Louys and Lucas

Recette de l'amitié : un ballon, un panier et de la complicité.

Ce dernier mot fut plus que fort en émotion. En effet, entre mon stage insupportable, l'éloignement avec Mila, le rapprochement avec Azel, on peut dire que mon cerveau n'a pas été épargné. Je ne sais plus trop où donner de la tête. Je remets en jeu mon futur métier, ma pseudo vocation qui n'en est peut-être pas une. Je remets en cause ma relation avec Mila et cette attirance que j'avais jusqu'à présent pour elle. Je crée une nouvelle relation avec Azel, cette toute jeune maman célibataire de 21 ans. J'ai l'art de vivre des situations simples non ? Autant dire que j'ai plus que besoin de décompresser, de me sortir toutes ses idées de la tête, de penser à autre chose au moins le temps d'une après midi et pour moi il n'y a pas cinquante remède : le basket. Ce sport qui est plus qu'un sport pour moi, c'est une vraie passion, un défouloir, une partie de ma vie qui me rappelle mon père. C'est surement la chose qui me rappelle le plus mon père, qui me donne l'impression d'être avec lui, qu'il est encore là. Ce sport m'aide à me sentir mieux, comme si mon père m'aidait à mettre des idées au clair. Ca peut être bizarre dit comme ça mais c'est ainsi que je le ressens. Je chausse donc mes baskets et enfile mon short en ce samedi après midi, me dirigeant ensuite vers le terrain. Comme souvent Louys s'y trouve déjà. Louys c'est un garçon un peu plus jeune que moi, qui partage ma passion pour le basket, et avec qui j'ai sympathiser très vite. On se comprend, on ressent la même chose sur ce terrain. Lui aussi a perdu son père trop tôt, sur ça aussi on se comprend. Depuis notre rencontre, ce n'est pas rare qu'on passe des après midi sur le terrain, un coup à courir après la balle, un coup à se raconter nos problèmes du moment, l'un étant toujours là pour écouter et conseiller l'autre. " Hé Mini Jordan, tu t’entraînes encore à toucher le panier ? " Mon grand jeu : le taquiner. Il n'est pas très grand comparé à moi, ce qui ne l'empeche pas d'être très doué le ballon en main, mais ce qui ne m'empêche pas de le charier. Je m'approche de lui, lui serre la main et reprend " Comment tu vas ? En forme ? "  

Le basket c’est quelque chose qui me rend différent, je peux être quelqu’un d’autre quand je joue, je donne tout mon cœur dans le jeu et oublie tout le reste. Je ne sais même pas d’où me vient cette passion, mon père n’en avait jamais fait et ma sœur joue de temps en temps avec moi pour me faire plaisir. Tout ce que je me rappelle c’est que j’ai commencé à en faire très tôt, je voulais toucher le panier, alors je travaillais beaucoup pour sauter de plus en plus haut. Jusque-là rien d’étonnant pour un petit garçon. Ce sport a très rapidement pris beaucoup de place dans ma vie, dès que je rentrais de l’école j’allais au terrain du quartier pour me défouler, dès que j’avais l’occasion d’aller voir un match de professionnels j’y allais. Le basketball est une des choses qui m’a remonté le moral quand j’ai dû quitter l’Angleterre, je me suis dit que là-bas j’allais rencontrer des joueurs de NBA. Ces derniers temps je ne me couche pas trop tôt, je veille car j'envoie des messages à Charlie, alors le matin c'est plus dur de me lever. Mais ma nuit fut brutalement arrêtée par la sonnerie du téléphone, ma soeur. Mais le temps que j'ouvre les yeux et que j'attrape le téléphone, elle est déjà tombée sur la messagerie. « Ce midi on mange chez maman, ne l'oublie pas ou je te tue ! » Je pense que le gars qui a inventé le répondeur ne voulait pas qu’on laisse des messages aussi méchants à des garçons aussi gentils que moi. Bon d’accord, le dernier coup j’avais oublié quel jour on était, alors j’étais arrivé à la maison familiale le lendemain. Donc je pense que ce message c’est pour m’aider à ne plus me taper la honte de ma vie. Cette dure réflexion dès le matin m’avait réveillé et je pouvais maintenant me lever. [...] En allant au repas familial, j’ai pris mon ballon de basket, je savais très bien qu’au retour je passerais devant le terrain et que je serais forcément attiré pour aller jouer. C’est ce qui est arrivé. Je me suis arrêté pour faire quelques tirs. Très concentré dans mon jeu, c’est la voix de Lucas qui me stoppe, je rigole légèrement à sa remarque. C’est un ami que je me suis fait en ville, il joue aussi au basket, on se ressemble beaucoup tous les deux, c’est sûrement pour cela qu’on se retrouve souvent sur ce terrain. « Qu'est-ce qui me fait l'honneur de voir TP ? Il veut se prendre la misère ? Car là je suis très en forme. Et toi ça va bien ? » Je lâche sa main après qu'il me l'ai serré et je lui donne le ballon. « Échauffe toi un peu déjà ! »

