~ À QUOI RESSEMBLAIT TA VIE AU LYCÉE?
   ma vie au lycée a été l'équivalent d'une vie de monarque dans son royaume. que ça ait été en angleterre ou ensuite aux états-unis, j'ai toujours été le roi de lycée. traité comme un prince, choyé, prisé par toutes les filles, ami de tout le monde. le type populaire par excellence. le riche, sportif, beau, drôle. papa et maman ont toujours été là pour moi, et, fils unique, j'étais aussi leur petit roi. je le suis toujours, d'ailleurs. les années lycée ont été les plus belles de ma vie, j'y ai rencontré un grand nombre de personnes plus magnifiques les unes que les autres qui m'ont toutes aidé à avance et à devenir celui que je suis maintenant, que ça ait été voulu ou non. et même si nos chemins se sont séparés, ils n'en resteront pas moins des frères et des sœurs à mes yeux, on était une grande fratrie de monarques, on régnait avec classe sur le lycée.

      ~ ES-TU HEUREUX PRÉSENTEMENT?
   non. qu'est-ce que tu veux que je te dise? ce n'est que la vérité, de toute façon. j'aimerais vraiment beaucoup pouvoir remonter le temps et retourner à l'époque où tout se passait bien dans le meilleur des mondes, où j'étais encore heureux, que mon cœur n'avait pas été brisé, moi, au garçon sans cœur et impitoyable d'avant. ouais, moi, une fille m'a piétiné finalement, qui l'eut cru? ça a beau faire longtemps, bien trop longtemps maintenant, ça n'en reste pas moins aussi douloureux. pourtant, tout se passe bien à l'université, je fais partie des meilleurs de l'équipe, je m'en sors plutôt bien en cours sans avoir à travailler, ça se passe toujours très bien avec papa et maman, mon chien se porte comme un charme et je suis loin d'avoir des problèmes d'argent. pourtant, ça n'suffit pas. il me manque quelque chose, et je sais très exactement quoi.

      ~ OÙ TE VOIS-TU DANS DIX ANS?
   j'en sais rien. je n'me vois nulle part. j'imagine que je finirais par être un grand basketteur de la nba, sans doute que je vivrais dans une villa immense avec une piscine quasiment olympique, peut-être que je serais marié, que j'aurais des enfants. j'en sais rien, ça me semble être le parcours normal à suivre, le chemin tout tracé, même si papa aurait voulu que je devienne avocat comme lui. à vrai dire, je n'en ai aucune idée, je n'ai même pas envie de me projeter dans l'avenir. tant qu'il me manquera cette partie importante de ma vie, je n'arriverais à rien, je sais que j'en ai besoin pour avancer.

PRÉNOM ET/OU PSEUDO: freaky girl. mais tu peux m'appeler amélie, j'suis gentille et je n'mords pas.    ÂGE: dix-huit ans mon lapin. PAYS: la frannnnnnce. PRÉSENCE: vu que j'ai fini les cours et les exams et tout ça.. très régulière   COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? j'me souviens plus, ça faisait un moment.  PERSONNAGE INVENTÉ OU SCÉNARIO? inventé mon capitaine! AUTRE CHOSE À AJOUTER? ehm, non?

difficile d'appeler au secours,
quand tant de drames nous oppressent,
et les larmes nouées de stress,
étouffent un peu plus les cris d'amour,
de ceux qui sont dans la faiblesse,
et dans un dernier espoir disparaissent.

et je cours, je me raccroche à la vie,
je me saoule avec le bruit des corps qui m'entourent,
comme des lianes nouées de tresses,
dans comprendre la détresse des mots que j'envoie.

tous les cris les s.o.s. partent dans les airs,
dans l'eau laissent une trace,
dont les écumes font la beauté.
pris dans leur vaisseau de verre,
les messages luttent,
mais les vagues les ramènent
en pierres d'étoiles sur les rochers.

