Ton coéquipier et toi étiez dans l'ambulance, circulant paisiblement sur les routes désertes de White Oak Station, attendant patiemment qu'un appel du centre de contrôle survienne. Soudainement, le moniteur dans l'habitacle sonna et une voix se mit à parler, indiquant une adresse et une jeune adolescente enceinte qui avait de graves contractions. Ton collègue et toi vous êtes regardés et avez mis en marche les gyrophares. À peine un quart d'heure plus tard, la jeune femme fut amener aux urgences de l'hôpital de la ville et tu pus enfin te détendre un peu dans la salle de repos du personnel. Depuis que tu travaillais comme ambulancier, tu en avais vu de toutes sortes, mais les choses qui te touchent le plus, ce sont ce genre d'incidents. Ceux impliquant des adolescents, des enfants et des bébés. Tu trouves ça injuste que de tels drames puissent se produire pour de jeunes êtres comme eux. Ils sont si vulnérables, si... Tu pris une grande inspiration et te fis couler un café dans la machine de la salle de détente. Après en avoir bu une très grande gorgée, tu décidas de sortir de la pièce pour te dégourdir les jambes. Dans le couloir, les gens se faisaient aller. Ils marchaient à un rythme accéléré, comme des fourmis dans une fourmilière. Ça te faisait presque rire. Ils étaient tous là à sauver des vies... Et d'une part tu étais fier de pouvoir le faire toi aussi, d'une certaine manière. Tu passas une main nerveuse dans tes cheveux et termina par te frotter le menton mal rasé. Du regard tu cherchais l'impossible et... Tu le trouvas finalement. Là, vêtue d'une tenue de docteur, avec son grand saro. C'était elle. Sienna. Et tu restas là, planté dans le couloir... Qu'allais-tu pouvoir lui dire ? Après toutes ces années...

«  Sienna j’aurai un service à te demander. »

La belle blonde releva la tête du bébé qu’elle berçait depuis bientôt une heure. Voilà deux semaines qu’il était sous sa garde et elle s’était attacher à ce petit être dont la vie avait déjà mal commencer. Ça lui brisait le cœur d’imaginer le nombre d’opération que cette petite puce allait devoir endurer dans le futur, mais elle essaya de s’encourager se disant qu’il y avait pire. Elle posa le bébé dans son lit et demanda à une collègue de jeter un œil. Elle se dirigea vers le bureau chef en espérant que sa patronne ne voulait pas qu’elle remplace une autre infirmière. Elle était épuiser, elle avait déjà accepté de combler l’absence d’une collègue cette semaine et elle avait passé la nuit à se faire vomir dessus. Elle avait beau adorer son travail, mais ça c’était un peu trop.

«  C’est contraire à nos habitudes…. Mais il y a une jeune mère qui est arrivé en ambulance plus tôt pour accoucher…. Et ça plutôt mal été…. Elle n’a toujours pas vu son bébé et elle n’est pas en état de venir ici donc je me disais que tu pourrais l’emmener. »

Sienna accepta aussitôt sans même y penser une seule seconde. Si elle serait à la place de la mère, elle voudrait qu’on fasse ce petit effort pour elle. Vous imaginez accoucher, être morte de peur et ne même pas tenir le bébé qu’on a porté neuf mois dans son ventre dans ses bras ? C’était juste horrible comme situation. Elle se dépêcha d’aller chercher une chaise roulante là où sa patronne lui avait indiqué et se dirigea vers l’étage où l’attendait sa patiente. Elle avait eu le temps de consulter le dossier dans l’ascenseur et avait sursauté quand elle avait vu que la jeune maman n’avait que dix-sept ans. Pauvre enfant ! Personne ne semblait être présent pour elle pour le moment, ce qui avait alarmé son infirmière, qui ne pouvait malheureusement pour l’emmener elle-même en néonatalogie par manque de temps. Sienna était heureuse de faire ça pour l’adolescente. Déjà qu’avoir un bébé c’était tout un changement, mais en plus à cet âge-là et un prématuré, c’était une situation plus que délicate. La blonde quitta l’ascenseur et releva les yeux de son dossier pour tomber sur un visage familier. Drew. Elle remarqua qu’il semblait l’avoir vu en premier.

« Tiens tiens si ce n’est pas le héros du jour ! »

Elle eut un rire nerveux, elle ne savait pas trop quoi dire de plus.