Louys and Lucas

Recette de l'amitié : un ballon, un panier et de la complicité.

Dans tous les cas, une heure, voire deux ou même plus, de basket me font toujours du bien, me permettent de me défouler et d'extérioriser ce que je garde au fond de moi. Mais quand Louys est là c'est encore plus sympa, je sais qu'en plus de me défouler physiquement, je vais passer un bon moment avec un ami. C'est toujours plus agréable. Il a toujours la petite vanne qui va bien, la petite histoire de la semaine, qui vont meubler entre deux match. Et puis de mon coté je peux parler aussi, je peux lui raconter tout et n'importe quoi, que ça soit du sérieux ou des blagues plus idiotes les unes que les autres. Mini Jordan, TP, des surnoms de basketteurs quoi. Je ris à sa remarque, et prends ensuite un faux air choqué pour lui répondre " Moi, me prendre la misère ? Mais tu rêves garçon ! Moi aussi je suis en forme, alors prépares toi à en baver pour toucher la balle " Ces petites provocations entre nous sont plus des taquineries que de la vraie compétition. Bien sur quand on joue, il y a toujours cette fierté masculine qui nous fait pousser le jeu au maximum pour pouvoir se vanter d'avoir été le meilleur mais ça reste généralement bon enfant. J'attrape le ballon qu'il me lance, fais quelques rebonds sur place tout en lui parlant " Tu veux reprendre des forces avant de te lancer c'est ça ? Je comprends, souffles un peu ! " Et je m'éloigne ensuite en trottinant vers le panier, faisant quelques shoots, m'échauffant comme dirait Louys. Quelques tirs plus tard, je lui renvoie le ballon, lui lançant avec " Et Jordan, t'es bien silencieux aujourd'hui ! Besoin de parler ou t'es juste exténuer ? " C'est vrai qu'en temps normal il est plus hyperactif comme garçon, à voir si quelque chose le travaille ou pas, je m'en rendrai bien compte à sa façon d'être.

Avec un ballon rond, et la plupart du temps orange, je ne m'ennuie jamais. Souvent je m'évade et j'oublie tout, mais quand c'est trop dur et que je pense trop, j'appelle ma soeur et l'oblige à venir jouer. Elle ne déteste pas le basket, mais je l'embête trop sur sa façon de jouer, alors souvent elle repart très vite. Quand je lui ai dit que j'avais trouvé un ami qui aime lui aussi le ballon orange, elle a un peu sauté de joie. Avec Lucas c'est pareil, on se charrie beaucoup, rien de bien méchant, mais ça nous pousse à nous surpasser et parfois je fais des trucs que je ne me pensais pas capable. Vous savez, on ne dirait pas, mais le panier est haut, alors pouvoir le toucher ça t'apporte une autosatisfaction importante. Pas de quoi prendre la grosse tête, mais ça te fait plaisir et ça te rend ta journée plus belle. « Ne te tords pas une cheville quand même ! » Je rigole légèrement après avoir sorti cette phrase, je sais que ça n’arrivera pas, enfin normalement. On est prudent pour éviter les blessures, mais tout peut arriver. Je dis surtout ça pour l’embêter. « Je ferai bien de me reposer un peu, surtout si tu es en forme ! Ce n'est pas parce que tu commences à te faire vieux que je vais te laisser gagner aussi facilement ! » Je lui souris légèrement et le regarde faire. Je m'assois hors du terrain et bois un peu de l'eau que j'ai pensée à prendre. Il fait quelques actions souvent finie par un panier, mais quand ce n'est pas le cas je rigole un peu. À la fin de son petit échauffement, il me renvoie le ballon. Avec une main, je protège mon visage, on ne sait jamais il ne faudrait pas abîmer ce petit minois et de l'autre j'attrape le ballon qui rebondit jusqu'à moi. « J'enchaîne les journées au café pour compenser la perte de mon père, d'un côté financier, mais aussi psychologiquement. Et en plus de ça, je cache cette perte à mes amis. » Je sais très bien que ce n’est pas intelligent de faire ça, mais mes meilleurs amis ont tous leurs problèmes, alors je ne vais pas en plus leur rajouter les miens. Après lui avoir répondu, je me lève et dribble avec le ballon jusqu’à lui. « Mais, parlons de toi un peu. Tu m'as l'air radieux ! Raconte tout à tonton Louys ! »

