dans l’avenir, je me concentre naturellement sur le présent, voire, au maximum, sur le lendemain. Cependant, l’enfant que j’étais n’a pas beaucoup changé, je vois toujours les choses différemment, et je vise haut, l’ordinaire n’est pas fait pour moi. J’ai une conviction, ou alors ne serait-ce qu’un espoir, celui d’être mariée à un homme qui m’aura donné deux ou trois enfants, qui courront partout dans une maison, dans laquelle je serais que j’ai trouvé ma place, ma raison de vivre, mon « chez-moi ». J’espère aussi, que j’aurai atteint mon ambition d’être à la tête d’un grand cabinet de notaire, et que j’aurai eu le courage de me lancer à corps perdu dans ma passion : le théâtre.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: AyLawD. ÂGE: 20 ans. PAYS: France. PRÉSENCE: 7/7. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? Par Louys/Joanne   .  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? Inventé. AUTRE CHOSE À AJOUTER? Vive le RP et FLT   .

« D’ici, peu de temps, le jour cèdera sa place à la nuit, je le sais, le moment sera donc venu pour moi, de délaisser ma balançoire pour mon lit douillet. Je vois le ciel s’assombrir, et le soleil descendre, de plus en plus, à l’horizon. De l’extérieur vers l’intérieur, mes pieds accélèrent le mouvement de ma balançoire, alors de ce fait, je vois aussi l’ensemble de la rue et le jardin de mes voisins les plus proches. Une petite fille joue devant chez elle, l’insouciance qui se lit sur son visage témoigne de son jeune âge ; elle se sent surtout en sécurité et invincible, car, c’est ce que nous ressentons tous, à notre domicile et à ses alentours. Elle s’amuse à faire comme les adultes, elle avance une poussette dans laquelle est assise sa poupée, et elle sera bientôt contrainte d’en devenir une, bien plus tôt que prévu, car, le destin n’est malheureusement pas toujours aussi rose que la robe qu’elle porte, mes yeux en seront témoins. Une ombre s’approche à grands pas, les traits de son visage deviennent rapidement plus visibles, et je pourrais vous décrire parfaitement cet homme. Je me souviens, tout autant de chacun des traits de son visage que des vêtements qui recouvrent encore, pour quelques minutes, son corps. De sa main, il enrobe la bouche de ma voisine, à peine plus âgée que moi, puis à la force de ses bras, il la soulève à hauteur de son épaule, il embrasse son front, lui murmure quelques mots à l’oreille, et l’éloigne de la rue principale ; il bouscule la poussette qui alors dévale le goudron jusqu’à ce qu’elle dévie et se heurte à un portail. Quelques containers de poubelles dissimulent les actes épouvantables et écœurants que l’homme s’activent à faire sur le corps de l’enfant, mais ce que je vois me suffit à paralyser le mien ; mes pieds sont d’ailleurs devenus immobiles et mes mains, sur les cordes de ma balançoire, sont extrêmement moites. D’un geste ferme et rapide, il soulève le bas de la robe et déchire le sous-vêtement de la fillette. Cette dernière essaie de se débattre, j’aperçois alors ces yeux, remplis d’incompréhension, de désespoir, de douleur et de tristesse, tandis que les miens se remplissent d’interrogations, d’horreur et d’impuissance ; elle n’a plus d’énergie et finit fatalement par céder à son agresseur. Elle repose sa tête, son regard disparait de mon champ de vision. Je décide, soudain, de me relever de mon siège et d’accourir, non à son secours, mais aux parcelles blanches du jardin familial. J’ignore laquelle de nous deux pleurent le plus, mes pleurs sont sourds, et les siens sont censurés par plusieurs morceaux de sparadrap qu’il a collé sur ses lèvres. Lorsqu’il s’est relevé, qu’il a saisi ses vêtements et qu’il a commencé à les enfiler à la hâte, j’ai pris peur, j’ai rebroussé rapidement chemin vers la porte d’entrée de ma résidence, puis dans un moment de lucidité, réflexe humain oblige, je me suis légèrement entaillé les genoux, pour