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 haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi)

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Message(#) Sujet: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyMer 4 Sep - 0:28



Certains disent que le temps guérit les blessures. Les plus fous sont même persuadés que l'on termine par ne plus ressentir les douleurs passées. Mais c'est faux. Totalement faux, un mensonge inventé pour les plus naïfs. Les années ne font que raviver la souffrance, comme pour nous aider à ne jamais oublier. Pour s'assurer que l'on finira par pleurer toutes les larmes de notre corps au nom de la vie. L'homme souffre, il se complaît même dans là-dedans. Le bonheur, il n'en parle que rarement. Il ne le raconte pas. Parce que c'est à peine si l'humanité s'en rend compte, lorsqu'elle est heureuse.
Les sourires ils sont rares, ils viennent, ils partent. Ils naissent, ils disparaissent. La joie est éphémère, c'est à peine si l'on possède le temps de l'apprécier.

Couché sur le canapé, une fine couverture sur le corps, les battements du cœur son trop rapides. La sensation de manque qui renaît, là, au plus profond de mon âme. Je déteste ce de trou béant dans ma poitrine. Je déteste l'idée même de vouloir pleurer pour un autre que moi. L'impression inévitable et dérangeante d'être vulnérable. Je ne supporte plus la façon dont mes doigts tremblent sans raison. Perdu dans l'immensité de l'obscurité, les volets fermés, même la lune ne parvient pas à caresser mon visage. Je suffoque d'être aveugle. Je meurs à la perte presque totale du contrôle de ma vie. Dans la nuit, le chemin disparaît sous mes pieds. Il n'y a plus de protocole à suivre pour s'en sortir, plus rien ne subsiste à l'atrocité du monde. Mais sans cela, je risque de me casser la figure, moi. De tomber en arrière et finir par m'éclater le crâne contre le bitume. Des milliers de petits fragments de vie s'échoueront dans les ténèbres, incolores, silencieux.  Étouffé par le silence, ma carcasse se relève difficilement du canapé glacé. La couverture s'échoue au sol, dans un bruit de tissu agréable à l'oreille. Mes mains, toujours aussi usées, attrapent une bouteille au hasard, à l'aveuglette. Elle est pleine, et c'est l'essentiel. Assez pour me retourner la tête et oublier quelques instants le désespoir des jours passés.

Mais cette fois, je ne vais pas rester ici, à mourir dans un coin de mon appartement. Non, ce soir, il y a un endroit dont je me souviens la beauté. Un lieu aux allures de paradis, qui donnerait envie d'y retourner à n'importe qui. Même à moi, être superficiel. À moins que ce ne soit ce garçon, l'indien, qui me pousse à revenir vers ces terres perdues. Lui et sa façon de sourire. De combattre la vie dans une maison en ruine. Presque aussi détruite que mon âme à l'heure actuelle.
Ou bien juste le paysage.
Oui, juste le paysage.
C'est évident.

Le hummer fait fausse note au milieu des arbres. Ses yeux lumineux caressent la terre, éclairent les buissons, jusqu'à atteindre le lac. J'ai l'air si petit et si con sous les étoiles que tout semble prendre une ampleur démesurée. Je perds la notion du temps, lentement, en même temps que celle de l'espace. Mes yeux se ferment, un peu perdus, un peu rougis, à la recherche de larmes qui refusent de couler. Qui pourrait pourtant me soulager. Mais je suis vide, vide de tout ça. Une pauvre coquille dont les bruits du monde résonnent en elle. Mes pieds caressent le sol terreux, de mes chaussures usées, vieilles comme le monde, en désaccord avec la voiture. Je ressemble à l'un de ces pauvres alcooliques, une bouteille à la main, un t shirt trop sale, un jean troué et les cheveux en bataille. La fatigue peut même se lire sur mon visage alors que je ne bosse pas, ces derniers temps. C'est même peut-être bien là, le problème. Le boulot, pour oublier. Le boulot, comme médicament. Le boulot, pour exister.
Sans lui, je meurs. Sans lui, je ne suis plus rien qu'un pauvre bourge tombé de son siège.

Perdu sous le ciel étoilé, les jambes me guident sans même savoir où aller. Elles se se contentent de marcher. Marcher jusqu'à en crever s'il le faut mais au moins oublier ce cœur brisé, cette âme carbonisée. Marcher, donc, courir, hurler, pleurer, dérailler, perdre des neurones. Faire quelque chose d'insignifiant pour l'univers mais grand pour l'âme. Un acte salvateur dans lequel je pourrais enfin trouver une délivrance à ce double jeu. Détruire, peut-être, le masque sans me briser totalement, à la vue de ma véritable nature. Trouver une solution, à cette connerie destructrice. Alors, à la recherche de cet autre monde, mon regard balaye les alentours dans une sensation de puissance perdue en même temps que la mort d'un autre. Enterrée certainement là bas, dans le cercueil de ce que j'appelais autrefois papa malgré les coups. Loin de moi, loin de ce que je suis en train de devenir. Et, c'est cette âme esseulée qui se retrouve au milieu de nulle part jusqu'à apercevoir, là, au milieu de la nuit une silhouette. Il faut peu de temps à mon cerveau pour faire le lien. Isidore. Je l'ai déjà vu, de dos, pas longtemps mais juste assez pour me souvenir de son ossature. De ses muscles. De sa silhouette. À peine de quoi revenir vers lui d'un bas brisé. Nonchalant. Assit au bord de l'eau, mes jambes me lâchent, épuisées. Mes yeux, toujours aussi sombres et destructeurs s'attachent à ceux d'Isidore pendant que je resserre fermement mes doigts autour de la bouteille. « Je pensais pas te trouver dehors si tard.» Ma voix se brise, pour reprendre presque immédiatement de la puissance.Pour ne pas qu'il pense que je suis venu ici, pour lui. « J'avais besoin de changer d'air. La pollution, tout ça. Puis les parcs sont moches en ville, on peut pas s'y poser comme on veut. Fin tu me diras, j'ai jamais vraiment essayé d'y passer du temps. C'est pas pour moi. » Le sourire est absent sur mon visage, comme toujours, il se fait de plus en plus rare, de plus en plus précieux. Je ne suis pas fait pour ce qui est beau. C'est à cause de ça, certainement, que je n'aimerais jamais Arseniy comme il le faut. On ne peut toucher la lumière lorsque l'on est qu'obscurité.
Je me suis fait une raison, tant pis pour moi.


Dernière édition par Julian Novotny le Mer 4 Sep - 19:40, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyMer 4 Sep - 1:42


Il est fin, léger tout volé, le sourire, là, sur les lèvres de l'indien. De ses doigts usées par la vie abandonnée, par les années, là, a vagabondé, il ferme le livre brisé, un peu poussière, entre ses mains. Isidore sourit, tout bas, assez pour ne pas faire trop de fracas, dans l'air, l'oeil tendre, sur leur corps. Il ne souhaite pas les réveiller, ces pauvres bébés, alors il les observe, là, échoués sous les draps, serrant tendrement l'oreiller, pour l'un, le nez enfouis dans le cou de l'autre, pour le second, et il sourit, le coeur petit, tout d'un coup. Petit, oui, assez petit pour les contenir tous les deux, assez petit pour qu'ils puissent observer tout là bas, mais qu'ils ne s'évadent pas. Il soupire, Isidore, tout bas, à cause de l'acte égoïste, et puis, il dépose le livre, là, doucement, sur le bord de l'armoire, avant de se glisser loin de leur corps. Il a mal au coeur, un peu, et puis une joie immense, un bonheur qu'il n'aime que trop, au fond des veines, en voyant Lyo tendre les doigts, pour agripper quelque chose,  un petit geste, tout léger, qui nomme comme un je-te-veux-toi, et un ne-t'en-vas-pas, mais Isi, ce soir, il n'a pas le sommeil dans le coeur. Ce soir, l'indien, il sourit, l'âme éblouit, là, juste là, par ces enfants, sous ses prunelles sales, et il laisse un soupir, entre ses lèvres, qui raconte son amour. Il le laisse planer dans les airs, Isi, pour calmer leur coeur tourmenter, en bas de peur, et du bout de ses doigts cassés, il caresse leurs joues, tirent une mèche, là, derrière l'oreille, avant de s'éloigner... Il prend la lanterne, comme ça, d'un petit mouvement sans brusquerie, et puis il s'éloigne, du bout des doigts de pied, pour ne pas les éveiller. Il les observe, là, lentement, se plongeant dans le noir, là il y a des monstres, et puis des cauchemars, mais il ne s'en fait pas, isi, car il sait, au fond, que le souffle de son coeur, et bien, il prendra soin d'eux. Alors, il les détourne, ses yeux, et puis il la ferme, la porte, pour aller un peu profiter des cieux.

Isidore, il en est amoureux, des cieux. Il lui suffit d'observer les étoiles, là, comme ça, sans savoir laquelle est laquelle, pour entendre la voix de Lys, dans un murmure parfait, lui dire chaque nom, et puis lui compter des histoires, comme ça, de sa voix de garçon encore, de sa voix d'enfant trop grand, et d'être charmé, encore, tendrement.

Le sol, il est tout froid, sous ses pas, mais Isi, il ne s'en fait pas. Ce n'est pas un peu de froid, non, qui aura raison de sa foi. Il reste là, alors, sans chaussette, devant la demeure brisée, les orteils congelées. Il observe, les yeux grands, écoute attentivement, au fond, le souvenir de la voix de Lyssandre, à sa mémoire. Au fond, peut-être a-t-il envie de retourner dans le lit, et puis de le secouer légèrement, pour le traîner là, avec lui, dans les bois, sous les arbres, et de trouver un petit chemin, tout léger, qui dévoile les étoiles. Il a envie, peut-être, d'entendre sa voix endormie lui conter des épopées  d'un temps passé qui n'est que soufflé. La lumière au bout des doigts, Isi, il sourit un peu, un peu trop oui, le coeur grand, soudain, pour contenir tous les mots de Lys, à propos des étoiles, et puis ceux de Lyo, à propos des avions et des poissons. Il le laisse grand, bien grand, son coeur, aussi grand que le monde, que l'univers, pour leur  esprit tout ouvert.

Et il sourit, tout bonnement, parce qu'il est bien, malgré le vent, là, qui se glisse dans les trous de son pantalon. Parce qu'il est bien, là, avec son pantalon déchiré, et puis son t-shirt abîmé. Il est bien, là, misérable aux yeux de la société, et pourtant, tellement de liberté à partager. Ses yeux, grands, boueux de tous ces rêveries croisées, s'échoue contre sol, doucement, alors que son sourire se fait petit, un moment. Il marche, à grand pas, confiant là, contre le vent. Il marche, oui, à grand pas, s'en allant là, près du lac, là où le vent n'est que plus fort, et que mouvement. La lanterne, malmenée par le souffle des cieux, en vient à s’essouffler, et le ciel, tant à lui, immense, ne fait que s'illuminer encore plus.

Isidore sourit, encore, devant toute cette beauté.

