Les plus belles aventures commencent avec des erreurs ~ Audrey
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(#) Sujet: Les plus belles aventures commencent avec des erreurs ~ Audrey Mer 2 Mar - 7:36
Les plus belles aventures commencent avec des erreurs
Audrey & Sam
Sam n'avait quasiment jamais mis les pieds dans un hôpital. Il s'était toujours représenté ça comme dans Grey's Anatomy, avec des drames partout, des histoires d'amour à l'eau de rose, des chirurgies qui ne foirent que très rarement (ou sinon tellement tristement que sa copine pleurait sur son épaule), des miracles et des sortes de génies de la médecine au détour des couloirs. Hélas, à White Oak Station, il n'y avait ni Meredith Grey, ni Christina Yang, encore moins un docteur Shepherd, quelqu'il soit, ou encore un major Hunt. Il n'y avait que des têtes qui se mélangeaient dans son esprit embrumé, déjà parce qu'il avait mal un peu partout et ensuite parce que sa tête tournait horriblement. La bonne nouvelle c'est qu'il était en vie. Incapable de faire quoique ce soit dans l'état actuel mais bien vivant ! Il se rappelait à peine avoir été extrait de l'habitacle de sa voiture, il ne s'était pas entendu hurler de douleur quand on l'en avait extirpé, pas plus qu'il n'avait fait attention à ce qui arrivait à sa passagère. À ce moment précis, plus rien n'avait d'importance : ni la dispute avec ses parents et encore moins le fait qu'il dormait sur la banquette arrière. Sam se voyait mourir, s'endormir pour ne plus jamais se réveiller. Ça n'était pas plus mal au fond, il ne causerait plus de problèmes ! Mais il y aurait tant d'autres choses qu'il ne ferait plus ! Conduire par exemple, car si le paradis existe, rien n'atteste qu'il y ait des véhicules motorisés à quatre roues là bas ! Il ne pourrait plus s'amuser, rire réellement, draguer, tomber amoureux, faire des erreurs, les réparer : vivre tout simplement. C'était dur à encaisser, mais les évènements s'étaient enchaînés si vite qu'il avait accepté la fatalité assez facilement, et mieux que beaucoup d'autres ! Puisqu'il se voyait déjà rejoindre le néant, il avait été un peu surpris se sentir à nouveau des choses. D'accord, l'accident ne l'avait pas tué sur le coup, alors pourquoi ses blessures ne s'en était pas chargé ? Il était pourtant sûr d'être un de ses patients dramatiques ! Mais non, il mourrait plus tard apparemment. Et quand il s'en rendit compte, le soulagement lui fit monter les larmes aux yeux : il respirait encore ! Il avait du temps devant lui ! Et apparemment, les gens de l'hôpital avait bien fait leur job. Une infirmière arriva assez vite, peut être à cause des bips qui s'emballait et un médecin les rejoignit alors qu'on l'installait plus confortablement : un mec inconscient n'a clairement pas la notion de la dureté du matelas. On lui parla dans du jargon qu'il comprenait un peu grâce à sa culture des séries, mais n'écoutait qu'à moitié, essayant de se rappeler les derniers instants de sa vie (ou du moins, ce qu'il avait pris pour les derniers instants de sa vie). Lui il n'avait pas vu tout le film de son enfance jusqu'à là où il en était se dérouler, ni de tunel et encore moins de lumière au bout. Il se souvenait juste d'une chose, la fille à côté de lui. Cette fille avec ses deux grosses valises qu'il avait galérer à ranger dans son coffre. La jolie fille sur qui ses yeux s'étaient posé avant de ne voir que du noir :
Et Audrey ? Comment elle va ?
Certainement pas mieux que lui qui déjà souffrait de différentes contusions, d'une épaule démise, de côtes fracturés et d'une légère comossion cérébrale, mais rien d'assez grave pour qu'il y ait une intervention chirurgicale : il ne lui avait pas fallu longtemps pour revenir à ses esprits et c'était bon signe. D'ici quelques jours il pourrait retourner chez lui, c'est-à-dire, nulle part.
