« Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours. » | Jack Sweet.
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(#) Sujet: « Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours. » | Jack Sweet. Jeu 13 Fév - 18:08
D’un geste nerveux, d’un coup sec, tu balances tout ce que peut contenir ton bureau. Tes feuilles dansent un ballet avant de s’écraser contre le sol, tes stylos se vautrent doucement par terre dans un bruit assourdissant, ton cahier s’écrase sans dignité et sur ce sol, tu vois ta vie étalée. Un véritable bordel que tu ne sais plus gérer depuis deux années, un désordre montre dans tu n’es plus le maître. Mais tu ne t’arrêtes pas là, ce serait bien trop facile. Alors tu laisses ta petite table basse se renverser face contre terre comme si elle était honteuse, tu renverses même un vase qui traînait non loin de là, le seul, vide de fleur comme ton corps est vidé de son âme à ce moment-là. Tu en as marre, et tu as envie de tout casser, de tout péter autour de toi. Que tout finisse en l’air, comme toi. Tu voudrais que tout ait un air chaotique, que ce soit les ténèbres qui envahissent ta lieu d’habitation. Il y a des moments comme ça où tu ne suis plus, où tu n’y arrives plus. Il y a des moments comme ça où tes nerfs craquent, où tu as besoin de tout envoyer chier pour aller mieux. Bizarrement aujourd’hui, ça ne va pas mieux. Tu n’essayes même pas de t’allumer une cigarette ; tu n’as jamais pris la peine de fumer ne serait-ce un truc, alors ce n’est pas maintenant que tu t’y mettras. Tu essayes de te calmer, tu respires doucement, lentement, mais tu n’y arrives pas. Et ta main s’abat sur le mur à côté de toi avec une force qu’on ne te connaissait pas. Ton esprit était parti trop loin, vraiment trop loin. Tes souvenirs remontaient de trop loin, de là où tu ne voulais pas. Ils venaient de cette partie de ton cerveau que tu as condamné, que tu as appelé « zone interdite », cette petite barrière là a été brisée pour te faire remonter à la gueule la plupart des choses pour laquelle tu fuis. Parce que oui, tu ne fais que fuir en fait. Tu fuis les problèmes, tu fuis tes problèmes. Tu essayes de les envoyer derrière toi, de leur dire de dégager, de partir, tu essayes de les faire s’en aller. Loin. Très loin de toi. Mais des fois, c’est comme ça, ils se décident à revenir. Rapidement, ils te sautent dessus. Et tu te reprends dans la face son sourire, sa voix, ses baisers sur ta joue. Tu te reprends dans la face la sensation de son corps contre le tien, encore secoué par les sanglots. Tu entends ses révélations, les secrets qu’elle te donne. Tu entends encore ses paroles, celles qui te faisaient du mal, celles qui te faisaient du bien… Tu entends les tiennes aussi, celles qui la faisaient pleurer, celles qui la rendaient heureuse. Tu ne veux plus penser à ça. En deux années, tu pensais pouvoir l’oublier. « Après tout, elle n’est que ta meilleure amie non ? » C’est ce que tu répètes sans cesse. Etait. Elle n’était que ta meilleure amie, la personne la plus importante dans ta vie aussi, bien sûr. Mais tu n’as pas besoin de penser à tout ça, de garder ces souvenirs qui te fatiguent, qui te tuent à petit feu. Tu ne sais plus vivre sans sa voix derrière toi. A chacune de tes actions, c’est comme si tu l’entendais te dire quelque chose. Comme si tu entendais ses remarques, ses petits mots doux ou même ses engueulades. Tu ne veux pas vivre avec ça, c’est comme un fardeau pour toi, quelque chose de trop lourd à porter. Tu le savais que tu ne serais jamais assez fort pour pouvoir porter ainsi le poids de la mort sur tes épaules et pourtant tu l’as fait. Mais à quoi bon ? Tu ne sais plus vivre sans y penser. Tu essayes, tant bien que mal d’oublier et quand tu penses enfin avoir réussi, tu t’en souviens. Tu te souviens qu’elle n’est plus là, tu te souviens qu’elle a foutu ta vie en l’air et tu as envie de tout casser, de tout péter. Tu as envie de recréer l’Apocalypse, de réduire à néant tout bonheur existant. Fatigué, tu t’assois. Tu te laisses glisser sur ton canapé miteux, simple meuble que tu aies ramené de Russie, seule chose vieille dans ton appartement avec ta machine à écrire. Meuble remplit de souvenir. Des fois, tu t’imagines qu’il y a encore son odeur sur ce canapé. Elle te manque à ce point. Bien sûr, qu’est-ce que tu croyais ? Elle était là depuis ta naissance, elle te suivait, elle t’accompagnait. Toujours. Elle était comme ton ombre, comme ta vie. Quelque part, un peu comme ton âme-sœur ? Tu ne sais pas, c’est bizarre. Vous aviez une relation assez bizarre que tu ne comprenais pas toi-même, alors les autres ? la seule chose que tu sais, c’est qu’elle te manque. Horriblement. Trop. Tout ce que tu sais, c’est qu’elle a brisé ta vie. Complètement. Elle t’a réduit à rien… A cette chose qui se lamente, assise sur son canapé, à attendre que quelque chose se passe… Tu ne peux pas rester comme ça, tu vas devenir fou. Complètement fou.