Il ne se retourne pas, Isi, lorsqu'il entend des bruits de pas. Chaque a son pas, après tout, et  il lui semble le reconnaître, celui-là. Celui d'un homme, là, un peu tourmenté, prisonnier par la société, qui ne sait même pas c'est quoi, voler. Un homme qui, bien habillé, en oublie ce qu'est respirer. C'est un fin sourire qui danse sur ses lèvres, comme les vagues calmes sur le lac, alors que Julian prend place. Isidore, il tend la tête un peu vers lui, pour l'observer, et malgré tirés, son apparence déglingué, il lui semble, soudain, voir un peu d'humanité. Un pauvre petit coeur blessé. Et Isidore, de sa grande âme, a envie de le bercer, et puis de l'apaiser. Il a envie, d'un ton calme, de lui montrer ce que c'est, que d'exister. « Je pensais pas te trouver dehors si tard. » Il hoche de la tête, doucement, Isidore, sans porter attention à la bouteille, là, au creux de ses doigts. Il hoche de la tête, sagement, comme un élève en classe, écoutant les mots des grands, avant de prendre place.

Maintenant, le sol est froid sous ses doigts de pied, et puis sous ses fesses, aussi. Il soupire tout bas, touché par la vie. Ses doigts s'enfouissent dans la terre, mélangée au sable, caressant doucement le monde, la terre entière, du bout des doigts. Lui affligeant une petite caresse, alors que le reste du monde, lui, est trop occupé à la détruire,  à la maudire. « J'avais besoin de changer d'air. La pollution, tout ça. Puis les parcs sont moches en ville, on peut pas s'y poser comme on veut. Fin tu me diras, j'ai jamais vraiment essayé d'y passer du temps. C'est pas pour moi. » Il ricane, Isidore, tout bas. Le ton est petit, tout léger, sans la moindre moquerie, pourtant. ll hoche de la tête, tranquillement, sans dire quoique ce soit, observant ici, et puis là-bas, à la fois. Ses orteils, suivant les doigts, s'enfoncent dans la terre. Il a besoin d'un peu de toucher de la mère, la première.

Et puis, fin sourire, petit bout de bonheur, sur ses lèvres, il tourne les yeux en direction de Julian, un instant, pour observer ses traits tourmentés. Il pose un peu, appuie surtout, son menton contre sa propre épaule, avant de se tourner de nouveau vers les yeux. « C'est mieux ici. Les étoiles, elles brillent de mille feux. » Il tend un doigt, là, tout en parlant, ou tend la main toute entière, comme pour tenter de toucher. « Comme des petits feux, juste là, pour réchauffer les coeurs tourmentés. Il faut juste savoir les voir, et puis les observer. Murmurer nos peines, aussi. Elles ne bronchent pas, les étoiles, prennent tout et ne demandent rien, sauf un peu de noirceur. Alors, tu peux tout murmurer, tu vois, même les pires secrets, même les mots les plus immondes car au final, elles vont briller un peu plus fort, toujours plus fort. » Sa voix est posée, douce, comme le vent, peut-être aussi brusque, contre les traits et le coeur de Julian que celui-ci, mais qu'importe. Isidore, il parle pour lui, pour toi et pour moi. Il ne sait pas, tout ça. Il pense, alors il dit, sans contour, tout bonnement, d'une voix apaisante. Il parle de profondeur, et puis le sourire doux, il se tourne vers lui.

Autour, les cris de la nature dansent, tout autour d'eux. Isidore ferme les yeux, un instant, pour écouter attentivement. Pour entendre le lièvre, là bas, qui court et fait craquer une branche. Pour entendre le cerf, là-bas, qui s’enfuient à cause du mouvement du vent. Son corps, si absent au travers de tout ça, épuise le sol, comme pour ne faire qu'un, avec eux. Le hululement d'un hibou, là, fait danser son coeur. Il soupire tout bas, tout léger, envolé. « Tu devrais essayer... » Qu'il dit, encore une fois, tout bas. Il tourne ses prunelles vers toi, toi, Julian. On y voit une lueur, ou alors est-ce le reflet de la lune. « ...écouter la terre, je veux dire. la nature, tout ça. c'est peut-être pas toi, oui, c'p'être c'que tu crois, mais...c'est quelque part en toi. on vient tous de là. » Il sourit, un peu, tout bas, comme ça, avant de tourner sa tête vers les étoiles, encore, sans se soucier du froid.
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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyMer 4 Sep - 22:29

Je me suis assis au bord du lac, une bouteille à la main. Le regard perdu sur l'eau, je peux apercevoir le reflet de la lune. Elle semble pleurer, elle aussi, de son regard mélancolique qui s'échoue jusque sur la terre des hommes de ses rayons pâles. L'astre de nuit, en tête sur les étoiles, tombe sur le lac. On pourrait presque avoir envie de la toucher du bout des doigts. Mais je n'essaie pas, moi de m'imaginer la décrocher. Non, je me contente de la regarder, les yeux tristes et vides. Je la regarde sans essayer de la posséder parce que je me fiche de la sentir entre mes bras. Je me fous, d'atteindre, un jour, peut-être, les étoiles. C'est une autre monde, une autre atmosphère. De la féerie, certainement. J'ai toujours pensé que seuls les films pouvaient laisser leurs personnages s'extasier sur un ciel étoilé. Oui, je l'ai pensé. Et je le crois toujours. Ce doit être de l'ordre de l'imagination, aussi. Je n'en ai pas, moi. Tout ce que j'ai toujours voulu, tout ce qui m'a toujours rendu heureux -ou du moins en apparence- je l'ai gagné, grâce à l'argent. Grâce à ce travail sur lequel je me tue la santé un peu plus chaque jour. Je me bats pour un combat qui n'est même pas le mien. J'use mon énergie pour ces hommes et ces femmes dont l'erreur a pris un pas trop important sur la société. Cette triste société qui ne consiste qu'à aimer le superficiel. Et ce superficiel, je le trouve beau, incroyablement beau. Y a qu'à voir la bagnole, y a qu'à regarder la chaîne autour de mon cou, y a qu'à fixer la montre. Je respire l'argent, perdu dans ces vêtements trop vieux. La pollution me colle à la peau.
J'ai fini par devenir l'une de ces particules dégueulasses.
Un pion qui, chaque matin se lève pour engraisser l'état.
C'est moi, Julian, l'amoureux, oui. L'amoureux des banques.

Le rire d'Isidore, cristallin, clair. Ce rire agréable qui caresse mes tympans, m'empêche une première fois à ouvrir cette bouteille d'alcool. Mes doigts restent posés sur celle-ci sans essayer quoi que ce soit. Mon regard s'attache à ses lèvres, à sa bouche qui vacille au son de ses mots. Ce genre de paroles que je n'ai plus entendu depuis des années. Ou peut-être bien jamais. Sauf peut-être de la bouche de Waël. Elles ont toujours la sensibilité plus développée, les filles. Et elle, petit bout de femme, elle l'était, derrière ses grands yeux verts. Ses yeux, ce sont la dernière chose dont je me souviens. J'ai perdu, avec le temps, l'odeur de son parfum, le son de sa voix, la douceur de sa peau. Tout s'est en allé, sauf ses deux iris dans lequel je me perdais sans aucune gêne. Ils brillaient de mille feu et elle respirait quelque chose de différent. Un peu comme lui, l'indien et son sourire délicat. Parce que je ne vois que ça sur son visage, sa bouche. Mon regard ne s'est pas encore aventuré plus haut. Mes pupilles le fuient, elles n'aiment pas délivrer de leurs entrailles alors elles se perdent, ailleurs. Là où il reste un peu de place. « C'est mieux ici. Les étoiles, elles brillent de mille feux. » Les étoiles, au dessus de nos têtes, j'y suis si peu habitué que je ne les avais même pas remarquées, elles aussi, perdues dans le lac. Je n'ai vu que la lune, la grandiose. Celle qu'on ne peut pas rater. Ma tête se relève vers le ciel pour découvrir cette masse céleste. Et j'ai peur. Peur de le voir si vaste au dessus de mon être. Je n'ai jamais rien vu d'autres que les plafonds de différentes chambres. Le ciel, il est trop infini pour moi. Je sens mon âme s'éparpiller au simple fait de le fixer trop longtemps.

« Comme des petits feux, juste là, pour réchauffer les coeurs tourmentés. Il faut juste savoir les voir, et puis les observer. Murmurer nos peines, aussi. » C'est donc ça, la solution ? Regarder les étoiles pour se guérir de nos maux ? Si c'était juste ça, au fond. Mais je ne sais pas les observer. La preuve, je suis déjà en train de fixer le bout de ses doigts. Je ne sais pas leur accorder l'importance qu'il faut réellement. Je me perds dans le moindre mouvement de vie. La terre est mienne. Le ciel est pour les autres, les rêveurs, les heureux, les dépressifs. Mais les suicidaires, euh, ils aiment le bitume, dur et inconfortable. Ils l'aiment tellement qu'ils s'y jettent parfois dessus à pleine vitesse. Ils s'y écrasent et se retrouvent ensuite enterrés en son cœur. Je suis de cette race là, maudite. « Elles ne bronchent pas, les étoiles, prennent tout et ne demandent rien, sauf un peu de noirceur. Alors, tu peux tout murmurer, tu vois, même les pires secrets, même les mots les plus immondes car au final, elles vont briller un peu plus fort, toujours plus fort. » Il est beau à voir, Isidore. Le son de sa voix est agréable, aussi agréable que ses mots. Que ses phrases données avec générosité, sans arrière pensée. Je fixe à présent sa bouche. Ses lèvres douces, perdues sous une barbe de plusieurs jours. J'attends, j'attends comme un con sans savoir quoi ajouter. Alors, pour ne plus réfléchir, mes phalanges ouvrent la bouteille. L'estomac réclame sa dose de whisky. L'alcool se perd dans ma gorge, la brûle un peu pour aller incendier le reste de mon corps déjà carbonisé.

« Tu devrais essayer... » La gorgée passe mal à cette phrase. Je tousse même à cette idée, pour essayer de libérer mes poumons. Une goutte d'alcool se retrouve pourtant sur ma lèvre que j'essuie du revers de la main. Essayer. Rien que le mot me donne envie de fuir. De m'enterrer dans mon appartement et puis sauter le voisin, par la même occasion. Le regard d'Isidore s'attache au mien. Mais moi, toujours aussi peureux et mal apprivoisé, je le lâche, sans aucunes manières. Je laisse une barrière se forger entre nous deux. Même si au fond, elle est naturellement dressée entre nous. On vient pas de la même planète, pas du même monde. On a pas des gênes compatibles pour quoi que ce soit. Lui, il est beau, il est beau d'aimer la vie jusqu'au dernier détail. Et moi, moi je sais pas. J'sais même plus si je suis beau, si le masque est encore là. J'en sais rien alors je me la ferme, en laissant le temps défiler jusqu'à me recevoir une nouvelle claque. J'ai perdu la foi d'avancer, d'essayer, comme le dit Isidore. « ...écouter la terre, je veux dire. la nature, tout ça. c'est peut-être pas toi, oui, c'p'être c'que tu crois, mais...c'est quelque part en toi. on vient tous de là. » Et pour la première fois depuis mon arrivée, un rire s'échappe de mes lèvres, moqueur, cynique. Il n'est peut-être pas seulement contre l'indien mais aussi contre moi. Je l'ai, la nature, au fond de moi, mais la nature sauvage. La méchante, la haineuse, celle qui pousse à écraser l'autre et mourir pour des futilités. À nouveau, la bouteille épouse mes lèvres, pour me donner un peu de consistance et de force. Sans elle, je suis incapable d'assumer quoi que ce soit.

