(#) Sujet: Poker party ~ Tu mises ou tu te couches ? |R.| Sam 8 Mar - 23:06
Tu mises où tu te couches ? Nolan & Molly
« Alors ? Tu mises ou tu te couches ? » m’interroge un Sam exaspéré. Visiblement, il avait du jeu, à moins qu’il ne soit davantage agacé par le beau blond qui m’aguiche depuis le début de la soirée et qui lui avait tapé dans l'œil dès notre arrivée dans ce bar. Dans le coin, c’était le seul café qui nous autorisait à jouer aux cartes, à miser et même à fumer quelquefois. Un vendredi soir, il ne nous en fallait pas davantage pour nous sentir vivants, même moi, malgré l’absence de Griffin, je passais un bon moment. Aimer plaire, c’est humain. Je ne dérogeais donc pas à cette fatalité. Et, ce jeune homme, pour le moins charmant, mais que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam, jouissait d’un « je ne sais quoi de diablement attirant. ». Il me draguait ouvertement et moi, je jouais les femmes courtoises. Il s’appelait Logan. Il était grand et ses muscles saillants auraient incité tout autre à la luxure. Logan. Il se faisait appeler « LG ». Je me souviens avoir ricané légèrement lorsqu’il se présenta. LG, ce n’est pas un prénom. LG, c’est le pseudonyme d’un mec habile qui ne doit pas supplier. Du moins, pas toujours. Je suis de ses filles d’avril qui ne se découvre jamais d’un fil. De plus, j’étais, pour l’heure, obsédée par la présence de cette silhouette trop bien connue au bar. Mon cousin. Il ne m’avait pas encore aperçue et, personnellement, j’aurais préféré qu’il ne me remarque jamais. J’avais fumé, un peu. J’avais bu, un peu trop. Je riais bruyamment et je souriais à pleines dents. Je ne voulais pas être tenue à l’œil comme si je n’étais qu’une petite fille. Aussi, me suis-je tassée sur ma chaise pour dissimuler mes traits derrière la musculature imposante du beau mâle au sourire ravageur. Je réfléchis donc à deux fois avant d’accepter de tirer sur le joint qui tournait. Malheureusement, je n’ai pas réfléchi assez longtemps.
Grisée par l’alcool et ma victoire – je suis douée au bluff –, j’ai fini par oublier la présence en d’autres temps plus appréciables de Nolan. J’ai tiré, une fois de plus, une fois de trop, et ma tête m’a tourné un peu. « Hey. Molly. Tu te décides. » insista un autre joueur quand je peine sérieusement à me concentrer. J’étais réputée comme intraitable au poker, mais j’enchainais les conneries. Alors, je me suis couchée en abattant mes cartes sans pour autant les dévoiler. « Et bien voila, ce n’était pas très compliqué. » rétorqua Sam. J’aurais parié toute ma maigre fortune qu’il avait un brelan entre les mains. Il était trop hâtif. Son empressement parlait pour lui. Ses mises aussi. « Oui ben ça va. On a toute la nuit devant nous non ? » protestais-je en allumant une cigarette pour jeter un regard vers la table où venait de s’installer Nolan. Je rêve où je lui suis toujours transparente ? À moins qu’il ne m’ignore volontairement ? L’idée, en elle-même, me déplaisait. Néanmoins, je m’en contentai dès l’instant où, souhaitant quitter la table, j’ai légèrement perdu l’équilibre. J’avais besoin de sortir, de prendre l’air. « Vous m’excuserez. Je vous abandonne un instant. » précisais-je à mes quelques amis trop concentrés pour s’intéresser à mon départ.
Mon verre à la main, je me suis précipitée vers l’extérieur, pressé de me rasséréner d’un peu d’air frais, mais je n’ai pas vraiment eu le temps. Logan, qui m’a suivi, m’agrippe le bras pour m’attirer à lui. « Logan, tu m’as fait peur. » lançais-je mi-figue mi-raisin, mi-flatté mi-exaspérée. Lui, il me chuchota à l’oreille une lubrique invitation que j’ai tenté d’éconduire poliment. Sa poigne était ferme cependant. Le monde alentour ne l’effrayait pas. Sûr de lui, il était convaincu que je lui plaisais assez pour m’envoyer en l’air dans une ruelle avec un parfait inconnu… « Soit tu es complètement fou, soit tu plaisantes… » crachais-je en riant avec mépris. « J’ose espéré que tu es en train de foutre de moi. Lâche-moi maintenant. J’ai besoin d’air. » Il n’est, dans mon timbre, aucune trace de supplications. Je l’imaginais incapable de me priver de liberté pour me contraindre à ses désirs. Sauf qu’il insista. « C’est bon. Lâche-moi maintenant. Ça ne m’intéresse pas. Pas du tout. » L’inopportun n’a pas un mauvais fond. L’alcool aidant, il s’est permis une impolitesse durant un bref instant. L’instant de folie juste avant ce retour prématuré à la raison. « Tu te fous de moi ? Tu me dragues depuis tout à l’heure. Tu m’allumes depuis que je suis arrivé… Et tu me jettes comme ça ? » Certes, il était mauvais. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Sans doute ignorait-il tout de la blessure à l’honneur qu’est de recevoir un râteau. « Prétentieux » répliquais-je sans grande force. Il éleva le ton cependant. Il criait si fort que je ne comprenais rien à son discours vénéneux. Je n’entendais que mon cœur battant au rythme de ma peur, la peur de faire un malaise. Mon visage picote. Je ne sens plus mes mains. Mes pupilles ne distinguent plus qu’une forme floue. L’herbe ne me vaut rien. Vraiment rien.