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Quand je suis avec Louys, en plus de passer un bon moment à me défouler d'un point de vue physique, je peux généralement me défouler moralement, sortir un peu tout ce que j'ai à dire, ce que je ne peux pas toujours faire à la coloc. Je les adore, mais avec les filles j'ai une certaine retenue sur certains points et avec Francis, étant donné que c'est mon cousin, certains points concernant la famille ne peuvent pas vraiment être aborder. Alors qu'avec mon Loulou ( oui très viril je sais ) je peux tout dire, il me comprend, et vice versa. Il répond bien sur à ma petite taquinerie par une touche d'humour, me demandant de faire attention à ne pas me blesser. Dans mes souvenirs, il s'est blessé plus que fois que moi ce petit nerveux, bien que ça ne soit pas arriver très souvent. on est plutot prudent en temps normal. Il faut juste pas qu'on soit sur les nerfs, ou alors il faut que l'autre soit là pour nous calmer. " C'est pas de la vieillesse, c'est de l'expérience gamin ! " lançais je avec un petit clin d'oeil avant de retourner faire quelques tirs. J'ai besoin de lancer ce ballon, de me concentrer uniquement sur ce panier, de courir après la balle au rebond. C'est fou ce que le sport peut faire du bien. Des fois ça me manque, le fait de faire du sport en club. L'esprit d'équipe, l'ambiance entre les joueurs, le tout quoi. Et puis il faut dire que j'ai joué à Chicago, nous étions tous mené dans l'idée de venir aux Chicago Bulls alors forcément je n'en garde que des bons souvenirs. Enfin bon, fini la nostalgie. Après quelques tirs, le calme de Louys m'interpelle, ce qui me pousse à lui lancer la balle pour le faire parler. Oui on déconne, oui on se charrie, mais ça n'empêche pas qu'on peut aussi être sérieux et se confier un à l'autre. Je comprends ce qu'il ressent par rapport à son père, ce sentiment de solitude même si on est entouré par un bon nombre d'amis. Ce sentiment d'abandon et d'incompréhension. Je suis aussi passé par là. Je m'approche alors un peu de lui pendant qu'il me raconte ça, avant de répondre " J'ai pas de leçon à te donner mais tu devrais leur en parler. C'est pas évident je le sais mais ça te ferai du bien.. T'as pas besoin de te rajouter ce poids en plus sur les épaules " Ce poids, autrement dit le mensonge et le fait de devoir contenir ses émotions. Il faut que ça sorte dans ce genre de moment, il n'y a pas d'autres solutions pour avancer. Comme à son habitude, Louys pense aux autres avant de penser que lui a besoin d'aide et me demande ce qui me rend aussi radieux. Une jolie blonde surement. Je lui souris et rétorque " Le miracle de l'amour Tonton ! " en riant. Je reprends ensuite " J'ai rencontré une fille y a un petit moment à la fête de la ville, on s'est revu la semaine dernière au lac, et ça s'est trèèèèès bien passé " Un petit clin d'oeil joueur et malicieux s'échappe de son regard, laissant bien sous entendre le sens de ce " très " exagéré. " Bon faut juste oublier qu'elle vient d'accoucher d'une petite fille et qu'elle vit sous le même toit que le père, qui est en fait son meilleur ami.. Et si on oublie ça, tout est parfait ! " Oui je sais, j'ai le don de me mettre dans des situations pas possibles. Mais paradoxalement, cette fille, Azel, est tellement facile à vivre qu'on en oublie le reste.

