Wick aurait pu être bénévole pour ce festival de rock, mais honnêtement, il ne se voyait pas faire cinquante allers-retours et courir partout parce qu'avec sa jambe, ça n'allait pas être gagné. Alors, il avait décidé de s'y rendre en tant que spectateur, parce que même s'il avait un certain talent pour la musique, il ne se voyait pas monté sur scène avec sa guitare. Pas qu'il avait le trac, loin de là, ce n'était pas du tout son genre, parce qu'il avait souvent été sur le devant de la scène avec ses performances sur les vagues, mais il ne s'estimait pas assez bon en tant que musicien pour prétendre à être applaudis. Alors, il y était allé en simple touriste, seul, puisqu'il ne connaissait plus grand monde en ville finalement, et ça lui convenait très bien ainsi. Ça lui évitait aussi les désagréments, du genre de devoir suivre son accompagnateur en marchant rapidement pour se faufiler dans la foule. Parce qu'il détestait marcher rapidement, et il ne le pouvait pas de toute façon, alors autant s'y rendre seul et faire quelques rencontres s'il le fallait. En regardant l'heure, il se rendit bien vite compte qu'il était encore assez tôt, il y avait déjà beaucoup de monde mais pas suffisamment pour entamer un concert. Quelques artistes s'amusaient déjà à faire crier leurs instruments, ce qui lui arracha un sourire tandis qu'il se rapprochait de la scène pour mieux voir. L'avantage d'avoir une jambe blessée était que les gens le laissaient passé pour qu'il aille tout devant sans difficultés, peut être de la pitié ? Ou de la compassion ? Il n'en savait rien, mais ce dont il était sur c'est qu'il allait s'amuser ce soir, et sans penser à sa vie pitoyable actuelle. Bien sur, il y avait Sawyer mais ils ne s'étaient pas vus depuis un moment, alors il fallait bien qu'il s'occupe comme il le pouvait. Owen s'appuya donc sur la barrière devant la scène et admira les quelques personnes présentes, le sourire aux lèvres, parce que ce soir, il n'avait aucune raison de faire la tête.

tu tournoyais. un tour, encore un. tu ne t'arrêtais jamais. un sourire dessiné aux encres de vos amours, thybault t'avait finalement invité au festival de rock n' roll. c'était pour toi l'une des meilleures choses à white oak. sortir. surtout avec oman. lui, et rien que lui. parée d'une robe à en faire jalouser les starlettes, tu enfilais enfin des chaussures -confortable, pour pouvoir danser même dans la rue, et enfin, tu sortais de l'appartement. envoyant un rapide sms à thybault.

agnès ♥ a écrit:

j'arrive dans dix minutes. ;) ♥

tu croisais des amis. les saluaient, leur faisait la bise. parfois même faisant un bout de chemin avec eux. mais la seule personne que tu voulais voir, c'était lui. lui, lui, et encore lui. tu ne te laissais même pas distraire par la foule. ni par l'agacement de certains. ton objectif restait le même.
passer la meilleure soirée au monde.

gauche, planté comme un piquet, te voilà thybault, au milieu de ma foule dansante, au milieu de la foule branlante, qui s'apprête à faire trembler le sol de white oak station, sous leurs pieds de mammouth. c'est pas ton genre d'habitude, les fêtes mastodontes comme ça. ça te prend la tête, ça t'hérisse les poils. c'est l'occasion de finir bourré, au milieu des pétards, à voir les autre se peloter, tandis que toi t'es là pauvre gars, à les observer.
c'est quand même pas pour la peloter que t'as invité agnès hein gars ?
tu secoues la tête bêtement comme pour répondre à ton inconscient. ouais non. mauvaise idée. tu l'as simplement invité pour la voir, encore une fois. de tes yeux noirs.
tu l'as invité parce qu'à l'uni tout le monde braille que ce festival c'est l'endroit où faut aller. parce que toutes les filles surexcitées cherchaient comme pécho leur copain, comment inviter leur rencard.
mais agnès c'est quoi ? ton rencard ?
ça sonne fade dans ta bouche.
non agnès c'est plus que ça.
tu souris bêtement, un sms vibrant dans ta poche, annonçant son arrivée proche. son arrivée certaine.