« Je pense pas que parler aux étoiles puisse m'aider. Jusqu'ici, la seule chose capable de me sortir de la merde, c'était le fric et les relations. C'est fou l'influence qu'on peut avoir sur la justice une fois les poches pleines. » Tout cela me fait sourire, d'un désespoir des plus acharné. En buvant comme un con à cette bouteille, je trinque à cette triste gloire. Je trinque à mon incapacité à m'ouvrir l'esprit. « La nature, les oiseaux, les arbres, les nuages, ça fait bien longtemps que je les regarde plus. Ça fait des années que je m'en suis détaché. On m'a enlevé quelque chose, je sais pas quoi, juste l'impression d'avoir été robotisé. J'sais même pas pourquoi je viens ici, tu sais. La terre, elle abîme mes chaussures encore plus. J'aime pas les animaux. Et le lac … le lac. Je sais même pas nager. L'eau, elle me terrorise. » Le timbre est froid, rauque, aussi sombre que mon âme. Il ne doit plus rien y rester, sous cette chair. Ma main se tend vers Isidore, lui offre la bouteille. « Mais toi qui vit ici, toi qui connaît la nature ; t'es pas né comme ça, je suppose. Tu me l'as même dit la dernière fois, fin avec le livre j'veux dire. T'es mieux qu'avant depuis que tu vis comme ça ? » Et enfin, je me perds dans son regard, à la recherche d'une réponse.
Dis le moi, Isidore, que tu es mieux. Fais moi croire qu'il y a peut-être encore un espoir.
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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyJeu 5 Sep - 2:24


Elles sont belles, les étoiles. Tout autour, telle un cadre gigantesque, le feuillage des arbres les encercle, là, et puis les caresse, tendrement, pour les faire briller un peu plus fort. Elles sourient, les étoiles, là, sous le toucher voilé des feuilles tourmentées, et elles rient, doucement. Il suffit de tendre l'oreille, un peu, à peine, pour capter les mots, et puis les rires des plus hautes, là, dans le ciel. Isidore, lui, se contente de fermer les yeux, un instant, petit, infini, pour les entendre clairement. Il sent son coeur, là, au fond de sa poitrine, qui devient soudain bien grand, trop grand, et le souffle du vent, là, qui caresse ses sentiments. Isidore, il ouvre rapidement, oui, ses yeux, de peur que le ciel est eu droit à un changement. Il y a un petit soupir de soulagement, là, entre ses lèvres, et puis une lueur d'enfant, au fond de ses prunelles, alors qu'il voit, oui, qu'il voit réellement, que les petites, que les magnifiques, elles sont toujours là. Alors, il sourit, là, tel un enfant, montrant toutes ses dents, se les gelant, surement, et puis observant. Isidore,  il observe avec le coeur grand, pour ne rien manquer, pour tout voir et tout goûter. Il s'en fiche bien, oui, du souffle du vent qui casse les branches, qui fait virevolter les papillons, et puis tourmente  les lucioles, un peu, parfois. Non, Isidore, il se contenter de dévisager la beauté, dans l'espoir, qui sait, de la gravé pour l'éternité au fin fond de ses pensées. Dans l'espoir de ne jamais, oh non jamais, oublier.

Il sourit, encore, toujours, en tendant les yeux un peu, un petit peu, en direction de Julian. Il le trouve drôle, peut-être, au final. Ce petit contraste, là, au travers des feuilles et des argents, dans ses habits de marques. Certains diraient qu'il ne fait que mettre de la laideur dans la scène, pourrir l'air de ce qui est vrai, mais Isidore, non. Isidore, il trouve ça beau, ce joli tableau. Il l'observe, un peu, avec sa bouteille d'alcool, et puis cet air un peu brisé, sur ses traits. Il observe, sent dans l'air, le malaise de son âme, et puis il entend le chant du vent, là, contre ses traits, qui essaie d'apaiser ses tourments. Il voit, oui, il voit Julian le vaillant, le n'importe comment, il essaie de ne pas penser, il essaie de l'éloigner, le vent, d'une nouvelle gorgée. Et puis c'est beau, à ses yeux, d'une manière certaine, comme scène. Il se laisse charmer, doucement, et sent cette envie, au fond de dessiner.

C'est un sourire, là, qui se dessine sur ses lèvres, lorsque Julian. Lorsque le rire, laid, cynique, caresse les airs et puis fait peur aux feuilles, qui se tournent sur le revers. Isidore, pourtant, il sourit. Il n'y voit aucun mépris, le petit. Ou plutôt, il l'observe avec amusement, là, le mépris de Julian, dansant contre le vent. Car ce n'est pas chez lui, ici, c'est un autre monde, alors le rire, il se mêle au temps, et puis ne parvient pas à destination. Isidore l'observe, pourtant, tout au long de sa danse. Il l'observe, au travers de chacun de ses mouvements, il se gorge de cette image abstraire, insultante pour certains, et puis la dessine, délicatement, dans sa tête. Il la dessine, oui, pour la graver, un jour, peut-être.

Isidore, il a envie de faire une toile de toi, Julian. Oui, de toi. De tout ce qui nage, là, qui coule, qui fait naufrage, autour de toi. Il a envie de cette laideur, si belle pourtant, au bout de ses doigts. Il a envie de se tuer la tête, oui, pendant des heures, pour trouver les bonnes couleurs, et puis pour dessiner tes traits, les peinturer, finement, et les immortaliser. Il a envie de te montrer, oui, peut-être, ce que tu sembles être, à ses yeux. Que ce n'est pas laid, non, encore moins beau, mais que c'est réel, tout bonnement, et unique, et parfait, par ce même fait. Isidore, il a envie de montrer au monde, tout bonnement, surement, que rien n'est beau est laid, mais tout est vrai. Que la beauté, la vraie, celle sans mot, c'est dans la vérité que l'on peut la trouver. Au travers d'une âme abîmée, un peu trop épuisée, qui se met à murmurer des méchancetés. Au travers du mec un peu paumé, là, quittant son château dorée pour s'aventurer là où tout est né.

Alors, l'indien, il sourit tout bonnement, sans le moindre fracas. L'indien, il observe, attentivement, le moindre changement. Les étoiles sont loin, maintenant, elles se sont tues un peu, pour laisser place à la tourmente du prince qui, perdu, a abandonné son royaume pour un peu de verdure. Isidore, il l'écoute attentivement, avec ses yeux de Peter Pan, de grand enfant. « Je pense pas que parler aux étoiles puisse m'aider. Jusqu'ici, la seule chose capable de me sortir de la merde, c'était le fric et les relations. C'est fou l'influence qu'on peut avoir sur la justice une fois les poches pleines. » Isidore, il lui adresse un petit sourire, là, compatissant. Il la connait, cette histoire ; elle s'est baladé sur le bout de ses doigts, au fond de son coeur, et il lui a fallu du temps, oui, bien tout temps, pour en vomir tous les litres. L'américain, il se tait au travers du bruit des vagues, de la vie, pour le laisser penser. Pour le laisser être. Il s'en fiche, un peu, qu'il crache sa haine. Tout doit être dit, un jour; même les mots les plus pourris. « La nature, les oiseaux, les arbres, les nuages, ça fait bien longtemps que je les regarde plus. Ça fait des années que je m'en suis détaché. On m'a enlevé quelque chose, je sais pas quoi, juste l'impression d'avoir été robotisé. J'sais même pas pourquoi je viens ici, tu sais. La terre, elle abîme mes chaussures encore plus. J'aime pas les animaux. Et le lac … le lac. Je sais même pas nager. L'eau, elle me terrorise. » Isi, il a l'impression d'avoir droit à un enfant. Un enfant un peu trop grand, qui parle de ses sentiments. Et ça lui fait chaud au coeur, peut-être, d'entendre tout ça. Ça lui fait du bien, et puis ça met plus de couleur, dans sa tête, pour le coeur de Julian, du prince, sur la toile qu'il dessinera, demain. Qu'il peinturera, dans un quelconque destin.

Les prunelles sombres de l'homme se pose sur la bouteille de Julian. Sur son naufragé. Ça sonne un peu à un viens couler avec moi et Isidore, il sourit tout bonnement, sans la moindre pensée, avant de la prendre entre ses doigts. Car, Isi, il n'a pas peur, non, des vagues et des marées. Il est né, il lui semble, pour nager. Pour naviguer au travers de la vie le moindre gouvernail. Il l'accepte, alors, le naufragé de Julian, mais seulement pour y toucher. « Mais toi qui vit ici, toi qui connaît la nature ; t'es pas né comme ça, je suppose. Tu me l'as même dit la dernière fois, fin avec le livre j'veux dire. T'es mieux qu'avant depuis que tu vis comme ça ? »  La bouteille caresse le bout de ses doigts; il a bien longtemps, maintenant, qu'il n'a pas touché une bouteille encore pleine. Il se redresse un peu, d'ailleurs,, sourire léger sur les lèvres, la lueur de la lune au travers des paupières.

Sa tête, brusquement, se penche vers l'arrière. Pour de pareils mots, il a besoin des étoiles, Isidore. Il veut leur donner la noirceur qui teintera ses mots, pour les faire briller encore plus fort. Et il sourit, un peu, sincère, à cette petite pensée, avant d'observer le prince, de nouveau. Avant d'observer Julian, de nouveau. « Elle est jolie, ta bouteille. » Il penche la tête, un peu, sérieux peut-être, avant de la lui rendre. Il la lève dans les airs, pourtant, au travers du transfert, pour la mettre face à la lune. « La lune est immense, dedans. Observe longtemps, bien longtemps, et tu en viendras à croire que tu la bois elle... cette immortelle, cette pureté intouchable. » Il ricane, tout bas, un peu comme ci, un peu comme ça, avant de la lui rendre. « Mieux ? ça sonne léger. » Ses yeux se lèvent vers le ciel « T' sais.. j'te dis ça, en toute franchise, parce que tu pose la question, pas pour faire mélodrame ou j'sais pas quoi. j'raconte juste, quoi, comme ça, parce que j'veux bien, et puis c'pas un truc que j'veux cacher. j'en suis fier, quand même, malgré la tristesse qui s'y baigne, tout bas. donc, voilà. la petite histoire de l'indien. » Il rit encore, les yeux plissés, illuminés, avant de continuer. « tu sais, les fusillades, c'pas du joli. ça sonne toujours beau, et puis captivant, quand on les voit à la télé. celle en alabama, en 2010, j'peux te dire, c'était pas une beauté. en tous cas, si c'est l'cas, elle était un peu défigurée. » Un souffle, là, entre ses lèvres. Il sourit, pourtant, Isi. Il a l'air heureux, Isi. Il l'est, oui, au fond. Ce moment, aussi triste puisse-t-il être, il le chérit de tout son coeur, pourtant. « emilie s'est pris une balle, la vie l'a laissé filer. j'ai réussi à l'attraper entre mes doigts, tu vois, j'ai conservé tout ce qu'elle avait bien pu me murmurer, tout ce qu'elle a pu me crier, surtout, et puis, j'me suis envolé. j'me suis tiré, comme elle s'est tirée. j'ai essayé de la suivre, peut-être, mais au au bout du sentier, tu sais, c'pas elle, non, c'pas elle que j'ai trouvé. » Il y a tant d'étoiles, là, qui brillent si fort, au fond de ses yeux. « c'est moi. » Et il rit, encore, en passant une main dans ses cheveux, comme si c'était quelque chose de merveilleux. Parce que c'est merveilleux, au fond, et puis magique, à la fois. Parce qu'il est bien, maintenant, Isi, au travers de tout ça.

