luckiest girl alive
oh every time i close my eyes
i see my name in shining lights yeah
a different city every night alright
i swear the world better prepare
for when i'm a billionaire.

décembre 2010 - 01. Il est dix-sept heures. L’hiver s’est abattu sur New-York, les trottoirs sont couverts de neige. En bas de l’immeuble des adolescents, l’allure frêle, empoignent des bombes de peintures et recouvrent les murs d’insultes dirigées vers le gouvernement, les forces de l’ordre. Ils crachent vulgairement sur le sol, allument une cigarette artisanale, ne détournent même pas le regard au moment où Gabriella passe devant-eux. Cette gamine, il la connaisse depuis toujours. Solitaire, fragile, et trop peu bavarde pour être honnête. Les yeux rivés sur le sol, elle s’engouffre dans l’ascenseur, le dos collé au mur, essayant de disparaître. L’appartement est vide. Sa mère est encore prisonnière des buildings d’acier de Manhattan où elle nettoie, méticuleusement, les bureaux des dirigeants du monde, des rois de la finance, de ceux qui ont gagné à la grande loterie de la vie. Son père n’est pas là; ça fait deux jours qu’il n’est pas rentré. Gabriella sait qu’il a une maitresse; une autre femme avec qui il partage ses nuits. Celle-là même qui lui sert des bières dans son bar miteux après ses journées sur les chantiers du Manhattan. L’autre jour, son haleine était parfumée d’éthanol, sa démarche vacillante, ses paroles insensées. Il boit continuellement comme s’il portait toute la misère du monde sur ses épaules et le déteste pour ça; à cause de lui, elle n’a aucun modèle de réussite à imiter, sur lequel elle pourrait s’identifier. Les gens autour d’elle se complaisent dans l’échec; professionnel, social, financier. Dans quelques années elle sera là, au pied de la tour, à écrire sur les murs que la vie est injuste, que la police peut bien aller se faire foutre, que le système est pourri; elle écrira sa rage et son désespoir à défaut de pouvoir le crier sur les toits. Crier et ne pas être entendu; c’est là sa plus grande peine.

« Gabriella, l’argent ne tombe du ciel. »
« Peut-être qu’un jour, ça changera. »
« Il faut que tu travailles davantage si tu veux pouvoir intégrer une bonne université et obtenir une bourse. »
« Et sinon quoi ? »
« Sinon tu finiras comme eux; à passer tes journées à trainer au pied des immeubles. »
« C’est peut-être mieux que de trimer du matin au soir pour un salaire de misère, n’avoir aucune reconnaissance et de savoir que son mari -alcoolique de surcroît- baise avec une barman de wall street. »


avril 2012 - 02. Depuis quelques mois; Gabriella suit des cours de design à l’université de New-York. Bonne élève, attentive et appliquée; elle fait le bonheur de ses professeurs. Plutôt réservée et discrète, elle s’installe toujours au premier rang dans l’auditorium et s’en va dès lors que la sonnerie retentit. L’air constamment triste; elle ne rentre quasiment plus chez elle -à part pour prendre des vêtements de rechange- elle passe ses journées en cours, et ses nuits dans New-York. Les immeubles d’Harlem lui donnent la nausée; mais elle ignore comment les quitter définitivement. Dans les soirées étudiantes, elle découvre sa sensualité, son charme insoupçonné, le magnétisme qui s’échappe de ses pupilles et qui fait fondre la gente masculine en un instant. Gabriella sort avec des types, est de passage dans leurs vies; elle enchaine les relations sans lendemain, dort dans des draps différents chaque soir. Elle se forge peu à peu, et malgré elle, une réputation de fille facile, de trainée. Ils n’ont pas conscience qu’il vaut mieux être la trainée de Manhattan que la pauvre fille d’Harlem.

« Pourquoi tu fais ça Gabriella ? Tu pourrais rencontrer quelqu’un de bien et vivre une belle histoire. »
« C’est plus facile de ne pas s’attacher aux gens. Ils finissent toujours par décevoir tôt ou tard. »
« Et ce type l’autre soir, Chris. Il avait l’air de vraiment te plaire, non ? »
« Chris et moi, ce ne sera jamais officiel. Il sort qu’avec des filles de son rang; faudrait pas que ça fasse tâche avec ses parents. »
« Fais gaffe quand même. »
« Je suis pas en sucre. Arrête de te mêler de mes histoires, même si ça part d’un bon sentiment. Surveille les mains baladeuses de ton mec à la place. »
« Pardon ? »
« La vérité ça fait mal, je sais. »

