I love you but go away.

Oscar dormait profondément, emmitouflé jusqu'aux yeux dans une énorme couette blanche, elle même couverte d'une faux fausse fourrure marron. La soirée avait été plutôt mouvementée. En effet, le jeune homme l'avait passé en la compagnie de son amie Cat. Parfois, il ne comprenait pas pourquoi il s'entendait aussi bien avec elle. Il n'avait pas grand chose à voir l'un avec l'autre. Pourtant, il arrivait à supporter ses caprices de princesse tous plus exagérés les uns que les autres tandis qu'elle arrivait à temporiser chacune de ses colères sans que l'on sache réellement comment elle opérait. Le résultat était là, les deux amis se complétaient à merveilleuse et formaient un duo parfait. Toute la nuit, ou plutôt toute la matinée, le sommeil du garçon avait été agité. Il avait eu l'impression que son lit tournait sur lui-même et que le plafond avait décidé de lui dire merde en lui donnant l'impression de s'approcher de lui. La drogue et ses risques. Pourtant, la soirée avait été belle. Ils avaient dansé, bu, séduit. Leur routine était la plus belle et valait très largement l'horrible lendemain qui l'attendait. C'était donc pour cela qu'il avait décidé de rester coucher toute la journée et de se lever ce soir pour retourner en soirée. Oscar était un véritable oiseau de nuit qui errait sans but à par celui de se mettre la tête à l'envers, encore et encore. Dans un grognement qui en disait long sur sa fatigue, il se tourna pour se mettre dos à la fenêtre qui projetait vers lui des rayons de soleil fracassants. Le calme régnait dans son appartement, seul le bruit de quelques voitures osaient passer l'épaisseur de la vitre.

« ..EVER KNOW, MAKE MY WISH COME TRUE, ALL I WANT FOR CHRISTMAS IS YOUUUUU » ... Était-ce une mauvaise blague? Ne pouvait-elle pas lui laisser au moins une journée de répit avant de remettre ça? Oscar se remit à grogner en n'osant pas ouvrir les yeux. Bien vite, la couette glissa le long de son corps, le laissant simplement vêtu de son caleçon aux yeux de Cat. Le brun se mit en boule, ne trouvant pas le moyen de se défendre dignement face à cette attaque surprise. Le froid de sa chambre lui paraissait glacial. Il ouvrit finalement un oeil et esquissa un petit sourire. « Cat, dès que tu utilises ma clé que je t'ai donné en cas de problèmes sans qu'il n'y en ai aucun, dis toi qu'un chaton mignon meurt à chaque fois que tu la tournes dans la serrure. » Dit il d'un ton sec qui contrastait avec la bonne humeur de la blondinette qui trépignait d'impatience sur place. La magie de Noël, il supposait. Lui, ça ne lui avait jamais rien fait. Il avait beau avoir été fils unique, ses parents étaient stupides, froids et le fait qu'ils soient divorcés ne lui apportait même pas deux fois plus de cadeaux comme la légende le voulait. Pourtant, adolescent, c'est ce que ses amis lui avaient dit pour le consoler. Il s'appuya sur un de ses coudes et observa d'un air songeur le spectacle que l'ingénue lui offrait. Il attrapa son demi litre d'eau posé sur sa table de chevet et le descendit en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. . « Oh oh oh ! C'est Noël p'tit con, il faut se lever ! Peut-être que si tu es assez rapide tu arriveras à voir le Père Noël partir sur son traîneau. » Chantonnait Cat. Il reposa la bouteille et toujours aussi calmement attrapa Cat par la taille afin de la plaquer sur le matelas à ses côtés. « Et toi, tu ne veux pas partir avec lui dans son beau traîneau? Parce que là, tu m'emmerdes.  » Dit il en la serrant contre lui tout en déposant un baiser sur sa joue. Elle gigotait tellement. Oscar ne comprenait pas comment faisait-elle pour avoir tant d'énergie après la soirée endiablée qu'ils avaient passé. Lui avait juste envie de mourir dans un coin d'une pièce tant son cerveau tapait fort à l'intérieur de sa tête. « J'espère que tu vas m'offrir le chewing gum de Beyonce sur lequel j'ai enchéris sur Ebay mais que je n'ai pas remporté. » Demanda t il tout en la lâchant de son emprise.  Ses grands yeux bleus rivés sur elle tentaient tant bien que mal de refléter l'innocence de sa requête. Malheureusement, son ironie était marquée au fer rouge sur son front. Tout en riant, il remit la couette sur eux. Parce qu'il gelait sur place et qu'il avait terriblement envie de dormir encore un peu, bien que madame ne l'entende pas de cette oreille. « Eh, moi aussi j'ai des trucs pour toi, princesse. » Grande nouvelle. Oscar s'était senti l'âme généreuse une fraction de seconde. Cat était la seule personne pour qui il avait eu une pensée en passant devant les vitrines remplies de jolies choses. Cependant, le connaissant, il y avait peu de chances que ses cadeaux reflètent l'esprit de Noël...

