« Monsieur Shelton, vous avez le choix. C’est mademoiselle Hawkins ou votre travail. Il n’est pas question que je tolère ce genre de relation dans mon établissement. » Voilà le dilemme qui, apparemment, allait changer toute ma vie. Étrangement, je m’attendais à ce que cela arrive un jour, même si j’avais toujours espéré que cela ne survienne pas avant qu’April ait terminé ses études. C’était un long délai, quand même, mais puisque j’aimais la jeune femme, j’espérais pouvoir tenir le coup, histoire qu’on puisse être heureux et ne plus se cacher aux yeux des autres. Cependant, les évènements de la matinée m’avaient pris de court; alors que j’étais à mon bureau en train de corriger les derniers portfolios de mes étudiants, puisque ceux-ci n’avaient pas de partiel dans ma matière, j’avais appris qu’une étudiante, April justement, avait fait un malaise pendant un cours. Je n’avais même pas réfléchi à ce moment-là; j’avais accouru vers l’infirmerie pour voir comment ma petite-amie se portait, et clairement, je m’étais fait griller dès que j’avais pris sa main et que l’infirmière avait compris que je n’étais pas là simplement pour vérifier comment mon étudiante se portait. Et clairement, elle n’avait pas hésité à faillir à la règle du secret professionnel pour l’occasion, allant me dénoncer immédiatement au doyen qui n’avait pas tardé à me retirer du chevet d’April pour me convoquer dans son bureau. Et c’était à ce moment, suite à un long discours sur des principes éthiques que mes arguments ne réussirent pas à interrompre, qu’il me posa cet ultimatum. À cet instant, je l’avais regardé, les sourcils froncés, ne comprenant pas pourquoi il en venait là. Pour tout dire, j’avais préféré cacher ma relation avec la jeune femme pour qu’il n’y ait pas de commérages quant au favoritisme, mais nous n’étions plus au lycée; April était une adulte, consentante qui plus est, tout comme moi, sans parler du fait que nous avions commencé à nous fréquenter avant même que j’envisage de prendre ce poste de professeur. Mais si cela ne cadrait pas dans les principes de la tête dirigeante de la faculté, alors c’était tant pis.

« Dans ce cas, je suppose qu’il ne me reste qu’à vous remettre ma démission. » fut ce que je lui répondis, le laissant clairement bouche-bée l’espace de quelques secondes. Croyait-il sincèrement que j’allais dire que je mettrais fin à ma relation avec April pour ce travail que j’avais pris par obligation, et non parce que j’en avais nécessairement envie ? Il était certain qu’à cette époque, mes intentions étaient nobles, je devais m’occuper de ma mère, mais celle-ci étant partie, je n’en avais plus. Cela n’avait pas fait en sorte que j’avais mis fin à ce travail dès que je l’avais pu, mais disons que je ne le regrettais pas nécessairement pour le coup. Ne voulant plus argumenter sur ma décision que je considérais comme finale, je me levai de la chaise où on m’avait invité à m’installer lorsque j’étais entré dans le bureau, puis je dis : « Je vais aller chercher mes affaires. » avant de quitter le bureau, me disant que j’allais rendre mon départ officiel plus tard. En ce moment, je n’avais aucune envie d’aller chercher mes affaires comme je l’avais dit. Tout ce qui comptait maintenant pour moi, c’était de retrouver April, voir si elle allait mieux, d’où le fait que sitôt avoir quitté ce bureau, je retournai en direction de l’infirmerie, le cœur battant la chamade, pour aller à son chevet, et ne pas avoir aucune gêne de le faire, cette fois-ci.

Lorsque je vis que le couloir était désert, j’en avais déduit qu’April n’était pas encore sortie de l’infirmerie. Cela ne m’étonna pas vraiment, puisque lorsque j’avais quitté son chevet, celle-ci était encore inconsciente. Et ça, c’était ce qui m’avait probablement embêté le plus par rapport à tout ce qui s’était passé dans l’espace de quelques minutes; April n’avait pas eu l’occasion de dire quoi que ce soit, d’expliquer ce qui se passait que l’infirmière nous avait jetés dans la gueule du loup. Après, il fallait dire que la façon dont j’avais agi rendait la chose plutôt évidente, mais l’intolérance était toujours là en mon sens, et même si elle m’avait mis en colère précédemment, cette fois-ci, elle ne me dérangeait plus. Je n’avais plus à répondre de qui que ce soit à partir de maintenant, et cette fois-ci, rien ni personne, pas même la sécurité de l’université ou un truc dans le genre, ne m’empêcherait de rester au chevet de ma petite-amie tant et aussi longtemps que je ne serais pas certain qu’elle allait mieux. Après, j’irais la déposer chez elle, sans aucune gêne, puis je prendrais soin d’elle sans devoir me justifier à qui que ce soit. Bien sûr, je faisais de grands projets en peu de temps, mais pour la première fois, je pouvais les faire, ces grands projets, et je n’avais pas à me soucier de qui ou quoi que ce soit, sauf la personne la plus importante à mes yeux que je trouvais en la personne d’April.

