Ouvrant difficilement les yeux, je fixais un moment le plafond avant de sentir une main frôler ma cuisse, je tournais rapidement la tête, apercevant un jeune homme dont le visage ne me semblait pas du tout familier. Je détournais mon regard du sien, lâchant un long soupir en me rendant compte de ce que je venais de faire. Je ne me rappelais aucunement de ma soirée de la veille, la seule chose qui me revenait à l'esprit, c'était le fait que j'étais sortie boire un verre au bar du coin. En aucun cas, je n'aurais pensé que j'allais ramené un jeune homme dans mon lit. Je sortais rapidement du lit, afin d'aller me chercher un café noir, j'avais un mal de tête atroce et je savais très bien à quoi cela était dût. La garçon s'empressait de me rejoindre, passant ses mains sur mes hanches avant de le descendre le long de mes fesses. Instinctivement, je me retournais pour le pousser, lui lançant un regard noir. « Ne refais plus jamais ça, compris? » Il semblait surpris du ton que j'avais pris. Je pouvais parfaitement comprendre sa réaction, mais je n'avais pas fait ça de mon plein gré puisque j'étais sous l'emprise de l'alcool. « Tu devrais y aller. » Il marmonnait un oui assez bref avant de se rhabiller, il s'approcha à nouveau de moi dans le but de récupérer son tee-shirt que je portais sur moi, accompagné d'un boxer gris. Finalement, il partait sans, tant mieux, je ne comptais pas lui rendre tout de suite. M'affalant sur le canapé, un café à la main, je passais mes mains sur mon visage avant d'entendre quelqu'un cogner à la porte. Ce n'était pas quelqu'un qui toquait, c'était quelqu'un qui avait sûrement envie de défoncer cette putain de porte. Je me relevais en soupirant. A mon plus grand regret, je pus reconnaitre la voix de Joshua, mon meilleur ami. Je savais très bien pourquoi il se trouvait là et j'aurais aimé que l'on se retrouve dans d'autres circonstances. Mon frère me manquait beaucoup et je ne l'avais dit à personne, hormis les personnes présentes à l'enterrement. Ce n'était pas quelque chose que l'on lâchait facilement, c'était plus compliqué que cela. J'ouvrais la porte, gardant ma main sur celle-ci, fixant Josh d'un air presque méprisant. « Tu te rends compte de l'heure qu'il est? Les vieux font leur sieste! » Je passais ma main dans mes cheveux, descendant légèrement le tee-shirt de cet homme dont j'ignorais le nom, avant de le dévisagé. Ce n'était pas comme s'il ne m'avait jamais vu dans cette tenue, après tout, notre amitié était assez spéciale. « Qu'est-ce qui t'amène ici? » Lâchais-je d'un ton froid.

Avoir de la visite aujourd'hui était ce que je redoutais le plus, je savais très bien que tôt ou tard, Joshua allait apprendre pour la mort de mon frère. Il le connaissait un minimum et le fait que je ne l'avais pas appelé de la semaine c'était une première. Tous les deux, nous étions comme les deux doigts de la main, bien souvent fourrer ensemble, si je ne lui donnais pas de nouvelles, c'était parce que quelque chose d'inhabituel s'était produit. C'était le cas. La mort de mon frère m'avait beaucoup affecté et je n'avais pas du tout envie d'en parler. Bref, tandis qu'il s'avançait vers moi, je restais sur le pas de la porte, appuyée contre l'encadrement, ne souhaitant pas vraiment qu'il entre avec tout ce qui trainait dans l'appartement. Arquant un sourcil, j'ôtais l'une de mes mains du tee-shirt que je portais, lâchant un soupir. Sa remarque sur mon tee-shirt me déplaisait beaucoup, je sentais un brin de jalousie et je n'aimais pas du tout ça. Faisant abstraction de sa remarque, je mordais doucement ma lèvre inférieure en le fixant. « Franchement, je sais que tu es venu par intérêt et je ne te cache pas que ça me déplait. » C'est vrai, il était venu parce qu'il avait appris pour mon frère, je m'en doutais. Le voyant tourner les talons, je lâchais un long soupir avant de passer mes mains dans mes cheveux, mal à l'aise. Il était furieux que je ne lui aie pas annoncé la nouvelle, mais de mon côté, j'essayais d'éviter le sujet. « Arrête... allez entre. » Lâchais-je d'une voix très douce. Je m'écartais de la porte, pénétrant dans le salon sans un mot. C'est vrai qu'il était mon meilleur ami et que je pouvais tout lui dire, il avait toujours été là pour moi, comme j'étais là pour lui moi aussi. On étaient complémentaires et je tenais beaucoup trop à lui pour le laisser filer. « J'avais pas envie d'en parler, tu peux le comprendre ça non? C'est assez dur comme ça, crois-moi. » Passant mes mains sur mon visage, je plongeais mon regard dans celui du jeune homme, restant très silencieuse. Je baissais ensuite la tête, allumant une cigarette.