* * *
Il faisait des cauchemars, la première nuit il s'était réveiller en sueur parce que la voiture fonçait dans le mur, ou pire que personne ne conduisait et qu'il était incapable d'atteindre le volant avant l'instant fatidique. Il avait appelé l'infirmière de garde et l'avait baratiné en lui demandant s'il rêvait encore tant elle était belle. Mais la nuit avant de quitter l'hôpital, et c'était bon signe, Sam n'avait pas fait le moindre cauchemar. Une nuit tranquille, bercée par les ronflements de son voisin de chambre. Bien sûr qu'il redoutait le moment où il devrait sortir : qu'est-ce qui l'attendait dehors ? Ses parents n'étaient même pas venu lui rendre visite ! Ou s'ils étaient venus, il ne les avait pas vu, et maintenant il n'était plus trop sûr de ce qu'il possédait encore. C'était d'ailleurs la grande question ! L'heure était venue et il attendait Audrey dans le hall pour signer les papiers avec elle puis chercher leur affaires. Ce qu'il en restait en tout cas. Il n'osait pas imaginer dans quelle état devait être Beth, sa voiture. Il se l'était payé lui-même, en partie, et n'avait toujours pas vue son épave... Ça lui ferait tellement mal au cœur ! Elle et lui partageaient tant de souvenirs... Et ça c'était fini tragiquement, aussi brutalement qu'une rupture amoureuse. C'était même pire car Sam ressortait avec des cicatrices et des marques encore bien visibles ainsi qu'un vide immense dans son vide qu'une nouvelle caisse ne saurait combler. Il n'eut pas à attendre très longtemps pour que sa nouvelle amie pointe le bout de son nez. À eux deux il formait un duo de miraculés quand même salement amochés. En la voyant il sourit, différemment que quand il croisait une jolie infirmière ou chirurgienne :
T'as une sale tête !
la salua-t mais il ne pouvait pas vraiment faire le fier. L'instant d'après, il apposait sa signature sur un papier qui attestait de sa capacité à sortir. Adieu les lits, les repas préparés et le staff qui prenait soin de vous, bonjour les galères pour joindre les deux bouts ! Sam n'avait pas hâte, mais bon. Il était prêt à relever le défis : on le balançait dans l'arène et il allait montrer qu'il était prêt à se battre pour qu'on ne lui coupe pas la tête ; un vrai gladiateur ! L'addition salé, s'il pouvait se permettre de voir ça ainsi, le fit grimacer. Il n'avait pas beaucoup économiser mais il pouvait se payer ses soins médicaux. Pour l'instant on ne leur avait rendu que le strict minimum, à savoir le porte-feuille. Maintenant, il leur restait à découvrir l'étendue des dégâts et surtout, s'il y avait encore des choses qui avaient pu être sauvées :
On parie tes valises sont comme neuves et mes affaires à moi sont irrécupérables ?
C'était ça d'être Sam Walker, c'était galérer tout le temps, en toute circonstance. Mais il avait été putain de chanceux sur ce coup ! Comme la fois où il avait glissé du toit d'ailleurs, il se tenait sur ses deux jambes, le pronostique vital n'avait jamais été engagé et à part quelques blessures, multiples d'accord et douloureuses, il s'en sortait bien, mieux que la majorité de ceux qui s'étaient retrouvés dans une situation de ce genre.