You are the cutest and most annoying person alive.

« Je te manquerais beaucoup trop si je partais. Ta vie n'aurait plus aucun sens et tu serais perdu sans moi. » Répondit la jeune femme, sûre d’elle. Oscar sourit, alors qu’elle posait rapidement ses lèvres sur les siennes. Il n’y avait jamais eu de barrières physiques entre eux, ce genre d’agissement ne l’avait donc pas plus étonné que ça. Il était vrai que parfois, Cat pouvait être trop tactile avec lui ce qui provoquait des râleries de sa part. Si elle n’avait pas été si hyperactive, la jeune femme aurait pu se servir de lui comme matelas. Tout en glissant sa main vers les fesses de la jolie blonde qu’il pinça légèrement, il rit, provocateur à souhait. « Je serais perdu sans ça, oui. » Oscar n’avait jamais été quelqu’un de très fin et doué pour exprimer ses sentiments, aussi amicaux soient-ils. Alors il taquinait gentiment, tentait de montrer autant d’intérêt qu’il pouvait, à sa manière, aussi lourde soit-elle. « Comment tu sais qu'il est beau son traîneau ? Tu l'as déjà vu ? Tu devais encore être bien défoncé ce jour là. » Elle marquait un point. Les chances pour qu’Oscar ait vraiment vu un traineau et des rennes volants dans le ciel étaient d’au moins cinquante pour cent. Oscar étira doucement son corps, essayant de se réveiller le plus calmement du monde, malgré la pile lui servant d’amie qui s’agitait à ses côtés comme un enfant excité par la période de Noël. « Tu sais, c’est une sorte de secret de Noël, en réalité, j’ai pas le droit de le dire… » Poursuivit-il, toujours l’air amusé. Pourtant, sa tête tapait si fort. Il aurait tué pour une aspirine et un jus de citron chaud. Comme les personnes fragiles dont il aimait tant se moquer en temps normal. Fêter le 24 décembre en soirée electro, ça avait été une grande première pour lui et peut-être que pour une fois, il admettait volontiers avoir trop tiré sur la corde. À minuit, il avait eu un mal fou à compter toutes les tournées qui avaient été payées par les autres invités. « J'ai pas quinze mille balles à foutre pour la bave de Beyonce, même pour ton joli cul, White. Et je suis même pas désolée. » Répondit-elle quand il daigna exprimer son caprice. Accompagné d’une moue dont il avait le secret, il planta ses deux perles azures dans les yeux de Cat. Il devait encore perfectionner son jeu d’acteur, pas à un seul moment il avait eu l’air sincèrement triste. L’ingénue enroula ses jambes autour des siennes. Cette chaleur corporelle lui fit du bien, il gelait sur place. Oscar dodelina de la tête, sourire satisfait aux lèvres. Mais il s’en défit bien vite pour lui tourner le dos et agiter ses fesses. Il ressemblait plus à un asticot malade qu’à une star du RnB. Il jeta un regard derrière son épaule pour voir la tête de Cat puis se mit à rire. « Je suis désolé pour ça, moi. » Déclara le jeune homme en se remettant dans sa position initiale. Il papillonna des yeux innocemment. Cat le rendait con. La vodka aussi. « De toute façon mes cadeaux sont encore  mieux que le chewing gum de Beyonce. Tu peux pas test, je suis la meilleure et tu le sais. » Elle marquait un point. La blonde n’avait jamais déçu Oscar. La