i have something to tell you

astrid & joanne

chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ La journée a été longue. Depuis mon entrée à l'université de White Oak Station, j'ai l'impression de toujours courir et de ne jamais m'arrêter. Ce matin, j'avais rendez-vous à la salle qui colle le terrain de football pour une petite séance de musculation, puis j'ai dû me rendre en vitesse à la faculté pour espérer ne pas arriver en retard à mon premier cours. Sur le chemin, j'ai pris un sandwich, histoire de ne pas rajouter un malaise, car je n'avais vraiment pas le temps pour ça. Une heure après, à peine le cours terminé, mon téléphone sonne. Ce n'est vraiment pas journée. Il s'agit de mon manager, un homme qui n'a pas vraiment de domicile fixe et qui jongle entre le Canada et l'Europe. Il m'appelle pour me faire part d'une offre. À l'origine, mon contrat à White Oak Station est de deux ans, alors j'ai été remise sur le marché. Secrètement, j'espérais que l'équipe me reprenne, mais pour le moment rien, silence radio. En revanche, il semblerait qu'une équipe d'Europe soit intéressée par moi. Lyon. Un très bon club, dont la renommée n'est plus à faire. J'en ai déjà entendu parler, par une amie qui y est actuellement joueuse. Mais ce n'est pas le club qui m'inquiète, c'est Astrid. Je tiens beaucoup à elle, je suis amoureuse d'elle et je ne me vois pas la quitter. Donc deux possibilités s'offre à moi : accepter et convaincre ma petite amie de partir en Europe ou rester ici et refuser une opportunité qui ne se reproduira peut-être pas deux fois. Je finis par accrocher en lui disant que je dois y réfléchir. Après ça, je retourne en cours, pour encore deux heures et ensuite, retour au terrain de football pour un entraînement collectif. Je pense que ce soir, j'aurais bien mérité mon lit.  

Ce n'est qu'après dix-neuf heures trente que je prends la route direction notre maison. À la base, j'avais prévu de rentrer en bus, comme j'en ai l'habitude, mais en sortant des vestiaires il pleut et l'une de mes coéquipières propose de me raccompagner, comme elle dit : ''ce sera plus facile pour toi''. J'arrive donc plus rapidement que prévu devant le logement. Astrid est déjà rentrée, car je peux apercevoir de la lumière. Je m'avance dans l'allée et pousse la porte. Je rentre ma clef dans la serrure et la referme derrière moi, techniquement je suis la dernière à rentrer ce soir, donc autant la fermer maintenant. « Je suis rentrée. » Je sais très bien que cette phrase est complètement absurde, mais j'ai pris l'habitude de la dire à chaque fois. Je pose mes sacs non loin de l'entrée et retire ensuite ma veste, ainsi que mes chaussures. Je me dirige vers la cuisine, afin de prendre une bouteille d'eau et je poursuis ensuite mon chemin jusqu'au salon où se trouve ma petite amie. « Quelle longue journée ! » Heureusement que je suis encore jeune, sinon, ça fait longtemps que j'aurais fait un burn-out. Je m'approche de la blonde et dépose un tendre baiser sur ses lèvres avant de m'écrouler sur le canapé. « Comment s'est passée ta journée ? »