(#) Sujet: Re: Les plus belles aventures commencent avec des erreurs ~ Audrey Mer 2 Mar - 22:51
ft. SAM & DREY
Les plus belles aventures commencent avec des erreurs
C’était étrange. Audrey s’était toujours dit que si un jour elle se réveillait dans un hôpital suite à un accident, elle serait de ceux qui enlève d’un coup tous les tubes et autres bidules incrustés dans sa peau et qu’elle essayerait de se lever pour sortir, un peu comme dans les films. La réalité était bien autre. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, ses paupières lui semblaient lourdes et le moindre mouvement l'épuisait. Elle s’était réveillée au moins trois fois avant de comprendre que, de un, elle était à l’hôpital et, de deux, la morphine l’engourdissait physiquement mais aussi mentalement. Il lui fallu une quinzaine de minutes supplémentaires avant de demander à une infirmière si Sam était encore en vie lui aussi. Elle s’était retenue de poser la question pour le caribou car, si ce n’était pas réellement un caribou mais un cerf ou un autre animal du genre, elle aurait eut l’air stupide.
Après deux nuits et un check-up complet, l’hôpital avait enfin accepté de les laisser partir. Elle n’avait pas réussi à voir Sam, mais les infirmières avaient été claires et à chaque question d’Audrey, elles répondaient inlassablement qu’ils étaient dans le même état : un peu cabossés mais en vie. L’accident s'était effectivement gravé sur son corps : elle avait de multiples bleus, des coupures au visage, quelques côtes cassées, une attèle au genou gauche et le poignet droit dans le plâtre. Mon dieu que le plâtre la démangeait! Enfin, l’important c’était d’être en vie, son nouveau leitmotiv. Pendant qu’elle passait une dernière fois de l’eau fraiche sur son visage pour essayer d'atténuer les rougeurs même si la technique ne semblait pas changer quoique ce soit, Audrey faisait le compte dans son esprit. Les soins médicaux allaient peser lourd dans son maigre budget. Et dire qu’elle avait cru qu’elle n’aurait jamais besoin de vraies économies! Il lui avait fallu une sorte de fugue et un accident pour se rendre compte de son erreur. Un simple message dans un fortune cookie aurait amplement suffit. La grande question se posait alors : appeler les parents pour utiliser la sécurité sociale familiale et perdre sa liberté tout juste acquise ou se débrouiller toute seule et finir sans un sou. Étonnamment, la liberté pesa plus lourd dans la balance que la sécurité. Elle avait joué à la rebelle toute son adolescence, il était peut-être temps qu’elle applique ces principes pour de vrai. Qu’elle se détache de son parachute doré.
Lorsqu’elle descendit dans le hall d’entré, Audrey remarqua en tout premier une chevelure rousse qui ne pouvait appartenir qu’à Sam. Elle senti un poids s’envoler de sa poitrine. Il y avait une différence entre avoir entendu dire que quelqu’un allait bien et réellement le voir respirer et se tenir debout dans un grand hall. Si elle avait pu, elle aurait couru jusqu’à lui, il était ici son seul repère, mais son genou n’était pas du même avis et avec la vitesse d’une grand-mère en déambulateur, elle s'avança vers lui. « T'as une sale tête ! » Elle lui sourit. Il n’était pas non plus dans le genre "j’étais seul et ils étaient à trois contre moi". « Je te retourne le compliment, on dirait que tu t’es battu, et que tu as perdu. » Ils signèrent chacun à leur tour les papiers administratifs et voilà, ils étaient officiellement libres! Libre et sans ressource pour sa part, mais libre quand même. Il faut savoir se contenter de peu. Ils avaient ensuite à aller chercher les restes de leurs affaires. La gorge d’Audrey se noua. Ses deux valises étaient déjà les seules choses qu’il lui restait, elle ne savait pas si elle voulait réellement voir dans quel état ils les avaient récupérés, si elles étaient récupérables. « On parie tes valises sont comme neuves et mes affaires à moi sont irrécupérables? » Sam semblait redouter autant qu’elle ce moment et elle se mit à espérer que leurs affaires étaient dans le même état qu’eux : cabossées mais en vie. Elle aurait aimé placer une main compatissante sur son épaule mais son poignet était toujours dans ce fichu plâtre et son épaule à lui semblait avoir quelque peu souffert. « J’ai plus trop de quoi parier mais avec la chance qu’on a eu d’en sortir vivant, je sais même pas si on peut espérer un truc pareil, ça serait trop gros, non? » Les passagers et les bagages? C'était trop beau.
