Brouillard impossible. Pensées sur off dans une cacophonie dans but ni fin. La nuit a été courte. Trop courte. Comme toujours. Tu te le dis chaque matin. C'est toujours pareil. Tes yeux impossible à s'ouvrir d'eux même. Comme si c'était une chose improbable qu'un sommeil dont tu t'éveillerais toi-même. D'habitude la corvée est moindre, il est plus tard, tu es moins stone. Moins défoncé par un sommeil qui semble trop te peser. Mais là tu sembles en rien pouvoir commencer cette journée. Et quand tu pousses la porte de l'arrière salle du bar tu termines ton troisième café. Il est bientôt onze heure, le soleil trouve enfin son éclat dans l'ciel et toi t'es là, la tête trop ravagée par un sommeil que tu fuies beaucoup trop. La raison ? Aucune évidement. C'est ça ton problème.

Rentrant dans la chaleur apaisante de ce bar restaurant que tu connais que trop bien depuis ton arrivée il y a quelques semaines, tu vires ton manteau. Tu passes au vestiaires poser ton blouson. Ta chemise a carreau tu te contentes de la déboutonner, tu l'enlèveras quand ça ouvrira. Pour garder un simple pull noir uni et beaucoup plus sobre. Le boss tolère déjà beaucoup trop au goût de ta tante. Ton anneau, tes cheveux, ta gueule de "pirate" comme elle dit si bien. T'es pas du genre à faire des efforts. Pas du genre à faire quoi que ce soit L'patron il l'est juste de titre, s'il savait s'imposer ça ferait longtemps que tu serais viré. Mais bon, t'es en salle, alors tu fais l'stricte minimum. Quand t'es de plonge tu t'emmerdes pas. Mais bon. Tu r'gardes l'horloge, tu soupires actionnant la machine à expresso. Tu t'poses ensuite en terrasse après avoir actionné les radiateur extérieurs. Seul moment où tu profiteras de la terrasse sans doute. Tu restes à fixer la noirceur de ta boisson, oubliant l'reste.

Il est tôt. Trop tôt. Un grognement s’échappe de tes lèvres tandis que tu te retournes pour enfouir ton visage dans l’oreiller. Mais le réveil continue à sonner. Un autre grognement s’élève. Pas le tient cette fois. Alors tu relèves un peu la tête pour découvrir le corps nu d’un homme à coté de toi. Et le reste de la soirée te revient vaguement en tête. T’as trop bu. Trop fumé aussi.

D’un mouvement de bras un peu maladroit, tu vas attraper ton téléphone pour arrêter ce foutu réveil. Tu restes un instant là, observant le soleil qui s’insinue entre les interstices de tes volets. T’as pas envie d’aller bosser. Tu préfèrerais rester là. Baiser une dernière fois avec la gueule d’ange qui somnole encore à coté avant de le foutre à la porte. Malheureusement, la volonté ne suffit pas. Tu finis par te lever, passant sous la douche avant d’aller réveiller le mec pour lui dire de partir. Il a pas l’air enchanté, mais il a pas tellement le choix. Et te voila déjà dehors, un casque sur les oreilles et une clope entre les lèvres, marchant jusqu’au restaurant.

Et puis tu l’vois. Lui, ce mec insupportable. Sa mauvaise humeur constante te fait plus rire qu’autre chose. Au fil des jours, il est devenu cet impossible challenge. Lui, l’hétéro homophobe. Peut-être le jeu le plus intéressant à jouer. Celui là est plus coriace que les autres. Il résiste encore et toujours, ne faisant finalement qu’attiser un peu plus le désir de le foutre dans ton lit.
Un sourire aux lèvres, tu balances ta clope avant de laisser tomber tes écouteurs sur tes épaules. « Salut beau gosse. » Pas besoin d’ajouter grand chose, tu sais parfaitement qu’il partira au quart de tour.