Dernière édition par Molly R. Bradbury le Dim 9 Mar - 23:34, édité 1 fois
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(#) Sujet: Re: Poker party ~ Tu mises ou tu te couches ? |R.| Dim 9 Mar - 11:33
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(#) Sujet: Re: Poker party ~ Tu mises ou tu te couches ? |R.| Dim 9 Mar - 23:33
Tu mises où tu te couches ? Nolan & Molly
S’il braille, je ne l’entends pas. Les mots s’entrechoquent, mais ils ne percutent pas. Alors, je l’observe d’un œil absent, paralysée par la peur de m’effondrer pour un mauvais mélange. Je le sais pourtant. Je sais parfaitement qu’une fois jumelée à l’alcool, l’herbe me donne la nausée. Alors, pourquoi me suis-je laissé tenter ? Par quelle insouciance ai-je pu succomber à cette stupide envie de me mettre la tête à l’envers ? Serait-ce, inconsciemment, la seule solution trouvée par mon instinct pour me protéger de mes funestes pensées ? Peut-être. Et, il faut admettre que c’est plutôt efficace. Sur ce trottoir, mon corps me semble lourd. Je voudrais bouger, mais je n’y parviens pas. Je sourirais béatement que je n’en aurais même pas conscience. Je suis bien là cependant. Au milieu d’un trottoir, droite comme un I, le regard vide posé sur les gestes agités de mon interlocuteur. « Je… je… » tentais-je vainement sans que l’autre ne m’accorde le droit au chapitre. Le bellâtre s’observe le nombril. Il n’entrevoit que sa propre frustration sans même réaliser que je suis à deux doigts de la chute de tension. Au contraire, il se montre de plus en plus agressif quand je demeure impassible. Mon comportement ne relève pas de ma volonté propre. Les ficelles du marionnettiste sont cassées, je suis inapte aux moindres mouvements. Je ne trouve même pas la force de reculer alors qu’il s’avance vers moi d’un pas décidé. Que me voulait-il exactement ? Espère-t-il vraiment que le poids de la culpabilité me pousserait à commettre la pis des erreurs de toute mon existence ? Croit-il qu’il m’impressionné ? Quel imbécile imbu de lui-même.
S’il est vrai que je suis de moins en moins à l’aise, j’en connais un qui, de par son assurance, ferait filer à l’anglaise les inopportuns de mon chemin. Évidemment, je ne suis fière de mon comportement. À tout peser, j’aurais largement préféré qu’il n’assiste jamais à cette rare décadence qui habille parfois mes week-ends. Ce n’est pas récurrent. Si je vis, je ne connais que peu d’excès. Néanmoins, personne n’a déposé sur mon berceau une auréole et des ailes d’angelot. M’adonner à quelques bêtises est un exutoire comme un autre et jamais, dans mon souvenir, mes soirées n’avaient pris cette tournure. Peut-être qu’est-ce grâce à Griffin, sans doute dissuade-t-il – bien qu’il ne soit pas très épais – les plus frondeurs des dragueurs. Force est d’admettre que la politesse m’obligerait à remercier mon cousin pour son intervention et, bien sûr, je l’aurais fait volontiers si j’avais été capable de parler. Malheureusement, les mots restent coincés dans ma jugulaire. J’ouvre la bouche, mais les sons ne sortent pas. Ainsi ai-je pris peur, encore, et mes yeux, qui le scrutaient davantage pour m’assurer qu’il n’était pas déçu de moi – je ne pourrais le supporter – s’écarquillèrent sous les affres de la détresse. Je crois que j’ai besoin de sucres. L’herbe a brûlé les frugales réserves que j’accumulai dans la journée. Une pomme n’a jamais nourri son Homme. Quoi qu’il en soit, alors que je sens mes jambes tremblés, que mes genoux flageolent comme une débutante le jour de son oral. Non seulement je me sens prise en défaut, mais en plus, je suis en hypoglycémie.
À force de volonté, je pus enfin prononcer un pronom personnel et le son de ma propre voix m’aurait presque fait sursauter. « Je ne me sens pas bien…. » Je ne saurais dire où j’ai trouvé la force de réprimer une violente envie de remettre la seule pomme que j’ai mangée de toute la journée. Instinctivement, j’ai remercié le ciel de m’avoir envoyé Nolan. Quand bien même le décevrais-je, je resterais toujours le membre de ma famille qui m’accepte comme je suis, qui veille sur moi avec rudesse et s’adresse avec maladresse. S’il est malhabile, je sais qu’il nourrit pour moi assez d’affection pour ne pas me laisser à mon sort, et j’aurais juré qu’il me suivrait jusqu’à la ruelle à côté si je m’y précipitais pour me protéger des paires d’yeux curieuses qui s’offenseraient de mon comportement. Je n’ai pourtant pas eu besoin d’y aller. Le haut-le-cœur passé, j’ai pu retrouver un peu de force pour me déplacer et m’appuyer contre le mur. « Il me faut du sucre… tu peux m’apporter du sucre s’il te plait ? » marmonnais-je de manière approximativement cohérente. « Non ! non. S'il te plait, reste avec moi… » Sursaut d’énergie à l’idée d’être seule. Je hais la solitude, elle me débecte. Elle m’effraie et la nuit, m’empêche de dormir. « Va aller mieux… dans pas longtemps. » promis-je en posant ma tête dans mes mains jointes. « J’ai fait une connerie Nono. Une vraie connerie. » Ma bouche pâteuse m’empêche d’articuler correctement et je ne suis pas certaine que mon cousin puisse comprendre chacun des vocables traversant le rempart de mes lèvres blêmes. Je me refusais de rester seule cependant.
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(#) Sujet: Re: Poker party ~ Tu mises ou tu te couches ? |R.| Lun 10 Mar - 21:12
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(#) Sujet: Re: Poker party ~ Tu mises ou tu te couches ? |R.|