déjà de loin t'entends la musique. tu touches même pas le sol, tellement t'as hâte, tellement t'es bien. dans ce genre de soirée, t'es dans ton élément. à te griller les neurones. jouer de tes courbes galbées. jouer de tes regards. déjà de loin, tu sais que tu vas t'amuser. tout le monde en parlait, de cette semaine. y'avait que ça dans les bouches. et dans la tienne, aussi. mais le discours était différent. thybault m'a invité.
thybault.
tu l'as même avoué à keen. et sa grimace, elle t'a fait rire. tu sais qu'ils se détestent, tu sais que des deux côtés, l'animosité est là. enfouie dans les cœurs. t'essaie de pas faire de vagues, mais anya. c'était plus fort que toi. et keen c'est comme ton père. alors forcément, le bonheur. il l'a lu dans tes yeux.
le sms envoyé, il te reste encore quelques pas. tu quittes ces amis, pour essayer de le retrouver dans la foule. tu pousses. tu te faufiles. des bras t'attrapent. tu te dégages. son visage apparaît, et tu souris.
« hey, je suis là. »

et tu souris quand tu la vois débarquer. rose de tes yeux. étoile de ton coeur. elle brille dans la foule en délire, au milieu des cris, tu vois juste ses yeux t'entends juste sa voix. je suis là.
t'hésites pas thybault, t'hésites plus. y'a plus qu'elle et ce parfum qui se dégage. ce sourire qui t'embrase jusqu'au firmament. pure folie. douce hérésie. tes doigts s'éprennent de son menton, l'attirant vers toi, comme dans ces films à la con que t'as regardé trop de fois, avec ta mère et ce paquet de pop corn brûlé, vos rires devant love actually, la doux hasard de ces amerloques qui se retrouvent, se courent après, et s'embrasse comme des déments.
t'es un dément toi thybault. mais tes lèvres sont douces quand elle s'accrochent aux siennes. ça te dépasse que tu fasses ça maintenant. après tout c'temps à la regarder passer derrière la vitre. mais ce soir elle est à toi agnès, parce que t'as eu ce putain de culot, de venir l'inviter. toi le pauvre gringalet, le mec au crâne rasé. thybault le marginal, il s'élève, et on ne l'arrête plus.

il sourit, et son sourire, il manque de faire sortir de ta poitrine, se déverser sur le sol, ton amour renversant. existant. vivant. plus besoin de mots, je suis là suffit amplement pour combler le silence. ses doigts s'agrippent à ton menton fin, poupée, et tu te laisses aller. ses lèvres se pressent, accourent vers les tiennes, et avec la folie d'un amoureux transi, se rencontrent dans le plus beau des chocs.
boom. tu fermes les yeux et te rapproches un peu plus, reposant sur ses épaules, tu lâches entre deux baisers, entre deux respirations saccadées. « c'est le plus beau des salut. »
t'en est renversée. totalement secouée. c'était inattendu, timidement espéré. c'était le goût de ses lèvres sucrées, c'était le bonheur qu'on ose effleurer après tant d'années à s'ignorer, s'enfuir, se détester. t'as envie de recommencer. de lui murmurer d'ne jamais s'arrêter. mourir en un souffle, en un amour semblable, c'est ça qui te plairait. mais tu dis rien. tu souris. le monde s'ouvre à vous, amoureux incompris, amoureux cachés aux yeux d'un monde qui n'voit en vous que deux figures, stupides représentations. la reine et le bouffon.
reine des cœurs, et lui, le roi caché derrière ses frasques.
roi d'une reine transie. d'une agnès, plus belle, que jamais.