Il y a de la musique, elle est forte. Elle tape dans ta tête, elle s’écrase contre tes tempes, elles t’assassine doucement. Elle résonne de part en part et tu t’accoudes au comptoir, tenant ton front entre tes mains, tu laisses l’alcool de côté pendant quelques instants. Il y a sûrement beaucoup trop d’alcool dans ton sang, un verre de trop. Mais tu t’en fous, tu es plutôt bien. Ca t’empêche de trop penser. Ca t’empêche de réfléchir un peu trop à ces idées noires qui envahissent chaque fois tes idées. Ta vue est légèrement floutée alors tu fermes les yeux. Tu dois avoir l’air ridicule là, complètement désespéré, dépressif, au bord du suicide ? Les gens doivent presque avoir peur de toi. Ils doivent se demander ce que tu fais là, comme ça, seul, dans un endroit qui est censé respirer la joie. La musique continue de taper contre les parois de ton crâne, elle s’écrase littéralement. Tu auras certainement mal à la tête le lendemain, mais tu t’en fous. Tu es là juste pour oublier. C’est ça, oublier le passé.
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(#) Sujet: Re: « Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours. » | Jack Sweet. Jeu 13 Fév - 21:55
Bon. J'ai pas de fric. Que dalle. La dèche la plus totale. Tout ce que j'avais gagné dans cet espèce de concours de buveur de bière s'est dilapidé, et je sais même plus en quoi. Bière et coquillettes, je crois.
Ça me fait penser à ce soir de février où j'avais versé le contenu de ma bouteille dans les pâtes. Eh, c'était pas si mauvais !...
Je marche sans but dans les rues de la ville. Il fait plutôt doux pour la saison, c'est agréable. Ce soir, j'ai envie de m'amuser. C'est bientôt la Saint-Valentin, en plus. Les célibataires endurcis veulent trouver l'âme-sœur et ne refusent jamais un rendez-vous, si il est bien demandé. Ensuite, je fais mes yeux de chie battu, je leur dit que mon loyer est déjà teeeellement dur à payer, que j'ai eu une enfance très difficile et que je fais tout pour m'en sortir et hop, c'est dans la poche. Un repas gratuit et une nuit dans un lit chaud pour Jack ! Profiteur, moi ? Non, je dirais plutôt... Opportuniste. C'est vrai, quoi, si la fille ou le mec ne dit pas non, pourquoi se priver ?
Et puis, comme disait l'autre : par principe, je n'en ai pas.
Je sais ce que les gens penseraient si on les mettait en face de quelqu'un comme moi et qu'on leur disait : "voilà, ça, c'est la vie de Jack Sweet, il a vingt-et-un ans, il fait pas d'études, ne travaille pas, n'a pas de domicile fixe et vit aux crochets de l'état et de nos bons et faibles citoyens". Je sais quel mot ils emploieraient. Looser.
C'est vrai, c'est ce que je suis. J'ai peut-être raté ma vie, qui sait... Mais, sérieusement, je suis heureux. Si le bonheur, c'est regarder les étoiles et se dire que le meilleur est peut-être encore à venir et que la vie vaut la peine d'être vécue, ouais, je suis définitivement heureux. Ou stupide, au choix.
