Une fin de journée. Il était aux environ de minuit quand je quittais le bar où j'avais donné un rapide concert. Enfin un bar... un comptoir où les péquenauds, les ivrognes et les putes étaient agglutinés comme des abeilles devant une fleur. Je ne sais même pas comment j'avais fait pour accepter de chanter dans ce trou, peut-être parce que cela me manquait et puis bon... il suffisait de fermer les yeux et d'imaginer une scène New-yorkaise, malgré l'odeur de ces bouzeux, j'y étais parvenue. Je n'avais donc pas perdue de temps après avoir reçu mon salaire, à quitter cet endroit. Je devais me rendre à la coloc' qui n'était pas très loin à pieds. N'ayant pas trouvé de taxi, j'avais opté pour une petite marche à pied. Je portais ma robe de soirée griffée bien entendu, mais aussi un gros manteau pour ne pas attraper froid et perdre ne serait-ce qu'une seule journée, ma superbe voix. Mes cheveux étaient en coupe afro et mon maquillage, sublime, bien entendu. Bref, je n'avais aucune imperfection, je ne laissais pas de place à cela sur mon corps. Mes talons résonnaient dans les rues canadiennes, tandis que je chantonnais légèrement. Arrivée dans le centre ville, j'optais rapidement pour attraper un taxi afin qu'il me ramène chez moi, je n'allais quand même pas tout faire à pieds, il ne fallait pas abuser non plus ! Mais alors que j'avais réussi à en faire ralentir un une voix hurlante se fit ressentir non loin de moi. « Ryaaaan ». Je me retournais alors et aperçu un ivrogne. Oh mon Dieu, comment ce clochard connaissait-il mon nom? J'étais célèbre jusqu'aux clodos de WOS? Je ne savais même pas comment le prendre. Je décidais donc de ne pas répondre et d'avancer vers le taxi qui s'approchait un peu plus. Mais je sentis quelque chose tirer ma manche, j'extirpais mon bras de ses mains et ce mouvement fit accélérer le taxi, qui ne s'arrêta donc pas pour moi mais continua sa route. Oh putain ! Je regardais plus fixement l'ivrogne emmerdeur. Je commençais tout juste à le reconnaître. « Keenan? » Demandais-je alors. « Oooooh putain regarde ! » dit-il émerveillé par mon bracelet étincellant. Oh putain oui, dans quel état était-il cet abruti?! Je connaissais brièvement ce cas-soc et à vrai dire, on ne se supportait pas, mais là, je me rendais bien compte qu'il n'était absolument pas dans son état normal. Il avait l'air d'être un gosse, dans le corps d'un homme. Il était rivé sur mon bracelet, oserait-il me le voler? Dans ce cas, j'hésiterai pas à lui foutre mon poing dans la gueule, c'était évident. « Qu'est-ce que tu fous là pauvre bourrin? T'as vu dans quel état tu es? T'as pas honte sérieux? » Je le regardais de haut en bas, tandis que les passants nous observaient curieusement. Je détestais cela, qu'on me regarde de cet air là. Je n'aimais que les regards jaloux et rêveurs, les autres me mettaient hors de moi. Il ne fallait absolument pas que l'on m'associe à cet ivrogne. Hors de question.