Parce que Isi, il a trouvé son bonheur au travers d'une petite balle.
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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyVen 6 Sep - 23:56

La nuit est belle, belle comme elle ne l'a plus été depuis longtemps. La nuit est belle, là, à recouvrir la terre de son voile funeste. Elle est encore plus agréable dans les pupilles d'Isidore. Elle danse dans ses yeux comme deux pierres précieuses. Le monde dans lequel je suis ce soir ne m'appartient pas. Il est différent, peut-être plus beau, qui sait. La musique des boîtes de nuit s'est transformée au chant des oiseaux. On a troqué la débauche contre les étoiles. Et puis la lune, aussi, grande, mélancolique. Les billets de banque devenus feuilles d'arbre vibrent au contact du vent. C'est un peu comme si, la magie s'était incrustée dans chaque détail de la vie, à mon insu, sans que je ne m'en rende réellement compte. À cette lumière invisible, je peux sentir la douleur de mon cœur s'apaiser. Il bat moins vite, semble prendre du repos, pour mieux recommencer demain, à souffrir, à gesticuler trop rapidement pour un oui ou pour un non. Ce n'est qu'une illusion, de toute façon, comme un rêve, mais éveillé cette fois-ci. Il est fragile, ce moment passé avec Isidore, il est fragile parce qu'il est agréable. Et l'agréable, on peut le comparer avec le bonheur : sa durée de vie est limitée. Seule l'angoisse peut encore se permettre une telle grandeur. Parce qu'elle, elle règne sur un royaume déjà fondé, déjà brisé. Mon âme est ravagée, et elle, douce vipère, elle suce mes élans de vie, l'ardeur de mes pensées, l'éclat de mes rires. Elle vole les étoiles logées au fin fond de mes pupilles. C'est pour ça, d'ailleurs, que mon regard est si sombre, si moche. L'argent l'a saccagé, le boulot aussi. J'ai oublié de rêver pour gagner ma vie. Gagner sa vie, c'est tellement pitoyable.
Et si je la perds, je fais quoi ? Je deviens quoi ?
Rien. C'est simple, rien.
Rien du tout. Comme Isidore.
Personne ne le voit, mais il existe, lui.
Et moi, alors ?
La boîte crânienne explose, pas une pensée de plus.

« Elle est jolie, ta bouteille. » Jolie, la bouteille. Mais moi, je ne vois que le liquide qu'elle contient. Je ne vois que la légèreté qu'elle donne à mon esprit et la lourdeur dans mes pieds. C'est drôle, quand on y pense, cette bouteille, ou plutôt, ce liquide, il me donne des ailes pour me mettre du plomb dans les jambes. Au final, je reste toujours le même, avec des espoirs en plus, peut-être. Mes yeux s'attachent aux doigts d'Isidore, ou plutôt à cette bouteille, que je ne trouve même pas jolie. Et la lune, astre de nuit, elle caresse le liquide, puis le verre, avant tout, elle s'y reflète, différemment que pour le lac. Elle est plus grande, un peu abîmée, elle attire l'attention, pour être centre du monde. Le centre de tout. Et ça marche, comme à chaque fois. Les paroles d'Isidore lui sont destinées, on pourrait presque la voir rougir, tout la haut, perchée. On lui donne de l'importance sans la connaître. On lui donne notre fascination sans jamais l'avoir découverte. Ce doit être l'inconnu, l'intouchable qui la rend si agréable. « La lune est immense, dedans. Observe longtemps, bien longtemps, et tu en viendras à croire que tu la bois elle... cette immortelle, cette pureté intouchable. » La lune sourit, bat des cils, des larmes d'émotion coulent même en faible rayon sur le visage de l'indien. Pour le remercier peut-être. Ou le bénir de son amour pour le monde. Mon visage, lui, il reste sombre, à peine illuminé. L'ombre de ma colère est palpable, même à une heure si tardive. Même ici, là, sous les paroles tendres d'Isidore. Rien ne change, tout évolue, se déforme. Flou, dans la tête. Flou, dans les yeux. Flou, dans le cœur. Flou, dans la vie. Mon visage se dirige vers lui, s'attache à ses yeux enchantés. Mais comment fait-il ? Comment parvient-il à se perdre là-dedans ? Dans cette masse sombre. C'est ce que mon âme toute entière se demande sans même poser la question. Doucement, la réponse s'y dessine, dans ses paroles, dans ses gestes. Mes doigts frissonnent au contact du verre gelé de la bouteille, ils la calent, là, entre mes jambes. Cinq d'entre eux cherchent dans ma poche, en sortent une cigarette et un briquet. Douce toxine. La vie ne se résume qu'à ça, après tout : une suite d'inspiration et d'expiration. Une valse à deux temps.

La fumée se fraie un chemin jusqu'à mes poumons. Elle rencontre mon âme, s'accroche à celle-ci. « T' sais.. j'te dis ça, en toute franchise, parce que tu pose la question, pas pour faire mélodrame ou j'sais pas quoi. » ses mots m'atteignent, en même temps que le petit nuage s'arrache à mes lèvres pour se perdre dans le vent. Je fixe à présent le bout rougeoyant tenu entre mes deux doigts. Et j'attends, doucement, en silence, qu'il continue son récit. Qu'il étonne mon âme. Qu'il me rabaisse, un peu. « j'raconte juste, quoi, comme ça, parce que j'veux bien, et puis c'pas un truc que j'veux cacher. j'en suis fier, quand même, malgré la tristesse qui s'y baigne, tout bas. donc, voilà. la petite histoire de l'indien. » Le vent me surprend, s'engouffre dans mon dos. Je frissonne, peut-être pour ce courant d'air. Ou bien pour Isidore, ou les deux. Inspiration, de lui. Ce qui va suivre est tragique et pourtant, il sourit encore, l'indien. Ses mots portent même une certaine légèreté. J'ai l'impression de faire face à un nuage. Moi, je suis la goutte de pluie qui s'en échoue, celle qui s'écrase au sol. Celle que personne n'apprécie à sa juste valeur. Celle qui efface l'encre. Celle qu'on évite sous un parapluie. Mon corps se contracte, pour mieux recevoir l'impact de ses paroles, ne pas tressaillir sous une peur démesurée. Au milieu de la nuit, elles arrivent, les phrases d'Isidore. Nombreuses. « tu sais, les fusillades, c'pas du joli. ça sonne toujours beau, et puis captivant, quand on les voit à la télé. » Expiration, du vent, mélangée à la fumée. Les lèvres tremblent peut-être, qu'importe, de là où je suis, on ne voit rien. On ne ressent rien. « celle en alabama, en 2010, j'peux te dire, c'était pas une beauté. en tous cas, si c'est l'cas, elle était un peu défigurée. » Nouvelle inspiration, plus forte, plus captivée que jamais par Isidore. Mon regard se perd même contre ses lèvres, encore déformée par un sourire. « emilie s'est pris une balle, la vie l'a laissé filer. » La cigarette se consume entre mes doigts. La mort m'effraie et c'est à cause de ça que je fixe à présent la fumée dans le vent. Elle met si peu de temps à disparaître qu'on pourrait penser à un fantôme, là, s'évadant de mes phalanges. « j'ai réussi à l'attraper entre mes doigts, tu vois, j'ai conservé tout ce qu'elle avait bien pu me murmurer, tout ce qu'elle a pu me crier, surtout, et puis, j'me suis envolé. j'me suis tiré, comme elle s'est tirée. j'ai essayé de la suivre, peut-être, mais au au bout du sentier, tu sais, c'pas elle, non, c'pas elle que j'ai trouvé. » Le temps marque un arrêt. Autant pour lui que pour moi. Je le fixe, là, la bouche un peu ouverte, d'où s'échappe encore un peu de nuage cancéreux.
Les secondes se désagrègent, comme s'est désagrégée la superficialité, un peu plus tôt.

« c'est moi. » Et son sourire, là, qui illustre ses pensées, son état d'âme. Ce putain de sourire lumineux que je n'ai jamais su adopter. Cette trace de beauté dans le tragique. Cette façon de rebondir, même lorsque les ténèbres sont plus présentes que jamais. Je me sens con, encore un peu plus, à le voir si haut perché dans son monde et moi si défoncé. Des traces de piqûres contre mes veines, elle est là, ma façon de me trouver. Au creux de mon bras, c'est là que tout commence. L'alcool se perd encore dans ma bouche, se mélange à la fumée. J'ai envie de lui ajouter qu'à mes yeux le monde n'est pas beau mais rien ne quitte mes lèvres. C'est le néant, dans mes pensées, dans mon cœur figé. Il me faut du temps, avant de reprendre la parole, quelques minutes, certainement. Juste de quoi fixer le lac et mourir sous le contact de ma cigarette. « On a tous notre façon de réagir face à une tragédie. Y en a qui en meurent, d'autres qui pleurent, beaucoup. Même trop. Y en a, qui, comme toi, parviennent à sortir la tête de l'eau, à en tirer quelque chose. » Mes yeux se baissent, vers la terre, j'y connais rien à tout ça, c'est bien ça le problème. Je brasse juste de l'air. « Puis y a aussi ceux qui disent rien mais qui la digère jamais. Elle finit par vivre en eux, la tristesse. Et puis par les rendre con. » Toujours ce froid, dans mes mots, dans mes gestes, dans mon regard. Mes lèvres sont d'acier, elles ne se tordent pas sous la force. « J'sais même pas pourquoi on parle de ça au final. Mon esprit est trop fermé, conditionné à ne croire en rien. J'en ai plus rien à foutre de me trouver ou pas. J'suis moisi, de toute façon. Mais au moins, l'humanité est peut-être pas totalement perdu avec des personnes comme toi. Même si les gens comme toi, en général, ils se font écraser par les autres. T'sais, ceux qui ont le pouvoir, rien ne leur échappe. » La vérité c'est que je baisse déjà les bras. Je m'enferme encore une fois dans mon monde, pour me faire souffrir un peu plus, peut-être. J'hésite à me lever et quitter le lac. J'hésite entre tout un tas de choses comme partir et ne plus revenir, comme rester et puis l'entendre parler pendant que moi, pauvre robot, fixe l'horizon, incapable de ressentir comme lui. Mes yeux vitreux s'accrochent à lui. Lui et son vrai courage.
Regarde, Julian, comme tu es tout petit et minable, à côté de lui.
Meurs, de honte.
Meurs, pour ses mots.
Ou bien revis. Qu'importe.
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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyLun 9 Sep - 3:20