jeune femme pouvait se targuer d’être une personne droite et loyale comme jamais il n’en avait rencontré. Sa présence était bien vite devenue indispensable malgré lui. « Je t’avoue que je flippe surtout de voir ce que tu me réserves. Il n’y a pas de dogue allemand dans mon salon là, rassure moi? » Demanda-t-il sans même plaisanter. Cat était capable de tout, du meilleur comme du pire. Puis il ajouta que lui aussi lui avait préparé des petits cadeaux. Oscar ne semblait pas emballé à cette idée. Il avait peur de passer pour un nul. Son amie était la meilleure pour trouver des choses drôles, elle était si connectée par rapport à lui. Mais il n’eut pas le temps de lui faire connaître son ressenti puisqu’elle se redressa brusquement. Oscar se retrouva encore à moitié nu, dans le froid de la pièce. « Fini la grasse matinée ! Debout, debout, debout, je veux mes cadeaux ! » Le vent glacial vint se confronter à son corps comme des lames de rasoir. Le barman se redressa à son tour, l’air beaucoup plus agacé. Tout en grinçant des dents, il vociféra. « Non mais es-tu sérieuse? Ferme ça, enfant pourrie gâtée! » D’une main tremblante, il attrapa la fausse fourrure et s’emmitoufla dedans. Il commençait à perdre patience. « De toute façon si tu te lèves pas tu vas congeler et je retournerais l'appartement pour avoir mes cadeaux. Et t'auras même pas de remerciement, peu importe leur nature. » Oscar leva les yeux au ciel puis soupira, excédé. Il n’eut même pas le temps de répondre qu’il la vit sortir de la chambre comme une hystérique. Lui se leva et ferma la fenêtre en tremblant de froid. Il attrapa le sweat-shirt qu’il avait mis la veille ainsi que son pantalon et les enfila aussi vite que possible en grommelant. Le bruit qu’il entendait dans sa pièce à vivre ne projetait rien de bon, Cat était en train de retourner son appartement alors qu’il aimait que tout soit rangé. Oscar était un peu décontenancé. Il fouina sous son lit à la recherche des paquets qu’il avait préparé pour elle. « Je t'ai dit que j'avais pas l'intention de ranger ? Non je crois pas. Du coup je te le dis. J'ai pas l'intention de ranger ! » Lança la jeune femme alors que le brun apparaissait dans l’encadrement de la porte, les bras chargés de cadeaux. Une seconde fois, il roula des yeux tout en essayant de garder le peu de calme qui lui restait. C’était Noël. C’était Cat. Il fallait qu’il se détende un peu. « Cat… Je te connais si bien que je n’aurais pas planqué ça dans des endroits que tes pattes de fouine auraient pu atteindre si simplement. » Il eut un rictus mignon et s’approcha d’elle. Oscar bloqua quelques instants. Il avait été si concentré qu’il n’avait pas remarqué toutes les paillettes qui jonchaient le sol ainsi que les présents posés. Il fut partagé entre l’envie de lui crier dessus de passer l’aspirateur ou lui sauter dans les bras et la serrer très fort. Le garçon était touché. « Tout… Tout ça c’est pour moi? » Demanda-t-il avec une timidité que nous ne lui connaissions pas. Mais en même temps, personne n’avait jamais pensé à lui comme Cat le faisait. Il déposa ce qu’il avait prévu pour elle à côté de ses cadeaux.

This is so sweet.