Un policier les emmena jusqu’à leurs affaires. Il semblait un peu perdu dans couloirs de l’hôpital et mis cinq bonnes minutes avant de trouver la bonne clé, sans compter le nombre de fois où son café avait failli se renverser. Il savait magnifiquement bien jouer avec leur nerfs. Une fois dans la salle, Audrey ne trouve qu’une valise, une valise ouverte. Une seule pensée passa dans sa tête à ce moment : Pitié, Dieu ou n’importe qui, faites que ce ne soit pas celle avec les sous-vêtement! Le policier expliqua vaguement que l’autre valise avait été imbibée d’essence, le réservoir s’étant troué/percé/explosé lors de l’accident, et que tout ce qu'il y avait là était ce qui avait pu récupérer en bon état. Génial. Maintenant elle ne savait plus si elle voulait ou non que ce soit la valise avec sa lingerie. Elle y tenait quand même. L’officier sorti enfin de la pièce, les laissant seul à seul avec les reliques de leur passé. Aurey croisa les yeux de Sam et lui lança un regard à la fois dépité et désolé puis récupéra un sac à dos de sa grosse valise et y tassa les quelques affaires qui avaient été sauvées. C’était définitivement la valise avec la lingerie, ils avaient du bien se marrer au poste quand ils l'avaient fouillé. Elle les laverait sans doute une bonne dizaine de fois avant d’oser les remettre. Au milieu des nuisettes et des soutient-gorge, Audrey trouva ses affaires de sport et quelques anciens tee-shirt dont elle n’avait pas pu se séparer mais plus important encore, il y avait le pull d’Iz. Le pull qu’elle avait passer toutes leurs années de lycée à lui voler et qu’il lui avait finalement offert avant son départ. Audrey agrippa le vêtement et le blotti contre elle. Le plus important avait été gardé. Les souvenirs. Ils embarquèrent en silence leurs maigres restes et sortirent de l’hôpital, pour de bon. Dehors, l’air frais leur fouetta le visage. Audrey pris une longue inspiration. Que c’était bon de ne plus sentir cette odeur de médicament. Elle s’étira lentement, puis se tourna vers son compagnon de malheur. « Et maintenant, on fait quoi? »
(#) Sujet: Re: Les plus belles aventures commencent avec des erreurs ~ Audrey Jeu 3 Mar - 22:55
Les plus belles aventures commencent avec des erreurs
Audrey & Sam
Finalement heureusement qu'Audrey n'avait pas pris le paris : Sam aurait perdu le peu qu'il lui restait. Et il était plus que soulager qu'il lui reste quelque chose ! Qu'aurait-il fait si tout avait été emporté dans l'accident ? Il serait sûrement retrouvé à devoir quémander l'aide parentale qu'on lui aurait refuser à coup de chaussure dans la gueule. Il paraît que la famille c'est ce qu'il y a de plus important, le jeune homme se permettait d'en douter et largement. Dans sa voiture, il avait tendance à s'éparpiller. Parce que c'était sa caisse et qu'il se fichait bien que sa couette traîne sur la banquette arrière ! Autant que de savoir ses chaussettes éparpillées dans le coffre ou ses caleçons cachés dans la boîte à gant. Le problème à ce bazar c'est que du coup la majorité de ses affaires étaient désormais perdues... Au moins lui restait-il ce qui était rangé, certes pas grand chose mais quand même : il retrouva dans sa valise vieille et cabossé, sa 3DS ce qui ne l'aiderait définitivement pas à se sortir de la merde dans laquelle il se trouvait, quelques fringues qui n'avaient jamais bougé de là parce qu'il ne les aimait pas, mais il était prêt à les adorer à partir de maintenant, son chargeur de portable sans le portable qui allait avec, sa trousse de toilette, il pourra au moins se laver les dents et se raser, ainsi que son ordinateur portable, la seule chose qu'il rangeait soigneusement. Emballé dans sa housse, il n'osa pas l'en sortir de peur de découvrir l'écran défoncé... Il du quand même le faire et découvrit l'objet en presque bon état, si on oubliait qu'il avait déjà perdu des touches du fait de Sam et que l'écran était sale. À part ça, il allait bien : comme quoi, attacher sa valise ça n'est pas si stupide que ça ! La valise en elle-même par contre avait connu des jours meilleurs. Mais il s'en fichait, il fourra tout dedans et y ajouta même une couverture qu'on avait pu sauver, il l'avait piqué en partant, normalement elle appartenait à ses parents et c'était sous celle-ci que la famille se retrouvait pour regarder la télé. Certains emmènent des photos de leur famille, d'autre des petits mots ou des souvenirs particuliers, lui avait gardé une couverture bleue, mais c'était surtout parce qu'elle était incroyablement douce qu'il s'était permis de l'embarquer !
