|
|
| ✱ ain't no sunshine when she's gone. | |
| |
Auteur | Message |
---|
| (#) Sujet: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Jeu 23 Juil - 20:16 | |
| nahuel dean fergussoni can't find you in the body sleeping next to meprénom(s) et nom › nahuel. mes parents trouvaient ça beau, frais. ils disaient que ça faisait voyager. un prénom qui transportait. un prénom qui sonnait bien, qui chantait. mon second prénom, c'est dean. ma mère était amoureuse de james dean étant ado. alors évidemment, c'est tombé sur moi. enfin c'est pas moche non plus. en fait j'aime bien mes prénoms. mon nom de famille quant à lui trahit mes origines. fergusson. ça vient de l'autre côté de l'océan. surnoms › adolescent, je n'étais pas bien grand (et je ne le suis toujours pas) et pas bien costaud. j'étais frêle, taillé comme une allumette. j'avais une apparence presque fragile. alors les gens au collège s'amusaient à me comparer à une chèvre. très drôle. mais moi, j'ai préféré tourner ça à mon avantage et je me suis donné le surnom de djali. si bien que maintenant plus personne ne sait d'où ça me vient. seulement je laisse que mes potes les plus proches m'appeler comme ça. ma bande. pour le reste, je dirais que ceux qui ont la flemme de prononcer mon prénom complet (il est si long, faut dire) m'appellent nah' et que mes profs et les mecs de l'équipe de foot m'appellent par mon nom de famille. âge › j'ai sérieusement du mal à me faire à l'idée. j'ai vingt-trois ans maintenant. vingt-trois longues années. ça fait maintenant deux ans que j'ai quitté white oak. mais me voilà de retour... d'ailleurs, si jamais vous voulez me souhaiter mon anniversaire (ce serait fort gentil, avouez-le), je suis né un vingt-sept janvier. nationalité › je suis d'origine écossaise mais j'ai désormais la double nationalité canadienne. j'ai également des origines amérindiennes, même si ça ne se voit pas du tout. orientation sexuelle › fut un temps je me pensais totalement hétérosexuel. maintenant je sais que je suis bi. enfin j'imagine. je suis tout le temps confus dès qu'il s'agit de ça. mais oui, je pense être bi. statut civil › c'est compliqué ? non, sérieusement, je suis célibataire. mais en effet, c'est pas aussi facile qu'il n'y paraît. j'ai quitté anthony quand j'ai quitté white oak. je ne lui ai donné aucun signe de vie, rien. je ne l'ai même pas prévenu. puis j'ai commencé à fréquenter une fille, et je ne sais pas du tout quels sont mes sentiments pour elle. ni si ceux que j'éprouve encore pour tony sont bien réels. bref, je suis perdu. emploi/études › en quittant white oak, j'ai aussi plaqué mes études. j'ai tourné le dos à absolument tout. alors voilà, il a bien fallut que je gagne ma vie. j'ai pris tous les petits jobs qu'on a bien voulu me donner. et je crois que j'ai enfin trouvé ma voie. et ce n'est pas le cinéma, comme je le pensais jadis. non, j'ai découvert une passion pour l' artisanat. et dans "artisanat" j'entends bien la syllabe "art". pour moi, pas de doute, c'est vraiment un domaine purement artistique. avec oona, on s'est lancés dans la création de bracelets, puis de vêtements. puis de meubles. puis d'un peu tout. mon talent pour le dessin nous a beaucoup aidé. maintenant j'espère pouvoir continuer de créer des objets, car c'est ma vocation. je le sais. situation financière › très très modeste. je ne vis que de mes créations, dans mon combi volkswagen. autant dire que je ne roule pas sur l'or. mais ça ne me dérange pas. je ne suis pas trop du genre à vouloir accumuler des objets. avatar › je suis représenté par le beau et sexy louis tomlinson. crédit › tumblr est mon ami. j'ai pas relevé les blogs avec précision désolée. ~ question une à quoi ressemblait ta vie au lycée? splendeur et décadence. j'errais dans les couloirs du lycée tel césar revenant de conquêtes. couronne de lauriers sur la tête, je revêtais fierté et dignité. mes sujets me regardaient avec envie et jalousie et j'étais au centre de toute l'attention. au coeur de tous les esprits. j'étais le mec populaire. celui avec qui il fallait être ami. je regardais ces abrutis s’entretuer pour me plaire. capitaine de l'équipe de foot, copain officiel de johanna, reine de promo... j'avais toutes ces médailles accrochées à mon torse et je me pavanais avec sans la moindre gène. j'aimais ce statut de leader que l'on m'accordais. j'aimais être sujet de désirs, de jalousie et de haine. être cible de toutes les passions. et ça me montait à la tête. j'avais l'impression de voler, loin, là-haut. j'avais l'impression de dominer le monde parce que j'avais des ailes. sauf que je ne savais pas voler. *les sirènes retentissaient tout autour de moi. tout était flou. je ne comprenais rien. j'avais chaud, j'avais froid. mais surtout j'avais mal. mal au ventre, aux bras, aux jambes. mais surtout mal à la tête. une douleur lancinante qui me perforait le crâne. je ne voyais rien. j'avais les yeux fermés. j'étais incapable de bouger, tout juste pour respirer. mais j'entendais. j'entendais des cris, des pleures hystériques. des gens qui s'affairaient autour de moi. je ne comprenais rien. tout s'emmêlait dans ma tête. et bordel que j'avais mal.* l'incident du GHB a changé ma vie. plus rien n'était plus pareil après ça. je n'avais plus confiance en personne, et encore moins en moi. puis l'accident qui emporta mes parents eut bon de m'achever. j'étais désespéré, j'ai essayé d'en finir. une fois. mais j'ai finis par me rendre compte que lorsqu'on tombe il faut toujours se relever. mais ça j'ai mis du temps à le comprendre.
~ question deux es-tu heureux présentement? le bonheur... tout le monde en parle, pourtant personne n'est foutu de savoir ce que c'est. si je suis heureux ? je n'en sais rien. a priori je dirais oui. du moins je n'ai jamais été aussi heureux que maintenant. non pas que j'ai l'impression de flotter sur un petit nuage en permanence, mais ne plus me soucier de rien, ne plus avoir de problèmes qui me saturent l'esprit, c'est déjà un grand pas en avant vers le bonheur. pourtant j'ai tout plaqué. mes études, mes amis, ma famille. anthony. je suis parti sans dire au revoir. mais enfin j'ai pu respirer. enfin j'ai pu dire adieu à tous mes tracas, vider ma conscience et me ressourcer. retrouver mes racines. ce voyage a duré deux ans, les deux plus belles années de ma vie. des années de liberté. de maturité. c'est peut-être la boule au ventre que je reviens sur les terres canadiennes, mais je suis déterminé. et rien ne pourra plus m'ébranler. même si tous ceux que j'ai jadis aimé me tournent le dos - ce ne serait que justice rendue, après tout - je garderais ma sérénité. car enfin je me suis trouvé. enfin je sais qui je suis, où j'appartiens.
~ question trois où te vois-tu dans dix ans? comme si j'allais me projeter dans dix ans ! je ne sais déjà pas ce que je ferais demain. tout ce que je sais, c'est que je ne veux pas me retrouver coincé dans une jolie maisonnette de banlieue, avec un homme ou une femme que j'aurais épousé, cinq enfants et un chien. ce que je veux, c'est de l'aventure. avoir des histoires à raconter. vivre et ne pas faire semblant. oui, "semblant". pour moi, ceux qui se contentent d'une vie calme et bien rangée ne vivent pas. ils existent. ils sont là, ne font pas de vagues. ils ne sont pas plus intéressants qu'un grain de sable, perdu dans le désert. invisible parmi la foule. je refuse d'être invisible. je refuse de ne pas profiter de la vie. car si rien ne nous attend après la mort, qu'aurais-je fait du peu de temps qui m'a été accordé ? je l'aurais passé à regarder des matchs de foot à la tv ? hors de question. dans dix ans, je serais ailleurs. ici, ou là. qu'importe. je serais libre.
- le questionnaire (pour la répartition des groupes) :
Pour la répartition des groupesLe matin, quand il est l’heure de se lever :
Un métier qui conviendrait bien à mon caractère :
Je croise au hasard une amie de l’école primaire, je lui dis :
En vacances, je:
En ville, je préfère me promener:
Ce qui me permet d’avancer dans la vie...
Avec les amis, j'adore:
L'élément qui m'attire le plus:
Un défaut que je me reconnais volontiers...