Ce boulot tu craches pas d'ssus. Il te plait pas mal, pas l'job de tes rêves c'est certain. Mais t'es loin de pouvoir te plaindre pour un gars qu'à pas finit ses études. Tu t'plains pas, t'es là certes à laver des assietes quelques heures dans ta semaine. Ok. Mais le reste du temps t'es plutôt au comptoir à t'occuper de servir les cafés, et parfois à servir en salle pour le reste du repas. T'es pas mal payé, pas mal traité. T'es pas l'genre de gars qui espère bien mieux qu'il ne peut demander. T'es bien. T'es là. Et la seule connerie dans ce boulot c'est la gueule de con que tu dois avoir en collègue. C'est tout. La stupidité de ton patron qui ne sait pas mieux engager ses employés. Pas ses employés. Cet employé. Seul épine dans ton boulot qui pourrait être véritablement bien. Et même les jours où tu ne le croises pas tu en viens à apprécier de te lever pour bosser. Enfin presque.

Salut beau gosse. Sauf qu'il est toujours présent pour bien te rappeler à quel point le monde craint et que les erreurs de la nature existe bel et bien surtout autour de toi. Tes dents se crispent à peine alors que tu restes calme. Ouais t'arrives souvent à te maitriser un peu. T'es pas un sauvage. Sauf que c'gars est tellement maso qu'il en rajoute toujours... et que t'es jamais très patient à ce jeu là. Ta gueule pédale... Tu répliques avant de porter ta tasse à tes lèvres ne lui jetant pas un seul regard. Il te dégoute ce mec. T'arrives pas à savoir comment et se que tu as pu faire pour te retrouver avec un déchet pareil au quasi quotidien dans ta vie. Nan tu comprends pas. Tu pouvais pas t'faire écraser sur la route et nous faire cadeau de l'absence de ta pathétique existence ? T'es pas un sain, pas avec lui. Et ça tu t'en fous.

« Ta gueule pédale… » T’as beau ne jamais avoir été un grand fan de cette insulte, sa réaction te fait sourire. Peut-être parce que t’en as trop l’habitude. Et qu’au fond, tu savais très bien ce qu’il allait répondre à ta petite provocation. Tu l’observes un instant porter sa tasse à ses lèvres, passant près de lui pour aller jusqu’à la porte du restaurant. Et de nouveau, sa voix s’élève. Froide, comme à son habitude. « Tu pouvais pas t'faire écraser sur la route et nous faire cadeau de l'absence de ta pathétique existence ? » Tu rigoles doucement. « Ca t’aurait fait trop plaisir »

Tu pousses simplement la porte, entrant à l’intérieur pour te diriger vers les vestiaires. T’y déposes ta veste avant de retirer ton teeshirt pour enfiler une chemise un peu plus classe. Un simple regard dans le miroir te fait vaguement soupirer. T’as de sales cernes. Faudrait sincèrement que tu penses à dormir un peu plus.

Toi aussi, tu vas te préparer un café, puis tu rejoins ton acolytes sur la terrace. Et tu t’assois à la table d’à coté, te posant de sorte de pouvoir le regarder. Il a vraiment une gueule de p’tit con. De ceux qui pensent tout savoir. Forcément, il n’apprécie pas que tu te mettes là. Si près de lui. Puis que tu le fixes comme ça avec ce sourire malicieux qui semble ne plus quitter tes lèvres quand il est dans le coin. Sa façon de réagir t’arrache de nouveau un petit rire. « Tu devrais vraiment t’faire baiser tu sais. Ca t’ferait un bien fou. T’as l’air tout stressé. » Tu reposes ton café tandis que votre boss s’approche, traversant la rue jusqu’à arriver jusqu’au restaurant.