J'ai envie de tenter de nouveaux trucs, ce soir. Je sais pas, peut-être faire une BA. Ça fait longtemps que j'ai pas aidé de grand-mère à traverser la route, tiens. Sauf qu'il est vingt-deux heure trente et qu'à cette heure, toutes les mamies jettent leur vieux corps dans les bras de Morphée.
Quelle image dégueulasse...
J'entends de la musique, le bar est ouvert. Pas de problèmes avec le bruit : j'adore ça. C'est une des choses à savoir sur moi. J'aime la musique qui te martèle le crâne, les basses qui résonnent jusque dans tes entrailles et les beat qui t'obligent à bouger ton corps dès les premières mesures. Je suis trop un artiste...
Quand j'entre, la chaleur me fait tourner la tête. Pas étonnant que les serveuses soient aussi peu habillées, on se croirait sur la plancha de Satan en personne ! Non pas que ça me déplaise... Je retire la capuche qui cachait mes cheveux, ébouriffe ceux-ci -pour la coolitude- et m'avance vers le comptoir. J'essaie de prendre un air dégagé, en sachant que la rencontre de ma vie -ou plutôt, de ma vie jusqu'à demain- me regarde peut-être. Je suis un grand rêveur...
En m'accoudant au comptoir, je remarque, assis à ma droite, un type qui a l'air de vouloir se noyer dans son verre de whyski. Intrigué, je commande la même chose que lui et commence à siroter ma boisson en le matant du coin de l'oeil. La trentaine, plutôt beau garçon (objectivement parlant), un air triste à en faire pleurer Hitler et des cheveux de ouf. Etrangement c'est une des premières choses que je repère chez une personne. J'ai dû être coiffeur dans une autre vie... En tout cas, ses cheveux à lui sont super noirs, décoiffés comme pas possible (quoique les miens doivent pas être mieux), et je trouve ça carrément sexy...
Ok, je me décide. Si je peux combiner la BA et le repas gratuit... Je vais faire sourire ce type ! En plus, il est mignon, j'aurais peut-être un bonus...
Je me tourne vers lui, et je vois qu'il me regarde aussi... Je sais vraiment pas quoi dire, là. Ce gars a tellement l'air de souffrir... Je me sens vraiment comme le gamin que je suis, là.
"J-Je... Euh..." Que je balbutie. Pitoyable.
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(#) Sujet: Re: « Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours. » | Jack Sweet. Mer 19 Fév - 16:53
Tu passes une main dans tes cheveux en observant ce verre d'alcool que l'on t'a servi. Tu ne sais pas si tu vas le boire, ou pas. Tu en as déjà bu beaucoup non ? Tu ne devrais pas abuser, ce n'est jamais bon pour toi, ni pour personne d'ailleurs. Et tu n'as jamais eu l'alcool très bon, en plus. Il t'a toujours fait pleurer toutes les larmes de ton corps, chaque fois. Il n'y a pas un verre qui ne te fait pas pleurer. Tu ne sais pas pourquoi, tu ne comprends pas ; il y a pourtant tellement de choses que l'on peut faire grâce à l'alcool, à cause de l'alcool. Toi, tu sais simplement pleurer. Pleurer sur ton sort, sur ta vie, pleurer pour les autres, avec les autres. Pleurer. Qui a dit que les hommes ne pleuraient pas ? C'est un menteur, il ne faut pas inventer des choses comme ça. Des idées reçues. Tu as toujours préféré les garçons qui pleurent. Tu trouves ça tellement plus attirant, que ceux qui jouent les gros durs, ceux qui font genre « hey ch'uis un homme, j'verse pas de larmes comme les pédales. » Il y a quoi à avoir un peu de sensibilité dans votre monde, aujourd'hui ? Quel est le mal à avoir envie de verser quelques larmes pour un oui, un non ? Tu es peut-être trop utopiste, tu ne sais pas. Tu ne sais plus, tu t'en fous en fait. Si tout le monde voyait le monde pareil, ce ne serait pas marrant. Il n'y aurait pas de dispute, personne pour te dire que tu es un idiot, personne pour te remettre les idées en place. Il n'y aurait pas de guerres, pas de personnes qui se tapent dessus... Il n'y aurait aucun sujet de conversation intéressant et l'ennui prendrait possession de ce monde que tu connais. Alors oui, il vaut mieux que cette perfection reste enfermée dans ta tête, qu'elle reste posée gentiment au fond de ton cerveau ; tu verras bien ce qu'il s'y passera. Parce qu'il se passe toujours un truc. La musique tape encore, elle continue de faire de ta tête un simple tambour vide, pourtant tu entends que l'on s'assoit à tes côtés. Entendre ? Non, ce n'est pas vraiment mot. Tu le sens. Tu sens que l'on te regarde aussi, ce regard sur toi, mais tu t'en fous. Qui ne regarde pas les autres ? L'observation est naturelle, tout le monde se regarde, c'est normal. Au pire, tu t'en as vraiment rien à faire. Parce que tu es dans un bar, tu sais ce que pense les gens des personnes seules dans un bar, tu sais comment les soirées peuvent se finir ; comme elles se finissent souvent pour toi, d'ailleurs. C'est presque pitoyable, honteux, idiot. Tu ne sais pas, tu laisserais bien choisir quelqu'un à ta place. Et pourquoi ne pas être tout ça à la fois aussi ? C'est vraiment plus rapide, plus pratique. Moins encombrant, t'as pas besoin de choisir ce que tu es. Tu es un peu tout, un peu rien. Surtout rien si on y réfléchit bien, mais il ne vaut mieux pas que tu réfléchisses maintenant, oh non, ce ne serait pas bon pour toi, pas bon pour les autres.