Une fois dehors, sans plus rien d'autre à faire, Sam se mit à réfléchir à sa situation. Il aurait préféré ne pas s'en soucier mais là on l'avait déposé en pleins de dans : il ne pouvait plus ignorer la situation précaire dans laquelle il se trouvait. Le pire c'est qu'il ne voyait pas du tout comment arranger les choses ! Qu'est ce qu'il avait envie de retrouver son lit, chez ses parents ! Hélas c'était impossible, et il en avait conscience. Voilà, il était dehors dans un sale état, il avait encore mal partout et il n'avait nul part ou aller. Par où commencer ? Audrey osa poser la question à voix haute ce qui força le rouquin à réfléchir un peu plus vite :
J'en sais rien... Enfin si. Je crois que j'aimerais bien aller voir Beth à la déchetterie. Beth, la voiture.
se cru-t-il obligé de préciser.
Il marqua une légère pause un peu gêné. Oui il avait donné un nom à sa voiture mais ça partait d'un délire avec son meilleur pote qui en avait aussi donné un à sa voiture et c'était à celui qui avait le plus pourri. Bien sûr Sam avait perdu parce que Beth ça passait encore : il l'avait fait exprès, il ne voulait pas l'appelé par un sobriquet ridicule, Beth c'était court, mignon et ça sonnait bien pour un tas de ferraille :
Et à vrai dire, je vois pas ce qu'on a de mieux à faire. Si faudrait que je passe au boulot... Pour la paperasse et tout le bordel qui va avec et j'ai pas envie de me prendre la tête avec ça. Tu me suis ?
Si elle ne venait pas avec lui, il n'irait pas. Il ne le disait pas à voix haute mais il pensait vraiment. Se retrouver seul face au cadavre de sa caisse lui ferait beaucoup de mal. Elle avait été sa citrouille transformée en carrosse, la clef de sa liberté et maintenant il était minuit passé. Le rêve tournait au cauchemar et il n'avait pas trouvé l'équivalent du prince charmant : faut dire il avait pas beaucoup cherché non plus. Jamais il n'avait pensé qu'une telle situation puisse arrivée et qu'il aurait besoin de quelqu'un pour couvrir ses arrières ! Et maintenant il se sentait bien seul dans la marée humaine de White Oak Station. Heureusement qu'Audrey se tenait à côté de lui.
