Ce soir, je me retrouvais seul dans ma maison et le moins qu’on puisse dire, c’est que je le ressentais d’autant plus durement que depuis qu’Annabeth avait emménagé. Sa présence, sa voix, le simple fait de l’entendre bouger ou toucher les casseroles, ces petits riens du quotidien me manquaient. Malheureusement, elle était de garde cette nuit et je n’aurais personne pour me tenir compagnie à part Max, mon adorable Rottweiler de deux ans quoique, même lui avait décidé de faire sa tambouille dans son coin, m’abandonnant lâchement. Alors, en désespoir de cause, je me décidais à écrire mon bouquin du moins à le continuer car Donna, mon éditrice, commençait sérieusement à me harceler pour que je tienne les délais. C’était épuisant à la longue et bien souvent, je ne décrochais même plus le téléphone, filtrant de cette manière mes appels. Toutefois, vingt-minutes plus tard, je devais reconnaitre mon échec : je n’avais rien écrit. Une véritable page blanche qui commençait sérieusement à me démoraliser –en même temps, il ne m’en fallait pas beaucoup vue la dépression que je me payais.

Alors, je commençais à tourner dans la maison, envoyant ou plutôt harcelant Annabeth de sms jusqu’à ce qu’elle ne m’envoie péter car trop occupée. Je me rabattais sur mon meilleur ami resté à New York mais comme ma colocataire, il termina par en avoir marre de me tenir la grappe. Résultat, je n’avais réussi à m’occuper que trente petites minutes. Pas grand-chose, une véritable goutte d’eau dans l’océan. Est-ce pour cela que je me décidais au final par sortir ? Mystère et balle de golf quoiqu’il en soit, après une bonne douche et un rasage de près, je m’habillais avec classe –comme à mon habitude même si j’oubliais que White Oak Station, ce n’était pas New York et me dirigeait vers le Old Pub, histoire de me boire quelques bières avant de rentrer. A peine avais-je mis un pied dans l’établissement que je reconnus quelques têtes dont celle de Skyler. Cela faisait quelques semaines qu’il nous arrivait de nous retrouver à partager un peu de notre vie autour d’une bière et je devais reconnaitre que je l’appréciais de plus en plus. C’est donc tout naturellement que je me dirigeais vers lui, un sourire accroché aux lèvres. « Hey ! Je te dirais bien que ta présence illumine ma soirée mais tu risquerais de prendre cela pour un plan drague et je m’aime bien trop pour me partager avec un autre homme » plaisantais-je en guise de salutations avant de m’installer à côté de lui près du bar. « Comment ça va depuis le temps ? » lui demandais-je tout en commandant une pression au barman.