Mon père est parti depuis quelques mois déjà, mais j'ai l'impression de l'avoir toujours auprès de moi, une présence qui me rassure de temps en temps, mais qui me fait aussi un peu peur. Avoir la sensation qu'il est avec moi repousse le moment où je comprendrais vraiment que je ne le reverrais plus. Depuis l'annonce de sa maladie, cela a été très dur pour ma soeur et moi, on ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi rapide, on aurait aimé lui dire au revoir d'une façon différente. Pour nous, deux semaines c'est trop court. On venait ici de temps en temps, il faisait exprès de me faire gagner, même s'il n'était pas très fort avec le ballon, il faisait ça pour me faire plaisir et pour que je me rappelle des rares journées passées avec lui. « Oui c'est vrai, je devrais leur dire. Je dois aussi l'accepter et ça c'est quelque chose de difficile. » Je laisse échapper un léger sourire, nous ne sommes pas là pour planter l'ambiance. Je sais très bien qu'il a raison, j'ai cette envie de leur dire. Mais d'un côté je suis rentré dans mon mensonge et maintenant j'ai peur de leur annoncer la vérité. Et puis dans notre groupe chacun à ses problèmes, alors ce n'est pas facile de demander un peu plus d'attention que les autres. Charlotte alias Charlie à des soucis avec le divorce de ses parents, Aaron est un peu en difficulté avec son homosexualité et Isis se remet tout juste de son accident. Pour moi ce n'est pas le bon moment, il faut juste que je le trouve. Je relève la tête et pose mon regard sur lui. J’arrête les dribbles et garde le ballon dans mes mains en entendant son annonce. « Non ! Tu déconnes ? Genre tu as trouvé l'amour ? Moi qui pensais que tu allais finir vieux garçon avec quarante mille chats. ». Bien sûr je rigole et ça me fait très plaisir pour lui. Après tout, même si nous ne sommes pas des mannequins ou des joueurs de NBA avec un mois de salaire qui est le double de ce que je gagne en une année, on a le droit au bonheur. Je ne l'ai jamais vu avec une fille, alors je ne sais pas ce que ça peut donner, mais bon maintenant je vais en avoir l'occasion. « Et elle est comment ? » Je rigole légèrement à sa remarque. « Genre très très bien ? Petit coquin va ! » Cela me fait plaisir de le voir comme ça, il sourit et ça se voit à trente kilomètres qu'il est heureux. J'aimerais pouvoir vivre ça, moi aussi, avoir quelqu'un. « Peu importe le fait qu'elle ait un enfant et que son ancien petit ami soit dans les parages, si ça marche entre vous, c'est le plus important. C'est bien que tu sois avec quelqu'un ! » Je lui donne une tape au niveau de l'épaule comme geste d'amitié et pour le féliciter de cette nouvelle.