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ Je suis heureuse de retrouver ma maison suite à cette journée. J'ai arrêté l'école pendant un peu plus de deux ans et c'est vrai que se remettre dedans n'est pas la chose la plus facile que j'ai eu à faire dans ma vie. Heureusement pour moi, je sors avec une institutrice et je sais que je peux compter sur elle. Elle me soutient et me redonne goût à l'école. Mais devoir me réadapter à ce système, à ce rythme de vie qui me double les heures loin d'ici, ça me demande beaucoup d'énergie. « Salut ! » me répond-elle alors que je viens tendrement l'embrasser. J'ai besoin de m'asseoir, alors très vite, je me laisse tomber sur le canapé qui se trouve à seulement quelques mètres de la table où travail la blonde. « Oh plutôt bien, j'ai fait des muffins, il y en a dans la cuisine si tu en veux un. » Un gémissement s'échappe alors de mes lèvres. Cette femme est parfaite, mais je n'ai malheureusement plus le courage de me relever pour aller me chercher un de ses fameux muffins et c'est ce qui me fait pousser ce bruit. Faire un choix entre l'appétit et la fatigue, c'est franchement difficile. « Tu as une petite mine toi, ta journée s'est bien passé ? » « J'ai connu mieux. » J'ai beau être débordante d'énergie, il arrive parfois que j'arrive à bout et aujourd'hui, c'est le cas. C'est dans ces moments-là que je me dis que je n'aurais jamais dû devenir footballeuse professionnelle. En effet, mes prochaines vacances sont dans longtemps, très longtemps même, je dois donc être capable d'optimiser mon temps libre pour me reposer. Heureusement pour moi, ces moments de doutes ne durent pas longtemps, car dans le fond, sans le foot, je ne suis pas grand-chose. « Ton manager a appelé ici au fait, je suppose que tu l'as eu au téléphone. » Me voilà rapidement ramenée à ce sujet qui sera difficile de lui dire tout à l'heure. « Oui, oui, il m'a appelé. » Dis-je en restant légèrement évasive. Elle est concentrée sur son travail, alors je préfère lui laisser le temps de finir. « Je finis avec ça et je suis toute à toi. » Je hoche la tête par simple réflexe, car d'où elle est, elle ne le voit pas. « D'accord. » Je bouge légèrement, jusqu'à trouver la position idéale et je ferme ensuite les yeux. Je ne compte pas m'endormir, mais cela va me permettre de recharger un peu mes batteries, je vais en avoir besoin pour la suite de cette soirée. Je reste attentive aux bruits qu'Astrid fait et un sourire se dessine sur mon visage au son des feuilles qui se tournent. Après plusieurs minutes, j'entends la chaise bouger et je comprends que ma petite amie a fini sa tâche. J'ouvre les yeux et pose mon regard sur elle, alors qu'elle se dirige vers le canapé où je suis. Je me redresse un peu, laissant ainsi de la place à Astrid pour qu'elle puisse s'asseoir à mes côtés. « Quand Ben a appelé, il t'a dit pourquoi ? » Ben, mon manager. Étant une athlète facile à gérer, pas de frasque, pas de prises de tête, je m'entends plutôt bien avec lui et il arrive même que de temps en temps, il vienne boire l'apéro ici. Si je lui pose cette question, c'est pour savoir si elle a déjà été informée de la proposition que j'ai eue ou si je dois lui dire.