C'est beau ; juste là, au fond des prunelles de Julian. C'est beau. Il y a tout ce noir, oui, pourtant, tout ce noir, là, que l'on a peur de toucher du bout de ses doigts, et pourtant, il y a quelque chose de beau, au travers de tout cela. Isidore, il l'observe sagement, le regard du prince, tout en parlant. Il s'y perd, peut-être, comme si c'était une mer noire, sans le moindre repère, et qu'il était un pirate, là, sous son petit bateau qui a le mal de mer. Qu'importe, au final. Isidore, il a toujours eu ce rêve, un peu enfantin, c'est certain, d'être un homme de la mer. Alors, il navigue, là, au creux de ses yeux, sans que l'autre ne fasse quoique ce soit. Il faut dire ; c'est si noir. On n'y voit pas quoique ce soit. Mais Isidore, il n'en a pas peur, de tout ce noir. Il voit, là-bas, là-bas, derrière les pensées bien faites et l'armoire de pierre, quelque chose de doux qui se dessine. Quelque chose de beau, oui, qui est là, dans un coin, prisonnier de noires pensées. Il a envie, Isidore, de le serrer dans ses bras. Pourtant, il ne bouge pas. Il se contente d'être là, l'indien, tout bonnement là, avec ce sourire, sur les lèvres, et puis cet éclat de larmes, léger, sur le coin de ses prunelles. Il est heureux, soudain, d'être là, et puis de vivre, tout bonnement, juste comme ça. Il est heureux de ses malheurs, pour toutes ces couleurs, là, qu'il a bien pu voir, au cours de sa vie, au cours des premiers pas, du moins. Et il se dit, heureux, il se dit, plein d'espoir, que Julian, le prince, et bien, peut-être qu'un jour aussi, il y goûtera. Il le mérite.

Tout le monde le mérite.

Les prunelles d'Isidore ne se tournent pas vers les cieux, cette fois. Il observe le prince, Julian, toujours attentivement. Peut-être, au fond, essaie-t-il de lui tendre la main. Lui-même, il ne le sait pas. Il voit l'écho de ce monde, de son ancien monde, là, juste là, tout près de lui, et malgré son envie de l'éloigner, il ne le fait pas. Il se contente de l'observer, là, tout bonnement, en attendant quelque chose. Quoique ce soit. Un cri, peut-être, ou alors une insulte, pour qu'il cesse de le regarder comme ça. Il essaie de comprendre l'animal, certainement. Mais Julian, il ne fait rien de tout cela. Il se contente de boire, et puis de fumer, encore. Il y a un souffle, là, qui se glisse entre les lèvres de l'indien, et puis glisse jusqu'à les siennes. Ou chasser un peu la fumée, certainement, et puis lui faire goûter la saveur de l'été, surement. Isidore sourit, un peu, tout bas, un peu comme un chat, surement, avant de tourner ses prunelles vers le ciel, encore, et t'observer, là, ces étoiles dont il ne se souvient jamais des noms. Il a envie de tendre la main, doucement, chose qu'il fait, sans gêne, et puis d'en prendre quelques unes, là, entre ses doigts, pour les mettre dans les yeux de Julian. Ou alors, pour qu'elles se serrent toutes, là, fort contre sa peau, au point de faire disparaître ses maux. Il sourit un peu plus, l'indien, à cette pensée, avant d'imaginer, doucement, un lit étoilé, bien gonflé, où il pourrait se laisser glisser pour une petite éternité. Il imagine le bonheur, au fond des prunelles de Lys, juste à voir la chose. Isidore sourit un peu plus, les doigts dans le sable, douce caresse, descendant les autres doucement, en se disant, discrètement, en se promettant surtout, d'écrire une histoire, là, pour son petit trésor. Pour sa fleur de Lys, au sujet d'un lit d'étoile.

Il ferme les yeux, un peu lentement, Isi, lorsqu'il entend la voix de Julian s'élever. Il n'y a pas de surprise. C'est comme le souffle du vent, ou alors, le chant des oiseaux. L'indien se contente de sortir de ses rêves, un peu, assez pour l'entendre, et puis, les prunelles toujours là, toujours loin là, il l'écoute sans le moindre fracas. Il ne le coupe pas. Il l'écoute, tout bonnement. Les mots, après tout, sont faits pour être entendus. « On a tous notre façon de réagir face à une tragédie. Y en a qui en meurent, d'autres qui pleurent, beaucoup. Même trop. Y en a, qui, comme toi, parviennent à sortir la tête de l'eau, à en tirer quelque chose. » Les doigts dans la terre, Isi, il a envie de les entremêler aux siens. Mais il ne bouge pas ; il écoute les mots, tout bonnement. Il lui semble que, le moindre mouvement, il pourrait faire cesser les mots de Julian. Et Isi, il n'a pas envie de cela. Il veut entendre, tout entendre. Il veut le connaitre, tout bonnement, qu'importe qu'ils ne viennent pas du même monde,  et qu'ils ne partagent pas les mêmes opinions. « Puis y a aussi ceux qui disent rien mais qui la digère jamais. Elle finit par vivre en eux, la tristesse. Et puis par les rendre con. » Les lèvres d'Isi se tordent doucement en une moue triste, alors que ses prunelles, toujours accrochées aux cieux, se font vagues. Peut-être essaie-t-il de comprendre. Qu'importe au final ; il n'est que toucher. Toucher par les mots, brusques, à vif, qui sortent de la bouche de Julian. Peut-être a-t-il envie de lui fermer les yeux, juste un instant, pour lui faire oublier son monde, et puis lui montrer le sien. « J'sais même pas pourquoi on parle de ça au final. Mon esprit est trop fermé, conditionné à ne croire en rien. J'en ai plus rien à foutre de me trouver ou pas. J'suis moisi, de toute façon. Mais au moins, l'humanité est peut-être pas totalement perdu avec des personnes comme toi. Même si les gens comme toi, en général, ils se font écraser par les autres. T'sais, ceux qui ont le pouvoir, rien ne leur échappe. » Elles se détachent des cieux, au final, les prunelles d'Isidore. Il n'est pas blessé, non, pas ses paroles, il se contente tout bonnement de l'observer. Peut-être qu'il comprend. Peut-être que, depuis longtemps, il a accepté l'enfer du monde. Isi, il n'en veut à personne. Le temps passe, doucement, alors qu'il se contente de l'observer, juste comme ça. Peut-être qu'il voit quelque chose, quelque chose de beau, oui, de précieux, là, sous ses yeux, que l'autre ne voit pas. Peut-être qu'il voit une lumière, là, enfin, au fond de ses prunelles.

C'est surement, oui, surement pour cela, que ses doigts, sales, se glissent jusqu'aux siennes. Il les emmêle, là, doucement, sous son regard méfiant, en lui souriant légèrement. « je te vois, moi . » Ça veut tout dire, et puis rien, à la fois. Peut-être que oui, au fond, Isi il voit Julian, là, derrière les mots brusques. Peut-être que, au fond, Julian, il a juste oublié, pour ne pas penser, pour ne pas être torturé, qu'un jour, et bien, il a été. C'est peut-être pire, au final, que de ne jamais se trouver. S'oublier, et se renier. Peut-être, oui, est-ce le cas. Du moins, c'est ce qu'il croit, Isi, car il aime là, derrière ses prunelles, ce qu'il voit. Son sourire, un peu fantôme, un peu enfant, il s'évade de ses lèvres, doucement, alors que ses doigts quittent les tiens. C'est comme, tout d'un coup, comme si rien n'avait eu lieu. Ils tournent de nouveau ses yeux vers les étoiles, pour capturer leurs murmures, pour les apaiser d'un long échange appuyé avant de, tout doucement, souffler ; « j'ai envie de t'embrasser, mais certains trouvent ça déplacer. »  Il ricane,  un peu, avant de l'observer, espiègle, au fond de ses yeux. Il a envie de l'embrasser, oui. De lui donner un peu d'humanité, un peu de vie. Julian semble avoir oublier, avec tout ce temps, tout cet argent, ce que peut bien être la vie. Et Isi, le coeur vaillant, il veut toucher, au moins une petite fois, le coeur de Julian, là, juste là, avant qu'il ne cesse tout battement. « Beaucoup ne connaissent pas l'importance d'un baiser. Tout ce qu'il peut apporter ; un baiser, c'est un peu comme un message, tu vois. Un petit ; j'aime ce que tu es. Ne change pas, reste comme ça.  Quelque chose comme ça, oui. Y'a bien des gens, ils disent, trop figés d'un côté, qu'un baiser, ça veut dire juste je t'aime. C'est triste, un peu, de le limiter à ça. Un baiser, c'est un message, ouais, que les mots, bah, ils peuvent pas porter. Ils sont pas assez fort, pour transmettre un message comme ça. Sa voix n'est qu'un souffle, au creux de sa gorge, qu'il laisse glisser dans les airs, et puis contre les traits de son ami, là, juste là. Son sourire est un peu plus grand, comme son honnêteté est flagrant, et il dit, encore, alors qu'il se redresse d'un mouvement, le pantalon glissant. « J'ai envie de t'apprendre à nager, aussi. J'serais ta bouée. » Il observe le lac, là, si calme, devant eux, et puis un soupire, tout bonnement, heureux. Il a envie de tant de choses, Isi, et il sait bien, au fond, que très peu d'elles arriveront. Mais il tente, du moins, pour ne pas laisser glisser sa chance, pour avoir oser, du moins, au moins partager.

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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyDim 22 Sep - 2:39

Ses doigts s'emmêlent contre les miens. Sales et usés, au contraire des miens, recouvert de superficialité et de crème anti-âge. J'ai l'impression que le monde entier me revient soudainement au visage, là, au travers de ce simple contact. Ma main se met à brûler, doucement, sous ses phalanges. Les battements de mon cœur s'accélèrent, aussi et descendent, doucement, jusqu'à mon poignet. Je peux le sentir, battre à vive allure derrière mes veines gonflées de désespoir. Tout est si nouveau, ici, au fond. Je renais, à chaque seconde, sur une terre que je n'ai jamais côtoyé. Dans des sentiments jusqu'ici totalement inconnus. Ceux de la découverte, de la curiosité. Peut-être même du rêve. J'ai si peu l'habitude, de tout ça, que chaque respiration semble résonner contre mon âme. J'en viens même à resserrer mon étreinte, doucement, de mes doigts tout aussi brûlants. Le sourire ne renaît pas sur mes lèvres, non, il reste discret, éphémère, caché quelque part dans mon cœur. Ou juste dans mes tripes. Quelque part, je le sens, lui et ses envies de liberté. Il pleure, me demande de le laisser se dessiner contre ma bouche asséchée. Il tremble, à cette injustice. Mon regard, trop sombre, trop brusque, se perd sur le lac. D'ici, l'eau y paraît noire. Intense. Interminable. Un trou béant, capable d'aspirer la moindre particule. Comme un puits sans fond. Celui dans lequel j'ai plongé il y a des années de ça, peut-être. Ou un autre, encore plus détestable et terrifiant. La rupture de ses doigts avec les miens me décroche un nouveau frisson. À fixer cet étendu, c'est un peu comme s'y échouer soudainement, s'y noyer après y avoir été poussé. Ma respiration se coupe et mon estomac se tord. Les sensations se retrouvent décuplées. Respirer l'air en devient douloureux. L'oxygène me brûle les poumons, violente. Trop pure.
Aussi pure que le regard d'Isidore.