Lorsque tu tournes de nouveau la tête vers cette tignasse blonde, tu vois qu'elle fait de même. Tu tombes alors dans des yeux bleus plutôt appréciables dont tu savais si bien faire la description dans tes écrits, tu l'observes quelques instants, tu ne sais pas ce qu'il peut lire dans ton regard. Est-ce joli ? Triste ? Mignon ?Pathétique ? Il doit y voir cette peine qui te ronge doucement, au fur et à mesure que les jours passent, il doit y voir l'alcool qui coule dans tes veines, la fatigue qui te tape dessus chaque heure, un peu plus. Il doit voir un peu tout ce que tu ressens à cet instant présent dans tes yeux. Ne sont-ils pas le reflet de l'âme comme on le dit si bien ? Et tu l'entends -non, tu ne l'entends toujours pas, tu devines seulement qu'il essaye de dire quelque chose, de murmurer quelques mots. Alors tu le regardes, comment ça ? Il voudrait communiquer avec la personne que tu es ? Ca t'amuse un peu, mais tu ne laisses rien paraître. Tu te dis juste qu'il n'a pas choisis la meilleure personne pour passer sa soirée, qu'il n'a pas choisis le meilleur moment pour te parler, qu'il est tout simplement mal tombé. Mais à quoi bon ? Il le verra bien par lui-même et si l'envie de fuir le prend, alors qu'il fuit, qu'il aille loin. Très loin de toi. Qu'il se protège de ton éternelle tristesse, colère, de ton éternel sentiment de haine. Qu'il fuit tout rapport avec toi avant de se voir emmener dans une spirale infernale. Tant pis, c'est trop tard. Tu te décides à ouvrir la bouche, à parler assez fort pour couvrir la musique. « Un souci peut-être ? » Tu essayes d'articuler, d'être clair pour qu'il te comprenne -ce n'est pas toujours facile dans ce genre d'endroit, certaines phrases peuvent être rapidement prises pour d'autres, des mots remplacés parce qu'on ne les entend pas. Parce qu'on ne veut pas les entendre. Et tu continues de laisser ton regard posé sur lui. Il parcourt son visage sans aucune pudeur. Il pourra croire ce qu'il veut, ce n'est pas ça. Tu aimes t’imprégner des traits des personnes que tu croises. Chaque imperfection de leur visage, tu aimes les avoir au fond de ta mémoire, ça peut toujours servir. C'est le côté artiste qui doit refaire surface à ce moment-là. Alors tu l'observes sans retenu, sans le lui dire, sans le prévenir que tes yeux vont analyser ce visage sans faille. C'est l'impression qu'il te donne, d'être parfait. Pur. Tu sais que les apparences sont trompeuses, tu le sais très bien, alors tu ne te laisseras pas avoir. Mais tu aimes bien son visage, ses traits sont aussi doux que masculins, c'est harmonieux. Harmonieux. C'est tout à fait le mot. Tu le ranges quelque part dans ton cerveau, encore une fois. Il faut que tu te serves de ça, que tu le ressortes plus tard. Tu décriras peut-être un jeune homme -il te semble bien jeune dans tous les cas, dans un bar, qui en aborde un autre avec un enfantin, penaud... Et tu ne sais pas comment ça finira, tu écriras la fin d'une histoire, heureuse ou triste, tu verras bien. Si un jour tout ça naît. Tu attends sa réponse, si seulement il veut te répondre, et tu attrapes ton verre que tu hésitais tant à boire pour le vider d'un seul coup, comme ça, cul sec. Tant pis, ça ne pourra pas te faire de mal.