justifier la rougeur de mes yeux, toujours humides. En rentrant, comme je l’avais prédit, Maman m’avait demandé si je pleurais et pourquoi, et j’avais prétexté que j’étais tombé de la balançoire, elle m’a désinfecté mon savant coup de bluff, autrement dit mes blessures, m’a fait prendre mon bain, et couché dans mon lit, après m’avoir lu une histoire, que je n’ai d’ailleurs pas écouté, mon cerveau ne se lassait pas de me repasser en boucle la scène morbide de la soirée, et ce toute la nuit. Au-delà de la souffrance et de la cruauté, ce moment-là fut aussi celui des premières fois, pour les deux petites filles que nous étions, c’est la première fois que nous avons découvert, évidemment à différentes échelles, à quoi ressemble un corps nu masculin, mais aussi, ce que deux corps peuvent faire ensemble. Ce jour-là, deux enfants ont perdu toute forme d’innocence, moi, en tout cas, j’ai immédiatement arrêté de croire que tous les gens sont gentils, et que tous ce qui m’entourent est beau. Depuis ce jour, je n’ai cessé d’apprendre que le monde souffrait, d’un nombre incalculable, de maux. Je voyais le visage de cet homme dans les yeux de mon père, et dans ceux de tous les autres hommes, et cela m’arrive, parfois, encore, de le voir. Ma méfiance envers autrui, et surtout ceux du sexe opposé est fidèle et loyale. »

Désormais, les mots ne me manquent plus, et ce sont exactement ceux-là que j’aurais dû prononcer devant le juge, en charge du dossier, à l’époque ; il aurait fallu néanmoins que quelqu’un sache que la victime bénéficiait d’un témoin, et que je ne manque pas autant de courage, celui que, contrairement à moi, la petite fille avait eu, pour raconter ce qui lui était arrivé, à ses parents. A quoi bon ? Son criminel n’avait pu être retrouvé, faute de piste et surtout de témoins. Apparemment, j’étais la seule. La seule à connaître le physique de ce monstre, donc la seule qui pouvait changer, même à moindre effet, quelque chose à ce drame. Cependant, je suis resté muré, sans faille, dans mon silence, comme si je continuais à me croire impuissante, comme pendant le moment du crime. J’aurai pu prévenir quelqu’un d’assez fort pour empêcher l’homme de commettre son œuvre effroyable, ou pour que ce quelqu’un appelle les forces de l’ordre, mais j’avais cru bêtement que rien ne pourrait empêcher cet homme d’aller au bout de son envie, tellement sa pulsion et sa motivation était immense. En grandissant, j’ai su que ce à quoi j’avais assisté, s’appelait un viol, et que le monstre, c’est ce que c’était dans mon esprit d’enfant et c’est encore comme cela que je le nomme, s’appelait, en fait, un pédophile. Il y a donc, surement depuis fort longtemps, des mots bien précis, pour définir ces crimes et leurs criminels ; et cela ne choque plus personne, ces qualificatifs sont quasiment rentrés dans le langage courant. Je crois, naturellement, que c’est aussi, pour lutter contre cette banalisation de la violence que j’ai choisi d’étudier le droit, mais également pour compenser le fait de n’avoir pu protéger cette personne innocente, car même si, aujourd’hui, je suis plus que prête à témoigner, mon témoignage serait vain, à cause de la prescription de la peine, le crime étant trop ancien. Mon cœur se serrait, à chaque fois que les médias ressassaient cette histoire, de la fois où je l’ai lu dans les faits divers du journal local, en passant par toutes les fois où les journalistes l’évoquaient à la télévision, jusqu’au jour où j’ai appris que le dossier allait être classé sans que le criminel soit condamné. Je n’ai jamais plus eu de nouvelles, ni de cette histoire, ni de ma voisine. J’ai obtenu mon master de droit, mais j’ai préféré m’orienter vers le notariat, je n’avais pas le cœur à être avocate, je sais que j’aurai eu suffisamment de hargne et de conviction, à défendre les gens, mais dans ce métier, on ne doit pas toujours défendre les bonnes personnes.