(#) Sujet: Re: Les plus belles aventures commencent avec des erreurs ~ Audrey Ven 4 Mar - 20:13
ft. SAM & DREY
Les plus belles aventures commencent avec des erreurs
Elle avait l’impression d’avoir tiré Sam de ses pensées. Ils devaient avoir l’air bien perdus tous les deux avec leurs tas affaires improbables dans les bras. Elle était vraiment contente d’avoir trouvé ce sac dans sa valise, sans lui elle aurait du emprunter quelque chose à l’hôpital et promener ses affaires dans un sac poubelle, ce n'est pas ce qu'il y a de plus glam. Sam lui répondit doucement, il n’avait aucune raison de se presser toute façon. « J'en sais rien... Enfin si. Je crois que j'aimerais bien aller voir Beth à la déchetterie. Beth, la voiture. » Sans beaucoup d’effort on percevait la tristesse dans sa voix. Pour avoir donné un nom à sa voiture, il devait y tenir beaucoup. Et maintenant, par sa faute, bon aussi par celle du caribou, Beth avait fait des petits tonneaux dans un champ. Enfin ce n’était peut-être pas exactement des petits tonneaux mais pour le moment Audrey essayait de rejeter ses maigres souvenirs de l’accident et dans tous las cas, la voiture se trouvait à la casse. « Et à vrai dire, je vois pas ce qu'on a de mieux à faire. Si faudrait que je passe au boulot... Pour la paperasse et tout le bordel qui va avec et j'ai pas envie de me prendre la tête avec ça. Tu me suis ? » Elle aurait du lui répondre un truc chamalow du type « Je te suivrais jusqu’au bout du monde! » pour le faire rire un peu et puis parce que quelque part c’était vrai, elle ne connaissait absolument rien de cette ville alors il était son repère, son ancre et Audrey n’était pas encore prête à le laisser s’en aller. Elle lui sourit et accompagna son geste d’un hochement de la tête. « Je te suis, je risque de me perdre sinon. » et avant de se mettre en marche, elle régla les bretelles de son sac de manière à ce qu’il n’accentue pas trop son mal de dos.
Sam et Audrey firent les cents premiers mètres dans le silence. Elle pensait à son futur mais pas aux projets du futur lointain qu’elle pouvait avoir et qui avaient intéressé tous les adultes qu’elle avait rencontré lors de ses dernières années chez ses parents. Non, c’était beaucoup plus simple que ça. Elle réfléchissait simplement à l’endroit où elle pourrait dormir ce soir et ça lui foutait les jetons. Au bout du cent-unième mètre elle ne pu s’empêcher de parler. « Pourquoi tu l’as appelé Beth? » Il fallait aller doucement sur le sujet mais la question la taraudait. Un nom avait toujours une signification, non? Mais a vrai dire ce n’était pas la question la plus intelligente qui soit vu qu’elle rappellerait des souvenirs à son propriétaire mais d'un autre côté, c’était toujours mieux que « À ton avis, il s’en est sorti le caribou? » et bien moins cash que « Tu connaîtrais un endroit où je puisse dormir ce soir? Si possible pas cher parce que je n’ai pas de fric? ». Ça restait tout de même une question bancale. « Nan enfaite oublie, je ne veux pas savoir, ça va détruire le mystère. Dis moi plutôt… tu as toujours vécu à White Oak Station? » Ça au moins, ça avait le mérite d’être large. Ils n’avaient absolument pas évoqué leur passé pendant le voyage, ce qui avait bien arrangé Audrey et puis ils étaient uniquement dans une relation de conducteur/passagère. Maintenant, c’était différent. Le présent était tout aussi trouble que le futur dans la tête d'Audrey et la seule chose à laquelle elle pouvait se raccrocher était le passé, ses souvenirs. Ils avaient aussi failli mourir ensemble, c'était le genre de situation qui créait des liens, non? En attendant sa réponse, elle serra encore plus fort le sweat d’Iz contre sa poitrine et grimaça de douleur mais ce n’était rien comparé à la peur qui lui tiraillait le ventre. Mon dieu, qu’est-ce-qu’elle avait fait?