Louys and Lucas

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Perdre un père je sais ce que c'est. Ressentir cet abandon, ce lacher-prise, cette perte de repère, je connais et Louys le sait parfaitement. Il sait du coup qu'il peut se confier à moi sans problème, et c'est d'ailleurs ce qu'il a fait plus d'une fois. Je ne surenchéris pas, ça ne sert à rien d'enfoncer le couteau et d'en reparler maintes et maintes fois. L'important dans ses moments là est de savoir qu'on est soutenu et compris, pas d'en parler indéfiniment.   La partie commence donc, quelques dribbles, quelques tirs, avant que Louys, alias Loulou, me demande ce qui me rend si heureux. Ah c'est donc si flagrant que ça ? Moi qui pensais pouvoir rester discret. J'oubliais juste que la discrétion n'est pas vraiment la qualité qu'on vante le plus chez moi. Je ris à sa remarque avant de lui répondre " Désolé de te décevoir alors ! Je te laisse ouvrir ton animalerie, moi je préfère les femmes " sur un ton taquin. Non mais vous me croyez avec quarante chats à trente ans dans mon appartement de jeune avocat ? N'importe quoi ! Ce n'est vraiment pas la vie dont je rêve. Je commence alors à lui raconter ma petite histoire, laissant planer le suspens sur ce qu'il s'est déjà passé avec Azel, bien que mon suspens ne soit pas très convaincant. La discrétion je vous disais... " Elle est super, y'a rien à changer je te jure ! Et oui, genre très très bien " Je finis ainsi ma phrase, accompagné d'un petit clin d'oeil masculin qui voulait tout dire. Ben quoi ? On s'amuse dans l'eau, non ? Louys continue alors son petit discours pour me dire que son enfant ou son ex ne sont pas un problème tant que je suis bien avec elle, bien avec quelqu'un. Et c'est vrai que je suis bien avec Azel, ça s'est fait naturellement, simplement, sans prise de tête. Pas comme avec Mila. Argh, pourquoi je pense encore à Mila ? Il faut vraiment que je me sorte ce bout de femme de la tête, ça en devient presque encombrant pour mon esprit de blond. " C'est ce que je me dis, on verra bien comment ça se passe... Je compte pas me prendre la tête, ça ira comme ça ira, et puis voilà ! " A moitié convaincant, à moitié sur de moi, c'est ce que ça donne quand mes neurones sont occupés entre deux belles créatures. " Et toi alors ? Des nouvelles ? Tu m'as pas reparlé de ta jolie brune ! Ca en est où ? " Oui je parle pas mal et j'ai un débit de question assez impressionnant. Très enthousiaste, comme un gamin devant le nouvel épisode de son dessin animé, j'attends la réponse de Louys.

Avec Lucas cela avait toujours été facile de me confier, il savait ce que je vivais et ça me permettait de me sentir un peu mieux. C'était l'une des seules personnes à qui je pouvais en parler. Je ne voulais rien rajouter sur les épaules de ma mère. Ma soeur et moi, on ne vit pas le deuil de la même façon, alors ça rend les choses étranges et comme je l'ai dit, avec mes amis je me complique beaucoup la vie. « Moi qui rêvai de venir t'acheter un chat, je suis déçu.. » Il m'avait répondu suite à ma suggestion et c'était la réponse qui m'était venu automatiquement. Je l'accompagnai d'une tête triste, mais celle-ci ne dura pas, car rapidement j'explosai de rire. En vérité, je ne l'imaginais pas avec autant de chats, mais l'image qui me venait en tête c'était plutôt lui en train de nettoyer la litière. Il était tout souriant et ça faisait plaisir, on aurait dit un enfant à Noël.  « Elle est super et tu es super, alors tout est bien qui finit bien, surtout si ça c’est très très bien passé !  ». Il parlait d'Azel et il était heureux, ce qui me fit sourire. Mais au moment où il parla de la jolie brune, je perdis quelques peu mon sourire. Je devais être quelqu'un qui aime les choses compliquées, en effet, cette jolie brune n'était autre que ma meilleure amie, Charlie. Plus les jours passent et plus je me rends compte qu'elle compte de plus en plus pour moi, mais comment lui dire sans que cela ne gâche tout. Dans le meilleur des cas, nous vivrons une histoire, mais après il se passera quoi ? C'était la question que je me posais beaucoup en ce moment, si je lui avoue tout, qu'est-ce qu'il va se passer après ? « C'est plutôt compliqué.. mais tu sais que j'aime me retrouver dans des situations compliquées. » Il y a un peu d’ironie dans ma voix, les choses compliquées ne sont pas celles que je recherche le plus, mais elles arrivent beaucoup plus facilement que ce que l’on veut. « Elle plait, beaucoup même, mais j'ai peur de sa réaction » Si jamais il se passait quelques choses de mauvais, je suis sûr qu'Isis m'en voudrait, alors perdre Charlie et Isis ça fait beaucoup.