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ Allongée sur le canapé, je commence à me préparer. Les phrases se bousculent dans ma tête et je cherche les mots justes que je pourrais dire à la jeune femme. Je ne sais pas encore ce que je pense de cette offre, alors j'aurais besoin de l'avis d'Astrid et pour ça, je ne dois pas l'effrayer trop vite. Une fois ses copies terminées, ma petite amie vient s'installer au bout du canapé. J'étais prête à lui laisser de la place, parce qu'après tout, ce canapé est autant le sien que le mien, mais Astrid me fait comprendre que ce n'est pas nécessaire. Je laisse alors mes jambes s'étendre sur les siennes et quand elle commence à me masser les pieds, je ferme les yeux. Je profite quelques secondes de ce moment avant de lui demander ce que Ben lui a dit. « Oh rien de spécial, juste qu'il cherchait à te joindre. » Me voilà légèrement soulagée. Je préfère être celle qui lui annoncera la nouvelle. « Qu'est-ce qu'il te voulait ? Il avait l'air surexcité au téléphone. » Ce qui dans le fond est tout à fait normal. Lors de son coup de téléphone, il m'a mentionné mon salaire, j'en ai déduit que le transfert coûterait cher et donc qu'il toucherait une grosse part. « Tu veux boire ou manger quelque chose ? » Je hoche la tête à la négative. « Non, c'est bon. Je vais attendre qu'on passe à table. » Je sais très bien que la jeune femme me propose ça parce que je semble épuisée, c'est adorable de sa part, mais je peux bien attendre que l'on passe à table. « D'ailleurs, je me demande pourquoi il t'a appelé ici et pas directement sur ton portable, il sait que tu as cours maintenant et que tu passes tes journées à l'université. » Je rigole doucement suite à sa phrase. Elle n'a pas tout à fait tort sur ce point. « Je pense qu'il a essayé de m'appeler avant de le faire ici. Il ne connaît pas encore mon emploi du temps, il ne faut pas lui en vouloir. » Fini de tourner autour du pot, je dois être honnête avec elle et lui dire la raison de son coup de téléphone. Je me redresse et viens tendrement passer l'une de mes mains dans ses cheveux. « Il a reçu un coup de téléphone d'un club. » Je prends mon temps, j'y vais doucement. C'est quelque chose d'important pour moi, mais aussi pour nous. Nous ne sommes pas mariées, ni fiancées, seulement de simples petites amies, mais je ne prendrais pas de décisions sans son accord. « Les dirigeants seraient intéressés pour m'avoir dans leurs rangs. » Jusque là, rien de bien méchant. Le Canada est grand et le club pourrait être à seulement quelques kilomètres d'ici. Mais non, c'est loin d'être le cas. Il se trouve à des milliers de kilomètres d'ici, je me retrouverais même plus proche de mes parents que d'ici. Ma deuxième main vient attraper la sienne et après avoir pris une grande inspiration, je viens lâcher la bombe. « C'est en Europe. » Voilà, maintenant je me sens un peu mieux, j'ai un poids en moins.

merci beaucoup c'est toi qui m'a donné envie de changer de kit d'ailleurs, avec ton nouvel avatar

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ « Je ne lui en veux pas, mais je ne sais pas, il me parait un peu bête des fois. » Ben est une personne passionnée par son métier et généralement, quand il est à fond, il fait des choses un peu bêtes. Ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Je suppose qu'il n'a même pas fait attention au numéro qu'il appelait, il a agi plus vite que sa raison. « Tu devrais lui faire une copie de ton planning, ça l'aiderait sûrement. » Je le ferais. Quand je me retrouve relevée, je viens passer ma main dans ses cheveux et je viens doucement amorcer ce que j'ai a lui dire par la suite. Ben ne lui a rien dit et j'aurais dû m'en douter. Il a beau être un peu maladroit, il a voulu que je sois la première au courant de cette offre. « Mais c'est génial ! » Je hoche la tête de haut en bas, un léger sourire sur les lèvres. Bien sûr que c'est génial. L'offre est bonne et ce que me propose le club est alléchant, du côté sportif, mais également à côté. « Où ça en Europe ? » « En France. » Que ce soit en France ou dans un autre pays d'Europe, ça ne change pas grand-chose, ça reste loin d'ici. « Je pense que tu devrais y aller. C'est une super bonne chose pour toi, tu n'auras pas d'autres opportunités comme celle-ci. » Les mains de ma petite amie viennent entourer mon visage, alors que ses lèvres viennent se coller aux miennes. Elle a certainement raison, mais je ne peux pas me résoudre à la laisser ici et à partir loin d'elle. « Je sais à quel point c'est important pour toi et je serais là pour te soutenir. Je te le promets. » Les mains de la jeune femme viennent serrer les miennes. « Je ne veux pas me retrouver sans toi. » C'est bien la seule chose qui m'effraie ici. J'ai l'habitude de voyager, de débarquer dans des villes où je ne connais personne, mais pas de quitter quelqu'un que j'aime. Il y a de fortes chances pour que notre relation ne soit pas éternelle, mais pour le moment, je me sens bien avec elle et je n'ai pas envie que cela change. « Je ne veux pas faire ça sans toi, mais ça serait égoïste de ma part de te demander de tout quitter ici pour partir dans une ville que tu ne connais pas et où tu n'as personne. » Hormis moi. Je sais que j'aurais des déplacements, comme ici et je ne voudrais pas qu'elle se retrouve seule. Le problème est donc là, soit je reste ici, avec Astrid, soit je pars pour l'Europe. Je n'ai pas envie de choisir entre ma petite amie et mon métier et je n'ai pas non plus envie qu'elle le fasse. Je vais devoir trouver une solution, mais je ne sais pas quoi encore.