Mais tout cela, la principale concernée ne le savait pas encore, puisque je n’avais pas pu lui parler, faute de m’être retrouvé en face d’elle alors qu’elle était consciente. Cela allait changer bien rapidement, puisque sans hésitation, j’entrai dans l’infirmerie, lançant un regard noir à l’infirmière qui avait bien intérêt à me laisser tranquille, cette fois-ci. Puis, sans attendre plus longtemps, je retournai au chevet de ma bien-aimée qui, à mon grand soulagement, était réveillée. Je ne me fis pas prier pour m’asseoir sur le lit à ses côtés tandis qu’elle me prévenait que je ferais mieux de ne pas être là. L’écoutant à peine, puisque cela n’avait plus d’importance, je me penchai sur elle, puis je l’embrassai furtivement sur les lèvres, sans faire durer le baiser trop longtemps, puisqu’après tout, je ne savais pas si son malaise était dû à un manque d’air ou quoi que ce soit du genre. Une fois mes lèvres détachées des siennes, je pris une de ses mains dans la mienne, tandis que la seconde caressait sa joue et que je lui disais : « Non… Ne t’en fais pas pour ça… » Je lui souris doucement, puis j’ajoutai tout de suite après : « Comment tu te sens ? Que s’est-il passé ? J’ai eu si peur… »

April avait beau me dire qu’elle allait mieux, que ce n’était qu’un petit malaise, qu’elle n’était pas malade, je demeurais encore et toujours particulièrement inquiet. Mes craintes ne firent que se confirmer au moment où elle prit ma main, puisque rapidement, je me rendis compte qu’elle n’avait pas la même vigueur que d’habitude. Elle n’en avait pas du tout, et clairement, je ne pouvais pas la laisser ainsi. En fait, je ne pouvais pas me laisser ainsi, tout simplement; j’avais peur pour elle, j’étais même paniqué. Je me doutais bien qu’elle n’avait rien de grave, mais je préférais de loin savoir ce qui se passait avec elle, histoire d’être plus calme, et surtout histoire d’être en mesure de prendre soin d’elle correctement. C’est ce qui expliqua pourquoi, lorsqu’elle me dit qu’elle voulait rentrer – ce que je pouvais comprendre, quand même – je préférai lui dire : « D’accord, mais avant, on va aller à la clinique… » Il était certain que j’aurais pu laisser l’infirmière poser un diagnostic elle-même sur ce fameux malaise, mais puisque je ne la portais plus vraiment dans mon cœur depuis ce sale coup qu’elle venait toujours de me faire, de nous faire, je voulais sortir d’ici le plus rapidement possible. Après avoir déposé un baiser qui se voulait rassurant sur le front de ma bien-aimée, je lui chuchotai tendrement : « Je vais prendre soin de toi, c’est promis… » avant de me relever, puis me pencher de nouveau sur elle, le temps de passer un bras sous ses épaules, le second sous ses genoux. Une fois que je fus assuré de ma posture, puisque loin de moi l’idée de lui faire mal, je la soulevai du lit, puis la serrai contre moi avant de me diriger vers la sortie de l’infirmerie. Poussant la porte d’un coup d’épaule, je gardai April dans mes bras, l’entraînant alors dans les couloirs, pour la première fois sans aucune gêne, vers l’extérieur de l’université. Marchant sans rien dire, je l’emmenai ainsi jusqu’à ma voiture, et ce fut seulement une fois que nous y fûmes que je la déposai momentanément par terre, histoire d’ouvrir la portière côté passager et l’aider à pénétrer dans l’habitacle. Lorsque je m’assurai qu’elle soit bien assise, je passai une main dans ses cheveux, et je lui demandai : « Ça va aller ? », préférant savoir si elle avait besoin de quoi que ce soit avant de prendre la route, même si le trajet entre l’université et la clinique, si mes souvenirs étaient bons, n’était que de quelques minutes.