Louys and Lucas

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" Ouais, je suis plutot content ! " répondis je en parlant d'Azel. C'est vrai, tout se passe simplement, bien, dans une bonne ambiance et dans le même état d'esprit. Je ne peux pas rêver mieux. Et puis assez parlé de moi, il faut parler de lui un peu, de lui et ses histoires d'amour tout autant tordues que les miennes. Ah la vie des jeunes de nos jours n'est pas simple je vous jure ! Certes j'exagère un peu et il y a bien pire que nous, mais on arrive quand même à se créer pas mal de problèmes, que ça soit avec une colocataire amoureuse ou une amie bien trop timide pour avouer ses sentiments.. Enfin vous voyez. J'écoute donc mon Loulou parler de son histoire, de Charlie, Charlie que je connais d'ailleurs, ce dont Louys n'est pas vraiment au courant. Je devrais peut-être lui dire d'ailleurs, ça le forcerait peut-être à m'écouter cette tête de mule. " Y'a compliqué et compliqué Loulou.. Là vous vous pourrissez la vie tous les deux. Faut que tu prennes les devants, tentes quelque chose et tu verras bien ! Et puis.. comment elle pourrait résister à ta gueule d'ange sincérement ? " Mais il a toujours son air un peu dubitatif, pas sur de lui, ce que je comprends totalement, pour l'avoir vécu avec Mila. Ce n'est jamais facile d'avouer ses sentiments à quelqu'un quand on n'est pas sur que ça soit réciproque et ça l'est encore moins quand cette personne est une amie. Bon je me lance " Et.. Si par hasard, tu connaissais quelqu'un qui la connait et qui peut te dire qu'elle pense comme toi ? " C'est à demi mot dit non ? Et puis la moue que je tire doit en dire long sur ce que je pense. Je ne lui ai pas vraiment caché la vérité, j'ai juste oublié de la lui dire à un moment précis et après je n'ai plus eu l'occasion de le dire; mais là ça tire en longueur et je ne peux pas leur mentir, je ne suis pas comme ça.

J'aimerais bien avoir quelqu'un. De pouvoir parler d'elle comme Lucas est en train de le faire, mais je me complique la vie et je le sais très bien ça. Je mens à mes amis à propos de mon père et je sais que c'est une erreur, alors si je parle à Charlie de mes sentiments, j'aurais l'impression d'en rajouter une couche. Ce sont sûrement des films que je me fais, elle ne réagira peut-être pas mal, mais si je repousse ce moment, est-ce que cela veut dire que j'ai vraiment envie de faire le premier pas vers elle ? Non. Ce n'est pas ce que je ressens, j'ai vraiment envie d'aller vers elle, je pense de plus en plus à elle et je voudrais bien dire d'elle qu'elle est ma petite amie. « Oui je le sais, je me complique un peu la vie. Peut-être parce que ça rend les choses plus faciles de ne rien faire, pas de sentiments, pas de disputes, pas de tout ça. Quand tu es en couple, il y a les bons côtés et il y a les mauvais côtés. Avec Charlie, j'ai peur que les mauvais côtés prennent le dessus et que ça change tout ». Je n'avais encore jamais dit ça à personne, ni même à ma soeur qui est la personne avec qui je suis le plus proche, elle n'était pas bien en ce moment, alors lui parler de mes problèmes de coeur n'arrangerait pas son cas. « C'est ma meilleure amie avant tout et je ne veux pas perdre ça... ». Un jour je devrais bien mélanger mes sentiments, car j'en souffrirais. Je ne veux pas me l'avouer, mais petit à petit je tombe amoureuse d'elle, alors oui un jour je voudrais être avec elle. « Alors, en vérité je n'ai pas vraiment compris ta phrase, je me suis perdu en route, mais je suis conscient que je ne sais pas ce qu'elle ressent. Tu n'aurais pas une idée de ce que je pourrais faire ? »

