story of my life.
  le bonheur tu dis ? je ne suis pas sûre de l'avoir déjà rencontré.

Robe noir, chaussures cirés, mes yeux humides fixe le cercueil de ma défunte mère. Mon père n'est pas là, il ne voulait pas. Alors j'y suis allé avec ma nourrice. je suis allé dire au revoir à ma mère, du haut de mes quatre ans, seule, sans parents pour me soutenir. Comme une orpheline, sans père, sans mère, sans famille. Une musique triste, des larmes coulant sur les joues des inconnus autours de moi, un cierge allumé, et mes souvenirs se sont envolés. Mon enfance aussi. Ce jour là, j'ai réellement compris la valeur de la vie. La vie ne tient qu'à un fil, fil qui peut se briser en un instant de seconde. Je tourne la tête un instant vers les personnes derrière moi. Mes yeux rougissent, et je fond en larmes, à nouveau. Ma nourrice me prend dans ses bras, et me dis que c'est fini et me tire à l'extérieur de l'église. Je hurle, je me débat, je réclame ma mère sous les yeux ahuri du prêtre en train de prononcer les dernières prières. Et nous nous en allons.

Sa respiration régulière apaise les battements de mon cœur affolé, ma sœur me tient dans ses bras comme à notre habitude chaque soirs de week-end. Sa maturité prend le dessus sur mon innocence, innocence d'enfant, maturité d'adolescent. Sa main vient se poser sur ma chevelure afin de la caresser pour me rendre plus calme, et pour m'annoncer une bonne nuit. Ma soeur, je l'aime. Même si je ne la vois que très rarement, le week-end seulement, elle est la personne qui remplace maman lors de mes chagrins enfantin, la personne a qui je me confis sur les propos de mon père lors des diners, à qui j'avoue mes amoureux à l'école, à qui je dis que j'ai peur du noir, à qui je peux me confier, peut importe les moments ou l'heure de la journée. Beaucoup de personnes ne croient pas en la réincarnation. Moi, j'y crois. L'âme de ma mère, sa douceur et sa maternité s'est installé en ma grande sœur, pour continuer de me protéger des obstacles de la vie.

Mes mains dans les siennes, ma tête se pose sur son torse chaud, son parfum passe à travers mes narines laissant échapper un rictus sur le bord de mes lèvres. Aujourd'hui c'est notre anniversaire. Celui de notre couple. Deux ans, déjà. Débuté le jour de la saint valentin, ce jour est d'autant plus beau à nos yeux. A la vie, à la mort, tel que nous nous le sommes juré. Certains diront que nous ne sommes peut-être que des adolescents, d'autres diront que c'est mignon, et les rageux diront que ça ne tiendra pas plus longtemps. Mais nous, nous sommes sûrs que ça durera encore des années, pourquoi pas même toujours. tel roméo et juliette. à la vie, à la mort.

Le regard sombre, les traits tirés, muscles tendus, visages fermés et sans émotion. Du haut de mes seize ans, j'ai soudain conscience que quelque chose ne va pas chez mon petit-ami. Je passe ma main sur son torse en lui demandant ce qu'il ne va pas, en précisant mon inquiétude depuis quelques jours vis à vis de son comportement. Il se retourne, et face à face avec son dos, je l'entends prononcer quelques mots, et pas des moindres. « Je vais être papa, Vicki » Cette phrase fait office de poignard à travers ma poitrine. Je regarde un instant mon ventre, puis lève les yeux vers le plafond avant de comprendre l’évidence. Il m’a trompé. Les larmes me montent aux yeux, et une sorte d’euphorie meurtrière s’empare de mon corps. Je me lève et attrape mon petit-ami par le bras avant de le mettre dehors, en caleçon, et de lui jeter ses vêtements au loin. Les yeux rouges, humides, ma vue brouillée, je rentre chez moi passant par le salon où ma sœur ainée regarde la télévision. Je viens me mettre dans ses bras, recherchant de l’affection suite à la situation des dernières minutes. Les larmes coulant, mon cœur saignant, nous restons là, pendant une vingtaine de minutes.