Je m’étais bien rendu compte qu’April n’avait pas envie d’aller à la clinique, et pour tout dire, moi aussi, j’aurais bien aimé éviter ce détour, mais je ne pouvais tout simplement pas la laisser dans cet état sans savoir ce qui se passait avec elle. Peut-être que je m’affolais pour rien, peut-être était-ce simplement un malaise qu’elle avait eu et qu’avec du repos, ça passerait, mais la maladie de ma mère m’avait appris à être plus vigilent. Après, je me doutais bien qu’April n’était pas gravement malade – je ne l’espérais pas en tout cas – mais je préférais en être sûr et certain et de ce fait, avoir l’avis d’un professionnel. Heureusement, ma petite-amie – parce que oui, je pouvais maintenant l’appeler ainsi devant tout le monde, me comporter comme tel devant tout le monde – ne protesta pas, se laissant porter sans rien dire jusqu’à la voiture. Il était certain que plusieurs personnes nous avaient vus dans les couloirs, mais pour tout dire, je m’en moquais. Cela ne me faisait pas plaisir de laisser mes étudiants de la sorte, mais cela ne se faisait pas, me faire quitter mon emploi pour autant. Toutefois, je ne voulais pas penser à cela, souhaitant me concentrer sur April exclusivement. Dès qu’elle fut installée dans le véhicule, et que je fus certain que ça allait de son côté, je contournai la voiture pour me rendre du côté conducteur. Une fois assis, je voulus me mettre tout de suite en route, mais April m’interrompit dans mon intention en prenant ma main, et en prononçant ces douces paroles qui m’arrachèrent un petit sourire. Sitôt, je serrai ma main dans la sienne, et j’y déposai un tendre baiser avant de lui répondre : « Oui, je te le promets. » D’un geste protecteur, je l’embrassai sur la tempe, puis je mis la voiture en marche, conduisant jusqu’à la clinique sans rien dire. Celle-ci n’était pas très loin, et de plus, j’avais bien remarqué qu’April semblait endormie, alors si elle pouvait se reposer pendant le trajet, je n’allais pas l’en empêcher. Quelques minutes plus tard, une fois que nous fûmes arrivés devant le bâtiment et que la voiture fut garée, je repris la main de ma bien-aimée dans la mienne, et caressant doucement celle-ci de mon pouce, je lui dis avec tendresse : « Nous sommes arrivés… » Je considérai ensuite rapidement les voitures garées dans le parking, puis optimiste, j’ajoutai : « Il ne semble pas avoir grand-monde. On va sûrement passer rapidement. » avant de lui sourire timidement, attendant, en quelques sortes, son accord pour m’extirper du véhicule et, bien sûr, l’aider à faire de même.

Si April était choquée de la nouvelle, pour ma part, je me montrai carrément tétanisé, à un tel point que j’étais persuadé que je n’avais pas bien entendu ce que le médecin venait de dire. Toutefois, il ne tarda pas à le confirmer au moment où ma petite-amie le lui demanda, affirmant que même si sa grossesse était récente, les tests prouvaient qu’elle était bel et bien enceinte. Enceinte. April était enceinte, de mon enfant, de notre enfant. Enfin, c’était ce que je prenais pour acquis, puisque même si notre relation était des plus discrètes depuis le début, je me doutais – enfin, j’espérais – bien qu’elle n’avait pas couché avec qui que ce soit d’autre que moi. En conclusion, son malaise était en raison de sa grossesse dont, clairement, elle n’était pas au courant également. Pour cela, je devais admettre que j’étais quelque peu soulagé; compte tenu que j’avais appris que ma mère était atteinte d’une maladie grave dans des circonstances similaires, je devais admettre que j’avais eu peur, que la simple idée qu’April soit malade à son tour m’avait horrifiée. Alors si c’était tant mieux, pourquoi je ne le montrais pas ? Pourquoi je ne semblais pas plus détendu que ça ? Tout simplement parce que je n’y arrivais pas. J’avais beau essayé de me conforter dans cette nouvelle, il n’en demeurait pas moins qu’elle était plus que surprenante, susceptible de changer une vie, deux mêmes dans le cas présent. Plus encore, April et moi n’avions jamais abordé le sujet. C’était probablement ce qui expliquait pourquoi ma