« j'ai envie de t'embrasser, mais certains trouvent ça déplacer. » Un rire fendu accompagne cette phrase, se perd contre son rire plus sincère et impétueux. Je le regarde, du coin de l’œil, comme pour le questionner. Mais je sais à l'avance, qu'il argumentera. Je sais qu'il me donnera des explications, dans les moindres détails, sous toutes les coutures. Alors, je me contente de le fixer, de mon regard mélancolique. La bouteille se retrouve abandonnée au sol. Le silence s'installe, entre nous, quelques secondes, légers. Il met en place les pensées, évacue les ondes négatives. Mais il en reste toujours, sous ce ciel étoilé. Sous cette lune trop grande pour flotter dans l'air. Mes doigts se perdent contre mes genoux, les masse, douloureux. J'ai le corps tout entier qui n'est qu'une crampe, je brûle d l'intérieur. Les flammes s'agrandissent, ne laissent plus que des cendres derrière elles. Et moi, pauvre victime, je crie en silence, contre ce vent qui ne fait que les alimenter. Les paroles d'Isidore jette un peu plus d'essence sur ma médiocrité. Sur mon envie de fuir cet endroit et mourir dans l'alcool et la drogue. Oublier, que demain, je finirais une corde autour du cou, derrière un bureau bien plus cher que mon salaire. « Beaucoup ne connaissent pas l'importance d'un baiser. Tout ce qu'il peut apporter ; un baiser, c'est un peu comme un message, tu vois. » Et si je viens à l'embrasser, là, toute ma douleur ira jusqu'à lui ? C'est ça, hein ? C'est aussi simple, de partager. ? Mes lèvres tremblent, de froid, peut-être. Ou de peur. Qu'importe, elles tremblent et ma main se pose sur celles-ci, pour ne surtout pas les rendre visible. « Un petit ; j'aime ce que tu es. Ne change pas, reste comme ça. Quelque chose comme ça, oui. » Y a rien à aimer chez moi, c'est bien ça le soucis. J'suis aussi crade que la cuvette des chiottes publiques. J'ai envie de me pendre, tiens. Ouais, pourquoi pas. « Y'a bien des gens, ils disent, trop figés d'un côté, qu'un baiser, ça veut dire juste je t'aime. C'est triste, un peu, de le limiter à ça. Un baiser, c'est un message, ouais, que les mots, bah, ils peuvent pas porter. Ils sont pas assez fort, pour transmettre un message comme ça. » Mais ils existent aussi, les baisers qui veulent rien dire. Les baisers pour annoncer un coup de rein un peu plus fort que les autres. C'est certainement ceux que j'utilise le plus souvent, le plus vite. Les plus efficaces et qui font encore croire des tas de choses aux autres. Pourtant, ils sont vides, putain, aussi vides que moi. Que mes caresses indélicates. Même regarder Isidore est une violence nouvelle. Y a pas une trace de sentiments positifs. C'est que de la tristesse, qui s'éternise, au gré de notre respiration. J'me sens soudainement obligé de lui dire, de le mettre en garde, comme une fatalité. « Y a aussi des baisers qui sont vides, Isi. Pas d'amour, rien. »Pourtant, comme un pauvre con que je suis, je me relève, en même temps que lui, comme pour l'empêcher de s'échapper. J'en sais rien.
Y a juste ma main, qui attrape son bras, délicatement.

« J'ai envie de t'apprendre à nager, aussi. J'serais ta bouée. » Nouveau frisson, contre ma colonne vertébrale. L'envie de l'embrasser se perd dans cette phrase alors qu'enfin, je le relâche. Mon regard rencontre une nouvelle fois le lac. Pourquoi pas, après tout. Ouais, pourquoi pas. Mon être tout entier se met à trembler, inévitablement. Pourtant, mes doigts agiles et soumis se posent sur ma ceinture et laissent le jean tomber au sol. Le cœur est au bord de l'explosion. La peur est grande. Mon estomac se tord, j'suis à deux doigts de la crise de panique. « Tu m'lâches pas une fois au milieu du lac, hein ? J'suis vraiment pas à l'aise une fois que j'ai plus pied. L'eau, c'est pas mon élément. » J'ai l'air d'un gamin, à le regarder, comme ça, avec mes paroles aussi incertaines que tout le reste. Mon t shirt rejoint le pantalon, au sol. Les rayons de la lune prennent soin à caresser les courbes de mon corps. Elle l'illumine, cette peau lacérée par la vie et le désespoir, un peu sèche, aussi. Vidée de sa vitalité. Mes pieds rencontrent l'eau. Cette eau glacée qui me décroche un frisson. Mon âme toute entière se fend déjà, à l'idée de finir au milieu de celle-ci. Pathétique, enfantin, mes yeux se dirigent vers Isidore, suppliant. Je lui tends ma main, doucement, comme si j'étais à deux doigts de me noyer. Je parviens même à l'attraper, de là où je suis. Un peu trop nerveux et désespéré, c'est d'un geste vif que je le tire contre moi. Peut-être trop fort, d'ailleurs. Nos torses se rencontrent dans un mouvement brusque. Ma respiration, trop vive, se mélange à la sienne, plus calme. « Tu pourras pas dire que j't'ai pas prévenu. »
Ouais, hein, Isi, tu viens de mettre un pied dans le sale, ça t'correspond pas. Pars.
Laisse le, dans son chagrin.
Pars, à la caresse du vent.
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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyMer 2 Oct - 22:34


C'est un voile qui se glisse sous ses prunelles, qui caresse son âme et qui éveilles les envies, là, au fond de ses tripes. Isi observe le ciel, le lac et puis les arbres, tout se qui vit et meurt, autour de lui, avec le coeur léger. Il ne comprend pas, depuis bien longtemps maintenant, ce que peut être un coeur lourd. Il tend les doigts, parfois, vers les gens, pour cacher un peu la lourdeur, la douleur, et y goûter un peu. Se rappeler peut-être, un petit moment, comment c'était, avant. À quel point les choses peuvent avoir changer, si en peu d'années. Il sourit, Isi, à observer les vagues muettes qui dansent sous ses yeux, sans gêne, caressant la berge et essayant de glisser jusqu'à ses orteils. Ses orteils sales ornés d'ongles bien trop long, maintenant, où se cache dessous un brin de terre qui s'est fait un nid. Il est bas, le regard d'Isi, alors qu'il entend de nouveau, dans sa tête, les paroles de Julian. Elles lui semblent si loin, maintenant, si tristes et pourtant, si belles. Il en goûte encore le goût dans l'air, sur le bout de sa langue, alors qu'il observe la danse de l'eau, près de lui, si près de lui, d'eux. Il se sent trop petit, soudain, face à ce monde si grand, et ses yeux s'emplissent de larme, de bonheur liquide, un petit instant, alors qu'il observe les nuages, délicats, qui vagabondent dans les cieux, qui se reflètent contre le lac, sous les éclats de la lune. Des petits éclats de douleur, un peu, qu'il se dit, comme pour se rappeler que tout n'est pas joli, que tout n'est pas beauté, et que tout n'est pas bonheur, surtout. Il a envie de tendre la main, Isi, pour les toucher, pour les sentir, pour profiter de son bonheur, ensuite, fort, toujours plus fort, mais ses mains ne se rendent pas, le ciel est trop haut, et il se trouve à être trop petit. Isi sourit, alors, en laissant sa tête tombée, tombée si bas, contre ses épaules, et puis se perdre de nouveau contre ses pieds, pour les observer. Il a toujours eu les pieds sur terre, Isi. Toujours, et cela malgré les ailes qu'on a bien voulu lui donner, malgré les ailes qu'il a bien voulu caresser, celles de Lyo dont il ne peut pas se passer. C'est un homme de terre, Isi.

Il entend encore, Isi, contre le vent, les derniers mots de Julian. Il lui semble que le silence ne veut pas être présent, ce soir, et que l'écho de ses mots lui revient un peu comme les vagues, légères, qui ne parviennent toujours pas à caresser ses pas. Les vagues, fragiles, qui ne souhaitent qu'une caresse. Sa phrase, crispée, fragile, qui ne souhaite qu'une réponse. « Y a aussi des baisers qui sont vides, Isi. Pas d'amour, rien. » Julian a la main sur son bras, maintenant. Peut-être un signe, un petit instant, léger, pour réclamer la réponse. Isi ne sait pas. Ju non plus, il lui semble, qu'il ne sait pas. Isi sourit, pourtant. Isi, il sourit, tout le temps. « t'sais, c'est ces baisers là, au fond, qui nous rappellent l'importance et le bonheur des autres » C'est un susurre, bref, léger, entre ses lèvres. Isi lui lance un sourire, un bref instant, avant de tourner ses prunelles de nouveau vers le lac. Il entend son appel, fort, au creux de ses tripes, et il sent la caresse du vent, si douce, contre ses traits. Il ne comprend pas, encore, pourquoi ils n'y sont pas, dans l'eau. Peut-être est-ce que, pour cette fois, elle ne va pas à son rythme. Il cesse un peu le pas, pour quelqu'un qui semble trembler, à chaque pas. Peut-être est-ce comme ça, oui, au fond, qu'elle le voyait, Emilie. Sa douce et jolie Emilie. Sa petite fleur de la nuit. Sa caresse, au fond de son coeur, ainsi que chaque battement, pour celui-ci. Emilie, c'est le nom de son coeur, oui, de son âme aussi, peut-être.

Les doigts de Ju ne sont plus là. Il s'est éloigné d'un pas, le prince, face à un monstre qu'il voit. Isi ne bouge pas, pourtant. Isi ne bouge pas, et n'attend pas. Il se contente de rester sans mouvement, le regard fixe sur les vagues, toujours faibles, toujours calmes, qui les attendent. Il ne bougera pas, le lac. Il ne bougera pas. C'est eux, oui eux, qui doivent bouger. C'est à Julian, au fond, de faire le premier pas. Et lui, et bien, il attendra. Il sourit un peu, Isi, un peu doucement, oui, en entendant les bruits de vêtement, de sa ceinture, là, derrière lui. Ils sont presque en accord avec les vagues et leur danse, qu'il se dit. « Tu m'lâches pas une fois au milieu du lac, hein ? J'suis vraiment pas à l'aise une fois que j'ai plus pied. L'eau, c'est pas mon élément. » Il sourit, Isi, un peu plus, sous la caresse de ses mots d'enfant, et sous celle du vent, également. Il sourit et tourne ses prunelles vers lui, brillantes, pétillantes, le coeur léger et grand, encore plus qu'avant. Julian lui semble beau, si beau, avec cette peur, au fond des prunelles. Il lui semble nu de tout, et non pas uniquement de ses vêtements. Il lui semble être lui, tout bonnement, sans masque et sans repères, sans cachette, aussi, et c'est merveilleux. C'est si beau, tellement plus beau, au fond, que son costume trois pièces.

