Il est un peu plus de 11h30 lorsque le réveil se met à sonner… Impossible. Nathan ne met jamais de réveil. Il se retourne dans son lit, monte la couette sur lui jusqu'à complètement disparaître et pousse un grognement lorsqu'il se rend compte que ce bruit agaçant provient de sa porte. Que soit maudit le parfait petit con qui vient le déranger un matin de si bonne heure. Il se décide à sortir de son lit et passe une main dans ses cheveux tout en se regardant dans le miroir. Il n'est pas frais. Pas du tout même. En même temps, vu la soirée de la veille, il avait besoin de décuver encore un peu. Puis avec un peu de chance, ça fera fuir son visiteur. Il ne prend pas la peine de s'habiller, il est très bien en calbut et si ça ne plaît pas, il ne fallait pas venir le faire chier. Il se traîne jusque dans le couloir et finit par ouvrir la porte et pousse un énorme soupir. Il se souviendrait de son visage entre mille. Vicki. Une sorte d'ex. Enfin. Pour elle. Parce que pour lui, c'était juste sa partenaire de sexe et il éprouvait aucun sentiment à son égard. Il l'a dévisage pendant un petit moment et lui referme la porte au nez. Qu'elle aille voir ailleurs si il y est. Il est hors de question qu'elle vienne le saouler. Malheureusement pour lui, le message n'est pas assez clair et elle recommence à tambouriner contre sa porte comme une tarée. Il plaque ses deux mains sur ses oreilles et grimace. « - Putain, c'est bon, j'arrive !! » Il rouvre la porte et croise les bras sur son torse. « - Ok la blonde, qu'est-ce que tu veux ? » Il plante son regard dans le sien et attend une réponse. Et elle a intérêt à être bien sa réponse. Parce que si elle à fait tout ce chemin jusqu'à chez lui pour uniquement parler de la pluie et du beau temps, il risque de profondément s'énerver.

Mais elle se prend pour qui celle-là ? Déjà qu'elle se permet de venir l'emmerder un matin, si en plus, elle commence à lui donner des ordres, ça va vraiment très mal se finir entre eux. Pourquoi faudrait-il qu'il la laisse rentrer d'abord ? Il n'a aucune bonne raison pour le faire et encore moins de raisons valables. Il ne lui doit rien, absolument rien. Il ne bouge donc pas d'un pouce et hausse les sourcils. Elle a plutôt intérêt à lui en dire plus si elle veut qu'il se bouge l'arrière train. Et ils peuvent bien rester planté là pendant des heures, il se fiche bien de savoir qu'un de ses voisins est susceptible de rentrer ou sortir à tout moment et donc de le voir en caleçon sur le palier. Il se moque pas mal de savoir ce que les gens pensent de lui. Il allait prendre la parole pour la forcer à cracher le morceau, mais il n'en eut pas besoin. C'est donc ça qu'elle voulait ? De la drogue ? Il la dévisagea, incrédule. Depuis quand fumait-elle cette merde ? C'était presque improbable. Il laisse retomber les bras le long de son cours et se poussa de la porte. De toute façon, il n'avait pas bien le choix. S'il voulait obtenir des réponses, il valait mieux pour lui qu'il les pose à l'intérieur, à l’abri d'oreilles indiscrètes. « Va s'y, rentre. Le salon n'a pas bougé de place, je vais m'habiller. » Il referma la porte derrière elle et pendant qu'elle se dirigeait vers la droite, il continua le couloir pour se rendre sans chambre. Il enfila en vitesse un sweat et un jogging, fit un tour à la salle de bain pour prendre un Doliprane et se passer de l'eau sur le visage. Il la rejoignit quelques minutes plus tard et s'installa sur le fauteuil en face d'elle. « Qui me dit que tu n'es pas là pour me balancer aux flics, hein ? » Il pencha légèrement la tête sur le côté, tenta de déchiffrer sa réaction. Après tout le mal qu'il lui avait fait, et ça, même si il ne le reconnaîtrait jamais devant elle, il le savait, elle pouvait très bien chercher à se venger d'une manière ou d'une autre.

Le jeune homme soupir, soulagé. Certes, elle aurait pu le faire bien avant. Le jour où il l'a lâché comme une vieille chaussette par exemple. Elle marque un point. Il hoche la tête de haut en bas. Bien sûr qu'il vend toujours, quelle question ! D'un signe de tête, il l'invite à poursuivre et manque de s’étouffer lorsqu'elle lui demande une remise. Alors celle-là, elle est bien drôle ! Il lâche un petit rire et la fixe droit dans les yeux. « Non. » Il s'enfonce dans son canapé et croise les bras sur son torse. Elle peut rêver pour avoir un prix. C'est déjà généreux de sa part si il accepte de lui en vendre alors c'est hors de question qu'il vende moins cher. « Tu achèteras au même prix que les autres. Je ne te dois rien, rien du tout. » Il lève les yeux au plafond. Elle est vraiment culottée pour se pointer chez lui et lui demander un truc pareil. « C'est déjà bien gentil de ma part si j'accepte de t'en vendre, alors ce sera le même prix que pour tout le monde. » Il marque une petite pause avant de reprendre. « Et si tu n'es pas contente, tu sais où est la porte. » Il se redresse, se lève du canapé et part en direction de son meuble de salon et sort d'un tiroir un petit sachet d'herbe qu'il pose sur la table basse qui le sépare de Vicki. Il y en a facilement pour qu'elle tienne deux semaines. A condition qu'elle ne se mette pas à fumer comme une locomotive. « Ça te conviendrait ? »

Nathan croise les bras sur son torse et s’enfonça dans son canapé. Il s'attendait à une question du genre. Il connaissait Vicki par cœur, en long, en large et en travers. Il savait qu'elle n'avait sans doute jamais touché à toutes ces merdes, d'ailleurs pourquoi était-il en train d'accepter cette vente ? Non pas qu'il s'intéressait à sa santé, loin de là, mais quand même, il avait une bonne conscience. Il haussa intérieurement les épaules, il s'en fichait. C'était son problème et elle était assez grande pour se gérer. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était le fric. Il regarda son ancienne camarade de sexe et prit la parole. « Ça va dépendre de ta consommation. Tu peux en avoir pour quelques jours comme pour trois semaines ou un mois. Je ne suis pas dans ta tête. Si c'est seulement une fois de temps en temps, tu peux clairement tenir plusieurs mois. Sinon, si tu comptes te jeter dessus tous les jours, on passe à deux semaines. » Il plante ses yeux dans les siens et reprit d'un ton un peu plus grave. « Pourquoi ? » Devant le regard d'ahuris de la jeune fille, qui ne devait pas comprendre de quoi il parlait, il soupira et reformula sa question. « Pourquoi tu veux consommer ? Ta vie est si misérable que ça pour que tu plonges là-dedans ? » Évidemment, dans la bouche de Nath, ça sonnait plus comme un bon gros foutage de gueule que comme une invitation à parler et exprimer sa peine. Il ne connaissait pas l'histoire de Vicki et il en avait que faire. Il ignorait si elle venait d'une bonne famille, il ignorait presque tout de sa vie en fait. La seule chose qu'il savait, c'est l'existence d'un de ses premiers amours. C'est d'ailleurs pour ça qu'il avait plusieurs fois partagé son lit. Lui, il voulait juste du sexe et elle, elle était remplie d'illusion sur une possibilité (improbable) de vivre une autre histoire d'amour, malheureusement, il s'agissait plutôt d'une relation à sens unique. Nath s'était servi de sa faiblesse pour l'obtenir et aujourd'hui encore, il en jouait.