« Tiens tiens si ce n’est pas le héros du jour ! » dit-elle en venant de son plein gré vers toi. Avait-elle oublié à quel point tu l'avais fait souffrir lorsque vous étiez au lycée ? Tu souris timidement. Vraisemblablement, cette situation te mettait quelque peu mal à l'aise. Mais comme tu n'étais plus un fuyard, tu préféras de loin affronter. Après tout, tu es certain que la jeune femme avait fait comme toi : gagner de la maturité. Il est vrai que tu n'étais plus du tout comparable à celui que tu avais été lorsque tu avais dix-sept ou dix-huit ans. Tu étais maintenant archi responsable, très déterminée et tu avais de réel objectif. Parallèlement, tu avais trouvé « l'amour de ta vie » et l'avait marié. - Juste avant de te rendre compte que c'était une cinglée... - Bref, tu espérais que Sienna n'ait plus sur le coeur la façon dont votre relation de couple s'est terminée. Tu approchas à ton tour et ton sourire devint plus assurer. « Et si ce n'est pas Sienne Cartwright ! Tu fais quoi ici ? » demandas-tu, le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Évidemment, tu soupçonnais qu'elle travaillait maintenant ici, mais dans quel coin ? Tu ne l'avais jamais vu aux urgences...

Il semblait si surpris qu'elle lui adresse la parole. Peut-être s'était-il imaginer qu'elle l'ignorait royalement comme elle l'avait déjà fait autrefois. Ça remontait à si longtemps ! Ça n'avait pas été un comportement des plus matures, mais la fuite ça avait toujours été son moyen de fonctionner. Ignorer ses problèmes et jouer à l'adolescence populaire avait été un jeu délicieusement facile. Parfois elle s'ennuyait de ce temps là et d'autre fois elle avait honte d'avoir agit ainsi. Surtout qu'elle n’avait même pas été si blessé que ça, bien-sûr le comportement de Drew ne lui avait pas fait plaisir, mis elle s'était accorder elle-aussi d'aller voir ailleurs. C'était ça être jeune et ne pas réellement réfléchir aux répercussions de ses actes. Elle chassa son passé en un battement de cils pour oublier à quel point  à cette époque elle avait été stupide et influençable puis elle remplaça sa nostalgie temporaire par un sourire. Il la questionna sur sa présence ici et cela la fit rire.

« Je viens chercher une patiente pour l'emmener dans mon département. Je suis infirmière en néonatalogie.»

Elle lissa un pli qui s'était former sur son uniforme et pointa du menton le dossier qu'elle avait laisser sur la chaise roulante.

« C'est celle que tu as secourus plus tôt aujourd'hui... Quel drame d'être maman à un si jeune âge d'un enfant prématuré.»

Ne put-elle s'empêcher de rajouter. Ça lui serrait le cœur pour la pauvre adolescente. Surtout que le personnel n'avait toujours pas eu le moindre contact avec la famille ou un proche. Était-elle vraiment seule ? Sienna tâcha de ne pas laisser son côté maternel et trop émotive prendre le dessus parce que ça ne serait pas professionnelle. Surtout que se connaissant, elle serait capable d'offrir la jeune maman de l’héberger chez elle, le temps qu'elle retombe mieux sur ses pattes. Comme si elle essayait de se racheter pour ses erreurs du passé.