Il rigole. Cette pauvre tâche insipide rigole nullement amené à réfléchir sur la haine que tu lui voues. C'est même pas d'la haine en faite. C'est du dégout. Un dégout surtout augmenté par sa repartie merdique et son caractère pathétique. Pédé ok, mais s'il s'était seulement arrêté à cela. Au lieu de cela il lui semble bon d'accumuler toutes les tares possibles dans l'univers. Charmant. Ca t’aurait fait trop plaisir. La tasse à deux doigts d'voler dans sa gueule ne reste entre tes mains que par ton besoin impossible de café. Pédale de merde.. Tu souffles entre tes dents à toi même surtout parce qu'il passe la porte et que tu penses bien être débarrassé de lui pour les quelques heures à venir. Oui qu'il se retrouve donc à la plonge, et toi au bar comme ça aucun contact visuel possible ça t'ira très bien...

Sauf que nan t'es pas libéré. Au lieu d'ça, y'a ce petit con qui revient, tasse à la main et sourire de merdeux au visage. Franchement, il veut vraiment te faire mal tourné. T'étais plutôt apaisé en débarquant en ville. T'étais bien, t'étais pas sociable ouais mais t'étais pas aussi immonde. Envers personne. Sauf qu'il a créé ce petit sentiment haineux juste pour sa personne. Tu soupires en le voyant se poser dans ton angle de vue, bordel. Tu te tends, tu t'appuies sur le dossier de ta chaise fixant la route plus loin. Tu vas l'emplafonner un jour le débile. Tu devrais vraiment t’faire baiser tu sais. Ca t’ferait un bien fou. T’as l’air tout stressé. Ah nan, en faite tu vas juste le pousser sous une voiture. Tu réponds pas de suite, non parce que t'es trop occupé à te retenir corps et âme de pas lui sauter dessus. Tes yeux le fixe avec une noirceur qui semble impossible avec tes opales bleues. Et qu'est-ce que t'en sais de c'que ça fait de baiser ? hum ?! ... Viens pas m'parler d'sexe espèce de dégénéré. Tu souffles avec froideur. Tu t'énerves pas. Nan tu veux pas. Tu le fixes te demandant comment un mec peut vraiment finir aussi... pathétique. Si en plus il était un minimum aimable, ou sympa, ou pas si... arrogeant. Provocateur. Con et gay. Non il les accumule, alors toi tu t'prives pas.

Spoiler:

Tu peux pas t’empêcher de penser que toute cette haine cache un désir refoulé. Tu l’as toujours pensé. La haine est l’arme des indécis. Celles des imbéciles aussi. Et celui là combine les deux avec perfection. « Et qu'est-ce que t'en sais de c'que ça fait de baiser ? hum ?! ... Viens pas m'parler d'sexe espèce de dégénéré. » Tu souris doucement, jouant vaguement avec ta tasse en l’observant s’énerver. Toi, tu restes calme. Le plus calme du monde. « Tu crois que parce que j’suis gay, je baise pas ? T’es vachement naïf comme gars. » Tu portes la tasse à tes lèvres attendant sa prochaine réaction avec une délectation certaine. Tu voudrais en rajouter. Lui proposer de lui montrer. Le provoquer un peu plus. Mais tu te retiens. T’as beau aimé jouer, t’as toujours su poser des limites pour ne pas finir poignardé dans une allée.

Tu finis ton café lorsque le boss arrive, vous saluant vaguement avant d’entrer à l’intérieur. Tu observes encore un temps ton collègue avant de finir par te lever, glissant un instant tes doigts dans son dos au passage.

Et vous commencez à préparer les tables. Tu oublies un instant ton petit jeu avec lui pour te concentrer sur ton boulot. Les autres employés arrivent peu à peu. Puis les clients. Rapidement, le boss te demande d’aller d’occuper de la plonge pour aujourd’hui. Tu hausses les sourcils en le voyant déjà là. Lui. Comme par hasard. Et t’as envie de franchement éclater de rire. Il va surement péter un cable. Et c’est ça qu’est drôle. Alors tu viens te placer à coté de lui. Là. Juste à coté. Sans rien dire. Pas de remarque. Rien. Tu sais très bien par expérience que tu n’en auras pas besoin.