Larmes qui coulent sur les joues, j’entends mon père hurler à nouveau à travers la maison familiale. Depuis que Louisa est partie, l’ambiance n’est plus la même. Plus personne pour abréger nos cris, plus personne d’assez mûre pour m’apaiser. Cela fait a peine six mois que la situation est de plus en plus affreuse à vivre. Les repas se font en solo, les seuls moments passés ensemble se passent dans les hurlements, et surtout, plus aucun geste d’affection. « Victoria bon dieu ! Tu as vraiment le sale caractère de ta mère !! » Je me retourne vers mon paternel. Pourquoi a-t-il dit cela. Aujourd’hui, cela fait quatorze ans que maman est morte. Pourquoi nous infliger ça ? D’un ton sûr, je me décide enfin à lui répondre ce que j’ai à lui dire, depuis toutes ses années. « Je t’emmerde, Bennett ! T’es vraiment un salopard putain, et dire que Penny va devoir encore vivre avec toi encore quelques années ! Je me CASSE. C’est décidé ! Et ne tache pas à prendre des nouvelles, tu n’en voudras qu’a toi-même et à ton caractère vraiment merdique et de vrai connard ! » Dire de telles paroles à son géniteur, cela peut paraitre compliqué, affreux. Mais croyez moi, après avoir vécu ce que j’ai vécu… il en est une autre question. Sac à main sur l’épaule, je claque la porte de la maison, une dernière fois. Liberté chérie.

Allongé à côté de moi, il me regarde avec des étoiles dans les yeux. Notre idylle amoureux a commencé il y a deux mois, après notre rencontre dans une boite de nuit. Joshua, le retour. J'ai appris rapidement qu'il ne m'avait pas trompé, et que c'était simplement l’œuvre d'une fille du lycée qui avait complètement menti. Nous voulions reprendre là où nous nous étions laissé. Réticents au début, nous avons finalement craqué à nouveau l’un sur l’autre, et les choses sont allées très vite, peut être même trop vite. Emménagement ensemble dans les quinze jours, adoption d’un chat, nous avons même commencé à parler de mariage et de fonder une famille. Du haut de mes dix-neuf ans, l’amour me rend aveugle, me rend folle et prête à tout. J’ai arrêté la pilule hier soir. Je ne lui ai pas dis. Je ne voulais pas, juste lui faire la surprise. Me prenant par la main, il me sourit. « Tu es enfin décidé à me faire un enfant. » Je baisse délicatement les yeux, ne voulant pas lui avouer que je n’en ai pas réellement l’envie, maintenant. Mais je ne veux pas le décevoir, alors je me contente de lui sourire, afin de le rendre heureux. Ma sœur aînée me dit que je fais n’importe quoi, que je vais finir par tomber de haut à nouveau. Mais je ne l’écoute. J’ai confiance. Confiance dans le mec que j’aime depuis plus de dix ans déjà.

Larmes coulant sur mes joues, je  ne m’attendais pas à cette réaction de Joshua. Aujourd’hui, c’est la St Valentin et malgré l’amour flottant dans l’air, il en est autrement chez nous. J’ai perdu un bébé. Son bébé. Le soir de Noël, alors que nous allions passer au dessert. Mal au ventre, saignement, je vous échappe des détails pas très glamour de cette nuit de Noël mouvementé. Les médecins ont dit qu’il n’était pas fiable et que c’était mieux comme ça. Peut-être bien, après tout il n’était désiré que d’un côté du couple. Aujourd’hui, j’aurais fêté mes cinq mois de grossesse, et nous aurions connu le sexe de notre enfant. Mais il en est autrement, et même si c’est affreux à vivre, je me sens mieux après tout. Je reprends la pilule, l’idée de faire un enfant a été mise de côté, mais je voyais très bien que Joshua n’était pas heureux depuis quelques semaines. J’ai décidé de lui demander des explications ce matin, et il s’est contenté de claquer la porte, me laissant seule face à la table décoré d’amour, dans mon chagrin et mes larmes. Je comprends rapidement qu’il m’a quitté. Encore. Je pleure, j’ai envie d’hurler que je ne comprends pas, mais je me rends très vite à l’évidence que de toute manière il s’en fiche de mon avis. Joshua pourquoi es-tu parti, pourquoi m’a tu laissé face à mes sentiments incertains, pourquoi ne m’as-tu pas accompagné dans cette épreuve difficile. « Je t’aime Joshua... » Ma voix brise le silence avant de se casser à nouveau à la prononciation de son prénom. Je réussie à appeler ma sœur aînée, avant de m’effondrer à nouveau sur le canapé. Dieu, pourquoi la vie amoureuse est si compliqué ?