Merde. Merde, merde, merde. Quelle putain de tuile. Tu clignes des yeux. Une fois. Deux fois. Tout est flou autour de toi, t'entends rien, t'arrives même pas à réfléchir t'as le cerveau dans du coton. Mais tu retrouves le fil, et tu tires dessus. T'étais sur ta moto. Ouais, c'était exactement ça. Tu roulais pas trop vite. Il fait un temps de chien et la visibilité est pas top, y'a du brouillard. Tu pars d'une fin de journée estivale. Et puis... et puis cette voiture a déboulé en grillant le stop et t'as percuté. Quel putain de petit fumier. Il avait foutu le camp en plus, t'avais le temps de le remarquer maintenant. T'avais l'impression d'avoir tout en côté du corps en feu, de l'épaule jusqu'à la cheville et ta tête te faisait souffrir. Y'avais ces mecs penchés sur toi. Assez canons mais tu piges pas ce qu'ils disent. En même temps t'as le casque sur la tête. Alors tu grognes de frustration et tu te relèves pour l'enlever. Ils essaient de te retenir, une histoire de commotion et de traumatisme mais tu les emmerdes, tu les écoutes pas et tu libères ta tête de son étau. Ta chevelure tombe en cascade sur ton blouson de cuir. Et tu tombes aussi, dans le néant.
Quand t'ouvres à nouveau les yeux, t'es étendue sur un brancard. Et y'a ce mec penché sur toi. Sa silhouette te dit vaguement quelque chose mais tu vois encore flou. Avant de s'éclaircir brusquement et rencontrer un regard, ce regard, son regard. Tu le connais, ou plutôt tu le reconnais. Ca fait des années que tu ne l'as pas vu. Mais tu es incapable de ne pas les identifier. Ces yeux qui t'ont déjà fais craqué une fois. C'est Iwan. Tu te demandes ce qu'il fait là. Pourquoi il est penché sur toi ? Et d'un coup, une rage folle te tord l'estomac. T'as tout une série de flash, comme un torrent de souvenirs de cette période de ta vie que tu détestes, cette partie de ta vie dont tu as honte, le lycée. Tu veux plus jamais en entendre parler et là t'as juste l'impression qu'on vient de rouvrir la plaie. Alors tu dégages brusquement et tu hurles:
« Ôte tes sales pattes de là ! Je t'interdis de me toucher ! »
Dans la précipitation tu manques de tomber du brancard et tu prends conscience que t'es dans un couloir d'hôpital, et qu'on ne regarde que toi. T'as honte d'un coup et ça ne fait qu'attiser la colère que tu ressens. La colère c'est bien, la colère tu connais et tu te plais dans ce sentiment alors tu t'y accroches comme une couverture.
Le temps file, le temps n’attend personne. Le temps guérit toutes les blessures. Tous autant que nous sommes nous voulons plus de temps. Du temps pour se relever, du temps pour grandir, du temps pour lâcher prise. Du temps. Alors laisse-toi du temps ! Ou passe à autre chose, mais ça serait dommage de passer à côté de quelque chose ...
Disturbia.
L'hôpital était plutôt calme aujourd'hui, c'était rare, car la majeure partie du temps, les couloirs se remplissaient à vue d'oeil de patients, soit assis parterre ou sur le fauteuil à attendre par manque de place ou soit sur des bancards qui s'étalaient le long du mur, à attendre que quelqu'un s'occupent d'eux. Tout plus ou moins impatient, sensible à la douleur qui les tiraillaient. Bien souvent Iwancomme ces collègues devaient subir leur humeur, pourtant ça n'empêchait pas Iwan aimait son boulot. Aujourd'hui la fin de son service sonnait la fin, quatre jours où il cumulait les heures supplémentaires, par manque de personnel comme tout endroit publique. Dans ce genre de métier, ils ne comptaient pas les heures. La première règle était de s'occupait des patients, de leurs douleurs et de les soulager un minimum. Il l'avait appris avec le temps. Iwan faisait un dernier tour de chambre pour voir si chaque patient allait bien, quand on tenta de l'appeler sur son bipper. Sans hésiter, il se dirigea vers le poste des infirmiers, pour prendre son poste et les informations nécessaires.
Arrivé à destination, il prit le dossier du patient, sans vraiment jeter un coup d'oeil, ou du moins sur le nom de la patiente qu'il devait s'occuper, comme d'habitude il allait le faire sur place. Seulement quand il remarqua qu'il s'était ... La jeune femme qui était allongée sur le brancard, il avait l'impression de remonter dans le passé. Il l'avait reconnu bien sûr c'était un peu dur d'oublie un visage ici dans cette ville quand on a partagé le même lycée et qu'on a partagé la moitié du temps avec cette personne. Mais aujourd'hui, on était pas dans le passé, le temps avait changé. Ils avaient grandi, non ? Son aplomb de professionnel rétablit, il se rapprocha de Juno, pour l'examiner. Mais cela allait s'avéré assez compliqué, surtout quand la patiente n'était pas du tout coopérative. A peine ces doigts posaient sur sa tête pour vérifier l'importance de ces blessures. Qu'elle ouvrit ces yeux pour lui hurler dessus. Ce qui prouvait au fond, qu'elle avait tout aussi été surprise que lui, mais qu'elle manquait un peu de discrétion surtout que les regards étaient tournés vers eux. Il leva les mains légèrement en l'air immédiatement, après tout si elle voulait qu'il la soigne c'était son droit. Seulement cela allait être compliqué puisqu'il n'y avait que lui.[/color]
Ok, comme tu veux … Après tout ce n’est pas moi, qui est blessé
Il feuilleta son dossier, absorbé par les informations. Plutôt que sur sa patiente, attendant certainement que sa crise passe ou du moins qu'elle prenne une décision. Ce qui était sûr, c'est que quitte à l'attacher, elle ne sortira pas d'ici, avant d'être ausculté et soigné, même si ce n'était pas par lui. Il la regarda un instant, incrédule à sa question. Qui entre nous, était assez ... Idiote. Si elle avait bien regardé, elle pouvait constater qu'il était en uniforme d'infirmier.
Bah écoute, aujourd'hui en me levant j'ai décidé d'aller tripoter des gens, jouer les infirmiers pour le fun... Comme j'avais que ça à faire. Il poussa un soupir, avant de sourire légèrement. Sérieusement je travaille ici et toi on t'a amené ici par que tu es blessé, alors soit tu te laisses gentiment faire, soit je serai obligé d'appeler quelqu'un et avec accord on te mettra sous sédatif et bien sûr ils vont attacher parce qu'ils auront peur que tu te fasses du mal ou aux personnels soignante. Je suis désolé, tu aurais peut-être souhaité quelqu'un d'autre que moi, mais je suis le seul à disposition, tu vas devoir faire avec ...
Il s'appuya contre le mur, les bras croisés sans lâcher du regard Juno. A l'attente d'une réponse. Il savait qu'il n'avait pas mâché ces mots, mais s'il l'a fait ce n'était pas par mauvaise intention. Il pensait juste à sa patiente et travailler dans de bonne condition.