(#) Sujet: Re: Les plus belles aventures commencent avec des erreurs ~ Audrey Mar 15 Mar - 22:09
Les plus belles aventures commencent avec des erreurs
Audrey & Sam
Il est généralement difficile de commencer une histoire. Quel est le vrai début ? À partir de quand est-ce que ça vaut le coup d'être raconter ? Sam n'était pas conteur et n'en savait strictement rien. Sa vie ne lui avait jamais donné l'impression d'être intéressante, elle était plutôt l'exact opposé de ce qu'une vie aurait due être. Si un jour elle devait être évoquée ce serait pour donner un exemple à ne pas suivre. Samuel Walker était la personne comme qui on ne voudrait pas finir ! Mais au moins, se dit-il, il serait quelqu'un. Ce qui tenait du fantasme puis que la vérité, la vraie, c'est que personne ne retiendrait jamais son nom et encore moins son prénom ! Il laisse planer un silence durant lequel il regarda la ville comme s'il la découvrait pour la première fois. C'était une impression étrange que de lever la tête pour voir les toits et ce qu'il y a au dessus puis de revenir sur terre pour constater que tout à changer parce que la personne qui se tient à côté de vous n'est pas la même qu'avant. White Oak Station avait changé, au même titre que Sam qui n'était plus le même. Par rapport à quand ? C'était là toute la question. Il était quasiment sur que rien que ces quelques pas en extérieur avait transformé le gars qu'il était avant de sortir de l'hôpital. Décidément, il ne comprenait rien à ce que signifiait grandir.
Il emplit ses poumons d'air frais et expira bruyamment. Tout à coup, il souriait. Était-ce du au soleil et au ciel clair ? Peut être juste à ce sentiment d'invincibilité qu'il ressentait, ils n'étaient pas morts. Et cette perspective fit de lui un être particulièrement joyeux et c'est pourquoi il répondit d'une voix enjouée à Audrey : « Ouaip ! J'ai pas vraiment vu grand chose d'autre en fait. Je suis même carrément né ici et jusqu'à récemment j'allais à l'université. Enfin, c'est un peu compliqué, et maintenant on peut dire que ça l'est encore plus mais j'aime bien cette ville, son ambiance... Tout ça quoi. » Il haussa vaguement les épaules et grimpa sur le muret qui bordait le trottoir : le voilà qui faisait le funambule comme quand il était un petit garçon. Il ne ressentit aucune nostalgie et ne s'en rendit pas compte. C'est à peine s'il regrettait cette époque qu'il avait pourtant chéri. Il se sentait bien dans ses baskets et savourait l'air qu'il respirait, à nouveau il s'éveillait au monde comme un papillon qui prend enfin son envol. Que ses parents découvrent ses mensonges, qu'ils le mettent à la porte et que désormais il n'ait plus aucun point d'attache, pas même sa voiture, c'était comme passer de la chrysalide au papillon. La chenille s'était transformée, ou était en train en tout cas, qui sait si justement il n'était pas en train de se confectionner son cocon : « Peut être qu'un jour je m'en irais, mais pour l'instant, ça me semble difficile. Je vais traîner encore un peu dans les parages et puis quand j'aurais trouvé quelque chose de mieux, je m'en irais. Et toi ? T'es souvent sur les routes ? » Si oui, il l'enviait un peu. Bien sur, il avait vu assez de séries pour savoir que changer de ville tous les deux mois ça n'a rien d'amusant et que c'est plus séduisant sur le papier, mais l'herbe est toujours plus verte chez le voisin, lui n'avait qu'entre aperçu le jardin attenant et il était tellement plus verdoyant que le sien ! En comparaison, d'ailleurs, la décharge de plus en plus fléché à mesure qu'ils en approchaient, n'avait rien d'attrayant. Mais elle constituait un point important de leur parcours : c'était le premier lieu qui les amènerait à apprendre à se connaître.