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ L'annonce est faite et même si elle n'est pas des plus joyeuses, je me devais de lui dire. « Pense à ton avenir. Je serai toujours là à ton retour. » Et si je souhaite mon avenir à ses côtés, je suis censée faire quoi ? Je ne pourrais pas jouer au foot toute ma vie, alors que ma relation avec la jeune femme peut durer, longtemps encore. Est-ce que je dois prendre le risque de mettre une relation en péril pour un métier qui n'est pas éternel ? « Je t'attendrais. » Un petit sourire se dessine sur mon visage, mais celui-ci est seulement rassurant. Je ne veux pas que ma petite amie voit mon désarroi, je ne veux pas qu'elle doute de nous. C'est pourtant ce que je suis en train de faire. Je l'aime, je suis folle amoureuse d'elle, mais partir aussi loin, pour un temps pour le moment inconnu, c'est prendre un risque. Elle est belle, n'importe qui pourrait craquer pour elle. « Tu sais bien que je ne peux partir. » Je hoche la tête. C'est bien pour ça que je ne lui demande pas. Elle avait sa vie avant de me rencontrer et elle aura toujours sa vie ici, que je parte ou pas. Soutenir son regard devient très compliqué, les larmes sont sur le point de venir couler le long de ma joue, alors je baisse la tête. La blonde qui se trouve en face de moi vient la relever. « Mon amour, tu sais que je t'aime ? » Je lui souris timidement, une nouvelle fois. « Poursuis tes rêves, c'est ce que tu as toujours voulu. » C'est vrai, le football a toujours fait partie de ma vie et j'ai toujours voulu pousser dans cette voie, évoluer, gravir des échelons. Ici, j'ai l'opportunité de le faire, comme je l'ai eu en venant jouer ici. Mais la différence entre partir en France et venir à White Oak Station, c'est Astrid. « On s'appellera et je viendrais te voir dès que j'en aurais l'occasion. » Elle vient déposer un tendre baiser sur mes lèvres et s'en est trop. Je ne peux plus me retenir, les larmes viennent couler le long de mes joues. « On y arrivera. » Mes bras viennent entourer son cou, alors que mon visage vient de se blottir contre celui-ci. Ben ne m'a pas encore donné de date pour ma réponse, alors je suppose que ça me laisse encore un peu de temps. Je vais pouvoir réfléchir et voir les pour, ainsi que les contres concernant ce départ. Je viens déposer un tendre baiser dans son cou puis lui murmure quelques mots. « Je t'aime Astrid. » Nous restons ainsi durant de longues minutes, le temps pour moi de me calmer, mais aussi de profiter un peu de ma petite-amie. Nos moments passés ensemble ces derniers jours sont plutôt rares et ils se pourraient bien qu'ils se réduisent encore plus si je prends la décision de partir. Je finis par me redresser, un sourire plus large que les autres sur le visage. Je viens essuyer mes joues d'un coup de main. « Je n'ai pas à faire mon choix pour demain, alors n'en parlons plus. » Je n'ai pas envie de penser au pire, à une possible relation longue distance. « Tu as dit que tu avais fait des muffins, c'est ça ? »