le deux juin 2012 - 03. Le jour où Gloria est née; où Gabriella a cessé d’être. Il est vingt-heures; elle s’allonge sur son lit défait, allume machinalement le téléviseur qui se trouve dans sa chambre. Dans son impeccable costume gris, Adam Miller, la quarantaine grisonnante, la barbe de trois jours, le regard d’acier, le stéréotype du vieux-beau que le monde entier rêve de se taper. Il présente la même émission depuis deux ans; la loterie du powerball. Face à des millions de téléspectateurs, il prononce six chiffres qui changent des vies, bouleversent des quotidiens, sauvent des destins. Elle l’écoute d’une oreille inattentive puis se souvient. Elle a joué deux jours plus tôt, c’était juste après que les parents de Chris soient rentrés en avance de leurs vacances en Europe. Juste après qu’il l’ait fichue à la porte sans ménagement en l’insultant presque. « T’es canon Gaby, mais t’as vu ton allure; t’es loin de correspondre aux standards de l’east side. Mes parents vont faire un arrêt s’ils te voient ici. Rentre chez toi. »; « Connard.», c’est tout ce qu’elle avait répondu avant de lui infliger une gifle magistrale après quoi elle s’était dit qu’a défaut de gagner beaucoup d’argent, on ne lui ouvrirai jamais les portes de ce monde. Puis, en rejoignant Harlem, un panneau publicitaire avait attiré son attention; on y parlait d’un jackpot de trente-trois millions de dollars; il suffisait d’acheter un ticket et d’attendre deux jours pour le tirage. Adam Miller, les yeux rivés sur ses fiches articule solennellement; « 3, 15, 20, 22, 46, et le numéro complémentaire le 10. »  Gabriella ne respire plus. « On m’indique que nous avons gagnant, à New-York précisément. Félicitations. » Elle vérifie encore et encore, n’y croit pas. « Le jackpot de la semaine prochaine sera de deux millions de dollars, bonne soirée à tous. Et n’oubliez pas, il n’y a qu’en jouant que l’on peut gagner. » Tout se mélange dans sa tête, que faut-il faire, où faut-il se rendre, pour où commencer ? Partir, c’est ça la priorité. Ne pas passer une seconde de plus dans cet appartement misérable. Elle jette un sac de sport sur son lit et y dépose le maximum d’affaires, vêtements de rechange, papiers d’identité, médicaments, mais aucun souvenir. Avant de partir définitivement elle écrit quelques mots à l’encre noire sur un morceau de papier.

« Je m’en vais.
Je ne reviendrai pas.
Je vais enfin vivre ma vie.
L’argent tombe du ciel; vous aviez torts sur toute la ligne.
Je vous en enverrai d’ici quelques semaines.
Ne cherchez pas à me retrouver.
Merci de m’avoir supportée pendant toutes ces années.
Gabriella.»

juillet 2012 - juin 2016 - 04.  road to perdition. Gloria devient un oiseau des nuits, elle se lève en même temps que la lune; elle cherche à travers les étoiles, cette chose que les hommes appellent -l’espoir. Elle arpente les ruelles sombres et recrache des nuages de marijuana entre ses deux lèvres rouges. Gloria désobéit aux règles, rejette les bonnes moeurs, se laisse entrainer dans les valses dangereuses d’un monde sale, obscène et vulgaire; un monde d’argent et d’abus où la présence de cette princesse perdue, au regard candide, soulève les foules. Gloria s’enivre, Gloria s’enlise dans sa propre déchéance; la lumière qui brillait autrefois dans ses yeux n’est plus qu’une ombre. Trop fière, pour s’avouer fragile. Trop indépendante pour lancer un appel à l’aide. Gloria ne compte plus le nombre de fois où elle a frôlé l’accident, l’agression où la mort. Mademoiselle déchainée, Mademoiselle névrosée. Gloria repousse chaque soir un peu plus les limites de l’indécence car elle ignore tout de la modération. Elle est cette fille nue et sublime qui danse sur le zinc d’un bar, cette inconnue qui repeint ses lèvres au rouge à l’arrière des voitures, cette blonde incendiaire qui trouve le bonheur dans une montagne de poudre blanche, l’enjôleuse qui se glisse dans vos draps, l’anonyme qui écrase sa cigarette à vos pieds. Gloria aime les risques, la sensation qu’elle ressent lorsque l’adrénaline se propage dans ses veines. Elle succombe à ses démons, à ses envies extrêmes, ses pensées destructrices. Loin de la misère d’Harlem, d’un New-York qu’elle connait par coeur, Gloria se complait et se sent vivante, dans un monde fait de péchés et de corruption. Un monde qui s’est dévoilé à elle juste après son gain record de trente-trois millions de dollars. Pendant quatre ans, sa vie a été rythmée par les fêtes, par l’ivresse doucereuse, par le chant entêtant des sirènes. D’un bout à l’autre du monde; elle s’est abreuvée d’expériences, comblant ses désirs, les fignolant jusqu’au délire. Gloria a fait de la fête une religion, et du mensonge un art. Gloria est une énigme, un océan de mystères. Une fille rongée, divisée, indécise, incapable de réprimer ses pulsions, ses envies, ses tentations. Gloria est complexe, en quête d’attention, immodérément capricieuse. Souvent colérique, parfois bipolaire, rongée par la démence, ceux qui ont eu le malheur de bien la connaitre ne l’approche plus. Les autres, se font d’elle une image faussée, altérée, celle d’une jeune femme perdue, sensible et solitaire. Ils ne voient pas plus loin que les sourires de façades, le masque des apparences; ils ne devinent pas que cette fille à le diable au corps. La nuit est son terrain de chasse favori, lorsque le ciel se teinte de nuances orangées avant de plonger la ville dans le noir total. Les apparences s’estompent, Gloria sort de sa léthargie, redevient l’amante luciférienne, l’insatisfaite traînée. Elle trimballe son corps de putain au détour des bars malfamés, des clubs en vogue. Gloria provocante et racoleuse attire dans ses filets méphistophéliques des hommes de passage, des bruns ténébreux, des sales types qui sauront la faire rugir d’extase jusqu’au petit jour. La saleté, la vulgarité et l’indécence sont ses moteurs, ses sources d’oxygène. Sous les néons, elle danse, s’enivre, embrasse les interdits, épouse le danger. Nul ne saurait contrôler la folie qui l’anime, refréner ses ardeurs, calmer ses pulsions ou lui imposer des limites. Gloria joue avec la vie, souffle sur les braises. Parce qu’elle le peut, enfin.