Il est vraiment que j'étais beaucoup trop affectée pour parler de la mort de mon frère à qui que ce soit. Ellie avait été la première courant et c'est parce qu'elle avait retrouver une bouteille de vodka caché sous l'oreiller du canapé. Sachant que depuis notre colocation, elle ne m'avait jamais vu boire de l'alcool, cela lui avait mis la puce à l'oreille instinctivement. J'aurais aimé pouvoir en parler à mon meilleur ami, mais il y avait plusieurs raisons du pourquoi je n'avais rien dit. Premièrement, je ne voulais pas en parler, deuxièmement, je n'avais pas envie de l'embêter avec mes histoires. Connaissant parfaitement le jeune homme, je suis consciente que je ne l'aurais pas embêter avec ça, je savais très bien qu'il était là pour moi quand j'en avais besoin et vice versa. J'ai baisser dans son estime et pas besoin de lui faire cracher le morceau pour le savoir. L'expression de son visage l'avait trahi. Je comprenais, c'était moi la fautive et je regrettais amèrement de lui avoir parler comme un moins que rien. Ce n'était pas du tout moi et il le savait très bien. Je pouvais parfois être cruelle et sans pitié, mais pas avec lui, pas dans ses circonstances là. Le laissant entrer après l'avoir vu tourner les talons, j'esquissais un petit sourire lorsqu'il refermait la porte. Tirant sur ma cigarette, je me retournais brusquement. « Je pense que si j'étais morte, tu l'aurais rapidement appris. » Joshua faisait partie de mes numéros d'urgences, avant mes parents et tout le reste. Le jeune homme balayait la pièce d'un regard et sa remarque me fit presque mourir de honte. On étaient meilleurs amis et même s'il l'on couchait ensemble, nous n'étions pas exclusif et aucune clause ne nous empêchaient d'aller voir ailleurs. Certes, je ne le faisais pas très souvent. Je passais nerveusement ma main dans mes cheveux avant d'ajouter d'une voix très douce. « hum peut-être... enfin certainement. » En effet, je n'avais aucun souvenir de la soirée que j'avais passé la veille, je ne connaissais pas cet homme et je ne saurais dire son prénom. J'étais très jalouse moi aussi, je n'aimais pas savoir qu'une autre femme touchait à Joshua, à mon Josh. J'étais assez possessive avec lui. « Tu ne serais pas jaloux par hasard? »

Je suis vraiment choqué de voir dans quel état Persia a réussit à se mettre en même pas une semaine. Ca ne lui ressemble pas d'avoir la gueule de bois et d'avoir des vêtements dispersé dans tout son appartement. Ou alors seulement quand c'est moi qui ait passé la nuit ici. La mort de son frère l'atteint bien plus que ce que je pensais et j'ai été mis à part. Je n'ai pas pu la soutenir depuis le début pour éviter qu'elle fasse ce genre de choses, je n'ai pas pu être derrière elle durant l'enterrement pour lui caresser le dos quand ça deviendrait trop dur pour elle... Elle m'a complètement et totalement rejeté. Rejeté de sa vie en quelque sorte. J'ai peut-être l'air d'exagérer mais c'est bien comme ça que je me sens. Persia me fait rapidement savoir que si elle était morte, je l'aurais su. Je secoue la tête, exaspéré par ce genre de réaction. Je la regarde distraitement tirer sur sa cigarette, l'odeur me venant jusqu'aux narines. Je n'aime plus ça. J'ai arrêté de fumer y a quelques années et rien que l'odeur me répugne à présent. Il m'arrive souvent de me demander comment j'ai pu être fumeur avant. Mais je ne dis rien, je me contente de plisser le nez pour ne pas trop respirer l'odeur de la cigarette. Je fais une subtile