breathe me

La dernière radio est terminée. Je souris une dernière fois à ma patiente, une femme d'une trentaine d'année qui s'est tordue la cheville en tombant dans les escaliers. Rien de cassé, juste une petite frayeur passagère et une attèle. Je ne me suis pas occupé du diagnostic, c'est le rôle du médecin, mais je m'informe quand même des résultats, et je connais le métier, j'ai donc toujours une petite idée en donnant les radios au spécialiste. Il est bientôt onze heures, c'est-à-dire l'heure de ma pause, et mettant un peu de l'ordre dans la salle de radiologie, je me prépare à filer dans le service pédiatrie, pour aller voir ma collègue, Kira, qui devrait normalement elle-aussi avoir un peu de temps à tuer avant de reprendre son travail et recommencer à examiner les enfants malades ou blessés. Je me rends donc en salle d'attente, et je m'assoie sur une des chaises longeant le mur. Kira n'est pas là, je ne sais pas si elle soigne un malade dans sa chambre ou si elle est dans son bureau. Dans tous les cas, elle est occupée, et je ne veux pas la déranger, alors je patiente. Je vois passer certains de mes collègues avec qui je discute de temps en temps, et je leur fait signe poliment. Ils doivent sûrement aller manger au fast-food le plus proche, comme d'habitude. Je prends un des magasine posé devant moi, un espèce de machin qui parle des célébrités et de leur vie. Dans celui-ci, j'apprends qu'une star avec un nom imprononçable a plongé dans la drogue et est en cure de désintoxication. Je ne comprends pas vraiment comment on peut aimer ces torchons. Je veux dire, c'est la vie privée d'une personne qu'on commente. Quand je vois que certains se plaisent à critiquer tel choix vestimentaire d'une actrice et la descende en flèche, je n'arrive même pas à sourire devant ces débilités. Je repose le magasine, et j'observe l'espace autour de moi. Il y a plusieurs enfants qui rient, malgré l'ambiance austère de l'hôpital. Je suis toujours admiratif. Certains ont une maladie grave, qui peut leur coûter la vie, et pourtant ils continuent à sourire, ils gardent leur joie. Et puis, j'aime les enfants, je les trouve vraiment attachants. J'ai du mal à cerner les personnes qui ne les supporte pas, parce qu'on a tous été aussi jeunes qu'eux un jour, et qu'à entendre certains les enfants c'est le diable. A vrai dire, j'aimerais bien en avoir un jour, mais pour ça, il faudrait que j'ai une femme dans ma vie. Je suis tombé plusieurs fois amoureux, mais ça n'a jamais duré, et honnêtement avec chacune de mes petites-amies je savais que notre relation ne serait pas éternelle. Je ne cherche pas vraiment l'amour cependant. Je ne suis pas désespéré, je ne vis pas que pour trouver mon âme-soeur. Je laisse plutôt le temps suivre son cours. Je soupire, et je jette un coup d'oeil à ma montre. Presque un quart d'heure que je suis ici, et il n'y a toujours pas mon amie en vue. Je souris en pensant à elle. On s'entend très bien, et j'ai hâte de pouvoir lui parler, la taquiner peut-être. Il y a des bruits de pas à ma gauche, et je suis sûr que c'est Kira. Je ne sais pas pourquoi, mais je reconnais sa manière de marcher, qui pourtant n'a rien d'extraordinaire. Je dois avoir de bonnes oreilles.