juin 2016. - 05

« Dr Douglas Clifford, enchanté. Je serai votre médecin pendant toute la durée de votre séjour ici. »
« Je me suis brulée les ailes; c’est ça ? Et vous, vous allez m’appendre à voler de nouveau ?. »
« C’est plus ou moins ça. Nous avons un mois devant nous pour vous remettre sur pied. Ici, il n’y a pas de tentations, pas de drogue à tous les coins de rues, pas d’alcool, de boites de nuit ... »
« Mais il y a vous. »
« Mademoiselle Fontana... Ne m’envisagez pas. Vous êtes ici pour aller mieux.»
« Et après, je vais retourner là d’ou je viens et tout va recommencer. Tout aura été vain. »
« Non; après je vous parlerai d’une ville au canarde, white oak station, l’idéal pour repartir de zéro. Pour tout recommencer. »
« Vous m’accompagnerez ? »
« Non. »
« Quel intérêt dans ce cas ? »
« Retrouver votre amour-propre, votre fierté, votre âme. »

Gloria Fontana a écrit:

sarah - j'avais bien accroché avec chloé (on avait même rp toutes les deux); je vais attendre qu'elle passe par ici, sait-on jamais si elle souvient de moi et merci, la suite arrive très rapidement !

Cédrik Nadeau a écrit:

BIENVENUE PARMI NOUS !
Bonne chance pour la suite & si tu as besoin d'aide, n'hésite pas !

Abigail Woods a écrit:

Gloria Fontana a écrit:

sarah - j'avais bien accroché avec chloé (on avait même rp toutes les deux); je vais attendre qu'elle passe par ici, sait-on jamais si elle souvient de moi et merci, la suite arrive très rapidement !

je viens d'aller fouiller dans les archives et je me rappelle de ton personnage maintenant, j'avais trop aimé ton histoire et ta plume. du coup, j'ai encore plus hâte de voir ce nouveau perso maintenant.

Astrid Lloyd a écrit:

rebienvenue du coup
gigi est un excellent et ce que tu as écrit dans ta fiche m'intrigue, j'ai hâte d'en lire plus bonne rédaction et si besoin n'hésites pas

Azel Novak a écrit:

haaaan.  mais bien sûr que je me souviens de toi! ton pseudo me disait trop quelque chose aussi, et le prénom/nom du personnage que tu avais m'a tout de suite fait penser à teresa palmer, que tu jouais... je suis allée fouiller dans les archives aussi parce que je ne me souvenais plus quel lien on avait, et tout m'est revenu.  je suis tellement contente de te revoir ici, ça fait trop plaisir.  j'adorais le lien qu'on avait, ta façon d'écrire, et puis je crois qu'on avait bien papoté par mp.  rebienvenue ici en tout cas, j'espère qu'on pourra se trouver un lien, avec azel ou biddy.

Bienvenue