Louys and Lucas

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Et il n'a pas tord. L'amour complique tout. L'amour complique les relations, complique la confiance, complique la jalousie. Tout est beaucoup plus simple avec l'amitié, mais connait on vraiment le bonheur avec l'amitié ? Oui je sais, ça fait presque thématique de philosophie, mais c'est la vérité. Et c'est ce que Louys vit en ce moment. Il se complait dans ce qu'il vit, par peur de souffrir si ça change, sans penser que ça pourrait être encore mieux. C'est surement pour ça aussi que je n'ai jamais osé sauter le pas avec Mila. Par peur. Enfin bon, j'ai Azel maintenant et je ne pense plus à Mila. Plus du tout. Oui voilà, je ne dois plus penser du tout à Mila. " Oses me dire que t'es heureux que ça soit ta meilleure amie ? Genre le vrai " heureux " tu vois. C'est sur que tu prends un risque, mais tu peux gagner tellement plus si t'essayes. Vous vous entendez à merveilles, pourquoi tu veux qu'il n'y ait que des mauvais cotés ? " Hm, est-ce que par hasard je ne serai pas en train de me parler à moi même à voix haute là ? Je sais ce qu'il faut faire, je sais quelle est la bonne décision, bonne décision que je n'ai pas prise et que je veux que Louys prenne. Autant que mes erreurs servent à quelqu'un. Et puis ma phrase totalement bizarre et incompréhensible, n'a bien sur pas été comprise, mais il me demande quand même ce qu'il devrait faire. " Déjà n'essayes pas de la rendre jalouse, c'est la pire qu'on puisse avoir ! " Genre l'idée que tu as eu toi en te mettant en couple. Bref, on parle de Louys là, maintenant " Mais tu sais, elles sont pas si compliquées qu'elles en ont l'air. Essayes de te rapprocher d'elle, genre vraiment rapprocher, et tu vas bien voir comment elle réagit. Ca se sent ces choses là.. " Surtout que je sais pertinemment que la petite Charlie en rêve et qu'elle ne le repoussera pas, donc je n'envoie pas mon ami à l'abattoir " Essayes Loulou, t'as plus à gagner qu'à perdre "

J'écoute attentivement mon ami, il ne peut que me dire des choses qui me seront utiles. Mon point de vue rend les choses encore plus compliquées, car je cherche à me cacher la vérité. Le fait qu'il soit là me permet d'ouvrir un peu plus les yeux. « Tu vois j'ai vraiment envie d'être avec quelqu'un, avec elle ». Mes pensées se perdent à la fin de cette phrase, je l'imagine devant moi avec ses longs cheveux bruns, ses yeux noisette et son splendide sourire. Je cligne des yeux et reviens sur terre. « C'est vrai, je pense qu'avec elle je serais plus heureux, je me sentirais mieux que maintenant ». Je n'ai jamais vraiment couru après les filles, enfin j'entends par là que je n'ai jamais été un coureur de jupons. Alors, je ne la ferais sûrement pas souffrir et tout se passera bien. « Je ne sais pas. Voir les mauvais côtés rend les bons encore meilleurs ». Qu'est-ce qu'on est philosophe, notre après-midi ressemble plus à un rendez-vous chez le psychologue qu'à un moment basket. À vingt ans et des bananes la vie est très compliquée ! On se croirait presque dans une cour de récréation, je suis le petit garçon qui a peur que la fille qu'il aime ne souhaite pas être son amoureuse et Lucas est celui qui connait bien des choses et qui apporte son aide du mieux qu'il peut. « Je ne peux pas la rendre jalouse, je passe mon temps avec elle, je vois très peu d'autres filles. Et de toute façon, tout revient toujours sur elle ». Doucement, le frisé me fait comprendre ce que je ressens vraiment pour elle et que je ne pourrais pas repousser le moment de la vérité indéfiniment. Quitte à me prendre un râteau je serais fixé et je n'aurais plus à me poser des questions à longueur de journée. « Oui, tu as sûrement raison. Je devrais écouter le grand sage Lucas ». Je rigole légèrement à ma remarque, mais bon il a vécu quatre ans de plus que moi déjà et il doit connaître plus de choses.

Louys and Lucas

Recette de l'amitié : un ballon, un panier et de la complicité.