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(#) Sujet: Re: « Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours. » | Jack Sweet. Mer 26 Fév - 18:52
Je me sens pas super à l'aise, présentement. Dans le sens où ce type, qui me dévisage autant que je le dévisage à un regard vraiment... Spécial. Le genre de regard qui te met à nu, qui à plus de pouvoir que tout ce que le commun des mortels pourra jamais te dire. Le genre de regard qui, suivant sa volonté, peut te faire te recroqueviller sur toi-même à jamais ou te faire déplacer des montagnes. Littéralement.
Mais on ne dira pas de Jack Sweet qu'il est un lâche, donc je le soutiens, ce regard. Enfin, dans la mesure du possible. Étrangement, c'est lui qui brise en premier le contact visuel, et, après m'avoir invectivé verbalement -en articulant bien, comme si j'étais un attardé, ou à cause du bruit-, il s'en retourne à son verre, qu'il finit. D'une traite.
La vache.
Même moi, marié à la bière depuis mes treize ans, je peux pas avaler un verre de gnôle aussi vite. Il a bu ça comme du petit lait, presque. Flippant.
Ou alors, ce mec a un truc énorme sur la conscience. Un truc genre squelette qui sors du placard. Un truc que je peux pas appréhender.
Franchement, il est fascinant et effrayant. Mystérieux et plutôt hypnotique. Mais définitivement pas dangereux.
Peut-être qu'il a juste envie d'un câlin ? Susurre une voix dans ma tête.
Ouaip, j'ai un trip schizophrène. J'ai un Jimini Criquet dans la tête. Sauf que, chez moi, c'est définitivement pas ma conscience. Peut-être mon côté obscur, à la limite.
Au demeurant, je me rappelle que mon sympathique voisin m'a posé une question -enfin, pas vraiment, étant donné que ça ressemblait vachement à un "fous-moi la paix" poli, mais bon...
Donc, je me tourne à nouveau vers lui et je lui sors le truc le plus intelligent que j'ai pu trouver (ouais, je sais, ça craint...) :
"Non ! Et toi ?"
Genre, il y a tellement de bruit que je dois m'y prendre à deux fois avant qu'il m'entende. Enfin, j'espère qu'il a entendu la deuxième fois.
La musique, une espèce de soupe qu'il mélange variété, pop, soul et électro, anesthésie mes tympans. Je ne sais même pas comment on peut danser sur ce genre de truc.
Je crois que c'est un de ces boys band pour gonzesse. Et comme on ne peux décemment pas mettre ma virilité en doute -bien que je me situe pile sur la frontière "bi" de la sexualité-, j'ai un peu de mal à apprécier. De toute façon, pour moi, c'est métal ou rien.
Pitié, mettez-moi du Métallica ou du Black Sabbath ou du AC/DC avant que mes oreilles décèdent. Je pense à tout ça en criant dans les oreilles du beau gosse à ma droite, dont je ne connais même pas le nom, d'ailleurs.
Je crois que le son le met encore plus mal que moi, parce qu'il arrête pas de grimacer -il a un visage vachement expressif, n'empêche.
J'suis sûr qu'il va vouloir sortir à un moment ou à un autre, quand il aura arrêté de vouloir se punir d'un truc que je pige pas. Parce que c'est ça, n'est-ce pas ? La seule raison à un type comme lui de venir finir sa nuit dans un bar comme celui-ci, de se saouler en se laissant draguer par le premier venu, c'est ça. Le remord.
Psychologie de comptoir -littéralement- bonsoir.
J'ai envie d'une autre bière. Je pioche machinalement dans le pot de cacahuètes qui traîne sur le bar et en mâchonne une en attendant qu'il me réponde.
La soirée commence bien.
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(#) Sujet: Re: « Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours. » | Jack Sweet.
« Si stupide que soit son existence, l'homme s'y rattache toujours. » | Jack Sweet.