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ Pour me rassurer ou pour m'accrocher à quelque chose, je viens lui murmurer à l'oreille que je l'aime. « Je t'aime aussi. » Ces mots qui s'échappent des lèvres de ma petite-amie viennent me rassurer. Je sais au moins ça. Si jamais je devais m'éloigner d'elle, je saurais qu'elle m'aime et que je pourrais compter sur elle. Mais n'est-ce pas ça qui rend la chose plus compliquée ? C'est ce qui va rendre les séparations et le choix plus compliqués. Je finis par lui dire que nous avons encore un peu de temps pour choisir, car il est bien sûr hors de question que je le fasse seul, son avis comptera pour beaucoup. « Bonne idée. » Je change rapidement de sujet, j'en ai besoin, c'est une nécessité si je ne veux pas me mettre à pleurer dans ses bras. C'est déjà un peu le cas, mais ça reste néanmoins de petites larmes, je peux faire beaucoup mieux, je le sais et ce n'est pas beau à voir. « Exact, je vais t'en chercher un. » Astrid se lève et part dans la cuisine. Je laisse alors ma tête tomber en arrière et je souffle un grand coup. J'ai besoin de ça pour laisser échapper mes sentiments, pour me ressaisir. Je viens également passer mes mains le long de mes joues pour essayer les larmes qu'il peut rester. « Finalement j'ai pris l'assiette, au cas où tu aurais très très faim. » La belle blonde revient vers moi et dépose l'assiette sur la table basse. « Merci. » « Tu veux mettre un peu la télé ? » Je me penche vers la table basse. J'attrape un muffin et par la même occasion, j'appuie sur la télécommande qui allume la télé. Je n'en ai pas forcément envie, mais ça comblera le vide. Non pas que nous n'avons pas de discussions à faire, mais maintenant que je lui ai balancé la nouvelle comme ça, je comprends encore plus qu'en partant, j'ai un risque de la perdre. J'amène la pâtisserie à ma bouche et je croque dedans. Je viens m'asseoir en tailleur sur le canapé, alors que mon regard se pose dans le sien. Je lui tends alors le muffin que j'ai dans les mains. « Tu en veux ? » Elle ne m'a pas parlé d'avoir faim, mais depuis sa maladie, je veille toujours à ce qu'elle prenne soin d'elle, qu'elle ne néglige pas un repas. La jeune femme est désormais tournée vers moi et mes mains viennent se poser sur ses cuisses. Tout à l'heure, j'ai voulu changer de sujet et ça, rapidement, mais je ne peux pas arrêter de penser au fait que si j'accepte cette offre, nous nous retrouverons éloignées. « J'ai un peu gâché la soirée avec cette annonce, je suis désolée. » Je n'ai pas encore fait mon choix, mais je ne pouvais pas lui cacher ça. Elle partage ma vie et ça serait comme la tromper de lui cacher une telle chose. C'est comme si un beau matin, je partais, ma valise sur le dos, en lui disant que l'on ne se reverrait qu'à la fin de la saison prochaine. C'est pour moi inconcevable.