Oscar constatait les dégâts. Toutes ses boîtes à chaussures remplies de souvenirs et de photos s’étaient retrouvées par terre. Heureusement, Cat n’abîmait rien, elle se contentait de déplacer les choses, mais tout de même. Le jeune homme affichait une moue boudeuse, tentant de ne pas s’énerver contre la seule personne qui comptait vraiment pour lui. La blonde mettait parfois ses nerfs à rude épreuve, mais pour une raison qui lui était inconnue, il lui passait tout. Oscar y avait souvent pensé, se demandant parfois comment Cat arrivait à l’envouter pour éviter son caractère colérique. Il soupira, désabusé par le carnage. « J'anticipe. Pour être sur que tu n'as rien oublié. Je rends service. L'altruisme, la générosité et tout tu vois. La perfection que j'incarne quoi. » Déclara Cat, son petit sourire félin toujours étiré au coin des lèvres. Quand elle le faisait, Oscar était bercé entre l’envie de la tuer ou de lui faire l’amour sur le champ. Pour le moment, le garçon se contenta de se fendre d’un petit sourire sarcastique du meilleur effet. « Tu pourrais virer ta perfection de mes affaires, s'il te plaît? C’est Noël mais je vais te faire ranger jusqu’à la dernière boîte. Et puis je sais à quel point tu adores ça, hm? » Dit-il sur un ton chantant. Il comptait bien lui faire payer son égoïsme. Mais il regretta bien vite sa pensée en voyant la tonne de cadeaux que lui avait préparé Cat. La stupeur s’était lue sur son visage, il ne la remarqua même pas se lever sans même prendre la peine d’arranger le massacre qu’elle avait produit dans son armoire. Une simple question passa la porte de ses lèvres. Oscar se rendit alors compte que cette surprise avait mis mal à l’aise son amie. Ses joues rougirent, il ne savait plus vraiment où se mettre. Heureusement, Cat rectifia ce malaise par une remarque bien sentie dont elle seule avait le secret. « Bah non, c'est pour ton voisin. Je pensais entreposer ça là le temps du petit dej, pour que je puisse les lui apporter déguisée en Mère Noël. » Oscar se mit à rire doucement alors que son visage reprenait une couleur normale. Il enchaîna avec une mine déçue, tout en glissant une cigarette entre ses lèvres, qu’il alluma. Le garçon prit une latte pour se donner une contenance puis planta ses yeux azurs dans ceux de Cat. Il avait repris sa confiance en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. « Oh d’accord, ils ont l’air bien gâté, tu me fais des infidélités? » Questionna-t-il sur un ton goguenard. Oscar essayait de cacher tant bien que mal sa gêne passée qui lui avait laissé un léger arrière-gout de honte. Il recracha une bouffée de fumer alors que Cat s’étalait sur lui sans se soucier de si cela le dérangeait. Oscar ne broncha pas, même si il se sentit quelque peu envahi. « J'espère au moins qu'il y a autant de cadeaux que de fois où on a couché ensemble. » Le jeune homme éclata de rire. Et glissa ses mains sous le tee-shirt de Cat pour la chatouiller légèrement. Il adorait l’embêter. « Cat, je ne suis pas Crésus donc désolé mais la réponse est non. Enfin, heureusement que tu n’as pas demandé autant de cadeaux que les fois où tu m’emmerdes parce que là pour le coup, je n’aurais plus qu’à revendre tous mes meubles. » Dit il en récupérant la cigarette qu’il avait coincé entre ses lèvres le temps de chahuter avec elle. « Joyeux Noël, White. » Ronronna Cat tout en lui tendant un paquet cadeau qui semblait avoir vécu la guerre de quatorze. Oscar ne put s’empêcher de pincer sa bouche afin de ne pas rigoler pour ne pas la vexer. De plus, il était sincèrement touché qu’elle ait fait autant d’efforts rien que pour lui. C’était inespéré et bien qu’il détestait les fêtes de fin d’année, Oscar s’avérait être très heureux de s’être levé ce matin, reprenant gout à la joie de se réunir et d’échanger avec une personne. En l’occurrence, LA personne. « Merci, princesse. » Dit il en écrasant son mégot d’une main et en posant le paquet sur ses genoux de l’autre. Il se sentait bête, mais son coeur tambourinait dans sa poitrine. Jamais on ne lui offrait de cadeaux, à lui. Oscar avait conscience de ne pas le mériter mais tout de même, cela lui faisait un petit quelque chose. Il profita du fait que Cat se lève pour laisser ses mains aller et trembler. Il déchira le papier. Oscar venait d’avoir de nouveau cinq ans. Le tigre n’était plus qu’un vulgaire chaton, les yeux attendris par toute l’attention que lui portait la jeune femme. « Mais t’es folle… » Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que ses cheveux se retrouvèrent parsemés de paillettes. « Ça en fera moins à aspirer par terre comme ça ! » Il soupira mais ne rétorqua rien tant il était content de l’attention de Cat. Il tenait entre ses mains du nouveau matériel de dessin. Oscar avait certes arrêté ses études dans le design mais n’avait pas pour autant stopper de créer pour son plaisir personnel. Alors, il se jeta sur la blonde et la serra très fort dans ses bras. À ce moment, le brun se fichait bien de la mettre dans l’embarras. Il savait qu’elle allait râler. Mais ce n’était pas important. « Merci, c’est super. » Conclut-il en la lâchant de son emprise. Pressé et excité, il se précipita sur un cadeau savamment emballé par ses soins. Le papier était noir, entouré d’une joli noeud doré. Tout devait être parfait, tout le temps. « Tiens, c’est pour toi. » Dit-il en se retenant de rire.