Ça te faisait tellement étrange de revoir Sienna ici, à l'hôpital. Tu y travaillais depuis un bon moment déjà et pourtant, tu ne l'avais jamais croisé avant. Était-ce un signe du destin, une chance de t'excuser proprement pour les erreurs du passé ? Qui plus est, tu trouvais cela assez cocasse de retrouver Sienna et Ellie à peu près au même moment. À croire que tu n'avais pas fini avec la famille Cartwright. Et pour autant, ça te faisait très plaisir. Si à l'époque tu avais eu une belle relation en général avec l'ainé, aujourd'hui c'était la plus jeune qui occupait désormais toutes tes pensées. Très, très étrange. Tu questionnas alors la jeune femme sur ce qu'elle faisait ici. Évidemment, elle y travaillait, mais après tu ne savais pas vraiment dans quel département elle se trouvait et ça, ça t'intéressait. « Je viens chercher une patiente pour l'emmener dans mon département. Je suis infirmière en néonatalogie. » Tu souris. Après tout, ça ne t'étonnait pas d'elle, d'un sens. Tu l'imaginais un peu comme ça, bien que vous vous étiez perdu de vue pendant si longtemps. Tu aimais croire, plus jeune, que de vous deux, elle serait celle qui réussirait le mieux. Finalement, vous aviez tous les deux très bien réussi et tu étais très heureux autant pour elle que pour toi-même. « C'est celle que tu as secourus plus tôt aujourd'hui... Quel drame d'être maman à un si jeune âge d'un enfant prématuré. » Tu souris légèrement flatté par ce compliment. Tu ne l'avais pas secouru, mais... Enfin, peut-être un peu. « Je trouve ça très horrible, en effet. La pauvre n'y comprenait rien, elle était en panique... Qui plus est, je ne pense pas que le bébé était voulu, du coup c'était... La folie, quoi. Elle n'était pas prête, sa famille ne l'est pas plus. C'est déchirant. » commenças-tu en t'accotant sur la machine à café, croisant tes bras sur ton torse. « Mais je suis un peu plus rassuré si c'est toi qui se chargera du nouveau-né. » dis-tu avec un sourire sympathique. Tu n'osais pas encore demander à la jeune femme si elle allait bien, si sa vie actuelle lui plaisait... Tu ne savais pas encore à quel point tu avais droit d'être « intime » dans vos discussions. S'il est vrai que vous aviez partagé une partie de votre adolescence, il reste qu'aujourd'hui, ce sont un peu comme des retrouvailles et que tu ne sais pas vraiment comment interpréter la chose.

Dix ans. Voilà déjà une décennie que Drew avait quitté sa vie pour ne jamais y revenir avant aujourd’hui. Elle l’avait chassé sans cérémonie comme l’adolescente égoïste qu’elle était. Ils auraient facilement put rester amis puisqu’au fond Sienna n’avait jamais éprouvé de rancœur envers le jeune homme, mais bon le passé c’était le passé. Elle était heureuse de le retrouver et qu’ils discutent comme si ses dix années ne les avaient jamais séparés. Elle trouvait que son métier d’ambulancier lui allait comme un gant, il avait toujours été porté à vouloir secourir les gens, les aider. Et il avait longtemps été sa bouée de secours à elle.« Je trouve ça très horrible, en effet. La pauvre n'y comprenait rien, elle était en panique... Qui plus est, je ne pense pas que le bébé était voulu, du coup c'était... La folie, quoi. Elle n'était pas prête, sa famille ne l'est pas plus. C'est déchirant. » Sienna ferma les paupières pour se faire violence, pour ne pas imaginer la terreur qui avait dû secouer l’enfant. Vivre une telle épreuve toute seule sans soutien devait être horrible. L’adolescente avait eu bien du courage d’affronter ainsi l’inconnu puisqu’elle ne se serait jamais imaginer faire pareil à son âge. « Mais je suis un peu plus rassuré si c'est toi qui se chargera du nouveau-né. » Les paroles de Drew la firent sourire et elle apprécia grandement le compliment. Elle adorait son travail et elle espérait que la passion qu’elle avait pour son métier se ressentait parce que ça la rendait si heureuse. Elle n’arrivait toujours pas à croire qu’elle était payée pour s’occuper de poupons. « Merci c’est gentil. C’est une véritable vocation, je ne m’imaginerais pas faire autre chose… Ce sont mes petits trésors. » Elle n’avait pas encore eu à affronter la perte d’un seul bébé pour le moment et elle continuait de toucher du bois parce que ça l’anéantirait. « Et toi ambulancier ! Ça te correspond totalement ! Tu n’aurais pas pu trouver mieux. » Elle était si heureuse pour lui qu’il ait trouvé son chemin et fasse ce qui le rendre heureux. Il le méritait après tout. « Je trouve ça bien qu’on se retrouve dix ans plus tard… Je me suis toujours demandé ce que tu étais devenu… » Elle hésita un instant avant de continuer sur sa lancée, se mordillant la lèvre inférieur.

