Un magasin de fleurs. En vingt-deux ans d’existence, Nathan venait de poser pour la première fois de sa vie un pied chez un fleuriste et il ne se sentait pas du tout à l'aise, plutôt comme un poisson dans les airs. Il détestait toutes ces couleurs, ces senteurs qui lui piquaient le nez et lui grattaient les yeux, mais il savait pertinemment que si il ressortait de cette boutique les mains vides, le zigoto qui l'attendait de l'autre côté du trottoir n'allait pas apprécier. Son ami Ashton l'avait plus ou moins forcé -ou mit au défi- d'offrir des fleurs à Elsa pour la remercier. La remercier de quoi ? Allez savoir. L'Australien trouvant le comportement de l'Anglais envers la jeune femme un peu trop abusif, son idée avait germé au fond de sa cervelle. Idée particulièrement ridicule. Offrir un bouquet, c'est pour les nuls ou les gros romantiques à deux balles. En fait, Nath se demandait si ce n'était pas un plan foireux pour que ses amis se marrent devant l'hilarité de la chose. C'était tout à fait plausible.
Il était donc là, planté comme un idiot devant les roses, les tulipes, les dianthus, les lys et autres plantes inconnues, sans savoir quoi choisir. Et évidemment, quand on a besoin d'aide, personne à l'horizon. Qu'est-ce qu'on est censé prendre pour une amie qu'on aimerait plutôt avoir dans son lit que à côté ? Il soupira d'exaspération, bien décidé à prendre la première branche qui lui passe sous la main, ou alors un cactus dans l'espoir qu'Ash se plante une épine dans le doigt, lorsqu'une jeune femme passa la porte du magasin. C'était sans doute son jour de chance ! Il s'approcha au pas de course sans prendre le temps de la laisser respirer et se planta trop devant elle.

« - Qu'est-ce que vous choisirez comme fleur pour…une amie? Mais pas un truc trop kitch comme les roses. »

Je marchais tranquillement dans les rues de White Oak pensive. A quoi je pensais ? A la nouvelle qui venait de tomber, ce que le médecin venait de m’apprendre, je ne m’en serais jamais douté. J’étais enceinte, je n’en revenais pas, j’étais à la fois heureuse mais aussi complètement paumée, je ne savais pas ce qui allait se passer maintenant. Et puis, je ne savais pas si Liam était vraiment content, je n’arrivais pas à le cerner à ce sujet. Le seul point positif pour le moment, même si ce n’était pas cool pour Liam qui avait perdu son job, c’était que nous pouvions être ensemble sans nous cacher, ce que nous ne pouvions pas faire il y avait quelques temps encore. Je trouvais que ça avait presque cassé un truc de ne plus devoir se cacher, il n’y avait plus cette adrénaline que notre relation soit découverte mais maintenant il y avait l’adrénaline de savoir ce qu’on allait faire de ce truc qui grandissait en moi, parlons mieux, c’était un bébé qui grandissait et non un truc.

Je n’avais pas vraiment de but, je marchais pour marcher juste histoire dire que je ne restais pas statique à un endroit à ne pas bouger et regarder nulle part et partout à la fois. Alors que j’arrivais au coin d’une rue j’aperçus au loin une personne que je détestais, mais sans doute ne le savait-elle pas, et je ne voulais surtout pas la croiser, je n’avais pas vraiment envie de parler pour le moment et surtout pas avec elle. Je ne savais pas quoi faire, si je faisais demi-tour comme une cinglée les gens me prendraient pour une folle, ce que j’étais certainement, et puis à quoi bon faire demi-tour… De l’autre côté la rue j’aperçus un fleuriste, c’était là que je devais me rendre, jamais de la vie elle n’aurait besoin de se rendre dans ce genre de boutique, elle avait sa bonne pour ce genre de « corvée ». Je m’empressais de traverser la rue en faisant toutefois attention, je ne tenais pas à me faire renverser.

J’entrais alors à toute hâte dans le magasin en refermant assez vite la porte derrière moi vérifiant qu’elle ne m’avait pas vu, heureusement que non. Puis je me retournais quand je vis un homme se poster devant moi, surprise cela me fit sursauter. Je posais ma main à l’emplacement du cœur en respirant à plusieurs reprises. « Vous m’avez fait peur ! » Je souris. « Euh…bonjour ! » Avait-il perdu les bonnes manières ? Ou alors ne les avait-il jamais eu. « Hum…c’est pour quelle occasion ou pour quelle raison ? »

Nath leva les yeux au ciel. Oui, il faisait souvent ce genre d'effet aux filles, mais pour une fois, il était bien trop préoccupé par ces maudites fleurs qu'il allait devoir acheter pour se faire pardonner de son comportement auprès de son amie Elsa et au fait de sortir au plus vite possible de ce fourbi avant que quelqu'un le voit et ruine sa réputation pour de bon pour tenter quelconque approche avec cette brunette. Jolie brunette soit dit en passant. Il secoua la main, marmonna un bonjour fort peu aimable et avec un petit air de je m'en foutisme et croisa les bras sur son torse. Il n'avait pas toute la journée devant lui et laisser les bonnes manières aux placards, c'était un gain de temps incontournable !
Le jeune homme passa une main dans ses cheveux. Occasion ? Raison ? Mais what ? Il était juste un pauvre petit être contraint à l’obéissance. Si ça ne tenait qu'à lui, il ressortirait aussi vite qu'il en était rentré de cette fichue boutique. Comment expliquer sa situation sans lui faire prendre la fuite ? Bonne question.

« - Pour une connerie du genre "Je m'excuse de mon comportement parce que je n'ai pas réellement eu le choix et qu'en fait, je n'en pense pas un mot, mais tu ne dois pas le découvrir sinon je suis mort." C'est assez explicatif pour que vous puissiez m'aider, ou je dois rentrer dans les détails en plus de faire un schéma ? »

Bravo Nathan, si tu ne l'as fait pas fuir, c'est un véritable miracle de la vie. Se sociabiliser, se détendre, être gentil. Que des sornettes. Enfin, bon, ce n'est pas comme ci il avait réellement le choix. Il savait que de l'autre côté du trottoirs Ashton surveillait ses moindres faits et gestes et si il s'en prenait une par cette nana, il pouvait aller creuser sa tombe immédiatement.

« - Désolé. Je suis sur les nerfs en ce moment. »

Ceci était surtout une bonne excuse. Quoi que. Il avait bien besoin de se fumer une clope pour se détendre un peu.

« - Vous pouvez m'aider, alors ? S'il vous plaît ? »