❝ don't be affraid. ❞
Panique totale, comme toujours. Nahla regardait sa montre, serrée dans un tailleurs de marque même un dimanche après midi, essayant de repérer une adresse inscrite sur son portable. Introuvable. "
Qu'il aille se faire foutre", marmonna-t-elle. Oui, le dimanche après midi était éventuellement son seul après midi de repos qu'elle s'autorisait pour flâner dans un parc ou avoir un tant soit peu de vie sociale, mais aujourd'hui son boss en avait décidé autrement puisqu'elle devait recueillir des informations sur un dossier à quelques dizaines de milliers de dollars. Seulement, l'adresse n'existait tout bonnement pas, et ce n'était pas comme si la ville était bourrée de recoins inconnus.
En plus, il faisait beau, le soleil pointait le bout de son nez, la brise était fraîche. C'était une torture. Même pour une bourreau du travail, elle se sentait un peu surpassée ces derniers temps et avait vraiment besoin de cet après midi de repos, mais c'était bien sur sans compter sur son merveilleux patron qui trouvait toujours une distraction à sa hauteur. Elle s'imaginait sur son balcon, prenant un bain de soleil en pleine sieste ou dans un jogging pour faire un peu de sport au parc, mais surement pas dans une tenue pareille sur des talons de 15 cm à courir dans toute la ville.
Elle marmonna encore, traversant les rues sans faire attention aux voitures, hésitante à envoyer un texto à son patron pour lui annoncer que son lieu était introuvable et se dit finalement qu'elle allait d'abord réfléchir. Elle tourna au coin d'une rue, rangeant son téléphone dans son sac juste avant de percuter quelqu'un. Pas de chance, sa journée avait mal commencé et voilà que ça continuait. Elle avait envie de crier, mais bordel, tu peux pas faire attention, comme si elle n'était aucunement fautive. Mais lorsqu'elle releva les yeux vers le jeune homme, elle le reconnu tout de suite. Elle fut d'abord surprise, mais ne le montra pas, ayant toujours un visage impassible en toute circonstance, préfabriqué pour son métier. Nahla le toisa du regard, apercevant son attitude qui avait changé lorsqu'il avait croisé ses yeux. Putain, ça pouvait pas être pire journée cette fois ! Cet harceleur bizarre et pourtant tellement séduisant n'avait-il que ça comme technique d'approche ? Mais d'un côté, vu les nombreuses fois ou elle l'avait aperçue la suivre, elle serait surement partie en courant si elle l'avait vu approché. Ou l'aurait affrontée, comme à son habitude, avec tout le monde. Alors c'est ce qu'elle décida de faire, et tant pis pour lui.
"Bonjour, c'est trop dur de regarder devant vous ? Pourtant vous êtes assez fort dans ce domaine ! Je suis impressionnée que vous ne m'ayez pas remarqué."Prends ça Mr-le-harceleur-séduisant. Peut être que si elle n'avait pas été d'humeur massacrante, elle l'aurait dit sur un autre ton, mais Nahla était comme ça, son caractère prenait toujours le dessus, et sacré caractère qu'elle avait. Impulsive. Battante. Écrasante. Lorsqu'on la connaissait, ça passait mieux : elle s'était construite, elle ne devait rien à personne, c'est pour cela qu'elle est impitoyable. Mais elle reste pour ses proches quelqu'un de loyal, une personne de confiance, à l'écoute même si la patience ne compte pas parmi ses points forts.
Elle se redressa et remarqua une fissure sur son portable. Elle soupira, fouillant dans son sac, entre ses dossiers, ses rouges à lèvres et ses affaires personnelles, en sortit un porte monnaie, tendit un billet de 100 dollars ; pas parce qu'elle se considérait fautive, mais elle savait qu'avec une réparation payée, il ne lui causerait aucun ennui.
"Ça devrait couvrir les frais."Ne rien devoir à personne, était une phrase constamment privilégiée par Mlle Harper.