bien-aimée avait une réaction semblable à la mienne, et que soudainement, ne sachant que faire, je ne trouvai mieux que d’avoir un rire nerveux, complètement stupide, sans savoir si c’était de joie ou de véritable nervosité. Heureusement, le médecin ne sembla pas en tenir compte, ne serait-ce que par un sourcil arqué qui ne resta pas en place bien longtemps. Il ne fit que mentionner qu’April devrait prendre rendez-vous dans quelques semaines pour un suivi de sa grossesse, et nous permit de disposer par la suite. Rassuré de ne pas être coincé dans ce bureau austère plus longtemps, je remerciai poliment le docteur, puis je pris la main d’April pour l’emmener avec moi hors du bureau, puis finalement à l’extérieur du cabinet. Hors de question que nous discutions de cela entre ces murs, là où n’importe quelle oreille indiscrète pouvait nous entendre. Toutefois, lorsque nous fûmes dehors, je ne me fis pas prier pour me positionner face à ma petite-amie, me retrouvant alors à la regarder dans les yeux pour la première fois depuis ce qui me semblait être une éternité. Je tentai tant bien que mal de capturer son regard, d’avoir ne serait-ce qu’une petite idée de ce qu’elle pensait de ce qui arrivait, de la nouvelle que nous venions d’avoir. Puis, je me rendis compte qu’en fait, je n’y arrivais pas. Je mourais d’envie de lui dire quelque chose, mais j’ignorais par où commencer. Jamais nous n’avions parlé de cela. Moi, j’avais beau avoir trente ans, un âge mur pour avoir un bébé, mais étais-je prêt à cette éventualité qui ne m’avait jamais traversée l’esprit jusqu’à aujourd’hui ? Surtout, est-ce qu’April était prête ? Voulait-elle de cet enfant ? Toutes ces questions devraient forcément trouver réponse un jour ou l’autre, mais en ce moment, je ne me voyais pas les poser. Ce que je fis alors, c’est que je lui demandai, tout timidement : « Est-ce que… Est-ce que ça va ? » en me mordillant la lèvre inférieure plus fort qu’à la normale, à un tel point que si je ne faisais pas gaffe, je menaçais de me faire saigner moi-même. Bien sûr, je ne voulais pas en arriver là, mais j’étais si tendu, si perdu, que je ne savais pas comment réagir autrement. Je ne savais même plus si j’avais le contrôle de mes émotions et de mon comportement en ce moment.

Mon cœur se serra immédiatement quand je me rendis compte à quel point April ne semblait pas bien avec tout cela, qu’elle semblait perdue au point de parler de ne pas vouloir garder le bébé. Sans même que je ne comprenne pourquoi, je me sentis particulièrement troublé à ce dernier propos, comme si j’avais l’impression que cela ne se faisait pas. Bien sûr, je savais bien que nous n’étions pas prêts, que ce n’était pas du tout prévu, que c’était là une grosse étape à franchir, mais si jamais elle venait à se faire avorter, qu’en serait-il de nous ? Est-ce que j’aurais perdu mon emploi, ma petite-amie et tout en même temps ? Je ne pouvais pas vraiment dire à April que je l’obligeais à garder le bébé, parce que c’était son corps, c’est elle qui portait cet enfant qui était le nôtre, mais en même temps, pouvais-je simplement faire comme si ça ne me dérangeait pas, alors que je me rendais compte que oui, ça me dérangeait ? Tentant de faire de l’ordre dans mes pensées, je commençai par simplement lui dire, la voix un peu brisée par la nervosité : « On n’est obligés en rien, April… » Je compris à ce moment que je n’étais pas totalement à l’aise avec cela, mais pas du tout. Et puis, je réalisais que mon propos pourrait porter à confusion, comme quoi elle pensait que je ne voulais pas de cet enfant, un truc du genre. Toutefois, comment pouvais-je lui promettre que tout irait bien alors que nous devions en théorie encore nous cacher ? Est-ce que le fait que nous n’avions plus à le faire pourrait changer quelque chose ? Je n’en savais rien, pour tout dire, mais sachant qu’il faudrait que je lui avoue un jour ou l’autre, je décidai de prendre ses mains dans les miennes, puis lui dire : « J’ai remis ma démission. » Je marquai ensuite une pause, puis une fois que je me sentis prêt, j’ajoutai : « C’est ma