Au fur et à mesure que la discussion avance, Louys se livre de plus en plus, réalisant peut-être les paroles qu'il dit. Tant qu'on réfléchit tout seul on ne croit pas vraiment que tout ça est sincère, mais le fait s'en parler à quelqu'un, d'entendre un avis extérieur, ça ne peut avoir qu'un effet positif. Ils sont faits pour être ensemble, j'en suis persuadé. C'est plus facile de gérer les histoires d'amour des autres que les siennes je sais. Fais ce que je dis et pas ce que je fais, ça devrait être mon slogan officiel. " Tu vois, tu le dis toi même, elle te rendrait heureux cette fille.. A partir de là, il n'y a pas à réfléchir plus longtemps, c'est juste elle qu'il te faut " Perspicace le Lulu dit donc. Mais encore une foid, le fait de l'entendre ne peut lui faire que du bien. Et puis il continue en me disant qu'il ne peut pas la rendre jalouse parce qu'il n'y a qu'elle, et il passe tout son temps avec elle. Je souris à cette phrase, digne d'un homme éperduemment amoureux, mais qui ne s'en rend visiblement pas compte. Aussi loin que je m'en souvienne, je ne crois pas l'avoir déjà vu comme ça, et avec tout ce qui lui ai tombé sur le coin de la tête, ça ne peut me faire queplaisir de voir que le bonheur lui tend enfin la main. " Tu t'entends ? Il n'y a qu'elle qui compte à tes yeux. T'as jamais été comme ça avant, ce n'est pas pour rien " Et puis il conclut en me disant qu'il devrait écouter le sage Lucas. Tu parles. Sage en carton oui. Je ris en même temps que lui avant de lui récupérer le ballon et recommence quelques dribbles " Et le sage Lucas a dit, on se remet au basket bonhomme ! " En faisant un petit remix de Jacques a dit, et ça passe bien. Je repars donc vers le terrain, enchaine quelques tirs, quelques dribbles et passes à Louys, qui loupe chacun de ses paniers, ce qui a le don de me faire rire évidemment. Ah cette concurrence entre male dominant, c'est universel ça. Je le taquine alors, enfonçant un peu le couteau dans la plaie " Et ça y est, Michael Jordan est amoureux, il n'en met plus un seul ! "  

Lucas est rapidement devenu un bon ami, certaines choses nous ont vite rapprochées, nos pères, le basket, mais également nos histoires de coeur. Mon rapprochement avec ma meilleure amie m'avait un peu embrouillé la tête, mais mon ami était là pour me remettre en place. Histoire vécue ou pas, maintenant il était avec Azel et semblait heureux, je veux être comme ça moi aussi, me sentir bien. Lucas me fait rire, grâce à lui je retrouve rapidement le sourire. « Le sage ? Je n'aurais peut-être pas du dire ça si vite ». Je rigole légèrement. Il prend le ballon et recommence ses dribbles. Je ne tarde pas à le suivre, malgré mes nombreuses tentatives, aucun panier ne rentre. J'ai vraiment la tête ailleurs ces derniers jours et il est dur pour moi de me concentrer, mon père, Malika, je devrais prendre des vacances. « Mais non, c'est fait exprès. Tu vois, tu vas prendre de la confiance, tu vas baisser ta garde et moi, bim, je vais attaquer à ce moment-là ! » Je lui lance un léger sourire sadique pour lui faire passer le message que je vais le battre. Lucas tenait le ballon entre ses mains, je ne quitte pas son regard pour pouvoir le piéger plus facilement. D'un coup, je me lance vers lui et lui prend le ballon des bras. Je fais quelques dribbles et réalise presque un dunk, il faut avouer que je n'ai pas la taille de Michael Jordan, alors je ne frôle que l'anneau, mais le ballon rentre. « Tu vois, ça rentre de temps en temps, il faut y mettre tout son coeur ! » Je lui fais un léger clin d'oeil, mon coeur n'est pas vraiment tourné vers le basket, mais je viens de comprendre qu'il faut que je tente ma chance avec Malika. Qu'il faut que j'y mette tout mon coeur. « Alors papy, il n'est pas trop tard pour jouer, enfin je dis ça pour ton arthrite ! » Je rigole et lui lance le ballon. « Aller champion, montre nous de quoi tu es capable ! »