Le soir, avant de m'endormir :
hors-jeuballe au centreprénom/pseudo › psychotic venus. mais je préfère qu'on m'appelle cassandre, cass, cassou ou tout ce qui vous chante. âge › j'ai dix-huit ans maintenant. pays › je vis dans la merveilleuse france. présence › aussi souvent que je pourrais, mais sauf contre-temps, je dirais tous les jours. comment tu as connu le forum › euh... par bazzart si je me souviens bien, mais ça commence à dater. personnage inventé/scénario › personnage inventé par un moi ancien. autre chose à ajouter? › pfff je vous aime trop, vous m'avez manqué et je suis vraiment heureuse d'être de retour parmi vous. les nouveautés, le design, le forum est vraiment génial. je suis ravie de voir ce que je connaissais déjà et j'ai hâte de rencontrer les nouvelles têtes.
Dernière édition par Nahuel Fergusson le Dim 26 Juil - 18:09, édité 10 fois |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Jeu 23 Juil - 20:17 | |
| YOU KNOW I'M NO GOOD I cheated myself like I knew I would
young poetry.
Je suis assis en tailleur sur mon lit, serrant très fort Teddy le Nounours contre moi. J'ai ma tête enfouie dans son duvet pelucheux et j'ai le coeur serré. J'ai envie de pleurer peut être. Pour tout dire je n'en sais rien. Papa est très en colère contre moi, et maman est triste elle aussi. Pourtant, j'ai rien fait de mal. Je profitais juste de mon cadeau d'anniversaire - un superbe hélicoptère télécommandé. Et il y a eu cette rafale de vent et mon cadeau est venu s'écraser contre le mur en bois de la maison de grand-père. Il parait que je suis irresponsable, que je ne fais pas attention à la valeur des choses. Je me suis même pris un gifle. Je crois que j'ai encore la trace rouge sur ma joue. Ou bien est-ce parce que je contiens mes larmes depuis trop longtemps. Des pas se font alors entendre derrière ma porte, dans le couloir. Quelqu'un monte au grenier on dirait. C'est étrange, papi m'a dit qu'il ne fallait pas y aller, parce que c'était dangereux. Je décide donc de voir qui enfreint les règles et me glisse silencieusement hors de mon lit. Je tiens toujours Teddy par la patte parce que j'ai besoin de lui, il me rassure. J’entrebâille doucement ma porte et jette un coup d'oeil alentours pour m'assurer qu'il n'y a plus personne. Puis je me faufile hors de ma chambre, toujours sans un bruit. L'échelle menant au grenier est descendue et j'entame lentement mon ascension. J'ai envie de crier sur ces marches qui grincent dès que je fais un pas dessus, mais je ne le fais pas. Arrivé à mi-hauteur, j'entends la voix de papi dont l'écho grave résonne dans la pièce au-dessus de moi. Mais je suis incapable d'entendre ce qu'il dit. Je me hisse enfin tout en haut et fort heureusement pour moi un carton me cache du reste de la pièce. Je me tapis dans l'ombre, là, Teddy serré contre moi, et j'écoute. Ce livre est très important pour la famille Fergusson, tu entends ? Je veux que tu en prennes soin. Papi discute avec quelqu'un, et mon coeur a un raté lorsque j'entends la voix de mon frère lui répondre. Je ferais attention grand-père, promis. S'en suit un court silence durant lequel je n'entends que leur deux respirations. Discrètement je tente un regard rapide dans leur direction. Terrence caresse d'un air indéchiffrable la reliure de cuir d'un épais ouvrage poussiéreux qui semble avoir traversé les générations sous le regard bienveillant de notre grand-père. Tu connais la tâche que tu dois accomplir. Notre famille a besoin de toi. Terry ne bouge pas et continu son geste comme s'il n'avait rien entendu. Pourtant, au bout de quelques seconde il répond : Personne ne doit être au courant ? Même pas Nahuel ? Papi se renfrogne tandis que mon coeur bat un peu plus vite : on parle de moi et je ne suis décidément pas censé être là. Personne. Ton frère n'est pas prêt pour ça. Il est encore trop jeune. J'ai envie de crier que je ne suis pas trop jeune. J'ai déjà six ans, je suis grand ! Mais encore une fois je ne peux pas : grand-père se relève et s'avance dans ma direction de sa démarche bourrue, pipe à la bouche. Aussitôt de me jette presque sur l'échelle, il ne faut surtout pas qu'il me voit. Je descend à toute allure sans oublier Teddy mais la chance est avec moi puisqu'il se retourne en ajustant sa veste bleu marine par dessus sa marinière puis gratte sa barbe blanche en dévisageant Terrence. Et j'ai à peine le temps d'entendre " c'est une longue quête qui t'attend" que je ferme la porte de ma chambre à la volée. Le soir, nous sommes tous assis en tailleur autour du feu de cheminée. Papa et maman sont enlacés dans le canapé et observent les flammes sans vraiment les voir. Mamie a revêtu son tablier et nous apporte des gâteaux écossais maison. Terrence est assit dans un coin un peu excentré et semble avoir la tête ailleurs. Quant à papi, il est installé comme à son habitude dans son rocking-chair et se balance distraitement en fumant son éternelle pipe. Moi, je suis assit sur une chaise et je les regarde. Je ne comprends toujours pas cette histoire de livre de cette après-midi. Et ça m'agace. Je n'aime pas être mis à l'écart comme ça. Et nos parents n'ont pas l'air d'être au courant de ce qui se passe non plus et ça me donne un mauvais pressentiment. Comme si c'était mal ce qu'ils faisaient. Alors que le silence ambiant me semble pesant, mamie arrive avec sa bonne humeur habituelle. Qui veut des gâteaux ? Ils sont fourrés au miel. Nahuel, tu en veux ? Légèrement pris au dépourvu je tends instinctivement ma main pour prendre un de ces délicieux gâteaux, même si je n'ai pas faim. Merci mamie. Puis je croque dedans, et le miel vient me réchauffer le coeur. C'est vraiment super bon ! Je prends une nouvelle bouchée, puis encore une. Je ne m'en lasserais jamais. Grand-père se racle alors la gorge et s'étouffe un peu en projetant des halos de fumée tout autour de lui. J'ai navigué au grès des flots, j'ai affronté les mers les plus déchaînées. En effet, mon grand-père était marin, avant d'être papi et d'être vieux. Mais rien n'était comparable à Nessy. Mon coeur à un raté en entendant ce nom. Nessy, c'est le monstre du lac à côté de chez mes grands-parents. J'en ai déjà entendu parlé bien évidemment, mais je trouve ça tellement cool que mon grand-père connaisse. On dirait même qu'il l'a rencontré. Mes yeux brillent presque d'excitation. J'adore les histoires au coin du feu. Mais mon avis n'était pas partagé par mes parents de toute évidence puisqu'ils se levèrent d'une seule traite. Je crois qu'on va aller se coucher papa, dit mon père. Bonne nuit tout le monde, renchérit ma mère. Je lève les yeux au ciel : rien ne les intéresse ces deux-là. Nous voilà donc à quatre dans ce salon surchauffé, bercé par le bruit de la pluie au dehors et enfumés par les odeurs de tabac de mon grand-père. C'était un jour de tempête, et le vent soufflait fort. Mon équipage était composé de deux hommes seulement et nous étions en quête d'un trésor. Les légendes de notre famille sont gorgées de trésors. Il inspire une nouvelle fois le gaz néfaste provenant de sa pipe en bois sombre. Moi, je retiens ma respiration presque sans m'en rendre compte. Il faisait nuit, mais nous n'avions d'autre choix. Nous rêvions d'or et de gloire, tels les adolescents inconscients que nous étions. Et c'est ainsi que nous la vîmes. Là, dans les eaux sombres et froides du lac agité. La créature. D'un violent coup elle nous propulsa hors de notre embarcation chétive et nous nous retrouvâmes à l'eau. Elle poussa ensuite une longue plainte qui nous remua les tripes, et... Et ? je m'enquiers, impatient. Et elle disparut. Plus aucune trace d'elle. Je ne l'ai plus jamais revu. Je suis déçu. Les histoires de mon grand-père sonnent toujours comme des folles aventures. Et celle-là n'a pas de fin, juste du mystère. Je vais m'coucher. La voix de Terrence me surprend. Grand-père lui jette un regard indéchiffrable mais ne dit mot. Et Terry grimpe les escaliers jusqu'à l'étage, sous mon regard interrogateur. Il n'a pas l'air bien. Pourquoi ? Je pense que tu devrais y aller aussi fiston. Je lève un sourcil devant la demande de ma grand-mère. Mais je ne bronche pas et m'exécute. Je vais dans ma chambre sans un mot et je m'allonge sur mon lit, l'air rêveur. Trop de questions me trottent dans la tête. Trop de questions sans réponse au sujet de ce qui se trame au sein de ma famille. Je finis alors par m'endormir, préoccupé. Joyeux anniversaire Nahuel. ♒ ♒ ♒ Cet été nous passons nos vacances chez ma grand-mère maternelle. J'ai toujours été très proche d'elle. Elle est d'origine amérindienne mais vit en Arizona, en plein désert. Sa maison est tout en bois et dans son jardin on trouve des saguaros plus ou moins grands. J'adore aller la voir, même si c'est rare. Je me sens bien avec elle. Elle au moins elle me