remarque sur ce qui a pu se passer dans cet appartement cette nuit et la réponse de Persia me fait à nouveau secouer la tête. Oui, jaloux. Extrêmement jaloux avec elle. Ca va même jusqu'à la possessivité mais elle prendrait les jambes à son cou si elle le savait alors je me contente de le garder pour moi. « Jaloux? Pas vraiment. Je n'ai pas à envier ta vie sexuelle, la mienne se porte à merveille. » Ca a toujours été comme ça entre nous, toujours à se chamailler, à se lancer des pics. Je lui fais un grand sourire, en espérant qu'elle comprenne mon sous-entendu. Mon faux sous-entendu. Je n'ai pas d'autres filles qu'elle dans mon lit, il y en a pas d'autres que j'ai envie. Mais je préfère qu'elle pense le contraire. Elle se fou déjà assez de moi en disant que depuis qu'on a quitté l'université, elle me trouve trop mielleux. C'est vrai que j'ai changé depuis les études. Maintenant que j'ai un bon job et un appartement, je me suis un peu stabilisé. Je me lève en donnant une petite tape sur mes genoux et m'approche de Persia. J'attrape entre mes doigts la cigarette qu'elle venait de poser entre ses lèvres, l'écrase dans une sous-tasse qui traine sur la tablette et enfonce mes mains dans les poches de mon pantalon. « Tu veux sortir pour te changer les idées? » On n'a toujours pas abordé la mort de son frère, comme je l'ai promis. Mais c'est pas pour autant que je vais la laisser moisir dans son appartement.

On m'a toujours reproché de ne pas être assez expressive, de ne jamais dévoiler ce que j'ai sur le coeur et de toujours garder tout pour moi. J'ai énormément souffert dernièrement, mais je ne fais pas partie de ces gens qui se sentent obligé d'étaler leur vie pour avoir la compassion des autres. C'est loin d'être cela, pour moi c'est de la pitié et c'est l'une des choses qui me sort le plus par les yeux. Si l'on ne dit rien, certes on se renferme, on souffre en silence, mais au moins, on n'est pas emmerdés avec toutes ces questions et ces réflexions à deux balles. Je ne suis pas timide, simplement réservé et je ne changerais pour rien au monde. C'est vrai, je parais comme une femme forte, pleine de vie, mais pourtant, je suis sensible et incapable de retenir des larmes. Sa remarque me sortait de mes pensées et j'affichais un petit sourire. Il mentait, mais je ne disais rien, je savais qu'il tenait à moi et qu'il aurait préféré être à la place de cet homme. « Je n'en doute pas une seconde, rassure-toi. » En effet, Joshua est un bel homme et s'il veut une fille, il l'obtient, n'importe laquelle, il a un charme fou et un charisme exceptionnel. Je n'aime pas le voir avec une fille, c'est vrai, mais je ne lui avouerais jamais, par fierté et également parce que nous deux c'est inenvisageable, on est proches, sur la même longueur d'ondes, mais certainement pas près pour une vie de couple ensemble. Depuis la fin du lycée, il avait beaucoup changé, gagné en maturité et j'aimais sa façon de se comporter avec moi, incomparable à celle du lycée. S'approchant de moi, Joshua chopait ma cigarette puis il l'écrasait dans une sous-tasse. J'affichais une légère moue, heureusement que je l'avais déjà presque finie. Je recrachais alors la fumée que je venais d'ingurgiter dans son visage, histoire de lui faire comprendre que je n'avais pas terminé. « Bonne idée, laisse-moi juste le temps de prendre une douche et je suis à toi. » Je lui esquissais un sourire avant de filer sous la douche, il fallait que je me dépêche pour ne pas le faire attendre.