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ Malgré ma proposition pour le muffin, la jeune femme refuse et je soupire légèrement. J'ai toujours peur qu'elle replonge dans sa maladie, je sais bien que ce n'est pas un petit morceau de pâtisserie qui changera grand-chose, mais c'est plus fort que moi. « Je ne t'en veux pas, ce n'est pas une décision facile à prendre. » C'est vrai, mais j'aurais pu l'amener d'une autre manière, en parler une fois la soirée terminée. Quoique, si c'est pour passer une mauvaise nuit, je ne suis pas sûre que ce soit la meilleure des solutions. « Je respecterais ta décision Joanne et je l'accepterais. » Je le sais bien ça. Pourtant cela ne m'aide pas. J'aimerais savoir ce qu'elle pense vraiment de cela et non d'avoir son simple avis sur une décision que je prendrais dans les jours à venir. « Je pourrais venir te voir pendant les vacances scolaires, il y a pleins de vacances. » C'est mieux que rien et cela évitera les trop longues séparations. Ça restera trop peu à mon goût comparer à ce que nous avons actuellement, mais s'il faut faire des concessions, je serais obligée de réduire mon temps avec la jeune femme. « Tu n'es pas qu'un simple coup de coeur Joanne, tu es plus que ça. Tu as littéralement changé ma vie, tu l'as rendue meilleure. » J'attrape la main qui se trouve sur ma joue et je viens déposer un tendre baiser dessus. Si elle dit ça pour me rassurer, ça marche, par contre si c'est pour m'éviter de pleurer, c'est presque raté. « Je n'ai jamais eu à faire de choix comme celui-ci avant aujourd'hui. Quand j'ai quitté la Norvège, j'ai laissé des personnes derrière moi, mais c'était principalement ma famille et je savais qu'elles seraient toujours là à mon retour. » C'est impossible pour eux de quitter la Norvège et de m'oublier, mais est-ce vraiment le cas pour la jolie blonde ? Notre réaction est logique, car nous vivons ensemble. Après plusieurs mois loin l'une de l'autre, je ne suis pas sûre que son discours soit le même. Le sien ou le mien, je ne sais pas ce que la vie nous réserve. Peut-être que je me plairais en France, ou peut-être pas. Peut-être qu'une relation longue distance marchera entre nous, ou peut-être pas. La seule certitude que j'ai pour le moment, c'est que je suis bien ici et que je sais ce qui m'attend. J'ai beau être joueuse, je n'ai pas envie de tout perdre. « Tu es spéciale Astrid et si je l'ai vu, ça veut dire que d'autres personnes le verront. » Ma main glisse le long de la joue de ma petite amie et un sourire se dessine sur mes lèvres. J'ai rapidement compris qu'elle serait une personne importante dans ma vie, qu'elle la marquerait de son empreinte. Je ne nous imaginais pas ensemble, depuis presque deux ans déjà, mais je savais qu'elle laisserait sa trace dans ma vie. Rien que pour ça, je la remercie. Elle m'a fait aimer cette ville, aimer le Canada et aimer ma vie ici. Mais je suis consciente que partir d'ici, c'est peut-être mettre fin à tout ça. « Si je pars en Europe, je sais que je prends le risque de te perdre. » C'est difficile à dire, mais c'est nécessaire. Astrid est intelligente, elle doit bien savoir que c'est quelque chose qui peut arriver.  

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ J'imaginais la soirée autrement, mais avec un peu de recul, ça me semble impossible. Je ne peux pas balancer une telle bombe à ma petite amie pour ensuite espérer que l'on s'installe tranquillement devant un film. D'ailleurs, je sens bien que tout ceci a touché Astrid plus que je ne le pensais. « Je sais que ce n'est pas facile, mais il faut que tu y penses. » Je grimace un peu. Astrid semble vouloir contredire tous mes arguments et si elle pensait me convaincre d'accepter l'offre en me disant ça, c'est raté. C'est même l'inverse qui se produit. Si elle est prête à faire autant de sacrifices, je dois être capable d'en faire autant et de dire non pour aller en Europe. « Personne n'a su le voir avant toi, il n'y a pas de raison que ça change. » Je lie nos mains, un petit sourire sur les lèvres. Les gens sont complètement cons, je ne vois que ça. Astrid est belle, gentille, drôle et douce. C'est aussi l'une des personnes les plus courageuses que je connaisse. Je suis bien chanceuse de l'avoir dans ma vie et c'est bien pour ça que je profite d'elle autant que je le peux. « Je sais quels sont les risques, mais je veux le meilleur pour toi. » Je hoche la tête. Je le sais très bien ça, elle n'a pas besoin de me le dire. D'ailleurs, je trouve ça remarquable de sa part. Elle ne met pas ses intérêts en avant, elle pense d'abord à moi. « Même si ça veut dire t'avoir à des kilomètres de moi. » Je viens prendre sa tête entre mes mains et je dépose mon front contre le sien. « Avant toi, je ne pensais pas pouvoir aimer autant. Tu me rends tellement heureuse et si je dois mettre le foot de côté pour continuer à avoir ça tous les jours, je le ferais. » Mes parents m'ont toujours appris que le sport ne serait pas le plus important dans ma vie, que j'aurais quelque chose en plus, quelque chose qui me marquera et je crois bien que je l'ai trouvé. Je suis jeune encore, mais je dois peut-être commencé à voir plus loin que mon ballon rond. En couple depuis presque deux ans avec Astrid, je ne suis plus seule et je sais très bien que cette dure décision impactera aussi son quotidien, alors je ne dois pas la prendre à la légère. « Je suis épanouie ici. Mes coéquipières sont géniales, la ville est magnifique, tu es là. » Le seul point noir ici, c'est le classement général de l'équipe. Nous ne sommes pas premières. À Lyon, c'est le cas, puis s'ajoute l'Europe et le très haut niveau. Mais hormis ce point-là, rien ne sera comparable à ici. Ça fait plusieurs années que je suis ici maintenant, que je me plais. J'ai réussi à construire quelques choses, quelques choses à quoi je tiens et d'un côté, je trouve ça dommage d'abandonner tout ça sous prétexte que je serais mieux payée et plus reconnue. 