comprends. Pas comme mes parents trop fermés d'esprit. Ou mon grand frère qui s'éloigne de plus en plus de moi depuis cette fameuse journée. Maman dit que c'est le début de l'adolescence qui fait ça. Mais moi je pense que ça n'a rien à voir avec sa face de pizza. Je sais, au fond de moi, que tout est lié à ce livre. Enfin bref, nous passons une chouette journée avec grand-mère, même s'il n'y a pas grand chose à faire là où elle habite... Grand-mère m'explique quelles sont les différentes espèces de cactus poussant dans son "jardin" et quelles sont leur vertus. Elle connaît plein de choses grand-mère, c'est toujours super intéressant de l'écouter parler, elle m'apprend tout plein de trucs. J'entends alors le téléphone sonner dans la maison, mais c'est maman, restée à l'intérieur, qui décroche. Au fil de la conversation, son visage se décompose. Mon pouls s'accélère et je me demande ce qui ne va pas. En raccrochant le combiné je la vois déglutir avec difficulté. Elle s'approche de nous, grand-mère et moi près d'un cactus, Terrence jouant distraitement et d'un air morne avec des cailloux. C'était Austin, mon papa, son père est mort. Mon coeur a un raté et j'arrête aussitôt de respirer. Je suis incapable de réfléchir. L'idée que mon grand-père soit... non, ça m'est trop insupportable je ne peux pas y penser. Mais je sursaute en entendant un bruit sourd du côté de mon frère. Il vient de balancer un énorme caillou qui s'est écrasé sur un autre. Et sans un mot, il se lève et va en trombes dans la maison. Il a l'air bouleversé. Je le regarde, médusé, et mon instinct me dit de le suivre. Ce que je fais, agissant à la manière d'un pantin, sans réfléchir. Je retrouve Terrence dans sa chambre, la tête dans ses mains. En m'entendant arriver, il ne bouge pas mais me lance un : Dégage ! Ça me fait de la peine de l'entendre me parler comme ça, surtout que je ne me remet toujours pas de ce que je viens d'apprendre. Mais je crois qu'il pleure, alors je ne dis rien. Je me contente de m'asseoir à ses côtés et de le regarder en silence. Ça va aller, je dis du haut de mes six ans. Tu verras ça va aller. Et là, il explose. Mais non ça ne va pas aller ! Rien ne va aller ! C'était déjà assez dur comme ça et puis... Merde tu peux pas comprendre ! Tu comprends rien de toute façon. Et il se lève de nouveau, des larmes lui brouillant la vu, le regard dément. Il saisit à la volée un gros livre qui m'est familier et sort de sa chambre pour aller se réfugier je ne sais où. Mais cette fois je ne le suis pas. Je reste là, assit sur son lit, vide de toute émotion. Non, décidément, je ne comprends rien.
teenage kicks.
Une musique électro se fait entendre depuis l'autre côté de la rue. Je roule au volant de ma nouvelle Aston Martin Lagonda noire, fenêtres ouvertes. Une légère brise vient ébouriffer mes cheveux bruns. Je souris. J'ai vraiment hâte d'être à cette fête. C'est la plus grosse de l'année, et en tant que capitaine de la populaire équipe de football du lycée, je me dois d'y participer. Je gare enfin ma voiture dans l'allée et me passe une main assurée dans les cheveux. Je plaque un sourire sarcastique sur mon visage et j'entre dans l'arène. Les basses font vibrer le sol, les mur et mon corps tout entier et les vapeurs d'alcool et de drogue agressent mes narines. Mais l'adrénaline et l'excitation me font oublier toutes ces nuisances et je me plais déjà à cette soirée. Je marche en direction du bar improvisé et je me commande un mojito. Salut Nahuel. J'me demandais quand est-ce que t'allais venir. Elle, c'est Bryna, la capitaine de l'équipe de cheerleading. Elle est belle, blonde et pulpeuse. Bref, tout ce qui peu plaire à un mec de mon âge. J'attendais que la fête devienne intéressante, je dis avec un petit sourire en coin. Elle me dévisage de son regard de braise pendant que je prends mon verre que le "barman" me tend. Je lève mon verre et boit une gorgée. Hmmm... Délicieux. On va danser ? Je hausse les sourcils et pose mon verre au comptoir avant de la suivre sur la piste de danse. Aussitôt nos deux corps se collent et nous entamons une danse langoureuse sous le regard parfois jaloux, parfois gêné mais rarement indifférent de nos camarades. Je laisse parcourir mes lèvres dans son cou, l'effleurant seulement. Mes mains quant à elles caressent le creux de ses reins. L'idiote semble au paradis, mais moi je ne fais que m'amuser. Je ne fais que ça de toute façon. M'amuser. De tout et de tout le monde. Rien n'a d'importance à mes yeux. Je suis l’archétype de l'adolescent qui emmerde le monde. Et j'en suis fier. Au moment où Bryna semble un peu trop prendre son pied je desserre notre étreinte et m'éloigne de la piste de danse, la laissant en plan. Où tu vas ? je l'entends crier. Je l'ignore et retrouve mon cocktail qui n'a pas bougé. Je bois deux ou trois gorgée et je la vois qui me rejoins, l'air à la fois vexée et hors d'elle. Tu m'laisses en plan, là, sans un mot ? Je hausse les épaules. J'avais soif. Ma réplique semble l'avoir privé de toute répartie. Elle me regarde les yeux exorbités, l'air choqué par mes propos. Que les choses soient claires Fergusson : tu n'as aucun droit de m'traiter com... Ta gueule. Quoi ? J'ai dis ferme-la. Là encore, elle est estomaquée. Mais je n'ai pas d'autre choix que de lui répondre ainsi. Je me sens bizarre. Non, je me sens mal en fait, très mal. J'ai la tête qui tourne et mes sens se déforment. J'ai la nausée, et je ne comprends qu'à moitié ce qui se passe autour de moi. La musique me fait mal à la tête, à moins que ce soit autre chose... Instinctivement mon regard se tourne vers mon verre. Je vois flou, mais en forçant un peu et en collant presque mon visage au récipient je croit apercevoir quelques traces d'une poudre blanche au fond. Et mon coeur a un raté. Parce que même si mon esprit est embué, j'ai eu le temps de comprendre... Blackout. La terre tourne trop vite, je peux plus compter les étoiles. Tout bouge autour de moi, tout grouille. Je suis dans une fourmilière. Blackout. J'entends de l'eau couler pas loin. Ou bien est-ce mon imagination. Je n'en sais rien. Blackout. J'ai envie de vomir, je crois que je viens de le faire en fait. Et je sens une main sur moi. Je comprends pas ce qu'il se passe. J'entends des rires, partout, dans ma tête et ailleurs. Ça résonne. Et un cri. Une plainte. Ma plainte. Blackout. ♒ ♒ ♒ Cette interro est impossible. Je ne comprends même pas les questions. J'ai envie de sortir de cette salle surchauffée et peuplée de cons. Je déteste tout le monde depuis l'incident du GHB. La police n'a toujours pas trouvé qui m'a fait ça, et personne n'était apparemment assez "clair" pour se souvenir de ce qui m'est arrivé. Une partie de ma vie totalement effacée de ma mémoire. Paf, disparue. Et dieu sait ce qui a pu m'arriver pendant que j'étais dans les vapes. Mr. Fergusson, on se concentre s'il vous plaît. Je n'avais même pas remarqué que mon regard était perdu sur la copie en diagonale à droite de moi. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits et me concentre sur la question. Quelle est la formule développée de l'acide 5,5-dichloro-2-hydroxy-4,4-diméthyl-3-oxopentanoïque ? C'est une blague ? Je passe ma main dans mes cheveux et mes doigts tirent sur ces derniers : je vais finir par me les arracher à force. Non, je n'y arriverais jamais. Je ne comprends rien. Ils me font chier. J'en ai mare de tout et de tout le monde. Sous l'impulsion je donne même un coup de pied dans ma table dans un bruit sourd. La classe entière, le professeur en premier, se retourne vers moi. Je lève les mains d'un air innocent même si mon regard trahit mon agacement. Désolé, spasme musculaire. Je replonge la tête sur ma copie en attendant que Mr. Mac Loghan détourne son regard. Puis je jette un regard désespéré à l'horloge au dessus du tableau. Il reste encore une demi-heure. Je crois que je vais craquer. J'enfouis alors ma tête dans mes bras et attends comme ça pendant un moment. Environ cinq bonnes minutes je dirais. Je vais m'endormir si ça continue. Quoi que non, je suis bien trop énervé. Rien qu'à voir, je tape du pied depuis tout à l'heure. Soudain, quelqu'un frappe à la porte et l'ouvre à la volée. C'est le CPE. Je le dévisage tandis qu'il s'approche de notre enseignant de physique-chimie et lui chuchote un truc à l'oreille. Ce dernier se tourne alors vers moi et je tressaille. Il y a un problème ? Mr. Fergusson, suivez-moi je vous prie, le CPE m'intime. Sans comprendre je me lève, une boule se formant dans ma gorge. Qu'ai-je fais encore ? Prenez-vos affaires, vous ne reviendrez pas. Alors c'est ça ? Ils me virent ? Sans préalable ? D'accord mes résultats sont médiocres et je fanfaronne un peu trop mais ce n'est tout de même pas une raison si ? Je déglutis avec difficulté quand je passe devant l'homme qui