Je ne sais pas combien de temps Persia va croire à mes mensonges. Je me demande d’ailleurs si elle ne commence pas à se douter que mes soi-disant conquêtes sont tout simplement inventées. Mais bon, tant que ça marche comme ça, c’est ce qui compte. Je m’approche de Persia pour lui écraser la cigarette qu’elle est en train de fumer et elle ne se gêne pas pour me faire part de son mécontentement en me soufflant la fumée à la figure. Je secoue la tête, exaspéré par ce genre de réaction mais en même temps tellement ressemblants à nos petites querelles habituelles. Apparemment, sortir semble être une bonne proposition. Elle tourne les talons pour aller dans la salle de bain alors qu’un long soupire s’échappe de mes lèvres. Je fixe bêtement la porte pendant plusieurs minutes. Je la connais par cœur, je sais très bien que parler ouvertement n’est pas son fort. On est pareils à ce niveau là mais le fait qu’elle ne m’ait pas parlé de la mort de son frère me reste en travers de la gorge. Elle sait que je suis rancunier et jusqu’à présent, je ne l’ai jamais été avec elle. J’essaie de me calmer en reprenant plusieurs fois ma respiration. Je l’attends patiemment. Persia est bien une fille. J’entends enfin l’eau de la douche se fermer. Je pose mon regard sur le paquet de cigarette entamé par la jeune femme. Je le prends entre mes doigts, m’approche de la fenêtre, l’ouvre et le balance dans la rue. Ca c’est fait. Persia réapparaît à ce moment, je fais un grand sourire avant de refermer la fenêtre. « Allez, go ! » Je la prends par le bras et l’attire en dehors de son appartement. Elle ferme la porte et on se met en route pour le centre commercial. Quelle fille ne rêverait pas qu’on l’emmène là-bas ? Persia apparemment vu la tête qu’elle tire alors que je conduis en direction du centre ville. « Arrête de tirer la tronche. Tu vas avoir des rides plus tôt que la normale ! »

Souvent, on m'avait dit que Joshua était fait pour moi, je n'y avais jamais vraiment cru, je trouvais que c'était une belle connerie. Nous deux nous sommes amis depuis longtemps maintenant et c'est cette relation que je veux préserver. Cependant, lorsque l'on est tous les deux, je suis totalement incapable de lui résister et tous les deux, on se retrouve dans le même lit. Je préfère que mes amis ne connaissent jamais ce détail. C'est une chose personnelle que je n'ai pas envie d'étaler. Sortant rapidement de la douche, je détachais mes cheveux blonds que j'avais attachés pour la douche, je me maquillais de façon à cacher mes cernes, puis j'enfilais un jean avec un tee-shirt blanc très large. Je rejoignais ensuite le salon, où se trouvait Josh', qui m'attirait par la main pour m'entrainer dehors, me laissant juste le temps de choper mon sac au passage. Je n'avais pas la moindre idée de l'endroit où nous allions, mais je lui faisais confiance et j'étais certaine qu'il ferait un bon choix. « Merci, je prends ça pour un compliment ! » Lâchais-je en affichant une grimace en le regardant. Si je n'avais pas le sens de l'humour, j'aurais pu facilement être très vexée, mais j'avais l'habitude de tous ces sarcasmes et autres remarques piquantes. « Et toi, arrête d'être aussi speed, on n'est pas pressé ! » Rétorquais-je avec arrogance. Il était toujours rapide et là tout de suite, j'avais un peu du mal à le suivre.