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chaque personne qu’on s’autorise à aimer, est quelqu’un qu’on prend le risque de perdre. ✻✻✻ Notre discussion ne devenait que contradiction. D'un côté, j'essaye de trouver toutes les excuses possibles et imaginables pour rester ici, de l'autre, Astrid fait tout pour me convaincre de partir, car selon elle, c'est la meilleure chose à faire, pour moi. « C'est peut-être la chance de ta vie Joanne, je ne dois pas influencer ton jugement. » Elle a beau me le dire, me le répéter encore et encore, je n'arriverais pas à l'exclure de ma réflexion. Elle est là, elle fait partie du décor, de ma vie et je ne peux pas choisir sans elle, sans son avis. « Mais tu n'as aucune renommée ici. » Ça fait mal de l'entendre me dire ça, mais elle a raison. Ici, je ne suis rien, ou du moins, pas grand-chose. Le football féminin n'est pas très connu et le fait d'être dans une petite ville n'aide pas. Mais ça, je ne sais pas si j'arriverais à trouver mon bonheur autre part. Hormis les joueuses qui brillent, il n'y a pas beaucoup de places pour se faire connaître. « C'est ce qui te manque n'est-ce pas ? » C'est vrai. Mais comme on dit, on sait ce que l'on perd, mais pas ce que l'on gagne. Aujourd'hui, je fais une bonne saison, c'est pour ça que l'on me veut, mais là-bas, rien ne me dit que je serais aussi efficace. Partir aussi loin ne m'apporteras peut-être rien de bon. « Et puis le niveau n'est pas le même n'est-ce pas ? Je ne m'y connais pas vraiment en foot, tu le sais. » Je rigole légèrement à sa remarque. Quand il arrive à Astrid de suivre le foot, c'est seulement parce que je suis là. Elle sait que ça compte pour moi, alors elle fait un effort pour essayer de comprendre. « Peut-être que je ne suis pas assez forte pour ce niveau aussi. » Je n'ai pas totalement tord, mais il semblerait que ce soit un risque que le club français est prêt à prendre. « Je ne veux pas que tu partes, mais tu dois partir. » Je pose ma main sur la sienne. Elle ne va pas tarder à me faire pleurer. Pourtant, je dois rester forte. « Tu vis de ta passion, c'est ton rêve depuis que tu es gamine et puis tu le mérites plus que quiconque. » Je soupire légèrement, elle a vraiment les bons mots. Ce n'est même pas étonnant que tous ses élèves boivent ses paroles quand ils sont en classes. Je glisse mes doigts sous le menton de la jeune femme et l'oblige à relever la tête. Mon regard se plante alors dans le sien. « Nous allons aller manger, nous ! » J'insiste bien sur ce détail, car je sens bien que ma nouvelle a quelque peu perturbé ma petite amie. Il est hors de question que je la laisse mettre sa santé en péril à cause de ça, du coup, je vais veiller à ce qu'elle mange bien. « Ensuite, nous irons nous coucher et je te serrerais contre moi. C'est la seule chose que je veux pour le moment. Être avec toi. » Je lui souris. Un sourire timide, mais tendre. Je viens ensuite déposer un furtif baiser sur ses lèvres avant de me lever du canapé. J'étais la télé et lui tend la main pour l'aider à se relever.

Spoiler:

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