me tient la porte. Pourtant, je ne vois aucune once d'agacement ou de colère dans son regard. Plutôt... de la pitié ? C'est étrange. Je le suis dans les couloirs et nous nous rendons silencieusement dans le bureau du proviseur. A ma grande surprise, Terrence s'y trouve déjà. Il est là, assit sur l'un des fauteuils, avec ses cernes et son teint blafard. Le proviseur est assit en face, de l'autre côté de son bureau, et me dévisage avec mélancolie. Que se passe-t-il ? Il me fait signe de m'asseoir alors je m'exécute toujours sans un mot, l’appréhension parfaitement lisible dans mon regard. J'entends la porte derrière moi se fermer et je sais que le CPE est partis. Nous voilà seuls avec le proviseur et je sens mon pouls faire des siennes. Je ne sais pas comment vous annoncer ça... A ces mots mon coeur ce serre. La suite ne va pas me plaire, je le sens. Il y a eut un accident aujourd'hui, en début d'après-midi. Voiture contre poids lourd. Je sens Terrence se figer. Il a comprit quelque chose que je ne saisis pas encore. Ou bien je me voile la face. Vos parents n'ont pas survécu au choc. Je suis désolé. Le soupire triste qu'il émet n'est plus qu'un écho lointain pour moi. Je me sens arraché à la réalité, privé de toute émotion. J'ai juste cette boule, là, au fond de mon coeur. Cette boule qui grossit et prend de l'ampleur, dévorant tout sur son passage et qui menace d'exploser. Je reste figé, plus aucune expression ne traverse mon visage. Non... Non, pas ça. Tout mais pas ça. Pitié... Comme si implorer le ciel allait changer quelque chose. Du blanc de l'oeil je vois mon frère se lever et envoyer valdinguer le bureau du proviseur. Il crie. Mais moi, moi je reste de marbre. J'ai envie de mourir moi aussi.
desert road.
Les phares des voitures m'aveuglent et la pluie incessante me brouille la vue. Je marche - non, je titube - le long de la chaussée, serrant fièrement une bouteille d'un alcool quelconque, je ne sais même plus de quoi il s'agit. Du whisky sûrement. On en avait plein dans la cave. Mes bras ballant semblent traîner derrière moi. Un bruit de klaxon me déchire le crâne. ENF... Je n'ai même pas la force de terminer mon juron. Néanmoins je lève mon majeur à l'égard du conducteur, mais il est déjà loin. Je suis sur l'autoroute je crois. Ça va vite et tout tangue autour de moi. Bientôt je sens mes tripes se tordre et je rend mon petit-déjeuné (composé d'un café seulement) sur le bas-côté. Puis j'ai mal au crâne, bordel. J'ai l'impression qu'on est en train de me le scier en deux et de me planter des perceuses au niveau des tempes. Je crois que je suis complètement déchiré en fait. Mais j'arrive plus à tenir. Seul, dans ma chambre, refusant de voir qui que ce soit. Je suis écœuré de la vie, de tout. J'ai juste envie de crever que personne ne m'en empêche. J'suis venu pour ça en plus. Pour mourir. Et je sais pas ce que j'attends. Peut être la voiture idéale. Une qui me tuerais sur le coup sans que je souffre trop. J'ai assez souffert comme ça. Là ! Un camion arrive. C'est parfait un camion. C'est gros, ça va vite et j'ai aucune chance de m'en sortir. Alors je tente ma chance. Il arrive. Je balance ma bouteille au loin et m'apprête à sauter. Sauf que j'ai pas les idées claire et je trébuche sur la rambarde de sécurité. Je perds l'équilibre, et je tombe trop loin. Un bruit de klaxon achève de me vriller la tête. Merde. Une douleur fulgurante me traverse la jambe. Et je crie. Je crie fort. Et tout est noir. « Everytime I close my eyes it feels like dark paradise. » Sa jambe gauche est entièrement broyée - il y a une quadruple fracture du tibias et son péroné est en miettes. Mais il a eu de la chance : ses muscles sont en étonnamment bon état. Deux solutions s'offrent alors pour lui. Soit vous décidez de prendre une prothèse ce qui entre nous serait la meilleure solution, soit nous essayons de sauver sa jambe en réparant les os et en reformant la jambe mais cette intervention est très longue et très risquée. Nous ne sommes pas sûrs d'y arriver. Et de toute façon nous devrons remplacer son péroné. J'ai mal à la jambe. Et à la tête aussi. Surtout à chaque "bip" que j'entends à intervalles réguliers. Je mets cinq bonnes minutes pour comprendre que je suis dans un hôpital. Et cinq autre pour me souvenir de ce qui m'est arrivé. J'ai tenté de me suicider. Cette pensée me choque et me met hors de moi. J'étais bourré et totalement inconscient. Ça ne me ressemble pas d'agir ainsi. Puis il y a ce camion qui m'a percuté la jambe. Heureusement qu'il n'a pas roulé dessus sinon je n'en aurais plus. Puis cette douleur, insupportable. J'entrouvre peu à peu les yeux et une lumière vive me les fait refermer de suite. Je retente un coup et attend de m'y habituer. La voix du docteur me parvient de nouveau. La décision est vôtre. Mon coeur bât un peu plus vite. A qui parle-t-il ? A mon frère ? Impossible. Il est devenu une véritable épave depuis la mort de nos parents. Pire que moi. Alors qui est-ce ? Qui doit décider du sort de ma jambe ? Je n'ai pas mon mot à dire moi ? J'ai peur, soudain. Mais mon coeur a un raté quand j'entends la personne lui répondre. Faîtes votre possible. Grand-mère ? Mais je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps puisque les pas du docteur me parviennent. Il est dans la salle, avec moi, mais je ferme les yeux et fait semblant de dormir. Je l'entends avoir un rictus. Ou bien est-ce mon imagination. Puis je sens un liquide froid couler dans mes veines, et je m'endors à nouveau. « In the land of Gods and Monsters I was an angel living in the garden of evil. » A mon réveil, la douleur est légèrement atténuée. Pour tout dire, je ne sens presque plus ma jambe. Ce doit être à cause de l’anesthésie. J'ouvre une nouvelle fois les yeux sur un monde lumineux. Ma chambre est blanc écarlate. Pas très chaleureuse en somme. Mais rien d'étonnant. Je jette un regard autour de moi et je remarque un pot de fleurs à mon chevet. Il y a une carte aussi. Alors je me redresse un peu pour pouvoir la saisir mais ma jambe me lance. Je grimace. Mais je finis par faire abstraction de la douleur et je tends la main vers la carte. Rétablis-toi bien. Grand-mère. Elle est donc vraiment venue ici. Je souris. Je me sens déjà mieux. Heureusement qu'elle est là. Je repose ensuite la carte et j'inspire un grand coup. J'ai peur de ce que je vais trouver en regardant pour la première fois ma jambe après l'opération. Mais je ne vois rien. Elle est entourée de bandages et je ne sais pas si c'est ma véritable jambe que j'ai au bout du lit. C'est à ce moment-là que le docteur décide d'entrer dans ma chambre. Il arbore un sourire chaleureux et se dirige vers moi avec un dossier dans ses mains. Bonjour Mr. Fergusson. Bien dormi ? Haha très drôle. Je ne lui réponds pas. J'ai le plaisir de vous annoncer que l'opération s'est très bien passée. Votre jambe est presque comme neuve. Je relève les yeux et plante mon regard dans le sien, avec un peu d’appréhension. J'ai... J'ai ma vraie jambe ? Il sourit d'un air amusé. Pourtant ma question n'a rien de drôle. Oui, oui, votre véritable jambe. Néanmoins vous aurez besoin de plusieurs mois pour lui redonner l'habitude de marcher. Beaucoup d'entraînement sera nécessaire et... Mais je ne l'écoute plus. Je suis bien trop soulagé d'avoir conservé ma jambe. Oui, oui... Après un moment d'hésitation, j'ajoute : Merci Docteur. Il me sourit et ressort. Avant qu'il ne ferme la porte quelqu'un prend sa suite et vient me rejoindre. Grand-mère. Je souris, sans vraiment savoir pourquoi. Sa présence seule me fait du bien. Tu vas bien mon chéri ? Oui, t'inquiètes, répondis-je dans un sourire. Elle haussa les sourcils dans une moue sarcastique. Vraiment ? Alors que faisais-tu sur cette route ? Je baisse aussitôt les yeux et mon regard se voile. J'ai honte. J'ai terriblement honte d'avoir été si égoïste. Mais je l'entends sourire et son bras vient me serrer contre elle. Ce n'est pas grave... Maintenant je suis là. Et je souris, moi aussi. Je souris parce que je sais que désormais je ne serais plus seul. ♒ ♒ ♒ Le soleil se couche là-bas, sur l'horizon. Et l'astre nous renvoie ses derniers rayons rougeoyants. C'est beau. Non, c'est magnifique, splendide. Je me sens si apaisé en cet instant. Tout est si calme, si tranquille. J'ai l'impression que plus rien ne pourra m'atteindre ni perturber le silence d'or du désert. Rien, même pas la faune nocturne qui s'éveille doucement, la nuit tombant. Je suis assit, là, sur le rocking-chair de la terrasse, le regard absorbé par ce paysage chaleureux tout autour de moi. Je suis chez ma grand-mère. Nous avons déménagé avec mon frère pour la rejoindre dans ce trou pommé. Et tout va mieux depuis. Je me sens renaître. J'ai retrouvé goût au sourire. Goût à la vie. Je me sens plus vivant que jamais.