vous êtes bien sur le répondeur de madge hodgson, laissez un message après le bip sonore. bip.
- madge? madge c'est jordan, t'es où? écoute ça fait des semaines que tu viens plus en cours, on commence à s'inquiéter tous, t'es jamais chez toi, enfin en tout cas c'est ce que ta servante me dit quand j'y vais, donne-nous des nouvelles.
- madge, je m'inquiète sérieusement. tu pourrais au moins me donner un signe de vie, que je sache que t'es en bonne santé!
- allô, madge? jordan, raccroches ce téléphone. ta gueule, c'est un appel important. non, t'es bourré, arrêtes d'appeler madge, elle s'est barrée, c'est tout. putain mais fermes-la!
- madge.. tu me manques, putain, ça fait des mois maintenant, t'es où? sans déconner, rappelles-moi, j't'en prie.
- j'ai fait quelque chose de mal, madge? tu sais que tu peux tout m'dire, j'suis un con souvent, j'en ai fait des conneries mais on a l'habitude hein? tu me gifles un bon coup et ça va mieux après, mais arrêtes d'éviter mes appels, s'il te plaît.
- j'en ai marre madge, j'en ai marre! t'as pas le droit de te casser comme ça sans prévenir! c'est bon, j'suis pas con, je sais que t'es partie et que j'aurais plus de tes nouvelles, mais tu crois que c'est drôle pour moi? tu crois que c'est drôle quand sa meilleure amie s'casse d'un coup? tu m'fais chier putain, si j'ai compté rien qu'un peu pour toi un jour, tu me répondras peut-être la prochaine fois!

et la fois suivante, elle a finalement accepté de prendre le téléphone, sa bonne a répondu, et elle l'a enfin pris. ça faisait des mois que je n'avais plus entendu sa voix, des longs mois insoutenables. j'ai eu des frissons en l'entendant. je me suis vite mis à pleurer, aussi, quand elle m'a dit que je devais arrêter de l'appeler, que c'était fini, que je devais passer au-dessus. ce jour-là, une énorme partie de moi s'est détruite, ça s'est brisé, je l'ai senti. maintenant, chaque fois que je bouge, mon cœur sonne, un « cling cling » un peu bâtard, un peu inquiétant, comme un jouet cassé dans une boîte. j'ai pleuré pendant des jours, j'ai tout cassé autour de moi, aussi. j'ai cassé une grande partie des affaires de ma chambre, de la maison ; les vases extrêmement chers de maman, le service en porcelaine de la famille, la table en verre, les miroirs, beaucoup trop de choses. j'ai hurlé dans les bras de mes potes, de mes frères, j'ai pleuré comme un gamin contre eux. j'avais aucune honte, aucune gêne, j'ai brisé ma carapace sous leurs yeux ; ils ne m'ont jamais jugé, parce qu'ils sont comme moi au fond, fragiles, facilement brisables, sous une carapace dure comme de l'acier, cette carapace qu'on s'autorise à n'enlever qu'en présence de semblables. et après ça, j'ai trainé des pieds. pendant près d'un an j'ai trainé des pieds dans la maison, dans les soirées. partout sauf en cours. je me suis engueulé de nombreuses fois avec papa, il me hurlait sans arrêt que j'allais finir par rater ma vie à ne rien faire, que je devais me bouger, et moi j'ai fini par m'en convaincre, mais que je n'voulais pas bouger, alors ma vie était déjà ratée. sans elle, tout est raté. quelques temps après, je me suis pris une autre grosse claque en pleine figure en soirée, une révélation, un choc ;
- la dernière fois que j'ai vu madge, moi, elle était comme un ballon de baudruche!
- ouuui, je sais, enceinte jusqu'au cou, énorme!
- p..pardon?
- quoi, tu n'savais pas jordan? madge hodgson enceinte.
- non j'savais pas.. je reviens..

vous êtes bien sur le répondeur de madge hodgson, laissez un message après le bip sonore. bip.
- enceinte, madge? sérieusement? ENCEINTE? et tu comptais ne jamais me le dire, c'est ça? t'as si peu confiance en moi que tu me l'as caché? pourquoi tu m'as caché ça? putain, tu sais bien que j'te jugerais jamais, tu sais bien que j'pourrais toujours être là pour toi, j'comprends pas.. j'comprends pas madge, j'comprends pas..

j'ai à nouveau éclaté en sanglots, on m'a serré fort dans des bras, je n'me souviens même plus de qui il s'agissait, on voulait juste me réconforter, et faire stopper mes sanglots. j'ai finalement fait mes affaires, un nombre incalculables de valises, papa m'a acheté un appartement, je me suis inscrit à l'université, et on est partis, avec mon chien. on est partis loin, très loin. j'ai dit au revoir à tout le monde, et je suis parti.

je sais que tu ne me répondras pas au téléphone, alors je me dis qu'un sms, au moins, tu le liras. en tout cas, j'espère. je pars d'oceanside. je sais bien que tu n'y es plus toi non plus, mais j'te dis ça parce que, comme ça, si un jour tu veux me retrouver, tu pourras. je vais à white oak station, dans l'alberta, au canada. c'est loin, je sais, mais bon. j'suis peut-être naïf, mais j'espère que tu viendras, mes bras seront toujours ouverts pour toi, madge. tu me manques. jordan.