Isi, il a des étoiles dans les yeux, un univers tout entier, là, à l'observer. À le voir, comme ça, si nu, sans fragile, se jeter dans l'eau. Ce ne sont que ses pieds qui caresse le monde glacé, mais c'est tellement plus, pourtant, aux yeux de l'indien. C'est un monde qui en rencontre un autre, brusquement, et une danse qui s'entame, un peu maladroite, mais si belle, à la fois. Il sourit un peu plus, Isi, il sourit et brille aussi fort que la lune, oui, en l'observant, alors qu'il retire son pantalon. Il n'y a que ça, sur son corps, au fond. Qu'un pantalon de jeans un peu trop grand. La caresse du vent éveille un frisson, contre sa peau, et il sourit un peu plus, toujours plus, heureux, comblé, en voyant les doigts tendus de Julian. Non pas qu'il ait envie de le toucher, d'en profiter, mais parce qu'il est heureux, heureux qu'il souhaite le faire participer à cette aventure, aussi petite soit-elle, en sa compagnie. Heureux qu'il réclame sa présence, ainsi, tout près de lui. Oui, Isi est heureux, à cet instant, d'assister à tout cela, de la part de Julian.

Il tend les doigts, doucement, Isi, pour les lier aux siens. Un peu trop doucement, peut-être bien, certainement pour en savourer l'instant, car Julian le tire brusquement. Un peu brusquement, comme un enfant qui ne connait pas sa force, certainement, mais avec tant d'émotion. Leurs corps se rencontrent et s'embrassent, et un rire s'élève dans l'air. Les oiseaux s'envolent des arbres, apeurés peut-être par le son trop vivant. Et Isi les observe, souriant, riant,  toujours serré contre le corps de Julian. Il rit, un peu comme un enfant, en profitant de l'instant. « Tu pourras pas dire que j't'ai pas prévenu. » Il lâche les cieux, Isi, pour tourner ses prunelles vers Julian. C'est fou un peu, comme il le regarde. Comment il regarde les gens, Isi. Comme s'ils étaient une merveille, dans ce monde. Comme s'il avait l'impression de voir un joyaux, tout bonnement. « prévenu de quoi ? » Il sourit, Isi. Il a oublié déjà, il est heureux, tout bonnement. Son coeur bat fort, dans sa poitrine, comme pour le hurler fort, tout autour de soi. Isi, il sourit, juste comme ça, les pieds dans l'eau, un peu, juste assez, parce que ça le rend heureux. Il s'éloigne de plusieurs pas, l'indien, le regard toujours au fond de celui de Julian, se glisse dans l'eau. Il se fait tout petit, comme un enfant, alors que l'eau ne lui arrive qu'aux genoux, pour être complètement enfoui. Le froid lui brûle la peau, presque, mais c'est si vrai, si naturel, comme sensation. Une exclamation le prend, comme ça, suivi d'un rire, et il se laisse un peu glisser sur le dos, sur l'eau, avant de revenir vers lui. « viens. viens julian, c'est...c'est un autre monde, littéralement. tout est vrai, tout est doux. c'est comme une caresse, toujours tendre, contre sa peau. laisse l'eau te caresser, julian, elle veut juste te dessiner, dans ses vagues, te dessiner et puis se souvenir de toi. » Il prend sa main, Isi, entre ses doigts. Il le tire un peu vers lui, et sourit quand même encore, malgré la résistance de Julian. L'eau a beau l'appeler fort, très fort, il revient vers l'homme qui tremble, et puis pose un baiser, léger, sur le bout de ses lèvres, un peu courage partager, qui sait. « viens, elle veut juste apprendre à te connaitre. tu sens sa caresse, là, contre tes pieds ? c'est sa manière à elle de te demander, de t'attirer. elle veut juste te toucher, et puis te nettoyer. essayer de prendre un peu de la saleté, pour te purifier. c'est un peu une mère, tu vois.... enfin, on dit ça de la mer, d'habitude, mais un lac...c'est juste un peu plus petit, mais ça en continue tout autant, de bons sentiments. » Il tire encore un peu plus, Isi, sur ses doigts, et ses yeux brillent de milles feux, cette fois, en voyant que le prince suit, sagement, tremblant.

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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyVen 4 Oct - 1:05

Ses doigts, contre les miens, ses doigts si doux et lumineux. Cette énergie qui s'en évade et s'insinue dans mes veines, jusqu'à mon cœur. Ce n'est plus de l'héroïne, cette fois, non, juste un sourire, un contact. Mes yeux s'y attachent, à cette union, faiblement, malgré le voile qui me gâche la vue. Mon corps est si crispé que c'est à peine si je parviens à respirer. L'eau, elle semble m'engloutir. Elle épouse mes formes et me décroche un frisson trop fort. J'ai l'âme qui se brise et termine au fond du lac. Je peux la sentir, disparaître, me vider, me lâcher. Il n'y a plus qu'Isidore, là, les yeux brillants, devant moi, à me tenir la main. La lumière Isidore. Oui, c'est ça, une lumière. Une chaleur rassurante. Un quelque chose que je n'ai encore jamais trouvé. Même pas aux lèvres d'Arseniy. Mes paupières se ferment, nerveuses tandis que mon pied s'enfonce un peu plus dans l'eau. J'ai la gorge tellement nouée que j'ai envie de lui dire. De la pleurer, ma peur. Elle m'étouffe, me rend chiffon. Je suis à peine capable de bouger, contre lui. J'ai l'air d'un con. Je me déteste à être si fragile. Je m'exaspère à sentir mon cœur bat trop vite, d'une peur incontrôlable. L'idée de renier encore une fois la vie me passe par la tête. Mes doigts tentent même de s'évader des siens. Ils hurlent, liés aux siens, ne comprennent. Allez quoi, Julian, tu vas pas te laisser prendre au jeu.
Ce serait tellement honteux, de relâcher la pression.

Et cette eau, qui grimpe, le long de mon corps meurtris. Je ne sais plus comment bouger, au milieu de cet étang d'inconnu. Cela fait si longtemps, au fond, que je ne sais plus rien du tout. Dans quelle flaque de sang marcher, quel cri hurler, quel démon côtoyer, quel cœur éviter. Y a plus de signaux, plus de repères, j'ai tout perdu, en même temps que mon innocence. Et le reste s'est retrouvé agonisant dans la tombe de mon père. J'ai même plus la haine qu'il faut. Elle est détruite par l'enterrement de l'être détesté. Le regard d'Isidore est si brillant qu'il semble m'éblouir, bien plus que la douce lune au dessus de nos tête. La terre est si loin, déjà, derrière nous. J'ai envie de la retrouver, de planter mes pieds dans celle-ci, m'enfoncer des morceaux de verre dans la peau. Me tailler les veines, comme un ado dépressif, c'est que je suis, après tout. Mais y a toujours les doigts de l'indien, contre les miens, la chaleur magnifique de son corps et cet inconnu qui vous surprend. Oh. Un mouvement d'eau me fait sursauter. Je perds par la même occasion sa main. Un grognement quitte ma bouche. Je panique, à le voir s'éloigner. J'ai le cœur au bord des lèvres, les oreilles qui sifflent, les poumons qui brûlent. Je coule déjà, alors que mon corps n'est même plus capable de remuer. Je tente pourtant de chercher sa main dans l'eau. Y a rien qui vient, putain, absolument rien. Que ce froid, comparable à celui de mon âme. Cette douleur dans les entrailles dont je tente de m'exorciser parfois, à coup de poudre dans les narines. « Isi ... » C'est un appel à l'aide, là, entre mes lèvres tremblantes. Isi, reviens contre moi. Me laisse pas tomber, sois pas comme les autres. Et le monde s'évapore autour de moi. La lune tombe au fond du lac, en même temps que mes pieds gelés.

« viens. viens julian, c'est...c'est un autre monde, littéralement. tout est vrai, tout est doux. » J'suis pas foutu de bouger. C'est pas possible, impensable. Putain, Isi. Ma lèvre se retrouve ensanglantée, par mes dents nerveuses. « c'est comme une caresse, toujours tendre, contre sa peau. laisse l'eau te caresser, julian, elle veut juste te dessiner, dans ses vagues, te dessiner et puis se souvenir de toi. » J'ai beau me concentrer sur la beauté de ses paroles, cette fois ça ne suffit pas. Y a la peur à mes trousses, elle me dévore le cœur, se dilue jusqu'à mes poumons et puis doucement prend part de tout. Comme un cancer généralisé, oui. Dans la foule, ses doigts retrouvent les miens. Mais cette fois, j'les refuse presque, j'ai envie de les éviter. Je sais ce qu'il veut, l'indien. Je le sais et ça me fout en l'air rien qu'à y penser. Mon corps reste comme une pierre brute, plantée au milieu de l'eau. Un non traverse même la distance qui nous sépare. Un non j'veux pas, un non j'peux pas. Un quelque chose qui sonne comme ça. Mais Isidore, lui, il s'en fiche, il me laisse pas le choix, comme les autres le font. Non, il veut m'apprendre à nager, point. Y a pas de question de peur et de caprices. La fierté elle existe plus dans le lac. Alors maintenant, il faut se laisser guider. Son corps contre le mien me crispe à l'extrême. Avec lui, j'ai l'impression de rater un virage, quitter ce chemin jusqu'ici tout tracé. Oui, je me retrouve dans le fossé, incapable de le remonter. Peut-être qu'un autre chemin n'est pas loin mais pour le moment, j'suis juste perdu. À paniquer.

La caresse de ses lèvres trop douces vient contre les miennes. Une lame, c'est ce que j'ai l'impression de me recevoir en pleine figure.
C'est donc ça, le fameux baiser dont il parlait un peu plus tôt.

« viens, elle veut juste apprendre à te connaitre. tu sens sa caresse, là, contre tes pieds ? » j'l'écoute même plus sur le moment, encore concentré sur ce contact éphémère. L'indien qui m'embrasse. « c'est sa manière à elle de te demander, de t'attirer. elle veut juste te toucher, et puis te nettoyer. essayer de prendre un peu de la saleté, pour te purifier. » Je parviens tout de même à comprendre ses paroles, sur le fil et comme toujours, elles laissent mon cerveau s'y éveiller. Trop de crasse sur mon corps, c'est ce qui me vient en premier, à l'esprit. On peut pas effacer des années de superficialité accablante. « c'est un peu une mère, tu vois.... enfin, on dit ça de la mer, d'habitude, mais un lac...c'est juste un peu plus petit, mais ça en continue tout autant, de bons sentiments. » Bercé par ses paroles c'est à peine si je me rends compte que la terre s'éloigne encore plus, dans mon dos. Mais je fais quand même cette erreur de me retourner et la voir si loin. Mon souffle se coupe.

Mais quelle idée.