distress call.
Nous y sommes. Ça y est. Nous sommes arrivé devant notre nouvelle maison. Changement de vie total, dépaysement le plus complet. Bienvenue au Canada, dans la province d'Alberta. Bienvenue à White Oak Station et son grand froid. Nous avons en effet décidé de dire adieu aux quarante degrés Celsius de notre Arizona désertique pour découvrir une contrée plus fraîche et plus boisée. J'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Mais pour l'instant tous les paysages vus par avion et par voiture m'enchantent. Tout est beau, grand, superbe. Tout, jusqu'à ce qu'on arrive devant notre demeure. C'est... c'est là ?, je demande à peine. Ma grand-mère me sourit et hoche la tête. J'avale avec difficulté. J'ouvre ensuite la portière et sors de la voiture. En face de moi se trouve un immense manoir en bois malheureusement très mal entretenu. Au départ j'avais eu du mal à comprendre comment avec le peu d'argent que nous avions grand-mère était parvenue à nous négocier un manoir en plein Canada. J'avais cru à une blague. Mais maintenant je préférerais que c'en soit une. Ce manoir est digne des films d'horreur de mon enfance. Vous savez, l'effroyable maison hantée qui se retourne contre ses habitant. J'étouffe un rictus à cette pensée. Ce que je peux me faire des films parfois. Je secoue la tête histoire de chasser complètement cette folle idée de ma tête et je vais rejoindre Terrence et grand-mère à l'arrière de la voiture afin de les aider à sortir nos valises. Je pousse une grande expiration et je me résigne à aller dans cette maison des moins chaleureuses. Je prends les clés et les enfonce dans la serrure avant de faire deux tours vers la droite. Le loquet s'ouvre et je pousse la porte de ma main libre, portant mes bagages de l'autre. L'intérieur est sombre et tout aussi mal entretenu que l'extérieur. Je soupire. Heureusement, le manoir est tout équipé, mais je n'ose même pas imaginer dans quel état se trouvent les machines à laver, le four ou encore le frigo. Personne n'a vécu ici depuis un sacré bout de temps. C'est cosy. Lol. Il a de l'humour lui. Je lui lance un regard exaspéré mais je tâche de ne pas paraître trop abattu. Cette maison ne me plais pas du tout et je me mets à regretter celle d'Arizona. Mais tant pis, je n'ai pas le choix. On va vivre ici pendant quelques années je crois bien, alors autant s'y habituer. Je rejoins Terrence en haut, au niveau des chambre et je trouve la mienne. Au fond du couloir, à droite. J'ai une grande fenêtre qui donne sur la rue par laquelle nous sommes arrivés. On voit quelques arbres au loin. Je lance mon sac sur mon lit et il grince sous le poids. S'en échappe alors une énorme blatte qui tombe court dans ma direction. Bordel. Ni une, ni deux, je l'écrase sans ménagement et le bruit de succion provoqué par ce geste me soulève le coeur. Génial, absolument génial. Je soupire encore une fois. Les débuts vont être difficiles. ♒ ♒ ♒ J'enfile mon sac sur mon épaule et saisit un croissant que grand-mère nous a acheté pour la rentrée. J'en prends aussitôt une bouchée et je pousse un gémissement de bonheur. C'est trop bon. Puis je dépose un baiser sur le front de ma grand-mère et je me sauve. Je sors de la maison et prends mon vélo - un peu rouillé mais bon, on fait avec - et je roule en direction de l'université. Cette maison, j'y adhère toujours pas. Je suis constamment mal à l'aise dedans. Ce n'est pas chez moi, ça c'est sûr. Puis il y règne une atmosphère... je sais pas, malsaine, malfaisante, mal-tout-ce-que-vous-voulez. Mais au moins elle est un peu plus hygiénique que lorsque nous sommes arrivés. Nous avons tout lavé, tout désinfecté, on a enlevé les mauvaise herbes dans le jardin, tout ratissé. Grand-mère parle de faire un potager dans le fond. Ce sera certainement plus joli. Elle dit qu'elle s'attaquera au jardinage dès demain. J'ai hâte de voir ça, haha. Tout ce qu'elle a vu planté dans son jardin jusque là étaient des foutus cactus alors... Ça promet d'être épique. S'occuper ainsi de l'entretien de la maison a au moins eu pour bon de me rapprocher de mon frère, avec qui je plaisante plus souvent désormais. C'est toujours plus agréable. J'arrive maintenant aux abords de l'université. Terrence trouve que j'ai des airs de hippies avec mon sac en tissu, mon tank top et puis tout le reste. Mais j'assume. C'est un peu... le nouveau moi. J'aspire même à acheter un van Volkswagen et le retaper pour m'en servir comme moyen de transport. J'adore ça, je trouve ça tellement fun. Et puis ça m'occupera. Un autre bon prétexte pour rester en dehors du manoir. Il suffit juste que je me fasse un peu d'argent désormais. Quoiqu'il en soit me voilà arrivé. Je gare mon vélo et y accroche l'antivol et je vais jusqu'au premier bâtiment en face de moi. Je cherche l'accueil et là-bas on me donne mon emploi du temps et mes salles. Je cherche ensuite l'Audiovisuelle 1 qui se trouve dans le bâtiment C dédié aux domaines artistiques. J'ai choisi de suivre un cursus dédié au cinéma parce que j'ai toujours adoré ça. Et puis mon cursus scolaire ne me permet pas trop d'aspirer à de grandes et lourdes études. Puis c'est plus moi, ça me correspond mieux et j'aime ça. Bref, je ne regrette pas mon choix. J'arrive enfin dans la salle pile au moment où la sonnerie retentit. Je cherche une place libre et j'en trouve une aux côté d'un jeune homme d'à peu près mon âge. Il semble grand, même assit, et son visage enfantin est encadré par de grandes boucles brunes et soyeuses. Il m'a l'air sympathique. Il lève alors les yeux vers moi et j'accroche de suite avec son regard émeraude. Mon corps ne me répond plus pendant l'espace d'un instant mais je me reprends bien vite avec l'arrivée du professeur. Je m'installe alors à la hâte aux côté du garçon et le cours peut commencer. Après cinq minutes de blabla rasoir et de présentations habituelles du prof, je sens le regard du bouclé sur moi. Et il ne tarde pas plus longtemps à entamer la conversation. Hey. Je tourne la tête vers lui et réponds à son sourire franc. Hey, je poursuis en serrant la main qu'il me tend. Moi c'est Anthony. Anthony Gainsborough enchanté. Je souris. Anthony... Je trouve que ça sonne bien. Et moi Nahuel. Nahuel Fergusson. Nous passons le reste du cours à faire connaissance plutôt que d'écouter notre enseignant. Voilà qui commence bien. Mais ce n'est pas grave, je suis bien trop content d'avoir rencontré quelqu'un comme Anthony. Je me sens moins seul dans cette ville.
lost frequencies.