faute. Quand j’ai su que tu avais eu un malaise j’ai… J’ai eu si peur que je n’ai pas réfléchi et j’ai accouru à ton chevet… » L’émotion me prit à la gorge, tandis que je revoyais comment j’avais appris que ma mère était malade, comment jamais je n’aurais cru qu’une telle banalité cache quelque chose d’aussi grave. Voilà pourquoi j’avais tant paniqué, parce que je n’avais pas voulu perdre celle que j’aimais. Maintenant que je savais qu’elle allait bien, j’avais l’impression que nous pourrions absolument tout surmonter. Tentant de m’encourager avec cette pensée, je me donnai le courage nécessaire pour ajouter : « On peut être ensemble April maintenant… On pourrait former… Une famille… » Un sourire maladroit apparut sur mes lèvres, puis je finis par ajouter, pour terminer mon discours : « Mais jamais je ne t’obligerai à faire quoi que ce soit… Tout ce que je veux April, c’est être là pour toi, qu’importe ce que tu décides… Je serai là pour toi, je te le promets, je serai là jusqu’au bout… Parce que je t’aime, si tu savais à quel point je t’aime… »

Bien que la situation était on ne peut plus délicate, que je me savais particulièrement maladroit dans mon choix de mots, il n’en demeurait pas moins que la dernière chose que je voulais était de pousser April à pleurer. Cependant, ce fut exactement la réaction qu’elle eut, faisant en sorte que je me sentis coupable immédiatement et je compris que je ne pouvais que me taire, accepter ce qu’elle me dirait et ce qu’elle ferait. À ce point, je craignais qu’elle me repousse, me dise que j’étais un idiot. Je réussissais même à me convaincre que c’était limite ce que je méritais, même si évidemment, je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Je voulais être là pour elle, qu’importe ce qu’elle décidait, mais si elle ne voulait pas de moi, alors je serais on ne peut plus impuissant. Au final, elle me donna une chance de pouvoir l’aider, la réconforter, en se jetant dans mes bras. Sans hésiter, je la serrai contre moi sans dire mot et ce, jusqu’à ce que je comprenne que je me devais absolument de lui dire quelque chose. C’est ce que je fis en lâchant un on ne peut plus sincère:  « Tu vaux plus que n’importe quel travail au monde… » En effet, je ne voulais pas qu’elle s’en veuille de m’avoir fait perdre mon boulot. Si j’y tenais comme je tenais à elle - ce qui était impossible, on s’entend - j’aurais trouvé une autre solution que rendre ma démission, mais je ne le regrettais pas, alors elle ne devait pas avoir de remords non plus, c’était hors de question. Évidemment, ce n’était pas cela qui me permettait de savoir si April voulait garder cet enfant ou pas, mais heureusement, je ne tardai pas à recevoir une réponse de sa part, ou plutôt un signe qui, mine de rien, se voulait dans la bonne direction à mon avis quand elle prit ma main pour la poser sur son ventre. Était-ce signe qu’elle voulait finalement le garder, compte tenu de ses dires ? C’était ce que j’osais croire, me disant aussi que si jamais elle devait me rendre triste, elle ne m’embrasserait pas de la sorte. À présent on ne peut plus heureux et ému, je lui rendis son baiser avec amour et une fois que celui-ci prit fin, je posai mes mains sur ses hanches, et me moquant bien d’être entouré de gens ou pas - ce qui montrait à quel point j’étais sur mon petit nuage - je me penchai pour déposer un petit baiser sur son ventre encore tout plat, par-dessus son t-shirt, ne pouvant que m’imaginer à quel point elle serait magnifique quand son ventre se serait arrondi ne serait-ce qu’un peu. Puis, reprenant mon sérieux, parce que je ne voulais pas que ce soit une décision prise sur un coup de tête, je me relevai tout en gardant mes mains autour de la taille de ma petite-amie, et je lui dis:  « Tu as encore du temps pour réfléchir mon amour… Maintenant je crois que le mieux est de rentrer et te reposer… Je prendrai soin de toi, c’est promis. » Puis, comme si je voulais sceller cet engagement, je déposai mes lèvres encore une fois sur les siennes pour l’embrasser longuement en mettant tout l’amour que je pouvais dans ce baiser.