« J'veux pas Isidore. J'peux pas. J'ai envie de retourner sur la terre et puis d'me rhabiller. Putain, pourquoi j't'ai laissé faire ça. » Je marque une pause, crispé à l'extrême, je suis en train de tout gâcher, avec mes mots dégueulasses et mon air trop sombre. Le vrai Julian qui revit dans une peur terrible. Sauf qu'à la place de retourner sur la rive si lointaine je m'avance vers Isidore. Ma main lâche brusquement la sienne et mes bras prennent le relais. Ils s'accrochent à son cou, comme un être désespéré. Pendant que mes jambes, elles, si légères, encerclent sa taille. Je m'y accroche, désespéré, dans l'espoir d'éviter l'eau, de ne plus la sentir, cette mère détestée. Je la fuis, je la crains. Le point faible du connard est mis à nu. Mes cils, battent, trop vite, contre son cou. Je lui offre un baiser papillon, contre mon gré. C'est un petit tas de colère qui voit le jour, doucement. « J'suis déjà un naufragé, j'ai pas besoin de ton lac. De tes paroles que j'comprends à peine. Tu veux quoi au juste, hm? » Mes ongles s'enfoncent dans sa peau, nerveux, terrorisés. « Ramène moi sur la terre ferme. J'ai envie d'boire et puis prendre le volant comme un con que je suis. Ramène moi ! » La dernière exclamation est agressive, la peur me rend dingue. J'parviens plus à respirer comme il le faudrait.
Je suis un pantin, là, attaché à ses bras.
Un pantin à qui l'on vient d'arracher une part de son masque.
Un pantin désarticulé, accroché à son unique espoir.
Isidore et Julian, ça se contient dans deux prénoms seulement et pourtant, le monde entier se percute pour eux deux.
Le ciel et la terre qui se rencontrent.
Le feu et l'eau.
L'opposition du noir et du blanc, pour un gris presque agréable.
Comme la poussière posée sur mon cœur.
Putain.
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Message(#) Sujet: Re: haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) haïr la vie, c'est encore la vivre. (isi) EmptyMar 8 Oct - 23:00


Il est beau, Julian. Beau, oui, comme un navire, là, perdu en pleine mer ; il est comme le capitaine, là, les doigts presque sanglants, vu la force avec laquelle il tient la bare, pour essayer de se sortir de là. Il est beau, comme ça, sans l'eau, à essayer de s'évader des vagues, à lutter, fort, si fort, contre quelque chose de bien plus fort, de bien plus grand que lui. Il est beau, le Julian, si petit devant des choses si grandes, à lever la tête, malgré les larmes et les tremblements, et puis à fermer ses yeux, pour croire et ne pas voir, surtout. C'est un peu laid, peut-être, de le voir comme ça, de le voir se fracasser contre ses propres vagues, et puis de penser à sa chute, quelque part, quand il n'aura plus la force, quand il ne sera plus là, plus du tout là, pour luter. Mais il est beau. Beau, oui, comme un naufragé. Comme l'homme qui va couler, mais qui s'efforce pourtant, fort, si fort, à dompter les vagues, et puis à les caresser. Comme un enfant, si petit, qui veut devenir grand, tout bonnement, et qui n'écoute plus ses parents. Il ferme les yeux, fort, bien fort, il oublie les tremblements, les démons, sous son lit, le soir, et puis il oublie les histoires de maman. Julian, c'est ça. Julian, c'est le petit qui se pense grand, et qui a peur, soudain, d'ouvrir les yeux, après tant de temps. Julian, c'est un coeur tout nu, tout vide, dénudé de la moindre barrière, car il s'est fait oublier, tout bonnement. C'est un coeur tout petit et bien trop vite, qui parvient parfois à lâcher un maigre battement, comme ça, et qui sursaute, en l'entendant. Julian, c'est le petit garçon qui a voulu devenir Pinocchio, oui. Celui qui a fermé les yeux, fort, fort, pour ne plus entendre son coeur, et pour ne plus sentir l'air, contre ses traits. Celui qui a mis son humanité au placard, comme ça, en se levant le matin, et qui l'a oublié là, depuis le temps. Mais ça cogne, ça cogne si fort, pourtant, à la porte, et l'armoire, soudain, elle est trop petite, oui, pour contenir tout ça. Le coeur, il reprend sa place, parfois, au sein de sa poitrine, et puis il palpite un peu, comme ça, juste pour lâcher un je sais là. Et Julian... Julian, il ne comprend pas. Il observe, les yeux grands et apeurés, et il ne comprend pas. Parce qu'il est parti, son coeur, et puis qu'il est là, brusquement, maintenant, et qu'il bat sur un rythme qu'il ne comprend tout bonnement pas. Il ne comprend pas, non, Julian, la musique d'un coeur. Il ne connait que la mélodie de la rancoeur, de la douleur, du malheur et de la chaleur. Du charnelle qui finit à chaque fois aux poubelles.

Isi, il le trouve beau, oui, beau, malgré toute cette tempête, tout autour. Il a envie de monter à bord de son navire, et puis de poser ses mains contre les siennes, doucement, comme présentement, pour le faire lâcher prise. Il a cette envie, oui, de plonger ses prunelles au fond des siennes, et puis de lui sourire, doucement, tendrement. De dire, de sa voix, ça va, tout va bien. De l'observer dans les yeux, malgré les coups des vagues, malgré les abysses qui les mangent, lentement, brusquement, et puis de laisser les choses allaient. Il a envie, oui, au fond, de tout lui montrer. De lui apprendre, peut-être, comme Emilie a bien voulu lui montrer. Qu'importe si Julian ne le croit pas, sur le coup ; qu'importe s'il tremble, qu'il parte et qu'il crie, surtout, car il comprendra, un jour. Les mots sont lâchés, mais le chemin, lui, n'est pas tracés. Qui sait combien de temps peut bien passer, entre l'évasion des mots et puis la compréhension, dans son coeur. Qu'importe, au fond, car ils sont là, tout autour, dansant contre sa peau, attendant qu'une oreille s'ouvre, comme son esprit, pour se frayer un chemin, juste là.

Alors, il sourit, Isidore. Il sourit doucement, comme ses pas le sont, au fond, et puis il avance, lentement, au travers du lac. L'eau est fraîche, presque glaciale, oui, et il en sent la brûlure partout, contre sa peau, à cause du vent et de sa caresse. Mais il n'abandonne pas son sourire, Isi, et il ne le lâche pas des yeux. Il a le coeur qui se gonfle, au fond, à chacun de ses pas, et puis son sourire qui se fait plus beau, plus vrai, plus pur. Les pas sont bien petits, mais le chemin accomplit, quand il s'arrête, est bien grand. Il est fier, Isi. Il est fier de Julian. « J'veux pas Isidore. J'peux pas. J'ai envie de retourner sur la terre et puis d'me rhabiller. Putain, pourquoi j't'ai laissé faire ça. » Il est doux, le sourire sur les lèvres de l'indien, alors qu'il écoute chacun de ses mots. Qu'importe au fond, si pour plusieurs, ils sont poisons ; il connait bien les plantes, pour s'éloigner du venin. Il ne cille pas, Isi, lorsqu'il lui lâche les doigts, et puis qu'il se rapproche doucement. Il prend la caresse comme elle vient, laisse ses doigts glissés le long de son cou, et puis ses jambes faire de lui un prisonnier. Soudain, il n'y a plus de navire, dans la tempête, que des restants, que des planches de bois, oui, qui flottent, et isi est l'une d'elles. Celle qu'a choisit Julian, certainement, pour son naufrage. Le bout de bois du naufragé. On dirait Jack et puis Rose, après le naufrage du titanic. Julian, il est un peu les deux à la fois, même s'il ne le sait certainement pas.

Ils sont froids, si froids, les doigts qu'il glisse le long de son dos, Isi. Ses jambes tremblent, un peu surement, à cause du poids sur elles, mais il tient bon. Il tient bon, comme ce morceau de bois, dans le film culte. Ce ne sont plus des étoiles, au fond de ses prunelles, mais la lune, si triste et belle, pourtant. Une petite brume, aussi, telle des nuages, qui prend place devant. Un peu d'émotion, sous les étoiles, au milieu de nulle part, quand tout est à nu. C'est beau et à vif, comme instant, et Isi, il en profite pleinement. Malgré les tremblements, la petite colère, aussi, au fond de sa gorge, il en profite pleinement. Parce que c'est beau, tout bonnement. Parce que c'est vrai, tout simplement. « J'suis déjà un naufragé, j'ai pas besoin de ton lac. De tes paroles que j'comprends à peine. Tu veux quoi au juste, hm? » Il sourit, Isi, malgré les ongles, là, qui s'enfonce dans sa peau. Malgré ses mots un peu amers, un peu trop oui, il sourit. Il sourit, l'indien. « Ramène moi sur la terre ferme. J'ai envie d'boire et puis prendre le volant comme un con que je suis. Ramène moi ! » Ils sont doux, doux, oui, si doux, ses petits doigts. Il l'observe de ses yeux tendres, comme s'il voyait un enfant, et non un homme, au creux de ses bras. « Julian...tu m'fais confiance ? est-ce que t'as confiance en moi? tu crois que j'pourrais faire un truc, n'importe quoi, pour te faire du mal ? tu crois pas, si ? » Ses genoux, ils plient. Lentement, délicatement. ils plient. Elles tremblement doucement, les pauvres jambes de l'indien, alors qu'il se glisse dans l'eau doucement. Elle est si peu profonde, si peu profonde, oui. C'est un peu comme un bassin d'eau, au fond, comme pour les enfants, quand ils sont un peu trop grands, et qu'on les baptise. C'est un peu ça, au fond. « j'ai envie de rester ici, moi, avec toi. avec toi, dans l'eau froide. t'en as pas envie ? de profiter de l'eau froide. regarde le ciel, d'ici. on est tout petit, dans l'eau, face aux étoiles. et puis, elle brillent forts, dans le ciel, et même dans l'écho du lac. tout est là, regarde. ju, arrête de t'agiter, s'il te plait. fais moi confiance. »

Lentement, comme si Julian était tout petit, et puis fragile, Isidore se penche, vers l'eau. Il le dépose là, au milieu des vagues petites et calmes, un peu à son contraire, et puis il s'assoit aussi, au fond des mers. Il s'assoit juste en face de lui, bien accroché à son corps, encore, le temps de calmer son coeur. Sa petite tempête, là, au fond de son âme. Les cris de peur de l'enfant, en lui. « tu vois ? tout va bien. on est bien, comme ça. faut pas... faut pas avoir peur de l'eau, Julian. tu sais, c'est elle qui devrait trembler, là. elle t'a jamais connu, et puis elle t'accueille chez elle. dans son petit monde un peu étrange, un peu froid et tout naturel. faut pas avoir peur, julian. c'est juste le monde, là, au bout de tes doigts. rien d'autres. juste un truc réel, un truc naturel, pour une fois, qui a envie de communiquer un peu, avec toi. julian, c'est juste... juste la vie. » Et il sourit, Isi. Il sourit, tout bonnement, parce que c'est beau, tout simplement. Parce que Julian, il est beau, assis là, au milieu des vagues, dans l'eau presque tiède de la nuit, sous la caresse de la lune, juste là, à quelques mètres de lui, dans l'écho des vagues. Il est beau, Julian, encore plus même, à l'extérieur de son petit monde.
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