J'entends la sonnette retentir et je me dirige d'un pas pressé vers la porte. Ce bruit me fout à chaque fois les chocottes. Il est juste méga glauque. Bref. Je n'ai pas vraiment le temps de tergiverser et j'ouvre la porte à Anthony. Même s'il est en deuxième année, il a accepté de faire un travail avec moi. Nous devons donc faire un court-métrage sur quelque chose qui nous correspond. Moi, j'ai choisi les légendes amérindiennes qui entourent ma famille. Et lui, ça le passionne comme thème. Autant dire qu'on s'est bien trouvés. Salut. Il passe une main dans ses cheveux bouclés ce qui lui confère une certaine innocence : il retrouve les traits enfantins que j'aime bien chez lui. Hey. Tu vas bien ? Tranquille. Je trouve notre conversation pitoyable. Je déteste avoir de tels échanges avec les gens, ça me donne l'impression de ne rien avoir d'autre à dire, d'être totalement inintéressant. Entre, fais comme chez toi. Il me fait un sourire timide, visiblement gêné de s'imposer chez moi. Du moins c'est l'impression qu'il me donne. Il passe le pas de la porte et est parcouru d'un léger frisson. Je réprime un sourire : moi aussi j'ai eu cette sensation en entrant la première fois dans ce lieu. J'avais l'impression d'être le seul à ressentir cette aura négative. Mais il ne dit rien, certainement par politesse. On est certes devenus des... amis, on va dire ça, mais on ne se connaît pas encore assez pour des familiarités quelconques. Il inspecte les lieux du regard un instant et je reste sans bouger dans l'entrée, gêné car je vois bien que notre manoir tout défraîchi ne doit pas correspondre au luxe dont il est habitué (Anthony est riche mais il ne s'en vante pas). On a beau faire plein de travaux avec Terry - et on a d'ailleurs fait du très bon boulot ! - ça reste une antiquité pleine de poussière et sombre à tous les recoins. On retrouve toujours plein de babioles appartenant à grand-mère. Bref, ce n'est peut être pas du meilleur goût à ses yeux, mais l'essentiel est qu'il ne me partage pas son avis, quel qu'il soit. Je ne peux pas m'empêcher d'admirer sa carrure fine et élancée quoi que musclée comme il faut. Ce corps d'adulte détonne tellement avec cette bouille gamine que je suis toujours fasciné en le regardant. Mais je sors de ma contemplation pour aller nous servir deux bières avant de venir le retrouver dans le salon. Je lui tends la bouteille et il la prend en me remerciant d'un signe de tête. Je m'installe ensuite confortablement dans le canapé un peu vieillot que nous avions gardé et je me penche vers la table, saisissant papier et crayon que j'avais préalablement installé. Bon on commence ?, je demande avec un petit sourire. J'ai hâte de faire ce projet, il m'a tout de suite plu. Et les légendes, quoi de plus intéressant ? Parle-moi de toi. Je reste interdit un instant. Sa question me déroute. Nous ne sommes pas là pour que je lui raconte ma vie. Je suis complètement pris au dépourvu. Euh... Comment ça ? Ses fines lèvres s'étirent en un léger sourire attendri. Ben on va faire un film sur les légendes qui bercent ta famille ? Alors je veux tout savoir. Sur ces histoires, sur toi, sur tout. Je veux mieux te connaître. Je demeure interdit quelques secondes supplémentaires. C'est juste que ma vie n'est pas très intéressante... Ça ne me dérange pas, bizarrement, de partager mon passé avec lui. Alors que j'aurais détesté le faire avec quiconque d'autre. Ça c'est toi qui le dis. Puis il y a son sourire bienveillant, son regard intéressé qui me rend important, son ton calme et son attitude respectueuse, dans l'attente d'en savoir plus sur ma personne. Et c'est ainsi que je lui raconte tout, de mon enfance à nos jours, en passant par le décès de mes parents, ma tentative de suicide et ces légendes, toujours ces légendes. On passe la soirée à ça. Je parle et il m'écoute, en silence, ponctuant parfois mon monologue de quelques remarques. Il réagit parfaitement à tout ce que je lui dis, il sourit, il a de la compassion. Il n'en fait pas trop. Juste assez. Il est parfait. Je n'en reviens toujours pas de m'être livré aussi facilement à ce type que je connais à peine. Mais bordel que ça fait du bien ! ♒ ♒ ♒ Je me sens ridicule. Complètement ridicule. Je me tiens devant sa porte d'entrée, le poing levé, prêt à frapper. J'ai peur. Je suis gelé et trempé par la pluie qui tombe sans discontinuer dans mon cou, dans mes cheveux. Je fais pitié. Je suis pathétique. J'ai honte de me présenter ainsi à lui. Et si ses parents venaient ouvrir ? Non, il m'a dit qu'ils étaient en voyage d'affaire. Je pousse un grand soupire. Courage. Faut dire que je n'en ai plus beaucoup ces derniers temps. Tout devient tellement bizarre. Ma main frappe trois fois sur la porte de bois massif en face de moi. J'ai l'impression que les coups résonnent dans le silence de la nuit. Il est une heure quinze du matin. Mon coeur bat à mille à l'heure, je suis paniqué. Par ce qui vient de se passer puis parce que j'appréhende sa réaction. J'attends environ une minute devant le perron et, alors que je m'apprête à tourner les talons, la porte s'entrouvre et une tête chevelue dépasse dans l'embrasure. Nahuel... Qu'est-ce que tu fais là ? A ce moment, j'ai honte. Je me rends compte que pour une histoire absolument stupide je le dérange en pleine nuit, qu'il va se foutre de ma gueule et m'envoyer balader. Anthony n'a pas l'air très fatigué, au contraire il a les yeux grand ouvert, comme si je ne venais pas de le réveiller. Je ne sais pas quoi répondre. Je suis parcouru de tremblements incessants, je claque presque des dents. Entre. Je m'exécute sans un mot. C'est la première fois que je rentre chez lui. Je m'étais déjà arrêté devant la grande bâtisse mais je n'avais jamais passé le palier. Tout est magnifique. Le parquet est poli et bien entretenu et il s'accorde parfaitement avec le mobilier ancien et certainement très coûteux disposé dans la pièce. Je me rends finalement compte qu'entre chez lui et chez moi, c'est vraiment le jour et la nuit. Aussi ai-je honte de l'avoir amené chez moi à plusieurs reprises. Tu veux boire quelque chose ? Je me tourne vers lui. Il a l'air sérieux, mais n'a pas l'air de m'en vouloir, ni d'être en colère. Non... Non merci. Je n'ose pas vraiment bouger ni toucher à rien. J'ai peur d'abîmer ou de salir les choses. Faut dire que je fait peine à voir avec mes airs de chien mouillé vêtu d'un simple jogging et d'un t-shirt noir. Anthony quant à lui est en jean (mais j'imagine qu'il vient de l'enfiler) et en tank top blanc. Il me paraît si grand, si fort, si sûr de lui en cet instant. Je... Je n'aurais pas dû venir. Désolé. Il revient au salon avec deux verres d'eau et m'en tend un. Je le prends sans réfléchir. Mais tu es là. Installe-toi et raconte. J'hésite encore un moment et je m'assied au bord d'un des canapés noirs. Tu vas me prendre pour un fou. Il me lance un sourire bienveillant en s'installant à côté de moi, à ma droite. Mais non. J'avale difficilement ma salive. Je suis ridicule. Je... Je crois qu'il y a quelque chose avec le manoir. Je marque une courte pause, cherchant les bons mots pour lui exposer la situation sans paraître pour un échappé de l'asile. Depuis qu'on s'est installé, je me sens mal à l'aise dès que je passe le pas de la porte. J'en sais rien, c'est comme si la maison dégageait une mauvaise aura, tu vois ? Il hoche la