(#) Sujet: Re: Les plus belles aventures commencent avec des erreurs ~ Audrey Mar 5 Avr - 22:25
ft. SAM & DREY
Les plus belles aventures commencent avec des erreurs
Il a l’air heureux Sam quand utilise cette voix. C’est la voix des gamins qui vont jouer au parc, des lycéens dont les profs sont absents le jour d’un contrôle, la voix des petits bonheurs de la vie. Il a bien pris la question finalement, alors il faut absolument qu’elle arrête cette paranoïa à deux balles. Iz se fouterait bien d’elle avec un « C’est pas Audrey Hellsten ça. » et il aurait raison. Drey, la vraie, celle qui s’en fiche de savoir si sa question dérange, elle ressemble plus à Sam. Le Sam qui sourit dans sa voiture avant qu’un caribou ne vienne tout foutre en l’air. Eux. La bagnole. Beth. Leurs affaires. Leur santé. Enfin ils sont toujours là, à peine boiteux. De quoi se plaignent-ils ? Ils ne se plaignent pas, ils n’en ont pas le droit, ils doivent profiter de leurs nouvelles vies de survivants.
Elle observe les environs, à la recherche de ce qu’il y voit, le rouquin. Ces rues doivent dégouliner de souvenirs à ses yeux. Le premier vélo à deux roues, la première gamelle, un retour de soirée un matin, le chemin de l’école peut-être ? À moins que ce ne soit la route pour aller pêcher ? Elles lui paraissent pourtant vides de sens, vierges de tout souvenir. Une sorte de flaque claire à côté du tourbillon. Elle le jalouse. C’est un peu con quand on y pense, Drey a choisi elle-même de tirer un trait sur son passé en partant cette nuit là, et la voilà qui jalouse celui d’un autre. La commotion cérébrale a du lui retourner l’esprit. Elle lui lance un petit sourire, celui de la personne qui a écouté sa confession et qui ne sait pas trop quoi répondre. C’est même plus qu’elle ne veut pas froisser ses sentiments. Maintenant le dilemme c’est de se demander si elle doit lui dire la vérité. La tristesse vérité ? Celle où elle admet qu’elle est paumée, sans endroit pour dormir, fauchée, dans une ville inconnue, avec un inconnu qui a donné un nom à sa voiture. Y a la voix de son père qui lui rappelle que le nom Hellsten ne doit pas être raccroché à de telles histoires. C’est un nom trop prestigieux paraît-il. Tellement que personne n’en parle jamais dans les bouquins. Il est peut-être temps qu’elle crache sur le premier des principes.
« Non pas vraiment. Je… c’est un peu compliqué aussi mais pour faire court, je venais de prendre ma liberté quand tu m’as récupéré sur le bas-côté. Je sais pas trop à quoi je pensais... Certainement pas à finir ici ! » Elle réprima un rire. « Mais je vais prendre cette aventure comme un signe du destin. » Pas qu’elle soit vraiment croyante , que ce soit le destin ou les religions, l’agnosticisme de son meilleur ami l’avait fortement influencé, mais il fallait bien essayer de trouver un sens aux choses, pour qu’elles semblent moins désespérantes qu’elles ne le sont vraiment.
À force de papotages, il y sont arrivés finalement. La fourrière de White Oak Station les attend à grilles ouvertes. Le retour à la réalité, qui n’a déjà pas beaucoup quitté son esprit, fut sans appel. Ils allaient voir la voiture. Beth. Ils allaient voir la relique de ce qui aurait pu les tuer mais qui ne l’a pas fait. Ça a de quoi donner envie de croire en des choses surnaturelles. Supérieures. L’atmosphère est mélancolique, comme on l’attendrait d’un cimetière à voiture. Elles sont là, les unes à côté des autres, certaines entassées, d’autres à moitié défoncées, bousillées. Des Beth, des Cerys, des Eve, des Holly, des Lexie, des Juliet. Des reliques de fais divers. Les restes de passionnantes histoires qui attendent patiemment qu’on vienne les retirer. Il n'y a pas un seul bouquet dans cet étrange cimetière. Rien que des boulons, du verre brisé et le vent qui souffle. Sans vraiment réfléchir, elle prend la main de Sam et la serre, doucement, pour ne pas lui faire mal. Il aura besoin d’un ami, besoin d’une épaule, de quelque chose lorsqu’il la verra et faute de mieux, elle est et restera à ses côtés.