Tu finis par décroiser les bras de sur ton torse pour fouiller dans tes poches et y trouver trois pièces de vingt-cinq cents. Tu les inséras dans la machine et attendit patiemment que le liquide brunâtre coule dans le fond d'un gobelet. C'est lors de soirées comme celles-ci que tu deviens un vrai accro au café. Généralement, tu es quelqu'un de très raisonnable qui ne tombe jamais dans l'excès, mais là... Tu venais d'être sur l'adrénaline comme jamais auparavant parce qu'il y avait eu une jeune maman qui s'apprêtait à accoucher à l'arrière de ton ambulance. C'était vraiment... Incroyable comme sentiment. Et là, comme si ce n'était pas assez pour ce soir, tu te retrouvais nez à nez avec Sienna, ton ex-copine du lycée; celle que tu avais trompé. Même si, à l'époque, tu savais qu'elle ne serait probablement pas la mère de tes enfants ou quoi que ce soit, tu avais quand même regretté amèrement ce geste de ta part. Il faut croire que ça faisait maintenant parti du passé puisqu'elle semblait te parler de façon détachée, comme si rien de tout ça n'était réellement arrivé. Et d'un sens, ça te faisait plaisir. Peut-être pourriez-vous avoir l'amitié datant, celle que tu aurais pu avoir si tu n'étais pas partie comme un lâche. « Merci c’est gentil. C’est une véritable vocation, je ne m’imaginerais pas faire autre chose… Ce sont mes petits trésors. » Tu étais heureux pour elle. Sincèrement. Si par le passé tu t'étais montré très égoïste, maintenant tu savais faire la part des choses. « Et toi ambulancier ! Ça te correspond totalement ! Tu n’aurais pas pu trouver mieux. » Tu ne pus t'empêcher de baisser les yeux vers le sol, un peu gêné qu'elle te fasse des compliments. Tu tendis la main vers le verre de café et en prit une gorgée. Oui, tu le buvais noir. Et alors ? « Merci, c'est gentil. » finis-tu par admettre après avoir avalé le liquide brûlant. « Je trouve ça bien qu’on se retrouve dix ans plus tard… Je me suis toujours demandé ce que tu étais devenu… » Tu souris légèrement, montrant finalement tes dents. Ça te faisait plaisir, d'un sens, qu'elle s'intéresse à ce que tu sois devenu. Ça te faisait penser qu'elle pouvait, malgré la façon dont tu l'avais traité, s'inquiéter pour toi et pour ton bonheur. « La même, en fait. Je suis content qu'on soit là, l'un face à l'autre, à se parler comme de vrais adultes. Ça fait... différent ! Et pour cause, je suis sûr que beaucoup de choses ont changés. » dis-tu en riant légèrement. Elle était sans doute loin de savoir que tu étais maintenant marié et que tu possédais une maison. Même si ton couple battait de l'aile, ça paraît toujours bien de dire qu'on est marié. Ça prouve qu'on est stable. Plus stable qu'avant...

« Alors tu as fait des études et puis quoi ? Dix ans c’est long… »  Le temps. C'est une notion tellement difficile à cerner. Il se compte en seconde, en minute, en heure, en jour, en semaine... Il est intouchable, indomptable, ne s'arrête jamais et peu nous faire si mal. Le temps guérit les maux, le temps apaise l'âme, mais il est vrai qu'il peut aussi nous détruire, nous faire du mal... Les dix dernières années avaient été source de beaucoup, beaucoup de changement. Tu étais passé du garçon populaire qui se fiche un peu de tout à un jeune homme marié, autonome et travaillant d'arrache-pied pour gagner ta croûte. Tu t'étiras alors un instant, prenant le temps de réfléchir à comment tu pourrais lui annoncer ces choses qui ont marquées les dix dernières années de ton existence. « Eh bien... J'ai terminé le lycée... Comme je n'étais pas assez doué à l'école, je n'ai pas pu avoir accès au cours d'ambulancier qui me plaisait tant. J'ai alors travaillé dans un magasin de musique pour gagner un peu d'argent. J'ai finis par prendre des cours privés et j'ai remonté ma moyenne... C'est aussi grâce à ma femme... Elle m'a beaucoup aidé à l'époque, mais maintenant je me rends compte que ça s'est peut-être fait un peu vite... Enfin... » Tu n'avais pas voulu d'étendre sur le sujet... Sienna étant une de tes ex-copines (la dernière avant ta femme), tu ne voulais pas trop lui parler de tes histoires de couple et tout ça... Surtout que ton mariage était remis en cause un peu parce que tu avais quelqu'un d'autre dans la tête... Ellie... Tu soupiras doucement et craqua ton dos doucement. Les gens normaux iraient à la course pour rentrer chez eux, mais toi tu n'étais pas vraiment pressé d'y aller... « Et toi ? » finis-tu par demander, curieux. Bah quoi ? Tu étais bien curieux de savoir son parcours à elle, maintenant qu'elle savait le tien. Vous pourriez être sur la même longueur d'onde...