tête, le plus sérieusement du monde, comme si ce que je disais n'avait pas ni queue ni tête. Et... C'est de pire en pire. Et cette nuit, je suis descendu me prendre à boire et j'ai entendu des bruits venant de la cave. Comme si quelque chose était enfermé à l'intérieur et qu'il voulait sortir. J'ai demandé si c'était mon frère mais personne ne m'a répondu. J'ai alors pensé à un chat ou quelque chose comme ça mais on n'ouvre jamais la porte et puis... par où serait-il passé ? Et dès que j'ai haussé la voix il y a eu un silence. Alors j'ai enfin cru que ce n'était que le fruit de mon imagination alors je suis remonté me coucher. Sauf que... Je commence à trembler. J'ai tellement pitié de moi et honte de lui offrir un pareil spectacle. Mais je ne peux pas m'en empêcher. J'ai besoin de dire ça à quelqu'un. Ça va aller. Sauf que j'ai commencé à entendre plein de courants d'air venant du rez-de-chaussée. Mais c'était impossible car les fenêtres étaient toutes fermées... Et puis une porte à commencé à grincer, puis à claquer. Et là, je sais pas, j'ai paniqué. Je dois me faire des films, être trop plongé dans mes légendes mais bordel Anthony j'ai peur. Je... Grand-mère refuse de me croire et Terrence... Ça sert à rien de lui parler de toute façon. Alors j'ai pensé à toi et... Je soupire, je tremble toujours plus sous le coup de la panique. Tu as bien fait. Je dévisage Anthony. Il ne me prend pas pour un fou. Non, il me prend très au sérieux ! Je suis soulagé, mais je continue de repenser à toute cette histoire, et j'ai peur. Chhht, ne t'inquiètes pas. Je suis là maintenant. Il passe un bras autour de mon épaule et me sert contre lui. Ma tête repose sur son torse et j'écoute les battements de son coeur. Je suis bien. Je me calme peu à peu. Sa main gauche vient caresser doucement mes cheveux. Je sais que cette situation est étrange, qu'elle n'aurait jamais dû se produire entre deux amis. Mais je ne veux pas me poser d'avantage de questions pour le moment. Je me laisse berce par son rythme cardiaque et je respire son odeur. Je m'endors. ♒ ♒ ♒ T'es qu'un sale con d'égoïste ! Mes poings sont serrés sur son col et mon corps le plaque contre le mur. D'un coup violent, Terry me pousse en arrière pour se libérer. Son regard empli de haine répond certainement au mien. C'est alors que quelque chose que je n'avais jusque là jamais envisagé se produit. Son poing vient violemment heurter mon visage et j'éprouve alors une douleur fulgurante au niveau du nez. Quelques secondes après je sens un liquide chaud me couler dans la bouche. Mes mains vont à sa rencontrent et ressortent rouges, j'ai un affreux goût métallique. Je regarde mon frère avec ahurissement. Il n'a jamais levé la main sur moi. Jamais. Même pas après toutes ces années. Il me disait d'aller me faire voir, peut-être, mais jamais encore il ne m'avait frappé. Certes, j'y été allé fort, je lui avait reproché de m'avoir menti pendant toutes ces années au sujet du livre, je lui avais dit que j'étais au courant depuis le début. Je lui ai reproché de m'avoir laissé tombé, de s'être replié sur lui-même lorsqu'on a tout perdu. Il m'a laissé tombé, alors que j'avais besoin de lui. Mais là où il a craqué, c'est quand je lui ai dit que tout ça, c'était des conneries. Ce livre, cette quête. Que grand-père s'était payé sa tête juste avant de crever. Et qu'il avait été égoïste en préférant une illusion à son propre frère. Alors oui, je mérite peut-être sa colère, car je viens de lui dire que sa vie a toujours été dénuée de sens, mais au fond, je sais que j'ai raison. Mais pas sûr qu'il me croit. Ne me traite plus jamais d'égoïste. Il tourne alors les talons en se massant la main. Je sais qu'il est triste. Qu'il regrette son geste. Que mes paroles l'ont blessé. Mais son coup m'a privé de tous mes moyens. En particulier celui me permettant de le plaindre. Je suis hors de moi, en fait. Comme si la rancœur de toutes ces années surgissait en cet instant. ♒ ♒ ♒ Ma dispute avec Terry me hante. Je ne pense plus qu'à ça. J'ai été stupide, je sais. Mais je n'en pouvais plus. Toute cette histoire de livre stupide me prend la tête depuis que je suis gosse. Trop de secrets, de mystères, de mensonges. C'est à cause de cette connerie que l'on s'est éloignés, Terrence et moi. Alors j'ai craqué, voilà tout. Tu fronces encore les sourcils. Par réflexe, mes traits se détendent et un léger sourire étire mes lèvres. Je sens sa main passer dans mes cheveux, encore et encore. Anthony et moi sommes à moitié allongés dans le canapé de son salon. Ses parents sont encore absents, pour voyage d'affaires. Désolé, je devrais pas t'embêter avec mes histoires. On parle toujours de moi... Je tourne vers lui mon regard désolé, et il me sourit en retour. J'aime bien t'écouter. Je lève les yeux au ciel en rigolant, puis je détourne le regard. Sa remarque me fait stupidement rougir. Et j'arrive pas à comprendre pourquoi. Enfin si, peut être que si... Mais je ne préfère pas y penser pour l'instant. Et puis ma vie n'est pas très passionnante, tu vois... Je suis seul dans cette maison immense les trois-quarts du temps. Je lui envoie un regard désolé. Tu pourrais venir vivre chez nous, j'suis sûr qu'on te trouverait de la place ! Dans ta baraque hantée, là ? Non merci. Il tire la langue d'un air taquin. Tony m'a bien aidé ces derniers temps. On a continué à bosser sur notre projet concernant les légendes et on a visité le manoir pour percer ses mystères. On n'a encore rien trouvé là-dessus mais ça me fait du bien de faire ça, et d'avoir quelqu'un qui croit en moi, qui ne me prend pas pour un fou. Ou alors... Ou alors c'est moi qui vient chez toi ? Et je repars juste avant que tes parents reviennent ? Il semble vouloir protester, mais il se ravise. Mon cœur bat un peu trop vite dans l'attente de sa réponse. De toute façon, Terrence et moi sommes en froid, je hais ce foutu manoir et, au final, nous sommes aussi seuls l'un que l'autre. Ok. Je hausse les sourcils, surpris. J'étais persuadé qu'il dirait non, qu'il trouverait ma proposition étrange. Sérieusement ? Oui, c'est d'accord. Je ne peux pas empêcher un large sourire de s'emparer de mes lèvres. Je me sens subitement allégé d'un poids. Il rigole en me voyant. Puis son regard s’adoucit et j'ai l'impression que ses yeux sondent mon âme en quelques secondes. Puis ses lèvres sont sur les miennes. J'ai un premier réflexe de recul, parce que je ne m'y attendais pas. Pas à cet instant du moins. Mais la seconde d'après, je lui rends son baiser. Fiévreusement. Je me redresse sans rompre le contact et je passe une main dans ses boucles brunes. Je ne veux pas qu'on se sépare, plus jamais. Je veux qu'on reste ainsi, dans les bras l'un de l'autre. Je n'ai jamais réellement songé à la bisexualité. Du moins pour moi-même. Mais à cet instant je m'en fiche. Je n'ai jamais été aussi heureux. C'est alors que je sens une de ses mains quitter ma nuque et glisser le long de mon torse. Elle se glisse sous mon t-shirt et presque sans réfléchir, je le laisse me l'enlever. Puis je retrouve ses lèvres. Les quelques secondes passées sans les embrasser m'avaient déjà laissé en manque. A mon tour, je défais les boutons de sa chemise. Maladroitement. Mais mains frôlent son torse. Je commence à embrasser son cou. Je me sens vivre. Pour la première fois depuis longtemps. Je suis vivant et heureux.
hit the road.
Mes chers parents je pars. Je vous aime mais je pars. Vous n'aurez plus d'enfant ce soir. Ma valise est déjà dans le van, finalement retapé, et mon sac à dos est glissé sur mon épaule. Je jette un dernier regard dans le salon. Il n'est toujours pas accueillant, malgré tous les efforts qu'on a pu faire, Terry et moi. J'ai la boule au ventre, rien qu'en repensant à grand-mère et lui. Mais j'ai le cœur léger. Vous me prendrez peut-être pour un égoïste, mais je sais que ma place n'est plus ici. Je me sens vide depuis quelques mois. Je ne ressens plus rien. Même avec Anthony. Les choses ont changé, tout simplement. Alors je pars. Sans regarder en arrière. Sans un au revoir. Sans prévenir qui que ce soit. Je disparaît. Je me dirigerais vers le sud. Passé la frontière, j'irais en Arizona, retrouver l'ancienne maison de grand-mère. Là-bas je tenterais de me retrouver, de me ressourcer. J'ai besoin de connaître mes origines. De me plonger une ultime fois dans les légendes de ma famille. Je ferme la porte derrière moi et descend du perron. Je marche lentement vers mon combi et je l'ouvre. Je jette mon sac sur le siège passager. Le soleil se couche à l'horizon et le quartier est tranquille, comme toujours, simplement bercé d'une auréole orangée. Un dernier regard au manoir, grand, imposant, effrayant, et je rentre dans le van, claque la portière, et démarre. Bientôt, j'aurais quitté White Oak Station. ♒ ♒ ♒ Je suis réveillé par les rayons du soleil qui filtrent à travers les carreaux poussiéreux de la maison. Presque aussitôt, un sourire naît sur mon visage. Je me redresse, m'étire puis regarde l'heure. Sept heures. Je gémis faiblement tout en basculant mes jambes sur le côté du lit et en me frottant les yeux, pour me réveiller. Je soupire, regarde par la fenêtre. Un soleil déjà resplendissant éclaire le désert et sa végétation de cactus et de buissons secs. Mon regard accroche comme toujours à l'attrape-rêves suspendu au-dessus de mon lit. Je pense à Oona. C'est elle qui me l'a fait et qui m'a appris à les faire. Je me lève finalement et descend au rez-de-chaussée ou m'attend déjà Oona, en train de préparer le petit-déjeuner. Ouh... Que me vaut ce plaisir ? Elle se tourne vers moi avec un sourire. J'imagine que je suis de bonne humeur... Je souris en haussant les sourcils, puis m'approche d'elle afin de déposer un baiser sur sa joue, tout en la serrant contre moi. Ça tombe bien, je crois que moi aussi. Oona et moi, c'est une longue histoire. En fait, elle est l'une des premières personnes que j'ai rencontrées de retour en Arizona. Elle habitait avec ses parents dans un petit village perdu dans le désert, non loin de la maison de grand-mère, où je m'étais réfugié. On s'est rencontrés dans la vague épicerie dudit village, et on a rapidement accroché. Elle aussi a des origines amérindiennes et y attache beaucoup d'importance. Alors elle m'a aidé à retrouver mes propres origines. On a parlé légendes, histoires, on a appris à se connaître, nous-mêmes et l'un-l'autre. On est devenus des amis très proches, et ceux assez rapidement. Elle a fini par s'installer chez moi, ne supportant plus sa vie familiale. Notre vie n'a alors plus eu de contrainte, nous vivons à la manière des hippies d'autre fois, fumant au coin du feu, vivant d'amour et d'eau fraîche. Enfin, bien que notre lien soit des plus fusionnels, il n'y a jamais rien eu entre elle et moi. Pour tout dire, je ne sais pas du tout ce que je ressens vis-à-vis d'elle. Je tiens à elle, c'est tout ce que je sais. On a commencé un pseudo-business pour survivre : de l'artisanat. On construit des objets en rapport avec nos goûts, notre culture, et on les revend. Parfois ce sont des dessins, des peintures, parfois des bijoux, des objets tels que les attrapes-rêves. Parfois même des meubles de récupération. Pour tout dire, je suis heureux. Pour la deuxième fois de ma vie, je suis heureux. J'ai repris goût à la vie.
home sweet home.
Tu me rejoindras, d'accord ? Son regard triste et amer me fend le cœur. Je sais qu'elle m'en veut de partir, de la laisser. Ma main glisse tendrement sur sa jour et j'ancre mon regard dans le sien. C'est que pour un temps, ok ? Elle a un rictus. J'aurais dû m'en douter. Devant mon regard d'incompréhension, elle ajoute : Que tu partirais. T'es bien parti de chez toi sans éprouver le moindre remord, alors j'aurais dû me douter que tu me laisserais, moi aussi. Que tu partirais. Ses mots me blessent, probablement parce que j'y perçois une once de vérité. Elle n'a pas tord, et j'en ai honte. Si ce n'est que toi je t'ai prévenue. Elle secoue la tête et je sens qu'elle retient ses larmes. Je dois avouer que moi aussi, j'ai du mal à contenir les miennes. J'ai pas envie de te perdre, Oona. Elle tourne enfin son regard vers moi. Elle me toise et je sens qu'elle tente de décider si elle doit me croire ou non. Au final, je crois que ses sentiments prennent le dessus. Tu vas me manquer Nah'. Un sourire triste s'empare de mes lèvres. Toi aussi. Puis je la serre fort dans mes bras. J'ai pas envie de la quitter. Mais je dois retourner à White Oak. Réparer mes erreurs. C'est là-bas ma ville. C'est là qu'est ma famille. Et une fois que j'aurais réglé tout ça, alors elle pourra venir. Alors elle pourra faire définitivement partie de ma vie. Pas avant. ♒ ♒ ♒ Les roues du van crissent sur les graviers. Je m'arrête. Ça y est, je suis arrivé. Je suis finalement de retour à White Oak Station. Je suis non garé non loin du centre ville et j'entends le bruit de la ville qui se réveille doucement. Il et cinq heures du matin et j'ai conduis toute la nuit. Je suis exténué, mais enfin je suis là. Oona me manque déjà atrocement. Et je stresse par rapport à mon retour. Je ne vais certainement pas être accueilli les bras ouverts. Tout doit avoir changé depuis que je suis parti. Que sont devenus Terrence, grand-mère, Anthony et tous les autres ? Qu'est devenue la ville, l'université ? Et le manoir ? Comment la vie a-t-elle évoluée, sans moi ? Je crois que j'ai peur de le découvrir. Ça fait toujours mal de se rendre compte que la Terre continue de tourner même quand on n'est plus là. Je l'ai certainement mérité, néanmoins, mais ça fait mal. Et puis je dois à tout prix trouver le moyen de me racheter auprès de ceux que j'aime. En particulier ces trois là. Mais dans tous les cas, ma vie ne sera jamais plus la même. Je ne retournerais pas vivre au manoir, quoiqu'il advienne. J'ai eu ma dose. Non, je vivrais d'abord dans mon van, j'utiliserais les sanitaires publics ou la nature. Puis j'essaierais de me trouver un petit appartement en centre-ville. Et je recommencerais mon business. En espérant qu'Oona me rejoigne.
Dernière édition par Nahuel Fergusson le Dim 2 Aoû - 20:49, édité 23 fois |
| | |
| | | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Jeu 23 Juil - 20:46 | |
| |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Jeu 23 Juil - 22:08 | |
| Re-bienvenue parmi nous . |
| | |
| | | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Jeu 23 Juil - 22:35 | |
| Rebienvenue, même si je "ne t'ai pas connue" haha ! Bonne merde pour ta nouvelle présentation. |
| | |
down by the river
› inscription : 22/01/2012 › pseudo : sarah (twisted lips) › avatar : sasha pieterse. › autres comptes : micah. › statut civil : célibataire. › quartier : fairmount district. › occupation : étudiante en architecture et design intérieur.
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Jeu 23 Juil - 23:09 | |
| |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Jeu 23 Juil - 23:29 | |
| Mais non my god je ne m'y attendais pas du tout, même si au fond je l'espérait au début quand j'ai cliqué sur la fiche j'ai juste regardé l'avatar et là j'ai vu Louis et je me suis dis, aaaaah mais c'est Nahuel bref après ce racontage de life, je suis contente de te revoir parmi nous Rebienvenue ma belle |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Ven 24 Juil - 0:21 | |
| |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Ven 24 Juil - 0:30 | |
| Re-Bienvenue ! |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Ven 24 Juil - 9:35 | |
| |
| | |
| | | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Ven 24 Juil - 13:57 | |
| ohlala merci beaucoup à tous pour vos petits mots, ça me fait tellement plaisir d'être de retour parmi vous ! j'ai hâte de pouvoir jouer nahuel 2.0 aussi. vousm'avez tous manquééééééééé et les nouveaux smileys déchirent |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Ven 24 Juil - 20:32 | |
| oooh rebienvenue chez toi ça fait plaisir de voir que tu reviens |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Sam 25 Juil - 18:37 | |
| Je suis super contente de te voir de retour ici Rebienvenue parmi nous et bon courage pour cette nouvelle fiche ! |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Sam 25 Juil - 21:48 | |
| merci vous deux ça me fait trop plaisir de vous revoir aussi |
| | |
you're in my veins
› inscription : 25/05/2015 › avatar : dylan o'brien. › crédit : kush coma (av)
› statut civil : coeur fauve. › occupation : facteur roulant à toute berzingue sur sa bicyclette. à côté de ça il étudie comme il peut la bio-chimie.
| | | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Lun 27 Juil - 17:39 | |
| haha, merci pour l'instant j'ai fais que remettre/corriger ce que j'avais déjà écris. |
| | |
◆ if i held my breath on you
› inscription : 15/06/2015 › pseudo : .lollipops (maïlig) › autres comptes : eli copland › crédit : ©outlines sur @bazzart + tumblr, texte de jennifer salaizs (signature)
› statut civil : célibataire, reprenant goût à l'amour depuis quelques temps. › quartier : downtown area › occupation : architecte
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Mar 28 Juil - 10:43 | |
| bon retour parmi nous, je n'ai pas eu la chance de te rencontrer en tout les cas bonne chance pour ta fiche |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Mar 28 Juil - 11:36 | |
| merci beaucoup à toiii |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Mar 28 Juil - 16:55 | |
| Rebienvenue alors, si j'ai bien compris |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Mar 28 Juil - 18:05 | |
| yep ! et merciii |
| | |
| | | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. Mer 29 Juil - 22:15 | |
| merciii |
| | |
| (#) Sujet: Re: ✱ ain't no sunshine when she's gone. | |
| |
| | | |
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|